Troubles de famille [Pv Luke]

Ils avaient reçu un autre appel, encore un cas « spécial » à traiter, cette fois-ci dans l’Espace Sauvage. En d’autres circonstances, le colonel se serait contenté d’y envoyer une équipe préparée à ça, mais aujourd’hui, cela offrait un bon prétexte pour régler en chemin une petite affaire. Bien qu’il hésitait encore, se posait beaucoup de questions et avait de nombreuses appréhensions, il estimait également qu’il n’était plus temps de reculer ou de se laisser piéger par les hésitations. S’il devait vraiment agir, c’était maintenant, avant qu’il ne soit trop tard. Wulff rangea son comlink dans sa poche, en entrant dans la navette devant les ramener sur le vaisseau, parfaitement silencieux. Le stress ne l’atteignait pas, pourtant, car il avait la conscience parfaitement tranquille. Qu’on l’accuse par la suite ou non, peu importe, il mourra le regard droit. Durant le court trajet jusqu’au vaisseau, il songea à la manière d’aborder le sujet avec le jeune homme… Au moins avait-il pour lui l’avantage d’avoir connu plusieurs Jedis, ainsi que la République, contrairement à des confrères plus que formatés par l’Empire. Il ne portait non plus foi à l’histoire de l’attentat contre Palpatine, lors de la Guerre des Clones.

Première chose à faire, préparer pour le départ pour l’Espace Sauvage. L’équipage se mit en branle, voire s’éloigner le vaisseau devait en rassurer plus d’un, quand bien même beaucoup d’équipes restaient sur place. Le colonel revint dans son bureau et commença par rédiger son rapport pour l’Empereur, vis-à-vis de la situation sur Naboo. Il en était à la fin quand le léger tremblement familier indiquant le passage en hyperespace se fit sentir. Le colonel prit son temps pour terminer, puis contacta un de ses subordonnés, pour lui demander de réveiller leur jeune prisonnier. Ils avaient dû lui mettre la dose, pour le faire tranquille, mais Wullf avait besoin qu’il soit parfaitement réveillé pour leur petite conversation à venir. D’ici quelques heures, les drogues ne feront plus du tout effet, ils auront du temps devant eux. D’ici là, il se plongea dans son travail habituel, le bain de boue de tous les jours, les affaires de corruption trafics en tous genres et abus de confiance, les trafics d’influence, les pots de vins peu discrets, les traîtres, etc. Tellement d’affaires à traiter, tellement d’enquêtes à gérer de front en même temps, cela mériterait d’être encore plus nombreux qu’actuellement.

Le soir venu, après le tour habituel d’inspection générale, le vieil homme prit du temps pour lui, manger un peu, se doucher, se reposer une heure avant de se préparer à la suite. Il attendit que les passages se tassent et se calment un peu, l’équipage n’avait jamais un lourd travail à faire durant les voyages en hyperespace, ils n’étaient pas sur un destroyer ou sur un croiseur de guerre en pleine mission. Il se rendit dans le quartier de haute sécurité, salué par les gardes en arrivant, qui lui ouvrirent la cellule de leur jeune prisonnier. La porte fut aussitôt refermée derrière lui, mais le colonel ne risquait pas grand-chose. La sécurité avait été conçue pour assommer, ou tuer, la personne enfermée si elle avait le moindre geste un peu trop brusque, lorsqu’on lui « rendait visite ». le colonel tenait à cette que cette conversation ne soit ni écoutée, ni filmée, ni enregistrée, et contrôlait pour cela le système de surveillance. Il était bien agréable d’être ainsi maître de son vaisseau, cela vous évitait tant de petites complications.

« – Bonsoir, jeune homme. Je me présente, je suis le colonel Wullf Yularen, du Bureau de Sécurité Impériale. Je dois te parler d’un point important. »

Il s’assit à son tour sur le haut des trois marches, menant à la porte de la cellule, puis croisa les mains contre ses genoux. Il s’était répété plusieurs fois cette conversation et trouvait pourtant peine à débuter. Non pas parce qu’il songeait à abandonner son idée mais plutôt parce qu’il était toujours un peu délicat de s’immiscer dans ce genre d’affaires…

« – Cette conversation restera privée. Ecoute… Je sais qui tu es, d’où tu viens, et quels sont les problèmes touchant actuellement ta famille. Avant que tu ne me répondes que ça ne me concerne pas, je tiens à te dire que je vois très bien où tout cela peut nous mener et je n’ai pas envie de voir une Sith de plus s’approcher ainsi des plus hauts arcanes de pouvoir de l’Empire. L’Empereur aime à faire joujou avec les membres de ta famille et je trouve cela très dangereux. J’ai observé les changements chez ton père, ce qui arrive aujourd’hui est encore moins rassurant, pour le bien-être de la galaxie en général. »

Une nouvelle cellule, cette fois plus petite, et tout aussi sombre. Mais au moins n’était-il plus attaché si fort qu’il en arrivait à peine à respirer. Luke laissa retomber sa tête contre la couchette, les yeux fermés, en attendant que la sensation d’engourdissement se dissipe, et avec elle la nausée. Ils avaient dû le droguer… Il ne se souvenait plus de rien, depuis le moment où il s’était évanoui, sur l’Etoile noire, et avait sincèrement cru se réveiller dans les geôles du palais impérial, sur Coruscant. A moins qu’il n’y était encore en route, mais à ce moment-là, pourquoi ne pas faire en sorte qu’il reste évanoui jusqu’à la fin du voyage ? Enfin… Peu importe où on l’emmenait, ce n’était pas le premier de ses soucis, très loin de là. Entre Vader qui servait de jouet à Palpatine, Leia qui s’y mettait à fond aussi, son oncle et sa tante assassinés, la Rébellion qui avait en partie perdu foi, c’était la fête assurée. Le dégoût lui souleva le cœur, en pensant au visage ridé et grimaçant de Tarkin, et plus encore à celui de l’Empereur. Il en avait plus qu’assez, pourquoi ne changeaient-ils pas de cible, pour varier un peu ?! Ce sera quoi, la prochaine étape, s’en prendre à Nat ou encore un autre ?

Ils avaient tué Owen et Beru… Luke se retourna sur le dos, une main posée contre les yeux en luttant pour ne pas pleurer. Ni son oncle ni sa tante, ses parents d’adoption plutôt, n’avaient jamais rien fait contre l’Empire, ils n’avaient même approché le moindre rebelle, de près ou de loin ! Et ils étaient morts tout de même, assassinés… Par sa faute… La culpabilité lui rongeait le ventre, il aurait dû… Leur dire de se cacher, dès le début, au cas où. Mais comment l’Empire avait-il bien pu savoir qu’il avait grandi avec eux, qui les avaient trahis ?! Qui aurait pu deviner que… Luke laissa retomber sa main sur le côté en rouvrant les yeux, la gorge étranglée en réalisant que le seul ayant pu savoir ça était son Vader. Il avait dévoilé à Tarkin la localisation des derniers membres de sa famille encore en vie, il les avait fait tuer. Vader, Leia… Il ne comprenait pas comment on pouvait s’enfoncer à ce point, se laisser corrompre comme ça. Jedi, Sith… Il avait longtemps songé qu’aucun des deux ne valait vraiment l’autre, mais la voie des Jedis n’incluait pas l’assassinat des siens ! Plus possible de fermer les yeux plus longtemps, cette fois-ci.

Il avait du s’écouler quelques heures, deux ou trois sans doute, quand il entendit du bruit, puis que la porte de la cellule s’ouvrit. Un colonel du BSI… Yularen, non ? Luke se redressa puis s’assit, les effets des drogues s’étaient complètement dissipés et la méditation, l’avait aidé. D’abord Palpatine, il y a longtemps, ensuite Vader, Thrawn à un moment, puis Tarkin, maintenant un haut gradé du BSI. Il devait considérer ça comme un « honneur », peut-être ? Le plus ironique, dans l’histoire, était que c’était finalement l’homme le dégoûtant le plus, à savoir le Grand Moff, qui l’avait convaincu de devenir pour de bon ce pour quoi on l’accusait depuis le départ.

– Bonsoir, jeune homme. Je me présente, je suis le colonel Wullf Yularen, du Bureau de Sécurité Impériale. Je dois te parler d’un point important.

Ils disaient tout ça ! Et ça tournait souvent autour du même sujet. C’est bon, il avait fini par comprendre, écarter au maximum la Force de sa vie, et les ennuis qui allaient avec, ce n’était définitivement pas réalisable. Donc il allait faire le contraire, faire exactement ce qu’on lui avait reproché sans fondement jusqu’ici. Luke retint de justesse un long soupir, alors que le colonel s’installait sur les marches, l’air de rien.

– Cette conversation restera privée. Ecoute… Je sais qui tu es, d’où tu viens, et quels sont les problèmes touchant actuellement ta famille. Avant que tu ne me répondes que ça ne me concerne pas, je tiens à te dire que je vois très bien où tout cela peut nous mener et je n’ai pas envie de voir une Sith de plus s’approcher ainsi des plus hauts arcanes de pouvoir de l’Empire. L’Empereur aime à faire joujou avec les membres de ta famille et je trouve cela très dangereux. J’ai observé les changements chez ton père, ce qui arrive aujourd’hui est encore moins rassurant, pour le bien-être de la galaxie en général.

Le « bien-être de la galaxie » en général… Leurs simples soucis familiaux actuels ne pouvaient quand même pas affecter la galaxie toute entière, n’exagérons rien ! Et pourquoi pas changer le cours de l’Histoire, pendant qu’on y était ? Luke soupira un peu, cette fois-ci, fermant les yeux un bref instant, avant de se redresser. Ce colonel n’avait pas tord sur certains points, en revanche, il s’angoissait un peu trop… Leia n’était pas bien, soit, mais de là à affecter plus largement que la rébellion, lorsqu’ils découvriront ça… le pire que ça pouvait produire était l’explosion de l’Alliance, un désastre à ses yeux mais ça ne devrait pas l’être à ceux de l’Empire et encore à moins à ceux d’un colonel du BSI. Mais bref… Cet homme avait donc vu la lente transformation d’Anakin vers le seigneur Sith Vader, s’il suivait bien, durant la Guerre des Clones… C’était un cas différent, personne n’avait besoin d’un second Vader et Leia était plus tournée vers la politique que vers le combat pur et dur.

– Je vois mal comment la « galaxie en général » pourrait tant avoir à souffrir du déraillement de ma sœur. Cela fera surtout souffrir la rébellion même si ça ne la fera pas disparaître à jamais. Ça devrait vous faire plaisir, tout cela, bien au contraire. L’Empire sert les Siths, aujourd’hui, si vous êtes contre ça, pourquoi encore porter cet uniforme ?

« – Je vois mal comment la « galaxie en général » pourrait tant avoir à souffrir du déraillement de ma sœur. Cela fera surtout souffrir la rébellion même si ça ne la fera pas disparaître à jamais. Ça devrait vous faire plaisir, tout cela, bien au contraire. L’Empire sert les Siths, aujourd’hui, si vous êtes contre ça, pourquoi encore porter cet uniforme ? »

« – Je vois que tu sous-estimes gravement l’impact que peut avoir ta famille, toi inclus évidemment, sur cette galaxie, jeune homme. C’est malheureux mais c’est comme ça. »

Bon sang, sur ce point, il ressemblait bien à son père, le colonel avait eu durant un instant l’espoir qu’il ait pris de sa mère, qu’il ait une certaine sensibilité politique ou une vision à long terme des choses. Hélas… Cette réponse prouvait qu’il fonctionnait plutôt à l’instant, à l’instar d’Anakin. Bonne ou mauvaise chose ? L’avenir le leur dira… En attendant, il avait bien compris que n’était pas forcément les arguments les plus rationnels qui allaient fonctionner mais tant, il fera avec. Par où commencer… C’était toujours un peu compliqué, face aux personnes qui écoutaient leur cœur plutôt que leur tête, dire cela était une sinécure. Wullf soupira à son tour, tête légèrement baissée, puis la redressa pour poser un regard paisible sur le jeune enfant. Par pitié, pourvu qu’il ait au moins une petite écoute à la politique, sinon on n’allait pas s’en sortir.

« – Ces failles restent un phénomène récent. Avant cela, le seul sith connu était Vader, tout le monde ignorait pour l’Empereur. Et les seuls Jedis étaient donc les quelques individus rescapés de la purge, comme Kenobi, et les petits jeunes comme toi dont nous avions pu entendre parler. Ces failles ont bouleversé les différents rapports des forces et surtout la façon de concevoir les choses. Politiquement, militairement… Les Siths demeurent un « phénomène nouveau ». Inconnus au bataillon pour le grand public lors de la Guerre des Clones, au contraire des Jedis. J’ai combattu avec ces derniers et ait appris à les connaître. J’ai mené, de fait, quelques missions avec Kenobi, ton père et l’apprentie qu’il avait à cette époque. Puis, en côtoyant de même des Siths, j’ai compris le danger existant… Pourquoi ne pas rendre mon uniforme, alors ? Car la rébellion ne servira rien sans appui interne pour écarter les dangers pouvant l’être. »

Il le suivait, jusque là ? Yularen espérait que oui. Quant aux dangers qu’il évoquait, ce garçon les connaissait déjà. Toutes les destructions de masse, les anéantissements de planètes entières, sans oublier leur chef-d’œuvre, la pandémie galactique ! Plagueis… Ce nom restera à jamais gravé dans sa mémoire, associé la plus pure et gigantesque horreur jamais connue.

« – Ton père était assez particulier. Toi et ta sœur avaient hérité de ça. Je sais bien qu’elle ne sera pas une seconde Vader, et c’est là le souci, sa formation politique et militaire. Les Siths sont une nuisance à la galaxie. Il s’agit de ta sœur. Je ne vais pas tourner autour du pot durant des heures, ce que je veux vraiment, c’est que tu fasses en sorte de la ramener à la raison. Ta mère avait échoué avec Vader, soit, mais il était bien trop tard. Pour la princesse, pas encore. »[/b]

– Je vois que tu sous-estimes gravement l’impact que peut avoir ta famille, toi inclus évidemment, sur cette galaxie, jeune homme. C’est malheureux mais c’est comme ça.

Ils n’allaient pas rentrer dans le débat, qu’il croit donc ce qui lui plaisait sur le sujet, même si Luke trouvait qu’il exagérait franchement. Ce qu’il voulait surtout savoir, c’est où ce type voulait en venir, pourquoi lui parler de ça ? Il ouvrit la bouche poser la question puis se ravisa, attendant simplement que le colonel reprenne la parole. Pour un petit cours d’Histoire, tout d’abord, ou plutôt un rapide résumé de ce qui existait avant que les failles n’apparaissent. Merci, il était déjà au courant de tout, la période avec les premières failles avaient été très dure pour tous les sensitifs de cette époque. Les troubles ressentis dans la Force étaient alors si violents qu’ils pouvaient vous en rendre malade. Certaines planètes étaient même si fortement secouées qu’on ne pouvait même plus y poser un seul pied sans avoir à en souffrir. Lorsque ça s’était un peu calmé, la galaxie avait alors commencé lentement à changer de visage, le tout au milieu d’une période d’intense confusion. Personne ne comprenait ce qui se passait et les premiers à avoir été « jetés » ici étaient tout aussi perdus. Il y avait eu Mace Windu, pour l’un des premiers Jedis arrivés et disparu de nouveau depuis, et Plagueis pour l’un des premiers Siths.

– Ces failles ont bouleversé les différents rapports des forces et surtout la façon de concevoir les choses. Politiquement, militairement… Les Siths demeurent un « phénomène nouveau ». Inconnus au bataillon pour le grand public lors de la Guerre des Clones, au contraire des Jedis. J’ai combattu avec ces derniers et ait appris à les connaître. J’ai mené, de fait, quelques missions avec Kenobi, ton père et l’apprentie qu’il avait à cette époque. Puis, en côtoyant de même des Siths, j’ai compris le danger existant… Pourquoi ne pas rendre mon uniforme, alors ? Car la rébellion ne servira rien sans appui interne pour écarter les dangers pouvant l’être.

S’il avait connu et combattu avec des Jedis autrefois… Cette information-là pourra être vérifiée facilement, il y avait encore beaucoup d’anciens combattants de la République, au sein des Rebelles, qui pouvaient dire si ou non, Yularen avait été bien été auparavant un compagnon d’armes. Et Kenobi pourra aussi confirmer qu’il l’avait côtoyé au combat. Mais pour le reste… Luke ne savait pas vraiment quoi en penser, certains impériaux étaient moins brutaux que d’autres, d’accord, mais comment être sûr qu’ils désiraient sincèrement lutter, eux aussi, contre les Siths ? Si c’était sincère, oui, la rébellion aura des soutiens de poids pour éviter d’autres horreurs comme celle crée par Plagueis. Même si la venue d’une nouvelle pandémie semblait impossible, étant donné que le seul être actuellement capable de la créer avait disparu, ça n’empêchait pas la venue d’autres timbrés amateurs de destructions de masse.

– Ton père était assez particulier. Toi et ta sœur avaient hérité de ça. Je sais bien qu’elle ne sera pas une seconde Vader, et c’est là le souci, sa formation politique et militaire. Les Siths sont une nuisance à la galaxie. Il s’agit de ta sœur. Je ne vais pas tourner autour du pot durant des heures, ce que je veux vraiment, c’est que tu fasses en sorte de la ramener à la raison. Ta mère avait échoué avec Vader, soit, mais il était bien trop tard. Pour la princesse, pas encore.

Il avait essayé, déjà, et à cette époque, il ignorait encore qu’elle s’entraînait à manier la Force et qu’elle avait un maître du Côté Obscur. La retrouver et lui faire entendre raison, c’était son but, oui, par contre, il ne s’était pas vraiment attendu à ce qu’un haut gradé de l’Empire vienne lui dire platement que c’était aussi son souhait. Luke se mordilla un instant les lèvres, agacé que tant de personnes veuillent soit faire joujou avec sa famille, soit essayer de s’en débarrasser.

– Il est évident que je vais tout faire pour l’empêcher de sombrer encore plus. J’ai juste un petit temps d’arrêt lorsqu’elle nous a trahis.

Mais s’il la vendait à son tour, l’Alliance Rebelle pourrait éclater sous le choc… Il devait y avoir une autre solution, si possible en évitant au maximum d’inclure les rebelles dans cette histoire, pour ne pas risquer de les voir s’entre-déchirer, ça leur nuirait beaucoup trop.

– Si vous comprenez la menace représentée par certains Siths, qu’êtes-vous prêts à faire, comme action, concrètement ? Vous avez l’air de bien me connaître, mais moi non, je ne peux pas savoir si je peux vous faire confiance.

Une grande partie de l’existence consistait à jouer et abattre ses différentes cartes, tout en étant assez habile pour les utiliser à bon escient, au moment importun, et plus important encore, déterminer lesquelles déposer sur le plateau de jeu pour être certain d’emporter la lutte, quand bien même vous teniez entre vos mains des cartes pouvant se retourner contre vous et vous brûler sévèrement. La vie, ce n’était que ça, un immense plateau de jeu où ceux pouvant prendre un peu plus de risques pour réussir parvenaient à s’en tirer et prendre l’ascendant sur leurs adversaires. Ce jeune homme était l’une de ces cartes terriblement brûlante que le colonel était prêt à jouer, il en avait plus que conscience et savait très bien ce qui pourrait lui en coûter. Il estimait pourtant avoir raison de le faire, la première réponse que lui fit le jeune homme le conforta dans cette idée. Parier sur son caractère et ses idéaux était un autre pas risqué, quoi que, pas si risqué que cela. Même si ce n’était en rien une garantie que le tout arrivera bien, il avait aussi avec lui les informations lâchées par les sensitifs venus de temps plus éloignés.

« – Si vous comprenez la menace représentée par certains Siths, qu’êtes-vous prêt à faire, comme action, concrètement ? Vous avez l’air de bien me connaître, mais moi non, je ne peux pas savoir si je peux vous faire confiance. »

« – Nombre de Rebelles me connaissent très bien, vois-tu. Certains Jedis également, Kenobi inclus. Je te l’ai dit, j’ai régulièrement eu affaire à des Jedis, lorsque j’étais amiral républicain, si tu souhaites savoir qui je suis et comment je travaille, ils te fourniront des éléments précis de réponse. Evidemment, je sais que personne ne pourra avoir totalement confiance, ce n’est pas le but de la manœuvre. Je ferai, simplement, tout ce qui est mon pouvoir pour éviter que les Siths ne prennent trop de pouvoir dans cet Empire. Je crois en un gouvernement plus fort que la République n’avait pu l’être, cependant, je crois aussi en certaines valeurs démocratiques, qui ne peuvent exister sous l’égide des adeptes du Côté Obscur. Les Jedis étaient, pour moi, les garants de cela. La soi-disant tentative de putsch, juste avant ta naissance, était très jolie pour la propagande mais ne tient pas debout. »

Oh, il ne doutait pas que les Jedis avaient dû vouloir capturer, ou tuer, le Chancelier que Palpatine était encore. Comment ce dernier s’y était pris pour les y inciter, il n’en avait aucune idée. Ce qui était fait était, à présent, ils ne pouvaient que travailler à réparer les pots cassés. Ou plutôt repartir sur des bases plus saines. Un espoir secret, bien entendu… Ensuite, pour ce qui était des actions concrètes, il y en avait beaucoup. Il épargnera à ce jeune homme toutes actions purement politiques, c’était très long, ennuyeux pour ceux ne s’y intéressant pas, et compliqué pour qui n’était pas initié à tous les lourds arcanes de la politique.

« – Ce qui je suis prêt à faire, c’est te laisser échapper. Il faut des personnes capables de contrer les Siths, qui les connaissent mieux que nous. Je sais que toi, tu pourras… faire bouger les choses. »

Il était devenu très rare, dans l’Empire, de rencontrer des personnes affirmant avoir connu les Jedis de la République déchue, et plus rare encore qu’un type n’hésite pas à citer des noms comme celui d’Obi-Wan pour prouver sa bonne foi. C’était surtout cet élément-là qui troublait Luke le plus car le colonel devait bien savoir qu’un mensonge sur ça ne tiendrait pas plus de trois secondes. Il voyait bien ce que cet homme espérait comme gouvernement idéal, une sorte de république et d’empire mêlés, fort et sans les dérives existantes. Un tableau où les Siths n’avaient pas leur place, comme c’était le cas actuellement. Maintenant, pouvait-il le croire ou tout cela n’était qu’une vaste comédie de plus ? Et si c’était une comédie, pourquoi la mener ? Actuellement, il était en position de force, et qu’il sache la vérité sur Leia en disait aussi long sur son statut. Par contre, comment savoir… Luke ne le lâchait plus des yeux, une part de lui voulant croire qu’il restait des personnes n’approuvant pas ce qui arrivait, l’autre plus méfiante et sur le qui-vive.

– Ce qui je suis prêt à faire, c’est te laisser échapper. Il faut des personnes capables de contrer les Siths, qui les connaissent mieux que nous. Je sais que toi, tu pourras… faire bouger les choses.

Le… Pardon ? Luke écarquilla légèrement les yeux, fixant plus intensément le vieil homme en cherchant la moindre trace de plaisanteries sur ce visage ridé. C’était une blague, un piège, ou espérait-il vraiment que ce soit un jeune homme de vingt ans qui puisse parvenir à contenir l’Ordre Sith ? Luke s’interrogeait surtout sur le problème de sa sœur, celui de leur père également, il ne s’était par contre pas demandé s’il pouvait vraiment agir contre tous les autres Siths. Bref… On avait donc ni plus ni moins qu’un colonel du BSI qui lui proposait de le laisser s’échapper, pour qu’il puisse aller lutter contre les Siths, rien que ça ! Et ça sonnait beaucoup trop comme un piège, à ses yeux, un moyen de remonter la piste des autres Jedis, de la Rébellion, de… Bref, c’était de la folie pure. Il ne parvenait pas à vraiment discerner s’il se payait simplement sa tête ou s’il pouvait être sincère, l’incertitude lui interdisait, pour le moment, de répondre. Et si jamais il commettait une erreur et conduisait d’autres Rebelles à leur perte… Il ne pouvait pas se permettre ça, ce serait de la trahison pure et simple, même sans être volontaire.

– Vous êtes conscient de l’énormité que vous venez de lâcher ? murmura-t-il.

Vouloir écarter les Siths, pourquoi pas, il le croyait sur ce point, c’était aussi e souhait d’autres impériaux qu’il avait pu rencontrer dans la station médicale lors de la pandémie, surtout ceux ayant côtoyé Plagueis, mais lâcher platement qu’il voulait faire libérer un type recherché dans tout l’Empire et membre de l’Ordre Jedi… Si Tarkin était dans la même pièce, il en ferait une attaque. Et ça ne ressemblait pas non plus aux méthodes habituelles impériales.

– C’est nouveau, comme méthode, pour essayer de piéger les gens ? Vous ne nous aviez pas habitué à ça, pourtant. A quoi est-ce que vous jouez ?

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Dés : 12, savoir si Yularen est sincère ou non

Juste un murmure, en guise de réponse. Oui, il était très conscient de ce qu’il s’apprêtait à faire, quand bien même leur jeune invité semblait ne pas y croire. Une réaction à laquelle le colonel s’était attendu, il était impossible qu’on le croie sur parole, surtout sur un sujet aussi sensible. Bah, qu’importe, il aura essayé la tactique du « parlons d’abord, agissons ensuite ». Une tactique qui n’avait jamais marché avec la plupart des Jedis, Anakin compris, qui préféraient de loin la tactique « Courrons tout droit en sautant pour éviter les murs ». Mais même si c’était prévisible, au fond, il était assez agacé, blasé, déjà bouleversé par tout ce qu’il avait vu et entendu depuis plusieurs mois, renforçant la frustration de voir la méfiance se dresser encore en mur furieux devant les seules voies de sorties possible s’offrant à eux. La réaction du jeune homme avait beau être complètement légitime, elle l’agaçait, elle le frustrait à un point incroyable et lui rongeait des nerfs déjà bien usés par ces dernières semaines d’un travail impossible et de la montée en puissance d’un Empire Sith. S’il était ici, dans cette pièce, c’était bien parce qu’il n’en pouvait plus, parce que les seuls recours restant consistaient à trahir.

« – C’est nouveau, comme méthode, pour essayer de piéger les gens ? Vous ne nous aviez pas habitué à ça, pourtant. A quoi est-ce que vous jouez ? »

« – Je. Ne. Joue. Pas. »

Il n’avait pas traversé autant d’histoires de fous ni travaillé sous l’égide de deux régimes radicalement différents pour se permettre, aujourd’hui, de jouer ! Pinçant le nez, il se frotta le visage à deux mains en respirant profondément, pour reprendre son calme. Il ne s’était pas attendu à ce que ce soit facile, évidemment, mais… D’un seul coup, il eut la forte attention d’assommer le gamin et de l’abandonner sur une planète de passage, avant de repartir aussi sec. Fin de l’Histoire, rideau, comme on dit ! Il saura ensuite justifier une affaire d’évasion, ce sera d’autant plus simple qu’il avait l’entière confiance des plus puissants dirigeants de cet Empire, personne, même, ne se déplacera sur ce vaisseau pour la moindre vérification.

« – J’ai accepté de servir un Empire, pas les Siths. Tu sais pourquoi ? La république était réellement corrompue. Un pouvoir plus fort est un pouvoir plus stable ! J’avais confiance, entièrement confiance, en les Jedis, ils étaient l’un des seuls points sûr auquel je croyais à cette époque. Et lorsque tout a volé en éclat, ce qui était bon a été déchiré aussi. La situation dérape, avoir rencontré Darth Plagueis et d’autres crétins du même moule fait beaucoup relativiser les choses, vois-tu. »

Un léger rire nerveux lui échappa, l’espace d’une seconde, lorsqu’il repensa à Darth Krayth. Le colonel fit un vague geste de la main désabusé puis se leva. Il avait foi en ce régime, plus foi en ses dirigeants, tel était le problème aujourd’hui. Et même s’il n’avait guère confiance non plus dans l’Alliance Rebelle, il existait d’autres moyens à utiliser.

« – Sinon, on peut se contenter de te faire jeter dehors, dans une capsule de sauvetage, quelque part dans les environs. Faire croire à une évasion ne sera pas difficile, pour moi, crois-le bien. »

– Je. Ne. Joue. Pas.

Et qu’on le pardonne de ne pas porter foi immédiatement en la parole d’un officier impérial, merci bien ! Et s’il jouait la comédie, c’était très bien fait, pour le coup, l’agacement et la frustration lui ressortait par tous les pores de sa peau. Un colonel du BSI, à bout de nerfs, en train de discuter avec un Jedi, on ne voyait pas ça tous les jours.

– J’ai accepté de servir un Empire, pas les Siths. Tu sais pourquoi ? La république était réellement corrompue. Un pouvoir plus fort est un pouvoir plus stable ! J’avais confiance, entièrement confiance, en les Jedis, ils étaient l’un des seuls points sûr auquel je croyais à cette époque. Et lorsque tout a volé en éclat, ce qui était bon a été déchiré aussi. La situation dérape, avoir rencontré Darth Plagueis et d’autres crétins du même moule fait beaucoup relativiser les choses, vois-tu.

Il marquait un point… Et le rire bizarre qu’il fit juste après avait dû lui échapper. C’est vrai que Plagueis avait pas mal secoué l’armée, il était celui qui y était resté le plus longtemps, celui qui avait causé le plus de disparitions et de désertions, celui, aussi, qui s’était servi de certains soldats pris au hasard comme de cobayes. Et ce colonel devait forcément être au courant qu’il était aussi le responsable de la pandémie. Les quelques Siths qui n’étaient pas aussi cinglés devaient être sacrément heureux que leur cher confrère leur ait autant pourri leur image, tiens, rien de mieux pour perdre d’office des alliés potentiels et ne pas pouvoir obtenir un minimum d’écoute ou de compréhension. Il ne bougea pas d’un pouce lorsque le colonel se leva, par la suite, hésitant encore à lui accorder un minimum de crédit. Il était plus poussé à le croire, mais sans preuve formelle… Se laisser avoir aussi bêtement serait quand même le comble, la rébellion n’avait pas besoin de ça, surtout avec Leia.

– Sinon, on peut se contenter de te faire jeter dehors, dans une capsule de sauvetage, quelque part dans les environs. Faire croire à une évasion ne sera pas difficile, pour moi, crois-le bien.

– Admettons une minute que je vous crois. En oubliant un peu que ce que vous faites là est une trahison pure et simple, envers votre camp, je peux sans doute vous rappeler que je ne pourrai pas tout changer seul ? Aider ma sœur est une chose, monter tout un camp, assez entraîné et prêt à combattre les Siths, s’en est une autre. L’Ordre n’existe plus vraiment, vous le savez déjà. L’Ordre Sith non plus, si on veut aller par-là, sauf comme d’un vague outil. Plagueis agissait seul.

Ce serait facile de mettre tout le monde dans le même sac, mais bon, Luke se doutait que tous les Siths peuplant cette galaxie n’étaient pas tous des adorateurs de la destruction de masse, de la mort à grande échelle, avec une volonté nihiliste démesurée. Tous comme les Jedis n’étaient pas tous des saints prêts à défendre la veuve et l’orphelin en sacrifiant leurs propres vies. En bref, cette galaxie n’était ni blanche ni noire, et aucun de ceux qui y vivaient ne pouvaient l’être aussi, tout le monde avait une part moins avouable cachée au fond du cœur.

– Seriez-vous prêt à aider à plus long terme, contre les siths comme lui, qui voudraient reproduire des catastrophes comme la pandémie ?

« – Admettons une minute que je vous crois. En oubliant un peu que ce que vous faites là est une trahison pure et simple, envers votre camp, je peux sans doute vous rappeler que je ne pourrai pas tout changer seul ? Aider ma sœur est une chose, monter tout un camp, assez entraîné et prêt à combattre les Siths, s’en est une autre. L’Ordre n’existe plus vraiment, vous le savez déjà. L’Ordre Sith non plus, si on veut aller par-là, sauf comme d’un vague outil. Plagueis agissait seul. »

« – Je me doute que tu n’agiras pas seul. »

Il n’espérait qu’il agisse le fasse, de toute façon. Sans vouloir revenir à un système comme autrefois, il serait bien d’avoir… du nouveau, du… Comment dire cela… C’était encore un peu flou, dans son esprit. Toujours est-il qu’il y a des dérives qui n’étaient simplement plus tolérables et qui devaient être évincées si on tenait à garantir la sécurité de l’Empire et celle des citoyens y vivant. Beaucoup de mondes étaient en paix, quoi qu’on en dise, et bien des peuples vivaient sans se soucier ni de la guerre civile, ni de la propagande impériale, ni des quelconques troubles agitant les secteurs ici et là. Il serait bien stupide de penser que tout le monde avait d’ores et déjà choisi un camp, ou que tous étaient prêts à prendre parti. Or, ces mondes-là pouvaient être dévastés une fois de plus, si on ne prenait pas certaines mesures… L’Empire ne pouvait tenir dans le temps que si on le consolidait sans s’appuyer sur une machine aussi autodestructrice. Et puisque cela passait par transformer des ennemis déclarés en alliés, lointains ou proches, volontaires ou non, soit.

« – Seriez-vous prêt à aider à plus long terme, contre les siths comme lui, qui voudraient reproduire des catastrophes comme la pandémie ? »

Il avait compris qu’il n’aidera pas la Rébellion mais bien uniquement toutes les actions qui serviront à stopper les membres de l’Ordre Sith. Très bien. C’était un combat que le colonel dissociait très clairement, il y avait un gouffre entre combattre contre un système politique que l’on n’approuvait pas et combattre contre un Ordre ancien, destructeur et pourrissant littéralement cette galaxie. Hélas, bien trop de personnes mélangeaient aujourd’hui ces deux combats, associant l’Empire aux Siths, alors même qu’il était possible d’avoir un Empire fort qui ne soit pas contrôlé par l’un d’eux. Par ailleurs, dans le cas du simple combat contre un système politique, cela ne méritait aucunement une guerre civile… Beaucoup de rebelles devraient plutôt se demander pourquoi le système avait autant dérivé vers la dictature, alors que leur cher Chancelier avait été élu.

« – Je ferai ce qui est en mon pouvoir pour contrer les dingues du type de Plagueis, s’il faut pour ça collaborer de nouveau avec des Jedis, soit. »

Il voyait bien qu’il n’était pas encore entièrement convaincu, mais peu importe… Le colonel hocha doucement la tête puis quitta la cellule. Une fois rejoint ses hommes, il leur ordonna d’à nouveau assommer le petit, il s’occupera de le faire éjecter dès qu’ils seront arrivé dans l’Espace Sauvage. Ici, il y avait encore trop de mouvements impériaux, il serait dommage qu’il se refasse capturé aussitôt…