Crash sur Lothal

Arrivée sur Lothal : 20
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Ils avaient pu récupérer des codes de passage, avant de se lancer vers Lothal. Seule Sabine n’était pas forcément très optimiste, alors qu’elle avait pourtant été la première à valider ce retour sur la planète et leur plan d’action une fois sur place. Il s’était installé au poste de pilotage, Sabine sur le siège du copilote, bras et jambes croisées avec une moue un peu froncée. Hera et Kanan s’étaient isolés un moment pour « discuter », et à voir la tête de Kanan quand il était parti avec elle, ça n’augurait rien de bon. Sabine lui avait marmonné que ce n’était jamais bon signe, quand on vous disait « je dois te parler ». Il évoquait avec elles toutes les hypothèses possibles, sur le pourquoi Hera avait soudain eu cette demande. Elle était bizarre, elle aussi, depuis… deux bons mois, maintenant, même trois ? Parfois de brèves sautes d’humeur, des moments d’absence, ça ne lui arrivait jamais avant. Sabine lança qu’ils allaient peut-être enfin parler sérieusement de leur couple, avant de s’étirer dans le fauteuil comme un petit chat. Il la regardait, du coin de l’œil, la trouvant de plus en plus attirante, ces derniers temps.

Ils quittèrent en douceur l’hyperespace, avant d’arriver en vue de Lothal. Ezra sentit son coeur faire un gigantesque bond dans sa poitrine, en voyant sa si chère planète natale, même la présence des trois destroyers en orbite ne gâchaient pas le tableau parfait. Voilà trop longtemps qu’ils n’étaient plus revenus, trop longtemps qu’il n’avait pu respirer l’air si pur de sa planète, trop longtemps qu’il n’en avait plus revu les paysages si tranquilles. Il fit d’abord transmettre les codes de passage volés, tout en prévenant les autres qu’ils arrivaient. Quelques instants plus tard à peine, alors que Hera revenait en vitesse dans le cockpit avec les autres, il haussa un peu les sourcils en recevant en retour l’injonction de baisser leurs armes et se préparer à être ‘escortés » vers le destroyer le plus proche. Juste au moment où toute une batterie de TIE en sortait et filait vers eux. Oups, bien, on doutait que leurs codes n’étaient déjà plus d’actualité, ça, c’était bête. Hera le vira littéralement du siège pilote et lui lança de prendre le Phantom, ils allaient d’abord disperser les forces ennemies avant de foncer vers la surface de la planète.

Sabine le dépassa en trombe pour grimper dans la tourelle et le poste de tir, pendant qu’il se glissait dans la petite navette, le Phantom, et se mettait aussi en place. Allez, ils avaient déjà faits ça des dizaines de fois, ce n’était rien, une de plus ! Kanan lui dit brièvement de les retrouver à l’endroit habituel, avant que la navette ne se détache du cargo. Ils étaient sacrément nombreux, en tout cas, et ça commençait déjà à tirer en tous sens. Ezra poussa un premier juron sonore, repris par Hera presque aussitôt à la radio, qui elle gardait un calme olympien. Il leva les yeux au ciel quand son mentor lui dit de se laisser guider par la Force. Ah non, ça non, il ne comptait pas complètement se laisser aller et entrer dans une sorte de transe pour piloter, pas alors qu’autant d’ennemis étaient dans son viseur, merci bien, ils en reparleront plus tard ! Il fut vite séparé des autres, mais descendit rapidement, un peu trop rapidement, un tir endommagea tout à coup gravement l’arrière de l’appareil, puis le côté, il perdit le contrôle des commandes. Cette fois, il avait bien en vu les plaines de Lothal, mais elles se rapprochaient beaucoup trop vite à son goût.

"Hera !" s’écria-t-il. "Je…"

Elle ne dû jamais entendre la suite. Le Phantom s’écrasa dans un choc assourdissant, trop vite pour qu’il puisse vraiment réaliser ce qui se passait, il ne se rappela du moment de l’impact qu’une immense et terrible douleur qui lui vrilla le corps tout entier. La douleur qui fut alors son seul et unique repère, il ne voyait plus rien, n’entendait plus rien, ne ressentait rien d’autre que cette souffrance. La suite fut… très flou. De très brefs moments d’une faible conscience, trop faible pour réaliser où il se trouvait et avec qui. Les rares moments où il pouvait vaguement ouvrir les yeux, il ne voyait que des petites tâches de lumière et des silhouettes flous. Même le temps était distordu, il arrivait parfois à compter le nombre de secondes passant puis perdait la notion de tout durant des heures. Une fois, il eut l’impression de flotter dans une sorte de liquide chaud, avant de retrouver ce qui semblait être un lit. A chacun des instants de « réveil », il essayait de comprendre où il était et ce qui était arrivé, sans jamais aucune réponse concluante. Irrémédiablement, il retombait dans un sommeil comateux, entouré par une odeur de médicaments et d’anesthésiants.

Un bruit lointain d’une porte s’ouvrant le tira de ce sommeil très lourd, à un autre moment. Ezra ignorait complètement combien de jours s’étaient écoulés depuis le crash et où il se trouvait, si l’équipage avait pu le ramener auprès des rebelles pour le soigner ou s’il était dans un petit hôpital de la Bordure Extérieure. Ses sens lui revenaient un peu mieux, néanmoins, et il réussit enfin à rouvrir les yeux, voyant d’abord un plafond blanc et flou. Il était à nouveau au fond d’un lit, les membres très lourds, toujours avec cette odeur d’hôpital ou d’infirmerie. Tournant légèrement la tête sur le côté, le regard encore troublé, il vit une silhouette assise plus loin, dans un coin de la pièce, et crut déceler un regard rouge. Hein ?

"Nuru, c’est toi ?" murmura-t-il.

Il était moins grand… Non ? Le jeune homme batailla pour s’éclaircir la vue, attendant encore de reprendre un peu mieux ses esprits. Au bout d’un moment, en y réussissant enfin, il eut l’impression de recevoir un second choc en voyant qui était vraiment assit dans la fauteuil. C’était le destin qui se foutait de sa gueule, ça ?! Ezra redressa la tête, préférant regarder plutôt le plafond. Il n’était pas du tout chez les Rebelles… Au même instant, il sentit quelque chose contre sa cheville, et en remuant un peu, comprit qu’il était attaché.

"Si vous espérez en profiter pour tirer des informations sur les rebelles, vous pouvez vous brosser," grinça-t-il des dents en s’obligeant à paraître un minimum plus réveillé. "Je ne trahirai pas les miens."

Ezra avait déjà connu certains réveils douloureux mais celui-là faisait sans conteste parti du top dix. Coincé au fond d’un lit dans ce qui devait être un destroyer impérial, face à un des types qu’il détestait le plus dans cette galaxie, alors qu’il n’était même pas en mesure de se lever tout seul. Il essayait, pourtant, mais avait l’impression bizarre d’avoir tous les membres en coton, ayant autant de forces qu’un chaton nouveau-né. Toute son inquiétude était tournée vers les autres membres de l’équipe plutôt que sa propre situation. S’en étaient-ils sortis ? Où étaient-ils ? Allaient-ils bien ? Avaient-ils pu quitter la planète ou étaient-ils restés ? Il fallait qu’ils poursuivent a mission sans lui… Les habitants avaient besoin d’aide, ils attendaient depuis déjà trop longtemps. Bouge, bon sang ! Plus il essayait, moins il voyait de résultats, sans doute trop d’anesthésiants dans le sang. Et puis, depuis quand les impériaux soignaient leurs prisonniers au lieu de les achever ?! Ah, peut-être à cause des failles… Ils ne devraient pas se poser de questions, la Force ne ramènerait pas un type comme lui.

"Alors vous connaissez Kung’urama’nuruodo ? Je sais qu’il se fait appeler Nuru mais c’est un peu réducteur de lui donner un surnom lié à notre clan, vous savez, et un peu insultant."

"Allez donc le lui dire, ça, que c’est réducteur. Il ne connaît pas son vrai nom."

Et très franchement, le jeune Padawan pouvait bien se faire appeler de toutes les façons possibles, comme ça lui chantait, ce n’était pas Ezra qui allait chercher à savoir ce qu’il y avait derrière, de un parce qu’il ne le connaissait pas assez, de deux parce qu’il ne le voyait que très peu souvent, de trois car il faisait parti d’un peuple dont il avait une très forte tendance à se méfier comme de la peste. Bref, peu importe. Il fronça le nez quand ce sale type ajouta avoir un « informateur haut placé » qui avait permis la capture d’un élément important. Bah tiens, pourquoi pas un informateur parmi les leaders même de l’Alliance, pendant qu’ils y étaient ? Il ne lui fera jamais avaler ça. Des espions, il y en avait dans les deux camps, c’était le jeu ! Et ça ne pouvait progresser que grâce à ça, bien souvent. Ils tenaient plus ou moins longtemps, étaient plus moins compliqués, mais surtout très utiles, il s’en rendait bien compte. Personne n’était assez idiot, dans cette galaxie, pour croire qu’un camp tout entier pouvait se préserver de n’importe quel espion. Mais bref. Il réussit enfin à se redresser d’un demi-centimètre de plus, après un lourd effort.

"Vous nous en apprendrez moins que notre Fulcrum, jeune Bridger."

C’est ça. Le regard d’Ezra s’arrêta un bref instant sur le kalikori posé non loin du lit, comme pour le narguer. Personne d’autre que Hera n’aurait dû avoir le droit de poser la main dessus, ça montrait bien, une fois de plus, le manque de respect total qu’avaient les impériaux pour les traditions et les héritages familiaux ! Ça lui donnait envie de vomir. Quant à sa propre arme, il se doutait déjà bien d’entre les mains de qui elle avait dû atterrir. Maintenant qu’il était un peu plus réveillé, se concentrait devenait plus facile. Seul point encore très frustrant était qu’il ne pouvait pas réellement se redresser ni se relever seul, sans réveiller la douleur. Avoir survécu à ce crash était déjà un miracle en soi, il ferait donc mieux de ne pas trop en demander. Il prit d’abord le temps de se calmer un peu, calquant ses inspirations et expirations sur le rythme des battements du cœur. Cette méthode marchait toujours très bien, sur lui, il l’avait apprise avec Kanan, qui l’avait lui-même apprise avec son maître, enfant. C’était bien mieux que la méditation pure et dure.

"Qu’est-ce que vous me voulez, alors ? C’est juste le plaisir d’avoir capturé un autre rebelle ? Comme si c’était l’arrêt de quelques personnes qui va suffire à faire tomber l’Alliance."

Il trouvait ridicule l’acharnement de l’Empire contre certains Rebelles bien désignés, alors que même si lesdites personnes chutaient, d’autres les remplaceront. Ils étaient nombreux ! Beaucoup plus nombreux que ne pouvait le croire l’Empire. Ezra voulut ajouter quelque chose mais dû serrer les lèvres à la dernière minute, laissant un peu retomber la tête contre le lit. D’accord, ne pas vouloir bouger trop brusquement, compris. Ce n’est que là qu’il repensa à un petit détail, dans la réponse de toute à l’heure, avec Nuru… « Notre » clan ? Un petit frisson l’agita, et il espéra que ça ne voulait pas dire ce qu’il croyait.

"Et bien, d'abord je vais vous remercier. J'ignorais que mon compatriote avait oublié son nom. J'aurais cru qu'il s'en était souvenu mais sans prendre en compte le fait qu'il ait été séparé de ses parents si jeune. Dommage que vous ne puissiez jamais le lui dire."

Même libre, il ne l’aurait pas fait, sans aucun doute… Pour des raisons déjà évoquées et parce qu’il n’avait de toute façon pas retenu le nom entier, il ne pourrait pas le prononcer non plus. Ezra serra les dents et la main gauche contre un bout de la couverture blanche d’hôpital, avec un très mauvais pressentiment. Pas spécialement pour son cas mais pour… C’était un sentiment global, comme si tout à coup, il pressentait qu’une grosse catastrophe allait leur tomber dessus sans crier gare. Il ne saurait pas dire d’où venait cette nouvelle impression, elle était là, c’est tout, et se faisait de plus en plus envahissante.

"Et sinon, je suis venu pour vous expliquer ce qui vous attend. Voyez-vous, l'Empereur a décidé de construire une prison, pour vous autres jedi, sur un monde où vous ne pourrez utiliser la Force. Elle n'est pas achevée mais ce vaisseau vous y amènera. Bien sûr, vous ne serez pas seul là-bas. Luke Skywalker sera fort probablement votre camarade de cellule."

"Il est m…"

Le reste de sa phrase mourut sur ses lèvres, juste avant qu’il ne prête attention au petit sourire narquois de l’amiral. L’évidence le frappa comme un coup de poing, alors qu’il réalisait soudainement l’absurdité de la situation. L’Empire évitait de liquider les Jedis, s’il le pouvait, c’était connu. Et il l’évitait bien plus encore pour des Jedis qui avaient soit un fort potentiel avec la Force, soit avaient été des ennemis puissants, soit dont on savait d’eux qu’ils allaient devenir des ennemis puissant. Luke était dans le premier et le troisième cas de figure, jamais les impériaux ne l’auraient tué, purement et simplement. Mais ça avait été confirmé par une des leaders de la rébellion, elle avait affirmé l’avoir vu mourir des mains de Vader ! Pourquoi, si elle ne… Non… Non, ah non, certainement pas, ça, c’était complètement impossible ! Une très légère couche de sueur vint couvrir son front, alors que le mauvais pressentiment se renforçait. Elle avait une sensibilité à la Force, ça, il le savait, mais… Mais… Non… Et pourquoi ?! Sa main se serra encore plus sur le bout de la couverture, jusqu’à en avoir les jointures blanchies.

"Il n'y manque plus que votre ami aveugle et nous aurons entre nos mains les seuls jedi à n'être pas venus à travers une faille. L'Empereur sera ravi de détenir l'avenir de votre Ordre entre ses mains."

L’avenir de l’Ordre, avec Kanan qui ne se considérait plus vraiment comme Jedi à part entière et avec lui qui ne s’était jamais considéré ainsi tout court ! Et pour Luke… A voir, là, il ne pourrait pas dire, c’était son affaire. Mais merde… Et si c’était vrai ? Si ce qui avait été rapporté de l’attaque de Bespin était faux ? Glacé, d’un seul coup, il imaginait toutes les conséquences possibles à une telle trahison. La Rébellion pourrait se retrouver scindée en plusieurs groupes, comme au tout début, et donc s’en retrouver très affaiblie. Mais qui aurait pu… Les Siths ? Oui, forcément, les Siths, les cinglés comme Vader ! Ou Plagueis. Ou Palpatine. Et ceux qui n’étaient pas Siths mais en avaient la mentalité, comme Tarkin !

"Votre Empereur va être déçu, s’il pense tenir l’avenir de l’Ordre avec Kanan ou moi. Quant à Luke… D’accord, là, j’aurai dû me douter avant qu’il n’avait pas pu être simplement tué. Bon, c’est toujours très agréable de savoir ce qu’a prévu un vieillard aigri mais ça n’explique toujours pas pourquoi vous vous êtes senti obligé de venir le dire en personne. De toute façon, vous croyez vraiment que nous ne sommes que ça, à être venus au monde dans cette époque en étant sensible à la Force ? Vous m’avez eu, vous avez eu Luke, c’est bien, bravo ! Et après ?"

D’autres sauront se lever, s’entraîner, rebâtir l’Ordre Jedi, il en était convaincu. Il y avait des survivants de la Purge, pouvant entraîner les plus jeunes, et même si ça prendra du temps, c’était certain que peu à peu, l’Ordre revivra. Comme la rébellion.

"Pourquoi je vous parle, de toute façon, à part voir la Force comme une vulgaire arme, qu’est-ce que vous y connaissez… Si ça vous amuse de bosser pour des Siths, vous avez un sacré plus gros problème que moi. Il arrivera forcément un jour où ils vont vous étrangler, vous et toute votre famille avec."

"C'est la seule chose que vous ayez trouvé ? Bouh, attention, vos alliés sont dangereux ? Vous croyez que j'ignore les dangers que vous pouvez représenter vous aussi ? Ma première expérience avec la Force date d'il y a vingt-huit ans : un maître jedi, pas un sith mais bien un jedi, a failli me tuer en tentant de m'étrangler avec l'aide de la Force, alors que nous étions sur des vaisseaux différents."

L’incrédulité se répandit sur son visage, il croyait très mal qu’il soit possible qu’un Jedi s’amuse à étrangler une personne de la même façon qu’un Sith ou qu’un cinglé du genre, à moins bien sûr que ledit Jedi soit corrompu. Mais sinon, c’était impossible ! Et puis, pourquoi il se posait la question, de toute façon ? Ce type était un ennemi, rien de plus, ce n’est pas comme s’il allait se retrouver à travailler avec un de ces jours. Et comme cet équipage avait eu l’extrême gentillesse de le soigner, il pourra s’évader dès qu’il pourra bouger tout seul. Là, tout de suite, c’était légèrement compromis et il n’essayait même plus, de toute manière, il y avait sans doute des gardes devant la porte, il ne pourrait pas aller très loin. Patience, une fois de plus, garder patience, même face à un type qui lui donnait envie de vomir par sa seule présence, patience, comme lui répétait Kanan en boucle. Les doutes qu’il avait réussi à lui coller sur la princesse rebelle étaient à eux seuls une raison suffisante pour le pousser à tout faire pour s’évader et aller vérifier ça seul. Il faudra aussi qu’il parle de ça avec Luke, s’il était en vie, il devait savoir ce qui était vraiment arrivé. Lui aussi avait sûrement dû s’évader.

"J'en sais bien plus sur la Force que vous ne semblez le croire. D'ailleurs, je comprend peut-être mieux que vous ce qu'elle est et l'importance que les jedi ont contre l'empire. Par exemple, que se passera-t-il si vous informiez les rebelles que la princesse Leia est l'apprentie de l'Empereur ? Cela finirait en désastre pour votre petite rébellion. Elle en ressortirait plus faible que jamais, sans beaucoup d'effort pour nous."

L’apprentie… De… L’apprentie… De… L’apprentie… Ezra blêmit jusqu’à en avoir la même couleur que la couverture, fixant l’amiral alors que celui-ci se levait, sa bestiole bizarre contre lui, son propre sabre dans l’autre main. Bizarrement, il ne le soupçonna même pas de mentir, sur le coup, son esprit était resté bloqué sur « apprentie de l’Empereur », la phrase tournait en boucle encore et encore dans son esprit, jusqu’à le rendre malade. Par quel magie noire ou antique malédiction de la galaxie une horreur pareille aurait-elle pu arriver ?! On parlait de Leia ! Celle qui combattait déjà l’Empire à quinze ans ! Celle qui était devenue une des leaders de la Rébellion !

"En fait, je me demande même pourquoi on vous considère comme une telle menace. Je ne vois pas un jedi devant moi, à peine un enfant. Vous ne méritez pas d'avoir un tel objet en votre possession."

"L’enfant n’a pas besoin de votre avis pour savoir ce qu’il doit combattre et pourquoi."

D’un point de vue extérieur, c’était sûrement très peu crédible, car il était effectivement jeune, faisait même plus jeune que son âge réel, et en étant au fond d’un lit d’hôpital avec le même teint qu’un cadavre en état de décomposition avancé, ça n’aidait pas à paraître sérieux. Des petits détails qui lui passaient actuellement très loin au-dessus de la tête, seul le très gros problème soulevé par Leia lui hantait l’esprit, secondé par une autre question, que pouvait-il y faire ? Là-dessus, ce *** de Chiss avait raison, il ne pouvait rien dire sans risquer de briser la rébellion, si c’était réel, du moins. Et ça, il ne pourra le savoir qu’après avoir parlé à Luke. Il savait pourtant très bien lui-même à quel point frôler le Côté Obscur était facile, à quel point y sombrer pouvait être rapide. Merde. Merde, merde, merde !

Et Luke, là-dedans ? Que s’était-il vraiment passé ? Parce qu’il n’y avait pas que ça… Ezra avait su qu’il avait eu une sorte de dispute avec la princesse, il y a déjà longtemps, et qu’elle l’avait littéralement fait jeter loin des rebelles. Il y avait un rapport ? C’était pour ça qu’elle l’avait déclaré mort aux mains de l’Empire ? Ou parce qu’il avait su… Il ne savait pas, les rares fois où il les avait vu tous les deux côte à côte, c’était toujours bizarre, il y avait comme une sorte de pression ou de tension. Pourtant, ils avaient exactement le même âge, les mêmes causes à défendre, ils se ressemblaient un peu… Sauf que l’une était colérique et importée, et l’autre très calme, presque en retrait.

"Bien joué à l’Empereur, sur ce coup-là," souffla-t-il. "Je pense que Luke réussira à s’échapper, lui aussi. Et entre gamins, on pourra s’entraider et lutter contre tous les Siths qui veulent notre peau et celle de la galaxie. Ou contre ceux, comme vous, qui pensent que c’est une bonne idée de les suivre. Faudra bien qu’on se débrouille seuls, entre mômes, puisque votre patron s’est arrangé pour qu’il n’y ait plus d’aînés à donner l’exemple."

Il y avait un problème, là. Un très gros problème. La panique revint faire battre son coeur un peu plus vite, accompagnée par une angoisse montante. Que l’amiral approche, il s’en fichait complètement, mais la Force… Elle avait… Qu’est-ce que c’était que ce bordel, encore… Ils avaient trouvé une arme qui permettait de couper les sensitifs de la Force ?! C’était possible, ça ?! L’horreur le saisit un instant à la gorge, avant qu’il ne se reprenne un peu, toutes les explications possibles défilant en boucle dans son esprit sans qu’il ne puisse trouver la bonne. Il releva ensuite les yeux vers l’amiral, qui se tenait maintenant près du lit d’hôpital, détestant encore plus ce regard rouge sang. C’était exactement le même que celui de l’autre type Chiss venu des failles et qui avait re-disparu peu de temps après… En moins dur, par contre, chez Thrawn, il devait bien l’avouer platement. Mais non, enfin, qu’est-ce qu’il racontait, c’était la même chose ! Et peu importe, d’ailleurs, on se fichait de ça, pourquoi la Force avait disparu ?! On aurait pu le priver d’un seul coup de l’usage de la vue que l’effet aurait été le même, c’était on ne peut plus angoissant.

"Je pense qu'une mise au point est nécessaire, jeune Bridger : Luke Skywalker ne s'évadera pas. Vous non plus. Et quand vous pourrez discuter là-dessus avec lui, vous pourrez lui dire que nous avons un ami commun : le colonel Yularen. Peut-être que Kallus vous a parlé de son ancien mentor ? C'est lui qui détient votre ami."

Ça, c’était le genre de petites phrases qui vous motivaient encore plus à tout entreprendre pour vous évader, par pur esprit de contradiction. Il soutint ce regard en essayant de ne pas trop montrer l’angoisse liée à la disparition de la Force, sans répondre pour l’instant. Mais elle revint, ensuite, lorsque l’amiral s’éloigna. Ezra prit une légère inspiration, comme s’il remontait juste à la surface après avoir failli se noyer, très troublé. Puis il lança un regard tout à coup soupçonneux vers l’espèce de lézard géant que ce sale type tenait dans ses bras.

"Vous avez trop d'assurance en vous sur ce qui est le "Bien" et le "Mal", jeune Bridger. N'hésitez pas à y réfléchir avec Skywalker quand vous le croiserez et transmettez lui mes amitiés, au passage."

"C’est ça," marmonna-t-il. "Comme s’il y avait besoin de réfléchir longtemps pour comprendre qui est le Mal incarné, dans cette galaxie. Même vous, vous êtes normal, à côté."

Cette fois, il ne visait pas Thrawn, ni même l’Empereur, mais un Grand Moff très connu et très cruel, dont la sale réputation s’était autant répandue sur toute la galaxie que la pandémie elle-même. Ezra ne l’avouera jamais à qui que ce soit, même sous la torture, mais ce type l’effrayait, très sincèrement. Il était si froid, si dépourvu du moindre soupçon d’empathie ou des plus petits sentiments humains qu’il lui donnait l’air d’un immense ange de la mort frappant sans discontinuer. Et ce n’était même pas un Sith, c’était ça, qui était encore pire ! Juste un homme qui avait un esprit si glacé qu’on se demandait comment il parvenait encore à vivre… Il ne remarqua qu’à cet instant que l’amiral n’emmenait même pas le kalikori de Hera avec lui, détail qui le fit d’un coup douter, à son propos. C’était quoi encore, ce nouveau piège ? Impossible que ce soit involontaire, avec lui ! Et s’il avait un truc pour le couper de la Force, pourquoi ne laissait-il pas activé tout le temps ?

"Qu’est-ce que vous fichez, encore…"

La phrase ne lui était pas réellement destinée, il n’espérait de toute façon pas obtenir de réponses, mais il n’avait pu s’en empêcher, très troublé. Il faudra vraiment qu’il voit tout cela avec les autres… Dès qu’il sera sorti d’ici.