Certaines menaces sont éternelles

Pour être parfaitement honnête, Sogua était plutôt soulagé de s’éloigner de Csilla pour le moment, quand bien même il aurait préféré une autre destination que celle-ci. On allait dire que c’était mieux que rien… Une fois de plus, il se frotta les yeux, avec une légère grimace. Il dormait très mal, depuis qu’il s’était fait propulser dans ce temps sans crier gare, et la limite de ses forces approchait, il le sentait. Plus la fatigue grandissait, moins il arrivait à se concentrer ou faire attention à ce qui l’entourait. Son père lui avait déjà reproché ça il ne savait combien de fois, qu’il « devait faire attention », qu’il pouvait « tenir bon longtemps quand même », et ainsi de suite. Il ne dirait peut-être plus ça s’il avait été téléporté dans une autre époque, tiens. A passer l’intégralité de ses nuits à se demander comment se sortir de là.

Il avait peut-être agacé un tantinet les soldats gardant la ville, l’autre jour, aussi… Bah, question d’habitude, après tout, ça n’avait aucune importance. Il passa le voyage à essayer de dormir un peu, sans réussir, et se résolut plutôt à méditer. Seul dans une petite cabine, il en profita pour faire le vide, lisser ses pensées, chasser un moment toutes les questions encore en suspens et ce qui le travaillait toujours. C’était surtout sur la position à adopter qu’il se posait le plus de questions… Comment faire, se comporter comme si rien ne devait pas le toucher car ce n’était pas son temps, de toute façon, ou au contraire, s’efforcer de vivre comme s’il était vraiment d’ici ? Qu’avaient choisi les autres sensitifs arrivés dans ce temps et pourquoi ? Qu’est-ce qui était le mieux ? Et comment savoir qu’on suivait la bonne voie ?

Enfin bref… Pour le moment, il avait déjà plusieurs petites choses à se soucier sur Nirauan. Vérifier si leurs descendants, là-bas, étaient plus aptes à affronter la menace Sith, les sensibiliser si ce n’était pas le cas, les préparer autant que possible à les affronter, donner un cours d’Histoire à ceux ou celles qui le voudront, s’il y en a que ça intéressait, et encore d’autres choses. L’arrivée sur la planète le sortir de sa méditation légère et il se leva, peu enthousiaste. Le soldat qui vint l’accueillir se nommait Kres'ten'tarthi, un homme très solide plus grand que lui d’au moins deux bonnes têtes et avec une forte poigne. C’était… perturbant… Ses traits de visage rappelaient fortement quelqu’un à Sogua mais il était incapable de se rappeler qui. Ah, peut-être Minky, en version plus baraqué. Ça pourrait être un de ses descendants, qui sait ?

En tout cas, le jeune homme doutait qu’il soit possible de prouver la moindre affiliation. Il s’était demandé, déjà, si lui aussi en avait, dans cette époque, mais il était probable que non. Cas simple, son Clan, la famille Aynik, avait été entièrement éradiqué. Les rares survivants, comme lui, étaient restés en une toute petite famille sur Copero, où la majorité d’entre eux était née. Une descendance était difficilement imaginable, il trouvait déjà incroyable que le Clan Nuruodo ait parvenu à se relever. De toute façon, ça remontait à trop loin. Assez endormi et peu concentré, il suivait la conversation sans réellement participer, se contentant de marcher, frottant un peu de temps en temps sa cicatrice sans y penser. Il avait le sentiment d’être suivi mais ne pouvait jamais rien déceler… Il ne se réveilla un peu en reconnaissant, à l’intérieur de la base en construction, la même jeune femme qu’à son arrivée ici et lors du premier interrogatoire.

"Madame," la salua-t-il du bout des lèvres.

Bizarrement, traverser des chantiers, même si celui-là était quand même petit, avait quelque chose de rassurant. C’était familier, tout simplement. N’importe quel petit repère faisait l’affaire, en ce moment. Il laissa d’abord le commandant et la jeune dame échanger quelques politesses et nouvelles, se tenant en retrait sans rien dire. Le sentiment perpétuel de ne pas être à sa place, si fort… Peut-être que cette fois, aujourd’hui, ce sera la bonne. Il s’endormira, et une fois réveillé, il sera de retour chez lui. Son esprit partait de plus en plus loin lorsque la voix de Kres'ten'tarthi résonna plus fortement, le faisant sursauter.

"Oui ?"

"Je disais, avez-vous reçu une formation militaire ?"

"J’ai fait mon service militaire, comme tout le monde, et j’ai été formé également par mon mentor. Pourquoi ?"

"Je m’interroge sur votre niveau, contre des types d’ennemis comme le sont les Siths."

"J’ai été préparé mais je n’ai pas encore eu l’occasion de partir au-devant d’eux. Il y avait à faire encore sur Csilla et mon maître estimait que j’étais encore un peu… trop revendicatif. Ou que je me laissais encore trop mener par l’envie de vengeance, si vous préférez. Il est parti devant, j’attendais juste le bon moment pour le rejoindre."

Un moment qui n’aurait plus dû tarder, dans son temps, encore trois ans, puis il aurait pu partir. Le temps, juste, d’achever une tâche importante, puis il serait parti. N’en déplaise à son peuple.

"Donc, ceux des vôtres qui ont suivi ici, c’est parce qu’ils suivent un peu moins les traditions, c’est ça ?"

Pour cette affaire-ci, à part servir de guide, traducteur selon les besoins, et peut-être tâcher d’en apprendre plus sur la Force, elle ne pourra pas être d’une très grande utilité. En tout cas, comme elle s’y était attendue, leur jeune sensitif venu d’un autre temps ne semblait ni plus en forme, ni plus enjoué d’être dans ce temps, ni même plus à l’aise. Bien entendu. Ewime choisit de ne pas le brusquer, une fois le salut rendu, se tournant à moitié vers le commandant Kres'ten'tarthi lorsqu’il commença par demander des nouvelles, en ce qui concernait surtout les tâches récentes. Les bonnes relations entre les deux peuples étaient, pour lui aussi, une de ses priorités, il ne voulait plus voir du tout, à terme, des soucis ou erreurs dus à un manque de communication ou des incompréhensions entre les cultures et modes de pensée. Sur ce sujet, disons qu’il y avait encore pas mal de travail à faire, encore peu de Chiss étaient venus dans la base, dont la construction n’était pas encore terminée. Le Conseil ayant finalement refusé la collaboration, les venues étaient d’autant plus lentes. Cela évoluera peut-être d’ici quelques temps ?

En attendant, les Chiss à être venus d’eux-mêmes sur cette base seront sans doute plus disposés à déroger des règles habituelles et en apprendre un peu plus sur la Force, si ça leur fournissait de nouveaux moyens de se défendre, elle ne pouvait qu’être d’accord sur le sujet et y contribuer, à hauteur de ses moyens, bien sûr. Par ailleurs, entre militaires, il sera plus simple de se comprendre, non ? Le commandant posa la question à Sogua, qui avait l’air… tout à fait ailleurs. Perdu dans ses pensées, très loin d’eux, si loin qu’elle doutait même qu’il les ait entendus, depuis toute à l’heure. Kres'ten'tarthi haussa brusquement la voix, pour le ramer à la réalité, et surtout savoir ce qu’il avait, comme formation au combat. La diplomate prit bonne note, dans un coin de son esprit, que le service militaire existait déjà, à cette époque. Elle comptait compiler tout ce qui était possible pour le mettre à disposition des archives et compléter leurs bases de données. En ce qui concernait les Siths, c’était encore un autre sujet…

« J’ai été préparé mais je n’ai pas encore eu l’occasion de partir au-devant d’eux. Il y avait à faire encore sur Csilla et mon maître estimait que j’étais encore un peu… trop revendicatif. Ou que je me laissais encore trop mener par l’envie de vengeance, si vous préférez. Il est parti devant, j’attendais juste le bon moment pour le rejoindre. »

Si l’on en croyait les quelques documents mentionnant ce jeune homme, ce « bon moment » tournait aux alentours de ses trente ans, autrement dit, à son âge actuel, il ne devait plus lui manquer grand-chose pour partir. Elle échangea un bref regard avec le commandant, sans toutefois faire de commentaires.

« Donc, ceux des vôtres qui ont suivi ici, c’est parce qu’ils suivent un peu moins les traditions, c’est ça ? »

« Oui et non. Ce sont ceux qui ont voulu adopter une autre façon de combattre et accepter de collaborer avec d’autres peuples, principalement les Humains. Il n’y a que des volontaires, cela dit, je pense que la plupart seront plus susceptibles de vous écouter, à propos des Siths, que ne le feront beaucoup dans l’Ascendance. »

Le mieux restait encore de montrer ce qu’il en était. Et vérifier… Car honnêtement, Ewime n’était pas sûre et certaine que tous, ici, seront prêts à écouter ou comprendre, même s’ils étaient en principe plus ouverts d’esprit, il y avait encore des limites et des habitudes très ancrées. Le commandant les accompagna, au-dehors, puis décida finalement de les laisser, indiquant d’un ton grave qu’elle connaissait le chemin, puis fila de son propre côté. Il devait avoir un travail urgent à faire, sans doute. Elle commença par le conduire dans une des petites zones, petite car là encore les travaux allaient bon train, servant de terrain d’entraînement, à la fois sur le plan physique pur et celui des armes. Une zone où elle dénotait quelque peu, étant donné qu’elle ne sortait qu’en portant les robes traditionnelles des siens, très loin des uniformes et tenues d’entraînement qu’on voyait ici.

« Je m’étais dit qu’il serait bon de faire une sorte de cours commun. Montrer la façon dont on combat un autre sensitif, par exemple. Et pour vous, voir comment les techniques de combat ont évolué à travers le temps et vous y adapter. Qu’en dites-vous ? »

"Oui et non. Ce sont ceux qui ont voulu adopter une autre façon de combattre et accepter de collaborer avec d’autres peuples, principalement les Humains. Il n’y a que des volontaires, cela dit, je pense que la plupart seront plus susceptibles de vous écouter, à propos des Siths, que ne le feront beaucoup dans l’Ascendance."

"Vous croyez ?"

Tout ça lui rappelait quelque chose… Très fortement… Il se mordilla le coin des lèvres pour se retenir de l’évoquer, se contentant de suivre la dame. La dernière fois, il ne s’était pas posé trop de questions, mais là, il se demandait si elle n’appartenait pas à une classe sociale plutôt élevée, d’après la tenue qu’elle portait. Mine de rien, se balader en robe au milieu d’une base en construction, ce n’était certainement pas simple. Mais bon, ça le choquait moins qu’une femme enceinte jusqu’au fond des yeux que sa famille laissait quand même travailler, mine de rien, comme si ce n’était fatigant ni pour elle ni pour le bébé à venir. Pas les mêmes mœurs, une fois de plus, il avait vraiment beaucoup de mal à s’habituer… Enfin bref, ça pourrait être pire. De toute manière, ça ne le concernait pas, rien de tout ça ne le concernait.

Le commandant les abandonna en cours de route, repartant de son côté pour mener son propre travail, la mine grave. Personne ne souriait jamais, c’était bizarre… Que ce soit sur Csilla ou les Chiss croisés ici, à part bien sûr sa guide du moment, tout le monde était toujours très sérieux, on croirait revoir les anciens du Conseil de son époque ! Chaf’ewime’asu le conduisit dans une petite zone qui servait pour les entraînements, de ce qu’il vit. Au milieu des travaux. Puisque la base était encore loin d’être achevée, pourquoi il y avait-il déjà des soldats et autres, plutôt que les seuls ouvriers ? Soit le propriétaire des lieux estimait que ce n’était pas grave, une base encore à moitié construite, soit on pouvait déjà mener ici un travail important qu’il ignorait. Bon, bref, une fois de plus, il ne devait pas s’intéresser… ça ne le regardait pas.

"Je m’étais dit qu’il serait bon de faire une sorte de cours commun. Montrer la façon dont on combat un autre sensitif, par exemple. Et pour vous, voir comment les techniques de combat ont évolué à travers le temps et vous y adapter. Qu’en dites-vous ?"

Pourquoi pas… Il n’en disait pas grand-chose, se laissant, pour le moment en tout cas, guider sans trop réagir. De toute façon, il n’avait pas vraiment le choix. En attendant que la fameuse délégation Jedi arrive dans ce coin de la galaxie, il ne pouvait rien faire sinon rester sagement auprès des siens en s’efforçant de ne pas trop se faire remarquer. Même si on lui prêtait un vaisseau ou que quelqu’un l’emmenait loin de l’Ascendance, où irait-il ensuite, seul ? Sans rien connaître de la façon dont la galaxie avait évolué ? Et dans quel but ? C’était bien un des points qui lui rongeait le plus le sang, il n’avait encore aucun objectif ni but, ici. Il suivit sa guide, à la rencontre des rares Chiss actuellement occupés à s’entraîner ici. Si elle songeait que c’était mieux que de parler à des humains, c’était gentil mais inutile. Il avait déjà l’habitude des étrangers.

Malgré la fatigue, il s’obligea à ne rien laisser paraître. Puis abandonna aussi ses tentatives de leur sourire poliment en constatant qu’ils restaient tous très sérieux, de toute façon. D’accord, après tout, c’était plus facile comme ça. Il commença avant tout par observer les duels à mains nues et avec des bâtons, dans un premier temps, appuyé contre le mur et le bras croisés. Il s’était attendu à ce que les techniques de combat soient très différentes, mais pas à ce point-là… Mais c’était… normal, en fait… Il nota surtout certaines améliorations très nettes, par exemple, dans la situation où se retrouvait à mains nues face à un adversaire armé. Le problème étant que les armes aussi avaient évolué, comme les comportements, affronter quelqu’un ici reviendrait à repartir de zéro.

Il passa finalement à la pratique, face à celui qu’il avait surtout observé jusqu’ici. Faisant le vide complet dans sa tête, mise à part la concentration habituelle dont il avait besoin, il décida de ne pas s’occuper du tout de ce qu’il avait vu ni ce qu’il s’était demandé jusqu’ici. Peu importe, il allait prendre son adversaire comment n’importe quel autre et ne pas s’interroger sur le reste. Car, après tout, lui-même en connaissait rien de la façon dont il avait entraîné et tout ce qui avait été oublié depuis des millénaires. Il se lança à l’attaque le premier, pour ce premier combat à mains nues, sous le regard des deux autres, ainsi que de la Dame Chaf, qui assistaient à la scène. Son adversaire était très clairement un soldat, sa tenue n’en montrait rien, mais toute son attitude était criante de vérité.

Il ne prenait pas franchement le dessus, ni dans ce combat, ni sur les quelques autres qui suivirent, avec ou sans armes. Néanmoins, il parvenait à s’en sortir sans se faire écraser et sans d’immenses difficultés. Ça faisait partie de son sang, ce genre de choses, il s’entraînait déjà tous les jours ou presque, d’où il venait. Pour le moment, pas question d’utiliser la Force ou autre. On verra plus tard la suite des réjouissances.

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Lancer de dés

Pas de chaise, dans le dojo encore en préfabriqué, donc la jeune femme replia comme il faut le bas de sa robe avant de s’asseoir sur le côté et observer le cours des événements. Pour elle, qui n’y connaissait rien en combat, tout lui paraissait vif et impressionnant, alors qu’il existait forcément dans le tas des techniques très simples et courantes. Sogua resta lui aussi un moment à observer, simplement, avant de passer à la pratique. La jeune femme les regarda faire tout en espérant que ça puisse lui éclaircir l’esprit, rien ne valait un peu d’exercice physique pour se remettre en forme. Ou exercer une activité qu’on aimait, ça fonctionnait aussi. Pour sa part, elle préférait lire, se poser tranquillement dans un coin avec un bon roman, sans qu’on le dérange avec des cris ou des problèmes, et c’était le comble du bonheur. Apprendre à combattre ne l’attirait pas, même si elle aimait bien regarder ces entraînements. Pas assez robuste, de toute manière, comme diraient certains, mieux valait qu’elle n’essaye pas. De toute manière, ça ne lui servirait à rien, elle ne partait pas sur les champs de bataille. Même pendant le Vol vers l’Infini, Thrawn l’avait tirée vite fait à l’abri.

Même elle pouvait voir que le jeune homme n’avait très clairement ni les mêmes techniques ni les mêmes habitudes que son adversaire, et il s’en sortait malgré tout. Du peu qu’elle pouvait en juger, le combat restait équilibré, entre les deux, aucun n’était vraiment dépassé mais aucun ne prenait non plus l’ascendant sur l’autre. Toute n observant, elle écoutait les commentaires que faisaient ses deux compatriotes, assis et debout juste à côté, au bord de la zone de combat. Visiblement, ils ne reconnaissaient pas non plus le style de combat du jeune homme, il avait dû être abandonné depuis très longtemps. Sans doute pas sans une très bonne raison… Restait à découvrir laquelle. Peut-être à cause de l’évolution des armes, comme ça avait été le cas pour d’autres sujets ? Quelques autres compatriotes étaient venus assister à l’échange, au fil du temps, par curiosité. C’était auprès des siens, avec une vue plus large, que Ewime réalisait à quel point les différences physiques étaient notables, entre le jeune homme et eux tous. La clarté de la peau dénotait, même ses yeux étaient d’un rouge moins prononcé. Moins sanglant, comme en diraient certains. Preuve que lui et ses ancêtres avaient passé bien plus de temps au soleil.

Après cette phase, à mains nues et avec des bâtons, un des soldats suggéra qu’il montre aussi ce qu’il valait, en combattant cette fois au sabre laser. Mais ils n’avaient personne à lui faire affronter… Des droïdes feront l’affaire ? Pour le capitaine, oui, en tout cas, et accord pris, il en fit activer un, avant de se ranger du chemin. Cette fois, tout le monde s’était écarté, sans doute autant par méfiance que par prudence élémentaire. Un sabre laser pourrait facilement couper les droïdes en deux, à moins de veiller à ne pas trancher si vite la situation. Plus curieuse, Ewime se releva et s’approcha du bord de la zone avec les autres, attentive. L’arme du jeune homme ne lui semblait pas différente de celle qu’elle avait vu Nat porter, mais bon, ça ne voulait rien dire, elle n’était pas une experte sur le sujet et ne pouvait pas juger. Spectatrice néophyte et silencieuse, elle fut un instant touchée par la beauté de la lame, lorsqu’elle fendait l’air, il y avait une certaine esthétique, là-dedans… Mais de quelle époque dataient ces armes, au juste, si Sogua en possédait déjà une ?

« Il est Jedi, en fait ? » murmura un des hommes à ses côtés.

Il avait signalé l’être, en tout cas… Un Ordre, bien sûr, qui devait être extrêmement différent de ce qui existait actuellement. Au moins, la majeure partie des soldats s’étant rassemblés pour cette séance n’étaient pas hostiles.

Au fil des échanges, quelques autres personnes étaient venues rejoindre la séance, on aurait presque dit qu’il était devenu la curiosité du jour. Néanmoins, le jeune homme était plus à l’aise maintenant, il était en terrain familier, savait ce qu’il avait à faire et comment s’y prendre, tout en en profitant pour détailler de quelle façon les gens de cette époque combattaient. Ils avaient une façon de faire moins « sèche »… Plus… Il ne savait pas vraiment qualifier ça, les coups étaient tous beaucoup moins directs, ils pouvaient frapper en deux gestes au lieu d’un, et se protégeaient plus que Sogua n’avait l’habitude de le faire. Ce n’était pas une économie de temps et d’énergie, même si ça aidait à mieux parer et donc à moins prendre de risques d’être blessé. Les combats en devenaient tout de suite plus longs, face à une personne plus sur la défensive que sur l’attaque.

Une fois cette phase termina, un des hommes venu assister à la scène demanda s’il ne pouvait plutôt combattre au sabre laser, afin qu’ils voient ce que ça donnait. Sogua haussa très légèrement les épaules, s’il le voulait, pourquoi pas ? Par contre, l’un d’entre eux savait s’en servir ? Il fit le tour du regard rapidement du premier groupe, comprenant rapidement que non, mais ils avaient des droïdes. Le jeune homme plissa légèrement les yeux en regardant le gros trucs qu’ils mirent en route, frappé, une fois de plus, par l’écart technologique absolument affreux. A quoi ça pouvait bien servir, des droïdes de cette taille et de cette masse ? Juste pour s’entraîner ? Sans faire de commentaire, il prit le sabre qu’il portait à la ceinture, en faisant jaillir doucement la lame bleue, légèrement brillante, si familière, elle. Attention à ne pas le couper en deux trop vite, du coup, leur joujou.

Il risquait bien de le leur abîmer sévèrement, en revanche, navré d’avance ! Ce n’était pas le genre d’arme qui permettait de limiter les dégâts, face à ce genre d’adversaire, même si on y prenait très attention. Sogua profita de cette petite séance pour d’abord s’échauffer, avant de vraiment passer à l’attaque, comme s’il avait un de leurs ennemis face à lui. Son style de combat pouvait paraître plutôt agressif, au premier abord, pour un regard non expérimenté. Il privilégiait les attaques rapides, s’enchaînant en peu, pour ne pas laisser à son adversaire le temps de souffler. Sa propre défense passait au second plan, il était plutôt du genre à prendre des risques pour progresser. Un style assez proche de celui de Dean, quand bien même son mentor était tout de même plus patient que lui. Le combat s’arrêta lorsqu’il frappa par erreur un endroit sensible du droïde, qui s’effondra. Hum, désolé… Il ne voulait pas le casser complètement.

"Navré," marmonna-t-il, "je ne voulais pas vous le briser comme ça."

"Ce n’est pas grave, ça sera réparé ce soir."

Dès ce soir… ? Ils pouvaient aller si vite que ça ? Ils n’avaient pas besoin d’un atelier spécialisé ? Et pour un droïde de ce genre, il fallait plutôt compter deux ou trois jours ! Non ? Non… Non, d’accord. Le soldat lui demanda ensuite s’il avait dû quitter l’Ascendance pour s’entraîner. Drôle de question… Ah, mais si, c’est vrai qu’ils exilaient leurs sensitifs, dans cette époque, ou qu’ils leur demandaient de ne pas se servir de leurs dons en public.

"Pas eu besoin, mon maître était simplement venu vivre sur Copero avec nous."

"Il était de notre peuple ?"

"Non, Miraluka. Une espèce proche-humaine. Ils n’ont pas d’yeux mais ont la capacité de voir, littéralement, la Force, c’est comme ça qu’il a su que j’y étais sensible. Mon père a voulu que je me forme, ensuite, et voilà."

On allait dire que c’était le choc culturel, le très lourd silence qui suivit cette phrase. Ici, ça devait être impensable, que des parents demandent à un étranger de venir sur leur planète pour entraîner leur gamin à l’usage de la Force. Bref, on pouvait passer à la suite, maintenant, non ? C’est vrai que l’exercice, au moins, ne pouvait pas vous faire de mal.