Retrouvailles

Commandant Wolffe

La situation évoluait, un peu partout dans la galaxie, mais la Bordure Extérieure continuait, encore et toujours, de lourdement souffrir. Ils devaient encore se protéger, à l’extérieur, l’air n’étant pas encore parfaitement respirable. La situation reviendra-t-elle seulement à la normale, un jour… ? Wolffe retira son appareil en rentrant dans le hangar, une fois passée les protections et les filtres à l’entrée, assez amer. Que pouvaient-ils bien faire, pour lutter contre ça ? Même les Jedi subissaient, complètement dépassés par la situation. Il traversa le hangar d’un pas rapide, jusqu’à rejoindre Gregor. Allongé sur une planche à suspension, sous la navette, à travailler. Wolffe tapota sur la carlingue, pour le faire sortir puis le tenir au courant des dernières évolutions. La dernière tempête avait causé pas mal de dégâts aux protections en duracier, pourtant capables d’encaisser des chocs spectaculaires.

« Il y a eu des blessés ? » souffla son ami en se relevant, s’essuyant les mains avec un torchon.

« Non, pas cette fois. Mais les cultures ont pris cher. Il faut se tenir prêts, il y a déjà des hommes au boulot pour refaire et renforcer la structure, mais ils auront peut-être besoin d’un coup de main. Tu sais où est passé Rex ? »

« A deux mètres de toi ! » rugit une voix surgie de son côté gauche. « File faire vérifier tes yeux, papy ! »

Il tourna la tête, haussa les sourcils, laissant un mince sourire gagner son expression jusque là blasée.

« J’aurai dû immédiatement reconnaître ta bedaine dépasser de là, c’est vrai ! »

« Ça te ferait aucun mal d’en prendre un peu, tu as l’allure d’un squelette. Même Gregor est plus musclé que toi, c’est dire. »

« Je vais faire mine de ne pas avoir compris ce sous-entendu indigne, » rétorqua Gregor en levant les yeux au ciel, sans pouvoir s’empêcher de sourire.

« On a pas trop le temps de râler, de toute façon, » reprit Wolffe en jetant un rapide coup d’œil à l’heure. « Il paraît qu’il y a de la visite, pour nous, les gars du spatioport m’ont dit tout à l’heure qu’un Jedi venait pour nous voir. »

« Nous ? » marmonna Rex, plus méfiant par automatisme. « Pourquoi ? Et qui ? »

« Je ne sais pas trop, ça a été lancé tellement à la volée. Il doit venir nous rejoindre ici. »

Rex soupira un peu, puis se remit à son travail, en attendant. Gregor aussi était plus tendu mais ne dit rien. Quant à Wolffe, il préférait encore attendre et voir. Après tout, ça pouvait être un des petits jeunes, comme Ezra, venu pour leur parler d’une mission pour l’Alliance. Ils n’eurent pas longtemps à attendre et dès que le visiteur s’approcha, que tous trois découvrirent qui, ils eurent exactement la même réaction, sans se concerter. D’abord la stupeur et l’ébahissement, puis un certain état de choc, au point d’en rester complètement figés sur place, à se demander si c’était réel. Wolffe sentit une… sorte de vague de chaleur l’envahir, il commença même à trembler, tandis que les larmes lui montaient aux yeux.

« Général ! »

Wolffe craqua, sans plus pouvoir résister, se précipitant vers lui, franchissant les derniers mètres en courant, pour le serrer dans ses bras. Avec force, fondant complètement en larmes.

----
Se contenir, 14.

Obi-Wan et le jeune Tal étaient allés discuter avec les Rebelles locaux et sans doute leur conseil, via leur station de communication. Quant à Plo, il entra doucement dans le hangar indiqué, bien qu’il n’aurait eu besoin de ces informations, de toute façon. La Force le guidait tout droit vers eux. Il pressa le pas, vers le fond, jusqu’à enfin les apercevoir. Vieillissants, certes, les cheveux très noirs ayant laissé place à un blanc léger, mais les traits si familiers. Il fut frappé, via la Force, par le choc les envahissant, tous les trois, lorsqu’il s’approcha. Puis Wolffe bondit vers lui vers lui, avec petit cri. Plo lui ouvrit grand les bras, les larmes aux yeux, d’abord sans un mot. Il se contenta juste de le serrer contre lui, lui tapotant doucement l’épaule car son ami pleurait désormais à chaudes larmes. Là, là…

– Je suis soulagé de voir que vous allez bien, murmura-t-il.

Il relâcha doucement Wolffe, pour tendre également les bras à Rex et Gregor. Puis à tous les trois. Entièrement consacrés, durant tout à un moment, à s’assurer qu’ils allaient bien, qu’ils étaient en bonne santé, qu’ils se remettaient de ces retrouvailles imprévues et du choc, qu’ils n’avaient pas de blessures apparentes, ni de handicap caché ou il ne savait quoi encore. Puis passa encore un temps à les observer, chacun leur tour, touché de les voir aussi âgés mais surtout, et c’était le plus important, libres de leurs actes et pensées. Ce que lui avait appris son confrère sur le contrôle exercé sur eux rendait toujours Plo furieux et écœuré. Traité ainsi des personnes conscientes, c’était bien une méthode de Sith ! Il les incita à s’asseoir, tranquillement, toujours en les observant tout son soûl.

– Ce sont Obi-Wan et son jeune apprenti, Tal, qui m’ont dit ce qui vous étiez arrivés et que vous étiez ici, reprit-il, les yeux pleins de larmes émues. La manière dont vous avez été manipulés est purement infecte ! Je suis tellement heureux et soulagé que vous ayez réussi à vous en sortir par vous-même ! Vous avez toujours su accomplir de l’excellent travail, aujourd’hui comme hier.

Il était si fier d’eux et ne le cachait pas du tout, ni dans son attitude, ni dans le ton de sa voix. Hélas, ils étaient les seuls à avoir su se défaire à temps de ce contrôle immonde. Plo en voulait également à Kamino. Traiter ainsi ces hommes comme de simples machines programmables à volonté, ça lui donnait envie de vomir !

– Dites-moi ce qui vous est arrivé, depuis cette période. Comment vous êtes-vous échappé ? Comment avez-vous survécu ? Depuis combien de temps travaillez-vous avec la Rébellion ? Est-ce qu’ils vous traitent bien ?

Commandant Wolffe

Le choc passait lentement, les émotions, elle, pas du tout. Il s’écarta avec peine, souriant entre ses larmes en voyant ses deux amis foncer à leur tour pour le serrer dans leurs bras. Puis ensemble. Il avait tellement de mal à y croire !! C’était… A la fois génial, car il avait tant regretté de n’avoir pu lui dire quelques mots, après tous ces problèmes, avait tant culpabilisé, et dans le même temps, c’était affreux, car ça signifiait que le général aussi avait été arraché au repos éternel, pour être jeté dans un temps qui n’était plus le sien. Il secoua un peu la tête, amusé, en voyant bien que le général était occupé à vérifier s’ils étaient blessés ou autre chose, il ne le cachait même pas ! Incroyable, il n’avait pas changé. Il se rassit et essuya son visage, comme Rex, qui reniflait toujours un peu. Ah, bon sang… Ils devaient avoir l’air fin, à réagir ainsi, surtout à leur âge et après tout ce qu’il avait déjà vécu, de pourtant plus dramatique. Leur âge… Un bref sourire ironique le prit. Hormis ceux connaissant leur passif, personne ne pourrait deviner qu’ils étaient, en réalité, encore bien jeunes. Des semblants d’Humains, produits à la chaîne.

Mais avec le général, c’était différent. Il ne les avait jamais traité comme des objets ou de simples clones, toujours comme de véritables hommes. Et c’était en grande partie pour cela qu’ils avaient une sincère affection pour lui. Surtout, ce qu’il commença par leur dire leur réchauffa grandement le cœur. Aucun reproche, sur le massacre, sur ce qui s’était passé, plutôt de la colère contre cette vaste manipulation et de la joie de les revoir. Savait-il ce que cela représentait, pour eux ? Contrairement à Jarrus, qui avait bien mal réagi, évidemment, bien que ça se soit arrangé ensuite.

« Dites-moi ce qui vous est arrivé, depuis cette période. Comment vous êtes-vous échappé ? Comment avez-vous survécu ? Depuis combien de temps travaillez-vous avec la Rébellion ? Est-ce qu’ils vous traitent bien ? »

Heu, oui, tout ça ! Gregor, qui avait enfin reprit son souffle, commença par lui expliquer qu’après la chute de la République et qu’ils se soient libérés de la puce, ils s’étaient échappés pour vivre dans un coin isolé, en paix, du moins, relativement, tous les trois. Il lui parla dans les grandes lignes de ce qu’ils avaient fait, où ils s’étaient installés… Ils avaient lutté contre l’Empire, d’abord seuls, puis avec l’Alliance, par le biais de rencontres… Mouvementées.

« Aujourd’hui, tout se passe bien, général, » ajouta Wolffe pour le tranquilliser, une fois que Gregor conclut ce récit. « Nous vivons principalement ici, cette planète a connu beaucoup de problèmes, avant d’être libérée de la présence impériale. Elle s’en remet peu à peu, comme des événements plus récents dut aux problèmes causés par ce Sith, dont Kenobi a déjà dû vous parler ? Nous l’y aidons. Ainsi qu’à lui rebâtir des défenses solides. »

Il fit un vague geste de main pour désigner ce qu’il y avait tout autour d’eux. Protéger une planète, même avec peu de moyens, était un projet les occupant beaucoup et dont ils étaient, sans vantardise, qualifiés. Après tout, la guerre vous apprenait à être inventifs et pouvoir en faire beaucoup avec bien peu.

« Navré pour ce qui s’est passé, » ajouta-t-il, le ton plus lourd. « Nous ne voulions pas que ça se termine ainsi. »

Ils étaient donc restés ensemble, même après avoir échappé à la manipulation et au massacre, en continuant de se défendre et de combattre. Plo lâcha un léger soupir bouleversé. D’un côté, il était heureux qu’ils aient ou rester soudés et s’en sortir, mais de l’autre, ça signifiait qu’ils n’avaient finalement jamais connu la paix. En les écoutant raconter leur rencontre avec les rebelles, ce jeune Kanan, ainsi que leurs premières passes d’armes avec eux, le maître Jedi trouva cela légèrement déprimant. Juger tout un groupe d’un seul bloc, sans prendre d’abord la peine de connaître chacun de manière individuelle, ce n’était pas dans l’esprit de l’Ordre. Heureusement que ça s’était vite arrangé par la suite.

– Aujourd’hui, tout se passe bien, général. Nous vivons principalement ici, cette planète a connu beaucoup de problèmes, avant d’être libérée de la présence impériale. Elle s’en remet peu à peu, comme des événements plus récents dut aux problèmes causés par ce Sith, dont Kenobi a déjà dû vous parler ? Nous l’y aidons. Ainsi qu’à lui rebâtir des défenses solides.

– En effet.

Il avait beau lui avoir tout raconté, c’était encore… Dur à digérer. Comme si cette galaxie n’avait pas déjà assez souffert, jusqu’ici… Les Sith avaient un véritable don pour déchirer gravement la galaxie, en frappant des millions de systèmes à la fois, que ça soit par la guerre, par une arme biologique ou que savait-il encore ! Terrible.

– Navré pour ce qui s’est passé. Nous ne voulions pas que ça se termine ainsi.

– Ce n’est pas votre faute ! s’écria-t-il, outré qu’ils s’excusent alors qu’ils n’y étaient pour rien. Vous avez été manipulés, comme nous tous, comme toutes les factions impliquées dans cette guerre. Le seul responsable est Palpatine.

Et sans doute son fameux maître avant lui, mais peu importe, les Sith, somme toute, point. Sans doute tous les Sith recrachés des failles n’étaient pas des fous destructeurs aussi dangereux, il l’ignorait, ne sachant rien d’eux. Et si tel était bien le cas, peut-être devraient-ils songer un minimum à afficher plus ouvertement que cela des méthodes moins malsaines que leurs célèbres confrères. Il s’était levé à nouveau, après cette dernière phrase, menant quelques pas, pour se dégourdir les jambes mais aussi les nerfs.

– Vous êtes malheureusement les seuls à être parvenus à vous libérer à temps, soupira-t-il. Et c’était l’une des rares bonnes nouvelles qu’on a pu me donner, au milieu de tout le reste, lorsque Obi-Wan m’a fait un résumé des événements, depuis trois ou quatre ans. J’ignore pourquoi ces failles sont survenues, mais puisque nous avons une seconde chance… Le temps qu’elle durera, je compte faire mon possible pour soutenir les jeunes de ce temps, dans la reconstruction engagée. Même si je dois disparaître demain, avoir pu vous revoir fait chaud au cœur. Cette seconde disparition future sera déjà plus réconfortante. Il ne faut pas vivre dans le regret, vous avez fait tout ce que vous pouviez et même bien plus. La guerre n’est hélas pas finie mais abandonner, non. Pourrais-je à nouveau combattre un jour à vos côtés ?

Commandant Wolffe

« Ce n’est pas votre faute ! Vous avez été manipulés, comme nous tous, comme toutes les factions impliquées dans cette guerre. Le seul responsable est Palpatine. »

Mais c’était tout de même eux tous qui avaient… Rah, il ne savait pas comment l’exprimer ! Le général s’était levé, marchant un peu dans leur recoin, entre les vaisseaux en plein chantier. Gregor gardait la tête légèrement baissée, à présent, une drôle de mine au visage. Wolffe le connaissait assez bien pour deviner qu’il se retenait simplement de pleurer et qu’il se concentrait pour retrouver toute sa contenance. Bah… Personne ne les voyait donc quelle importance ? Il retourna la tête vers le général, à la fois triste que personne d’autre, effectivement, ne soit parvenu à se libérer à temps et touché qu’il lance considérer ça comme une bonne nouvelle, malgré tout. Parce qu’il aurait pu leur en vouloir, être déçu, voire même en colère, qu’ils n’aient rien pu faire de plus ou de mieux.

« J’ignore pourquoi ces failles sont survenues, mais puisque nous avons une seconde chance… Le temps qu’elle durera, je compte faire mon possible pour soutenir les jeunes de ce temps, dans la reconstruction engagée. Même si je dois disparaître demain, avoir pu vous revoir fait chaud au cœur. Cette seconde disparition future sera déjà plus réconfortante. Il ne faut pas vivre dans le regret, vous avez fait tout ce que vous pouviez et même bien plus. La guerre n’est hélas pas finie mais abandonner, non. Pourrais-je à nouveau combattre un jour à vos côtés ? »

« La question ne se pose même pas, général, » sourit-il en se levant et en lui faisant le salut réglementaire.

Imité dans la foulée par ses deux proches amis, debout à leur tour. Ils seraient heureux et honorés de pouvoir à nouveau le suivre au combat, c’était l’évidence même, qu’importe à quel point la galaxie avait évolué et dans des conditions aussi différentes ! Il pouvait compter sur eux trois. Il était même, de tous ceux avec ils travaillaient en ce moment, celui en qui ils auraient une confiance des plus fortes une fois sur le champ de bataille. D’ici à ce que ce jour arrive, ils lui proposèrent de l’emmener à la rencontre des « jeunes de ce temps », justement. Quoi qu’il devait déjà connaître Kanan, mais pas Bridger, c’était sûr. Il sera bon aussi qu’il fasse, au passage, la connaissance des membres locaux de la Rébellion, car il sera amené à les voir souvent. Le gamin Bridger devrait lui plaire, en tout cas, ce petit hyperactif sautait sur tout ce qui bouge et n’avait vraiment pas froid aux yeux, c’était bien le genre de mentalités qu’il leur fallait, sur le terrain !