L’air du bureau était frais, un peu moins de 17 degrés, comme l’appréciait le lieutenant actuellement en train de pianoter sur son bureau un œil allant et venant de son clavier holographique à une série d’écran projeté dans son espace de travail. L’un d’eux retenait tout particulièrement son attention et rendait compte de la progression de son invitée au sein de l’Ecuménopole.

Ce ne serait pas la première entrevue du lieutenant avec cette jeune twi’lek appréciée par la tête de la 7e flotte, la précédente s’était achevée par la capture et l’interrogatoire d’un commandant de la Confédération presque deux ans plus tôt, un évènement marquant qui n’avait pas manqué d’éveiller la curiosité du lieutenant à l’égard de cette jeune femme, parvenue à une victoire écrasante face à une escadrille ennemie largement supérieure en nombre.

Cependant, les derniers rapports en provenance de la 7e flotte mentionnaient une série de revers pour le capitaine, dont notamment la destruction de son vaisseau, l’Effrontée, dans des circonstances curieuses visiblement en lien avec l’utilisation de la force. La twi’lek semblait avoir un don pour découvrir les sensitifs et à se placer sur leur chemin et c’était justement la raison de sa convocation aujourd’hui. Pour soutenir son projet, le lieutenant aurait besoin d’informations concernant ces êtres capables de plier le monde et les esprits à leur vouloir, or l’interrogatoire du capitaine semblait le bon moment pour débuter.

Tapotant doucement sur son bureau dans un geste mécanique, l’homme esquissa un sourire en découvrant la caméra du couloir de son étage lui rapporter la progression rapide du capitaine et des deux agents l’escortant jusqu’à son bureau, s’arrêtant devant sa porte avant d’en actionner le signal sonore.

Le lieutenant fit rapidement disparaître ses écrans en cours, sauvegardant sa progression et éteignant l’ensemble pour ne plus laisser que lui, au milieu du bureau sombre et froid, à l’image de la machine impérial.

~ Lieutenant ? Le capitaine Calista.

Actionnant une commande de son bureau, Aidan fit ouvrir la porte à distance, se lever seulement de moitié à l’entrée des trois individus.

~ Ce sera tout sous-lieutenant, je vous remercie. Adressant un sourire affable plein d’une aimable ironie à l’attention de son subalterne, il les invita du geste après la parole à sortir de son bureau, attenant que cela soit fait pour tourner son attention vers son « invitée ».

~ Capitaine Calista, voilà longtemps que nous n’avions eu le loisir de nous voir. Prenez-place je vous prie…

Le visage inexpressif, la twi’lek prit place à son invite avant de desserrer les lèvres.

Lieutenant Lancot, je dirais que deux années nous sépare depuis notre première rencontre. Cela tenait plus du fait que de la salutation, la jeune femme était visiblement sur ses gardes et consciente du poids de ses mots, la première question serait de savoir si elle, savait pourquoi elle était ici. Mais le capitaine enchaîna rapidement. Que puis-je pour vous ?

Sans quitter son sourire, qui renvoyait paradoxalement au visage inexpressif de son interlocutrice, le lieutenant se rassit derrière son bureau, s’enfonçant profondément dans le meuble de métal tout en joignant les doigts devant, observant la militaire par-dessus le pont ainsi formé.

~ Deux années riches en évènements, très riches… Et vous semblez vous-même ne pas avoir chômé ! Aidan marqua une petite pause à la fin de sa phrase, la twi’lek plongea son regard dans le sien il n’hésita pas à lui rendre à mi-chemin entre le fonctionnaire froid et mécanique et le regard sarcastique.

~ C’est justement en rapport avec vos activités que vous avez été convoquée aujourd’hui. Logiquement… Marquant une seconde pause, le lieutenant modifia sa position pour se pencher sur la droite, ouvrant le compartiment de son bureau pour en extraire deux verres et une bouteille avant de continuer à parler tout en servant.

~ … le protocole voudrait que l’on perde du temps, moi en vous demandant si vous savez pourquoi vous êtes là, vous en faisant semblant de répondre à côté, etc… Mais je dois avouer ne pas avoir de temps pour cela en ce moment. Aussi je me permettrais d’être un peu plus direct que dans mes habitudes.

Plaçant d’autorité un verre rempli aux deux-tiers d’un liquide coloré aux senteurs fruitées devant le capitaine, Aidan élargit un instant son sourire avant de poser sa question.

~ Connaissez-vous une certaine « Ekath » ?

Le capitaine refusa le verre d’un geste, l’écartant d’elle avant de répondre d’une manière qui surpris quelque peu son interlocuteur.

Pas d'alcool lorsque je suis en service. Oui je connais la dame noire Sith, Lady Ekath. Une femme sommes toute des plus charmante, mais à prendre avec prudence lorsque l'on tiens à la vie de ses hommes d'équipage et son vaisseau. Si le lieutenant aurait eu des difficultés à remettre en cause l’attrait certain que le caractère flamboyant et la plastique sanguine de la sith exerçait sur son environnement, il s’étonnait pour autant du caractère très affectif de la description de son interlocutrice.

Si vous me parlez d'elle, c'est que mes hommes et ma navette vous ont trouvés sans le moindre soucis?

~ La sith est belle bien arrivée sur Coruscant dans une navette impériale homologuée, « escortée » par vos hommes. Bien trop peu pour l’empêcher de faire quoi que ce soit, mais bien assez pour vous mettre dans une situation délicate, capitaine… Lui confia-t-il finalement avec un fin sourire. Sa gorge se souvenant encore avec une certaine douleur de sa « découverte » de la dite sith.

~ Ce que j’apprécie chez-vous capitaine, c’est que vous n’essayez même pas de cacher les faits, au risque de vous placer vous-même en difficulté. Vous faîtes honneur au nom de votre regretté vaisseau, mais peut-être pas pour votre plus grand bien. Se renfonçant doucement dans son fauteuil, l’homme croisa les jambes avant de joindre les mains sur son genou, décalant légèrement l’axe de son corps pour se positionner confortablement en attendant le récit à venir.

~ Racontez-moi dans le détail votre rencontre avec cette « dame noire » je vous prie. Celle-ci a peut-être omis certains détails qui pourraient vous aider. Le lieutenant affichait un sourire agréable, réconfortant, l’invitant à se livrer à lui sur cette question, comprenant que la capitaine ne semblait pas considérer ses actions d’alors comme une faute à l’égard de l’empire.

Les préliminaires amicaux de la conversation s’étaient achevés avec cette dernière question. Le capitaine qui s’était jusque-là comporté sans véritable crainte affichait à présent un air dérangé, visiblement vexée par la question et ce qu’elle pouvait laissait entendre.

J'aimerais bien savoir ce que vous me reprocher sur le sujet? J'ai fait en sorte qu'elle arrive à destination entière et droit en votre compagnie. Après tout, n'est-ce pas vous qui êtes le plus adéquat pour interroger les habitants de cette galaxie ? Que devrais-je caché d'après vous ?

La twi’lek ne semblait visiblement pas bien comprendre les circonstances dans lesquelles elle se trouvait, jouant la vierge effarouchée, elle se complaisait dans une position de victime, allant jusqu’à tenter de retourner l’interrogatoire en posant elle-même ses propres questions.

Sa démarche ne fut pas sans faire sourire le jeune officier. La démarche était maladroite et peu efficace dans ce cadre, mais la capitaine était réputée pour son effronterie justement. Peut-être cela ne découlait-il pas d’un caractère, mais d’une absence de compréhension des codes militaires en réalité ? Si cela devait être le cas, cela entrainerait certaines questions concernant les conditions de son accession à un poste de commandement. Un individu incapable de respecter la chaîne de commandement était un danger potentiel en pleine bataille et devait donc être écartée à tout pris des prises de décision.

Mais la jeune femme n’en avait pas fini. Son numéro bien entamé, elle consentit finalement à fournir un descriptif, rapide, de sa rencontre avec la dame noire.

La Dame, est arrivée de façon assez étrange, un peu comme un cheveux sur la soupe et a demandé à rencontrer le responsable du vaisseau, à savoir moi. Elle ne s’est pas de suite présentée à nous, alors mes hommes ont fait en sorte de la désarmer. S’en est suivi une discussion houleuse entre nous deux, concernant son arrivée dans notre époque et nos manques de manières. Lorsqu'elle s'est mise à menacer mes hommes d'équipage et moi-même, il a fallu ruser rapidement. Je lui ait alors prêter des livres d'histoire de ma collection privé pour la calmer. J'ai ensuite fait préparer un vaisseau, avec pour ordre donné à mes hommes de l'escorter sur la capitale, mais surtout droit à vous et vos services. Après tous, votre service, n'est-il pas le plus adapte pour les interrogatoires ?

Le sourire du lieutenant pour se teinter d’ironie, commençant à se poser de sérieuses questions sur les capacités du capitaine. Comment était-elle arrivée à ce poste ? Son dossier mentionnait des capacités exceptionnelles de pilote, mais cela ne justifiait pas l’obtention d’un poste de commandement. Des qualités de leader peut-être ? Elle déclarait estimait la vie de ses hommes autant que la sienne après tout. Mais pourquoi créer autant de remous en nommant une non-humaine capitaine de vaisseau ? Si ce n’est pour disposer de quelqu’un avec une sérieuse envers vous à la tête d’un certain nombre de vaisseaux ? En continuant de faire grimper le capitaine, l’amiral Thrawn s’assurerait ainsi la loyauté des hommes sous son commandement…

~ Pardonnez-moi capitaine, mon ton amical vous a peut-être donné une mauvaise impression concernant notre petite… conversation. Commença le lieutenant sur un ton doucereux, les lèvres étirées d’un sourire amusé. Vous n’êtes pas ici en position de poser des questions, mais plutôt d’y répondre.

Sans se départir de son sourire, le jeune homme se renfonça dans son fauteuil, croisant les mains sur ses genoux tout en plantant ses billes froides dans les yeux de l’alien face à lui.

~ Ce que l’on vous rapproche capitaine… Est d’avoir agi sans aucun respect de la chaîne de commandement, d’avoir pris des initiatives potentiellement malheureuses avec une sensitive, d’avoir non seulement mis en danger votre équipage, mais également les citoyens de Coruscant en offrant à une inconnue de disposer d’une navette militaire pour accéder à notre monde-capitale.

Marquant une pause, le lieutenant étendit nonchalamment un bras afin de récupérer son verre, le portant à ses lèvres sans quitter le capitaine du regard, de l’autre côté de son bureau, avant de reprendre, toujours sur le ton posé de la discussion.

~ Vous avez commis un nombre ahurissant d’erreurs lors de cette affaire. La première et non la moindre aura été de permettre à une inconnue de monter à bord de votre bâtiment. Une fois avertie de la nature de votre « invitée », le protocole aurait voulu que vous contactiez aussitôt le BSI avant de prendre des initiatives et surtout, avant d’allouer des ressources militaires à la dite inconnue. Enfin… il aurait été bien plus pratique pour vous d’attendre la venue des services de sécurité ou de nos services sur votre vaisseau, évitant ainsi une potentielle infiltration d’un ennemi de l’empire sur Coruscant et de mettre en danger les citoyens de la planète.

Marquant sa dernière déclaration d’un sourire paternaliste de pitié, le lieutenant reposa son verre, son visage toujours aussi amical que son regard était froid.

~ En somme capitaine… vous avez merdé. Et ce dans les grandes largeurs. Cette affaire pourrait vous coûter votre poste, voire votre liberté.

Le capitaine ne se laissa pas démonter par la longue tirade du lieutenant. Pas de visage défait, ni même d’énervement. Au contraire, elle sut rester calme tout du long avant de soulever un point que d’autres avant elle avaient déjà fait remarquer, l’absence de déclaration franche sur la position des siths dans l’empire.

Quelle chaîne de commandement? Il n'y a aucun ordre venant de Coruscant, ni des hauts gradés concernant ce que l'on doit faire ou non avec les sensitifs, donc à partir de là, j'ai agis au mieux pour préserver mes hommes et leur vie, ne vous en déplaise.

La remarque était en soi pertinente et Aidan l’accueillit avec un léger sourire amusé. Si elle n’avait pas été dans sa position, peut-être son témoignage aurait-il pu recevoir une plus grande crédibilité et ne pas apparaître comme la tentative d’un militaire fautif de rejeter le blâme sur une hiérarchie silencieuse, mais se sentant visiblement pousser des ailes la twi’lek continua… à tort.

Parlons en des bureaux et des déboire que j'ai eus avec. J'ai récupéré une Jedi sur Odessen et demandé à ce que le colonel Yularen vienne la récupérer ou un de ses agents. J'ai dû la garder une semaine, pendant laquelle, elle a débauché avec ses pouvoirs deux de mes hommes qui ont été mis aux arrêts et jugés. Velma Truchessa , agent supérieur du BSI est venue sur mon bâtiment, a torturé la jedi, au point que sa force, ou je ne sais quoi, a fait exploser mon vaisseau que j'ai toujours eu à coeur de protéger contre les sensitifs, les rebelles ou tout ennemis de l'Empire. J'ai perdu une dizaine de mes hommes, j'ai sauvé votre agente et je me suis retrouvée blessée... Donc clairement, il y a un soucis de compréhension entre soldat et bureaux....

Penchant la tête sur le côté, le lieutenant arbora le sourire d’un père pour son enfant turbulent qui ne comprend pas la leçon, un mélange de patience et de pitié.

~ Voilà justement pourquoi il est nécessaire de ne pas laisser des sensitifs inconnus parcourir la capitale sans surveillance. Vous l’avez évoqué, cette jedi a débauché vos hommes. Quelle assurance avions-nous que lady Ekath ne l’ait pas également fait avec ceux que vous aviez envoyé l’escorter ? Vous auriez donc délivrer une potentielle bombe, capable de faire sauter un vaisseau d’une taille conséquente, en plein cœur de l’Empire. Et avec ça, vous lui auriez fourni la navette nécessaire pour pénétrer avec le minimum de contrôle notre espace aérien et les hommes nécessaires pour potentiellement s’infiltrer dans un complexe impérial…

Marquant une pause le lieutenant laissa échapper un soupir alors que son sourire s’évanouissait, il aurait presque pitié d’elle. Hormis un talent incroyable d’actrice, elle semblait véritablement se croire dans son bon droit et avoir fait au mieux. Moins que de la trahison, cela montrait hélas que le capitaine n’était pas à sa place dans un poste de commandement. Si cette affaire n’avait pas raison de sa carrière, il serait nécessaire que la twi’lek soit placée ailleurs, à un endroit où ses talents seraient utilisés au mieux au service de l’empire, mais qu’elle ne soit plus une faiblesse aussi importante dans leur structure.
~ Je suis sincèrement navré pour vos hommes et votre vaisseau capitaine, mais ils sont morts en accomplissant leur devoir, en préservant l’Empire et ses citoyens du danger que représentait cette jedi. Ils sont morts en héros et illustrent le danger que vous avez fait pesé sur Coruscant avec votre comportement…

L’espèce de son interlocutrice ne jouait pas en sa faveur, elle risquait de devenir un exemple agité par les trop nombreux xénophobes de la structure impériale. La « raison » pour laquelle on ne devrait pas laisser des non-humains à des postes de commandement. Mais également pour tous ceux cherchant à faire tomber l’amiral Thrawn de son piédestal…

S’en était visiblement trop pour le sang-froid de l’alien. Eclatant en récriminations, elle reportait la faute sur la hiérarchie et son absence de directives pour le capharnaum qu’aura été cette affaire.

Et voila pourquoi, il aurait été nécessaire de la part de vos services de mettre en place une procédure à suivre pour ce genre de cas. Surtout que la Lady et la Jedi n'étaient pas les premières sensitives à croiser ma route ces dernière années et que j'ai confié à l'Empire. Cependant, qu'est-ce que vous avez fait ? Rien absolument rien du tout, aucun ordres n'a été donné, de plus avec ces failles étranges qui vomissent à plus savoir quoi faire des sensitifs, depuis trois ou quatre ans maintenant, vous auriez dû prendre des mesures depuis le débuts, mais non, il est plus simple d'incriminer les erreurs des autres que de voir ses propres erreurs.

Retenant un rire, le lieutenant se pencha en avant pour ouvrir le tiroir supérieur de son bureau y récupérant un datapad allumé.

~ Permettez-moi de prendre note de vos récriminations et de les ajouter à votre dossier. Cela ne manquera pas d’étayer l’affaire en votre faveur assurément.

Offrant un sourire d’une ironie rare à sa vis-à-vis, le lieutenant s’abstint de continuer pour lui rendre la parole, le doigt vif sur son écran, attentif aux futures cartouches que la capitaine tirerait d’elle-même dans son cercueil.

Ils ne seraient pas mort, si votre agent n'avait pas mis un tel bordel sur mon vaisseau, donc qu'elle assume aussi ce qu'elle a fait. Vous souhaitez me sanctionner, faîtes-vous plaisir et sachez que j'assume les conséquences en toute connaissance de cause. Si c'était à refaire, je le referais, mais ayez au moins l'intelligence de voir aussi les défauts des autres agents et pas uniquement ceux des gens qui vous dérangent.

~ Et je ferais part de votre hypothèse au BSI également. Considérer que la perte d’un bâtiment impérial est de leur fait ne manquera pas de leur plaire, j’en suis certain.

Attendant un instant, s’assurant que la twi’lek avait bien achevé sa tribune vindicative, le lieutenant rangea enfin le datapad dans son tiroir, le repoussant d’un mouvement indolent du genoux avant de se relever, désignant la porte d’une main franche.

~ Avec tout ceci je pense que nous en avons fini. Je transmettrais le rapport à mes supérieurs et vos commentaires à qui-de-droit. Je vous remercierais de ne pas quitter Coruscant avant de connaître votre sort, cela serait perçu comme une forme de désertion… Vous pouvez disposer.