Projet à préparer

Ils pourront sans doute parler des heures et des heures de ce projet sans réellement trouver toutes les réponses à leurs questions, malheureusement… De toute manière, tout cela appartenait au passé. Les derniers survivants avaient pu être retrouvés, tous avaient rejoint leurs familles, pour ceux à qui il en restait encore, et les autres s’étaient établis là où ils le souhaitaient. Le point final à une affaire qui avait déjà traîné beaucoup trop longtemps et qui, de toute manière, avait déjà été oubliée de tous. Autant « oublier » eux aussi, avancer simplement, sans plus y penser. Ewime se leva ensuite pour aller chercher un dessert et de l’eau, puis appela son frère pour qu’il vienne l’aider tout porter. Durant ce temps, il passa un bras dans le dos de sa femme pour l’attirer contre lui et la câliner, avant de l’embrasser sur le front pour la détendre. Il y avait largement de quoi réfléchir, maintenant…

A peine Formbi revenu, une fois déposé ce qu’il transportait sur la table, il déclara qu’il allait repartir, dès maintenant, car du travail l’attendait. Ah, ça, Thrass voulait bien le croire… Il n’en revenait toujours pas, pour être honnête, et ne pouvait s’empêcher de se demander si c’était ou non la dernière fois qu’il voyait l’Aristocra vivant. Même s’il ne l’appréciait pas énormément, il devait en tout cas lui reconnaître qu’il possédait un grand courage, pour être prêt à affronter tout ça, sans hésiter. Mais la vie était tout de même très ironique… Le Conseil allait encore bien s’étouffer, lorsqu’il apprendra ça, et surtout, lorsqu’il apprendra qui en était à l’initiative. Si encore, l’auteure avait été Veeren, ça n’aurait pas choqué grand-monde, mais lui ! Qui pourrait le croire sans s’étrangler ?

– Je vous ait dit l’essentiel pour le moment, miss, bon courage à tous les deux et tenez-moi au courant. En passant par ici, pour tout message concernant ce sujet, merci… Ewime, merci à toi aussi. Je vais y aller. Embrasse Thrawn pour moi et remercie-le de ma part pour t’avoir aidée, s’il te plaît.

– Hein… ?

Il se frotta un peu l’oreille, distraitement, en pensant juste avoir mal entendu, ou mal compris, plutôt. Parce qu’il y avait des limites au nombre de choc qu’il était capable d’encaisser en une seule fois… Une fois l’Aristocra parti, la tension retomba un petit peu, tout le monde était maintenant occupé à digérer ce qui venait de se passer. Entre les sorties de Formbi, et celles de sa femme, qui n’avaient pas été moins gratinées, cette journée était déjà incroyablement épuisante… Thrass se frotta un peu les yeux avec un léger soupir, mangeant un peu de dessert sans aucun appétit. Juste pour ne pas vexer Ewime, qui avait sûrement dû y passer une bonne partie de sa matinée. Eux-mêmes n’étaient censés repartir que demain matin, ou après-midi, il ne savait plus. Histoire que leur fille puisse profiter un peu de la présence de sa tante, puis de son oncle, ce soir, étant donné que les occasions étaient très rares.

Une fois le repas terminé, la table lavée, etc., il laissa les deux femmes parler entre elles, à nouveau de la grossesse et de l’accouchement, pour aller voir si leur fille était réveillée. Elle commençait tout juste à ouvrir les yeux, quand il entra dans la chambre, encore plongée dans un demi-sommeil. Attendri, il la laissa se réveiller à son rythme, en lui chatouillant un peu la joue, puis la prit doucement dans ses bras. C’était l’heure de son biberon, puis ensuite, elle jouera sans doute un peu, avant le bain du soir et un autre biberon. Au réveil de l’après-midi, c’était l’accalmie, ils avaient toujours le temps soit de la mettre au sein, soit de lui préparer son biberon, sans qu’elle n’ait le temps d’assez bien se réveiller pour pleurer. Après qu’elle ait mangé, revenu dans le salon avec la petite, il en profita pour lui donner la poupée que son oncle lui avait offerte.

L’après-midi permit de bien faire baisser la tension et les inquiétudes de chacun, en se se changeant les idées les uns des autres. Ça faisait partie des moments qu’il adorait, ceux si simples, passés en famille, sans avoir à s’occuper de la guerre ou des problèmes habituels. La soirée débutait juste quand son frère vient les retrouver, à nouveau. Thrass avait très envie de lui dire ce que Lorana avait osé lui sortir, la manière dont elle s’estimait elle-même, tant ça le choquait toujours, puis se retint à la dernière minute. A la place, il souleva souplement sa fille, allongée sur le canapé et occupée à mâchonner le bras mou de sa poupée, pour la présenter à son oncle. Il ne pouvait s’empêcher d’en être fier, car il avait souvent rêvé de ce moment-là, de pouvoir agrandir leur famille, de devenir père à son tour et de présenter son premier enfant à son petit frère.

Il y avait là une sorte de « revanche » à prendre sur la vie… C’était sans doute idiot à avouer mais c’était comme ça. Ils avaient perdu leurs parents très jeunes, puis avaient été séparés par la suite, mais malgré tout, aujourd’hui, leur famille s’agrandissait à nouveau. Même si la nouvelle petite membre, pour l’instant, ouvrait ses grands yeux marrons avec l’air de se demander ce qui se passait, cette fois.

– C’est ton oncle, ma chérie, tu lui fais un beau sourire ?

Évidemment, elle était encore trop petite pour comprendre ce qu’était un oncle, comprendre les mots autour d’elle tout court d’ailleurs, mais elle pouvait au moins ressentir l’amour qu’on lui portait. Il la déposa avec précaution dans les bras de Thrawn, en lui montrant aussi comment il fallait soutenir la tête d’un bébé de cet âge. Heureusement, la fillette était encore calme. Sortant juste du bain, elle devait se sentir bien.

– Elle a déjà bien poussé, elle était si petite, à la naissance, c’était impressionnant. Aussi petite que toi quand tu es né, maintenant que j’y pense. C’est un tel miracle, ce que les femmes sont capables de faire. Tu veux lui donner son biberon ?

Thrawn était juste revenu, quand Ewime termina de ranger la cuisine, tout en discutant avec Lorana. Plus tôt qu’elle ne l’aurait cru, d’ailleurs, en jetant un petit coup d’œil à l’horloge. C’est bien s’il avait pu se libérer un peu plus tôt. Elle enleva les dernières boîtes du plan de travail, pour laisser de la place au couple pour qu’ils puissent préparer le biberon de la petite. Ce qu’elle avait acheté pour son fils était encore sagement rangé dans un placard juste à côté, biberons, stérilisateur et tout ce qui s’ensuit… Elle voudrait allaiter mais aussi que Thrawn puisse donner le biberon à leur fils, ça lui semblait très important, pour créer un lien dès la naissance. A côté, Thrass n’avait pas perdu de temps pour mettre sa fille dans les bras de son frère. Ça l’entraînera un peu, avec ça. La petite était encore très calme, pour le moment, sortant juste du bain et serrant sa nouvelle poupée dans son poing minuscule. Ewime était ravi car elle avait pu aider pour lui donner son bain, toute à l’heure, très heureuse de pouvoir s’occuper un peu de sa toute jeune nièce. Elle avait toujours rêvé d’en avoir, c’était un rêve qui se réalisait.

« La vie est un miracle et c'est pour protéger cela qu'un soldat se bat mais je suis heureux que cela t'arrive, Thrass. Alors, de quoi avez vous discuté avec Chaf'orm'bintrano ? »

Le soupir de Lorana se fit entendre quasiment dans tout l’appartement, arrachant un petit rire discret à Ewime, bien que la situation n’ait rien de drôle. S’avançant dans le salon, elle se pencha vers Thrawn, posa une main contre sa joue, puis lui fit un bisou sur l’autre, avant de lui dire que c’était de la part de Formbi. Pour le remercier de l’avoir sauvé. Elle en profita au passage pour s’accroupir et faire aussi un bisou au bébé, sur son front, avec tendresse, et lui chatouiller un peu la joue. C’était si important, que les bébés et les enfants se sentent entourés de tout l’amour du monde. C’était malgré tout un peu curieux, de voir ce petit cœur avec la peau de la même teinte que son papa, mais avec de grands yeux bien humains, comme ceux de sa mère. Elle alla se rasseoir ensuite, elle aussi, dans le petit fauteuil.

« Il a certains problèmes importants. Et des projets qu’il veut mettre en place avant d’être… Enfin… Avant de ne plus pouvoir s’en charger. Il m’a proposé de l’aider à monter une académie, où les enfants pourront avoir un enseignement à la Force, en plus de leur scolarité normale. Que ces enfants puissent, s’il y a besoin dans le futur, aider à défendre l’Ascendance contre les Siths comme Plagueis, plutôt que d’attendre une aide extérieure. Il faudrait que je quitte l’Ordre. Il semble convaincu que je suis capable de le faire… Et ne dis rien, Thrass, c’est normal que je pense comme ça. »

La future mère était prête à faire une remarque, elle aussi, mais se tut. Levant juste un peu les yeux au ciel, avec un léger soupir blasé. Je vous jure… Ils n’allaient pas refaire le débat mais il était évident qu’il faudra s’occuper de ça plus tard, de l’aider à passer ce cap.

« En tout cas, la politique dans l’Ascendance peut être aussi sauvage que n’importe où ailleurs. »

« C’est le chef de Clan Csapla qui le menace, » précisa-t-elle pour Thrawn. « Et lui est soutenu par les Clans Nuruodo et Mitth. Donc… Il m’a promis d’être le plus prudent possible, cela dit, il… Bon, j’espère qu’il va au moins se trouver un garde du corps. Il l’a fait pour Namia, Favan aussi, mais lui… Il a plutôt intérêt à y penser très vite. Les problèmes ont déjà commencé, contre notre Clan. Je n’ai rien contre son projet, ça peut aider, dans le futur, d’accord, mais il joue beaucoup avec le feu. Ce n’est pas une menace d’exil, c’est une menace de mort. Et le pire, c’est qu’il est parfaitement calme vis à vis de ça ! Tu l’aurais vu… Un rien l’énerve, dans la vie de tous les jours, mais pour jouer avec sa vie dans un duel politique, là non, tout va très bien, pas de quoi s’en faire. »

Sa voix vrilla très légèrement, sur la fin, et elle dû prendre une longue inspiration, pour ne pas craquer. Désolée… Elle ne voulait ni crier, ni pleurer, ou pire encore, faire pleurer la petite ou l’effrayer en haussant la voix.

« J’ai assez peur d’imaginer jusqu’où tout ça va nous mener. Ou comment ça pourra bien se terminer pour Formbi. Pour notre clan tout entier. Je ne pense pas que ça puisse dégénérer au point d’en arriver à une guerre civile, mais… »

De quoi ils avaient parlé, la question qui fâche… Thrass eut un faible sourire, sans trouver le cœur à répondre, par crainte de blesser Ewime, et Lorana soupira si fort que tout le monde put parfaitement l’entendre. Il récupéra la poudre de lait que lui tendait sa femme pour préparer le biberon de la petite, avant qu’elle ne commence à se manifester. C’était assez rapide, il fallait juste le temps de faire chauffer le biberon puis vérifier que c’était à bonne température… Par contre, leur petite buvait toujours moins vite avec le biberon que lorsqu’elle était au sein, allez donc comprendre pourquoi.

– Il a certains problèmes importants. Et des projets qu’il veut mettre en place avant d’être… Enfin… Avant de ne plus pouvoir s’en charger. Il m’a proposé de l’aider à monter une académie, où les enfants pourront avoir un enseignement à la Force, en plus de leur scolarité normale. Que ces enfants puissent, s’il y a besoin dans le futur, aider à défendre l’Ascendance contre les Siths comme Plagueis, plutôt que d’attendre une aide extérieure. Il faudrait que je quitte l’Ordre. Il semble convaincu que je suis capable de le faire… Et ne dis rien, Thrass, c’est normal que je pense comme ça.

Il se frappa un peu le front de la main avec une grimace de désespoir, en entendant ça, et leva les yeux au ciel. Enfin bref… Pour le moment… Au moins, elle avait bien résumé la situation, Thrawn pourra comprendre facilement ce que ça pouvait impliquer, comme problèmes, et imaginer aussi le travail que ça demandera pour concrétiser le projet. La politique était sauvage, oui, comme disait Lorana, il ne pouvait pas dire le contraire. Cela dit, il y a tout de même longtemps que les Familles régnantes étaient au nombre de neuf, depuis un peu plus de deux siècles, s‘il se souvenait bien de ses cours d’Histoire. Lorsque ce nombre changeait, ce n’était pas forcément à cause de troubles internes, ça arrivait aussi quand une Famille ne voulait plus assurer la charge ou que deux activités étaient regroupées sous la régence d’un seul clan. Il était très rare qu’une famille disparaisse suite à un conflit contre une autre. Même si chacune avait une petite flotte, il restait la Flotte de Défense, pouvant s’interposer.

Par ailleurs, personne ne voulait à en arriver à une véritable guerre civile, le cas était loin d’être suffisamment grave pour ça. Ewime expliquait un peu plus en détails la situation. Durant ce temps, il récupéra le biberon, mit une goutte sur son poignet pour vérifier que ce n’était pas trop chaud, puis alla rejoindre les autres dans le salon. Il récupéra Edelweiss en douceur pour la coucher dans ses bras, avant de s’asseoir avec elle, puis lui glisser la tétine dans la bouche. Comme d’habitude, elle commença par tenter de mordiller un peu avant de commencer à téter, tout en le regardant fixement. Il lui sourit puis releva un peu le regard, voyant Ewime à nouveau très tendue. Évidemment… Lui aussi le prendrait très mal si son frère lui sortait un coup pareil.

– J’ai assez peur d’imaginer jusqu’où tout ça va nous mener. Ou comment ça pourra bien se terminer pour Formbi. Pour notre clan tout entier. Je ne pense pas que ça puisse dégénérer au point d’en arriver à une guerre civile, mais…

– La Flotte de Défense s’interposerait aussitôt. Formbi ne laissera pas aller les choses trop loin pour les Chaf, ça reste son métier, il n’est pas arrivé à ce poste pour rien.

Il préféra ne pas exprimer plus que ça le fond de sa pensée, par égard pour sa belle-sœur. C’était aussi une façon de rassurer, car oui, Formbi pouvait paraître très calme, voire trop calme, mais on parlait là de sa formation, son terrain de jeu, ce qu’il exerçait depuis plus de trente ans, maintenant, il était là car il en avait les capacités. Thrass était confiant là-dessus, sur les capacités de l’Aristocra à naviguer en eaux troubles de cette façon. Ce que ça allait lui coûter, c’était encore une autre histoire. Il pourra aussi l’aider, en cas de besoin, si Lorana acceptait et se sentait prête.

– Si tu acceptes, Lora, et que tu es bien adoptée par le clan Mitth, il faudra sans doute que tu changes de nom. Nous n’en sommes pas rendus là, cela dit, il y a le temps d’y penser. Ça fait partie de ce qui aide à l’intégration.

Ce fut le moment précis que leur petite choisit pour se manifester et battre des mains, comme si elle n’était pas d’accord. Il ôta le biberon le temps de lui essuyer le coin de la bouche, là où le lait avait coulé, puis lui glissa à nouveau la tétine entre les lèvres. Elle semblait déjà ne plus avoir faim, mais, ma grande, elle n’avait même pas bu la moitié de son biberon encore ! Ttt tt, si elle ne buvait pas bien, elle aura de nouveau faim dans moins d’une heure.

– Personnellement, j’ai aussi peur qu’il n’achève tout le reste du Conseil d’une crise cardiaque, lorsque ça se saura. Qu’est-ce que tu en dis, toi, petit frère ?

Une menace de mort, en effet, ni plus ni moins. Et même avant ça, il aura certainement beaucoup de problèmes à gérer... Lorana croisa les bras en s’asseyant un peu mieux dans le canapé, un œil sur Thrass et leur fille, l’autre un peu dans le vague, une part de son attention concentrée sur cette question à résoudre. Accepter, ne pas accepter... Accepter sous conditions... Elle était tentée de dire oui, ne serait-ce que pour être sûr de couper définitivement avec son passé et son ex-maître, mais ça voudrait dire accepter de devenir un enseignant de référence pour de jeunes enfants sensitifs, or, elle-même était encore jeune. Au fond, elle comprenait pourquoi Formbi voulait ça, de cette manière, et maintenant, cela dit, comme disait sa sœur, il prenait beaucoup de risques... Il faudra beaucoup de temps avant de faire accepter ce type de chose, l’utilité, sur le long terme, et les mentalités de chacun. En résumé, beaucoup de travail à venir, beaucoup d’ennuis à gérer, et le tout dans un climat qui s’annonçait d’ores et déjà très tendu. Ça promettait...

Au moins, les Jedis ne devraient pas en dire grand-chose. Ils ne connaissaient pas grand-chose aux Chiss ou à leurs besoins, donc... Quant au fait qu’elle parte, ça n’avait pas une grande importance. De toute façon, elle n’était plus vraiment active dans l’Ordre depuis sa grossesse, et la naissance de sa petite, elle n’avait que joué les intermédiaires entre l’Ordre et l’Alliance rebelle, rien de plus. Ça la rassurerait de se dire que ça ne créerait aucun problème particulier si elle décidait de partir pour de bon et qu’il sera très facile de lui trouver un remplaçant, pour représenter l’Ordre auprès des rebelles. Kanan, par exemple, ferait parfaitement l’affaire. Ou Ezra. Quant à ce qui l’attendait, elle ne pensait pas non plus que ça inquiétera quelqu’un. De ce côté-ci de la barrière, c’était bien différent. Franchement, Lorana ne voyait pas comment rassurer Ewime, à sa place, elle serait terrifiée aussi. Maintenant, Thrass et son frère avaient sans doute raison, au sujet de la Flotte de Défense, c’était une sécurité supplémentaire en cas de conflit.

« Si tu acceptes, Lora, et que tu es bien adoptée par le clan Mitth, il faudra sans doute que tu changes de nom. Nous n’en sommes pas rendus là, cela dit, il y a le temps d’y penser. Ça fait partie de ce qui aide à l’intégration. Personnellement, j’ai aussi peur qu’il n’achève tout le reste du Conseil d’une crise cardiaque, lorsque ça se saura. Qu’est-ce que tu en dis, toi, petit frère ? »

« Je pense qu'il y a aussi un point que tu oublies : moi. Je suis bien connu pour agir de façon "imprévisible" par les aristocras, Chaf'orm'bintrano ne sera pas le dernier à me contredire là-dessus. Je ne sais pas si les opposants à ton frère, Ewime, irait prendre le risque à me voir intervenir dans leurs affaires s'ils s'en prennent à ma famille. »

Autant protecteur l’un que l’autre... Incroyable... La jeune femme retint de justesse un petit soupir, en se frottant longuement les yeux. Alors oui, c’était bien, c’était une sécurité aussi, mais tout de même. Enfin, c’était normal qu’il veuille protéger Thrass, de toute façon, il s’agissait de son frère. Elle marmonna un peu entre ses dents que l’Aristocra ne pourra de toute façon pas échapper aux mobilisations contre lui, quoi qu’il arrive, dans son propre clan ou face aux autres, même si le projet se savait très tard. POurtant, c’était possible... Ils avaient eu le récit de Favan, avant qu’il ne disparaisse à nouveau au travers des failles. Il avait été la preuve vivante que Formbi était capable de réaliser ce qu’il avait envie et de le faire durer dans le temps. Le jeune Chiss n’en avait pas beaucoup parlé, cependant, il avait semblé vraiment très nerveux et même Thrass avait eu du mal à lui arracher plus de dix mots d’affilée. Il n’était même jamais venu frapper aux portes de l’Ascendance, non... ? Il était au Temple, lorsqu’elle était enceinte, et n’en était pas sorti avant d’être repris par les failles.

« Cela étant, je pense que tu feras une excellente professeure, Lorana. Et je ne dis pas cela uniquement parce qu'il est très possible que tu te retrouves à enseigner à notre fils un jour. »

Il disait ça pour tenter de la rassurer, alors ? Elle faillit lui poser la question puis se retint à la dernière seconde en se souvenant de la réaction de Thrass, tout à l’heure, sur ce genre de sujets. Si son air devait sans doute la trahir malgré tout, au moins parvint-elle à ne rien lâcher.

« Merci, » dit-elle simplement bien qu’elle n’y croie pas une seconde. « Je repensais à Favan... Vous ne le connaissez pas, tous les deux, mais Thrass, tu lui avais parlé. C’était un Chiss venu des failles, resté assez peu de temps, l’arrière-petit-fils de Feesa. Il venait d’une époque où un clan, ou un refuge plutôt, existait bel et bien pour des Chiss sensibles à la Force et formés. Du peu qu’il a bien voulu en dire, c’était assez bien accepté par la société, même si ça avait demandé beaucoup de temps, à condition bien sûr que ça n’amène aucun problème. On n’en sait que peu, cela dit, il était quand même très... Heu... Nerveux. »

Il serait bien mal avisé de sa part de l’appeler névrosé... D’un, elle serait très mal placée pour le taxer de ça, de deux, ça ne se faisait pas d’insulter les autres dans leur dos.

« Il avait au moins dit poursuivre le travail de Formbi, puis celui de Feesa, j’imagine qu’elle a dû tout reprendre au pied levé après qu’il... ait dû avoir un souci. Mais ça montre au moins que dans ce temps ou un autre, Formbi a engagé ce type de travail et que ça une chance d’aboutir. C’est un espoir supplémentaire pour ici, cette époque. »

Ils devaient avoir raison... Ewime retint un nouveau et fort soupir, tout en se répétant que trop s’angoisser n’était pas bon ni pour elle ni pour son bébé. C’est vrai, en plus, la Flotte de Défense allait s’interposer immédiatement entre les deux parties si ça dégénérait. Donc on se calme et on se détend, son frère n’allait tout de même pas se faire assassiner comme ça, si rapidement ou facilement, et surtout, s’il avait bien compris l’ampleur des risques, il acceptera de prendre un garde du corps lui aussi. N’est-ce pas ? Elle sourit faiblement à Thrawn, quand il répondit, se disant intérieurement que ça serait tout de même mieux qu’il ne s’en mêle pas... C’était avant tout une affaire politique, qui se jouait, ils ne devaient rien y mêler de militaire. Justement pour éviter que ça dégénère. Et puis, Formbi pouvait accepter de l’aide de pas mal de personnes, cela dit, même s’il était moins aigri envers Thrawn, il restait encore des limites. Il ne croirait pas une seconde que son beau-frère non-officiel pourrait être une aide, d’une manière ou d’une autre, dans son projet, exactement de la même façon que Lorana ne croyait pas en elle. Quelque part, ces deux-là avaient de quoi bien s’entendre.

« Par contre, si le projet d'académie est découvert, il est possible que cela sonne la fin de la carrière d'aristocra de ton frère. Notre peuple se méfie de ceux sensibles à la Force, même au sein des Chaf il y aura une mobilisation contre ce projet. »

« Il le sait très bien... Pour ce que ça semble le gêner, de toute manière... »

Blasée, noooon... Du tout. Elle pinça un peu les lèvres pour retenir une petite pique, ils n’allaient pas refaire le débat, de toute façon. A son frère de trouver des solutions, quelque chose, de se débrouiller pour que ça progresse, le tout en restant en vie le plus longtemps possible. Gromph... Il ne pourra pas faire évoluer les mentalités en simplement quelques années, même avec la meilleure volonté du monde et du travail à fond ! Si son projet fonctionnait, ça prendrait... Peut-être... deux ou trois décennies avant que la société n’évolue peu à peu sur le sujet ? Lorana, si elle acceptait, avait une masse considérable de travail devant elle... Surtout si elle devait être la seule sensitive déjà formée à tenir le poste. Ewime lui adressa un petit sourire compatissant, en se notant mentalement de “surveiller” plus tard si elle arrivait à bien s’adapter, si elle avait besoin d’aide, que ce soit matériel ou pour autre chose. Ou juste envie de parler, finalement, car elle pouvait être vite assez isolée.

« Je repensais à Favan... Vous ne le connaissez pas, tous les deux, mais Thrass, tu lui avais parlé. C’était un Chiss venu des failles, resté assez peu de temps, l’arrière-petit-fils de Feesa. Il venait d’une époque où un clan, ou un refuge plutôt, existait bel et bien pour des Chiss sensibles à la Force et formés. Du peu qu’il a bien voulu en dire, c’était assez bien accepté par la société, même si ça avait demandé beaucoup de temps, à condition bien sûr que ça n’amène aucun problème. On n’en sait que peu, cela dit, il était quand même très... Heu... Nerveux. »

La future mère en resta un instant coite, la regardant, puis Thrass, en essayant de voir si c’était une blague ou... Elle ne savait pas trop ce qui la choquait le plus, là, tout de suite. D’apprendre qu’un autre membre de la famille était arrivé dans ce temps mais ne s’était fait connaître d’aucun d’entre eux ou apprendre que même dans une ligne temporelle “normale”, sans failles, si on pouvait dire ça, son frère s’était tout de même lancé dans ce genre de projets. Elle ouvrit la bouche, puis la referma, sans trouver quoi dire sur le coup, trop occupée à digérer ce qu’elle venait d’entendre. Le travail de Formbi puis celui de Feesa... Mais ils ne... Mais enfin ! Lorana parlait bien d’une autre ligne temporelle, cet homme, qu’elle évouqiat, avait grandi dans un temps n’ayant aucune faille, non ? Donc un temps où Formbi n’avait jamais su que sa nièce était sensitive, avant qu’elle ne grandisse ? Alors qu’est-ce qui aurait bien pu le motiver à se lancer là-dedans ?! Qu’est-ce qui aurait bien pu le faire changer, comment, pourquoi et en combien de temps ? Surtout pour ça ! Lui qui... Et donc, un refuge aurait pu exister, au sein de l’Ascendance, pour les Chiss sensitifs ? Sans que le Conseil ne jette tout ?

« Un descendant de Feesa a connu un temps où les nôtres, alors que leur sensitivité à la Force était connue, étaient acceptés par le restant de la communauté... ? Mais... Dans ce temps, Formbi n’aurait pas eu les mêmes raisons de changer d’opinion... Feesa avait dit ignorer ce qu’elle pouvait faire, alors le temps qu’ils l’apprennent tous les deux, et que mon frère change d’avis, il... Ou... Non, là, j’ai du mal à comprendre comment et pourquoi un truc pareil aurait bien pu se produire. Avec ça, Favan, tu dis, pourquoi n’a-t-il jamais pris contact avec aucun d’entre nous ? De quoi avait-il peur ? »

Ah là là, petit frère, il ne sera tout de même pas obligé de jouer les épouvantails simplement à cause de ça, aucun Aristocra ne désirait à en arriver à une guerre civile, même dans les cas les plus extrêmes. Et puis, Thrass n’avait envie de le mêler à leurs propres problèmes, il avait déjà les siens à gérer, c’était plus que suffisant ! De toute manière, ils avaient encore du temps devant eux, déjà, rien que pour retourner vers l’Ordre, leur parler de ça vite fait, puis en repartir, ça demandera un certain délai. Quoi que, ça devrait normalement aller vite, ce n’était pas un projet lié aux Rebelles ou à l’Ordre lui-même, simplement informer les autres et dire au revoir, si Lorana acceptait de partir. Il pensait qu’elle le fera, ne serait-ce que pour échapper à son ancien maître. Il était à lui seul une motivation plus que suffisante. Il ne fit pas de commentaires, cela dit, sachant déjà que ça ne servirait strictement à rien de dire à Thrawn de ne pas s’en mêler si les problèmes en arrivaient à ce point, il ne l’écouterait pas. Il ne l’écoutait jamais, quand il estimait une situation assez grave pour agir à sa manière.

Mais bref, Thrass s’était fait une raison depuis longtemps, maintenant. C’était ça, de composer avec les têtes de mules... On apprenait à s’y faire et à se résigner, dans certains cas... Il fit une petite moue, le regard posé sur sa fille, qui rechignait de plus en plus, maintenant, à prendre correctement son biberon. Tenait-il donc une autre petite tête de mule dans ses bras, avait-elle hérité de ce trait de caractère ? Thrass se souvenait que leur père avait été comme ça, lui aussi. Thrawn ne s’en souvenait peut-être pas, il était petit à l’époque, mais Thrass, lui, avait été assez âgé à l’époque pour l’avoir bien remarqué. Cette petite fille avait peut-être récupéré ça de son grand-père. Il arrêta un petit instant, pour lui essuyer de nouveau la bouche, pensant qu’en attendant un peu, la faim reviendra peut-être dans quelques instants. Heureusement qu’il y avait aussi des jours où elle prenait sans rien dire. Pour être honnête, il appréhendait toujours un peu, même s’il savait pourtant que c’était normal. Leur fille avait un appétit d’oiseau, il ne s’y était toujours pas habitué. Il fit légèrement tourner le biberon entre ses doigts, tout en gardant l’œil sur leur bébé.

Sa femme parla ensuite de Favan. C’est vrai, il n’y avait plus repensé... Il “prouvait” que c’était possible, comme projet, en revanche, c’était tout de même bien loin d’être simple, même alors qu’il avait vécu assez longtemps après eux. Et puis, le jeune homme était névrosé, il n’y avait pas d’autres mots. Lorana pouvait simplement dire “nerveux”, pour rester polie, mais ça ne couvrait pas du tout la réalité. Quand il repensait à ce qu’ils s’étaient dits... Et surtout, à l’état global de Favan ! Angoissé au point de mal en dormir la nuit et de ne plus oser prendre la parole, c’était effrayant. Thrass secoua un peu la tête, en y repensant, puis glissa doucement, à nouveau, la tétine entre les lèvres de sa fille. Elle commença à téter par automatisme, sans doute, par contre, il ne pensait pas qu’elle ait toujours une grande faim.

– Un descendant de Feesa a connu un temps où les nôtres, alors que leur sensitivité à la Force était connue, étaient acceptés par le restant de la communauté... ? Mais... Dans ce temps, Formbi n’aurait pas eu les mêmes raisons de changer d’opinion... Feesa avait dit ignorer ce qu’elle pouvait faire, alors le temps qu’ils l’apprennent tous les deux, et que mon frère change d’avis, il... Ou... Non, là, j’ai du mal à comprendre comment et pourquoi un truc pareil aurait bien pu se produire. Avec ça, Favan, tu dis, pourquoi n’a-t-il jamais pris contact avec aucun d’entre nous ? De quoi avait-il peur ?

– Il était stressé à un point où ça frôlait la pathologie, honnêtement. Il n’avait pas même dit son vrai nom, au départ, je lui ai fait avouer avec de la peine. Vraiment très angoissé et incroyablement nerveux. La Force n’était tout de même pas acceptée de tous, même d’où il venait. Son propre père était réfractaire au plus haut point et Favan a grandi dans l’angoisse que sa famille découvre un jour ce qu’il est. De ce qu’il a raconté, la Force était tolérée, plutôt qu’acceptée. C’est très différent. Quant à Formbi, il est resté dans l’histoire comme l’épine dans le pied, apparemment. Favan disait qu’il avait eu des relations amicales fortes avec les Jedis... Avec Luke, surtout. Mais c’est vrai qu’il avait beaucoup de mal à parler. Il ne voulait pas non plus approcher l’Ascendance de prêt ou de loin, ça, c’était un refus absolu. Dans sa propre époque, il menait un métier qui lui permettait de rester longtemps le plus loin possible des Régions Inconnues, déjà. Il vivait vraiment mal de ne pas être capable de rentrer dans le moule... Pourtant, il réfléchissait vite et m’a laissé un bon sentiment. C’est dommage qu’il ait aussi peu confiance en lui.

L’éducation, dans l’Ascendance, insistait pourtant beaucoup sur l’importance de la confiance personnelle, pour forger des individus capables de réagir vite et d’être autonomes assez jeunes. C’était aussi tout le but du service militaire. Il y avait également une part importante sur le contrôle et la gestion des émotions, afin que ces dernières n’empiètent jamais sur le devoir à accomplir. Que les envies personnelles ne prennent pas non plus toute la place. En conséquence, tomber sur quelqu’un comme Favan était aussi rare que perturbant. A croire qu’un pan entier de son éducation avait soit été oubliée, soit sabotée.

– De toute manière, ce n’est pas un exemple à donner, ça n’aidera pas Formbi de rappeler ce que pouvait faire sa nièce et encore moins parler de Favan. De toute façon, pour l’emmener dans l’Ascendance, ça aurait dû être pieds et poings liés.

Petit soupir de tristesse. En arriver à ce point-là, c’était malheureux. Durant ce temps, Edelweiss avait enfin réussi à terminer son biberon. Parfait, ma chérie. Il posa la petite bouteille sur la table du salon puis redressa leur bébé pour qu’elle puisse faire un petit rot. La fillette commençait à chouiner un peu, tendant la main vers sa maman. Il se leva pour aller la mettre dans les bras de Lorana, avec douceur, avant la crise de larmes potentielle.

– Ce n’est peut-être pas si étonnant, cela dit. D’avoir des peurs bien ancrées, je veux dire. Il suffit de regarder Feesa, à son arrivée, elle est longtemps restée convaincue que vous pourriez la rejeter, juste parce qu’elle sortait de nulle part. Ne pas avoir connu ses parents biologiques ou en avoir connu des abusifs, c’est vraiment dur pour un enfant.

« Merci. Je repensais à Favan... Vous ne le connaissez pas, tous les deux, mais Thrass, tu lui avais parlé. C’était un Chiss venu des failles, resté assez peu de temps, l’arrière-petit-fils de Feesa. Il venait d’une époque où un clan, ou un refuge plutôt, existait bel et bien pour des Chiss sensibles à la Force et formés. Du peu qu’il a bien voulu en dire, c’était assez bien accepté par la société, même si ça avait demandé beaucoup de temps, à condition bien sûr que ça n’amène aucun problème. On n’en sait que peu, cela dit, il était quand même très... Heu... Nerveux. »

Thrawn notait bien que la jeune humaine doutait encore mais c'était naturel d'une certaine façon. Ce n'était pas les paroles qui allaient suffire à lui donner confiance en elle mais ses actes, son travail. C'était pour cela que les chiss formaient leurs enfants jeunes et leur donnaient des tâches sérieuses à un âge "jeune" pour les humains. A quinze ans, un chiss a déjà un travail lié à ses compétences, et il ne fallait que quelques mois voir années pour qu'il soit indépendant dans son domaine. C'était dommage que les autres races ne fassent de même et qu'ils restent dépendant des adultes jusqu'à un tel âge.

« Il avait au moins dit poursuivre le travail de Formbi, puis celui de Feesa, j’imagine qu’elle a dû tout reprendre au pied levé après qu’il... ait dû avoir un souci. Mais ça montre au moins que dans ce temps ou un autre, Formbi a engagé ce type de travail et que ça une chance d’aboutir. C’est un espoir supplémentaire pour ici, cette époque. »

Donc ce Favan était un sensitif lui aussi. Thrawn ne se souciait pas de savoir qu'il était son arrière petit fils voir même s'il venait de plus loin dans le futur car, au final, cela importait peu. L'important était plus ce qu'il avait apporté du savoir de son époque, pas grand chose visiblement. Il semblait avoir juste révélé que le projet de Formbi finira par être accepté par les chiss mais pas avant longtemps si Formbi et Feesa avaient du s'en occuper, chacun à leur tour.

« Un descendant de Feesa a connu un temps où les nôtres, alors que leur sensitivité à la Force était connue, étaient acceptés par le restant de la communauté... ? Mais... Dans ce temps, Formbi n’aurait pas eu les mêmes raisons de changer d’opinion... Feesa avait dit ignorer ce qu’elle pouvait faire, alors le temps qu’ils l’apprennent tous les deux, et que mon frère change d’avis, il... Ou... Non, là, j’ai du mal à comprendre comment et pourquoi un truc pareil aurait bien pu se produire. Avec ça, Favan, tu dis, pourquoi n’a-t-il jamais pris contact avec aucun d’entre nous ? De quoi avait-il peur ? »

– Il était stressé à un point où ça frôlait la pathologie, honnêtement. Il n’avait pas même dit son vrai nom, au départ, je lui ai fait avouer avec de la peine. Vraiment très angoissé et incroyablement nerveux. La Force n’était tout de même pas acceptée de tous, même d’où il venait. Son propre père était réfractaire au plus haut point et Favan a grandi dans l’angoisse que sa famille découvre un jour ce qu’il est. De ce qu’il a raconté, la Force était tolérée, plutôt qu’acceptée. C’est très différent. Quant à Formbi, il est resté dans l’histoire comme l’épine dans le pied, apparemment. Favan disait qu’il avait eu des relations amicales fortes avec les Jedis... Avec Luke, surtout. Mais c’est vrai qu’il avait beaucoup de mal à parler. Il ne voulait pas non plus approcher l’Ascendance de prêt ou de loin, ça, c’était un refus absolu. Dans sa propre époque, il menait un métier qui lui permettait de rester longtemps le plus loin possible des Régions Inconnues, déjà. Il vivait vraiment mal de ne pas être capable de rentrer dans le moule... Pourtant, il réfléchissait vite et m’a laissé un bon sentiment. C’est dommage qu’il ait aussi peu confiance en lui.

De toute manière, ce n’est pas un exemple à donner, ça n’aidera pas Formbi de rappeler ce que pouvait faire sa nièce et encore moins parler de Favan. De toute façon, pour l’emmener dans l’Ascendance, ça aurait dû être pieds et poings liés.

Ce n’est peut-être pas si étonnant, cela dit. D’avoir des peurs bien ancrées, je veux dire. Il suffit de regarder Feesa, à son arrivée, elle est longtemps restée convaincue que vous pourriez la rejeter, juste parce qu’elle sortait de nulle part. Ne pas avoir connu ses parents biologiques ou en avoir connu des abusifs, c’est vraiment dur pour un enfant.

"J'imagine qu'il y avait d'autres raisons au fait qu'il ne veuille pas nous voir. Peut-être avait-il peur que nous ne soyons pas à la hauteur de ce qu'on a pu lui dire sur nous." Thrawn pensait à lui et à Chaf'orm'bintrano en disant cela, sachant que l'histoire ne retient que les noms de certaines personnes et rarement de ceux qui le méritent réellement. "Mais aussi par crainte de modifier l'avenir, même si cela a déjà du arriver. Feesa avait la même prudence, tu sais. Elle évitait de trop parler de son passé, notre futur." Il eut un léger sourire. "Imagines-tu ce qui pourrait arriver si, par exemple, j'étais un sensitif et qu'une faille me ramenait cent ans en arrière ? Tout le savoir technologique que je pourrais donner à notre peuple ? Les informations comme l'attaque des Etrangers il y a quelques décennies ? Les informations sur la chute de la République ?" Il baissa le ton légèrement. "Mais je n'en ferais rien, car cela pourrait altérer mon propre futur voir empêcher ma propre existence. C'est plus facile quand on vient du passé comme vous deux, Thrass."

Thrawn n'avait que peu d'expérience avec des sensitifs venus du futur, même s'il estimait sans une totale certitude en avoir croisé plusieurs. Les seuls dont il avait la certitude était le sith Krayt, rencontré avec Yularen et Soontir Fel, mais il n'avait lâché que peu d'information intéressante, notamment que les Fel dirigeront un empire. Et la seconde était Feesa bien sur. Il y avait le guignol capturé et qui a disparu peu après qu'il l'ai donné à l'Empereur, et qui n'avait rien apporté. Peut-être un ou deux autres mais de cela était plus une intuition qu'une conviction.

"De toute façon, leur savoir ne nous serait pas nécessairement utile : du peu que j'ai appris de Feesa, déjà, il n'y avait jamais eu de pandémie de cette ampleur. Notre futur ne sera donc pas leur passé.

Un descendant névrosé à un point maladif, Formbi resté dans l’Histoire comme un emmerdeur de première, la Force tolérée sans être encore bien acceptée, une famille traditionnelle et rigide, Luke qui arrivait à être ami avec son frère… Mmh, finalement, cette possibilité de futur-là n’était pas plus choquante que le reste. C’était même très crédible et possible, même si avec ce qui s’était déjà passé, jusqu’à présent, ça ne pourra guère arriver. Ils ne pourront pas utiliser ça en exemple, évidemment, mais ça restait amusant de le savoir. Ewime hocha simplement la tête, suite à cette explication, redevenue silencieuse. Thrass, lui, se leva tout à coup, pour aller mettre la petite dans les bras de sa mère, alors qu’elle commençait à renifler un peu. Ewime ferma les yeux un léger instant, pour retenir un soupir, à son tour. L’avenir promettait d’être moins paisible que ce qu’elle avait osé espérer, que ce soit dans leur ligne de temps ou avec d’autres, dont ils ne pouvaient que supposer le déroulé. On retrouvait malgré toujours les mêmes noms, dans la liste des personnes mettant de l’agitation.

La conversation entre les deux frères lui fit, par contre, naître un léger mal de tête. S’ils se mettaient à imaginer toutes les conséquences et implications possibles dans le cas où une personne venue du futur racontait tout en détail, que l’Histoire changeait considérablement, que des événements n’avaient pas lieu et que des nouveaux survenaient, qu’ils risquaient de provoquer pires incidents encore, et ainsi de suite… La future mère se frotta un peu les tempes pour en faire disparaître la pression, les yeux toujours clos. Rentrer dans ce type de débat les tiendraient éveiller toute la soirée et la nuit entière, et encore, ça ne suffirait en rien à boucler l’affaire. Elle n’avait pas non plus les connaissances nécessaires et l’envie de creuser encore plus ce type de questions. Non, ce qui l’interrogeait bien plus, et qui était aussi plus concret, c’était le sort de cette petite fille, si ses deux parents disparaissaient chacun dans une Faille de Force. Ou s’ils mourraient. Bien sûr, elle-même et Thrawn pourront veiller sur elle, mais eux-mêmes seront-ils également toujours là ? Tout comme Formbi et son épouse ? Ils étaient finalement une famille de parents menacés… Lorana et Thrass à cause des failles, Formbi et Namia par la politique et leurs ennemis, Thrawn par la guerre et elle par la maladie.

« De toute façon, leur savoir ne nous serait pas nécessairement utile : du peu que j'ai appris de Feesa, déjà, il n'y avait jamais eu de pandémie de cette ampleur. Notre futur ne sera donc pas leur passé. »

« Pas de pandémie, mais on sait grâce à Nat que les Yuuzhan Vongs sont passés par là. Il se préoccupait bien plus de ça que de l’Empire. De quoi s’agit-il, exactement, comme peuple, d’où viennent-ils ? »

Ewime sourcilla légèrement. Du peu qu’elle avait observé de Nat, il ne lui avait pas semblé qu’il s’inquiétait de quoi que ce soit. Mais elle ne pouvait pas dire grand-chose là-dessus, ça ne lui disait rien… Elle secoua donc un peu la tête en répondant qu’elle ne savait pas, pour sa part, et qu’elle en était désolée. Est-ce que ça pouvait vraiment être un danger pire que ne l’avait été la pandémie, maintenant ?

Pas à la hauteur… Ah, bon sang, ça lui rappelait Feesa, même si pour elle, c’était l’inverse, elle avait eu peur qu’on la rejette ou qu’elle rende une mauvaise impression. Quant à la peur de modifier l’avenir, c’était plus dur à dire… Même si sa nièce ne disait effectivement pas grand-chose sur ce qu’elle avait connu ou vécu, il ignorait si c’était de la prudence ou une simple conséquence de son manque d’assurance, vis à vis d’elle-même. Ou bien l’effet de se retrouver dans un passé très différent de celui qui l’avait construite. Ou encore un mélange de tout ça ? C’était difficile à dire et on ne pouvait plus poser la question à la petite directement. Ils ignoraient même si elle était bien rentrée et si oui, avait-elle conservé les souvenirs du temps passé ici ou avait-elle tout oublié ? N’était-elle partie qu’une brève seconde ou était-elle aussi « restée » là-bas, plongée dans le coma le temps que son esprit se matérialise dans cette ligne de temps ?

Il regardait son frère pensivement, pendant qu’il parlait. C’était une question qu’il s’était souvent poser, s’il était sensible à la Force ou non. Ce n’était pas héréditaire, par contre, ça se retrouvait pourtant souvent chez les membres d’une même famille ou leurs descendants. Thrass se demandait depuis longtemps si le traitement que leur père suivait autrefois n’était pas justement destiné à supprimer la Force, en lui… Thrawn était sans doute trop petit pour s’en rappeler, à l’époque, mais lui en avait bien vu les effets destructeurs. Très honnêtement, ça lui ferait assez peur d’apprendre que son petit frère était touché, lui aussi, il n’avait envie qu’il ait des ennuis supplémentaires à cause de ça. Même hors de l’Ascendance. C’était… compliqué. Les leurs avaient un rapport particulier et souvent très paradoxal, avec la Force, bien loin de ce qu’en pensaient la plupart des autres peuples dans la galaxie.

– De toute façon, leur savoir ne nous serait pas nécessairement utile : du peu que j'ai appris de Feesa, déjà, il n'y avait jamais eu de pandémie de cette ampleur. Notre futur ne sera donc pas leur passé.

– Pas de pandémie, mais on sait grâce à Nat que les Yuuzhan Vongs sont passés par là. Il se préoccupait bien plus de ça que de l’Empire. De quoi s’agit-il, exactement, comme peuple, d’où viennent-ils ?

Tiré de ses réflexions, Thrass ne répondit pas tout de suite, occupé à tenter de se rappeler du peu de paroles que ce grognon acceptait de lâcher entre ses longs et gênants moments de silence. Il en avait parlé, c’est vrai, mais il n’avait quasiment rien expliqué. Ewime murmura qu’elle n’en savait rien, pour sa part.

– Nat était plus agacé que trop peu de personnes acceptent la vérité sur l’Étoile Noire, lorsqu’il était encore là. C’est pareil, pour le peu qu’il parlait de son époque, de toute façon. J’ai juste compris que les peuples des régions Inconnues avaient bien plus de relations avec les autres qu’aujourd’hui et de très loin. Mais ce peuple-là, il n’en a presque rien dit.

Avec le recul, oui, il aurait sans doute fallu plus insister. Surtout voyant comment était le bonhomme, il en fallait beaucoup pour parvenir à l’inquiéter.

« Pas de pandémie, mais on sait grâce à Nat que les Yuuzhan Vongs sont passés par là. Il se préoccupait bien plus de ça que de l’Empire. »

Thrawn hocha la tête, en se souvenant du jedi, bougon autant qu'un Chaf'orm'bintrano. Lui aussi était venu du futur, et il avait été curieux de savoir ce qu'il aurait pu dire mais le chiss avait préféré ne pas le questionner. Cela aurait été mal vu, et il est presque certain qu'il n'aurait pas eu de réponse vu qu'il servait l'empereur Palpatine à l'époque. Non, si ce jedi avait voulu lui dire quoi que ce soit, genre pour le faire changer de camps, il l'aurait fait de lui-même.

« De quoi s’agit-il, exactement, comme peuple, d’où viennent-ils ? »

Ah, le maître jedi aurait-il fait des cachotteries à ses camarades ?

– Nat était plus agacé que trop peu de personnes acceptent la vérité sur l’Étoile Noire, lorsqu’il était encore là. C’est pareil, pour le peu qu’il parlait de son époque, de toute façon. J’ai juste compris que les peuples des régions Inconnues avaient bien plus de relations avec les autres qu’aujourd’hui et de très loin. Mais ce peuple-là, il n’en a presque rien dit.

"Et pourtant, l'Ascendance a déjà eu affaire à eux, tu sais." Thrawn s'adossa confortablement dans le canapé, poursuivant. "C'était quand j'étais le capitaine du Steadfast, le vaisseau de l'amiral Ar'alani. Un groupe de vaisseau d'un style totalement inconnu avait attaqué un vaisseau patrouillant sur la frontière et l'amiral a du réunir une petite force. Après un bref affrontement, l'ennemi est parti, ce alors que l'issu du combat était encore totalement impossible à prévoir, malgré que nos forces soient plus nombreuses aussi car leur technologie était inconnue. En effet, leurs vaisseaux étaient purement organiques, capable de générer de mini trou noir temporaire pour absorber nos missiles sans subir de dommage. Ils avaient aussi la capacité de dissiper nos boucliers, sans que l'on ait pu savoir comment.

Tout comme moi, l'amiral a estimé qu'ils représentaient une menace grave, surtout que nous n'avons retrouvé aucune trace d'eux, rien qui puisse indiquer leur origine voir même le nom de leur espèce. Un rapport fut envoyé au conseil des Familles mais ceux-ci n'ont pas compris le danger représenté, surtout qu'ils n'ont plus jamais fait parler d'eux, mis à part quelques rumeurs chez les quelques races avec qui nous commerçons.

tout cela pouvait être retrouvé facilement, mis à part le fait qu'aucun nom n'a jamais été donné à cette race car nul au sein de l'ascendance ne le connaît vraiment. Thrass était au courant, bien sur, car Thrawn lui en avait parlé à l'époque et il devait maintenant s'en rappeler.

"Une fois intégré au sein de l'Empire, j'ai fais quelques recherches sur des événements survenus à cette époque mais aucune mention notable n'a attiré mon attention sur une race nomade utilisant une technologie organique. Bien sur, une partie des archives avait été supprimée et les mondes en bordure de l'empire, de l'ancienne république, n'étaient pas assez importantes pour qu'on juge digne de tenir des rapports sur ce qui s'y passe.

Toutefois, il y a quelques années, est arrivé un sith venu du futur, un nommé Darth Krayt, que le colonel Yularen et moi avons croisé. Il a dévoilé certaines informations à l'empereur qui m'en a donné quelques-unes, notamment relative aux yuuzan vong, et encore est-ce parce que je le lui ai demandé.

Ce qui montrait, aux yeux du chiss, que l'empereur sous-estimait la menace posée par ce peuple. Mais, après tout, l'Empereur sous-estimait trop ses ennemis, maintenant. Il semblait croire pouvoir tout maîtriser et contrôler, et la pandémie montrait bien qu'il n'en était rien, alors que Palpatine avait promis à Thrawn qu'il s'occuperait de surveiller Plagueis.

"Du peu que j'ai obtenu, j'ai appris ceci : leur technologie est totalement biologique. Ils utilisent la génétique pour modifier la nature, plante et animaux j'imagine, afin de combler leurs besoins. Ils abhorrent tout ce qui est mécanique, les droïdes devant être une hérésie à leurs yeux. Le peu que le sith sache des coutumes de ce peuple est qu'ils vouent une vénération à la douleur et à la mort. De fait, l'empereur m'a conseillé de m'adresser à des Skywalker du futur pour en savoir plus." Le chiss fit un sourire amusé en disant cela. "La dernière information fut que le conflit entre eux et la galaxie fut rude, mais l'empereur m'a semblé très... évasif quand je lui ai demandé comment l'empire les avait vaincu. Enfin, il ne m'a donné aucune date, donc il est impossible de savoir quand nous entendront parler d'eux."

Autant le leur dire, car cela n'apportait pas grand chose aux événements actuels. Cela ne changera rien de ce qui se passe à travers la galaxie, et le citoyen lambda ne se sentira jamais concerné par ce genre d'information sur un mystérieux peuple alien dont aucune preuve de son existence ne peut être dévoilée.

"Bien sur, j'ai fais parvenir ce peu d'information à l'amiral Ar'alani."