Des fantômes partout

Il y avait de l’agitation, sur cette planète, il le ressentait… Et ça ne lui plaisait pas forcément, la méfiance revenait au galop. Ils venaient juste de se poser, le carburant avait été fait et il ne restait qu’à aller chercher des provisions et refaire le plein de médicaments. Cal s’assit sur le bord de la passerelle dépliée pour mettre ses bottes, alors que BD-1 sautait souplement sur son dos et se glissait les jambes dans le petit sac à dos qui y était accroché, sa place habituelle. Greez dévala la passerelle, humant l’air à fond… Alors qu’ils devaient toujours porter des masques à oxygène.

"Qu’est-ce qui te rend aussi enthousiaste, tout à coup ?"

"Tu connais cette planète ?"

"Non ?"

"Eh bien, mon garçon, c’est ici que vit un de mes bons amis et il conçoit le meilleur vin de toute la Bordure Extérieure ! J’attends depuis des années de pouvoir y re-goûter !"

"Et son exploitation aura tenu… ?" grimaça Cal en levant vite fait le regard vers le ciel parsemé de lourds nuages gris. "Vu tout ce qu’il s’est passé av…"

"Aaaah, ne fais pas ta mauvaise tête !! Je t’en ramènerai, tu verras bien que c’est le meilleur ! Je file et toi, ne t’attire pas d’ennuis !"

Regardez qui parle ! Il se leva à son tour et releva la passerelle, Greez était déjà loin. Je vous jure… Son sac en bandoulière, armes à la ceinture, son sabre double à portée de main au cas où où bien qu’il n’y ait plus de présence impériale sur cette planète et BD-1 sur le dos, il partit à son tour. La ville était constituée de grands bâtiments et petites maisons tous faits dans une sorte de pierre locale, calcaire. On se croirait dans une ville troglodyte mais à l’air libre. Il traversa deux grands marchés, des rues larges et peu fréquentées, avant d’arriver à un hangar mieux caché, où des amis rebelles, de la garde de Saw, leur avait signalé qu’ils trouveraient leur bonheur.

Un simple code suffisait, pour y entrer. Un nouveau marché, à peine plus grand que ceux trouvés dans la rue. Tous ceux présents étaient armés, ou presque, mais avec des allures tranquilles, de gens se sachant en sécurité ici. Pourtant, Cal n’était pas à l’aise. La Force lui soufflait qu’il n’était pas seul, ici… Enfin, pas seul dans son genre. Maintenant, alliés, neutres ou ennemis, ça… Ennemis, peut-être pas, il ne ressentait pas cette même agressivité que dégageaient les inquisiteurs. Ce qui ne l’empêcha pas d’enlever le pan sur son sabre, pour le saisir d’autant plus vite, en cas de problème. C’est dans l’aile droite du marché clandestin qu’il avisa la source de ses ressentis. Puis sentit son ventre se tordre.

S’il reconnut presque aussitôt le visage du membre du Conseil, il fut assez choqué de le découvrir toujours aussi… Jeune. Il lui fallut un instant avant de comprendre qu’il ne devait plus être « d’ici », que ça devait être la faute de ces failles, dont certains rebelles parlaient. Quant au jeune homme, avec lui, il ignorait complètement qui il pouvait bien être. Son nouvel apprenti, peut-être. Stoppé au coin d’un des stands, il commença par les regarder, sans s’approcher. Hésitant sur la marche à suivre. C’était juste étrange, en fait… Une part de lui avait envie de retrouver une trace du passé, une autre voulait l’oublier à jamais, l’enfermer dans une fosse et jeter la clé. Mais il fallut bien bouger… Car il n’avait pas caché sa propre présence.

Dès qu’ils eurent terminé leur propre affaire et qu’ils s’étaient éloignés du stand, Cal les approcha prudemment, dans l’allée. Non pas qu’il ne fasse pas confiance au maître barbu, décrit par son propre maître comme un éminent membre du Conseil, le jeune homme ignorait comment il était censé considérer ces morts revenus à la vie. Des fantômes en transition dans cette époque ? Des traces du passé pouvant disparaître du jour au lendemain ? Devait-il seulement leur parler, alors qu’ils appartenaient dorénavant à la Force ?

"Maître Kenobi," le sala-t-il une fois auprès d’eux, ne mettant plus la main sur son sabre mais la gardant auprès. "Et… Padawan ? Bonjour."

Il ne l’avait jamais vu, c’était sa seule certitude. Il doutait aussi que le maître Jedi le reconnaissance. Il y avait eu tant des leurs, tant de jeunes, que personne ne pouvait retenir les visages de tout le monde. Sans compter que lors des dernières années de l’Ordre, Cal n’avait dû rentrer qu’une ou deux fois au Temple, avec son maître, durant la guerre.

"Je m’appelle Cal Kestis," continua-t-il, tout en essayant d’adopter une posture moins méfiante. "Vous êtes, comment dire… il est normal que vous soyez là ? Et en vie ?"

Soit, il était mal placé pour la sortir, celle-là, tant ceux ayant réchappé à la fois à la purge initiale puis à la traque, les années suivantes, devenaient rares. Mais il ne pouvait s’en empêcher, face à deux fantômes de chair et d’os. Ou du moins, au moins un fantôme confirmé. Il ignorait encore si ce garçon en était également un.

A peine étaient-ils arrivés sur la planète que Plo avait foncé tout droit retrouver ses anciens hommes, plus pressé que jamais. De leur côté, ils en avaient profité pour aller faire le point sur la situation avec les Rebelles. Le responsable de la cellule locale n’avait pas eu l’air très enthousiaste, sur les moyens qui leur seront probablement alloués, mais leur promit de tout tenter pour cela. Kanan également leur avait assuré qu’il tentera de faire plus de pression, il avait de meilleurs contacts, là-bas, qu’eux tous réunis, après tout. Cette virée sur Lothal était en plus l’occasion de faire le point, comment ils s’en sortaient ici et échanger des informations plus fraîches, autant sur les activités rebelles que sur les derniers rapports. Leur ami aveugle était satisfait du travail en cours et surtout, de ce qui était reproduit sur les autres planètes libérées, en particulier Mandalore. Bien que la situation restait fragile, très fragile, dans toute la Bordure. Il leur précisa que Sabine était toujours sur son monde, où elle travaillait activement à la mise en place de nouvelles défenses solides.

"Comptez-vous repasser quelques temps au Temple bientôt, avec Ezra ?"

"Il y a un problème à gérer ?"

"Oui et non, c’est surtout que quelques uns s’inquiètent de voir que si peu de membres de ce temps passent du temps là-bas. Pour la cohésion du groupe et par crainte que ça n’indique un trop grand détachement, vis à vis de l’Ordre. Ils craignent la suite, si tous ceux venus des failles disparaissent du jour au lendemain."

"Je peux le comprendre. Mais je ne pense pas que nous soyons plus détachés que d’autres. Bien au contraire, notre implication dans les affaires galactiques devrait rassurer."

"Parfois trop d’implication, tu sais."

"Tu t’inquiètes pour Luke ?"

Obi-Wan lui répondit par un faible sourire, sans plus. Il s’inquiétait pour tout le monde, en revanche, ce gamin-là avait une petite place à part, dans son cœur. Kanan n’insista pas sur le sujet, leur disant plutôt qu’ils pourront trouver les pièces manquantes, pour le Temple, au marché clandestin, à l’ouest de la ville, dans la seconde zone industrielle. Il les rejoindra plus tard, il avait d’abord à faire ailleurs. Très bien. Il le salua puis repartit avec Tal dans les rues, marchant tranquillement jusqu’au marché couvert en question. Puisqu’ils en étaient là, ils auront aussi d’autres achats à faire… Plo tenait absolument, depuis qu’il lui en avait parlé sur le trajet, à faire des achats pour la chambre du bébé d’Atris. Évidemment. Cela dit, il doutait qu’elle s’en soit déjà occupée elle-même, ça ne fera donc pas mal de le faire, surtout vu que le terme approchait désormais à grands pas. Pourvu qu’elle ait évité de trop en faire, depuis… A force d’autant s’agiter et s’énerver, elle risquait bien d’accoucher en avance.

Ils étaient occupés à une transaction lorsqu’une présence s’imposa doucement, lentement plus proches, à eux. Non menaçante mais comme… Brouillée par la méfiance. Très vite, ils purent voir plus loin qu’un jeune homme les observait, sans vraiment bouger, sans même cacher son sabre, long, à sa ceinture. Il ne le reconnut pas… Et même en se passant les avis de recherche de mémoire, rien ne lui revenait, sur ce visage. C’est lorsqu’ils eurent terminé avec le vendeur que le nouveau venu s’approcha, prudemment, pour les saluer. En l’appelant par son nom… Cela signifiait-il donc qu’il venait de leur temps ? Enfin, de celui-ci, mais qu’il s’agissait d’un survivant de la purge ?? Obi6wan avait beau désespérément fouiller sa mémoire, il était incapable de se souvenir de lui et en était vraiment désolé.

"Je m’appelle Cal Kestis. Vous êtes, comment dire… il est normal que vous soyez là ? Et en vie ?"

"Non, on ne peut pas dire qu’il y ait grand-chose de normal dans cette situation," soupira-t-il, avec un mélange de lassitude et d’amusement. "Désolé, je ne me souviens pas de vous avoir déjà vu… Et si nous allions nous poser pour discuter un peu ?"

Il devait avoir… Environ la trentaine. Ce qui signifiait que s’il était bel et bien un survivant du massacre, alors il devait être adolescent lorsque c’était arrivé. Peut-être même un peu plus jeune que Tal. Tout, dans son allure et son équipement, criait qu’il était un soldat. Il finit par trouver un recoin plus calme, où ils purent s’asseoir autour d’une vieille table, laissée là, où traînaient quelques cartes de jeu.

"Vous êtes un survivant du massacre ?"

Un simple regard vers la tête qu’il tira suffit à le confirmer. Alors, il avait entre dix et quinze ans, maximum selon lui, au moment de la purge. Sans doute, comme Kanan, avait-il pu être aidé et protégé par son maître, pour s’en sortir vivant… Ce qui s’était produit pour la majorité des survivants. Du moins, ceux ayant survécu assez longtemps à la traque suivante pour pouvoir en témoigner. Nombre d’entre eux étaient morts, depuis. Ou avaient été capturés.

"Donc, mon nouvel apprenti, Tal Raven," lança-t-il comme si tout était normal, en posant une main sur les épaules de son jeune élève. Comme s’ils avaient rencontré un membre de l’Ordre revenu après des années d’absence, au Temple, suite à une longue mission.

Bon, nous étions de corvée de marché mais cela ne me dérangeait pas. C'était bien, aussi e laisser maître Koon faire ses retrouvailles avec ses anciens amis. Le kel dor me semble être une personne très émotive et il m'est normal de préserver ses sentiments. De même que pour ces amis clones, parce qu'il semble s'être fait beaucoup d'amis qui ont regretté sa disparition, à la fin de la guerre des clones. De fait, cela m'a fait me demander, pendant notre trajet jusqu'à Lothal, s'il aurait eu quelqu'un pour regretter mon trépas, dans ma vrai ligne temporelle. Me ferais-je moi aussi des amis chers ou bien finirais-je en vieux prof grrincheux et solitaire ? C'était une question troublante et je tâchais de l'éloigner de mon esprit, même si je la sentais encore roder un peu.

Nous étions occupés à négocier des couvertures pour bébé, enfin maître Kenobi car moi je ne maîtrise pas ce genre de chose, quand je sentis un trouble dans la Force, comme une présence mais dont je me révèle incapable de déterminer la source. Je tournais un peu la tête, nerveux d'un seul coup, mais rassuré par le calme de maître Kenobi. s'il y avait un danger, cela ne l'inquiétait visiblement pas.

Un fois l'achat effectué, et rangé dans le sac que je tenais, je suivis mon mentor dans une ruelle sombre, où l'on fut rejoint par un trentenaire. Armé d'un sabrelaser. Mais il connaissait visiblement obi-Wan, l'appelant ainsi directement, ce qui apaisa mes dernières craintes. C'est qu'il aurait pu être un chasseur de prime, tenté d'avoir la récompense pour la capture de mon maître et de la mienne, même si cela doit être insignifiant en ce qui me concerne. Le fait qu'il sache que j'ai le rang de padawan montre que ce n'est pas le cas, ou qu'il est très doué. Mais selon mon maître, il devait êrte un survivant au massacre du Temple, alors qu'il devait avoir approximativement mon âge, voir un peu moins.

Quand vint mon tour de me présenter, j'inclinais poliment la tête.

"Enchanté, je suis Tal Raven. Je viens d'une Faille, comme vous devez le soupçonner, et de sept cent cinquante ans du passé."

Bon, c'était approximatif, à un an prêt. Mais ce n'était pas grave et plus simple. Ce 'n'est pas comme s'il avait pu entendre parler de moi. Aucune des personnes que j'ai croisées ne l'a fait, visiblement. Surement que même maître Yoda a pu m'oublier, lui aussi. Mais ça serait normal de sa part, après tout. Comment se souvenir d'une personne précise parmi des millions d'autre ? Car oui, le petit maître avait surement formé au moins un demi-million de jedi, durant tous ces siècles.

"Désirez-vous rencontre d'autres jedi ou étions vous juste venu pour profiter du marché ?"

Demandais-je, même si je n'étais pas sur que ce soit à moi de le faire. Mais la coïncidence de notre rencontre me rend curieux, surtout alors que nous venons juste de croiser maître Koon. D'ailleurs, je me demande quelle serait la réaction du kel dor s'il rencontrait notre interlocuteur.


Sentir la présence de Cal
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Avoir vu une prime de Cal Kestis
)> non

"Non, on ne peut pas dire qu’il y ait grand-chose de normal dans cette situation. Désolé, je ne me souviens pas de vous avoir déjà vu… Et si nous allions nous poser pour discuter un peu ?"

Oui… C’était logique qu’il ne se rappelle pas de lui, pas besoin d’être navré. Il hésita légèrement puis se décida de les suivre, car il souhaitait malgré tout avoir quelques réponses à des questions le tiraillant depuis un long moment. Après une ou deux minutes de recherches, ils s’assirent sur une vieille table à l’écart, qui avait dû servir pour des jeux juste avant. Cal détacha lentement de la poignée de son sabre, puis hocha simplement la tête à la question du maître, tout en cachant – mal – une grimace. Il glissa ensuite le regard sur le jeune apprenti.

Surpris, car il avait déjà vu ce nom dans les archives, avait étudié l’histoire qui y était associé et éprouvait un sentiment extrêmement étrange, en le découvrant en chair et en os. Plus jeune, aussi, ce qu’il avait lu de son parcours rapportait à des événements passés alors que ce gars avait facilement la trentaine. Enfin, il ne souvenait plus exactement de l’âge indiqué, simplement qu’il était alors jeune adulte et chevalier depuis quelques années, donc la trentaine ne lui semblait pas si déconnant. Bref, tout ce qui était sûr, c’était qu’il n’était déjà plus un adolescent et encore moins un Padawan.

"Désirez-vous rencontre d'autres jedi ou étions vous juste venu pour profiter du marché ?"

"Les d… Je te connais, toi aussi," reprit-il après s’être rappelé d’un coup de quelques « détails » importants. "J’ai lu ton histoire, dans les archives. C’est toi qui a fait fermer les réserves du temple aux personnes non autorisées, après y avoir créé une explosion par accident, en faisant tomber une bouteille de propane dans des plantes mises à bouillir à feu vif. Et c’est toi qui a ensuite créé des protections individuelles pour les chevaliers, qui protègent des chocs brutaux en cas de chute. On t’appelle le Maladroit. Ravi de te rencontrer, ces protections sont très pratiques, tu sais."

Il parut un peu surprit mais Cal ne s’y attarda pas. C’était du passé et ce qui l’intéressait bien plus, c’était le présent, évidemment. Et surtout, savoir si certaines rumeurs étaient vraies ou infondées.

"Il est normal que vous ne souveniez pas de moi, maître, nous étions nombreux et lors de la guerre des Clones, j’ai vécu avec maître Tapal sur un destroyer, loin du Temple, durant trois ans. On ne revenait que rarement. Mais j’avais quelques questions… Il se murmure que l’Ordre est refondé, peu à peu, est-ce vrai ? Et si oui, alors… Qui le dirige, alors que vous devez être nombreux censés être morts ? Continuez-vous la lutte contre l’Inquisition ? Contre l’Empire, je veux dire ?"

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Connaître le nom de Tal, réussi.

"Enchanté, je suis Tal Raven. Je viens d'une Faille, comme vous devez le soupçonner, et de sept cent cinquante ans du passé. Désirez-vous rencontre d'autres jedi ou étions vous juste venu pour profiter du marché ?"

"Les d… Je te connais, toi aussi. J’ai lu ton histoire, dans les archives. C’est toi qui a fait fermer les réserves du temple aux personnes non autorisées, après y avoir créé une explosion par accident, en faisant tomber une bouteille de propane dans des plantes mises à bouillir à feu vif. Et c’est toi qui a ensuite créé des protections individuelles pour les chevaliers, qui protègent des chocs brutaux en cas de chute. On t’appelle le Maladroit. Ravi de te rencontrer, ces protections sont très pratiques, tu sais."

Obi-Wan glissa, mine de rien, doucement la main contre sa bouche, le visage légèrement détourné, le temps de retenir un éclat de rire et cacher son sourire. Ça ne l’étonnait pas, comme surnom, mais l’accident en question était vraiment pas mal, c’était une manière explosive de marquer l’Histoire. Utile, aussi, car si ça avait permis de mettre en lumière autant des défauts de conception que de normes de sécurité, au Temple de l’époque, pourquoi pas. Bien que les Jedi de ce temps auraient sans doute plus appréciés une manière plus douce. Il recouvra son sérieux assez vite, pour reporter le regard sur le jeune homme. Qui lança le nom de son maître. Lui, en revanche, Obi-Wan s’en souvenait, bien qu’il n’ait eu qu’assez peu l’occasion de le croiser, étant donné qu’il faisait partie de ceux en poste « fixe » avec les clones, loin dans la Bordure Extérieure.

"Mais j’avais quelques questions… Il se murmure que l’Ordre est refondé, peu à peu, est-ce vrai ? Et si oui, alors… Qui le dirige, alors que vous devez être nombreux censés être morts ? Continuez-vous la lutte contre l’Inquisition ? Contre l’Empire, je veux dire ?"

Lui aussi avoir sans doute dû avoir de sacrés ennuis avec l’Inquisition… L’organe ennemi principal des survivants… Il n’y avait pas trente-six solutions, pour leur échapper, il fallait s’adapter drastiquement à une vie de guerre, purement et simplement.

"Le dirigeant, aujourd’hui, c’est Luke Skywalker," commença-t-il en sachant pertinemment que le nom n’allait pas lui évoquer des souvenirs brillants, s’il avait déjà eu le malheur de croiser Vader lorsqu’il était toujours au service impérial. "Il est juste que beaucoup de membres de l’Ordre, actuellement sont issus des failles, environ la moitié. Ce n’est qu’une raison de plus pour rechercher et encourager ceux bien de ce temps à s’impliquer et prendre les responsabilités, afin de constituer un Ordre solide, avant que les failles ne nous renvoient tous. Bien évidemment que la lutte continue. La guerre contre l’empire occupe une place conséquente."

Ce n’était pas rien de le dire. Ce jeune homme-là devrait très facilement le comprendre et s’il acceptait de les rejoindre, fera sans aucun doute parti de ceux sans cesse partis en missions à tout-va. Il n’y avait pas besoin d’être grand observateur pour comprendre qu’il le faisait déjà depuis des années. Obi-Wan avait observé assez de soldats, dans sa vie, pour être capable d’en reconnaître un lorsqu’il en voyait.

"Je suppose que vous avez passé les dernières années à combattre l’Inquisition ? Quel âge aviez-vous, à la fin de la Guerre des Clones ?"

"Les d… Je te connais, toi aussi. J’ai lu ton histoire, dans les archives. C’est toi qui a fait fermer les réserves du temple aux personnes non autorisées, après y avoir créé une explosion par accident, en faisant tomber une bouteille de propane dans des plantes mises à bouillir à feu vif. Et c’est toi qui a ensuite créé des protections individuelles pour les chevaliers, qui protègent des chocs brutaux en cas de chute. On t’appelle le Maladroit. Ravi de te rencontrer, ces protections sont très pratiques, tu sais."

Mais je non, je n'ai n'ai jamais fait ça !!! Je me retins de protester, parce que je savais que j'aurais très bien pu faire cela, oui. Je sentis une vague de chaleur envahir ma tête et je parvins, tout juste, à la repousser avant que je ne me mette à clignoter comme un incendie. Cela ressemblait bien à ma maladresse de faire tomber un tube de gaz d'une étagère sur ue des plantes décoratives posées dans la réserve. Par contre, créer des boucliers spécifiques anti-chute ? Euh.. peut-être avec un système antigravité miniaturisé à l'extrême... Je clignais un peu des yeux en commençant à y réfléchir, écoutant à peine la suite des propos de cet inconnu. Et ouis, de toute façon, il parlait à maître Kenobi.

"Il est normal que vous ne souveniez pas de moi, maître, nous étions nombreux et lors de la guerre des Clones, j’ai vécu avec maître Tapal sur un destroyer, loin du Temple, durant trois ans. On ne revenait que rarement. Mais j’avais quelques questions… Il se murmure que l’Ordre est refondé, peu à peu, est-ce vrai ? Et si oui, alors… Qui le dirige, alors que vous devez être nombreux censés être morts ? Continuez-vous la lutte contre l’Inquisition ? Contre l’Empire, je veux dire ?"

"Le dirigeant, aujourd’hui, c’est Luke Skywalker," répondit mon maître. "Il est juste que beaucoup de membres de l’Ordre, actuellement sont issus des failles, environ la moitié. Ce n’est qu’une raison de plus pour rechercher et encourager ceux bien de ce temps à s’impliquer et prendre les responsabilités, afin de constituer un Ordre solide, avant que les failles ne nous renvoient tous. Bien évidemment que la lutte continue. La guerre contre l’empire occupe une place conséquente. Je suppose que vous avez passé les dernières années à combattre l’Inquisition ? Quel âge aviez-vous, à la fin de la Guerre des Clones ?"

Je hochais la tête, pour approuver les propos d'Obi-Wan. Je me demandais si Cal avait combattu Darth Vador et s'il savait aussi qu'il s'agissait d'Anakin Skywalker. C'était fort probable, vu que le grand moff Tarkin avait dévoilé cela, lors de la bataille d'Alderaan, alors qu'un Anakin venu des failles y combattait aux côtés de l'Alliance Rebelle. Enfin, le grand maître Luke était différent de son père ! Je ne le voyais pas basculer du Côté Obscur.

Cacher sa gêne
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Cal reçut deux profonds chocs consécutifs. Le premier, apprendre que Vader, LE Vader, avait eu un gamin, le second, que ce dernier dirigeait l’Ordre Jedi. Tant et si bien qu’il faillit rater complètement ce qu’expliqua le maître ensuite, la reconstitution du groupe… Il n’arriva qu’à peine à écouter, soyons honnête, l’esprit envahi par ce qu’il venait d’apprendre. Incapable d’imaginer un être si brut et glaçant être capable d’avoir un enfant. Quelle femme pourrait aimer un type pareil ?? Wow… Tout à coup, il regrettait de les avoir abordé, d’avoir posé la question, il n’avait pas envie de savoir ça, il n’avait pas envie d’imaginer ce sale type avec un gamin dans les bras ! Il avait de nouveau déserté, oui, d’accord, peut-être, et alors ?!

"Je suppose que vous avez passé les dernières années à combattre l’Inquisition ? Quel âge aviez-vous, à la fin de la Guerre des Clones ?"

"Treize ans," marmonna-t-il sans la moindre politesse.

Il le réalisa juste après et après un soupir, leur fit un bref signe pour ne pas en tenir compte, navré. A la place, il fouilla un moment dans son sac, pour en sortir une flasque de Whisky Corellien. BD-1 profita du mouvement pour s’extirper de son sac dorsal et sauter sur le bord de la table. Cal lui gratta le haut de sa tête métallique, comme s’il s’agissait d’un animal de compagnie, avant de brièvement sourire sous les bips indignés de son fidèle compagnon. Il proposa aux deux autres de boire, si le cœur leur en disait, puis avala lui-même une gorgée. C’était rude, fort, qui vous arrachait la gorge au passage, exactement ce dont il avait besoin en ce moment.

"Donc, treize ans," reprit-il avec un soupir, en jouant légèrement avec la flasque. "Maître Tapal a couvert notre fuite mais il est mort lors de l’éjection. J’ai passé les cinq années suivantes sur un monde décharge, à me cacher. Puis les Purge Troopers et l’inquisition sont arrivés et… Voilà, vous devez connaître ce genre d’histoires par cœur. Ma vie n’a été constituée que de ça, ensuite. La fuite, les combats, une belle course contre la mort, l’Inquisition à toutes les routes. Même si je n’ai jamais compris s’ils tenaient juste à me tuer ou à m’obliger à les rejoindre. J’ai rencontré d’autres survivants. Une qui s’est coupée de la Force pour quelques raisons privées et qui ne veut plus rien avoir à faire avec l’Ordre, en tant que tel, même si elle continue le combat. Un gars qui a complètement vrillé dans le côté obscur. Une qui était devenue Inquisitrice après avoir été capturée et torturée, alors qu’elle était encore Padawan, par l’Empire."

Et qui en était morte. Et elle n’était sûrement pas la seule ex-Jedi ou Padawan à avoir été ainsi jetée en pâture à l’Inquisition, il était certain que ça concernait au moins la moitié de leurs effectifs de l’époque… Et que ça devait aussi en concerner une partie aujourd’hui. Il but une nouvelle gorgée, plutôt dépité par cette situation.

"Donc Vader a un enfant… Vous lui adresserez toute ma compassion."

Plus jeune que Tal, donc, au moment où il avait vécu la purge. Dans les mêmes eaux que Kanan, également… Il refusa d’un petit signe de tête la flasque que le jeune homme leur proposa, jetant un œil plus attentif au petit droïde qui venait de sauter du sac de son maître pour s’installer au bord de la table. Cal finit par donner plus de détails, racontant que son maître avait sacrifié sa propre vie pour sauver la sienne, lui permettant de se cacher sur un monde éloigné. Là encore, ce n’était pas la première fois qu’il entendait cela. Kanan avait vécu la même chose et ça devait également le cas d’autres survivants… Du moins, pour ceux pouvant encore le raconter, tant avaient déjà été tués. Passer seulement cinq ans dans une paix très relative, avant d’être retrouvé, c’était bien court. Obi-Wan aurait aimé savoir comment il avait pu s’y prendre pour échapper aux inquisiteurs, alors qu’il n’avait pas dû avoir tant que cela l’occasion de s’entraîner, que ça soit avec la Force ou même au sabre. Se faire renvoyer la guerre en pleine figure, à dix-huit ans, voilà une bien belle manière de débuter sa vie d’adulte. Luke le comprendrait bien.

"Ma vie n’a été constituée que de ça, ensuite. La fuite, les combats, une belle course contre la mort, l’Inquisition à toutes les routes. Même si je n’ai jamais compris s’ils tenaient juste à me tuer ou à m’obliger à les rejoindre. J’ai rencontré d’autres survivants. Une qui s’est coupée de la Force pour quelques raisons privées et qui ne veut plus rien avoir à faire avec l’Ordre, en tant que tel, même si elle continue le combat. Un gars qui a complètement vrillé dans le côté obscur. Une qui était devenue Inquisitrice après avoir été capturée et torturée, alors qu’elle était encore Padawan, par l’Empire."

Le maître Jedi grimaça, en retenant un profond soupir. Oui, ce sort-là, beaucoup de Jedi capturés par l’Empire l’avaient connu… C’était comme ça que l’Inquisition avait été créée. Depuis, les personnes sensibles à la Force traquées partout dans la galaxie, dès leur naissance, étaient également utilisées.

"Donc Vader a un enfant… Vous lui adresserez toute ma compassion."

"Il en a même deux," répondit Obi-Wan, sans s’attarder sur le sujet. "Que comptez-vous faire, à présent ? Ce genre de vie, nous sommes désormais nombreux à le mener, dans une plus ou moins grande mesure. Mais cette guerre ne peut être éternelle et cette époque a besoin de tous ceux nés avec elle, pour écrire sa propre histoire. Comptez-vous revenir aux origines ou préférez-vous poursuivre cette vie ?"

Il préférait être direct, car après tout… Après avoir vécu ce type de vie, surtout aussi jeune, on perdait vite l’habitude des détours et ronds-de-jambe, dans ce genre de conversation. Il lança également un petit coup d’œil vers Tal, curieux de voir si lui aussi allait tenter quelque chose. A son âgé, après tout, Obi-Wan avait eu souvent tendance à le faire, parfois au grand dam de son maître.

J4écoutais toujours, enregistrant dans ma tête cette rencontre, me disant que je devais noter tout cela, au moins l'histoire de Cal, dans les archives de notre Temple actuel. Après tout, c'était important de garder des traces de ce que des jedi ont du vivre, alors que l'Ordre était anéanti et ses survivants dispersés. Cela aiderait de futures générations à savoir à quoi s'attendre, si cela arrive une fois encore. Après tout, un tel événement était déjà survenu au moins deux fois, lors du Triumvirat sith et avec l'ère Palpatine, donc il était à supposer que cela pouvait arriver encore !

Je hochais aux propos de maître Kenobi, car c'était la conviction du grand maître, de fonder un nouvel ordre qui se montre plus flexible avec ses membres. J'espérais, toutefois, qu'il ne se montre pas trop souple mais je comprenais que celui de mon temps l'était trop, et trop sur de lui, trop arrogant peut-être, de croire la menace sith anéanti et sans égal dans la galaxie. Au final, peut-être que, comme les ordres sith qui se sont souvent détruit à cause de leurs rivalités internes, l'ordre jedi s'était tout simplement écroulé sous son propre poids ?

"En tout cas, accepteriez-vous de me raconter votre histoire, enfin ce qui vous est arrivé après votre fuite du Temple, en détail, chevalier ? Je pense que cela pourrait profiter à nombre de futurs jedi. Oh euh, si cela vous gêne, je pourrais la retranscrire de façon anonyme, bien sur."

Lui proposais-je. Je n'étais pas sur de son rang mais vu qu'il avait réussi à survivre à vingt as de traque, à ces fameux inquisiteurs invisibles et à l'ancien apprenti de mon maître, il devait avoir au moins ce rang-là. A moins qu'il n'ait l'équivalent de maître, comme maître Jarrus ? Je jetais un oeil vers maître Kenobi, espérant ne pas avoir fait un impair !

"Il en a même deux. Que comptez-vous faire, à présent ? Ce genre de vie, nous sommes désormais nombreux à le mener, dans une plus ou moins grande mesure. Mais cette guerre ne peut être éternelle et cette époque a besoin de tous ceux nés avec elle, pour écrire sa propre histoire. Comptez-vous revenir aux origines ou préférez-vous poursuivre cette vie ?"

"En tout cas, accepteriez-vous de me raconter votre histoire, enfin ce qui vous est arrivé après votre fuite du Temple, en détail, chevalier ? Je pense que cela pourrait profiter à nombre de futurs jedi. Oh euh, si cela vous gêne, je pourrais la retranscrire de façon anonyme, bien sûr."

La raconter à qui et pour quoi faire… ? Il haussa légèrement les sourcils puis reposa la flasque contre la table, les bras croisés, en la faisant légèrement tourner du bout des doigts. Sans répondre immédiatement car il n’était pas… Très sûr de ce qu’il voulait ou simplement devait accomplir. Durant plusieurs années, son but avait pourtant été très clair, tout faire pour voir revivre l’Ordre Jedi un jour. C’était bien dans ce but qu’il avait combattu durant autant de temps pour préserver sa vie, retrouver la trace de cette satané liste et défendu contre l’Inquisition. Puis le de doute s’était insinué. Il avait réalisé les conséquences funestes, pour ces enfants, si l’Empire parvenait à les identifier. Il s’était demandé, ensuite, s’il était réellement le mieux placé pour… Pour prendre ce type de place, tout simplement.

Ces deux dernières années, plus que jamais, il avait plus clairement ressenti cette faille, en lui, qui ne cessait de grossir, combat après combat. Une radicalité qui s’était forgée par la guerre et le temps, qui le poussait insidieusement à moins de pitié, plus de combativité mais aussi plus de froideur. Cette réalisation récente le faisait d’autant plus douter qu’il ignorait s’il serait capable d’entraîner un jeune élève sans lui transmettre cette même froideur. La guerre lui avait perdre de nombreux états d’âme, il s’en rendait bien compte. Ce n’est qu’au bout de deux ou trois minutes qu’il réalisa avoir plongé dans le silence, le regard dans le vague.

"Si ça peut te faire plaisir, je pourrais te raconter ça, oui," commença-t-il, prenant la question la plus facile. "Mais ce sera un simple récit habituel d’un soldat en temps de guerre."

N’importe quel soldat pourra raconter le même genre de récits. Enfin, un soldat appartenant à une rébellion, une guérilla ou en fuite, du moins, pas tant ceux appartenant à des armées régulières et reconnues. Bref, ce n’était qu’un détail, de toute manière.

"Quant à quoi faire, je… Abandonner le combat pour notre époque, ça, non, évidemment, jamais. Pas après tout ce qui s’est déjà passé. Durant assez longtemps, j’ai souhaité revoir l’Ordre, en refaire parti à nouveau, qu’on puisse recommencer sur de nouvelles bases, avec des survivants ou des personnes arrivées plus tard. Mais je n’ai pas voulu poursuivre ma recherches de jeunes enfants sensibles à la Force. Pas tant que l’Empire peut leur faire subir autant de choses. De trop jeunes seraient en danger, purement et simplement, même avec nous. On ne pourra pas les protéger efficacement tant que l’Empire existera. A mes yeux, il faut avant tout des Jedi capables de combattre, se défendre eux-mêmes et les autres, avant toute chose, en ce moment. Qu’est-ce qu’on pourrait bien faire de gamins de moins de dix ans, en ce moment, à part les exposer au danger et les faire liquider ?"

Oh, on pourrait lui exposer des tas d’arguments tout à fait valide, sur la nécessité de poursuivre cette recherche, préparer d’ores et déjà l’avenir avec d’aussi jeunes élèves, lui assurer que commencer une formation très tôt était essentiel et qu’il fallait s’y activer dès à présent, que la guerre pouvait encore durer longtemps et ainsi de suite. Cal entendait bien tout ça mais restait malgré tout campé sur ses positions. Pour sa part, prendre un apprenti alors qu’il vivait ce genre de vie, c’était trop dangereux. Il pouvait trop facilement glisser et donc entraîner son élève sur ce même chemin. Peut-être que certains avaient la force mentale nécessaire pour résister aux changements mentaux enclenchés par une vie de guerre ! Mais lui savait que dans son cas, la frontière était mince.

"Revenir aux origines, oui, par contre, même si l’occasion se présente, je ne souhaite pas engager un jeune élève à mes côtés dans ce type d’existence. Vous savez comme quoi à quel point cette vie modifie l’état d’esprit et tout le monde n’a pas les mêmes remparts pour y résister. Tout le monde n’est pas comme vous, maître Kenobi."