Une entrevue tout à fait informelle [PV Isobel, Aylin et Waljan]

Assise à même le sol au milieu de ses peluches, poupées et autres jouets rassemblés au milieu du grand salon, Aylin contemplait avec une certaine incrédulité, les yeux ronds, les deux petits cubes en lévitation devant elle. Juste-là, à portée de mains, elle se pencha en avant de tout son petit poids pour se saisir de l'un d'entre eux entre ses doigts, et constaté que l'objet avait immédiatement perdu de sa magie alors que l'autre continuait de tournoyer doucement dans les airs. Interloquée, elle secoua le petite cube sans résultat, peut-être dans l'espoir que cela provoquerait quelque chose, avant de finalement lever la tête vers l'une des causeuses raffinées des appartements de ses parents. Takara la regarda avec un sourire compréhensif, et fit redescendre le petit cube au milieu des jouets étalés sur le tapis, satisfaite de voir que sa fille faisait désormais un lien entre sa présence, ses actions, et ce qu'elle voyait se produire devant elle. A son âge, attiser sa curiosité n'avait pas été très compliqué, mais elle n'était certaine du temps qu'il faudrait pour qu'Aylin comprenne que ces actions était de son fait. Tout comme elle n'avait pas la moindre idée du temps qu'il lui faudrait pour réaliser le lien qu'elle avait avec la Force. Takara elle-même ne se souvenait plus vraiment de quand cela lui était arrivé, tant cela était désormais naturel pour elle. Mais pour ne pas parvenir à s'en souvenir avec certitude, elle estimait que ça avait dû arriver quand elle était encore très jeune. Takara se leva doucement, tirant sur les plis blancs et légers de sa robe pour venir s'agenouiller devant elle.

« Ne t'en fais pas Aylin, » dit-elle en souriant, doucement.« Tu possèdes ce don toi aussi, tout au fond de toi. Il faut juste que tu les penses très très fort. »

Takara ne s'attendait pas à ce qu'elle comprenne tout cela en un instant, ni qu'elle parvienne à réaliser cela d'un seul coup. Sa fille n'était encore qu'une jeune enfant qui découvrait peu à peu de son petit âge les merveilles du monde. Elle espérait juste que lui montrer l'exemple parviendrait à provoquer un déclic chez elle un jour ou l'autre, dans les mois ou les années à venir. Si possible avant qu'elle ne soit en mesure de réaliser les premières missions en autonomie, sur leur monde. Aylin, justement, regarda de nouveau les deux cubes d'un air contrit, clairement pas encore en mesure de comprendre la complexité de tout ceci et Takara se dépécha de la réconforter, tendant les bras vers elle pour qu'elle s'y accroche. Puis de venir la soulever doucement du sol en se redressant souplement. Elle recommença à lui parler doucement, tout en venant la masser tendrement. Elle alla ensuite s'asseoir à nouveau sur la causseuse, posant Aylin à côté d'elle de sorte que sa petite robe ne soit pas froissée pour se saisir d'une tasse de chocolat encore tiède qu'elle avait prévue pour l'occasion. La petite renifla aussitôt, attirée par l'odeur qui l'avait conquise dès son premier jour au Palais, lorsqu'Isobel l'avait finalement ramené de l'orphelinat de Delaya.

La reine-consort profita justement de ce bref répit pour se saisir du datapad posé au milieu du plateau à thé ramené plus tôt à sa demande par l'une des suivantes et se replonger un instant dans l'un des sujets qu'elle avait prévu d'évoquer avec Isobel autour d'une tasse de thé, dans très peu de temps. Elle lui avait aussi suggéré de ramener le petit Waljan, pour qu'il puisse profiter d'un peu de temps avec Aylin. Un moyen pour rapprocher les deux enfants, et penser d'avance à l'avenir. Waljan n'était peut-être pas né d'une union de sang bleu, cela ne voulait pas dire qu'il était inconcevable pour autant qu'il puisse approcher la princesse héritière d'Alderaan. Takara avait également encore bien des projets pour son premier véritable pion utile au Palais; des projets dont elle devait encore discuter avec Leia, dans les semaines à venir, maintenant qu'elle avait pu récupérer le petit, il y a peu. La sith ne fut pas surprise, non plus, de constater l'arrivée d'Isobel à l'heure qu'elle avait convenue. Sa suivante préférée ne manquait jamais un rendez-vous, et ce n'était pas l'arrivée du petit Waljan qui allait y changer quelque chose. Même en son absence, ele veillait à ce que le travail soit bien fait, sans aucun doute le signe qu'elle avait déjà commencé à mettre à l'oeuvre les enseignements qu'elle lui avait prodigué lors de leur voyage vers Kesh.  

« Entrez, Isobel. Voyons, ne restez pas dans le couloir. » fit-elle plus fortement lorsque celle-ci frappa à la porte, avant de venir masser l'épaule d'Aylin pour lui faire comprendre qu'elle pouvait profiter de son chocolat, si possible sans faire de bêtises. Elle se leva ensuite, glissant ses pieds alors comme nus dans sa paire de talons plats pour venir accueillir sa suivante et son enfant.

« Bonjour, Waljan. » luit dit-elle, un sourire sincère et agréable aux coins des lèvres, avant de se retourner vers le centre du salon et constater avec soulagement qu'Aylin s'aggrippait toujours fermement à sa tasse de chocolat. « Aylin ? Regardes qui est là, avec Isobel. »

La petite releva la tête à l'appel de son nom, et sembla regarder Isobel et Waljan un instant avant de retourner à son chocolat qui était si doux à son jeune palais. Takara eut un très bref sourire, avant de faire signe à Isobel et Waljan de la suivre.

« Venez. Lisbeth est passé tout à l'heure pour apporter du thé et du chocolat pour les enfants. »

Surtout pour Aylin en réalité, mais il y en avait suffisament pour que Waljan en profite également. Elle lui fit signe qu'elle pouvait prendre place à sa guise dans un des fauteuils, s'excusant par avance pour la pagaille laissé par Aylin à même le sol, avant de venir à son tour s'installer à côté de sa fille, pour lui caresser l'arrière de la tête et lui soutenir sa tasse de chocolat. Puis, de lui proposer si elle voulait retourner jouer avec Waljan, maintenant qu'il était là. La petite leva la tête pour la regarder, le contour de la bouche couvert de chocolat que Takara essuya doucement avec une des serviettes posées là par Lisbeth, avant de se glisser hors du canapé bas pour s'avancer à nouveau sur le tapis devant elle. Takara la regarda distraitement un instant, avant de reporter son attention sur sa suivante ainsi que sur Waljan. Le petit était intéressant pour la suite de leur plans pour Isobel, le Palais, et Alderaan. C'était... jouissif de voir à quel point il avait été si simple de tirer sur les ficelles de leur pion pour qu'elle agisse exactement comme elles le souhaitaient.

« Dîtes-moi tout, comment cela se passe-t-il, avec Waljan ? J'espère que vous n'avez pas eu de problèmes avec l'école et tout le reste depuis la dernière fois ? »


Utiliser la Force, 3.

Son petit garçon était encore impressionné par tout ce qu’il voyait dans le Palais, autour de lui, mais cela lui passera… Il sourit même en voyant Aylin. Bien que légèrement plus jeune que lui, il était encore trop petit pour comprendre clairement quel était le statut de la fillette et la voyait donc comme une simple amie de jeux. Sa mère préservait cette innocence, bien qu’elle sache que ça n’allait plus durer très longtemps. Tous deux orphelins et fraîchement adoptés, ils pouvaient se comprendre facilement, leurs jeunes âges les aidaient en plus grandement à se lier et jouer ensemble. Du moins, quand ils étaient seuls tous les deux. Il eut un instant d’hésitation, toujours lorsque d’autres adultes étaient aussi dans la pièce, puis se décida lorsqu’elle lui donna une très légère impulsion, dans le dos. Allez… Pour sa part, elle ne prêta pas attention au désordre, tout en s’asseyant. Elle se demandait surtout quel nouveau travail allait lui être demandé. Outre s’occuper de son fils et de son travail au Palais, Isobel avait aussi lancé la traque, derrière la trace de Bail. Et elle réfléchissait aux moyens supplémentaires à employer. Les espions travaillant pour le palais était une chose, mais ça ne suffisait pas.

« Dîtes-moi tout, comment cela se passe-t-il, avec Waljan ? J'espère que vous n'avez pas eu de problèmes avec l'école et tout le reste depuis la dernière fois ? »

« Il y a effectivement eu des problèmes avec l’école, mais je me suis assurée que ça ne se reproduise plus. »

Il fallait bien admettre que plus elle exécutait ce genre de techniques, plus cela lui plaisait et moins elle se privait d’y avoir usage… Pourquoi perdre du temps avec la diplomatie, face aux esprits faibles, après tout ? Il n’était pas question que son petit garçon se retrouve devant de telles difficultés si elle était là pour écraser toutes les personnes osant leur faire perdre du temps, par leurs soit-disant principes et valeurs. Leurs statuts sociales, levés comme des boucliers, n’avaient pas la moindre valeur à ses yeux.

« Le « reste », quant à lui, est plus coopératif et bon nombre de tâches sont désormais plus rapides. Les changements ne sont pas fait remarquer, la transition a été suffisamment douce pour éviter de tels ennuis. Pour ce qui concerne l’extérieur du Palais, c’est assez différent. La population est mécontente des restrictions imposées ou encore des aménagement en cours, beaucoup jugent cela trop long ou encore estiment que des moyens ne devraient pas être gâchés, comme ils le disent, dans le maintien des commerces non vitaux. Les esprits faibles sont malheureusement assez vite agités. Néanmoins, les plus récalcitrants ne causeront plus d’ennuis d’envergure. Une poignée a été offerte à la garnison impériale, afin de les occuper. »

Des informations sur les moins coopératifs avaient malheureusement fuité aux oreilles des impériaux, quel malheur, vraiment. Mais cela arrivait, ils n’allaient pas en faire un drame. Il pouvait arriver, également, que quelques malheureux se perdent dans la forêt et soient attaqués par des rebelles extrémistes… Ce qui était, hélas, arrivé récemment à son ex-compagnon… La garnison impériale était arrivée trop tard et avait seulement pu ramener le corps du malheureux en ville. L’assassin rebelle avait été arrêté, bien entendu, puis expédié sur Coruscant. Il était fou de voir comment certains rebelles pouvaient sombrer à ce point dans une folie meurtrière, sans crier gare.

« Par ailleurs, tout est prêt pour la commémoration. Le monument aux morts est achevés, sur la place de l’ancien musée détruit. Les familles des victimes ont été très touchées et attendant ce jour. »

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Calmer les esprits chagrins : 5

« Il y a effectivement eu des problèmes avec l’école, mais je me suis assurée que ça ne se reproduise plus. »

Takara sourit pleinement, et ne chercha même pas à cacher sa satisfaction malsaine à entendre Isobel lui énoncer ouvertement avoir commencer le travail de sape qu'elle le lui avait demandé, et profité de son enseignement pour régler quelques problèmes plus personnels. Il y avait définitivement quelque chose de jouissif à voir ses pions se surpasser et plonger par la même occasion un peu plus dans le Côté Obscur. De venir doucement lui manger un peu plus dans la main en réalisant sans doute à quel point s’était grâce à elle que ce nouvel univers des possibles s’était dévoilé devant elle. Ce n’était normalement pas le cas des siths, généralement prompts à oublier ce genre de choses, mais le cas d'Isobel était différent. L’esprit de sa suivante lui appartenait, elle y avait laissé les traces d’une loyauté qu’elle estimait sans failles. Takara n’avait pas de véritable crainte de ce côté-là. Miss Mackay était désormais la parfaite suivante sith, un véritable gant de velours à leur disposition, une exécutante qui s’assurerait que le travail soit bien fait. C’était déjà le cas avant, ça l’était d’autant plus maintenant.

Une détermination sans faille à vouloir protéger ce qui lui était cher, voilà qui était délicieux à constater. Tout comme le travail qu’elle avait déjà grandement commencer au sein du Palais. Takara n’était pas ignorante des actions de sa suivante, et avait bien vu, elle, les petits changements dans l’attitude de certains membres du personnel. Subtils, délicats. Exactement ce qu’elle avait demandé. Comme elle disait elle-même, le reste semblait suffisamment enclins aux changements pour ne pas s’y opposer, surtout lorsqu’il était amené avec calme. En apparence, seulement. Pour les autres, le peuple au dehors, aux esprits faibles et visiblement limités, les choses viendront doucement calmer les ardeurs des plus mécontents. Par ailleurs, ceux qui critiquaient en silence les décisions prises récemment pour protéger les populations ainsi que l’économie globale de leur monde ne leur en voulaient probablement pas à elles personnellement. Les mesures prises l’auraient été par n’importe qui, et seules quelques articles à la marge pouvaient éventuellement être contestés. Les choses, là aussi, finiraient par se tasser lorsque les travaux de la première phase seraient terminés. Avec le temps, tout cela serait oublié, et lorsque la jeunesse rééduquée prendrait la relève, il n’y aurait plus le moindre problème.

Une forme d'indifférence avait déjà commencé à s'installer concernant les collaborateurs récemment arrêtés par l'Empire, et d'autres avaient disparus sans soulever d'inquiétude particulière. Avec ce qui arrivait au climat sur Alderaan, la vie était simplement devenue plus difficile et dangereuse en dehors des zones peuplées ou protégée. Par ailleurs, la disparition de cet ébéniste assassin également, dans la forêt, avait été une véritable tristesse ! Takara avait longuement savouré ce moment, lorsque la nouvelle lui était parvenue il y a de ça quelques jours. Les traces du crime avaient été effacées pour de bon cette fois-ci, et par les actions de la victime elle-même. Un véritable cercle vertueux, jouissif, qui n'avait fait qu'attiser la soif de vengeance, ainsi que la passion, de son pion. Dès lors, que demander de plus, si ce n'est de l'inciter à poursuivre ses actions avec autant de discrétion.

« Par ailleurs, tout est prêt pour la commémoration. Le monument aux morts est achevé, sur la place de l’ancien musée détruit. Les familles des victimes ont été très touchées et attendant ce jour. »

« Et nous nous y rendrons bien évidemment au plus tôt, pour souligner à quel point ce drâme nous touche. Une fois que la sécurité pourra y être assurée convablement pour tous. Pour quand est-ce prévu, déjà ? »

A vrai dire, elle ne ressentait rien du tout. Les rebelles avaient tenté de l'assassiner et avaient échoué pour, ironiquement, lui offrir la campagne marketing qu'elle n'aurait jamais pu espérer. Ces gens morts ne représentaient pas grand chose de plus pour elle, mais il était si facile de tromper les esprits faibles. Encore plus lorsqu'ils avaient été meurtris dans la chair. Il lui faudrait malgré tout s'y rendre pour honorer ces morts, c'était évident et Leia y assisterait également. Il fallait juste trouver un moyen pour que cette cérémonie soit la plus ordinaire possible, pour faire oublier le temps d'un instant les temps durs que le peuple affrontait en ce moment. Son regard se tourna vers Aylin, qui agitait sa peluche à côté de Waljan, soudainement peinée qu'elle ne puisse pas profiter du Palais, des jardins et du reste du monde comme elle aurait dû. Elle en eut un léger frisson. Ce n'était pas souvent qu'il lui arrivait de passer de la plus parfaite indifférence à une sensibilité profonde.

« Concernant les quelques mécontents que vous avez évoqué, ces petits esprits finiront par se rendre compte que c'étaient bien les meilleures décisions à prendre pour le moment. Certains travaux seront bientôt achevés et une fois que les derniers essais auront été effectués sur certains projets comme  c'est le cas à Belleau-a-Lir, nous pourrons rapidement déployer le dôme-bouclier que nos ingénieurs ont modifié pour protéger la capitale et d'autres soutions pour faciliter la vie de chacun. »

Le dôme-bouclier actuellement testé à Belleau-a-Lir état un des différents projets qui prenaient plus de temps que les solutions les plus immédiates, nécessaires, et souvent controversées. Il avait fallut mettre en cale l'une des corvettes royales mais ela représentait un bien faible coût une fois comparé aux effets bénéfiques qu'on leur avait présenté. Si ce fameux bouclier pouvait être étendu au-dessus de Belleau-a-Lir et se révélait efficace pour créer une bulle de vie inchangée au milieu de la désolation qui venait frapper leur monde, les habitants d'Aldera pourraient retrouver les rues et les jardins de leur capitale pour reprendre une vie à peu près normale. Des cultures entières pourraient être restaurées par la suite, et d'autres villes protégées également. Il faudrait convaincre les impériaux d'accepter de démanteler certains de leurs vaisseaux laissés en stockage pour pouvoir obtenir une protection totale dans un futur proche, mais ce serait d'autant plus simple s'ils avaient des cas concrêts à leur présenter. Ce n'était bien sûr par le  seul projet poursuivis par les scientifiques et les ingénieurs des prestigieuses académies d'Alderaan mais c'était bien l'un des plus prometteurs à ses yeux.

« Je sais que vous n'avez pas encore de nouvelles intéressantes à me donner concernant Bail Organa. » lâcha Takara avant de se saisir de sa tasse de thé désormais tiède qu'elle avait entamé plus tôt, se contentant d'en finir le fond. « Avez-vous songé à engager discrètement des mercenaires aptes à frapper au sein des rebelles ? N'avons-nous pas quelqu'un de capable de faire cela, au sein du Palais ? »

Il n'était pas aussi bon que lorsqu'il était dégusté plus chaud. Tout comme Bail Organa, il avait fait son temps... Il était fort dommage que ce dernier ait une fois de plus fait preuve de lâcheté et choisit de quitter Alderaan il y a de ça quelques temps. Il aurait été bien plus pratique pour tout le monde s'il y était gentiment resté à attendre que quelqu'un vienne gentiment lui glisser une lame entre les omoplates... C'était un problème qu'il allait falloir régler assez rapidement, car plus le temps passait et plus la date imposée par Sidious se rapprochait. Takara ne pouvait pas simplement envoyer Isobel se glisser incognito chez les rebelles pour y exfiltrer Organa. Elle était bien trop impliquée dans les affaires ici sur Alderaan et avait été vue bien trop souvent en sa compagnie ainsi que celle de Leia.

« Ou bien dénicher des informations qui pourraient être dissimulées au sein des autres Maisons ? Je sais que ce n'était pas dans les habitudes d'Organa mais n'y a-t-il pas déjà là-bas des pions qui pourraient être utilisés ? »

« Et nous nous y rendrons bien évidemment au plus tôt, pour souligner à quel point ce drame nous touche. Une fois que la sécurité pourra y être assurée convenablement pour tous. Pour quand est-ce prévu, déjà ? »

« D’ici deux semaines. »

Elle hocha ensuite doucement la tête, pour ce qui était des autres projets en cours de finalisation et leur impact sur les mécontents. Ces trois dernières années, la population avait eu plus que son lot de drames, Isobel comprenait donc l’agacement général. Ce qui ne signifiait pas pour autant qu’elle le cautionnait. Pour ce qui était d’Organa, elle répondit également par l’affirmative, pour des personnes issues du Palais placées sur cette affaire, mais ajouta qu’elle n’avait pas encore déniché de mercenaires suffisamment dignes de confiance, pour exécuter pareilles tâches. D’autant plus que cela signifiait les infiltrer parmi l’Alliance Rebelle puis devenir suffisamment dignes de confiance pour approcher les dirigeants. Le problème, avec ceux du palais, étaient qu’ils pouvaient être reconnus trop facilement par l’ex-vice-roi et donc, avoir bien plus de difficultés à convaincre qu’ils avaient déserté. Ils l’auraient fait dès la montée de la reine sur le trône, s’ils n’en pouvaient plus.

« Ou bien dénicher des informations qui pourraient être dissimulées au sein des autres Maisons ? Je sais que ce n'était pas dans les habitudes d'Organa mais n'y a-t-il pas déjà là-bas des pions qui pourraient être utilisés ? »

« Peu de Maisons portent un intérêt à ce qui se déroule à l’extérieur, » répondit-elle en pinçant légèrement les lèvres. « La Maison Teral peut néanmoins garder des contacts, s’ils n’ont pas pris peur, avec le changement sur le trône. Ils ne sont pas si téméraires. La Maison Rist… Elle s’occupe avant tout de ses propres intérêts, jouer les Rebelles ne l’intéresse pas. Les Ulgo sont proches des Rist et détestent la Maison Organa, il n’y aucune chance qu’ils supportent l’ex-dirigeant. Quant aux Alde… Ils sont plutôt neutres… »

Elle y réfléchissait, tout en parlant, le ton pensif. Bien sûr, ce n’était là qu’une partie, il existait de nombreuses Maisons vassales, plus petites, moins riches et influentes. Les principales Maisons étaient toutes anciennes et possédaient une Histoire mouvementée, parfois violente. Le pacifisme d’Alderaan n’avait pas été toujours de mise, loin de là. Même aujourd’hui, certaines Maisons étaient soupçonnées de plusieurs choses, plus ou moins avouables.

« De toutes les Maisons, les plus susceptibles d’être utilisés sont les Teral, » ajouta-t-elle, toujours plongée dans ses réflexions. « Mais il faudra tout d’abord déterminer leur considération des récents événements. S’ils ont gardé secrètement leur loyauté à Bail Organa, ce sera un avantage. »

Elle s’interrompit quand Waljan trottina tout à coup vers elle, pour lui confier sa peluche, le temps qu’il joue avec la petite princesse à un jeu de construction, avec des cubes et autres petits objets en bois. Elle laissa le doudou contre ses genoux, mains posées contre elle, dans une posture tranquille.

« Ceci dit, cette approche prendra un peu de temps, il serait dommage de les effrayer, s’il s’avère que la majorité penche en faveur du nouveau pouvoir. »

Deux semaines… Le temps filait bien trop vite, encore plus en ce moment. La reine consort comptait fortement sur des évolutions positives dans les tests et expérimentations lancés depuis le début de cette tragédie, tout en ne pouvant s’empêcher de penser à ce que les descendants de son peuple vivant sur Kesh devaient vivre. D’abord à cause du manque de moyens pour faire face à des changements aussi brutaux, mais aussi à cause de la maladie qui s’était emparée de la Force et ses utilisateurs. Comment avaient réagi les Keshiris en voyant leurs dieux touchés de cette façon ? Elle qui pensait peut-être pouvoir les exploiter à l’avenir… Le peu d’informations à disposition concernant la traque d’Organa n’étaient guère plus encourageants. Le fait qu’il ait quitté Alderaan et trouvé refuge avec le reste des rebelles, sans doute, rendait la tache définitivement bien plus compliquée qu’elle n’aurait dû l’être si Leia l’avait laissé s’en occuper à son arrivée au Palais. Soudainement lasse, elle laissa son regard tomber sur Aylin et Waljan. Il allait falloir trouver une solution, et s’en charger elle-même n’était plus une option depuis fort longtemps. Elle doutait parvenir à le faire sortir de sa tanière, de toute façon. Pas sans ni l’appât parfait, et encore moins sans prendre d’immenses risques.

« Peu de Maisons portent un intérêt à ce qui se déroule à l’extérieur. La Maison Teral peut néanmoins garder des contacts, s’ils n’ont pas pris peur, avec le changement sur le trône. Ils ne sont pas si téméraires. La Maison Rist… Elle s’occupe avant tout de ses propres intérêts, jouer les Rebelles ne l’intéresse pas. Les Ulgo sont proches des Rist et détestent la Maison Organa, il n’y aucune chance qu’ils supportent l’ex-dirigeant. Quant aux Alde… Ils sont plutôt neutres… »

La politique de cette planète était perturbante, mais la reine consort n’allait pas s’insurger de la passivité des petites comme des autres grandes Maisons. Cela l’arrangeait bien qu’ils restent chacun dans leur coin, surtout loin de la Rébellion. Cela évitait d’avoir à prendre des mesures drastiques là où des approches plus subtiles permettrait, à terme, d’en prendre le contrôle tout en restant dans l’ombre. Ça n’attirait pas l’attention des impériaux non plus, ce qui l’arrangeait tout autant. Cela permettait de les apaiser et, peut-être également plus tard, de s’assurer leur loyauté. Un sujet qu’elle avait laissé de côté depuis trop longtemps, par ailleurs. Pour en revenir aux Maisons, la sith avait l’impression de faire face à l’inconnu. Il y avait trop peu de leur quotidien qui était connu du Palais, et cela ne lui plaisait pas beaucoup. Leia lui en avait longuement parlé, mais c’étaient des informations pour la plupart bien trop vieilles. Beaucoup de choses avaient changé depuis qu’elle avait laissé son passé derrière elle. Leurs habitudes, elle aussi, devaient avoir évolué. Il restait à savoir si c’était pour le meilleur, ou bien pour le pire.

«  De toutes les Maisons, les plus susceptibles d’être utilisés sont les Teral, » ajouta-t-elle, toujours plongée dans ses réflexions. « Mais il faudra tout d’abord déterminer leur considération des récents événements. S’ils ont gardé secrètement leur loyauté à Bail Organa, ce sera un avantage… Ceci dit, cette approche prendra un peu de temps, il serait dommage de les effrayer, s’il s’avère que la majorité penche en faveur du nouveau pouvoir. »

« Dans ce cas nous ne devons surtout pas agir avec précipitation. Nous ne voulons surtout pas ouvrir un nouveau front intérieur alors que nous venons tout juste de faire les ménages parmi les esprits faibles. » rétorqua-t-elle en agitant la main avec dédain. « Mais je veux que l’on infiltre ces Maisons. Que l’on y façonne des pions qui pourrons à terme nous informer sur les leurs décisions, et qui pourront influencer leurs positions. Cette situation ne peut pas durer éternellement. »

Il leur fallait un véritable réseau d’espions, pas ce reliquat d’informateurs hérité de l’époque de Bail Organa. Takara se demandait vraiment comment il avait bien pu tenir son rôle, et sa position en faisant preuve d’aussi peu de prudence. Le Palais, à son arrivée, était une véritable passoire. Le fait que Skywalker ait pu y entrer aussi facilement était une humiliation. Il y avait encore beaucoup de choses à faire du point de vue de la sécurité, mais les risques d’intrusions, eux, avaient depuis grandement diminués. Tout comme elle s’était assurée de superviser les entrainements de la garde royale, pour les initier à se battre et à agir contre mais aussi avec un sensitif. Tout en faisant preuve de retenue, bien évidemment.

« Tout comme il faudra en faire de même avec la garnison impériale et les forces de ce secteur. Mais je m’en occuperais, vous avez déjà fort à faire. »

Son regard glissa une nouvelle fois vers les deux enfants. Waljan étant en train de montrer à Aylin comment il fallait positionner les cubes, et les autres objets de bois et leur fille, assise, regardait ça avec des yeux pleins de curiosité. Takara avait longuement observé Lisbeth, lorsqu’elle venait s’occuper de la petite princesse. La suivante avait rapidement remarqué sa curiosité et son attrait pour les choses complexes. Bien que complexe, pour le coup, était tout relatif, compte tenu de son âge. Les jeux ludiques l’intéressait beaucoup plus que le reste.

« Pensez-vous qu’il soit possible de l’attirer loin de ses amis rebelles en lui proposant une entrevue ? Le faire culpabiliser sur l’ultimatum que l’Empereur a imposé à la reine ? » finit-elle par proposer, sans réellement y croire. Là encore, le manque de contrôle sur ces évènements l'exaspérait fortement.

Ça ne pouvait pas être si simple, de toute façon. Les rebelles l’inciteraient à se faire accompagner d’un ou deux de ces jedis, c’était certain. D’autres tenteraient sans doute de la piéger elle aussi, par la même occasion. Mais l’homme, désireux de sauver sa fille adoptive et son peuple, était peut-être suffisamment désespéré pour agir sans en parler à personne. Ses sentiments seraient peut-être la raison de sa chute future.

« Dans ce cas nous ne devons surtout pas agir avec précipitation. Nous ne voulons surtout pas ouvrir un nouveau front intérieur alors que nous venons tout juste de faire les ménages parmi les esprits faibles. Mais je veux que l’on infiltre ces Maisons. Que l’on y façonne des pions qui pourrons à terme nous informer sur les leurs décisions, et qui pourront influencer leurs positions. Cette situation ne peut pas durer éternellement. »

« Très bien. »

Certaines Maisons possédaient une longueur d’avance, sur ce sujet. D’une part car leurs traditions et méthodes les avaient amené à développer de véritables réseaux il y a bien longtemps, leur fournissant des outils acérés et très efficaces de leurs jours, d’autre part car Bail Organa n’avait jamais souhaité poussé ce point. Les espions de l’ex vice-roi s’étaient concentrés sur les affaires extérieures, jamais internes, d’où les lacunes insupportables dont souffrait le pouvoir royal. Isobel était certaine que des agents de ces Maisons travaillaient au palais, ou même que certains étaient payés pour leur fournir des informations glanées ci et là. Les débusquer ne pouvait se faire en deux jours, même aidé par des dons moins ordinaires. Bien que cela fasse partie du « jeu », c’était on ne peut plus agaçant. La reine ajouta qu’elle se chargera de ça en ce qui concernait la garnison impériale. Soit. Elle réfléchissait plutôt à qui, en commençant par les Teral, serait le plus utile à influencer et manœuvrer… Elle les connaissait peu, cependant, aller à leur rencontre par elle-même éveillerait trop facilement les soupçons. Mmh… Il lui faudra éplucher les dossiers du palais, pour dénicher un intermédiaire idéal. Maintenant qu’elle y songeait, les Teral tenaient un rôle très actif, dans le mécénat et la production d’un groupe d’opéra connu. Il devait y avoir un intérêt à explorer cette piste et se servir d’eux, pour infiltrer les Teral et se charger de faire évoluer quelques prises de position.

« Pensez-vous qu’il soit possible de l’attirer loin de ses amis rebelles en lui proposant une entrevue ? Le faire culpabiliser sur l’ultimatum que l’Empereur a imposé à la reine ? »

Elle doutait que les rebelles laissent faire, hélas… Pas alors qu’il était toujours respecté chez eux…

« Je ne pense pas, » répondit-elle lentement, plongée dans ses réflexions. « Mais peut-être d’une autre manière qu’une demande d’entrevue. Une part des rebelles les plus violents ont déjà commis un attentat. Nous pouvons en organiser un autre et le laisser savoir, en prenant bien garde à la manière, que ce ne soit pas suspect, aux rebelles. Visant sa majesté, cette fois. Par exemple, manipuler un des Teral ou un membre d’une autre famille moins importante, liée à l’ex vice-roi, qui puisse apprendre le complot en préparation. Puis organiser cela durant un voyage officiel de sa majesté, par exemple… Je doute que l’ensemble des rebelles se déplacent pour cela, ils ne devraient pas s’émouvoir qu’un groupuscule tente de s’en prendre à la reine, ils n’ont déjà pas réagi pour l’attaque contre vous. Néanmoins, Organa pourrait réagir, lui. Ou au minimum, envoyer des proches qui pourront ensuite révéler comment remonter jusqu’à lui. Si des Jedis l’accompagnent, soit. La plupart d’entre eux ont dû également être malades et ce problème n’est pas terminé. Avec l’aide d’inquisiteurs en plus, le moment est idéal. »

Eux aussi avaient pu être touchés par cette maladie, n’es-ce pas ? Cela valait la peine de tenter. C’était une donnée compliquée, bien sûr… Ils ignoraient quelles étaient, exactement, les forces et faiblesses des membres de l’Ordre, leur état actuel et ce qu’ils pensaient de tout cela, hormis pour le frère de la reine. Toutes ces inconnues rendaient ce type d’opérations dangereuse.

Takara esquissa un sourire, il était toujours aussi satisfaisant d’entre ses pions acquiescer et se conformer à ce qu’on leur demandait de faire. Il était au contraire épuisant de les voir courir dans tous les sens sans savoir quoi faire, alors que les instructions qu’on leur donnait était on ne peut plus claires. Il avait fallu du temps pour façonner cette charmante Isobel en un outil parfait, un scalpel précis, perfectionniste et efficace. Elle avait commis des erreurs, créé des imperfections, mais tout ceci avait été corrigé comme il le fallait lors de leur voyage vers son monde natal. Elle avait réglé le cas de ces insectes de rebelles d’un magnifique coup de talon, et personne n’avait rien eu à en redire. Les rebelles eux-mêmes, n’avaient pas réagi et les impériaux locaux bien trop heureux de pouvoir jouer avec quelques prisonniers sans la moindre importance. Ces mêmes impériaux qu’elle avait caressé dans le sens du poil au cours des derniers mois, en prévision du moment où elle pourrait tourner un peu plus son attention sur leurs affaires ici sur Alderaan, comme au-delà. L’idée même de pouvoir étendre son réseau de pions suffisait à l’engaillardir.

Tout serait si simple si elle pouvait contrôler tout le monde comme elle l’avait fait lors de leur périple vers Kesh, pouvoir les commander et les mener à la baguette, les asservir à sa volonté, les… Elle cligna des yeux pour chasser ces pensées. Une telle action isolée ne pouvait être répéter ici. De tels changements ne seraient pas très subtils. Le regard de la reine-consort se posa à nouveau sur sa fille et le petit Waljan. Ce dernier faisait de son mieux pour essayer de la guider, mais Aylin n’était pas encore en mesure de garder son attention aussi longtemps. Assez fréquemment, elle ressentait le besoin de découvrir de nouvelles choses, comme lorsqu’à cet instant, elle bouscula la petite construction de cubes, curieuse de voir ce qui allait se passer. Et rire gaiement, lorsque cette-ci chuta et s’éclata au sol devant elle. Takara poussa un soupir, prête à se lever pour aller la récupérer lorsque Waljan sembla faire la tête, avant de le voir simplement se déplacer pour récupérer les objets, et recommencer. Il faudra lui expliquer, plus tard, que ce n’était pas une chose à faire. Lorsqu’elle serait en mesure de comprendre pourquoi. Même si, déjà, elle montrait une bonne écoute, à ce qu’on lui disait. Peut-être dû à la Force, par ailleurs. C’était difficile à déterminer.

« Je ne pense pas… » répondit Isobel à son interrogation, sortant par la même occasion la jeune monarque de son observation. «  Mais peut-être d’une autre manière qu’une demande d’entrevue. Une part des rebelles les plus violents ont déjà commis un attentat. Nous pouvons en organiser un autre et le laisser savoir, en prenant bien garde à la manière, que ce ne soit pas suspect, aux rebelles. »

Elle inclina la tête, songeuse elle-même, alors qu’Isobel commençait à détailler ce qu’elle avait en tête. D’abord ouverte d’esprit, prête à écouter ce qu’elle avait à dire, le visage de Takara se referma d’un seul coup lorsque son pion suggéra d’utiliser son épouse comme appât pour attirer Bail Organa hors de sa cachette. Si la sith y avait bel et bien songé à plusieurs reprises, car il s’agissait probablement du meilleur moyen pour y parvenir, elle ne pouvait se résoudre à mettre en danger Leia. C’était son devoir de la protéger, de s’assurer qui ne lui arrive rien ! Et s’il lui arrivait quelque chose… Non, non..  C’était impensable. Cette idée n’était pas réaliste, tout simplement !

« Mettre en danger la reine de cette manière est hors de question. Que les rebelles n’aient pas daigné réagir à la tentative d’attentat contre ma personne est une chose. Je suis une sith ; Je ne suis pas native de ce monde, et n’ai jamais eu d’accroche sur Alderaan avant mon arrivée. Il en serait sans doute tout autre avec Leia ! » répondit-elle, l’air exaspéré, le ton plus sec sur la fin de sa phrase, tout en se levant d’un seul coup, et sans se rendre compte qu’elle avait lâché le prénom de son épouse tout haut, ce qui eut pour effet, par ailleurs d’attirer le regard interloqué de sa fille. « Beaucoup au sein de la Rébellion doivent encore la considérer comme une traitre, et se mobiliseraient peut-être pour l’abattre si l’occasion se présentait. Et il y a toujours son abruti de frère, qui croit encore qu’elle puisse ressentir la moindre chose à son égard. Je ne prendrais pas ce risque, à moins vous utilisiez une doublure. »

C’était à ça qu’elles servaient, non ? A prendre les risques à leur place, lorsqu’ils étaient avérés ! Tout cela pouvait être réalisé sans que Leia soit présente ! Elle comprenait que des risques doivent être pris pour y parvenir, mais c’était sans doute aller trop loin. Elle soupira, pour refouler cette soudaine anxiété, avant de se tourner vers Aylin et lui sourire et la rassurer. Ce n’est rien, ma puce, retourne donc jouer avec ton ami… Là… Voilà…

Et finalement pivoter vers Isobel, pour la juger du regard, de toute sa hauteur.

« Est-ce que ce serait envisageable ? »

« Mettre en danger la reine de cette manière est hors de question. Que les rebelles n’aient pas daigné réagir à la tentative d’attentat contre ma personne est une chose. Je suis une sith ; Je ne suis pas native de ce monde, et n’ai jamais eu d’accroche sur Alderaan avant mon arrivée. Il en serait sans doute tout autre avec Leia ! Beaucoup au sein de la Rébellion doivent encore la considérer comme une traître, et se mobiliseraient peut-être pour l’abattre si l’occasion se présentait. Et il y a toujours son abruti de frère, qui croit encore qu’elle puisse ressentir la moindre chose à son égard. Je ne prendrais pas ce risque, à moins vous utilisiez une doublure. »

Une réaction compréhensible, de la part d’une personne proche de celle concernée. Néanmoins, Isobel ne comptait pas plus se justifier, sur l’idée d’un tel plan, car elle estimait que sans coups puissants, les Rebelles ne bougeront guère. S’il fallait absolument attirer Organa quelque part… Elle ne voyait pas comment s’y prendre sans grands appâts. La reine s’était levée d’un bond, agacée, énervée, exaspérée, peut-être lassée. Quant à sa suivante, elle avait beau faire des efforts, elle ne parvenait pas du tout à retrouver cette même anxiété, tout aussi forte, qui l’avait longuement tenue, dès lors qu’un danger menaçait la famille royale.

« Est-ce que ce serait envisageable ? »

« Sa majesté a toujours refusé les doublures, » indiqua-t-elle calmement. « Plus jeune, elle menait certaines missions par elle-même. Si elle peut être convaincue d’en user, nous pourrons rechercher, puis entraîner, des femmes compétentes pour ce type de missions. Les suivantes remplissaient certaines missions pour la princesse et l’accompagnaient, depuis son jeune âge, mais il nous a toujours été impossible de la convaincre d’employer une doublure. »

De fait, la reine Takara avait dû remarquer que parmi les suivantes actuelles, aucune ne ressemblait franchement à sa majesté. L’une d’entre elle possédait vaguement des traits similaires mais cela ne suffirait pas à la faire passer pour la reine, même en y mettant tous les artifices imaginables. Isobel demeurait calme, mais intérieurement, cherchait toujours à saisir, au minimum, cette part d’inquiétude si longtemps usuelle. Sans succès. Ces plans ne l’angoissaient plus, pas plus qu’elle ne voyait pas de problème aux dangers conséquents en résultant.

« Avez-vous pour ordre de vous en charger vous-même ? Car si tel n’est pas le cas, alors une autre solution est possible. Briser l’esprit d’un rebelle plus extrémiste que d’autres et le renvoyer se charger du travail. Sans doute en reste-t-il à traquer, sur ce monde. Ils sauront retrouver les leurs et approcher l’ex vice-roi. »

Ce pouvait être une solution à envisager, s’ils ne pouvaient attirer leur cible quelque part. C’était celle qu’elle envisageait, en tout cas, en voulant se plonger dans les petites affaires des Maisons suspectes de leur douce planète…

« Sa majesté a toujours refusé les doublures. Plus jeune, elle menait certaines missions par elle-même. Si elle peut être convaincue d’en user, nous pourrons rechercher, puis entraîner, des femmes compétentes pour ce type de missions. Les suivantes remplissaient certaines missions pour la princesse et l’accompagnaient, depuis son jeune âge, mais il nous a toujours été impossible de la convaincre d’employer une doublure. »

Takara tourna sa langue dans sa bouche, et retînt un profond soupir. Sa femme avait toujours eu du caractère, c’était ce qui lui avait plus dès le premier jour, mais cette force, aujourd’hui, représentait un obstacle qu’elles ne pouvaient que contourner. Elle savait qu’elle ne parviendrait pas à la convaincre. Et même si elle y parvenait, trouver une femme partageant assez de ressemblance et pouvant être formée sur le tas prendrait plus de temps qu’elles n’en disposaient pour cette affaire. L’idée n’était pas à jeter pour autant, elle pourrait servir pour une autre occasion. Peut-être, à condition qu’elle parvienne à avoir son accord pour cela. Ce qui n’était pas gagné, vu le goût de son épouse pour le risque. Takara ne pouvait pas lui en vouloir, c’était également dans ces conditions qu’elle se sentait le plus vivante. Lorsque le risque était présent, alors même qu’elle détestait ne pas voir la situation parfaitement sous contrôle. D’aussi loin qu’elle pouvait s’en souvenir, elle avait toujours lutté entre son besoin de maitrise et d’ordre, et son goût pour le danger. Mais risquer la vie de son épouse de la manière que lui avait proposé Isobel, c’était tout simplement hors de question.

« Cela prendrait beaucoup trop de temps… » rétorqua-t-elle, accompagné d’un geste de la main. Elle verrait cela avec elle, d’abord. Le faire dans son dos lui paraissait autant impensable qu’irréalisable.

« Avez-vous pour ordre de vous en charger vous-même ? Car si tel n’est pas le cas, alors une autre solution est possible. Briser l’esprit d’un rebelle plus extrémiste que d’autres et le renvoyer se charger du travail. Sans doute en reste-t-il à traquer, sur ce monde. Ils sauront retrouver les leurs et approcher l’ex vice-roi. »

« Je ne reçois d’ordre de personne, » répondit-elle froidement en se décalant de côté, d’un coup de talon. « Il s’agit plutôt d’un ultimatum nous n’avons aucune de raison de ne pas y répondre favorablement. La méthode en elle-même importe peu, du moment qu’Organa soit capturé vivant. »

Son envie de faire la peau à Sidious en profita pour ressurgir, l’espace d’un instant, avant qu’elle n’admette mentalement que la manœuvre restait habile de sa part. Bien qu’imprécise, puisqu’il n’avait pas imposé la moindre règle autre que de le lui ramener vivant. Il aurait réellement pu leur mener la vie dure s’il avait exigé qu’elles le lui ramènent elles-mêmes en main propre. Takara fit quelques pas le long du grand sofa, le regard perdu en direction d’une grandes baies vitrées condamnées de la pièce. Elle se laissa aller juste assez pour étouffer cette haine naissante, laissant ses pensées divaguer sur la meilleure façon de manipuler les esprits faibles, en écho aux propos d’Isobel. Des pensées qui gagnaient en force et en présence jour après jour, semaine après semaine à mesure que sa détermination et son aisance avec cet aspect de la Force grandissait. Elle n’avait aucune réticence à en vouloir plus encore, et à développer encore et encore son pouvoir. Elle n’avait aucun scrupule à vouloir régner sans partage avec son épouse, et encore moins en manipulant ces petites natures…

Mais encore fallait-il s’y prendre correctement.

« Briser l’esprit d’un rebelle ne nous serait fort peu utile dans ce cas de figure. Briser un esprit faible n’est utile que sur l’instant, ou à très court terme. En général, les dégâts infligés sont irrémédiables, au point qu’un tel individu, au-delà d’un petit laps de temps, finit par manquer de fiabilité. Cette méthode n’est pratique que pour soutirer des informations, ou pour s’entourer de laquais incapable de penser et de réfléchir sans votre aide. »

Le genre à se faire prendre au moindre imprévu, et qui une fois interrogé, révèlerait son état sans même dire un mot. Ces gens là ne l’intéressait pas. Elle se retourna, pour revenir doucement vers Isobel sans même prêter attention à sa fille et son compagnon de jeu. Ces méthodes-là sur ce genre de personnes n’avaient jamais rien eu de distrayant, ou d’excitant. Il n’y avait là pas le moindre défi à relever.

« Les petites natures ne doivent pas être brusquées pour se révéler utile à long-terme. Leurs esprits se doivent être influencés avec subtilité. Il faut savoir arrondir les angles, gommer les aspérités, effacer les mauvaises attitudes et supprimer les mauvaises habitudes… »

Takara se reprit, avec une légère moue et un regard glissant vers Aylin. Mais sans parvenir à totalement se soustraire de ses pensées. Elle avait tendance à s’y laisser emporter plus fréquemment, tant le sujet était passionnant. Elle revînt doucement s’installer sur le sofa, alors que sa fille s’était levée, pour revenir vers elle. Elle la souleva des deux mains, pour venir la poser sur ses genoux, et lui gratouiller distraitement une jambe après s’être assurée qu’elle voulait juste sa présence.

« Ils deviennent des pions utiles, à la fois discrets et terriblement efficaces. C’est uniquement de cette façon que nous parviendront à infiltrer les Familles sans lever le moindre soupçon. Faites donc, si vous vous en sentez capable. Il est plus facile pour vous, ou à un de vos esprits faibles, d’attirer le petit personnel des Maisons. »

Cela, elle le savait déjà. Takara avait passé tout le voyage vers Kesh ainsi que le retour à le lui expliquer. Le temps de la mise en pratique était arrivé, et Isobel avait déjà montré de quoi elle était capable. Il lui faudrait faire encore plus, et encore mieux, à présent.

« C’est pour cela que vous devez faire de Waljan quelqu’un de fort d’esprit, et de caractère. Il ne possède pas nos dons, il est vulnérable. » finit-elle, en posant son regard sur le jeune garçon. Il était hors de question de faire de lui une vulgaire petite nature malgré tout.

« Je ne reçois d’ordre de personne. Il s’agit plutôt d’un ultimatum nous n’avons aucune de raison de ne pas y répondre favorablement. La méthode en elle-même importe peu, du moment qu’Organa soit capturé vivant. »

Si la méthode importait peu, pourquoi en craindre ou rejeter certaines ? hormis celles se devant de l’être pour cause de contraintes techniques. Isobel garda cette réflexion pour elle, cependant, lançant simplement un bref regard vers la reine partant de nouveau faire les cents pas près de la baie vitrée, puis regardant les deux enfants jouer ensemble. Utiliser un rebelle de cette façon ne lui convenait pas, jugeant cela peu fiable ou efficace. Il est vrai que c’était une méthode à double-tranchant, mais elle faisait également partie des plus rapides. Car en-dehors de cela, ils n’avaient que peu d’éléments plus… Disons, plus parés à ce type de circonstances. Des espions spécialement formés, des assassins aptes à remplir tout type de contrat, jusqu’au plus nocif. Des hommes et femmes conditionnés, apprêtés, vous vouant une loyauté sans failles… Plus que de simples mercenaires ou ces stupides personnes recrutées sur la planète, de véritables pions embrassant la cause. Une élite d’assassins à l’unique service de leurs majestés. Hélas, dénicher et préparer de tels agents prenait du temps et dans le cas de cette traque, le temps était ce qui pourra bien vite manquer.

Des pensées vagues, qui rejoignirent tout à coup ce que décrivait la reine, avant qu’elle ne vienne se rasseoir, pour prendre sa fille dans ses bras. Ces pions-là ne pouvaient être très utiles dans la traque de l’ancien vice-roi, même si elles le seront sur la planète elle-même. Bien sûr qu’il fallait en faire bien plus sur Alderaan, pas seulement au Palais. Bien sûr que ce sera utile dans les différentes Maisons. Cela dit, elle pensait à plus. Aux suivantes. A celles déjà formées et entraînées pour cela, qui n’étaient pas encore du tout connues à l’extérieur d’Alderaan et qui pourraient être utilisées dans ce type de mission. Bien entendu, après avoir quelque peu modifié leurs méthodes et esprits. Deux d’entre elles, par mesure de sécurité. La royauté envoyait toujours la même suivante pour les missions en extérieur, depuis toujours. Tout simplement au cas où son visage venait à être connu d’ennemis, afin de ne pas compromettre les autres. Tant que cette suivante demeurait efficace, et que son visage n’était pas encore trop dévoilé, elle accomplissait bon nombre de missions. Comme le faisait Winter avant qu’elle ne trahisse.

« C’est pour cela que vous devez faire de Waljan quelqu’un de fort d’esprit, et de caractère. Il ne possède pas nos dons, il est vulnérable. »

Elle approuva d’un signe de tête, déjà sûre de ce qu’elle avait à faire avec le petit garçon et comment l’éduquer. Tout un plan se dessinait dans son esprit, d’une évidence parfaite. Dès le plus jeune âge, dès à présent. L’éducation physique et militaire devait se tenir dès le plus jeune âge, les enfants étaient extrêmement malléables et leur volonté de vous rendre fier et de vous impressionner ne faisait que renforcer l’apprentissage rapide de leurs compétences. Ce jeune âge, cette facilité à intégrer et se lancer dans de nouvelles choses, cette malléabilité d’esprit, cette admiration vouée à leurs parents, ce désir de prouver ce qu’on valait… Les enfants étaient des êtres merveilleux, en ce sens… Entre leurs deux ans et leurs dix ans, vous pouviez en faire absolument tout ce que vous désiriez.

« A votre convenance, pour Alderaan. Je tâcherai de donner de nouvelles pistes, en ce qui concerne la traque de l’ancien vice-roi. »

Si elle l’avait pu, elle serait déjà partie s’en charger elle-même… Hélas, et à sa très grande frustration, son visage était désormais connu et elle serait immédiatement repérée, en tentant d’intégrer les rebelles. S’entraîner autant pour ne plus pouvoir régler soi-même un souci si gênant, quelle gâchis… Enfin soit… Si sa majesté n’avait plus de sujets à aborder, elle partirait reprendre ses tâches du jour. Peut-être laisser une heure ou deux Waljan ici, si les enfants voulaient encore jouer ensemble. Les laisser se lier d’amitié ne pouvait qu’être utile, après tout, pur la suite de leurs plans.