Rencontre au parc

Se retrouver en congé paternité pour continuer à faire de la politique, il y avait comme une certaine ironie… Avant de partir, il s’était assuré que toutes les courses étaient bien faites, que Lorana n’ait pas besoin de se fatiguer à sortir et elle avait quelqu’un pouvant aller la voir et l’aider, en cas de soucis. En attendant, pour sa part, il venait juste d’arriver sur Naporar. Voilà longtemps qu’il ne s’était plus rendu sur cette planète, d’ailleurs… Depuis leur arrivée, avec sa famille, ils étaient principalement restés sur Copero. Il avait dû faire quelques allers-retours sur Csilla, pour le travail, puis une fois à la rencontre du clan Kivu, sans autres grands trajets. Hormis ceux faits vers Nirauan, bien sûr. Il partit à pieds vers le lieu de rendez-vous, ayant assez de temps pour ça et préférant rester discret. La planète, comme Copero, avait connu un léger pic de population, depuis que Csilla avait été évacuée. Visiblement, certains allaient rester sur le long terme, il aperçut en passant de nouvelles constructions domestiques. Pas mal devaient imaginer qu’ils ne reviendront jamais à la capitale…

Il grimaça légèrement et brièvement, tout en prenant la direction du parc. De toute manière, même si la situation se stabilisait enfin sur la planète, tout était détruit… Les villes souterraines avaient toutes été englouties, tout comme les routes et les tunnels où leurs petites navettes circulaient. Aucune infrastructure n’avait résisté au déluge et aux tremblements de terre. A la surface, les glaciers poursuivaient leurs fontes et peu à peu, les océans d’antan se reformaient. Un spectacle aussi effarant qu’incroyable, qui attirait un nombre colossal de curieux, survolant le monde en navette. Il y avait une fascination morbide, à observer une planète se libérant ainsi de la glace, chargeant son oxygène de nouveaux atomes et composants, la rendant de nouveau respirable. Une terre brisée par des millénaires de glaciation se révélait et sur certaines hauteurs, déjà, les observateurs avaient noté la présence de rares herbes. Il faudra des mois, avant que de nouvelles constructions y voient le jour.

Ce fut pile à l’heure convenue qu’il se glissa dans le domaine Stybla, à ses bordures, puis dans le parc, où il y retrouva celui qu’il était venu voir. Stybla'ppin'cykok avait pris de l’âge, bien entendu… Tant d’années s’étaient écoulées et comme à chaque fois qu’il revoyait une personne qu’il avait connu par le passé, Thrass ressentait le profond décalage entre eux. Ils avaient changé, pris de l’âge, du galon pour certains, tel son interlocuteur aujourd’hui, connu des époques de tension supplémentaires, ces dernières années, avant la pandémie, avant l’empoisonnement et les ravages causés à Csilla. L’assistant de Lappincyk se tenait non loin, légèrement à l’écart. Cela dit, Thrass préférait rencontrer ce Clan plutôt que certains autres… Même s’il ignorait comment son retour à la vie était perçu par eux.

"Patriarche Stybla'ppin'cykok," le salua-t-il en arrivant à sa hauteur.

Il mettait les formes, dans la manière de le saluer, se tenir face à lui, les mots choisis pour débuter ce genre d’entretien, même hors d’un cadre plus formel. Une attitude bien ancrée, par la force de l’habitude, il avait très vite repris le temps en reprenant le travail, avec son propre Clan. Les salutations d’usage prenaient toujours un certain temps et ça, c’était bien une chose qu’il enviait aux Humains, la manière plus expéditive dont ils se souciaient de ça. Enfin, mettons-y les formes, poliment, tranquillement… A l’abri des regards, également, sait-on jamais. Non pas qu’il craignait spécialement quelque chose, ici, mais on n’était jamais assez prudent. Surtout avec tout ce qui s’était déjà produit.

"Félicitations pour avoir succédé au Patriarche Stybla'mi'ovodo," reprit-il après cette phase très formelle. "Je vous remercie d’avoir accepté de me recevoir, malgré que vous devez être bien occupé, avec les récents bouleversements. J’ai pu voir que vous aviez fait entreprendre des travaux, pour les nouveaux venus depuis Csilla."

Engager doucement la conversation, ne pas rentrer trop vite dans le vif du sujet comme les bourrins, faire attention aux petits détails, comme à sa posture… Ces habitudes-là ne s’étaient pas perdues dans la mort, fort heureusement.

Stybla'ppin'cykok, ou Lappincyk, n'était pas un chiss si âgé que cela. A seulement quatre-vingt-dix ans, il restait même en bonne forme et, selon son épouse, il ne faisait pas encore son âge. Il n'avait, par contre, que peu de temps pour lui-même, car le travail d'un patriarche reste très prenant, comme il le savait déjà à l'époque où il était le premier assistant de son prédécesseur, Stybla'mi'ovodo. Il regrettait parfois cette époque, d'ailleurs, où il avait moins de préoccupations et moins de soucis politiques à surveiller.

Car, certes, la Famille Stybla ne faisait plus parti des Familles Régnantes depuis cinq millénaires mais jamais elle n'oubliait son rôle et continuant à tenir les Neufs à l'oeil, et  à protéger certains des secrets de l'Ascendance Chiss, pour son bien et son avenir. Et à l'occasion, il travaillait pour orienter certaines politiques, comme lorsque Lamiov avait aidé son confrère de la Famille Mitth, ou même ce que faisait la Flotte.

Le chiss chassa ces pensées nostalgiques, créées par la rencontre qu'il va avoi et qui semblait surgir de cette époque, d'il y a trente ans. Il était suivi par Stybla'vin'onyouk, ou Lavinon, alors qu'il marchait dans la parc, proche du domaine de sa Famille, un endroit peu fréquenté à cette heure et dont les rares promeneurs faisant probablement parti de la sécurité. Ceux-ci savaient qu'on n'interdisait pas à un patriarche Stybla de voir qui il voulait voir ni où mais ce dernier ne pouvait par les empêcher de s'assurer qu'il n'y a aucun danger pour lui, non que quelqu'un oserait commettre un tel acte. Ce serait légèrement suicidaire, après les agressions commises contre les deux humains, surtout la femme enceinte.

Il sourit, voyant approcher le "jeune chiss" qu'il attendait. Il masqua sa surprise de le voir pareil qu'il y a trente ans, le sachant intellectuellement mais ne le comprenant réellement que maintenant.

"Patriarche Stybla'ppin'cykok,"

"Bonjour, Mitth'ras'safis."

Il hocha la tête, débutant une polie et simple cérémonie de salutation, loin d'être aussi complexe qu'elle devrait l'être pour quelqu'un comme Thrass. Mais Lappinccyk avait senti que ce dernier ne voulait pas forcément une rencontre officielle, d'où le fait qu'elle soit dans ce parc, et non pas dans son bureaua où son visiteur aurait du franchir plusieurs étapes et quelques jours voir semaines avant d'arriver à lui.

"Félicitations pour avoir succédé au Patriarche Stybla'mi'ovodo.Je vous remercie d’avoir accepté de me recevoir, malgré que vous devez être bien occupé, avec les récents bouleversements. J’ai pu voir que vous aviez fait entreprendre des travaux, pour les nouveaux venus depuis Csilla."

"Il n'y a aucun soucis. Je n'ai nullement oublié le service que vous et votre frère avez rendu non seulement aux Stybla mais aussi à toute l'Ascendance. J'ai d'ailleurs regretté votre décès," prononca-t-il avec une certaine ironie, ajoutant avec un grand sérieux, "sans lequel vous seriez à la tête de votre Famille, aujourd'hui. Pour Csilla, comme toujours, les Stybla sont là pour leurs frères et soeurs en difficulté."

A dire vrai, ils avaient aidé ailleurs aussi. Car si Csilla était le monde le plus touché par la crise actuelle, il n'était pas le seul et d'autres, plus pauvres, n'auraient peut-être pas tenu si quelques Familles n'avaient été les aider. certes, les Neufs l'avaient fait aussi mais pas sans arrière-pensées politiques. Lappincyk désigna un banc à son jeune interlocuteur, l'invitant à venir s'y asseoir.

"Mais vous ne devez pas être venu jusqu'ici pour discuter politique ou du passé, n'est-ce pas ? Pouvez m'expliquer ce que je peux pour vous," demanda-t-il en s'asseyant.

"Il n'y a aucun soucis. Je n'ai nullement oublié le service que vous et votre frère avez rendu non seulement aux Stybla mais aussi à toute l'Ascendance. J'ai d'ailleurs regretté votre décès, sans lequel vous seriez à la tête de votre Famille, aujourd'hui. Pour Csilla, comme toujours, les Stybla sont là pour leurs frères et sœurs en difficulté."

"La mort m’a ainsi préservé," sourit-il faiblement.

S’il avait pu gagner la confiance de certains, il savait que ses méthodes avaient attisé la méfiance de bien d’autres, au sein de son propre Clan et ailleurs. Ce qui se déroulait dans les coulisses était parfois… Assez houleux. D’autant plus lorsqu’il fallait se mêler d’histoires et d’autres pour en préserver ses proches, ou lorsqu’on mettait le nez dans des affaires vous dépassant et de loin. De toute manière, Thrass n’avait jamais eu autant d’ambition et n’avait jamais aspiré à ce genre de responsabilités. S’il appréciait son travail et ce qu’on pouvait en faire, il existait un gouffre monstrueux entre ce qu’il avait pu établir par le passé, ou encore aujourd’hui, et ce genre de travail. Il s’assit tranquillement sur le banc désigné par Lappincyk, son regard glissant, l’espace d’un court instant, vers l’assistant, toujours posté à proximité. Trop loin pour les entendre, à son grand soulagement, bien qu’il reste dans le champs de vision de son supérieur.

"Mais vous ne devez pas être venu jusqu'ici pour discuter politique ou du passé, n'est-ce pas ? Pouvez-vous m'expliquer ce que je peux pour vous.

Techniquement, si, il était totalement venu pour discuter à la fois politique et du passé… Un passé qu’il regrettait presque, parfois, d’avoir commencé à déterrer. En réalité, s’il n’avait pas pris la sale manie de fouiner ou se mêler d’un peu de tout, dès l’enfance, il n’en serait pas là. Encore moins en ayant su rester à sa place et demeurer parfaitement dans le moule.

"Il y a bien une part de politique passée, m’ayant poussé à demander cette rencontre. Il y a quelques années, j’avais débuté quelques recherches sur des affaires personnelles, concernant mon frère et quelques autres sujets. Ce faisant, j’’avais fini par tomber sur des sujets plus suspects. Ce retour forcé à la vie m’a permis de reprendre ces recherches. J’ai découvert une association de personnes, plutôt très conservatrices, que je soupçonne d’être à l’origine des attaques contre le capitaine Fel, ainsi que contre mon épouse. Je connais leurs buts, de leur propre aveu, mais pas encore leurs méthodes exactes, d’où ils viennent et à quel point cette affaire s’étend. Ils craignent que les personnes « anormales », si on peut dire ça, comme ma femme ou moi ne déstabilisions l’Ascendance. Ainsi que ceux opposés à cette croyance. Nous avons besoin d’en apprendre plus, mais pour ça, il nous faut fouiller plus loin que dans les archives officielles."

S’il avait pu gratter tout cela plutôt, même sans avoir jamais rencontré sa femme, ce serait devenu tout aussi vite une affaire personnelle. Pour le mal qui avait atteint son père, puis leur décès prématuré. Thrass ne pardonnera jamais à ces types d’avoir détruit sa famille de cette façon, ni d’avoir ainsi infligé ce deuil à son frère alors qu’il était si jeune. L’acharnement s’était ensuite poursuivi contre la mère de ses enfants…

"La mort m’a ainsi préservé."

Le patriarche fronça les sourcils et regarda Thrass avec sérieux.

"Je comprend ce soulagement mais songez que je suis sérieux. Mon prédécesseur Stybla'mi'ovodo et Mitth'oor'akiord estimaient que vous êiez le chiss le plus prometteur pour devenir le dirigeant de votre Famille." Il fit un léger geste de la main, pour montrer symboliquement l'Ascendance. "Et votre absence à ce poste s'en fait ressentir aujourd'hui. Hélas, changer cela demanderait du temps et j'ignore si nous l'avons à notre disposition. Sans parler de ce qui aura du mal à être réparé maintenant, si seulement cela l'était. Prenez du temps pour y songer, s'il vous plaît."

Acheva-t-il avec un léger soupir de dégoût devant ce gâchis. Ce n'était pas la faute de Mitth'ras'safis s'il était mort mais cela avait amputé la famille Mitth et l'Ascendance d'un grand patriarche. Sans compter que cela avait entraîné l'exil de Thrawn, privé du soutien de son propre clan lorsque les Neuf l'ont jugé. Et maintenant que ce génie militaire avait sa propre flotte, il y avait peu de chance qu'il accepte de revenir se mettre sous les ordres des amiraux de l'Ascendance. Et cette même force inquiétait certains patriarches, d'ailleurs, qui craignaient une revanche de Mitth'raw'nuruodo, comme si ce dernier était de ce genre d'individu.

Il changea de sujet, interrogeant plutôt son visiteur sur le but de sa venue.

"Il y a bien une part de politique passée, m’ayant poussé à demander cette rencontre. Il y a quelques années, j’avais débuté quelques recherches sur des affaires personnelles, concernant mon frère et quelques autres sujets. Ce faisant, j’’avais fini par tomber sur des sujets plus suspects. Ce retour forcé à la vie m’a permis de reprendre ces recherches. J’ai découvert une association de personnes, plutôt très conservatrices, que je soupçonne d’être à l’origine des attaques contre le capitaine Fel, ainsi que contre mon épouse. Je connais leurs buts, de leur propre aveu, mais pas encore leurs méthodes exactes, d’où ils viennent et à quel point cette affaire s’étend. Ils craignent que les personnes « anormales », si on peut dire ça, comme ma femme ou moi ne déstabilisions l’Ascendance. Ainsi que ceux opposés à cette croyance. Nous avons besoin d’en apprendre plus, mais pour ça, il nous faut fouiller plus loin que dans les archives officielles."

"Ah, l'Association... C'est un autre beau gâchis." Il s'exprima avec une part de dégoût mais aussi de honte. "Ils ont été créé il y a trois milles cinq cent ans environ, sous un autre nom, après que nous ayez été mêlé au conflit sévissant dans les Régions Inférieures, entre un empire et une république. Le conseil d'alors craignait de voir notre peuple subir une division à cause des sensitifs et on créa une division pour les repérer, les recenser et les surveiller. Et, s'ils s'avérèrent dangereux, les neutraliser. Bien sur, cela devait être fait discrètement, pour ne pas paniquer la population.

Expliqua le patriarche.

"La direction en était revenu aux Stybla mais ce groupe était composé de membres venant de toutes les Familles Régnantes d'alors. Après plusieurs siècles, constatant que la quasi-totalité des chiss sensible à cette Grande Présence, cette Force, ne causait aucun trouble, mon prédécesseur fit fermer cet organisme. Hélas, une minorité des Patriarches d'alors n'étaient pas d'accord, tout comme une partie du personnel. Ils montèrent alors une cabbale pour continuer cette oeuvre. Le sujet revient, à l'occasion, lors des réunions du conseil des Familles Régnantes, comme à l'annonce de votre réapparition ainsi que d'autres chiss sensitifs par ces Failles, sans que rien ne soit fait contre eux car nous ignorons qui en fait parti, même si j'ai quelques soupçons. Comme vous et votre frère, je me doute aussi qu'ils sont derrière l'attaque qu'a subi votre femme." Il fit un léger sourire, signalant par ses mots savoir que Thrawn ne souhaitait pas rester sans réagir alors que sa famille proche était menacée. "Je peux vous donner accès à ce que nous avons gardé sur ce groupe, quand nous le dirigions. Peut-être arriverez-vous à découvrir quelque chose qui a échappé à nos prédécesseurs ? Et peut-être désirez-vous aussi voir ce que nous avons sur ce qui fut jadis Valméa ?" termina-t-il avec un petit sourire amusé.

Spoiler:

Cette entrée en matière suffit à elle seule à lui coller des frissons, tant il n’aima pas du tout le ton employé par son interlocuteur et le sous-entendu allant avec, c’est à dire la confirmation que cette association était bel et bien liée aux instances officielles, d’une manière ou d’une autre. Il se repassa rapidement ses souvenirs du temple, pensant donc savoir que la guerre mentionnée ici était bien la même à laquelle avait participé Surik et Rand, dans leur temps. Son estomac tomba un peu plus bas, en l’entendant raconter pourquoi tout cela avait été fait et les « actions » entreprises en douce contre certains… Même si c’était, une fois de plus, une suite parfaitement logique, dans l’Histoire de leur peuple, il ne pouvait s’empêcher de ressentir pas mal de colère, de dégoût et de frustration. Un « gâchis », oui, le mot était faible. Il pouvait parfaitement comprendre pourquoi leur peuple en était arrivé là, pour autant, tout ce que cela impliquait comme horreurs lui soulevait le cœur.

Il songea avec amertume que si la Force était très souvent mal comprise dans les Régions Inférieures, il n’avait au moins pas entendu d’exemples de peuples mettant en place de tels systèmes… A sa connaissance, en tout cas, pour ce qu’il avait pu en apprendre lorsqu’il vivait là-bas. Ce pouvoir effrayait ou rebutait, dans certains endroits. Mais l’influence de l’Ordre Jedi avait largement contribué, durant des siècles entiers, à adoucir cette image sur de nombreux mondes. Ce n’était absolument pas le cas dans le Chaos. La dissolution officielle remontait donc à trois millénaires et quelques, mais qui l'avait alors dirigée, officieusement, depuis tout ce temps ? Thrass eut du mal à répondre à son sourire, tout au plus une légère grimace. On avait beau s’attendre à ce genre de réponse, il n’aurait pas pensé que l’association ait eu un réel statut officiel, auparavant… Il comprenait bien mieux pourquoi Rhonn et sa famille avaient choisi de vivre en exil. Ou contraints de le faire, pour certains d’entre eux.

"Je peux vous donner accès à ce que nous avons gardé sur ce groupe, quand nous le dirigions. Peut-être arriverez-vous à découvrir quelque chose qui a échappé à nos prédécesseurs ? Et peut-être désirez-vous aussi voir ce que nous avons sur ce qui fut jadis Valmea ?"

Savait-il ce qui se cachait dedans ? Sachant que Rhonn était pour le moment seul à pouvoir distinguer et discuter avec certains de ces esprits et que leur brave lieutenant, lui, ne se montrait que lorsqu’on venait le chatouiller d’un peu trop près. Là encore, Thrass eut bien du mal à répondre à l’amusement de son interlocuteur autrement que par un air assez tendu.

"Ce sera des plus utiles, oui, si vous le pouvez," répondit-il en parvenant à conserver un ton neutre malgré tout. "Sans oublier que plus nous en saurons sur Valmea, plus il sera simple de régler certains problèmes. Nous devons travailler à ce que ce genre de pouvoir soit mieux compris par la population générale, pour commencer, c’est le seul moyen de dissiper les craintes."

Thrass se demandaient aussi s’ils savaient, sur les descendants des exilés de jadis… A moins d’avoir fait suivre personnellement le cousin de Rhonn, lors de ses voyages, ça restait peu probable. Ils auraient aussi pu avoir l’information par le biais des Mitth, cela dit, eux étaient aussi au courant de certaines choses. Dans le doute, mieux valait ne pas évoquer le sujet. Pas tant qu’il ne possédait pas plus de certitudes. En revanche, il y en avait un qu’il pouvait parfaitement aborder, face à un Patriarche de Clan, c’était celui des navigatrices. Ils faisaient parti des rares mis dans la confidence assez tôt.

"Étant donné ces activités passées, cette association a-t-elle également participé au programme de formation des jeunes navigatrices ? Peut-elle avoir agi, d’une manière ou d’une autre, pour que ces enfants perdent leurs dons une fois entrées dans l’adolescence ?"

Si Lappincyk savait plus de choses sur les « risques » de parcours de ces petites… Pour le coup, le père de famille doutait fortement que l’armée soit au courant de tout, de son côté. Ils considéraient les dons de ces petites comme trop précieux.

Thrass se doutait bien que les archives de la Flotte seront sûrement plus obscures que celle de la Famille Stybla, à la fois pour la masse représentée mais aussi pour la manière dont le classement était organisé. Rien n’était supposé être simple, pour les non-initiés. Cela dit, avoir le lieutenant Vanto pouvant les aider sera d’une aide précieuse, il était doué, pour ce genre de choses. Pour d’autres aides, au sein de la Flotte, il savait à qui s’adresser. La réponse fournie ensuite par le Patriarche le rassura, autant qu’elle amena à renforcer les questions en suspens. Il aurait été à la fois effroyable d’apprendre qu’ils y avaient été mêlés et « pratique », car cela aurait pu expliquer bien des choses. Peut-être qu’ils en découvriront plus par la suite, puisque cette piste-là était écartée. Il regretta de ne pouvoir en parler aux Jedi, car peut-être qu’eux, dans leurs propres archives, avaient des exemples de cas similaires et des débuts d’explications, à une situation pareille.

"L'existence des ozyly-esehembo est l'un des plus précieux secrets de notre peuple et ne serait-ce qu'en dévoiler l'existence est un crime grave. S'en prendre à une ozyly-esehembo est un crime capital. D'ailleurs, évitez de faire savoir que vous êtes au courant, cela pourrait vous attirer des ennuis, car vous n'êtes pas censé l'être."

"Oui, c’est devenu une habitude. Je ne compte pas en parler à qui que ce soit."

Il laissa bien vite couler la très légère pointe d’ironie ayant transpercé dans sa voix, pour plutôt en revenir à l’essentiel. A savoir vers quel moment il pourra se rendre dans le domaine des Stybla pour ces archives et qui sera chargé de l’accompagner. Car il y aura forcément quelqu’un, impossible que la Famille laisse un étranger vagabonder tout seul, pour un tel sujet. Il pensait pouvoir s’en sortir, malgré tout, justement car il avait déjà pris la fâcheuse habitude de mettre son nez dans ce qui ne le regardait pas et d’en tirer des informations utiles et intéressantes. Et dire qu’il s’était dit, en revenant dans l’Ascendance avec son épouse et leur bébé, que ça sera là l’occasion de reprendre une vie normale, en sécurité, des plus classiques… La vie en avait décidé tout autrement.