Adieu Csilla

L’ambiance était… Très étrange. Thrass s’arrêta devant le grand bâtiment qui lui faisait face, relisant l’adresse que Veeren lui avait griffonné toute à l’heure à la hâte, hésitant presque à rentrer. Un « établissement sérieux », selon elle, un établissement où Thrass n’avait surtout jamais cru mettre les pieds, un jour dans sa vie. En entrant finalement dans le hall de la clinique, il demanda son chemin à l’accueil, sentant ici aussi que l’ambiance était détendue. Parler à quelqu’un censé être mort depuis des années en troublait plus d’un par ailleurs, Lorana était la seule humaine hospitalisée ici et elle ne passait pas inaperçue. Sans compter leur petite affaire, pourtant très privée, qui avait déjà fait le tour de la ville toute entière, si ce n’était pas déjà de la planète, et qui en choquait beaucoup, voire en mettait en colère. C’était aller trop loin, et Thrass savait que sans l’appui de Veeren, et même celui de Formbi, étrangement, lui et Lorana auraient été expulsés de là avant même la décision officielle du Conseil.

Le chef du Clan Chaf se trouvait dans une situation compliquée, cela dit, écartelé entre ses principes les plus forts et le désir de protection de sa famille. Tout le monde savait qu’il faisait exprès de faire traîner les choses, mais il arrivera bien un moment où il lui faudra prendre une décision. Thrass n’aimerait pas être à sa place, très honnêtement… Il grimpa en vitesse les escaliers, puis alla jusqu’à la chambre de Lorana. Assommée, ou comme tel, durant le voyage puis les premiers jours ici, il n’avait pas eu l’occasion de lui parler tranquillement. Elle allait mieux, maintenant, le médecin la gardait encore pour de simples vérifications et éviter qu’elle ne se stresse trop. En entrant dans la petite chambre, il la trouva enfin bien réveillée, avec un léger soupir de soulagement. Thrass l’embrasa doucement sur la bouche avant de s’asseoir près du lit, sur une petite chaise.

"J’ai préparé ce qu’il faut pour le voyage, dès qu’ils te laisseront sortir. Je n’ai pas de doutes sur l’issue du Conseil, de toute façon, au point où s’en est, partir vaut mieux."

Il tendit la main pour prendre la sienne, contre le lit, perdu, même s’il ne le montrait pas. Se sentir rejeté, exclu par son propre peuple, était une expérience… très éprouvante. Ce n’était pas rien de sortir de chez vous et sentir aussitôt à quel point vous étiez indésirable. A un tel point qu’il n’avait même plus envie de mettre le nez dehors ou croiser qui que ce soit, à tel point qu’il en arrivait à craindre à se mêler aux siens. C’était une situation qu’il ne savait pas gérer, tout simplement, le rejet, le dégoût parfois, comment faire dans ce genre de situation, quand on vous mettait au ban de la société ? Seul, il ne savait pas vraiment où il aurait été. Peut-être sur Nirauan. Devoir dire au revoir, voire adieu à Csilla et l’Ascendance, était un crève-cœur.

"Où pourra-t-on aller ensuite ? Tu sais où trouver les Rebelles ?"

"Oui, ce n’est pas le problème. Ecoute, je… Tout est allé très vite, on a dû tous les deux se laisser aussi emporter, tant la situation a été assez bouleversante. Mais je ne suis pas sûre d’où ça peut nous mener. Je veux dire… Ton frère est dans l’armée impériale, si tu rejoins les rebelles, ça voudra dire devoir l’affronter, tôt ou tard, et il est la dernière famille que tu as. Je ne veux pas que le tu le perdes à cause de moi. Je me aussi déchirée avec mon petit frère et je n’ai pas envie que ça arrive à d’autres."

Oh, c’était ça qui la travaillait ? Elle ne devrait pas, vraiment, car ce n’était pas là le plus lourd problème qu’ils auront à affronter dans les prochains jours. Il baissa un peu la tête le temps de ravaler un petit sourire, afin de ne pas lui faire penser qu’il se moquait d’elle, tandis qu’elle se redressait tant bien que mal. Allons bon, Lorana, elle ne savait pas comment fonctionner leur société, du point de vue de la famille et celui du Clan, de l’engagement vis-à-vis des siens, et même s’il y avait bien sûr des exceptions très… disons, très marquées, Thrass était une sorte de traditionnaliste, sur ce sujet. Lorsque leurs parents étaient morts, compte tenu de son jeune âge, on avait d’abord proposé que ce soit un autre membre de la famille, plus éloignée, qui s’occupe de Thrawn, ce qu’il avait refusé tout net. C’était son frère donc à lui de s’en occuper, point final.

"Tu es… sûr de toi ? Je veux dire… Pour ma part, je ne sais plus quoi faire, je n’ai jamais été préparée à ça. Et je ne veux pas non plus que tu ais des problèmes par ma faute."

"Dans notre culture, la famille tient une place très centrale. Comme la famille au sens plus large, c’est-à-dire le clan. Les relations sociales sont très hiérarchisées, chacun connaît sa place et comment se tenir face aux autres. La famille est une valeur sacrée. Je veux te dire par là que même si je me retrouve dans un camp opposé à celui de mon petit frère, jamais je ne porterai la main sur lui pour autant, comme jamais je ne le vendrai à ses ennemis ou tenterai de le trahir. Et lui non plus ne le fera pas. Evidemment, l’idéal serait de ne pas avoir à s’affronter. Je ne suis pas un soldat, il y a peu de chances qu’on se retrouve face à face sur le terrain."

C’était Feesa, surtout, qu’il risquait de croiser, elle était bien plus active et en tant que Jedi, recherchée encore par l’Empire. D’ailleurs, il n’avait toujours pas approfondie une certaine question… Enfin bref, ce n’était pas le sujet. Il se leva pour aller leur servir deux verres d’eau, il faisait incroyablement chaud, dans cette pièce, le personnel de la clinique avait dû augmenter un peu la température habituelle pour Lorana, ici, sans doute. En lui donnant le sien, il essaya de voir si elle avait chaud ou froid, au contraire, selon sa posture, puis remonta un peu la couverture sur elle. Dans le même temps, il ajouta que son frère avait sûrement de toute façon déjà dû réfléchir à tout ça, lui aussi, et qu’elle ne devrait pas s’en faire sur le sujet. Thrass se rassit ensuite, près du lit, manches remontées à cause de la chaleur.

Il savait comment on s’occupait d’un enfant et c’est qu’il expliqua ensuite à Lorana. Bon, évidemment, Thrawn n’était plus un bébé, quand leurs parents étaient décédés, il avait neuf ans, mais ça restait quand même compliqué, quand on était soi-même à peine assez âgé pour être considéré comme capable de se débrouiller seul. Et même à dix-sept ans, vous restez encadré par des adultes, on ne vous lâchait pas comme ça. Sans rentrer encore dans les détails, il décrit un peu à Lorana la vie qu’ils avaient menée alors. Son frère ne s’en souvenait peut-être plus mais il avait passé deux semaines très agitées, juste après la mort de leurs parents, criant ou pleurant la nuit, avant de se calmer peu à peu, au fil du temps. Au moins, cette expérience faisait qu’aujourd’hui, Thrass abordait plus sereinement l’idée d’avoir un enfant. Garçon ou fille, ce sera à voir.

"Et puis, nous avons chacun nos convictions. Je comprends pourquoi il est dans cette armée, je ne pourrai pas y entrer, pour ma part, ni rester sur Csilla car je suis sensible à la Force. C’est ainsi, voilà tout, même si quitter ce monde sera dur. Tant que tu te reposes ici, je peux te dire plus en détails comment se tiennent les relations sociales et familiales. Maintenant, tu fais parti de notre famille."

"Je voudrai que tu me parles de la façon dont vous considérez les enfants, comment les élever. Si c’est vraiment différent des humains. Et comment se fait-il qu’on t’ait laissé tout de même t’occuper de ton frère, si tu n’avais que dix-sept ans ? Vous n’aviez pas d’autre famille proche ?"

"Oui et non… De très proche, non, mais on avait quand même des cousins, des cousines, une famille… C’est surtout que je ne voulais pas que d’autres s’occupent de mon frère à ma place. J’étais l’aîné, juste assez grand et je le faisais déjà quand nos parents devaient s’absenter."

On allait passer volontairement sur le « petit détail » qui voulait qu’aujourd’hui, Thrawn, soit plus âgé que lui… Alors ça, vraiment, c’était ce qu’il y avait de plus perturbant dans toute cette affaire au grand complet, même plus perturbant qu’un voyage dans le temps et au travers de la mort. Evidemment, il ne l’avouera jamais face à son frère. Bref. Il dit ensuite à Lorana que leurs enfants étaient matures plus tôt, généralement. Lorsqu’un jeune atteint l’âge de quatorze ou seize ans, on le considère comme assez âgé pour travailler, prendre ses responsabilités et débuter sa propre vie. Par exemple, il pouvait occuper certains postes ou faire ses premiers pas comme membre à part entière d’un équipage, même s’il suivait toujours une formation militaire ou dans un autre domaine. Somme toute, c’était l’étape de transition. Le jeune pouvait avoir des responsabilités, mais ce n’était pas pour autant qu’il était vraiment adulte aux yeux de tous.

"Entre quinze et, admettons, vingt-quatre ou vingt-cinq ans, c’est la période où tu termines de te former, que tu travailles, que tu te débrouilles plus seul, que tu fais tes preuves pour la première fois. Il y a des jeunes qui progressent plus vite que d’autre, tout dépend du caractère et des façons de faire. Un enfant est éduqué pour qu’il soit mature jeune. A seize ans, ce n’est pas rare de toujours vivre chez les parents. Un jeune est considéré comme adulte vers trente ans. Je te rassure, en comparaison, tu es quand même adulte, à leurs yeux."

Un point qu’il avait rajouté un peu vite avec un sourire en sentant venir la protestation. Il s‘agissait de leurs critères, ce n’était pas applicable en tant que tels à ceux qui n’avaient pas été élevés ainsi. Si un enfant humain grandissait avec des parents Chiss, là, par contre, il serait élevé dans cette optique. Pours on propre enfant en cours de route, Thrass n’était par contre pas encore certain de la façon de faire. L’idéal serait de combiner leurs deux cultures respectives, ainsi que les différents points de vue sur l’éducation.

"En ce qui concerne la grossesse, je ne m’y connais pas trop… J’ai juste vu ma mère enceinte, c’est tout, ça doit être différent selon les femmes. Et comme ce sera un bébé métis, je sais encore moins comment ça peut se passer."

Tout en parlant, il fixait le ventre de Lorana comme si la voix du fœtus pouvait d’un coup s’élever et leur dire que tout se passera très bien. Il tendit la main doucement sous la couverture pour la poser sur celle de Lorana, contre son ventre. Pour le moment, impossible de sentir quoi que ce soit, mais il avait bien hâte que ce venter s’arrondisse et qu’ils puissent sentir l’enfant bouger.

"Tu aimerais mieux avoir une petite fille ou un garçon ?"

Il est bien vrai que c’était la santé du bébé qui comptait, en priorité. Thrass lui sourit doucement, tout en lui massant lentement le ventre sous la couverture, en prenant garde à ne pas trop appuyer ou lui faire mal. Elle eut d’un coup un frisson et il stoppa net. Il avait été trop fort ? Désolé. Ou c’était autre chose ? Lui lançant un regard interrogateur, il attendit qu’elle reparle, lui explique, sans la brusquer. Ils avaient bien le temps, ils étaient là pour encore deux ou trois jours, avant de repartir retrouver les Rebelles, voire les Jedis. Il devra apprendre à connaître ces derniers, en tout cas ce qu’ils avaient été autrefois et ce que représentait l’Ordre aujourd’hui, bien qu’il ait compris qu’il était dans une sorte de… une phrase de transition, si on peut dire. Qui allait reprendre les rênes pour reconstruire tout cela, maintenant ? Les jeunes de ce temps ? Et en combien de temps ?

"Je suis soulagée que C’Baoth ait disparu, j’espère que ces failles ne le ramèneront pas à nouveau… Lors du voyage, il avait une lubie en tête, créer sa propre armée, on peut dire ça, de sensitifs, il sélectionnait les enfants avec un bon potentiel et s’arrangeait aussi pour prendre les bébés des couples légèrement sensibles, en espérant que l’enfant le soit plus que ses parents, qu’il hérite d’un plus fort potentiel. S’il revient, il pourrait… Et bien, il pourrait vouloir s’en prendre à notre enfant. Si vraiment ces failles le ramènent encore, il ne devra jamais découvrir son existence. Ni lui, ni aucun Sith."

"Il ne pourra pas s’en prendre à notre enfant, même s’il revient. Nous sommes là tous les deux, nous pouvons le protéger, comment veux-tu qu’il puisse lui arriver quoi que ce soit ?"

C’était à se demander comment les Jedis de l’ancienne époque avaient pu accepter de voir partir ce fou avec autant de personnes à bord et le laisser mener son projet de dingue… A moins qu’il n’était pas encore aussi psychotique à cette époque ? Il enleva sa main de contre le ventre de sa future femme pour se rasseoir correctement, dans le petite siège, en restant près du lit tout de même. C’Baoth… Ce type avait beaucoup marqué Lorana, il le ressentait, même sans l’avoir interrogé plus précisément là-dessus. Il allait reprendre la parole, et lui demander justement comment elle s’était retrouvée aux côtés de ce maître infect, quand on frappa à la porte. Et se leva souplement pour saluer l’Aristocra Sev’eere’nuruodo lorsqu’elle entra dans la chambre. Qu’est-ce qui l’amenait par ici, il y avait eu un problème, ils devaient partir immédiatement ?

"Que se passe-t-il, il y a eu un souci ?"

Dans quelques temps, la tension allait retomber, du moins elle l’espérait. Dès que le Conseil sera dépassé, qu’ils auront pris certaines décisions, et que la vie aura repris un cours normal. En attendant, il y a des affaires qu’elle devait mener plus ou moins discrètement, surtout dans le cas où le Conseil rejetait leurs propositions. Dans ce cas précis, autant profiter de son passage à la maternité pour aller ensuite voir Lorana et Thrass. Elle entra dans la petite salle avec son médecin habituel, hochant simplement la tête lorsqu’il demanda si elle allait bien. Le stress de la première grossesse était très loin, maintenant, et même si c’était différent à chaque fois, elle ne se posait plus autant de questions pour le quatrième enfant que pour le premier. Ça se voyait un peu, à présent. Le docteur lui posa les questions usuelles tout en l’examinant, d’un ton presque mécanique, et allant droit au but.

La petite rengaine habituelle sur les « Evitez le stress » et « Ne vous surmenez pas », sonnait presque d’un ton fataliste, il savait déjà qu’elle avait du mal à se reposer ou prendre un congé, prendre du temps juste pour elle. Allongée sur la table d’examens, une main derrière sa tête pour la surélever un peu et l’autre contre son ventre, elle hochait simplement la tête en l’écoutant, l’esprit encore un peu loin des tracas quotidiens de la maternité. Une fois son rendez-vous terminé, elle s’en alla de son côté, grimpant au second étage pour aller rejoindre la chambre où se reposait Lorana. Ils avaient dû « l’écarter » un peu, pour éviter tout incident. Une humaine sur leur planète, ça en agaçait beaucoup. Si on ajoutait en plus qu’elle était Jedi, revenue d’une de ces failles, enceinte d’un des leurs et que pour couronner le tout, le père était lui-même un ex-Administrateur revenu de même par les failles…

Thrass se leva aussitôt pour la saluer, quand elle entra dans la chambre, le lui rendant tout en refermant soigneusement la porte. Il faisait chaud, ici, bon sang, c’était normal ? Oh, oui, les humains ne tenaient pas le froid aussi bien qu’eux, c’était vrai. Elle fit signe à son ancien collaborateur de ne pas s’inquiéter, quand il demanda aussitôt s’il y avait eu un souci, déposant son sac sur une petite table près de la porte. Il était sur les nerfs, bien évidemment…

– Tout va bien, je passe vous voir pour parler de la suite de nos affaires. Le Conseil des Familles va se tenir dans une semaine, ou deux, nous verrons bien. Il y a un très fort risque que la décision soit prise de simplement jeter dehors tous les sensitifs déclarés et couper les ponts. Je ne suis pas favorable à ça car les récents événements ont prouvé qu’il y a des situations où cet isolationnisme nous dessert plus qu’autre chose.

Quoi que décide le Conseil, somme toute, Veeren comptait bien préparer ses cartes en amont et le terrain. Elle s’approcha du lit, les regardant tous les deux avec calme. La seule chose qui comptait à ses yeux était la défense de l’Ascendance, toutes les ressources disponibles devaient être utilisées, absolument tous les leviers nécessaires. Ces deux-là en faisaient parti, le lien qui les unissait était un outil de plus pouvant se révéler très utile dans le futur.

– Je connais l’état de votre Ordre, aujourd’hui, miss Jinzler. Ce que je souhaite, c’est conserver avec lui un lien, même éloigné dans un premier temps, dans un échange de bons procédés. Nous n’impliquerons pas notre peuple dans votre guerre, contre cet Empire. En Revanche, si l’Ordre accepte de donner des informations sur les Siths ou ce qui arrive dans la galaxie, mon Clan lui fournira en échange du soutien matériel et logistique, de l’aide en cas de dangers graves. Je voudrai que vous en parliez aux vôtres, et que nous définissions ensemble les termes d’un accord.

"Tout va bien, je passe vous voir pour parler de la suite de nos affaires. Le Conseil des Familles va se tenir dans une semaine, ou deux, nous verrons bien. Il y a un très fort risque que la décision soit prise de simplement jeter dehors tous les sensitifs déclarés et couper les ponts. Je ne suis pas favorable à ça car les récents événements ont prouvé qu’il y a des situations où cet isolationnisme nous dessert plus qu’autre chose."

Il ne suffisait pas qu’elle soit seule à y être défavorable, de toute manière, Thrass ne se faisait aucune illusion, les chances qu’ils ne soient pas exilées étaient si minces qu’elles en devenaient presque anecdotiques. Ce sera moins de temps perdu en se préparant déjà à ne plus jamais revoir Csilla. Mais pour ce qui se dit ensuite… Thrass aurait dû s’attendre à un coup de ce genre, il connaissait bien Veeren, pourtant, et savait qu’elle avait les idées très arrêtées, sur pas mal de sujets. Il la couva un long moment du regard, perdu dans ses réflexions, imaginant les conséquences possibles si jamais cette conversation venait à s’ébruiter aux oreilles d’autres familles plus conservatrices. Juste avant que le Conseil des Familles ne se tienne, c’était encore plus délicat, elle devait voir trop peu de soutiens, en perdre encore serait perdre pour de bon la partie.

Du soutien matériel, de l’aide en cas de dangers, c’était assez vague, que voulait-elle dire plus exactement ? Il faillit poser la question, puis se retint, ça ne pouvait être défini que si les deux parties se décidaient à s’asseoir ensemble autour d’une table pour en discuter. Pour être honnête, il en était quand même presque choqué par cette proposition, même s’il savait déjà que Veeren n’était pas du genre à faire les choses à moitié et ne suivait pas non plus les traditions à la lettre comme la majorité des Aristocras, bien au contraire. Ce serait la première fois que l’Ascendance, enfin une de ses Familles, se positionne comme alliée d’un groupe extérieur et donc rompe avec la tradition de l’isolationnisme. Les implications étaient grandes.

"Je leur en parlerai, bien sûr. Dans l’ensemble, je ne pense pas qu’ils soient vraiment contre cette idée, ils espèrent eux aussi se faire des alliés plutôt que des ennemis supplémentaires. En revanche, en ce qui concerne votre Clan, sera-t-il vraiment ouvert à ça ? Les vôtres n’apprécient pas les sensitifs, c’est connu."

Leur Clan était un de ceux à être un peu plus ouvert d’esprit, ils n’étaient que deux ou trois Familles dans l’Ascendance à ne pas être totalement fermées d’esprit sur le sujet, en grande partie à cause, ou grâce, leurs leaders respectifs. Il put donc au moins rassurer Lorana sur ce point, ce n’était pas la plus grosse difficulté contre laquelle ils devront lutter. Tout en parlant, il lança un regard en biais à l’Aristocra, à la fois blasé et amusé. Elle n’avait pas changé, décidément, ou très peu, ces trente dernières années. Sûrement plus calme et réfléchie, ça oui, mais toujours aussi prête à ne pas respecter certaines règles élémentaires ou traditions si elle estimait que c’était le mieux pour protéger l’Ascendance. Restait à voir quelle décision prendra le Conseil et ec qu’il en sera de l’avenir des sensitifs…