Faire aller

En arriver à devoir rencontrer quelqu’un par une porte dérobée, étant donné qu’ils ne se trouvaient pas dans le cadre officiel et le travail, c’était quelque chose… Pourtant, s’ils voulaient éviter certains ennuis à cause d’une rencontre privée, ça restait le mieux à faire. Il y avait des jours où il se mettait à détester la politique… Formbi racontait en détail comment s’était passé cette fameuse réunion avec son Clan, la voix brisée et l’air abattu. Discrètement, en profitant qu’il s’essuyait les yeux, Thrass en profita pour prendre le verre d’alcool posé devant lui, le vider dans une plante à côté et le reposer comme si de rien n’était. Ce n’est pas ça qui risquait de beaucoup l’aider en ce moment. Lui-même n’avait pas touché au sien. La situation était « simple » en soit, en revanche, les conséquences étaient si lourdes.

De leur côté, ça ne risquait pas de s’arranger non plus… Le nouveau chef de Clan avait beau être un modéré et poursuivre la ligne de conduite de son prédécesseur, il y avait des point sur lesquels il ne s’accordait pas du tout. Thrass l’avait rencontré il y a peu et il était clair que l’Aristocra le détestait ostensiblement. Anti-sensitif, le savoir pris là-dedans et en plus revenu d’entre les morts le dégoûtait profondément, il ne s’en cachait même pas. On pouvait s’estimer heureux qu’il reprenne au moins en bonne partie les directives de son prédécesseur… ? En tout cas, ça faisait un clan de plus, les Chaf, à prendre un virage conservateur et un autre, le sien, qui l’avait pris à moitié. Il se frotta un peu les tempes, une légère grimace aux lèvres. Génial, tout cela, vraiment… Sa femme allait être heureuse, elle aussi, quand elle rentrera, en découvrant ça en plus.

Formbi lui parlait de l’école, à présent. Le bâtiment pourtant juste fini et à peine utilisé allait devoir resservir à autre chose. De toute manière, étant donné les circonstances actuelles, poursuivre là-bas serait trop voyant, même si l’école était un peu isolée. Il y avait plus privé encore, cela dit, ils en avaient un peu parlé avec Lorana, avant qu’elle ne parte… Il se permit donc d’interrompre Formbi pour lui en glisser un mot. Les ruines. Tout simplement. Le seul lieu de Copero, et même de l’Ascendance, volontairement mis à l’écart de tous et où personne, ni les Clans ni la Flotte, n’avaient plus de droit d’action, si ce n’est, pour les Mitth, en assurer la surveillance. A la tête de l’Aristocra, il comprit vite que l’idée ne l’emballait pas. Thrass sourit faiblement, en remplissant leurs verres d’eau fraîche.

"Ce n’est pas le plus sûr, je sais," dit-il en poussant le verre d’eau vers lui, avec la boîte de mouchoirs. "Mais il est possible d’apprendre à y évoluer en minimisant la prise de risques. C’est le seul endroit où personne ne viendra et où personne ne viendra jeter un regard. Ces montagnes sont protégées, y compris par mon Clan, malgré les avis plus stricts aujourd’hui."

Ce n’était pas le seul souci, évidemment… La Force, selon sa femme, se comportait étrangement, là-dedans. Comme si la présence de fantômes ne suffisait pas. Mais après un temps d’adaptation, ça devait être faisable, cet homme, Rhonn, l’avait prouvé. Thrass commençait doucement à se dire que lui aussi devrait s’entraîner plus que ça… Aller plus loin que ce qu’il se contentait de faire depuis déjà des mois. Pour assurer la sécurité de sa famille.

"On ne peut tout de même pas abandonner comme ça, aussi simplement. Quitte à choisir entre des fantômes et des politiciens énervés, je préfère affronter les fantômes. Eux ont au moins la décence de vous attaquer de face. Il faudra d’abord en parler avec Burr'hon'nith, avant toute chose, bien entendu. Lorsqu’il sera de retour. Au moins, dans un premier temps, y retourner avec lui, découvrir les lieux en sachant, cette fois, se méfier de ce qui s’y cache, puis voir ce qui serait possible de faire. Il ne doit pas y avoir besoin de s’enfoncer dans les profondeurs et les salles creusées dans la montagne."

Son frère avait embarqué le maître il ne savait où, pour une mission au fin fond des Régions Inconnues. Ils étaient parti au même moment que sa femme, environ. Restait à découvrir dans quel état Rhonn allait revenir… Thrawn avait une légère tendance à filer mal au crâne à ce genre de personnes.

Se plonger dans le boulot quitte à oublier de manger et le soir venu, s’occuper uniquement de Famia et de leur adorable petite Fylianb, voilà ce qui le faisait tenir. Une stratégie simple et efficace. Il s’essuya encore les yeux, autant honteux, agacé et lassé de pleurer comme ça, surtout devant Mitth’ras’safis. Il ne pouvait pas aller sur Nirauan en ce moment, ça serait trop gros, sans compter que ça pourrait créer plus de soucis encore… Ne pas pouvoir discuter avec sa petite sœur lui plombait encore plus le moral. Après ça, il inspira un grand coup, puis discuta plutôt du cas de l’école. C’était aussi pour ça qu’ils devaient se rencontrer en secret, ce soir. Thrass l’interrompit peu de temps, pour indiquer que ce n’était pas un souci, que ces cours et entraînements pouvaient avoir lieu, tout simplement… Dans les ruines de Valmea.

Pas le plus sûr, qu’il disait, c’était le moins qu’on puisse dire ! L’Aristocra prit le verre qu’il poussa vers lui, sourcilla légèrement en constatant que son rhum s’était changé en eau, puis lâcha un profond soupir. Oui, c’est vrai que c’était un lieu à part et que personne ne s’y rendait, mais… C’était risqué… Il se frotta doucement le coin des yeux, épuisé, puis se moucha. Les ruines… Les ruines, vraiment… Il posa un regard blasé sur Thrass, se demandant à quel moment exact il avait bien pu se mettre à devenir aussi inconscient que les Jedi… Il avait pourtant été prudent, auparavant… Il fallait croire qu’être sensible à la Force pouvait vous rendre plus ou moins inconscient, décidément, lorsque ça durait à l’âge adulte. Ou alors, c’était un simple trait de famille dont il n’avait pas encore exprimé tout le potentiel.

"On ne peut tout de même pas abandonner comme ça, aussi simplement. Quitte à choisir entre des fantômes et des politiciens énervés, je préfère affronter les fantômes. Eux ont au moins la décence de vous attaquer de face. Il faudra d’abord en parler avec Burr'hon'nith, avant toute chose, bien entendu. Lorsqu’il sera de retour. Au moins, dans un premier temps, y retourner avec lui, découvrir les lieux en sachant, cette fois, se méfier de ce qui s’y cache, puis voir ce qui serait possible de faire. Il ne doit pas y avoir besoin de s’enfoncer dans les profondeurs et les salles creusées dans la montagne."

Formbi tourna la tête vers la fenêtre et les silhouettes des hautes montagnes se découpant dans l’obscurité. Les ruines n’étaient pas discernables, d’ici, mais le mont les abritant, lui, l’était. Une montagne portant le même nom que le complexe s’y abritant, semblant n’avoir rien de plus particulier que les autres. Ils ignoraient à quel point les ruines s’étendaient dans les galeries souterraines, mais peut-être Rhonn le savait-il. Il reporta ensuite le regard sur son interlocuteur, désormais soucieux de son instinct de survie.

"Qu’est-ce qui se cache, justement, dans les profondeurs, tu en as la moindre idée ?"

A ce compte-là, l’Aristocra était tout disposé à croire que les mines et les galeries de cette montagne renfermaient toute une colonie d’esprits agressifs et perturbés. Thrass n’en savait pas plus et mis à part ce type qui surveillait les lieux, personne ne devait rien en savoir. Cela dit, c’était heureux ! Ils avaient déjà une partie de la population effrayée à l’idée que des personnes bien vivantes puissent user de tels pouvoirs. Qu’est-ce que ça serait s’ils apprenaient que l’Ascendance comportait un petit lot de fantômes, dont certains très énervés.

"Pourquoi pas vivre vous aussi à l’écart dans les montagnes et reformer là-bas une sorte de clan de sensitifs, pendant qu’on y est," soupira-t-il. "Pour se cacher, oui, ça peut être bien… Enfin, je ne sais pas, je ne sais plus. Comptes-tu t’entraîner plus franchement, toi aussi ? Prend garde à ça, notre nouveau collègue te hait, tu sais, tu as déjà dû le remarquer. S’il veut te pourrir l’existence, ça lui donnera un prétexte de plus, servi sur un plateau d’argent."

"Qu’est-ce qui se cache, justement, dans les profondeurs, tu en as la moindre idée ?"

"Pas encore, non."

Ça ne pouvait, de toute façon, pas être pire que ce qui avait déjà été découvert ! Si ? Il est vrai que très peu avait pu être exploré et… Il lança à son tour un rapide coup d’œil vers la fenêtre et la silhouette des montagnes se découpant dans l’obscurité. Peut-être, en vérité. Qui pouvait vraiment le savoir, mis à part leur guide involontaire. Bah, de toute manière, c’était comme ça, il y avait bien des choses où ils ne pouvaient plus revenir en arrière. Même si c’était une possibilité, il n’était pas certain d’appliquer des choix différents. La vie était certainement bien plus simple, autrefois, pour autant, c’était du passé et il ne comptait pas espérer y revenir. Trop tard… Et il n’était pas question de tout laisser tomber. Ne serait-ce que pour sa famille. Il avait trop souvent rêvé de devenir père à son tour pour oser rêver d’abandonner aujourd’hui, c’était tout simplement hors de question.

"Pourquoi pas vivre vous aussi à l’écart dans les montagnes et reformer là-bas une sorte de clan de sensitifs, pendant qu’on y est. Pour se cacher, oui, ça peut être bien… Enfin, je ne sais pas, je ne sais plus. Comptes-tu t’entraîner plus franchement, toi aussi ? Prend garde à ça, notre nouveau collègue te hait, tu sais, tu as déjà dû le remarquer. S’il veut te pourrir l’existence, ça lui donnera un prétexte de plus, servi sur un plateau d’argent."

Ils n’avaient pas de raison, encore, de vivre à l’écart dans les montagnes, eux aussi, allons. Thrass secoua légèrement la tête, silencieux sur le moment. Il ne savait pas vraiment quoi répondre à ça. Oui, leur nouveau chef de Famille le haïssait, c’était clair et net. De là à chercher à lui pourrir la vie, comme Formbi le disait ? Dur à dire, pour le moment, il était arrivé en place il y a seulement quelques jours et Thrass n’avait eu qu’à peine l’occasion de travailler auprès de lui. Mais ça allait vite venir, la réponse ne tardera pas. Sans compter que même sans le croiser une seule fois, leur chef avait beaucoup d’outils à disposition, s’il lui prenait l’envie de lui rendre la vie impossible. Il verra bien, avec le temps.

"Je compte m’entraîner plus que je ne le fais déjà, ça, oui," répondit-il d’un ton légèrement moins assuré qu’il ne l’aurait voulu. "Au moins pour être capable, avec le temps, de mieux préserver ma famille, comme nous n’aurons plus de gardes du corps. Mais je ne compte pas le crier sous tous les toits, évidemment. Je ne sais pas encore comment ça peut se passer ou se faire."

Le travail prenait beaucoup de temps, s’occuper de la famille et de la maison aussi. Sans oublier que sa femme allait, en plus, bientôt accoucher. Dans tous les cas, il fallait attendre que Rhonn revienne, que Lorana ait put mettre leurs enfants au monde et qu’ils se réorganisent, retrouvent un nouveau rythme de vie, que Tayla et Eli aient pu s’installer dans l’appartement qu’ils avaient pu voir et y être confortablement aménagés, et ainsi de suite.

"Ne te préoccupe plus de tout ça, ce n’est pas le moment," reprit-il avec un vague geste de main. "Tu vas déjà bien avoir assez à faire, avec la politique, on peut se charger de l’école et des deux premiers élèves, durant ce temps. Ce qu’il nous faut, avant toute chose, c’est un petit système simple, pour te faire passer des nouvelles de ta petite sœur, quand ce sera possible, sans que ton Clan ne le sache. Se voir ainsi, en secret, ça reste assez risqué. As-tu une personne de confiance, même hors de ton Clan, qui pourrait servir de relais ?"

Il posait la question, mais avec peu d’espoirs… Conscient que ça sera surtout à eux de trouver quelqu’un. Formbi avait très peu d’amis… Pour ne pas dire un seul et ce dernier se retrouvait injustement en prison.

"Je compte m’entraîner plus que je ne le fais déjà, ça, oui. Au moins pour être capable, avec le temps, de mieux préserver ma famille, comme nous n’aurons plus de gardes du corps. Mais je ne compte pas le crier sous tous les toits, évidemment. Je ne sais pas encore comment ça peut se passer ou se faire."

"Mmh…"

Ça se comprenait… Mais il devra faire vraiment très attention à tout ce qu’il faisait… Formbi se frotta un peu les yeux, épuisé et las, haussant un peu les épaules lorsque Thrass lui lança qu’il ne devait plus se soucier de l’école, en ce moment, ou de ce qui pouvait arriver sur le sujet. Ce n’est pas comme s’il avait le choix… Heureusement, lui et sa femme pourront reprendre tout ça en main. Quant au lieu, eh bien, à eux de voir, s‘ils tenaient sincèrement à s’enfoncer dans les ruines… Il reprit son verre, jetant un regard circonspect à l’eau, avant de boire. A quel moment avait-il fini de boire aussi vite la liqueur étant dedans ? Il ne se souvenait même pas de l’avoir fini et rempli d’eau à la place. Pfft, il perdait la tête, ce soir, la fatigue était importante. Famia serait ici, elle lui dirait de faire attention, elle aussi. Au fond, oui, c’est vrai, boire de l’alcool dans ce genre de situation n’aidait pas.

"Ce qu’il nous faut, avant toute chose, c’est un petit système simple, pour te faire passer des nouvelles de ta petite sœur, quand ce sera possible, sans que ton Clan ne le sache. Se voir ainsi, en secret, ça reste assez risqué. As-tu une personne de confiance, même hors de ton Clan, qui pourrait servir de relais ?"

Plus maintenant. Il secoua légèrement la tête en signe de négation, avec un énième soupir. Si lui connaissait déjà quelqu’un pouvant accepter, qu’il fasse donc… Il avait plus d’amis ou de connaissances que lui… Formbi reprit une photo de sa fille, pour l’observer, se remonter le moral grâce à cela. Son mignon petit sourire valait tout l’or du monde, à ses yeux, elle était l’un des rares point stables de sa vie, il l’aimait profondément, tout comme son épouse. En les regardant, il se demandait parfois comment il aurait réagi, sans elles, dans une pareille situation. Tout aurait bien plus compliqué… Il ne voulait, en revanche, risquer d’impliquer sa sœur encore plus, dans ces soucis, c’était déjà une très grande chance qu’elle ait pu trouver un autre clan aussi rapidement.

"Pour le moment, ça… Va, disons. Ewi est en sécurité, sur Nirauan, son mari pourra aussi la protéger, en cas de besoin. Pour ce qui est des soucis politiques, c’est moi qui pourras faire paravent. Toi aussi, tu pourras t’en charger, pour ta propre famille. Fais simplement attention, apprendre que tu reprends un entraînement plus poussé pourrait te faire perdre ton poste. Et en retrouver un autre après ça…"

Les renvois, en politique, étaient rares, soit, mais ils arrivaient. Très souvent pour les mêmes motifs, soit une incompétence flagrante, soit une faute grave, soit une impossibilité de parvenir à une entente avec ses supérieurs ou collègues. Thrass pouvait complètement rentrer dans ce dernier cas, très aisément. Même si son chef de clan n’en arrivait pas à des extrêmes, son animosité envers lui rendait sa situation très fragile.

"Tu n’as jamais demandé à ton frère de t’enseigner quelques techniques de base, pour l’auto-défense ? J’imagine que ce qui a été appris durant le service militaire est rendu loin."

Non pas qu’il pensait que Thrass allait courir s’enfoncer dans des combats, mais… Enfin, il était sensitif, avait épousé une ex-Jedi et comptait aller plus loin sur le chemin de la Force. Autrement dit, tout semblait réuni pour qu’il se retrouve, tôt ou tard, dans dans des situations complètement improbables et dangereuses.

C’est bien ce qu’il pensait, non, donc. Lui-même pensait à Vuana… Elle était au courant de toute la situation, y compris celle familiale bien plus privé d’Ewime, un secret qui n’était, jusque là, n’avait été partagé par les plus proches parents et par Eli et sa famille. Autrement dit, un cercle relativement restreint. Il soupçonnait également l’amirale Ar’Alani d’avoir tout deviné, mais ce n’était pas elle qui risquait d’en dire quoi que ce soit. En plus, beaucoup dans la base devaient avoir compris mais eux, au moins, n’étaient pas au courant des problèmes que ça soulevait, ça devait leur apparaître comme une simple relation de couple, tout ce qu’il y a de plus banale. Est-ce que la jeune femme acceptera, ça, c’était encore une autre affaire, il devra bien préparer ses arguments. Elle… Disons qu’elle n’était pas très à l’aise, encore, avec toute cette histoire.

"Pour le moment, ça… Va, disons. Ewi est en sécurité, sur Nirauan, son mari pourra aussi la protéger, en cas de besoin. Pour ce qui est des soucis politiques, c’est moi qui pourras faire paravent. Toi aussi, tu pourras t’en charger, pour ta propre famille. Fais simplement attention, apprendre que tu reprends un entraînement plus poussé pourrait te faire perdre ton poste. Et en retrouver un autre après ça…"

Son mari… Thrass n’écouta qu’à moitié les avertissements, déjà bien au courant, tiquant trop sur le reste. Son « mari » ! Il avait laissé tomber, même là-dessus ? Une rancœur de plusieurs années, ses apriori, sa froideur… ? Il ne voyait plus le mal à… Dans la tête du père de famille, ça sonna comme un véritable signal d’alarme, le genre à lui faire sérieusement peur, quand à l’état réel de Formbi. Pour qu’il accepte de considérer Thrawn comme le « mari » d’Ewime, à haute voix, sans sourciller, grincer des dents, râler, soupirer ou juste hésiter, c’est qu’il devait vraiment être très mal. Mais comment le lui faire admettre… ? Il répondra sûrement que ça allait pour lui aussi, il avait sa famille auprès de lui… C’était vrai, mais visiblement, ça ne suffisait pas. C’était angoissant… Jamais Formbi n’avait évoqué Thrawn sans faire ce petit rictus rapide, au coin des lèvres.

"Tu n’as jamais demandé à ton frère de t’enseigner quelques techniques de base, pour l’auto-défense ? J’imagine que ce qui a été appris durant le service militaire est rendu loin."

Toujours pas de grimace en vue. Même en l’ayant très bien observé, pour en être sûr… Bon… Il se redressa un peu, choisissant ses mots avec un très grand soin. Ça ne devrait pas l’étonner, cela dit, car voilà trop longtemps que l’Aristocra se débattait seul dans son coin, sous les soucis, il allait forcément arriver un moment où les fissures devenaient visibles. Tout ça n’était que la goutte de trop.

"Je ne crois pas qu’il ait le temps de m’enseigner ça," commença-t-il en adressant un bref sourire à son interlocuteur. "Ou peut-être une fois, pour une technique, à l’occasion, qui sait. Je m’en occuperais avec d’autres, ce ne sera pas un souci. Dis-moi, plutôt, les problèmes vont se régler peu à peu, ceux qui peuvent l’être. Nous allons tous devoir prendre plus de précautions et faire attention, d’accord, mais tout de même. Pour progresser, sur le long terme, il faut aussi faire attention à soi-même, à prendre du temps pour se reposer et se vider l’esprit."

Ce qu’il ne faisait plus du tout et ce dont Famia s’était déjà inquiété ouvertement à plusieurs reprises. Mais Formbi avait du mal à l’entendre ou l’admettre. Il courrait avec les événements et ne réalisait plus ce que ça lui coûtait. Sans même parler des problèmes plus globaux de l’Ascendance, avec Csilla en tête. Il pensait à un autre moyen… Ah, il était dommage que Lorana soit déjà partie, elle aurait pu l’emmener et en profiter…

"Tu vois, il n’y a pas que l’Ascendance, où tu as des responsabilités, tu es toujours en poste pour être intermédiaire entre l’Ordre Jedi et les nôtres. Ce lien-là n’a jamais été coupé, encore. Tu ne devrais pas revoir le jeune Skywalker, pour échanger là-dessus ? Ça te changera des affaires de ton clan."

Bien que la majorité des affaires en cours allaient être traitées avec la capitaine et Lorana, durant leur passage là-bas… Mais ce n’était qu’un détail, après tout, il cherchait simplement un moyen d’éloigner un peu Formbi de ses soucis, qu’il se vide la tête, avant que ça ne parte en vrille. Il était inutile de lui préciser que le gros du boulot allait déjà être fait avant ça.

"Je ne crois pas qu’il ait le temps de m’enseigner ça. Ou peut-être une fois, pour une technique, à l’occasion, qui sait. Je m’en occuperais avec d’autres, ce ne sera pas un souci. Dis-moi, plutôt, les problèmes vont se régler peu à peu, ceux qui peuvent l’être. Nous allons tous devoir prendre plus de précautions et faire attention, d’accord, mais tout de même. Pour progresser, sur le long terme, il faut aussi faire attention à soi-même, à prendre du temps pour se reposer et se vider l’esprit."

"Mmh ?"

"Tu vois, il n’y a pas que l’Ascendance, où tu as des responsabilités, tu es toujours en poste pour être intermédiaire entre l’Ordre Jedi et les nôtres. Ce lien-là n’a jamais été coupé, encore. Tu ne devrais pas revoir le jeune Skywalker, pour échanger là-dessus ? Ça te changera des affaires de ton clan."

Échanger pour… Ah, peut-être… Pour être honnête, il y a déjà des mois qu’il avait complètement oublié les Jedi… Comme les liens avec eux… Trop de choses à penser, trop de soucis, jusqu’au bouquet final. Aucune place n’aurait pu être consacrée à l’Ordre. Mais il est vrai qu’il était censé s’occuper de ce lien-là. Personne n’en avait reparlé depuis longtemps, d’ailleurs, tous absorbés dans des soucis autrement plus graves. Ce serait surtout la Flotte qui serait la principale concernée, pour les sujets où pourraient travailler les Jedi, de concert avec eux, en ce moment. Le problème étant, encore et toujours, le manque d’informations global… Comment organiser la moindre traque si personne n’avait la moindre idée d’une direction, même vague, vers la cible. Et c’est bien ce qu’il répondit tout d’abord à Thrass, qu’il serait difficile d’aller les trouver pour organiser la moindre mission, pour le moment.

"Avec ça," ajouta-t-il en soupirant une nouvelle fois, "au vu de la situation globale, les forces militaires sont surtout concentrées sur les différents mondes et les frontières. Le Chaos a autre chose à gérer que se lancer dans autant de combats qu’il y a quelques mois. Mieux vaut attendre que ça se calme un peu."

Il inspira à fond, en se redressant puis en se frottant longuement les yeux et le visage. Malgré tout, revoir le jeune homme ne serait pas désagréable, ce petit était sociable et ne lui avait jamais donné une mauvaise impression. Ça changeait, effectivement, d’autant plus que Formbi avait du mal à bien s’entendre avec les gens. De là à songer à une simple visite de courtoisie, s’il n’y avait pas de travail, non. D’une part, c’était loin, d’autre part, il ne pouvait pas tout laisser tomber ici juste pour aller rendre visite à une personne appréciée. Peut-être à une occasion particulière, si le petit jeune passait dans les parages, pourquoi pas, mais sinon… Il ne pouvait se libérer si simplement.

"Toi aussi, tu vas vite finir débordé. Ton épouse approche du terme, non ?"

Flûte, ça ne fonctionnait pas… Il conserva un air parfaitement neutre, hochant la tête à sa réponse, tout en réfléchissant aux autres moyens à sa disposition. Dommage, mais ce n’était que partie remise, peut-être trouvera-t-il une autre manière de s’y prendre, d’ici quelques temps. Il termina son verre d’eau, tout en écoutant son interlocuteur, sans plus faire de commentaires là-dessus. Attendre que ça se calme un peu ? Ils ignoraient en combien de temps ils avaient des chances que cela se calme, justement ! Enfin… Tout dépendait de quelle planète ils parlaient. La situation n’était pas brillante mais maîtrisée, sur tous les mondes appartenant à l’Ascendance En-dehors du cas particulier de Csilla, qui se réchauffait, tremblait, fondait… Les secousses y étaient violentes, les crues rapides et enflées, les humeurs climatiques violentes déclenchaient des orages souvent abominables.

"Toi aussi, tu vas vite finir débordé. Ton épouse approche du terme, non ?"

"D’ici peu de temps, oui," sourit-il. "On s’est déjà organisés, pour préparer la venue des enfants, ça devrait bien se passer."

Ce n’était pas comme au Temple, Lorana avait eu un meilleur suivi de sa grossesse et ils savaient tous les deux qui sera le médecin en charge, dans quelles conditions et à peu près à quel moment. Tout l’avantage de pouvoir assurer le suivi avec une maternité, somme toute. De plus, ils pourront arriver à l’accouchement sans avoir le risque que l’Empire ne vienne bombarder les lieux en plein milieu du travail. Pensant que ça pouvait facilement distraie Formbi, il le lança doucement sur sa fille, comment elle allait et son développement. C’était une solution de facilité mais elle avait le mérite d’être efficace. Ils discutèrent encore un moment, plus posément, avant de devoir filer. Thrass partit le premier, par une porte dérobée, puis partant avec discrétion.