Réchauffement climatique

Les images étaient… Complètement affolantes et saisissantes. Les chaînes d’informations tournaient toutes en boucle ce qui se passait à la surface de Csilla, affichant les importantes chutes de neige, les tremblements de terre, la cassure de glaciers gigantesques sous l’effet d’un réchauffement brutal. Régulièrement, des vaisseaux de la Flotte de Défense passaient, réquisitionnés pour évacuer les habitants de la planète et les emmener sur d’autres mondes, dans des constructions préfabriquées et isolés, faites pour protéger de l’air vicié en extérieur. Les équipements contre les airs infectés étaient très répandus et une habitude, pour leur peuple, se retourner sur ce domaine s’était fait avec rapidité. Mais voir Csilla se réchauffer… Installés dans leur appartement, lui aussi calfeutré et bien fermé, avec des filtres à air installés sur les fenêtres et la porte également, ils suivaient les images et commentaires du journaliste, sur l’écran.

"Les évacuations se poursuivent," ajouta le journaliste alors que la caméra pivotait vers un des vaisseaux quittant à l’instant l’une des entrées des tunnels et se dirigeant vers l’orbite. "Les habitants sont dispersés dans différentes structures temporaires, devant les abriter. Sur les autres planètes, le froid continue de s’accentuer et la qualité de l’air se dégrade."

Il enchaîna en décrivant les dégâts sur les différents mondes, accompagné cette fois d’un spécialiste. Arrivé au cas de Copero, Thrass émit un léger soupir. La planète, déjà froide de base, perdait encore des degrés, bien que ce ne soit pas une boule de glace géante, même les Chiss devaient maintenant fortement se couvrir pour sortir. Surtout, il fallait se protéger en portant un masque. Les maisons et lieux de travail avaient été calfeutrés en vitesse et équipés de systèmes pour garder un air sain dans les intérieurs. Les cultures étaient recouvertes, on ajoutait d’autres équipements pour maintenir une température acceptable, ce qui pouvait être déplacé sous terre y était emmené en ce moment-même. Une partie de la Flotte de Défense était concentrée tout autour de l’Ascendance pour surveiller et l’autre avait été réquisitionnée pour les évacuations, la construction d’habitats temporaires, la distribution d’appareils à oxygène, de système de ventilation et protection, pour la culture aussi…

Thrass se doutait que les petites navigatrices devaient être très malades, elles aussi, voire dans le coma… Sans elles, la Flotte allait en prendre un coup. Il lança un regard vers Lorana, allongée dans le canapé, la tête posée contre ses genoux. Bien malade, ces symptômes s’ajoutant à ceux de la grossesse. Par bonheur, leur fille n’était pas malade. Installée dans le petit fauteuil, à jouer avec sa poupée sans se préoccuper du monde l’entourant. Tout en massant doucement le front de sa femme pour la réconforter, il suivait les informations. Revenue sur Csilla, souffrant le plus entre toutes. Certaines villes avaient été touchées par l’accroissement brutal des rivières souterraines, des crues énormes avaient balayées une partie des habitations. Pire encore, ce type de phénomènes touchait toute la galaxie. C’était terrifiant… Mais alors qu’on notait des refroidissements de toutes parts, seules les planètes déjà glacées, comme Csilla, se réchauffaient. Aux infos, évidemment, personne ne parlait de la Force… Pourtant à l’origine de tout ça…

"Tu penses que la Force pourrait être en train de mourir ?" murmura-t-il doucement pour sa femme.

En voyant tout ça… On ne pouvait que se poser la question…

Edelweiss jouait innocemment, épargnée par bonheur. Cette seule vision suffisait à rassurer Lorana, tout comme elle était soulagée de voir que Thrass allait bien. Mais ce n’était pas le cas de tout le monde… Ses deux élèves étaient malades, l’un carrément hospitalisé, l’autre dans le même état qu’elle… Elle se remit un peu mieux dans le canapé, allongée et la tête posée contre les genoux de son mari, assis au bout. Ils regardaient les informations, après manger, suivant les nouvelles avec inquiétude. Depuis deux semaines, la situation ne cessait d’empirer, surtout sur Csilla, avec une violence abominable. Selon les experts, le changement était aussi brutal que ce qu’ils savaient de l‘apparition de l’ère glaciaire, selon les archives. La température remontait aussi vite qu’elle avait chuté à l’époque et cela provoquait des dégâts sur l’ensemble de la planète. Voir les glaciers craquer et s’effondrer comme ça… Mais le plus impressionnant, c’était bien que de véritables océans commençaient à se former. Sous leurs yeux, comme ça, en direct… Les eaux montaient et les géologues expliquaient que ça se reformait là où étaient déjà ces océans autrefois, avant la glaciation.

Elle lança un regard vers les fenêtres, désormais fermement closes et équipées de filtres, tout comme la porte, leur petit immeuble et partout ailleurs… Comment se débrouillaient ceux pour qui ce type de technologie n’était pas déjà répandu et familier ? Thrass soupira, tout à coup, en regardant les infos, sans cesser de lui masser doucement la tête. Évidemment que ça le bouleversait encore plus. Quant à la question qu’il lui posa… Elle se mordilla les lèvres puis finit par répondre que ça lui semblait assez peu probable, ils le ressentiraient, si tel était le cas. Au lieu d’assister à ces bouleversements, ils verraient plutôt les planètes mourir, littéralement. Mais quelque chose attaquait, ça, c’était sûr. Ça pouvait être ce Vitiate… Il en avait le pouvoir, non ? Et selon ce qu’elle avait entendu au Temple avant de partir, il avait déjà dévasté la vie sur des planètes entières ! Qu’est-ce qui l’empêcherait de recommencer ? Pourquoi, ensuite, elle ne pouvait pas en avoir la moindre idée. Ni même faire grand-chose, ce qui était bien le pire. Pourquoi que les Jedi, au moins, ne soient pas trop touchés.

Somnolente, elle ramena le plaid un peu mieux sur eux puis referma les yeux. Assez vite, elle eut l’esprit envahie par une sorte de grosse lumière vive et chantante… Si grande… Elle flottait là-dedans, l’esprit apaisé, bien que sans savoir où elle se trouvait… Durant un long moment… Puis elle comprit tout à coup, juste au moment la Force se mettait à remuer brusquement et elle se retrouva prise dans le tourbillon. C’était un, un… Elle essaya vainement de coupé la vision, de sortir de là, complètement terrifiée. Une puissante odeur de pourriture se répandait, agressive, avec une sorte d’ombre noire très fine courant comme un mille-pattes horrifique partout. Elle tentait toujours vainement de s’échapper lorsqu’elle tomba tout à coup contre Vader. Enfin, Anakin. Visage complètement découvert malgré ses blessures, la peau à vif, qui se jetait lui aussi derrière la parasite gluant et puant. Elle essaya de l’appeler et tout stoppa brusquement. Revenant d’un bloc à la réalité, elle n’eut que le temps de se redresser, attraper un vase vide sur la table basse et vomir tout ce qu’elle put dedans.

« Mama ?? »

« Ce n’est rien, ma chérie, » bafouilla-t-elle d’une voix rauque, en souriant à sa fille. « Maman est fatiguée. »

Elle ne se sentait vraiment pas bien… Elle rassura d’abord comme elle put sa petite puis s’aida de Thrass pour aller à la salle de bain, vomir une nouvelle fois puis se passer de l’eau sur le visage. C’est là qu’elle raconta à son mari ce qu’elle avait vu, loin des petites oreilles de leur fille.

« Je ne sais pas ce que c’était… » soupira-t-elle d’une voix tremblante. « Un parasite ou un… Je ne sais pas… »

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Vision : 1

Donc ça pouvait être bien plus grave encore, c’était ça qu’il devait comprendre ? Si rassurant… Il soupira un peu, en laissant retomber la tête sur le haut du canapé, pendant que Lorana se rendormait, la tête posée sur ses genoux. En continuant de suivre les infos, son esprit dériva en imaginant les conséquences possibles, sur leurs planètes, sur Csilla… Se pouvait-il qu’à terme, toutes les planètes deviennent des mondes gelés alors que leur monde capitale ne soit, ironiquement, un monde redevenu habitable ? Ça serait le comble ! Il ne s’écoula pas plus de quelques minutes lorsque sa femme se redressa très brusquement, le faisant sursauter, puis attrapa juste assez vite un vase posé près d’eux pour vomir dedans. Oh là ! Elle se sentait encore plus mal ?? Il l’attrapa par les épaules avant qu’elle ne chute pour de bon, le nez par terre, reposant aussi le vase plus loin. Prise elle aussi par surprise, leur fille s’affolait, le regard rivé vers sa mère et agitant ses poupées.

"Mama ??"

"Ce n’est rien, ma chérie. Maman est fatiguée."

Maman commençait à l’angoisser de plus en plus, surtout… Une fois leur petite à peu près rassurée, il l’aida à marcher jusqu’à la salle de bain, où elle vomit de nouveau dans les toilettes. Il lui tint les cheveux durant ce temps, un peu dépité de ne pouvoir rien faire de plus… Aucun médicament ne fonctionnait… Il lui prépara de l’eau chaude et une petite serviette, pour qu’elle se rince le visage, après avoir aussi pris une chaise pour elle. Puis écouta la vision qu’elle avait eu… Troublé, il ne sut quoi réponde dans l’instant, n’ayant jamais entendu parler d’une chose pareille. Et que pouvait bien faire le général au milieu d’un tel bazar ?! C’était insensé ! Avait-il quelque chose à voir avec tout ça ? Ou combattait-il simplement le… truc dans la Force ? Il retourna rapidement chercher le plaid, rassurer encore leur fille en disant que maman était juste un peu malade, puis revint pour en couvrir de nouveau sa femme, avec délicatesse. Elle tirait une de ces têtes… Avec la grossesse et ces soucis en plus, comment ne pas s’inquiéter plus que de raison ?Trop s’épuiser était encore plus dangereux sachant qu’elle était enceinte, ça pouvait la mettre en danger, tout comme leurs enfants.

"Je ne sais pas ce que c’était… Un parasite ou un… Je ne sais pas…"

"Respire doucement," sourit-il en s’agenouillant près d’elle, pour être à sa hauteur. "On va noter ça et faire adresser un message vers ton ancien Ordre, peut-être qu’ils en savent un peu plus, depuis le début de cette affaire."

Ça prendra beaucoup de temps, faire parvenir le message et recevoir une réponse, soit, mais peu importe. Ils n’avaient pas cinquante solutions sous la main. Et il préférait que sa femme se repose, plutôt que passer trop de temps à penser à des visions ou à la Force. Il lui massait un peu le front et les tempes, avec un air se voulant rassurant.

"Je pense qu’il vaut mieux que tu t’allonges tranquillement dans le lit," poursuivit-il en se redressant un peu. "La petite peut venir, si ça te détend."

En réalité, ça les détendait toutes les deux. Lorana pouvait se reposer tranquillement et leur fille, rassurée en la voyant à proximité immédiate malgré son état, jouait ou se blottissait contre elle. Durant ces moments-là, Thrass en profitait souvent pour s’occuper de la maison, poursuivre son travail, à distance en ce moment pour pouvoir veiller en même temps sur sa famille, préparer les repas et tout le reste. En bref, tout faire pour conserver un semblant de vie normale, malgré tout.

"Je vais me charger du message, une fois que tu seras allongée tranquillement, puis je reviendrai vous retrouver, toutes les deux. Est-ce que tu veux essayer de boire ou manger quelque chose ?"

« Respire doucement. On va noter ça et faire adresser un message vers ton ancien Ordre, peut-être qu’ils en savent un peu plus, depuis le début de cette affaire. »

« Mmh… »

S’ils se trouvaient dans le même état qu’elle, voire pire… Elle ferma doucement les yeux quand il la massa, trouvant ça très agréable, malgré l’état général. Aller s’allonger, sinon… Elle ne pourra faire grand-chose de plus, de toute façon. Et il avait raison, si ça pouvait aussi rassurer la petite avant qu’elle ne s’endorme, ça sera ça de gagné. Même si elle était pas malade, voir que ça n’allait pas fort à la maison la rendait anxieuse, sans compter qu’elle avait du mal à comprendre pourquoi ils n’allaient plus dans le petit parc, jouer avec les autres enfants. Son mari l’aida à s’installer dans leur chambre et quelques minutes plus tard, vint emmener leur petite sur le lit. Elle vint aussitôt la rejoindre à quatre pattes, sur la couverture, pour avoir un câlin, pendant que sa mère lui tendait les bras. Sa fille se blottit contre elle comme un petit chat, au plus grand bonheur de Lorana. Elle avait eu le temps de l’embrasser dans les cheveux une vingtaine de fois, avant que Thrass ne revienne, après avoir réglé quelques affaires dans l’appartement.

« Tu as déjà envoyé le message ? »

Le temps que ça puisse être transféré et que ça atteigne l’Ordre… Elle ne savait plus combien de temps exactement ça allait prendre, mais ce sera très long… Posée contre les oreillers, emmêlée dans le plaid avec sa fille dans les bras et son mari près d’elle, elle essayait de s’imaginer la même scène mais cette fois, toujours au sein de l’Ordre. Ça lui semblait plus… compliqué… Même s’il y avait toujours un moyen d’avoir un peu d’intimité, il était difficile de s’y sentir aussi à l’aise, dans ce type de situations. Être chez soit, tranquillement, n’avait pas de prix, pour de tels moments. Sans compter qu’avec deux enfants de plus, d’ici quelques mois, leur vie serait devenue bien plus compliquée, au Temple Jedi. Déjà que certains en avaient eu assez avec les pleurs d’un seul bébé, la nuit… Qu’est-ce que ça aurait bien pu donner avec deux. Peut-être que d’autres, parmi ceux de ce temps, avaient eu des enfants également, depuis leur départ, elle n’en savait trop rien. L’envie de trop y réfléchir n’y était pas. Déjà que le vieux fou la poursuivait jusqu’ici… Lui, par contre, elle espérait très fort qu’il soit tombé dans le coma.

« C’est peut-être une nouvelle conséquence des failles, » grimaça-t-elle tout en continuant de câliner sa fille. « Ou… Une attaque contre, ça serait… Je ne vois pas qui en aurait le pouvoir. Si Anakin est encore dans le coma, il a dû être emporté par ce problème sans pouvoir rien y faire. Il a toujours eu un rapport problématique avec la Force, depuis le début. Si ça devait frapper quelqu’un en particulier, ce n’est pas très étonnant que ça soit lui. »

Quelques autres avaient un rapport conflictuel, comme Meetra, avec ce pouvoir. Mais ce n’était encore rien en comparaison d’Anakin. Rares devaient être ceux à aussi ardemment rêver de s’en débarrasser à jamais. Mais si ce qu’elle avait vu en vision était vrai… Difficile de croire qu’il y parviendra un jour. Le couper de l’entité par un moyen ou un autre ne risquait-il pas de déclencher plus de problèmes encore ?

« Je ne sais pas comment on pourrait lui venir en aide… »

"Tu as déjà envoyé le message ?"

"Oui, à l’instant, ne t’en fais pas."

Il s’allongea à son tour auprès des deux femmes de sa vie, glissant simplement le bas des jambes dans un bout de plaid et s’appuyant, à moitié assis, contre les oreillers. Edelweiss s’était déjà blottie comme un chaton contre sa maman, c’était adorable. Même s’il ne savait pas comment faire pour la soulager plus, il était au moins rassuré de pouvoir rester auprès de sa famille durant ces moments et conserver un contact direct le reste du temps, lorsqu’il partait travaillait, en cas de besoin. Il tendit la main pour lui masser délicatement le front, pendant qu’elle faisait de même avec leur fille. A son humble avis, tant qu’ils restaient soudé autant en famille qu’avec les leurs, ça ne pouvait que bien se passer. Leurs ancêtres avaient survécu à des bouleversement climatiques terrifiants, durant toute une époque, ils pouvaient très bien faire de même. Que la Force soit bouleversée ou non. Thrass en restait fermement convaincu.

"C’est peut-être une nouvelle conséquence des failles. Ou… Une attaque contre, ça serait… Je ne vois pas qui en aurait le pouvoir. Si Anakin est encore dans le coma, il a dû être emporté par ce problème sans pouvoir rien y faire. Il a toujours eu un rapport problématique avec la Force, depuis le début. Si ça devait frapper quelqu’un en particulier, ce n’est pas très étonnant que ça soit lui. Je ne sais pas comment on pourrait lui venir en aide…"

Il s’efforça de se remémorer correctement tout ce qu’on lui avait conté sur les origines de Vader, enfin Anakin, au Temple, et ce qu’avait rajouté Lorana lorsqu’ils en avaient discuté ici. Un « rapport problématique » avec la Force… C’était le cas de le dire ! Mais lui venir en aide… Il finit par soupirer, en commençant par répondre que ça allait être très compliqué, voire impossible. Même une personne parfaitement formée, avec beaucoup d’expériences, pourrait avoir beaucoup de mal à atteindre l’ex-Sith, à ce niveau-là.

"Pour le moment, je pense qu’il vaut mieux se concentrer sur ce qui est accessible… C’est triste pour Va… Enfin, Anakin, c’est certain. Mais quoi qu’il se passe, pour lui, je doute qu’il puisse recevoir une aide efficace. Il est littéralement né dans les problèmes."

Thrass voyait mal comment on pourrait démarrer encore plus mal dans la vie, d’ailleurs, cette manière-là représentait le summum à ses yeux. Mieux valait être orphelin dès la naissance qu’être lié à jamais, de cette façon, à une entité surpuissante, possédant une telle emprise pour vous, pour l’éternité. Il en frissonnait rien que d’y penser. Les Jedi avaient la chance de ne pas en être prisonniers au même point, comme les Sith, sans doute.

"Tu ne penses pas que ça pourrait aussi venir de… Comment dire… Un lieu abîmé par la Force, qui aurait évolué, quelque chose comme ça. Que ça prenne sa source dans une manifestation physique, qui serait déréglée ?"

« Pour le moment, je pense qu’il vaut mieux se concentrer sur ce qui est accessible… C’est triste pour Va… Enfin, Anakin, c’est certain. Mais quoi qu’il se passe, pour lui, je doute qu’il puisse recevoir une aide efficace. Il est littéralement né dans les problèmes. »

Ce n’était pas faux, ça, pour le coup… Elle grimaça un peu, en haussant juste les épaules. Puis se pencha pour attraper le bord du plaid et la ramener plus haut contre leur petite, maintenant allongée sur le dos et bras écartée, déjà endormie. Au moins, ils avaient la chance de pouvoir préserver certains enfants et ne pas les laisser subir ce genre de choses. Anakin n’avait pas eu une enfance normale, même s’il avait été aimé, c’était le moins qu’on puisse dire, ça n’avait pas dû arranger son affaire. Lorana se recoucha contre les oreillers, après avoir défait les derniers élastiques retenant ses longs cheveux et être sûre qu’Edelweiss était bien installée. Son père pourra la porter dans son propre lit, un peu plus tard, ce n’était pas la peine de se presser immédiatement. Et ça risquerait de réveiller la petite, surtout. Ils attendaient toujours un moment, qu’elle soit plus profondément endormie, avant de la déplacer dans sa chambre… Une fois réveillée comme ça, avec la fatigue, la crise n’était jamais très loin et Lorana n’avait vraiment pas envie de devoir en gérer une ce soir.

« Tu ne penses pas que ça pourrait aussi venir de… Comment dire… Un lieu abîmé par la Force, qui aurait évolué, quelque chose comme ça. Que ça prenne sa source dans une manifestation physique, qui serait déréglée ? »

« Hum… Il y a des lieux où la Force est plus présente ou plus marquée, mais de là à dire que ça en devient abîmé… »

Même les mondes Sith ne l’étaient pas, à ses yeux. Ils étaient marqués, oui, mais pouvait-on parler d’une aliénation générale ? Le Côté Obscur secouait certaines planètes, comme le Côté Lumineux, il s‘agissait de phénomènes rares mais naturels pour autant. Après, l’hypothèse restait valable, quelqu’un aurait pu faire une expérience ayant mal tourné sur un monde déjà très pris dans les filets de la Force. Ou bien une entité issue de cette dernière aurait pu provoquer des dégâts. Dur à savoir… Lorsque ces ennuis avaient débuté, elle avait d’abord pensé au monstre principal, avant de se rétracter. Le fou, même avec tous les vices dont il était capable, n’avait pas la puissance nécessaire pour réaliser une énormité pareille. Et encore heureux… En revanche, associé à l’autre dingue… Une pensée effrayante, où elle n’avait pas les moyens de creuser ou d’en découvrir plus. Disons que ça faisait partie des hypothèses les plus crédibles. Il n’était pas non plus à exclure que la Force ait pété un boulon toute seule, exactement comme avec les failles, provoquant un nouveau bazar généralisé. Ce n’était rien, à côté d’avoir craché des personnes du passé ou du futur dans ce temps, après tout.

« La Force est malade ou distordue de base, de toute manière, » soupira-t-elle après un bref instant de silence, « les failles en sont le parfait exemple. Avec de la chance, peut-être que nous aurons d’autres signes, voire de visions, qui pourront aider à comprendre. »

Avec beaucoup de chance… En soi, les visions n’étaient pas si rares, elle s’en souvenait de beaucoup, mais la grande majorité étaient des images floues, inexploitables et très brèves. Les visions plus longues et claires, quant à elles, restaient bien plus rares. C’était bien pour ça qu’elle ne comptait pas là-dessus pour espérer en savoir plus. Son ancien maître avait eu un certain talent pour cela, capter formes et images lointaines, lors de ses méditations. Cependant, même lorsque cela ne voulait pas dire grand-chose, il en tirait souvent des conclusions abruptes et ne prenait pas la peine de se remettre en question. Lorana tenait à éviter cet écueil le maximum.

« Il faudra sans doute revoir des membres de l’Ordre, bientôt. Pour échanger nos informations et surtout voir ce qui est possible de faire, se partager les tâches. Surveiller l’évolution de tout ça, sur les différentes régions galactiques. Et sensibiliser plusieurs personnes à cette surveillance, même si elles ne sont pas sensibles à la Force. Ils doivent connaître des personnes, parmi les rebelles, pouvant faire ça. Comme nous, dans l’armée, ici. Est-ce que tu sais si, dans le Chaos, des peuples pourraient être plus touchés par tout ça et pourraient… Comment dire… Ressentir quelque chose, avec la Force ? »

"Hum… Il y a des lieux où la Force est plus présente ou plus marquée, mais de là à dire que ça en devient abîmé… La Force est malade ou distordue de base, de toute manière. Les failles en sont le parfait exemple. Avec de la chance, peut-être que nous aurons d’autres signes, voire de visions, qui pourront aider à comprendre."

Peut-être, il ne comptait pas trop là-dessus. Le mieux serait de trouver où les failles étaient apparues, sur quelle planète, afin d’étudier le terrain et essayer de comprendre ! Quoi que… Il y avait très peu de chance que le phénomène soit apparu « physiquement » quelque part…

"Il faudra sans doute revoir des membres de l’Ordre, bientôt. Pour échanger nos informations et surtout voir ce qui est possible de faire, se partager les tâches. Surveiller l’évolution de tout ça, sur les différentes régions galactiques. Et sensibiliser plusieurs personnes à cette surveillance, même si elles ne sont pas sensibles à la Force. Ils doivent connaître des personnes, parmi les rebelles, pouvant faire ça. Comme nous, dans l’armée, ici. Est-ce que tu sais si, dans le Chaos, des peuples pourraient être plus touchés par tout ça et pourraient… Comment dire… Ressentir quelque chose, avec la Force ?"

Hum, s’ils revoyaient des membres de l’Ordre, comme elle disait, ; il faudra en amont s’assurer que personne n’ait envie de refaire des remarques déplacées sur les activités menées ici ou sur autre chose… Si ce n’était, en revanche, que pour un échange de travail sain et sans fioritures, là, très bien. De toute manière, elle avait raison, ils devront s’occuper de ça et faire ne sorte qu’un maximum de personnes en fasse de même. Il préféra néanmoins taire ses craintes, sur ce qui pourrait lui être jeté à la figure en reprenant un contact plus direct avec les Jedi. Tout en se disant qu’il faudra travailler en amont pour que ce contact ne soit pas… Mal pris par les leurs également, que tout se produise dans les clous. Luke était l’interlocuteur principal, entre eux et l’Ordre, celui chargé de faire le lien, c’était vers lui qu’ils devaient se tourner, en utilisant les moyens de communication mis en place.

"Je ne connais pas d’exemples de ce peuple de ce genre, mais je me renseignerai."

Il devait peut-être même en connaître, mais pour le moment, ça lui échappait. Bah, pour l’instant, ce n’était pas une urgence absolue, il prendra le temps de voir tout cela un peu plus tard. En attendant, leur objectif de la soirée était plutôt de profiter de ce temps de repos en famille. Ils discutèrent de tout cela encore quelques temps, avant que la soirée ne soit plus avancée et qu’il soit temps de songer à dormir. Leur fille ne bougea même pas, lorsqu’il la récupéra en douceur, blottie contre sa maman, pour aller la porter dans son petit lit d’enfant. Il faudra bientôt remettre les affaires en place, s’il était confirmé que Tayla, Eli et leurs deux petits garçons devront quitter Csilla à leur tour, dans le fil des évacuations, puis venir les rejoindre ici. Ça sera mieux que les laisser dans un camp de réfugiés, quelque part sur la planète. Là encore, il devra y travailler un peu plus tard.