Des arrivées impromptues

Amirale Ar'alani

La navette qu’ils venaient juste d’intercepter emmenait une vieille connaissance. Décidément, ces derniers mois, ce genre de petit événement avait tendance à se multiplier. Si l’amirale se souvenait bien de l’humain, elle en avait néanmoins gardé une image plus vivace, et plus agaçante aussi dans certains cas, que ça. Le contrebandier avait vieilli vite, plus qu’on n’aurait pu s’y attendre, et était dans un état quasiment morbide, lorsqu’ils le trouvèrent allongé sur la couchette, en compagnie d’un autre homme qui se présenta comme étant Dean Jinzler. L’amirale s’écarta le temps que l’équipe médicale puisse récupérer le contrebandier et l’emmener sur leur propre vaisseau. Elle comprenait maintenant pourquoi ils s’étaient « annoncé » de cette façon, l’amirale avait d’abord cru à des voleurs ou autre chose du même moule, fuyant vers ces régions pour échapper à leurs détracteurs. Jamais elle n’aurait ou s’attendre à tomber sur cet homme.

Quant à son compagnon de voyage, inutile de le cuisiner longtemps pour être sûr de son identité. Ce n’était pas un soldat, sa nervosité était très élevée, et l’amirale n’avait pas le sentiment qu’il était bien certain de savoir ce qu’il fichait ici. Une journée plutôt tranquille, rompue par une arrivée que personne n’attendait, mais dont Ar’alani soupçonnait très fortement qui pouvait être le responsable derrière. Il s’amusait toujours, on dirait, très élégant de sa part d’avoir fait en sorte de réunir sa future belle-sœur avec son petit frère. Le contrebandier, ou ex-contrebandier, avait été emmené directement à l’infirmerie, dans une cuve à bacta, alors qu’elle avait fait signe à l’autre humain de la suivre. Effectuer un voyage aussi long lorsqu’on se trouvait dans un état physique si dégradé, c’était tellement stupide et dangereux. En chemin, elle interrogea Dean sur ce qu’il savait mais tout ce qu’il peut lui dire était que le contrebandier était malade, depuis longtemps, et qu’il cherchait l’Ordre Jedi pour le soigner.

"Malade de quoi, exactement ? Que lui est-il arrivé ?"

"Je ne sais pas trop, il… Il m’a juste dit qu’il n’allait pas bien à cause de la Force."

Trop vague, comme réponse. Insuffisant pour qu’ils puissent faire quoi que ce soit, mis à part maintenir l’humain en vie et le surveiller constamment. En retournant à la passerelle de commandement, l’amirale commença par prévenir Csilla de ce qui venait de se produire, imaginant déjà la réaction de l’Aristocra Chaf’orm’bintrano quand il saura pour ce nouvel invité. Puis elle fit envoyer un autre message vers Nirauan, cette fois pour Thrawn, pour lui signaler que son petit protégé contrebandier était bien arrivé mais dans un état morbide, mieux aurait valu pour lui qu’il voyage avec une assistance médicale. Elle ajouta à la fin de les prévenir, la prochaine fois qu’il comptait envoyer un équipage comme ça se cogner contre la Flotte de Défense, puis fit envoyer le tout. Beaucoup d’invités, en ce moment… Attendus ou non, d’ailleurs. Mais elle comptait bien que les inattendus repartent avec les deux jeunes Jedis et Thrass.

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19 aux dés plus malus, pour Jorj.

Curieuse sensation… Lorsque votre propre était si lourd que vous n’arriviez même plus à bouger, qu’il y avait un énorme poids de plomb sur le torse, écrasant les poumons et vous empêchant de respirer. Jorj n’avait pas pour habitude de se plaindre ni de l’avouer lorsqu’il se sentait moins bien. Pas une question de fierté, simplement, il était assez solide et ne se plaignait pas facilement. Mais il y avait des périodes où tenir seul était juste impossible… A ce moment précis, Jorj ne savait même plus depuis combien de temps il luttait pour ne pas sombrer, s’accrochant à la vie avec hargne, terrifié de ne jamais se réveiller si jamais il s‘évanouissait. Prendre la moindre goulée d’air devenait un effort surhumain à accomplir, même avec un masque à oxygène. Dean était là, mais Jorj n’avait plus une grande conscience de ce qui se passait autour de lui.

Il ne réalisa un peu ce qui se passait que lorsqu’une main, plus douce que celle de Dean, se posa tout à coup sur son front, puis qu’il entendait plusieurs voix. Dans une langue devenue familière… Il rouvrit les yeux lorsqu’on lui enleva le petit masque à oxygène pour lui mettre un autre, plus et plus fort, qui lui couvrait plus de la moitié du visage. Puis il fut transféré sur un brancard, le temps sans avoir réussi à lever ne serait-ce que le petit doigt. Perdre le contrôle de son propre corps, et celui de sa vie avec, était plus que rageant, pour lui, et il ne pouvait même pas protester. Il ne voyait que des visages, de temps en temps, entendait les voix des brancardiers, voyait défiler les lumières du vaisseau dans les coursives, tout en disant qu’à voyager seul, il en serait bien mort. Ils auraient trouvé un vaisseau errant avec un cadavre dedans.

Arrivé dans l’infirmerie, avec des lumières encore plus brillantes, il essaya encore de bouger un peu de parler, alors qu’un homme s’activait autour de lui. Il lui remonta ensuite sa manche et lui frotta le bras avec une odeur qui piqua un peu le nez de Jorj. Dans une vague sursaut, il comprit qu’ils allaient le plonger dans l’inconscience puis dans une cuve à bacta. Non, non, non, ça, c’était son cauchemar ! Il voulut encore parler, protester, puis sentit l’aiguille injecter le produit. Essayer de se battre pour garder conscience fut inutile… Il referma les yeux, sans pouvoir lutter, sombrant dans l’inconscience…

Une odeur de « propre » et d’aseptisant fut la première chose qui flotta au nez de l’ex-contrebandier à son réveil. Il rouvrit un peu péniblement les yeux, gêné par l’attirail médical dans le nez, sans doute un respirateur, et dans le bras. Il se trouvait dans une salle de surveillance dans un hôpital, semble-t-il, voyant d’autres lits et des silhouettes couchées dedans. Sans le moindre souvenir du trajet jusqu’ici. Où était passé Dean ? A nouveau, il voulut bouger, juste au moment où un infirmier le repoussa contre le matelas en lui appuyant sur l’épaule, avec un air signifiant clairement « pas bouger ! ». Mais, mais… Il l’empêcha aussi de toucher au machin qu’ils lui avaient mis contre la figure, lui arrachant une moue presque indignée. Jamais il n’avait été un patient très coopératif.

"Dites-moi, m’sieur l’infirmer," réussit-il au moins à bafouiller, "j’ai un ami qui attend, dehors, je peux y aller ?"

"Vous parlez notre langue… ?"

Vu son état un peu brumeux, Jorj mit facilement une minute avant de comprendre en quoi c’était bizarre, avant que la lumière ne se fasse dans son cerveau. Il voulut répondre mais le Chiss enchaîna en lui lançant de rester tranquille pour le moment, qu’il n’était pas question qu’il aille ou que ce soit. De toute façon, il ne pourra pas marcher. Le tout avant de s’éloigner vers un autre patient. Jorj renifla un peu, les yeux fermés, espérant au moins que, durant ce temps, Dean aura pu se renseigner. Mais il parlait au moins le Sy Bisti… Non ? La communication allait être un peu compliquée.