Énigmes passées

C’était… Si étrange… Samakro salua d’une manière très réservée, à l’opposée de Thalias qui elle dit bonjour avec emphase, comme si elle connaissait le couple depuis des années. Leur petite Samynr, de son côté, était déjà plus intéressée par aller jeter un œil au berceau, installé dans un coin de la pièce, pour voir les bébés. Dès que les salutations furent passées, elle fila aussitôt pour aller les regarder, aussi attendrie que fascinée. Le couple avait une autre enfant, d’un an plus âgée, dans les bras de son père. Une fillette dont les yeux et les cheveux reflétaient son ascendance Humaine. Il ne savait pas vraiment où se mettre, pour être honnête, laissant Thalias engager la conversation et tenir tout le rôle social, pour le moment. C’était surtout pour elle, qu’il avait accepté que cette rencontre ait lieu. Non seulement pour assouvir une curiosité traînant depuis des années mais aussi car elle voulait parler des recherches qu’elle avait mené, il y a quelques années.

Tout ça le rendait profondément mal à l’aise. Pour commencer, il ne savait guère comment se comporter avec deux personnes censées être décédées, tous les deux, il y a plus de dix ans. Ensuite, il ignorait quoi dire à une personne, adulte, complètement formée au Troisième Œil et capable de réaliser plus de choses encore que leur seule et unique navigatrice adulte, bien qu’il aurait pourtant de multiples questions à lui poser. Puis il avait l’impression de violer l’intimité de son ex-supérieur, en se retrouvant chez sa famille proche, voyant même des photos ici et là. Enfin, il ne cessait de se demander si l’ex-supérieur en question était devenu ainsi sous l’influence de son frère et donc à quel point ce frère… Était pire que lui, finalement. Le caractère d’un individu se forgeant principalement durant l’enfance, sous l’égide de l’adulte s’occupant de lui, il y avait de quoi se poser de sérieuses questions.

Ils s’étaient à peine installés à table, autour d’un verre avant de commencer à déjeuner, que Thalias se lança aussitôt dans le vif du sujet, soit les recherches qu’elle avait entreprise, à l’époque, en se basant sur celles que Mitth’ras’safis avait entamé. Mais qu’est-ce qu’il faisait là… Il aurait dû simplement lui dire de se rendre à ce déjeuner sans lui. Il jeta un petit coup d’œil vers leur fille, occupée à boire son jus de poire, puis à jouer avec la fillette d’un an et demi, assise dans un siège surélevé. Au moins une qui se sentait également très à l’aise. Il ne devrait guère entendre une telle conversation, n’étant pas concerné par ces histoires de famille. Thalias non plus, n’aurait jamais dû s’en mêler, bien qu’il comprenne pourquoi elle s’était lancée, à ce moment-là. De plus, tout cela risquait d’épuiser la jeune Humaine. C’est qu’elle venait à peine d’accoucher de jumeaux.

"Si vous êtes là," glissa-t-il après que sa femme ait terminé d’expliquer où elle en était rendue, "C’est bien que vous possédez le Troisième Œil. Comment se fait-il que vous n’ayez pas été détecté, dès la petite enfance, à l’école ? Ou que vos parents n’en aient jamais rien dit ? Les signes sont certes légers mais se voient, un enfant ne peut le cacher."

Il déposa les verres et un cocktail maison, sans alcool bien sûr, sur la table, avec de quoi grignoter, pour commencer, puis retourna dans la cuisine déposer le plateau et surveiller le repas, à mijoter sur le gaz. Edelweiss le suivait comme son ombre, depuis ce matin, trottinant derrière lui durant ses allers et venues entre la petite salle à manger et la cuisine. Il y avait de ces moments où elle se mettait en mode poussin, soit en suivant sa mère, soit en le suivant lui, il trouvait ça tellement adorable. Depuis le retour de toute la petite famille, à la maison, elle restait encore un peu craintive, avec ses petits frères, sans oser les toucher. Ce n’était qu’hier qu’elle avait pu les prendre, l’un après l’autre, dans ses bras, en étant installée dans ceux de sa mère. Ça devait être très impressionnant, à son âge, pauvre petit cœur. Mais ça, ce n’était pas gênant du tout. Le plus gênant, c’était réussir à empêcher Lorana de travailler ou s’agiter partout.

Leurs invités arrivèrent peu de temps après qu’il ait terminé de préparer l’accompagnement, pour ce midi, alors que sa fille avait décidé de s’accrocher à sa jambe tout du long. Il la souleva et la prit dans ses bras, avant d’aller ouvrir et les accueillir. Lors des échanges préalables à cette venue, Thrass avait été pas mal surpris d’apprendre que ses recherches avaient pu être poursuivies, même s’il avait espéré que oui, en rentrant ici, avec Lorana. Cela remontait à loin et il s’était écoulé tellement de choses depuis… Sans compter qu’il restait pas mal de non-dits, de son côté, vis à vis de Thrawn. Il ne lui en avait toujours pas parlé et hésitait à le faire. Son frère n’avait rien entreprise, pour tout ça… Même si ce qu’ils avaient découvrit bien plus tard, à cause de ce ** de médecin, changeait de nouveau la donne. Une fois les salutations faites, les présentations plus formelles posées et chacun invité à se mettre à l’aise, Thalias embraya très vite sur le sujet.

Il déposa leur fille dans sa chaise haute, avant de s’occuper du service, assis à côté de Lorana. Tout en écoutant Thalias parler de ce qu’elle avait recherché et trouvé, de son côté. C’était bien d’entendre qu’il y avait eu des personnes pouvant veiller sur les arrières de son frère, à cette époque-là. Même si les problèmes racontés semblaient malheureusement minces, en comparaison à aujourd’hui, ils auraient tous préféré que ça en soit le summum. Enfin… Aujourd’hui, il demeurait bien plus de questions que de réponse. Thalias terminait tout juste lorsque son mari se décida à ouvrir la bouche, depuis la première fois depuis qu’il avait dit bonjour. Très tendu, cet homme-là, le contraste était encore plus effarant, à côté de son épouse. Il y avait à espérer qu’il ne se sente pas mal à l’aise à cause d’eux, bien que ça pourrait se comprendre.

"Si vous êtes là, c’est bien que vous possédez le Troisième Œil. Comment se fait-il que vous n’ayez pas été détecté, dès la petite enfance, à l’école ? Ou que vos parents n’en aient jamais rien dit ? Les signes sont certes légers mais se voient, un enfant ne peut le cacher."

"Vous faites erreur, c’est tout à fait possible de le dissimuler," répondit-il en tapotant très légèrement du bout des doigts contre son verre. "Je n’avais aucune conscience, enfant, de ce qu’était réellement ces petites choses bizarres qui arrivaient parfois autour de moi et ce n’était rien d’assez grave ou surprenant pour m’alerter ou alerter d’autres personnes, à l’école ou ailleurs. Mon père me disait de ne pas en parler, que ce n’était rien. C’était alors si tenu que je suis parvenu, durant des années, à oublier ces signes ou ne plus les remarquer."

Sans aucune manifestation voyante ou de réels soucis déclenché à cause de cela, qui aurait pu le réaliser ? De plus, il semblait que l’ascendance surveillait avant tout les filles, plus nombreuses à révéler de telles choses. Plus à même de servir dans la Flotte, comme Thalias en avait parlé tout à l’heure, de sa propre expérience. Impossible de comprendre, encore, pourquoi ces jeunes filles perdaient leur don. Trop de pression tuant dans l’œuf ce pouvoir arrivé à l’adolescence ? Manque d’entraînement ? Dur à dire… La Guilde des Navigateurs comportait des membres de nombreuses espèces et aucune ne semblait avoir le même problème que leur propre peuple.

"Quant au pourquoi ma famille n’en a jamais rien dit, c’est assez simple. Mon père était « traité », si on peut dire ça, contre ce don. Certains médecins et autres considèrent qu’il s’agit d’une maladie et veulent la faire disparaître. S’il ne m’a jamais expliqué ce que c’était, il a tout de même refusé de nous « soigner » aussi. En tout cas, pour ma part, il m’avait simplement dit que ce n’était pas la peine et qu’il suffisait de l’ignorer. Je ne pense pas que Thrawn s’en souvienne, il était trop petit. Même si nous manquons toujours de preuves, nous sommes assez persuadés que les rares personnes adultes repérées par ces personnes, avec ce don, sont prises pour cible. C’est un pouvoir considéré comme trop dangereux."

Chez eux, au moins, ils étaient parfaitement tranquilles, pour aborder de tels sujets. Elle s’y sentait plus à l’aise et en sécurité que s’ils avaient dû en parler dans un lieu public, elle ne savait où. Assis autour d’un verre, Thalias s’était lancée dans son récit, parlant de ce qu’elle avait déniché, il y a déjà quelques années de cela, des points où elle s’était retrouvée bloquée, ses soupçons… Parlant aussi, dans le flot, de son rôle de tutrice, auprès d’une toute jeune fille nommée Che’ri. Lorana comprenait toujours mal pourquoi elle leur en parlait aussi librement alors que c’était censé demeurer un secret absolu, mais au fond, elle ne devrait pas. Ayant déjà noté que les personnes ayant travaillé de manière proche avec son beau-frère avaient une… Disons… Conception particulière des règles à suivre. Surtout dans ce genre de cas. C’était beaucoup de choses en une fois et elle ne pouvait tout suivre, n’ayant pas été là à ce moment et ne connaissant donc pas tous les détails. Ce qu’elle retenait, en revanche, c’est que les problèmes ne dataient pas d’hier. Que ces fillettes perdent leur don n’avait aucun sens… Elle n‘avait jamais entendu, chez aucune autre espèce dans la galaxie, que la Force puisse s’évanouir aussi systématiquement, à quatorze ou quinze ans…

Cela dit, quand ils parlaient de la Force, dans l’Ordre, ils parlaient d’une entité unique, pouvant, si vous la maîtrisez, vous permettre de réaliser de multiples choses. Alors que dans le Chaos, le Troisième Œil n’étant pas une entité telle quelle mais désignait un seul et unique pouvoir, celui de la navigation. Un pouvoir visiblement répandu, disparaissant sans aucune raison chez ces petites, mais un pouvoir différent du sein, de celui de Rhonn et même de Thrass, bien qu’il ne l’exploite pas encore beaucoup. Il ne pouvait pas y avoir « Deux Forces », bien distinctes, selon si on se trouvait dans le Chaos ou dans tout le reste de la galaxie ! Ou si… ? Mais non ! Ou alors, pour une raison ou une autre, le don de navigation était plus facile à révéler et maîtriser, puis, encore pour une autre raison inconnue, il disparaissait aussi vite qu’l était venu, chez ce peuple… Elle se frotta le visage des deux mains, sentant poindre la migraine. Entre ce problème-là, le comportement vis à vis des rares sensitifs dans la société civile et les recherches coincées dans une impasse, faites par l’armée, ils n’étaient vraiment pas rendus.

Elle hocha doucement la tête, lorsque Thrass répondit au capitaine que dissimuler les signes, enfant, n’avait pas grand-chose de compliqué. En fait, tout dépendait des enfants et d’à quel point leurs dons pouvaient se manifester, à la petite enfance. Chez certains, le lien était si ténu que sans tests, en bonne et due forme, il était impossible de s’en rendre compte. Il arrivait aussi que la Force soit mise « en sommeil », chez un individu, au point qu’il n’ait jamais conscience de son lien ou l’oublie.

« Quant au pourquoi ma famille n’en a jamais rien dit, c’est assez simple. Mon père était « traité », si on peut dire ça, contre ce don. Certains médecins et autres considèrent qu’il s’agit d’une maladie et veulent la faire disparaître. S’il ne m’a jamais expliqué ce que c’était, il a tout de même refusé de nous « soigner » aussi. En tout cas, pour ma part, il m’avait simplement dit que ce n’était pas la peine et qu’il suffisait de l’ignorer. Je ne pense pas que Thrawn s’en souvienne, il était trop petit. Même si nous manquons toujours de preuves, nous sommes assez persuadés que les rares personnes adultes repérées par ces personnes, avec ce don, sont prises pour cible. C’est un pouvoir considéré comme trop dangereux. »

« S’il est manié par des personnes voulant faire du mal, » se sentit-elle obligée de préciser. « Ou ayant sombré dans la folie et ne contrôlant plus leurs actes. Une personne peut totalement ignorer son lien avec la Force et vivre sans jamais en être dérangée, ça arrive. Par contre, ce n’est normalement pas possible que cela disparaisse à jamais… Pour vous et les autres, Thalias, je ne comprends pas ce qui a bien pu se passer. D’autant plus que vous n’avez jamais reçu l’un de ces poisons, dont quelques uns ont été gavés. »

Elle imaginait déjà la réaction de l’armée, d’ailleurs, si une personne essayait d’empoisonner une de leurs petites navigatrices… Il y aurait très vite du sang. Près d’eux, la petite fille du couple ne prêtait aucune attention à leur conversation, occupée à jouer avec Edelweiss.

« Il faudrait commencer par comprendre pourquoi une telle différence, entre les personnes développant un seul pouvoir et le perdant et les personnes sensibles à « toute » l’entité, si on peut dire ça, puis le restant toute leur existence. Et depuis quand cela arrive. Savez-vous depuis combien de temps la Flotte utilise les navigatrices ? »

Possible, hum, s’il le disait. Mais il est vrai que pour demeurer discret, les personnes s’occupant de repérer les enfants, très jeunes, n’étaient pas très nombreux, sans compter qu’elles testaient avant tout les filles. Par contre, puisque son père était visiblement au courant, pourquoi n’en avait-il parlé autour de lui ? Ou à un médecin ? C’était tout de même un sujet important, lorsque votre fils présentait un comportement différent des autres ! Ça aurait dû être remonté, tôt ou tard, aux oreilles de l’armée. Il s’apprêtait à le soulever, lorsque le politicien répondit dans la foulée à cette question, comme s’il s’attendait aux protestations. Comment ça, traiter… Il y avait des médecins ayant développé des médicaments pour traiter le Troisième Œil ?? Mais comment, ce n’était pas… Il n’avait jamais entendu parler de ça ! Bon, il ne côtoyait pas énormément de civils non plus, mais…

"S’il ne m’a jamais expliqué ce que c’était, il a tout de même refusé de nous « soigner » aussi. En tout cas, pour ma part, il m’avait simplement dit que ce n’était pas la peine et qu’il suffisait de l’ignorer. Je ne pense pas que Thrawn s’en souvienne, il était trop petit. Même si nous manquons toujours de preuves, nous sommes assez persuadés que les rares personnes adultes repérées par ces personnes, avec ce don, sont prises pour cible. C’est un pouvoir considéré comme trop dangereux."

"S’il est manié par des personnes voulant faire du mal. Ou ayant sombré dans la folie et ne contrôlant plus leurs actes. Une personne peut totalement ignorer son lien avec la Force et vivre sans jamais en être dérangée, ça arrive. Par contre, ce n’est normalement pas possible que cela disparaisse à jamais… Pour vous et les autres, Thalias, je ne comprends pas ce qui a bien pu se passer. D’autant plus que vous n’avez jamais reçu l’un de ces poisons, dont quelques uns ont été gavés."

C’est bizarre… Il ressentait comme un pincement au cœur beaucoup trop familier et qui ne s’était pourtant pas produit depuis plus de dix ans… Cette petite alerte, sonnant en boucle dans le fond de son esprit, alors qu’il sentait venir des ennuis plus gros qu’eux prêt à leur tomber dessus… Cette sensation très désagréable, car la situation lui échappait, le voyait, il le sentait, il savait qu’il venait de plonger le doigt – non, le bras entier ! – dans des ennuis. On ne pouvait pas l’appeler pour une urgence au travail, genre, là, tout de suite… ? Pourquoi les ennuis venaient-ils toujours de la même famille, dans cet Empire ?? C’était une malédiction, c’est ça ?! Il se frotta un peu la tempe puis but d’une seule traite le contenu de son verre, histoire de se rafraîchir les idées. Venir ici, c’est bien ec qu’on appelait foncer dans un piège ! Il aurait dû s’en douter…

"Il faudrait commencer par comprendre pourquoi une telle différence, entre les personnes développant un seul pouvoir et le perdant et les personnes sensibles à « toute » l’entité, si on peut dire ça, puis le restant toute leur existence. Et depuis quand cela arrive. Savez-vous depuis combien de temps la Flotte utilise les navigatrices ?"

Au regard de Thalias, il comprit directement qu’elle comptait bien les aider à leurs recherches et qu’elle ne lâchera pas l’affaire si facilement… Exactement comme autrefois… A cause de la même famille… Il n’avait pas signé pour avoir le modèle plus âgé à venir créer d’autres ennuis encore plus grave mais il n’avait pas le choix, c’est ça… ?

"Ce système a été mis en place il y a deux siècles, environ. J’en ai eu la confirmation par la sœur biologique de Thrawn."

"Pourquoi votre famille passe littéralement touuute son existence à se fourrer dans des affaires improbables… ?"

Il se rendit compte qu’il l’avait marmonné à haute voix en croisant le regard de sa femme, mélange d’amusement et de reproche. Oui, soit, ce n’était pas forcément poli mais c’était vrai !

"Peut-être que ces petites pourraient faire plus, mais aucune n’a été entraînée pour et de toute façon, personne ne sait comment faire non plus. A part peut-être ce type ermite dont vous parliez… Mais dans l’absolu, ce n’est pas fait pour ça. Et c’est mal vu dans la société, alors dans la Flotte… Le don de navigation a une utilité, lui. Que fait-on, alors, il faut chercher pourquoi un tel sentiment de rejet ?"

Il sourit doucement à la réponse de sa femme, voyant bien que ça l’agaçait et l’inquiétait, tout à la fois. Allons, ils allaient bien finir par comprendre ce qui se tramait. L’idée qu’il existe deux « Forces », ça lui semblait assez improbable, même sans y connaître grand-chose et elle non plus ne semblait pas très convaincue, en lançant cette idée. Il devait y avoir une autre explication, bien plus simple… Un problème qui venait à l’adolescence, un truc médical, par exemple, qui causait la perte chez une majorité de ces jeunes ou… Thalias répondit assez vite, sur la date de création de ce système. C’était très récent, finalement. Par contre, qui était le premier enfoiré à avoir lancé l’idée que la Flotte pourrait bien utiliser des gamines aussi petites dans ses rangs ? Alors que leur nation s’en était parfaitement passé durant des millénaires et que ça ne l’avait pas empêché de se développer pour autant ? Que ç…

"Pourquoi votre famille passe littéralement touuute son existence à se fourrer dans des affaires improbables… ?"

… Merci… ? Thrass pinça un peu du nez, sans répondre. Tout de suite ! Ce n’est parce que Thrawn s’était retrouvé une fois… Deux… Cinq… Bon, quelques petites fois dans des affaires étranges, ainsi qu’eux-mêmes, qu’il fallait immédiatement en faire une généralité ! Ce n’était qu’une mauvaise période à passer, rien de plus, rien de moins. Il ne souleva pas non plus qu’il y avait bien une petite poignée de personnes sachant comment faire mais que même si elles étaient mises dans le secret, officiellement, aucune n’accepterait. Pour la simple et bonne raison que ces enfants subissaient déjà suffisamment de pression, durant leur service dans la Flotte. Quant à Rhonn, en admettant que son allergie à l’armée guérisse, il n’y avait que peu de chance qu’il songe à s’y impliquer.

"Et c’est mal vu dans la société, alors dans la Flotte… Le don de navigation a une utilité, lui. Que fait-on, alors, il faut chercher pourquoi un tel sentiment de rejet ?"

"Si ce n’était que du rejet, ça serait simple à gérer."

Il hésita un bref instant, s’assura que la petite fille était retournée jouer dans son coin, après avoir terminé son verre, car ces conversations l’ennuyaient, pour parler de ce qu’ils soupçonnaient, plus précisément, au couple. Sur la « maladie » de leur père, la cause élucidée, lors qu’il était parti rendre visite à leur ancien médecin famille, les documents conservés depuis lors, le manque de preuves car les traces disparaissaient à mesure, ainsi que la potentielle implication de personnes haut placées, ainsi que de membres de la justice. Les mêmes dont ils étaient convaincus de l’implication, par ailleurs, dans la tentative d’empoisonnement récente, contre le capitaine Fel et Neslia. Le plus gros problème étant l’omerta des pouvoirs concernés sur l’enquête, couplée à l’inertie de la population à en savoir plus. Thrass savait amplement à quel point les pressions politiques pouvaient malmener, voire stopper pour de bon, la recherche de vérité, dans de nombreux cas.

Il parla ensuite au couple de ce que Lorana, Eli et leurs collègues avaient découvert, dans le fond des ruines. Un passé lointain mais pesant, qui expliquait comment et pourquoi ce « rejet » s’était durablement installé dans les esprits. Qu’importait même cet événement, aujourd’hui, puisque le mal était fait depuis bien longtemps. Qui se souvenait de la première étincelle, une fois l’incendie géant embrasant la forêt toute entière. Thalias les croira sans doute plus facilement, cela dit, sur les « locataires » des ruines. Mis à part leur ami très agacé, personne d’autre que Rhonn ne pouvait les voir. Quant à Lorana, elle pouvait les toucher, pour le moment, ainsi que ressentir leur présence. C’était gros à avaler, ils le savaient très bien.

"Vous pouvez vous y rendre aussi, si vous tenez à en avoir le cœur net. A condition que vous prévoyez un chemin de retraite rapide, en cas de soucis."

« Ce système a été mis en place il y a deux siècles, environ. J’en ai eu la confirmation par la sœur biologique de Thrawn. »

« Pourquoi votre famille passe littéralement touuute son existence à se fourrer dans des affaires improbables… ? »

Lorana glissa, mine de rien, la main devant sa bouche, pour dissimuler son sourire. Elle avait déjà entendu ça très souvent mais contre une autre famille. Elle comprenait très bien ce que pouvait ressentir le capitaine, à cet instant précis ! Le pauvre, heureusement qu’il n’avait pas encore croisé la route d’Anakin et celle de sa famille, car les deux combinées, il aurait du mal à le supporter. Elle recouvra son sérieux assez vite, néanmoins, croisant les bras contre la table, alors que Thrass expliquait, plus en détails, ce qu’ils avaient découverts sur ce passé trouble, les décès officiellement non reconnus comme des meurtres longs, les paroles de ce médecin de famille, qui n’avait plus de médecin que le nom, d’ailleurs. Puis il parla des ruines. Mis bout à bout, c’était assez évident, finalement… Une suite logique de problèmes et réactions plus ou moins malsaines, une guerre, le tout dérivant naturellement, les siècles suivants, sur un rejet systématique du groupe impliqué et désigné comme responsable de tous les maux. Il était « normal » d’en arriver là… S’ils voulaient pouvoir s’entraîner paisiblement et à l’abri, à Valmea, il faudra avant tout calmer leur ami agressif. Comment, la question se posait encore. Même au Temple, personne n’avait su lui dire comment apaiser ce genre d’esprits… Il faut dire que les seuls autres du même calibre et connus étaient les esprits des planètes Sith. Pas le genre non plus à pouvoir se tranquilliser facilement.

« Vous pouvez vous y rendre aussi, si vous tenez à en avoir le cœur net. A condition que vous prévoyez un chemin de retraite rapide, en cas de soucis. »

« Quoi ? Mais enfin, non ! On parle d’un type mort en étant dévoré par la haine, contre l’armée de son époque, qui n’a sans doute pas encore compris que des millénaires se sont écoulés. Sachant qu’en plus, lui lancer d’être raisonnable ne marchera pas. Pour s’être opposé à tous et en avoir entraîné quelques autres dans la rébellion, il ne devait pas avoir un caractère simple, même de son vivant. Imaginez ce que ça peut donner aujourd’hui, après été rongé depuis des siècles entiers par la colère ? Il faudra d'abord trouver un moyen de le calmer, avant de laisser le moindre soldat l’approcher. Et comment se défendre ? Vous comptez tirer au blaster sur quelque chose qui est déjà mort ? »

Elle ajouta dans la foulée que tirer sur les ruines elles-mêmes pourrait empirer encore plus la situation, car les esprits attachés dedans ne seraient pas anéantis du tout. Pire encore, en étant « libérés » de cette attache, il y avait une chance sur deux qu’on les retrouve en balade sur toute la planète. Là encore, il n’y aurait aucun moyen de les arrêter ou les faire disparaître, juste d’abandonner le monde sur le champ. Bon courage pour expliquer ça, ensuite, à toute la population.

« En bref, si vous êtes un soldat, vous y rendre vous coûtera très cher. »

Que pouvait-il bien y avoir d’autre ? Il commençait à se méfier… Et il ne fut pas déçu ! Son estomac se tordit encore un peu plus à chaque nouvelle phrase. Il refusa d’abord d’y croire, se disant que c’était impossible que des choses pareilles puissent arriver dans l’Ascendance, c’était bien trop choquant, bien trop, trop… Non ! Ce n’était pas… La colère et le dégoût vinrent brutalement s’ajouter au choc, lorsqu’il entendit le récit de ce rendez-vous lunaire, chez cet ancien médecin, ulcéré qu’un membre du corps médical ait pu proposer une horreur pareille aussi simplement et sans que ça m’émeuve qui que ce soit. Il baissa un peu la main, pour attraper doucement celle de Thalias et la serrer, discrètement, sous la table. Tandis qu’il imaginait qu’elle pourrait être décédée, si elle avait traversé ça. La colère ne baissait, bien au contraire, elle enflait à mesure qu’il visualisait toutes les implications.

Il était si terrible que ça puisse aller aussi loin… Il n’avait pas du tout réalisé que la haine insidieuse puisse être aussi… Mais l’armée était-elle au courant ? Était-ce pour cela que tant était mené pour cacher l’existence des navigatrices ? Et que des enfants étaient utilisés ? Puis Mitth’ras’safis parla de l’origine de cette haine et de toute l’incompréhension autour de ces pouvoirs. De Valmea, la guerre civile, ce qui se dissimulait dans ces ruines, depuis lors. Là encore, il eut du mal à encaisser, ne pouvant aussitôt y croire… Enfin, qu’il y eut une guerre civile, ça, malheureusement, ce n’était pas la seule fois de leur histoire et ça avait bien failli se reproduire, il y a quelques années. Que ça soit pour cette raison, il y croyait sans problèmes également. Mais qu’il reste des esprits et un… Tout de même ! Comment pareille chose pouvait-elle se produire ?!

"Vous pouvez vous y rendre aussi, si vous tenez à en avoir le cœur net. A condition que vous prévoyez un chemin de retraite rapide, en cas de soucis."

Eh bien, il… La jeune femme Humaine s’enflamma, tout à coup, alors qu’il ouvrait à peine la bouche, totalement opposée à cette idée. Quoi, c’était vraiment si dangereux que ça ? Samakro referma la bouche, n’osant pas s’emporter contre une femme venant tout juste d’accoucher, tant il savait très bien que le cocktail d’hormones allant avec pouvait être… Explosif. Et vu le tableau qu’elle dépeint, leur fantôme de Valmea avait tout l’air d’être une véritable tête à claques. Un déserteur, donc, qui en plus avait tourné la tête d’autres soldats, eh bien bravo ! Alors, oui, dans de telles circonstances, on pouvait comprendre, voire admettre, les raisons de sa désertion. Par contre, de son vivant, ce gars avait dû être une véritable plaie à gérer. Et elle disait que tirer sur les ruines pourrait empirer la situation ? Ah, bon sang… Il échangea un regard mi blasé, mi désespéré avec sa femme.

"En bref, si vous êtes un soldat, vous y rendre vous coûtera très cher."

"D’accord, d’accord, on n’approche pas sans précautions un déserteur de 5000 ans très énervé et transformé en esprit monstrueux qui détruit tout, surtout si on est soi-même un soldat, j’ai bien compris. Cela dit, si je vous ai bien suivi, il n’y a qu’une petite poignée de personnes qui s’occupent du site en secret et les hauts politiciens au courant ne font rien, mis à part surveiller de loin les lieux et décourager le tourisme sur place ? Personne ne s’est jamais dit que ça serait pas mal, d’au moins aider ceux qui tentent d’apaiser ce truc-là, plutôt qu’attendre qu’un drame arrive ? Un groupe de gamins pourrait très bien s’y rendre pour s’amuser et tomber là-dessus par accident. Votre ami, là-bas, a déjà effrayé de loin des mômes, pour les protéger, que vous disiez. Mais supposons qu’il en arrive, un jour, un autre alors qu’il n’est pas présent ? Les avertissements sur le risque d’éboulements ou effondrements ne suffisent jamais à dissuader les adolescents. Je veux bien qu’on ne sache pas quoi faire pour régler le problème mais là, vu le peu qui ont essayé…"

Apprendre qu’une véritable bombe à retardement se trouvait sur Copero le rendait tout autant malade que savoir qu’il pouvait y avoir de telles agressions et aussi impunément. Sans doute le peu au courant se disait que c’était là un moindre mal, étant donné que rien ne quittait les ruines ! Pourtant, n’importe qui pouvait y aller, en ignorant les avertissements. Compter sur deux ou trois personnes d’un clan très mineur, pour les en empêcher et se charger de tout le merdier sur place…

"Et comment on calme ce genre de trucs ? Un fantôme peut revenir à la raison ? Vous savez qui il était, de son vivant, mis à part son côté tête à claques ?"

Allons, allons, allons, on ne demandait pas non plus d’y aller sans aucune précaution ! Il tapota doucement l’épaule de sa femme pour l’apaiser, bien que ça ne servit pas à grand-chose, sur le moment. Elle avait raison, ils devaient être très prudents, se méfier, ne pas foncer comme ça, oui, mais ce n’était pas le but, du calme. Elle devait craindre qu’il arrive un malheur au capitaine ou à Copero, s’ils s’y prenaient mal. Par contre, oui, leur gars devait effectivement avoir un caractère très… Fort. Même de son vivant, pour avoir terminé dans cet état. Un déserteur, oui, pour quelles raisons exactes, ça, ils l’ignoraient encore, les quelques éléments de réponse récupérés jusqu’alors ne permettaient pas de compléter cette histoire. Pourtant, ça leur permettrait aussi de savoir comment le rejet avait commencé et peut-être même qui étaient leurs opposants les plus virulents, à l’époque, donc les racines de cette association.

Il hocha la tête aux questions blasées du capitaine, tout en finissant son verre. C’était ça, oui… Le problème était effectivement connu des dirigeants les plus importants, le site était bel et bien surveillé, globalement du moins, par le Clan Mitth, oui, il y avait des mises en garde sur les ‘ »forts risques d’éboulement » et autres dangers, dans cette zone, non, rien d’autre n’était fait. Tant que le problème ne bougeait pas de là, après tout… Dommage pour ceux s’y rendant quand même, somme toute. Les personnes au courant devaient se dire que la zone était si difficile d’accès, de toute manière, que le risque que des gamins ou des touristes s’y rendent était trop faible. Rhonn surveillait aussi, oui… Mais effectivement, il restait un risque. Certes très faible mais bien existant. Sans oublier que le manque de moyens immédiat pour régler à jamais le problème n’avait fait que freiner d’autant plus l’enquête.

"Et comment on calme ce genre de trucs ? Un fantôme peut revenir à la raison ? Vous savez qui il était, de son vivant, mis à part son côté tête à claques ?"

"Pour le moment, juste que c’est le genre de personne que vous auriez dégagé de votre vaisseau en un temps record. Sinon, plus sérieusement, les archives publiques n’ont rien donné. Mais il existe d’autres sources d’informations. Peut-être grâce aux Stybla. Je tenterai de voir cela avec eux."

Si ça ne fonctionnait pas, ils devront utiliser d’autres moyens, enfin, ils n’en étaient pas encore là. Il se leva, voyant que tout le monde avait terminé son verre, pour aller chercher le repas. C’était assez simple, ils n’avaient pas prévu de grand déjeuner gastronomique pour l’occasion. Thrass ne savait pas bien cuisiner à ce point, de toute façon. Il avait appris un peu avec ses parents et surtout, sur le tas, lorsqu’il s’était retrouvé complètement seul en charge de la cuisine. Une période où tout devait être le plus simple possible, car entre le travail à peine débuté, s’occuper de son petit frère et de la maison, gérer les problèmes à mesure, faire son deuil et aider son frère à gérer le sien… Se prendre la tête pour la cuisine n’était pas au programme. Il revint le plus vite qui soit pour servir tout le monde, avant que Lorana n’ait l’idée de se lever pour le faire elle-même.

"Si on parvient à en savoir plus, ça n’aidera pas que pour les sensitifs. Visiblement, l’association en veut aussi aux FID. Du moins, c’est ce que l’attaque contre le capitaine Fel laisse penser. Tout ce qui peut menacer l’équilibre de la société en interne comme en externe, finalement, leur file des nausées. C’est bizarre, d’ailleurs, que le lieutenant Vanto n’ait jamais été attaqué."

« D’accord, d’accord, on n’approche pas sans précautions un déserteur de 5000 ans très énervé et transformé en esprit monstrueux qui détruit tout, surtout si on est soi-même un soldat, j’ai bien compris. »

Quand même, merci. Sinon, oui, il avait bien compris la situation. Un statut quo pur et simple, où le problème avait littéralement été enterré, faute de savoir le régler, en espérant que ça ne cause jamais de problèmes graves un jour. Plus grave encore que ce qu’avait déjà subi Rhonn… Il avait de la chance d’avoir pu être sauvé puis soigné par sa famille, sans cela, il serait mort sur-place, vidé de son sang. Un esprit de plus à rejoindre les habitants présents… C’était la grande question, comment calmer le jeu, ils ne pouvaient pas faire grand-chose de plus sans avoir d’autres cartes en main, comme répondait son mari. Elle allait se lever pour l’aider, comme il s’apprêtait à aller chercher le repas et les assiettes, lorsqu’il lui vola les verres des mains, pour partir à grands pas vers la cuisine. Mais enfin ! Elle était épuisée mais pas malade ! Non mais… La fillette revint juste à ce moment à table, après un regard de sa mère, s’installant tranquillement. Edelweiss, toujours installée dans sa chaise haute, mangeait déjà dans sa petite assiette. Lorana entreprit de lui couper des petits morceaux de pain, en plus, voyant qu’elle avait déjà tout terminé.

« Si on parvient à en savoir plus, ça n’aidera pas que pour les sensitifs. Visiblement, l’association en veut aussi aux FID. Du moins, c’est ce que l’attaque contre le capitaine Fel laisse penser. Tout ce qui peut menacer l’équilibre de la société en interne comme en externe, finalement, leur file des nausées. C’est bizarre, d’ailleurs, que le lieutenant Vanto n’ait jamais été attaqué. »

« Il fait partie de la Flotte de l’Ascendance, pas des FID, » glissa-t-elle en l’aidant à passer les assiettes à tout le monde. « Ce serait légèrement suicidaire. Il y a moins de personnes qui ont envie de l’attaquer, avec ça, il est plutôt choupi. »

Thalias hocha la tête, elle aussi, pour confirmer. Ah, voilà, elle n’était pas la seule à le penser ! Eli était mignon, très sociable et il arrivait à bien s’entendre avec tout le monde, même les plus grognons. Ça plus son poste, ça suffisait à le mettre à l’abri de beaucoup de soucis. Elle se retourna vers sa fille, ensuite, pour lui dire de manger avec sa cuillère, pas avec les doigts, puis l’essuyer avec sa serviette. Leur petite trouvait ça plus rapide ou moins pénible, certainement, mais maintenant qu’elle était capable de bien tenir ses couverts ou un verre… C’était une des choses qu’ils passaient leurs vies à répéter, Thrass et elle. Lorana ne se souvenait pas vraiment si, au Temple, les nourrices avaient également dû leur répéter des centaines de fois la même chose, au cours de leur petite enfance. Ses souvenirs de cette période étaient bien rares et flous, pour la plupart. Impossible de parfaitement se remémorer comment ils avaient été éduqués.

« D’ailleurs, capitaine, lorsque avez débuté le travail avec lui, ça ne vous a posé de soucis, qu’il soit Humain ? »

"Pour le moment, juste que c’est le genre de personne que vous auriez dégagé de votre vaisseau en un temps record. Sinon, plus sérieusement, les archives publiques n’ont rien donné. Mais il existe d’autres sources d’informations. Peut-être grâce aux Stybla. Je tenterai de voir cela avec eux."

Il l’avait déjà bien cerné ! Et en moins d’une demie-heure, avec ça. Le capitaine fit une légère moue, alors que sa femme pouffait légèrement, juste à côté de lui. Mais le politicien avait raison, pour le peu décrit sur le caractère de ce type, Samakro n’aurait effectivement pas supporté de l’avoir plus d’une heure sous ses ordres, il l’aurait fait jeter en cellule tout le long du trajet. Il n’était pas patient, de base, avec les personnes « normales », avec une tête de… Hum, bref. L’apéritif terminé, il se retourna à moitié pour rappeler leur fille à table. Et à partir de maintenant, comme d’habitude, on n’en sort plus avant d’avoir terminé son assiette. Par contre, elle continuait forcément d’être plus intéressée à jouer comme elle pouvait avec la fillette plutôt qu’à écouter leurs conversations. Les « trucs de grands », comme elle disait toujours lorsqu’ils l’emmenaient à ce genre de repas, ça l’ennuyait profondément. Il lui rappela de manger doucement, en lui redonnant son assiette, pour qu’elle n’ait pas encore mal au ventre.

"Si on parvient à en savoir plus, ça n’aidera pas que pour les sensitifs. Visiblement, l’association en veut aussi aux FID. Du moins, c’est ce que l’attaque contre le capitaine Fel laisse penser. Tout ce qui peut menacer l’équilibre de la société en interne comme en externe, finalement, leur file des nausées. C’est bizarre, d’ailleurs, que le lieutenant Vanto n’ait jamais été attaqué."

"Il fait partie de la Flotte de l’Ascendance, pas des FID. Ce serait légèrement suicidaire. Il y a moins de personnes qui ont envie de l’attaquer, avec ça, il est plutôt choupi."

Oui… Oui, oui. Il ne comptait pas avouer comme ça qu’il le trouvait mignon, lui aussi, mais oui, c’était bien vrai. Il était sympathique, souriant, sociable, travaillait bien et efficacement et en plus de tout ça, il avait cette petite bouille qui passait très bien. Un petit chaton.

"D’ailleurs, capitaine, lorsque avez débuté le travail avec lui, ça ne vous a posé de soucis, qu’il soit Humain ?"

"Oui et non. Enfin, je savais d’où il venait donc ça a diminué la méfiance, de base. J’ai attendu de voir ce que ça pouvait donner, s’il allait réussir à s’adapter, s’il savait travailler… Il a appris notre langue en une vitesse record, surtout pour un Humain, en plus de prouver assez tôt qu’il était compétent. Tout s’est bien passé dès le début, finalement. Bien que personne ne s’attendait à ce qu’un Humain parvienne à s’intégrer, surtout aussi facilement."

Personne n’aurait parié un crédit dessus, non… Personne non plus n’avait tenté de faciliter la tâche. Les choses s’étaient faites progressivement et surtout, plus rapidement qu’ils ne l’auraient tous cru. Pourtant, des craintes, il y en avait eu beaucoup, c’était la première fois qu’un étranger était ainsi admit dans la flotte, sans qu’on ne sache précisément d’où il venait, ce qu’il avait accompli avant, s’il sera rapidement capable ou non d’apprendre leur langue et leurs coutumes, ce qu’il pourra faire comme travail et comment ! L’amirale l’avait accepté sur simple recommandation, c’était un pari risqué. Il retourna le regard vers le politicien, assez songeur.

"Si c’est vous qui avez élevé votre frère… Est-ce vous qui lui avez passé la manie de ne pas respecter les règles et les protocoles ?"

C’est vrai qu’il serait plutôt difficile, pour ces hommes, de s’en prendre à un soldat, la Flotte le prendrait extrêmement mal. Sans même parler qu’Eli était effectivement apprécié autant pour ses compétences que pour son côté chaton, au sein de celle-ci. Il termina de servir les assiettes puis les passer, avant de se rasseoir. Lorana était déjà, et comme d’habitude, occupée à s’assurer que leur fille utilise sa fourchette à la place de ses doigts, comme à quasiment chaque repas depuis deux bonnes semaines. Pourvu que ça lui passe vite, ça ! Il tendit une nouvelle serviette à sa femme, puis servit de l’eau à la tablée. Un rapide coup d’œil vers la fillette du couple lui fit se demander si elle ne s’ennuyait pas profondément… Seule enfant de son âge, elle devait certainement attendre avec impatience de pouvoir s’occuper avec autre chose qu’être noyée dans ces conversations d’adulte. Les enfants s’impatientaient vite, surtout dans de telles situations.

"D’ailleurs, capitaine, lorsque avez débuté le travail avec lui, ça ne vous a posé de soucis, qu’il soit Humain ?"

"Oui et non. Enfin, je savais d’où il venait donc ça a diminué la méfiance, de base. J’ai attendu de voir ce que ça pouvait donner, s’il allait réussir à s’adapter, s’il savait travailler… Il a appris notre langue en une vitesse record, surtout pour un Humain, en plus de prouver assez tôt qu’il était compétent. Tout s’est bien passé dès le début, finalement. Bien que personne ne s’attendait à ce qu’un Humain parvienne à s’intégrer, surtout aussi facilement."

Thrass sourit faiblement, tout en mangeant. S’il y avait bien une chose qu’il avait pu observer, depuis son retour, c’était bien la capacité d’adaptation des Humains. Certainement plus élevée que celle de leur propre peuple. Ils s’étaient répandus dans de nombreux écosystèmes différents, dans de multiples sociétés et cultures, là où de nombreuses espèces restaient attachées à une culture plus uniforme et sans doute plus sécuritaire. Sur ce point, l’adaptation, Eli n’était donc pas une exception mais la règle. Il surprit à ce moment-là le capitaine le couver du regard, avec un drôle d’air. Eh bien ?

"Si c’est vous qui avez élevé votre frère… Est-ce vous qui lui avez passé la manie de ne pas respecter les règles et les protocoles ?"

Roh, tout de suite ! Thrass faillit en rire, se retenant à la toute dernière seconde. Il ne lui avait jamais appris qu’il ne fallait pas respecter les règles, encore moins de faire exprès de se promener hors des clous, il avait juste, hum… Dit quelques fois qu’il fallait aussi savoir adapter les règles à la situation.

"Non, enfin… Pas comme ça, du moins. Je lui ai parfois dit qu’il fallait simplement adapter les règles suivant ce qu’on vivait, rien de plus. C’est une chose normale, à dire à un enfant, être trop rigide n’amène jamais rien de bon."

Quoi qu’il n’avait pas l’impression que Samakro ait beaucoup entendu cela, de la part de ses propres parents. Il retourna le regard vers Thalias, lorsqu’elle renchérit cette idée. Ça avait déjà dû être souvent un sujet de discussion, entre eux deux, ça se sentait aisément. Ils débattirent un petit moment, là-dessus, sur la manière d’interpréter cette règle et comment s’assurer, par la suite, que ça soit bien compris par les enfants. Cette fois, la fillette s’intéressa un peu plus à la conversation, avec sa maman, mais son attention fut bientôt détournée par autre chose. C’est qu’elle avait la bougeotte, cette petite.

"Les règles sont importantes, pour structurer une vie, nous sommes d’accord," poursuivit-il lorsque ce point fut soulevé. "Il ne s’agit évidemment pas de ne pas en poser, quoi qu’il se passe. Par contre, en avoir trop, c’est mauvais, pour la construction psychique d’un enfant."

Elle trouvait ça plutôt logique, qu’Eli se soit adapté si vite, il devait avoir l’habitude depuis longtemps, non ? Et pour apprendre une langue assez vite, il fallait baigner dedans du matin au soir, rien de plus efficace. Le pauvre avait quand même dû traverser pas mal de moments compliqués, avant de s’y faire. Elle retint un sourire à la question lâchée par le capitaine, dans la foulée, puis la réaction immédiate de défense de son mari. C’est vrai qu’il n’était pas entièrement responsable, mais il ne pouvait pas se dédouaner entièrement pour autant. Être trop rigide, hein… Tous les parents avaient, tôt ou tard, une discussion là-dessus, pour savoir comment bien élever leurs enfants et leurs invités ne faisaient visiblement pas exception à la règle. Pour le coup, Lorana n’avait pas de principes bien arrêtés, elle préférait faire selon ses intuitions, comme on disait, ça lui semblait plus simple. De toute façon, tous les beaux principes qu’on se mettait en tête avant l’accouchement tenaient rarement, devant la réalité. Elle avait largement sous-estimé, entre autres, la patience dont il fallait faire preuve, avec un enfant.

« Les règles sont importantes, pour structurer une vie, nous sommes d’accord. Il ne s’agit évidemment pas de ne pas en poser, quoi qu’il se passe. Par contre, en avoir trop, c’est mauvais, pour la construction psychique d’un enfant. »

Trouver où placer la barre, savoir lorsqu’on entrait dans le « trop », ce n’était pas évident non plus, selon elle… Surtout lorsqu’on avait le nez dans les soucis du quotidien. Pour elle, les gardes-fous, ça restait la famille, les amis, l’entourage, tous ceux disposant d’un regard plus posé et aidant à montrer ce qui avait le potentiel de déraper. Il fallait avoir un entourage capable de le voir et réagir, par contre, ce n’était malheureusement pas accessible à tout le monde. Sans compter qu’il fallait en plus compter sur la capacité des parents à se remettre en question. Et dire qu’enfant, elle se demandait pour rigoler quel était le métier le plus difficile, dans la galaxie et comment les gens s’entraînaient pour y arriver. Aujourd’hui, alors qu’elle avait enfin la réponse entre les mains, ça la faisait beaucoup moins rire…

« Je trouve risqué, d’avoir un enfant sans avoir un entourage proche, sans des membres de la famille bien présents, au minimum. Ce sont des barrières protectrices en moins, de l’aide en moins, ne serait-ce que morale. Beaucoup l’ont déjà fait, oui, mais c’est… Enfin, je trouve ça bien plus dur, personnellement. »

« C’est certain, » souffla Thalias avec un demi-sourire. « Surtout à l’âge où ça commence à vouloir se rebiffer et tenter bien plus d’expériences. Pas mal d’aînés disent que vers dix-sept ans, dix-neuf ans, il faut les envoyer voyager un peu, pour qu’ils s’ouvrent à d’autres connaissances, rencontrent des jeunes de leur âge… Officieusement, c’est plutôt pour s’en débarrasser un peu, le temps que l’âge bête se termine. »

« Tout le monde n’est pas idiot, encore, à dix-neuf ans, tout de même. Loin de là. »

« Oui, c’est une généralité. Mais il reste qu’à cet âge, peu sont déjà bien posés. Ce sont souvent dans ces âges qu’on voit les pics de rébellion, chez certains, le manque de confiance plus marqué, chez d’autres. A moins d’avoir vécu une enfance affreuse, personne n’a beaucoup d’expérience à vingt ans. »

Vrai… Il était toujours terriblement triste de voir des personnes ayant juste dix-neuf ou vingt ans être déjà… Pas blasées, mais déjà loin d’une certaine insouciance, acceptant sans sourciller les problèmes de la vie ou les injustices arrivant, trouvant déjà normal de vivre avec au lieu de penser comment se rebeller contre. Ça ne devrait pas arriver.

"Non, enfin… Pas comme ça, du moins. Je lui ai parfois dit qu’il fallait simplement adapter les règles suivant ce qu’on vivait, rien de plus. C’est une chose normale, à dire à un enfant, être trop rigide n’amène jamais rien de bon."

Mmph… Il n’avait sans doute pas dû lui dire exactement de cette manière, malgré tout… Un adulte aussi peu soucieux des règles n’avait pas pure un enfant à qui on avait posé un cadre strict… il souffla un peu du nez, lorsque Thalias lança qu’elle préférait cette vision des choses. Ils en avaient déjà discuté des dizaines, voire des centaines de fois ! Sur ce sujet-là, l’éducation de leur fille, ils passaient de nombreuses heures de leurs vies à trouver des compromis. Sans l’impliquer directement dans ces conversations, bien entendu, ils n’étaient pas idiots ! Mais la petite sentait très bien les jours où on parlait d’elle et il arrivait régulièrement qu’elle tente de s’immiscer. Bien que Samakro tenait à ce qu’elle apprenne tôt l’indépendance, il ne voulait pour autant qu’elle s’y prenne trop vite. Elle n’avait que neuf ans ! C’était toujours à eux deux, très clairement, de la protéger et juger ce qui était bon pour elle ou non. C’était bien pour cela qu’avec sa mère, ils discutaient si souvent d’elle et de l’éducation à lui fournir.

Face à un couple également parents, il était logique que le centre de la conversation tourne autour des enfants, ces derniers étant à la fois le centre de leurs vies et aussi leur intérêt principal, car les élever n’était pas une mince affaire. Quel autre travail demandait autant d’investissement personnel et émotionnel que celui-ci ? Il rêvait parfois qu’il puisse exister une méthode parfaite, hélas, c’était un rêve pieu. Chaque stade de la croissance amenait divers obstacles… Mais il était bien d’accord sur le fait que posséder un entourage fiable et solide contribuait à réduire les risques, bien que ça ne soit pas une garantie absolue. Quant à l’adolescence et sa fin… Il arrivait souvent que les jeunes de dix-huit travaillent déjà, pour les métiers dont la formation pouvait s’achever sur le terrain. D’autres étaient encore au milieu de leurs études, parfois en année sabbatique, pour ceux dont la Famille pouvait le leur permettre. Un âge ingrat et souvent compliqué.

"Tout le monde n’est pas idiot, encore, à dix-neuf ans, tout de même. Loin de là."

"Oui, c’est une généralité. Mais il reste qu’à cet âge, peu sont déjà bien posés. Ce sont souvent dans ces âges qu’on voit les pics de rébellion, chez certains, le manque de confiance plus marqué, chez d’autres. A moins d’avoir vécu une enfance affreuse, personne n’a beaucoup d’expérience à vingt ans."

Personne ne devait avoir beaucoup d’expérience à vingt ans, en effet, ce n’était ni sain, ni normal ! A moins, – en effet ! – d’avoir passé son enfance comme enfant soldat ou avoir vécu dans une telle famille à problèmes que que vous aviez eu une enfance complètement gâchée et que vous aviez grandi bien trop vite. A dix-neuf ans, le comportement normal restait d’être encore un peu impatient, ne pas réfléchir à tout, vouloir changer le monde, même, ne pas être trop anxieux, blasé ou résigné face aux ennuis de la vie, devoir gagner en confiance personnelle, faire des erreurs et tout ce qui s’ensuit. Ne pas être chargé de trop de responsabilités, qu’elles soient personnelles ou professionnelles. Autrement dit, de son point de vue, un jeune adulte équilibré était un jeune adulte pouvant entrer dans la vie active sans avoir à la craindre d’emblée.

"J’y songe… Malgré la situation officielle, j’imagine que vous voyez toujours votre famille, sur Nirauan. Si vous vous y rendez prochainement, pourriez-vous voir s’il y a déjà une école sur place ? Parmi les membres de la Flotte ayant pris l’habitude de côtoyer les Humains de l’équipage effectuant les allers-retours, l’idée d’inciter leurs enfants à rencontrer et échanger ceux de ces Humains fait sa route. Dans un cadre scolaire et autres activités, pour pousser à plus d’ouverture. Cependant, je suppose qu’il ne doit pas y avoir beaucoup d’enfants, là-bas ?"

Il se nota mentalement de faire moins cuire les légumes, la prochaine fois, pour ce type de plat, il avait dû mettre le feu trop à vif. Trop filandreux, pour ce que ça devrait rendre. La conversation avait complètement dérivé sur les enfants et leur éducation, visiblement au grand dam de la petite Ufsa’myn’ro, qui commençait déjà à bailler et jouer avec le contenu de son assiette. Dès qu’elle aura fini, elle pourra retourner lire ou jouer, ils n’allaient pas la forcer à rester à table, alors qu’il n’y avait pas d’enfant de son âge. Ou même jouer avec Edelweiss, comme elle avait commencé tout à l’heure. Il reporta ensuite son attention sur le débat en cours, l’aide que pouvait apporter un entourage solide. Bien vrai, ça. Tout comme il était vrai que l’adolescence était la période plus, hum, plus délicate. C’était la même chose chez les Humains, d’ailleurs, d’après ce qu’il avait compris.

Quoi que, chez eux, la période débutait dès douze ou treize ans, voire parfois dès dix ans, et s’achevait vers la vingtaine. Chez eux, la période débutait plus tard, aux alentours de quinze ou seize ans, puis s’achevait vers vingt ou vingt-deux ans, environ. La différence d’âge, en début de « crise », venait probablement de la manière dont leurs enfants étaient éduqués… Dans l’Ascendance, les années scolaires couvrant les années, de douze à seize ans, étaient réputées comme plus strictes et stressantes, c’était là où les jeunes étaient dirigées vers différentes études ou métiers. Et donc là où il y avait le plus de pression, finalement. Il était donc logique que la crise arrive après, une fois trop de pression accumulée et un soudain regain de liberté retrouvée, une fois ces années passées.

"Pas mal d’aînés disent que vers dix-sept ans, dix-neuf ans, il faut les envoyer voyager un peu, pour qu’ils s’ouvrent à d’autres connaissances, rencontrent des jeunes de leur âge… Officieusement, c’est plutôt pour s’en débarrasser un peu, le temps que l’âge bête se termine."

"Tout le monde n’est pas idiot, encore, à dix-neuf ans, tout de même. Loin de là."

"Oui, c’est une généralité. Mais il reste qu’à cet âge, peu sont déjà bien posés. Ce sont souvent dans ces âges qu’on voit les pics de rébellion, chez certains, le manque de confiance plus marqué, chez d’autres. A moins d’avoir vécu une enfance affreuse, personne n’a beaucoup d’expérience à vingt ans."

Oui, à dix-huit ans, en général, c’était l’âge de la « liberté », la fin d’une pression scolaire très forte pour beaucoup de jeunes, avant de se lancer dans une formation supérieure ou dans un apprentissage. Beaucoup avaient envie, et besoin, de décompresser, envoyer valser les règles, se rebiffer, souffler un grand coup, profiter de leur jeunesse. A moins d’avoir dû prendre des responsabilités avant l’heure, ou avoir vécu des moments brutaux, on ne pouvait pas être bien posé à cet âge. Dommage, cependant, que tant oublient vite cette période de leurs vies et s’offusquent donc aussi facilement contre les jeunes qui « faisaient n’importe quoi ». Mais ça, hélas, ça semblait être un trait commun à de multiples races, dans la galaxie, critiquer les générations suivantes. C’était aussi très marqué chez les Humains. Cela dit, ces derniers étaient finalement très proches des Chiss, bien qu’aucun des deux ne soit prêt à l’admettre.

"J’y songe… Malgré la situation officielle, j’imagine que vous voyez toujours votre famille, sur Nirauan. Si vous vous y rendez prochainement, pourriez-vous voir s’il y a déjà une école sur place ? Parmi les membres de la Flotte ayant pris l’habitude de côtoyer les Humains de l’équipage effectuant les allers-retours, l’idée d’inciter leurs enfants à rencontrer et échanger ceux de ces Humains fait sa route. Dans un cadre scolaire et autres activités, pour pousser à plus d’ouverture. Cependant, je suppose qu’il ne doit pas y avoir beaucoup d’enfants, là-bas ?"

"De ce que je sais, il y a seulement deux enfants assez âgés pour aller à l’école, qui ont six ans et huit ans, de mémoire. En plus de Nuru, qui a neuf ans. Sinon, la petite sœur de Nuru est encore bébé et il me semble qu’il doit y avoir deux ou trois autres femmes, dans la base, qui sont enceintes. Ainsi qu’un autre bébé, un petit garçon, qui n’a pas encore un an."

Autrement dit, à peine une dizaine d’enfants. Trois petits de six, huit et neuf ans, deux bébés de quelques mois et les autres étant encore dans le ventre de leurs mères. Leur neveu approchait tranquillement de sa première année, lui aussi, cependant, il n’en était pas encore rendu au stade de l‘école. Si l’idée était bonne, ce n’était pas encore possible, du moins, pas à grande échelle.

"Ce n’est vraiment une école, en soit, pas encore. C’est un officier, le commandant Simoor, qui se charge à la fois des cours et de la garde des enfants, en cas de besoin, en particulier des plus petits. J’ignore si de tels échanges ou rencontres seraient déjà possibles. Mais vous pourriez demander à vous rendre sur place, pour lui en parler."

Des échanges scolaires ou des activités, entre enfants des deux espèces, ce n’était pas idiot, comme idée, ça serait même idéal, pour l’ouverture d’esprit. Elle n’y aurait pas songé, étant donné la méfiance ambiante, ceci dit, la Flotte n’avait évidemment pas le même fonctionnement que la société civile. En revanche, il n’y avait pas encore beaucoup d’enfants, sur la base FID et une majorité d’entre eux étaient encore trop petits pour de tels échanges. Thrass le précisa dans la foulée, seuls trois jeunes enfants pourraient déjà participer à ce genre de projets. Même si rien ne leur disait qu’il y en ait beaucoup plus, parmi les soldats souhaitant ce type de rencontre. Même les jumeaux d’Eli étaient encore trop jeunes, pour participer à ça, ils commençaient à peine à se tenir assis tous seuls. Quoi qu’une réunion de bambins aussi jeunes serait très mignonne à voir, lui arrachant un sourire des plus attendris, en imaginant la scène.

« Ce n’est vraiment une école, en soit, pas encore. C’est un officier, le commandant Simoor, qui se charge à la fois des cours et de la garde des enfants, en cas de besoin, en particulier des plus petits. J’ignore si de tels échanges ou rencontres seraient déjà possibles. Mais vous pourriez demander à vous rendre sur place, pour lui en parler. »

Il paraît que le commandant allait mieux, oui, selon ce que leur avait raconté Vuewimea, dans son dernier message. Bien qu’il ne pourra plus travailler sur un vaisseau ou partir pour de longues missions, d’où cette reconversion. Lorana était assez surprise qu’il n’ait pas quitté l’armée, d’ailleurs. D’après ce qui avait été décrit, sur son caractère et ses façons d’agir, elle avait cru qu’il le ferait. Peut-être qu’il en avait été dissuadé ? Par des amis, un de ses officiers supérieurs, allez savoir. Qu’il s’en soit remis était déjà bien, sachant les dégâts que pouvaient causer les attaques mentales de ce type.

« Comment cela se passe, dans la Flotte de Défense, lorsqu’une personne reçoit des blessures assez graves et que son état reste très incertain durant longtemps ? Doit-elle revenir vers sa famille, qui s’en occupera, en attendant qu’elle aille mieux ou bien l’armée la garde-t-elle en soins ? »

Au Temple, lorsqu’on leur parlait des diverses cultures présentes chez les peuples qu’ils étaient susceptibles de rencontrer, cette question-là était souvent revenue. Il y avait trois écoles majeures. Ceux virant purement et simplement un soldat gravement blessé, ceux le suspendant le temps qu’il aille mieux et que la famille s’en occupait, ceux s’occupant d’un bout à l’autre du parcours de soin, pour une réintégration à terme, si possible. Visiblement, c’était souvent un sujet sensible. Pour les cas les plus graves, bien sûr, on ne parlait pas des autres, où cette question ne se posait même pas, puisque la réintégration était certaine. L’un de leurs mentors, quand ils étaient tous jeunes, disait qu’on jugeait le sens moral d’une société à la manière dont elle traitait les plus faibles de ses membres, que ça soit temporaire ou non. C’était d’autant plus valable pour le cas de ceux blessés pour avoir consacré leur existence à la protection de cette société.

"De ce que je sais, il y a seulement deux enfants assez âgés pour aller à l’école, qui ont six ans et huit ans, de mémoire. En plus de Nuru, qui a neuf ans. Sinon, la petite sœur de Nuru est encore bébé et il me semble qu’il doit y avoir deux ou trois autres femmes, dans la base, qui sont enceintes. Ainsi qu’un autre bébé, un petit garçon, qui n’a pas encore un an."

Peu, en effet. Si échange il y avait, ça ne sera pas dans le cadre qu’ils espéraient, ou du moins, bien plus limité. Il retint malgré tout le nom que lui fournit le politicien, répondant qu’il en parlera d’abord avec les autres personnes ayant lancé cette idée. S’il se chargeait du relais car il pouvait en profiter, aujourd’hui, pour en discuter, ça ne signifiait pas pour autant que ce sera lui qui sera choisi, si d’aventure le projet devait être poussé plus loin. Ils verront cela avec l’équipage se chargeant des allers-retours, directement, pour que le message soit transmis. Puis que l’organisation soit posée. Thalias lui souffla en souriant que ce sera, de toute façon, probablement lui qui devra poursuivre l’affaire, malgré tout. Peut-être, peut-être pas, ça restait à confirmer. Il reprit son verre, relevant les yeux en écoutant les questions de la jeune mère. Elle s’intéressait à la Flotte, tiens, il ne l’aurait pas songé.

"Chaque vaisseau est équipé d’une zone médicale, plus ou moins grande suivant la taille de l’équipage et les missions ordinaires affectées. Ils sont ensuite transférés, une fois la mission achevée, à l’hôpital militaire de Naporar. Il existe également d’autres hôpitaux militaires plus petits, dispersés sur les différents mondes, pour les cas les plus légers. Tous les blessés militaires restent entièrement pris en charge par l’armée, le temps de leur convalescence. Les familles peuvent venir les visiter, bien sûr, mais elles n’ont pas à prendre part dans le processus de soin."

Une précision importante car il arrivait parfois que certains clans tentent de s’en mêler, que ça soit pour les protocoles suivies, la rééducation et autres sujets. Là-dessus, le holà était mis aussitôt. L’armée ne voulait pas que les clans connaissent tous les détails, pour les blessures et autres, car cela pouvait donner parfois des indices sur des missions passées, qui ne devaient pas être connues du grand public.

"Dans les cas les plus graves, si cela se termine par une inaptitude à reprendre son poste, il y a généralement deux cas de figure. La personne peut être ré-affectée à un poste administratif, toujours pour l’armée. Ou bien quitter les rangs et se reconvertir dans un tout autre métier. Ce second cas est bien plus rare, cela dit. En cas de séquelles lourdes, des handicaps à vie, il est plus facile de mettre la personne sur un poste, à temps partiel ou non, adapté à son état. Pour lui permettre de vivre plus ou moins normalement, sans être lâchée comme ça dans la nature. Surtout si elle ne possède pas un entourage familial ou clanique pouvant prendre la relève."

Il n’avait, personnellement, pas encore connu de tels cas. Des blessés, il y en avait eu. Des décès également. Mais jamais de combattants ayant survécu au prix d’aussi lourdes séquelles, ce n’était heureusement pas une situation très fréquente. Néanmoins, tous les soldats ou presque avaient déjà connu un passage dans un des hôpitaux militaires.

"Enfin, dans la formation initiale, des bases de médecine d’urgence sont enseignés à tous. Les premiers soins, somme toute, tout le monde doit être capable d’en apporter à un coéquipier, en attendant de meilleurs secours."

"Comment cela se passe, dans la Flotte de Défense, lorsqu’une personne reçoit des blessures assez graves et que son état reste très incertain durant longtemps ? Doit-elle revenir vers sa famille, qui s’en occupera, en attendant qu’elle aille mieux ou bien l’armée la garde-t-elle en soins ?"

"Chaque vaisseau est équipé d’une zone médicale, plus ou moins grande suivant la taille de l’équipage et les missions ordinaires affectées. Ils sont ensuite transférés, une fois la mission achevée, à l’hôpital militaire de Naporar. Il existe également d’autres hôpitaux militaires plus petits, dispersés sur les différents mondes, pour les cas les plus légers. Tous les blessés militaires restent entièrement pris en charge par l’armée, le temps de leur convalescence. Les familles peuvent venir les visiter, bien sûr, mais elles n’ont pas à prendre part dans le processus de soin."

Et il y avait les blessés qui faisaient leur mauvaise tête et refusaient de rester tranquilles durant tout le processus de soin, convalescence incluse ! Non, non, il ne visait personne, évidemment… Thrass retint un profond soupir, en repensant à cette scène, toujours aussi atterré que dépité, malgré les années écoulées. C’était souvent le même type de personnalité, par ailleurs, qui avait du mal à rester au repos, même après une blessure grave. Comme si la galaxie allait cesser de tourner s’ils avaient l’audace de se reposer plus de quelques jours. Samakro passa ensuite sur ce qui arrivait aux cas les plus graves, ceux dans un état physique irréversible, même après les soins. Il est vrai qu’on entendait très rarement parler de cas de reconversion. Ça devait être vécu comme un échec, sans doute, de quitter pour de bon les rangs de la Flotte, même en ayant traversé ce genre d’épreuves.

"Enfin, dans la formation initiale, des bases de médecine d’urgence sont enseignés à tous. Les premiers soins, somme toute, tout le monde doit être capable d’en apporter à un coéquipier, en attendant de meilleurs secours."

Thalias ajouta qu’il y avait également des visites médicales obligatoires et régulières, pour tous les soldats mais aussi le personnel civil travaillant pour la Flotte, peu importe le métier. Une régularité à laquelle devraient plus penser les civils, très peu prenaient la peine d’aller passer un contrôle médical tous les ans ou tous les deux ans, sans même parler des examens spécialisés, pour diverses maladies, préconisés suivant les âges. Sur ça, il plaidait coupable, y pensant rarement aussi. Au final, dans la société civile, les seuls examens auxquels tout le monde pensait d’emblée, c’était ceux destinés aux enfants. D’ailleurs, parlant d’examens, ça lui fit penser à ceux, d’orientation, pour l’école. Il demanda doucement à Samynr ce qu’il en était, pour elle. Son école commençait à en parler mais visiblement, elle n’avait pas encore passé les différents tests.

"Les grands disent que ça sera très dur," marmonna-t-elle en fronçant le nez.

"Pour vous embêter, seulement," dit-il en secouant un peu la tête. "Ce sont des tests d’orientation, pas de connaissances. Ils ne servent qu’à vous placer dans les différentes filières, déterminer vos points forts et points faibles."

Il comprenait son stress, malgré tout, c’était une étape très importante dans l’éducation, le passage de l’enfance à l’adolescence. Après cela, le niveau scolaire exigé devenait plus important, tous les enfants le savaient. La pression montait d’un cran avec. Quasiment tous les enfants s’inquiétaient de ce passage, dans leur cursus scolaire, c’était tout à fait normal. Thrass se souvenait d’avoir beaucoup angoissé également. Puis encore plus angoissé pour son petit frère lorsqu’il était devenu novice pour la Flotte, entrant à l’école militaire plutôt qu’au lycée. La peur de le voir mourir au combat… Alors qu’au final, ironie du sort, c’était lui-même qui était mort à cause d’un combat.

"Les Jedi faisaient aussi passer ce genre de tests ?"

Elle se demandait pourquoi il se sentait obligé de préciser que les Familles n’avaient pas d’autres droits que celui de visite, pour leurs blessés, il y avait-il déjà eu des problèmes par le passé, avec des familles tentant d’interférer ? Et pour quoi, en plus, elles devraient bien réaliser immédiatement que seul le médecin était le plus qualifié, non ? Il devait y avoir d’autres raisons, qu’elle ne pouvait pas comprendre d’emblée. Tout ça était assez classique et attendu, cela dit, ça fonctionnait d’une manière à peu près identique dans de nombreuses armées, pour ce qu’elle en savait ou en avait entendu parler. Pour ce qui était de gérer les cas les plus graves, ça lui rappela ce qui avait fini par arriver au commandant. Le moindre mal, comme on le disait, les postes administratifs ou d’autres natures permettaient de ne pas être renvoyés de l’armée. Elle le remercia d’avoir pris le temps de lui expliquer, tout comme Thalias, qui précisa derrière qu’il existait en plus des suivis médicaux obligatoires, pour le personnel militaire et employés.

Une fois de plus, la sensation de contrôle permanent, de surveillance, toujours très rythmé, s’imposa. Les Chiss vivaient avec dans tous les aspects de leurs vies. Parfois, elle trouvait que c’était trop, quoi qu’elle n’en dise rien. Sur pas mal de sujets, elle comprenait tout à fait, sur d’autres, ça la troublait légèrement. Enfin, ce n’était qu’une question d’habitude. Sans compter que malgré les ennuis rencontrés, jamais elle n’avait envisagé de partir, en parler à Thrass pour qu’ils retournent en arrière, avec leurs enfants. Et pour aller où, retourner au Temple ? Elle ne s’y sentait plus à l’aise depuis longtemps et son mari ne l’avait jamais été, tout court. Il n’y aurait pas d’école comme ici, pour leurs enfants, une fois plus âgés. Pour ce dernier point seul, elle ne voudrait pas les ramener là-bas, elle tenait à ce qu’ils aient une bonne éducation et surtout, régulière, avec des professeurs qualifiés, comme Thrass et elle avaient pu en avoir. Plus encore, une éducation sans avoir le risque qu’une bombe ne tombe sur l’école. C’est d’ailleurs sur l’éducation que Thrass reprit, demandant à la petite Samynr si elle avait déjà passé les entretiens d’orientation.

« Les grands disent que ça sera très dur. »

« Pour vous embêter, seulement. Ce sont des tests d’orientation, pas de connaissances. Ils ne servent qu’à vous placer dans les différentes filières, déterminer vos points forts et points faibles. »

La pauvre devait pas mal angoisser, étant donné sa bouille. Lorana lui adressa un sourire compatissant, ne pouvant y faire grand-chose de plus. Ça ira mieux une fois passée dans le « grand bain », qu’elle aura pris l’habitude et surtout, aura une vision plus claire de son avenir. Tout le monde avait peur, à cet âge.

« Les Jedi faisaient aussi passer ce genre de tests ? »

«Non, mais il y avait des épreuves et des petites compétitions. C’est vers le même âge que les jeunes novices devenaient Padawans, choisis par un mentor, ou bien été dirigés vers une autre formation, au Temple lui-même ou ailleurs. Dix ans est souvent l’âge pivot. Mais le système n’était pas aussi sûr, car ceux ne trouvant pas de maîtres pouvaient être expédiés dans une voie ne leur correspondant pas du tout, sans qu’ils n’aient beaucoup de choix. Car c’était plus arrangé pour combler des secteurs, dans ce cas, qu’en fonction des compétences ou acquis. »

Et ça créait beaucoup de frustrations, ce qu’elle ne trouvait pas idéal. Avoir formé un jeune des années, coupé de sa famille et de ses origines, pour ensuite le placer au hasard en brisant ses rêves, ce n’était pas lui fournir un superbe terreau pour vriller complètement ?

« Mais j’ignore comment cela se déroulait, pour eux, par la suite, en vieillissant. Pour ma part, j’ai été prise comme apprentie à dix ans. »

Allons, allons, il ne fallait pas s’en faire pour ça, ce n’était que de simples tests, pas des examens. Une phase habituelle, avant de passer au second degré du collège ! Les gamins plus âgés s’amusant à faire peur aux plus jeunes, c’était pénible ! On ne pouvait pas vraiment l’empêcher, cela dit. Les tests se déroulaient toujours vers la fin d’année, deux mois avant les vacances, en règle général. Ça laissait assez de temps aux professeurs pour répartir les élèves dans leurs futures classes et filières, pour la suite du collège. Thalias et lui pensaient qu’elle sera dirigée soit vers le journalisme et affilié, soit vers les secteurs de l’enseignement ou la documentation pour les écoles, archives, bibliothèques et compagnie. Bien sûr, cela restait à confirmer, ce n’était que leur sentiment personnel. Au fond, cela dit, il se sentait soulagé qu’elle ne tende pas vers une carrière militaire.

"Les Jedi faisaient aussi passer ce genre de tests ?"

"Non, mais il y avait des épreuves et des petites compétitions. C’est vers le même âge que les jeunes novices devenaient Padawans, choisis par un mentor, ou bien ont été dirigés vers une autre formation, au Temple lui-même ou ailleurs. Dix ans est souvent l’âge pivot. Mais le système n’était pas aussi sûr, car ceux ne trouvant pas de maîtres pouvaient être expédiés dans une voie ne leur correspondant pas du tout, sans qu’ils n’aient beaucoup de choix. Car c’était plus arrangé pour combler des secteurs, dans ce cas, qu’en fonction des compétences ou acquis."

Peu optimisé, comme système, alors, bien que le fond était là. Avec des ajustements, ça aurait pu donner un bien meilleur résultat. C’était ressemblant de leurs propres pratiques, surprenant, bien que les méthodes ne soient pas identiques. Il aurait imaginé une toute manière de faire. Dix ans, comme elle avait été elle-même prise en apprentissage, c’était le bon âge, à son sens, pour se lancer sur la voie vous correspondant. Car l’enfant commençait tout juste à sortir doucement des jupes de ses parents, pour se confronter à la réalité de la vie. Toujours très encadré, bien entendu, pour quelques années encore ! Mais l’innocence de l’enfance fondait vite, que ça soit en posant un premier pas dans les études ou en entrant comme jeune novice à l’école militaire. De belles années malgré tout.

"Bien que mal optimisé, c’est un système cohérent," glissa-t-il tout en poursuivant son déjeuner. "Toutefois, laisser un seul professeur pour les années suivantes, à un enfant, me pose question. Je ne trouve pas cela très sain de grandir avec un unique point de vue, durant plusieurs années de formation. Un mentor mal intentionné aurait tout loisir d’en profiter, pour remplir l’esprit de son élève de mauvaises choses. Ou simplement pour jouer avec lui, en faire un pion ou une marionnette. Sans oublier que même si un professeur est doué, avec les meilleures intentions qu’il soit, lui aussi pourrait avoir besoin de soutien, en cas d’événements compliqués. Or, il peut arriver trop vite qu’une personne n’ait que trop peu d’amis de confiance, pour pouvoir le faire. Je pars du principe qu’il ne peut pas être sain de ne laisser qu’une seule source de savoirs, apprentissages et conseils, à un enfant."

Ou même un seul modèle principal, tout simplement, ce n’était pas génial pour la construction psychique d’un petit jeune. Bien que l’apprenti puisse voir ou écouter d’autres maîtres, si le sien était sa seule référence durable, Samakro jugeait ça douteux. Même le meilleur des maîtres pouvait subir un traumatisme, vriller et emporter dans sa chute l’élève le suivant depuis des années, si aucun autre garde-fou n’existait.

"J’y songe, pourquoi avoir choisi de quitter cet Ordre ? Vous auriez été bien moins jugés là-bas qu’ici."

Des compétitions de quel genre, à cet âge, comme ce qui était organisé avec les rencontres sportives mais en utilisant quelques pouvoirs de la Force en plus ? Il imaginait assez mal à quoi ça pouvait bien ressembler… Il repensait aux entraînements vus ou vécus, dans le Temple, en tentant de se représenter des enfants à leur place, lancés dans des petits duels entre eux. Une vision sans doute très éloignée de la réalité. Par contre, envoyer des jeunes dans différentes voies sans tenir compte de leurs forces et compétences personnelles, il ne trouvait pas ça terrible, comme système. C’était du gâchis ! Imaginons qu’ils aient sous la main un gamin très intéressé par la médecine, par exemple, ils allaient tout de même l’envoyer faire de la diplomatie ou dans un autre secteur complètement différent, car c’était là qu’il manquait du monde ? Pas formidable… Ou plutôt mal optimisé, comme disait le capitaine.

"Toutefois, laisser un seul professeur pour les années suivantes, à un enfant, me pose question. Je ne trouve pas cela très sain de grandir avec un unique point de vue, durant plusieurs années de formation. Un mentor mal intentionné aurait tout loisir d’en profiter, pour remplir l’esprit de son élève de mauvaises choses. Ou simplement pour jouer avec lui, en faire un pion ou une marionnette. Sans oublier que même si un professeur est doué, avec les meilleures intentions qu’il soit, lui aussi pourrait avoir besoin de soutien, en cas d’événements compliqués. Or, il peut arriver trop vite qu’une personne n’ait que trop peu d’amis de confiance, pour pouvoir le faire. Je pars du principe qu’il ne peut pas être sain de ne laisser qu’une seule source de savoirs, apprentissages et conseils, à un enfant."

Ouais… Jorus C’Baoth, à tout hasard… Ou encore Elaiza, qu’il fichait dans le même panier, tant elle partageait les mêmes valeurs et les mêmes envies… Des exemples remontant à sa mémoire par pure coïncidence, bien entendu, rien à avoir avec le fait que l’un était un pur manipulateur particulièrement malsain et que l’autre était hautaine, coincée sur les principes d’un autre temps et agressive envers ceux refusant son point de vue ainsi que la moindre évolution. Pavan s’était également outré mais lui avait plus réagi à cause de la peur et pas mal de préjugés, plutôt que par un caractère agressif personnel, c’était bien différent. Avec son vécu, difficile de s’attendre à autre chose, son passé le malmenait bien trop. Kanan également s’était montré très méfiant, cependant, il était resté poli, gardant simplement ses distances. Le pire restait ces deux anciens, C’Baoth en tête. Impossible de savoir ce qu’il était devenu, peut-être avait-il été repris par une faille… Plus personne n’avait de traces de lui.

"J’y songe, pourquoi avoir choisi de quitter cet Ordre ? Vous auriez été bien moins jugés là-bas qu’ici."

La question arracha Thrass à de douces rêvasseries, alors qu’il imaginait de nouveau la tarte qu’il avait si souvent rêvé de coller dans la tête du vieux serpent… D’autant plus après les multiples fois où il s’était permis d’agresser verbalement sa femme, avant de s’indigner lorsque Obi-Wan avait fini par lui interdire de l’approcher de nouveau et s’interposait régulièrement.

"Tout se passait bien avec une bonne partie d’entre eux, oui," hocha-t-il la tête en chassant ces ravissantes visions de son esprit. "Quelques uns se méfiaient et restaient distants, mais ce n’était pas grand-chose, car la situation demeurait calme et sous contrôle. D’autres étaient plus, hum… Plus hostiles, disons-le ainsi. La situation était différente, Thrawn n’avait pas encore déserté, ils savaient que j’étais son frère, ils avaient donc peur que je les trahisse, purement et simplement. La naissance de notre fille, dans ce contexte, a renforcé cette peur. Puis le pompon a été atteint en déclarant notre envie de partir, surtout pour continuer à enseigner la Force ici. C’était vue, par certains, comme une double trahison, car ils estimaient que seul l’Ordre Jedi avait le droit d’enseigner la maîtrise de ce pouvoir, sans compter que ça pouvait renforcer une nation dont ils se méfiaient comme de la peste. Et donc se créer de nouveaux ennemis, avec en plus l’aide active d’une des leurs. En plus de ça, ils étaient aussi quelques uns à être en colère car malgré le lien existant déjà entre l’Ordre et nous, grâce à Luke, ils ne comprenaient pas que l’Ascendance ne s’en souvienne qu’à peine car d’autres soucis étaient plus urgents. La distance affichée, le refus d’aider pleinement ou s’engager dans des actions de combat, malgré l’alliance officielle… Tout cela a provoqué une déchirure."

Qui n’était qu’à… Moitié résorbée, dirons-nous. Certes, la dernière fois, il y avait eu des contacts grâce à la visite de Lorana, mais seulement grâce au concours de la Flotte et les liens plus personnels le permettant. Les politiciens n’étaient pas intervenus là-dedans, avaient même complètement ignoré ce voyage et c’était tant mieux. Formbi était fragilisé, la vue sur ces pouvoirs très décriée, alors autant dire que ce n’était pas demain la veille que l’Ascendance allait se rappeler l’accord entre eux et l’Ordre. Et il en ferait pas bon le souligner, dans l’immédiat… Ce serait le meilleur moyen de le briser pour de bon.

"Je comprends tout à fait que ça en ait énervé plus d’un. Mais ce ne serait pas le moment de tenter d’arranger les choses, étant donné la frilosité actuelle des politiciens, contre ce type de pouvoirs. Les observer de loin leur convenait parfaitement, tant que ça ne venait pas déranger la société."

Cohérent, oui, on pouvait dire ça, même si ça aurait pu être mieux fait, à son sens. Enfin, elle n’avait jamais été en position de décider ni de faire le moindre commentaire sur le sujet. De toute façon, personne ne pouvait aller trouver le Conseil comme ça pour proposer des idées complètement différentes de ce qui se faisait depuis des siècles. Samakro enchaîna sur ses réserves, concernant le fait de ne laisser par la suite qu’un seul mentor, entièrement responsable de la formation de son Padawan. Effectivement, il y avait des maîtres moins… Scrupuleux que d’autres. Elle hocha la tête pour approuver, sans faire le moindre commentaire, si ce n’est laisser échapper une petite moue pincée. Voyant du coin de l’œil que Thrass devait penser exactement la même chose, d’après son regard. Bah, peu importe aujourd’hui… Sans compter que le vieux fou ne donnait plus aucun signe de vie, ils pouvaient penser qu’il s’était fait ravaler par les failles. Le capitaine finit par interroger sur l’Ordre actuel, pourquoi ils avaient choisi de le quitter. Oh, pour sa part, principalement à cause de C’Baoth. Dire qu’il l’avait poursuivie jusqu’ici…

« Tout se passait bien avec une bonne partie d’entre eux, oui. Quelques uns se méfiaient et restaient distants, mais ce n’était pas grand-chose, car la situation demeurait calme et sous contrôle. D’autres étaient plus, hum… Plus hostiles, disons-le ainsi. La situation était différente, Thrawn n’avait pas encore déserté, ils savaient que j’étais son frère, ils avaient donc peur que je les trahisse, purement et simplement. La naissance de notre fille, dans ce contexte, a renforcé cette peur. Puis le pompon a été atteint en déclarant notre envie de partir, surtout pour continuer à enseigner la Force ici. C’était vue, par certains, comme une double trahison, car ils estimaient que seul l’Ordre Jedi avait le droit d’enseigner la maîtrise de ce pouvoir, sans compter que ça pouvait renforcer une nation dont ils se méfiaient comme de la peste. Et donc se créer de nouveaux ennemis, avec en plus l’aide active d’une des leurs. »

Tiens, elle avait fini par oublier ça, entre-temps. Mais c’était vrai, il y en trois ou quatre qui s’étaient outrés qu’elle puisse donner des cours sur l’usage de la Force, dans l’Ascendance. Sans compter le débat sur le fait qu’elle doive ou non laisser son sabre derrière elle, au passage. Et avec ça, oui, la difficulté à comprendre que accord ou pas, les Chiss ne s’en préoccupaient pas tant que c’était inutile, somme toute. Elle souffla un peu du nez, blasée en repensant à ce débat interminable et souvent agaçant, car lorsqu’ils avaient expliqué pourquoi ce détachement existait, ça n’avait pas été compris du tout. Heureusement, lors de sa dernière visite au Temple, elle avait pu en discuter posément avec Luke et Obi-Wan, plutôt qu’avec l’Ordre entier, c’était bien plus constructif ainsi. Cependant, beaucoup de ceux présents actuellement n’étaient pas là, lors de cette réunion, elle ignorait quelles seraient leurs réactions. Et n’avait aucune envie de relancer le sujet pour le découvrir. Si à l’époque, déjà, elle avait eu du mal qu’autant de personnes remettent en cause des choix purement personnels – elle avait déjà eu plus que sa dose durant sa vie entière – elle le supporterait bien moins aujourd’hui. De quoi je me mêle, finalement, ça ne les regardait pas et ça ne leur causait aucun tord.

« Je comprends tout à fait que ça en ait énervé plus d’un. Mais ce ne serait pas le moment de tenter d’arranger les choses, étant donné la frilosité actuelle des politiciens, contre ce type de pouvoirs. Les observer de loin leur convenait parfaitement, tant que ça ne venait pas déranger la société. »

« J’ai pu en parler à Luke, lors de ma visite. Il comprend les soucis actuels et il ne compte pas forcer les choses. »

Elle précisa, dans la foulée, pour Thalias et Samakro qui était Luke et ce qu’il faisait, pour l’Ordre, le rôle qu’il tenait. Histoire qu’ils comprennent mieux la situation. Sans compter que c’était également lui qui avait géré les débuts de cette affaire.

Une bonne partie, pas tous, c’était là une première partie de réponse. Pour ce qui était de la méfiance, le capitaine la comprenait amplement, il aurait réagit de façon identique, dans ce genre de circonstances. Bien que le temps aurait dû permettre d’apaiser ces craintes et surtout, de faire comprendre qu’elles n’avaient pas lieu d’être. En revanche, il eut bien du mal à comprendre les autres soucis soulevés… D’une part, il ne voyait pas de quel droit un seul organisme pourrait s’attribuer à lui seul l’enseignement d’un tel type de pouvoirs, pourtant diffus dans toute la galaxie et utilisé de bien des manières suivant les cultures et traditions, par leur unique biais. D’autant plus si l’organisme en question n’était ni présent ni connu dans certains secteurs. Une telle arrogance surpassait même celle dont savaient faire preuve nombre de leurs politiciens, ce qui représentait un exploit extraordinaire !

D’autre part, outre l’arrogance déclarée ici, cela prouvait dans le même temps une profonde naïveté. Se « créer » de nouveaux ennemis, avec l’aide la Force et une des leurs. Il souffla du nez, un très mince sourire aux lèvres. Comme si cette entité invisible à elle seule pourrait suffire à rendre dangereuses diverses nations dont ils ne connaissaient visiblement rien. Enfin, d’où se pensaient-ils assez hauts dans leurs principes pour prétendre quelle était la seule voie possible pour manier ladite identité ? Samakro imaginait déjà la réaction de la Guilde, s’ils entendaient un tel discours, leurs Éclaireurs s’en rendraient malades à force d’en rire. Sans même parler de ces peuples dont on savaient qu’ils utilisaient, consciemment ou non, la Troisième Vue, naturellement. Il posa ensuite un regard curieux sur la jeune Humaine. Malgré ces origines, elle ne dégageait pas la moindre arrogance. Plutôt un « enfermement », une désensibilisation à ce qui lui arrivait.

"En plus de ça, ils étaient aussi quelques uns à être en colère car malgré le lien existant déjà entre l’Ordre et nous, grâce à Luke, ils ne comprenaient pas que l’Ascendance ne s’en souvienne qu’à peine car d’autres soucis étaient plus urgents. La distance affichée, le refus d’aider pleinement ou s’engager dans des actions de combat, malgré l’alliance officielle… Tout cela a provoqué une déchirure. Je comprends tout à fait que ça en ait énervé plus d’un. Mais ce ne serait pas le moment de tenter d’arranger les choses, étant donné la frilosité actuelle des politiciens, contre ce type de pouvoirs. Les observer de loin leur convenait parfaitement, tant que ça ne venait pas déranger la société."

"J’ai pu en parler à Luke, lors de ma visite. Il comprend les soucis actuels et il ne compte pas forcer les choses."

Il s’apprêtait à lui demander de qui elle parlait lorsqu’elle le fit directement, avant qu’il n’ait eu le temps de poser la question. Le chef de l’Ordre, donc ? C’était remarquable. Il était bien rare de voir des jeunes de cet âge gravir ainsi rapidement les échelons et prendre de telles responsabilités.

"Tant qu’il n’y a pas de missions le nécessitant, des contacts plus fréquents seraient, de toute manière, très peu utiles. Sans compter qu’il serait également plus simple et rapide de travailler d’abord avec les personnes formées déjà présentes dans les parages. En plus d’être un minimum familiarisées avec ces régions. Il serait de bon ton que ce jeune homme le devienne, par ailleurs, puisqu’il est chargé de faire la liaison."

La prochaine fois qu’il viendra dans le secteur, il faudra s’assurer de ces petits « détails ». Il termina son assiette, sur ces entrefaites, puis prit le temps de boire tranquillement.

Il y avait eu pas mal de changements, chez les Jedi aussi, d’après ce qu’elle avait dit en rentrant. Luke avait pris la tête de l’Ordre, certains étaient partis, d’autres étaient arrivés, par les failles surtout, en plus d’avoir dû partir sur une autre planète. Sur le moment, Thrass s’était dit que c’était mal, de laisser sa femme repartir seule, surtout enceinte, là-bas, puis avec le recul, il se disait que ce n’était pas plus mal. Sa présence aurait pu raviver certains sujets de crispation. De toute manière, il aurait eu du mal à se dégager assez de temps, avec son travail, pour se permettre le voyage.

"Tant qu’il n’y a pas de missions le nécessitant, des contacts plus fréquents seraient, de toute manière, très peu utiles. Sans compter qu’il serait également plus simple et rapide de travailler d’abord avec les personnes formées déjà présentes dans les parages. En plus d’être un minimum familiarisées avec ces régions. Il serait de bon ton que ce jeune homme le devienne, par ailleurs, puisqu’il est chargé de faire la liaison."

"Tout dépend de comment vous comptez faire pour qu’il se familiarise avec ces régions."

A cet instant, leurs fils commencèrent doucement à s’agiter, puis à pleurer. Il posa une main sur l’épaule de Lorana, lui disant qu’il s’en occupait, qu’elle se repose un peu, puis se leva pour aller s’occuper d’eux. Tout en berçant tour à tour ses fils, il écouta le capitaine parler des différents moyens à disposition, pour atteindre ce but. Le plus simple était, bien entendu, de faire parvenir des dossiers, des informations, ce genre de chose, pour étude. Et le plus compliqué, que le jeune Jedi puisse un jour venir lui-même, dans le cadre d’une mission d’exploration, de diplomatie, d’échange ou encore autre chose. Le souci étant que les Jedi avaient peu de « concret » à échanger. Ils avaient tous des compétences utiles, des capacités, mais pour ça, il faudrait qu’ils puissent intervenir en personne sur une situation spécifique. Et ça, le temps que ce soit accepté en abaissant la méfiance… Thrass tapota le dos de son fils, son frère déjà rendormi dans le berceau à côté.

"Les Jedi travaillent aussi avec les FID, c’est une occasion supplémentaire, pour eux, d’apprendre à mieux connaître ces secteurs. L’Ordre, même lors du temps de la République, n’allait jamais vraiment au-delà de la Bordure Extérieure, c’est bien ça, Lorana ?"

C’est ce qu’il avait cru comprendre, que ni la République ni les Jedi n’étaient très présents dans ces vastes territoires. Et ne parlons même pas de l’Espace Sauvage. Comme l’Empire aujourd’hui, plus on s’éloignait de Coruscant et plus l’intérêt semblait partir en fumée. Une partie de la Bordure était toujours agitée mais dans une proportion faible, finalement, dès qu’on creusait un peu la question. Autant Thrass comprenait très bien que le Chaos soit si isolé, à cause de ses routes instables, autant il comprenait plus mal pourquoi une si large partie de la Bordure Extérieure et de l’Espace Sauvage étaient autant délaissés par leurs voisins. Même les peuples du Chaos commerçaient plus avec les mondes de l’Espace Sauvage que ne le faisaient ceux des Bordures voisines, c’était dire. Il suffisait de comparer les langues commerciales, pour en avoir la preuve. Eli et d’autres, de ces secteurs, en parlaient qui étaient connues dans le Chaos mais nulle part ailleurs dans la galaxie.

"Pourquoi, d’ailleurs, la République n’avait aucun intérêt militaire ou commercial, avec ces régions ?"

C’est vrai que Luke pourrait gagner à être plus familier avec ces régions, par contre, comment faire, ça restait la question. Elle allait se lever quand Thrass l’arrêta dans le mouvement, filant lui-même s’occuper de leurs fils, juste réveillés. Durant ce temps, le capitaine détailla un peu plus sur ce qu’il avait en tête, des moyens les plus simples, un simple envoie d’informations, aux plus complexes à mettre à place. Lorana imaginait mal, pour le moment en tout cas, dans quel cadre la venue d’un Jedi pourrait être la bienvenue. Au sein de la société civile, entendons-nous bien. Dans un cadre militaire, un service à rendre en échange serait déjà plus aisé. Et son mari avait raison, la coopération avec les FID pouvait aider tout autant. Parlant d’eux, d’ailleurs, elle se demandait si Anakin allait un peu mieux, désormais. Il faudra qu’elle reprenne bientôt contact, pour en savoir plus. La dernière fois, lorsqu’ils étaient rendus chez leur famille, elle en avait profité pour demander. Si être entouré de personnes normales, plus ou moins, ainsi que de soldats lui faisait du bien, il en restait encore beaucoup se méfiant énormément de lui.

« L’Ordre, même lors du temps de la République, n’allait jamais vraiment au-delà de la Bordure Extérieure, c’est bien ça, Lorana ? Pourquoi, d’ailleurs, la République n’avait aucun intérêt militaire ou commercial, avec ces régions ? »

« Oui et non. C’est aussi une question de mentalité. Mis à part les grandes organisations minières, qui commercent avec tout et tout le monde, il y a très peu de grandes corporations. Bien moins que dans les autres Bordures, en tout cas. Les entreprises ont d’autres manières de fonctionner et communiquer. Les écarts de mentalité entre régions ont toujours créé un large fossé, en plus de la distance, évidemment. Le mépris était déjà en place depuis des siècles, les mondes plus peuplés voyaient ceux-là comme des régions peu civilisées. Voire trop dangereux pour se donner la peine d’y développer des échanges ou du commerce. Tout ce que l’Empire a fait de plus, finalement, c’est piller les ressources plus que de raison et enflammer une révolte. »

Et « créer » Nightswan, au passage, bravo à eux. Enfin bref. Constatant que tout le monde avait terminé, elle prit les assiettes pour les empiler et demanda à leurs invités s’ils souhaitaient un café ou autre chose. Samynr, voyant le mouvement, en profita avec joie pour s’éclipser de table et aller jouer avec sa tablette. Elle ramena assez rapidement des cafés, après avoir déposé assiettes et plats dans la cuisine. Edelweiss commençant aussi à s‘agiter, dans sa chaise haute, sa mère la récupéra pour la mettre à jouer au milieu de ses poupées et peluches. Ils avaient récemment créé un petit parc, car lorsqu’ils faisaient le ménage, cela évitait que leur fille courre partout dans leur dos et touche à tout ce qui pouvait être dangereux pour sa santé. Ce n’est que depuis qu’elle se tenait parfaitement debout toute seule et pouvait grimper un peu que Lorana avait réalisé à quel point leur appartement pouvait fourmiller de dangers, pour une petite de cet âge. Et ça pouvait aller vite, si on la lâchait des yeux une pauvre minute.