Les flammes de la chimère [PV Thrawn]

Trois stormtroopers se glissèrent dans le dos de Kylo. Une unité entière monta à bord de la navette en panne, par précaution sûrement, par bêtise en réalité.

Ren se contenta de rouler une épaule pour soulager une douleur nerveuse qui s’insinuait à la jonction entre sa nuque et son omoplate, d’écarter légèrement les jambes à la façon d’un officier imp… faroesque, d’aucuns diraient, et de joindre les mains dans son dos, comme il était coutume de faire quand l’on représentait une faction fasciste dans la galaxie.

— Identifiez-vous et expliquez-nous comment vous avez volé cet appareil.
— Longue histoire, capitaine.
— Voyons commandant, un peu de calme. Notre invité n’est sûrement pas encore habitué à notre temporalité.

Et ta mère, elle l’est ? se retint de répondre Ren.

Son rôle de contrebandier lui montait un peu trop à la tête, peut-être. Il comprenait d’où provenait l’impertinence routinière de son défunt père.

L’homme au ton nonchalant parut sur la gauche de Kylo. Il se déplaçait sur la gauche, ce qui le fit rapidement entrer dans le champ de vision du chevalier sans que ce dernier ait à se déboîter la nuque pour le regarder. Quelle attention pleine de délicatesse. Hux se serait contenté de rester dans son dos juste pour l’ennuyer.

— Vous voulez dire que notre prisonnier vient du passé, monsieur ?

MONSIEUR PORG !

Oui.

Le rôle le contaminait.

— Voyons, commandant, il est évident qu’il vient du futur.

Oui c’était évident.

Si évident.

Tellement  évident. Élémentaire, ma chère Faro. Tout se voyait sur… la façon dont la poussière voletait sur sa tenue noire, dont son déhanché indiquait une mode à venir, son accent qui n’existait pas encore, le design de son sabre laser qui n’était clairement pas du tout inspiré d’une arme vieille de plusieurs millénaires, son masque qui n’évoquait absolument pas les seigneurs noirs d’antan…

Quoi d’autre ?

Était-ce dans ses paroles que le vice se trouvait ? Il avait osé réclamer un peu de thé de fleuron de Cassius, c’était à tous les coups une boisson qui n’existait pas encore. Qui, au nom de la galaxie, qui aurait bien pu avoir l’idée révolutionnaire de tremper une poignée d’herbe dans de l’eau chaude ? Clairement un esprit visionnaire du prochain millénaire.

— Veuillez regagner la passerelle et informer le capitaine Pellaeon que nous allons devoir effectuer un changement de cap.

Quelle misogynie. Sûrement un défaut qui ne serait éradiqué que dans le futur. Au moment où la capitaine franchissait la porte du hangar, Ren aperçut un droïde-souris se faufiler. Excellent. Les voies de la Force étaient impénétrables, presque littéralement à cause de cette étrange bulle qui, il le sentait, confinait ses capacités au plus profond de lui-même, mais Kylo devait constater qu'elle œuvrait toujours.

— Et maintenant, pourriez-vous vous présenter… et remettre votre arme.

Confus. Était-ce une question ou une injonction ? Il s’avérait que dans le futur les deux étaient bien distinctes l’une de l’autre.

Un stormtrooper tendit une main gantée. Kylo l’observa un petit moment, puis lui tapa en plein dans la paume.

— C’est de cette façon qu’on se dit bonjour dans le futur. Puis-je vous ouvrir à d’autres particularités de ma culture du futur ? Il est de bon ton que ce soit à l’hôte de se présenter le premier par chez moi, l’ami. Est-ce parce que je suis en noir que vous vous permettez de vous adresser à moi de la sorte ? Quels sont ces vils préjugés ? De là d’où je viens, on a des mouvements sociaux qui dénoncent les cis mâles hétéros blan… bleus de votre genre. Sous prétexte que vous êtes bleu de peau, devrais-je vous associer à un Pantorien, Monsieur ? Vous confondez très clairement expression de soi et identité de soi. Je suis peut-être vêtu de noir mais cela ne fait pas de moi quelqu’un à prendre à la rigolade, oh que non.

Ren se prit le menton, ou plutôt le bout de son casque, entre le pouce et l’index.

— Je suis étonné que vous ayez deviné mes origines si facilement. Suis-je lisible à ce point ? Suis-je transparent ? Suis-je bien un être de chair de sang au lieu d’un livre ouvert ?

Il relâcha son menton comme si, soudain, l’illumination le traversait.

— Est-ce bien le cas ? Sommes-nous bien des êtres vivants ? Au fond, quel impact nos vies auront dans l’univers ? Ne sommes-nous que des grains de sable au fond d’un abysse sous-marin ? Sommes-nous des pantins dont les ficelles sont tirées par des créateurs invisibles ? Sommes-nous de simples personnages joués sur un holoforum par une bande de dieux narcissiques qui, très clairement, devraient se trouver un travail au lieu de traîner sur l’holonet ?

Cela expliquerait en réalité beaucoup de choses sur la façon dont le Pantorien en blanc avait deviné qu’il provenait du futur, et sur la façon dont lui-même provenait dudit futur. C’était une conclusion digne d’un bon mois et demi de réflexion, au moins.

— Bref. Non, je ne pourrais pas me présenter, ni remettre mon arme, comme vous le dites si bien, ami pantorien. L’accord passé avec le commandant Faro était que je vous remettais le vaisseau en échange de ma montée à bord. Ceci étant fait, merci bien, mais si vous voulez davantage, il faudra me donner davantage. Nous vivons dans un système implacablement capitaliste, je le crains. Je m’adresserai uniquement au plus haut-gradé de ce vaisseau. Le… capitaine Pallona ? Je suis désolé si j’écorche son nom, je ne l’ai entendu qu’une fois. Vous savez, nous, dans le futur, nous dépendons beaucoup trop de la technologie pour survivre. Mais qu’est-ce que c’est que cela ?!

Kylo écarta brusquement le stormtrooper de son chemin, et se mit à quatre pattes… devant un droïde-souris.

— Et coucou, toi ! Et coucou toi ! Mais tu es adorable !

Il se mit à genou et prit le droïde à deux mains pour l’observer sous toutes ses coutures, ou soudures plutôt. Le droïde laissa échapper des couinements terrifiés. Ren ne ne lâcha pas.

— Fascinant. Fascinant. Véritablement fascinant. On dirait un tooka, mais en moins irritable. Dans le futur nous n’avons plus de telle merveille de technologie. Tout est si… lisse, cela manque cruellement d’angles.

Il caressa le tôle du droïde-souris.

— J’imagine que je ne peux pas le garder.

Il leva son visage masqué en direction du Pantorien.

— … J’essaie de vous faire les yeux doux. Cela ne doit pas bien se voir, avec le masque, je me trompe ? Enfin…

Il poussa un soupir attristé et redéposa le droïde au sol, qui s’en fut en piaillant.

— Au revoir, petit bonhomme. Notre histoire ne devait pas avoir lieu. Je le sais, je viens du futur.

Il se releva et plaça les mains dans son dos.

— Ai-je mentionné que je proviens du futur ? Cela signifie que l’argent que je transporte sur moi a actuellement plus de valeur maintenant. Je suis devenu un contrebandier riche en un instant, si les autres me voyaient… Bien. Je suis prêt à négocier. Lieutenant Pantorien, qui que vous soyez, je suis disposé à vous suivre pour que vous me meniez à votre supérieur. Mais mon « arme », comme vous la nommez si grossièrement, reste avec moi. Que craignez-vous ? Je me ferais fusiller en un instant si j’avais la moindre intention agressive, n’est-ce pas ? Je fais confiance à l’extrême compétence de vos soldats pour s’en charger… autrement cela veut dire que je me fais du souci pour rien et que vous êtes un officier lamentable, mais nous savons tous deux que ce n’est pas le cas.

Il fit un pas en avant et se courba un peu.

— Je vous agace déjà, ou dois-je encore faire l’idiot longtemps ? Vous n’avez pas idée à quel point le rôle que je joue me brûle de l’intérieur…








[HRP : DÉSOLÉ ! Je suis DÉSOLÉ ! J'ai mis beaucoup, beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP trop de temps (et je le dis avec BEAUCOUP trop de capitales) pour répondre ! Il m'a fallu un bon moment pour trouver un moyen de piéger Thrawn, mais maintenant que c'est fait, je peux reprendre une activité normale.]