Tentative d'enlèvement

Les vaisseaux Rebelles passèrent en hyperespace les uns après les autres, le dernier cargo disparaissant dans une légère traînée bleue. Seuls restaient autour de la station la flotte de l’amiral Liafes et quelques vaisseaux supplémentaires Impériaux arrivés en renfort, en plus des vaisseaux de la Flotte de Défense. L’amiral, s’il avait bien fait venir des renforts contre les Rebelles, avait cependant refusé de donner l’ordre de tirer ou prendre la station d’assaut, de ce que la jeune femme avait entendu, et il avait ensuite été « enlevé » par les Rebelles. Un enlèvement qui arrangeait bien chacun des deux camps… Lui n’aura pas à subir les conséquences pour son refus d’obtempérer et les Rebelles protégeaient ainsi un ennemi qui ne leur avait pas causé de mal, un prêté pour un rendu, somme toute. Par ailleurs, avant que les renforts n’arrivent, Veeren avait fait placer ses propres vaisseaux sur la route, de façon à protéger à la fois la station et le départ des forces Rebelles et Jedis. Ewime pouvait voir l’amirale Aar’lani, un peu plus loin, qui souriait très posément au commandant venu en renfort. Le nouveau venu n’appréciait guère la manœuvre…

Le fait est qu’aucun officier Impérial n’avait reçu l’ordre de tirer sur leur Flotte, même dans ce cas-ci, et que la règle était de ne pas engager un nouveau conflit alors que l’Empereur avait déjà tant d’autres ennemis dont il n’avait pu régler le cas. Et cela, Veeren le savait très bien. Ewime soupira un peu et quitta le hangar, elle n’avait pas à s’occuper des complications militaires et avec le départ en masse des Rebelles et des quelques Jedis, ils avaient besoin de bras pour s’occuper de ceux et celles qui attendaient d’être évacués. Tout d’abord, les personnes en soins intensifs, qu’on allait transférer pour la plupart dans des hôpitaux ou maisons de repos, plus classiques, voire dans leurs familles, pour certains. Il ne restait plus quelques personnes, dans le service, ce sera rapide. Elle rejoignit le responsable, le professeur Esseul, qui lui avait raconté avoir longtemps servi comme médecin-en-chef sur le destroyer du Grand Moff Tarkin, avant de finalement travailler dans des centres de soins dans les Mondes du Noyau. S’il restait toujours poli, Ewime sentait bien à quel point il méprisait les aliens et était dégoûté de se retrouver sur cette station, perdu au milieu de l’Espace Sauvage.

Le cas du jeune commandant Vanto semblait lui poser problème, quand il voyait que des gardes étaient censés l’accompagner pour veiller sur lui. Pour sa part, Ewime ne voyait pas où était le problème, après tout, ce jeune homme avait frôlé la mort sur Coruscant, elle estimait logique qu’il soit surveillé maintenant, au moins le temps qu’il soit dans cet état. Les trois premières personnes, des civils, furent d’abord préparées pour le voyage et le transport vers le vaisseau attendant dans le hangar principal. Pendant ce temps, Ewime s’approcha du commandant, avec un faible sourire. Il était dans un de ces états… Il avait au moins perdu une dizaine de kilos, son visage était émincé, les yeux encore brillants, très affaibli d’une manière générale. Elle lui dit que la station se vidait peu à peu et qu’il allait être conduit dans une maison de repos, le temps de se refaire une santé et surtout d’être surveillé médicalement. Un brusque bruit devant la porte la fit sursauter et elle se retourna vivement. Le professeur, qui arrivait aussi à côté d’eux, haussa les épaules en disant que quelqu’un avait dû faire tomber il ne savait quoi.

« Pas la peine d’être aussi nerveux, soupira-t-il, la situation va s’apaiser, maintenant. Le transfert est presque prêt, on charge encore une autre personne et nous partons. »

Désagréable, cet homme, et si Ewime avait été moins polie, elle le lui aurait sans doute fait remarquer. Se retournant vers Vanto, elle commençait à ranger ses deux ou trois affaires sous le lit dans un sac quand elle reçut tout à coup un coup très vif en plein dans la nuque. Pas le temps de crier ni rien, une douleur très vive la saisit à la tête et elle s’effondra au sol. Luttant pour ne pas s’évanouir, elle gémit un peu lorsque quelqu’un la tira sur le sol plus loin derrière des appareils et la laisser là. La diplomate s’efforça de tâtonner à l’aveugle pour trouver son comlink et surtout le bouton d’appel d’urgence, mais le noir l’envahit avant qu’elle ne puisse achever son geste…

___
Dés : Echec

PNJ Professeur Mickäel Esseul

Cette technique était toute bête et pourtant très utile. Ils activèrent le dispositif et instantanément, toutes les systèmes de surveillance commencèrent à faire passer les mêmes séries d’images en boucle, montrant chacun des scènes calmes, où patients et personnels passaient dans les couloirs. Les techniciens firent signe que tout était en place, on pouvait passer à la partie la plus « agressive » du plan. Et tout cela alors que le patron n’avait tours donné aucun signe de vie, depuis des mois ! Le professeur ignorait où ce monstre était encore aller se fourrer mais il l’imaginait très bien poursuivre ses travaux sur d’autres horribles mutations biologiques et des cellules souches, pendant que la galaxie agonisait et crachait son sang. Après ce genre de désastre, il faudra bien longtemps avant qu’on en arrive à un semblant de retour à la normale.

Après avoir assuré les derniers détails du plan, il remit sa blouse puis se rendit au service de soins intensifs. S’ils s’occupaient bel et bien de faire évacuer le restant vers des maisons de repos, ils avaient aussi leur cible en vue, à enlever. Le professeur avait caché son blaster, prêt à s’en servir si le commandant devenait récalcitrant ou essayait de crier. Quoi que vu son état, peu de chance qu’il puisse faire autre chose que leur bafouiller à la figure. Cette idée, aussi… Pourquoi ne pas avoir pris un Rebelle ou un Jedi, comme cobaye, plutôt qu’un agent de l’Empire ?! C’était stupide d’affaiblir leurs propres forces plutôt que de se servir d’un ennemi ! Enfin soit… Le jeune venait de l’Espace Sauvage, après tout, et avait passé sa carrière à faire le toutou pour un alien. Ça ne sera pas une grande perte.

Et en parlant d’alien… Qu’est-ce qu’elle venait foutre ici, celle-là ? Le professeur était dégoûté par ces êtres à la peau bleue et aux yeux rouges sang, de vrais monstres ! Il s’efforça de ne pas trop le montrer, discutant un peu et attendant le bon moment. Deux de ses confrères étaient venus le rejoindre, des hommes de main, pendant que les autres se chargeaient des gardes devant la salle. Rapide, précis, à l’abri du regard glacé des caméras de surveillance. Les gars avaient été intérêt à être rapide, pour enfermer les gardes ou les tuer, ils n’avaient pas de temps à perdre. Le Sith aurait pu être là, il aurait réglé ça en à peine une ou deux minutes. Mais non, à eux de se taper tout le sale boulot, comme d’habitude !

Pas la peine d’être aussi nerveux, la situation va s’apaiser, maintenant. Le transfert est presque prêt, on charge encore une autre personne et nous partons.

Il s’approcha de l’alien répugnante par derrière dès qu’elle lui tourna le dos puis la frappa violemment dans la nuque, avec une satisfaction bien forte. Comme quoi, les femmes étaient fragiles, peu importe l’espèce ! Nicka la tira plus loin pour la cacher derrière les plus gros appareils médicaux et l’autre homme empêcha sèchement leur jeune cobaye d’appeler à l’aide. Tss, tss, pas bouger, mon garçon… Son confrère lui avait plaqué une main sur la bouche et lui tenait les bras serrés au-dessus de la tête, contre l’oreiller. Bien, partons pour le transfert, maintenant. Mickaël prépara rapidement le sédatif puis se pencha au-dessus du commandant.

Ce n’est pas la peine de vous agiter, ça ne servira à rien. Je sais bien que c’est idiot de choisir un officier impérial pour ça, enfin… Vous ne serez pas une lourde perte pour cet Empire.

Il lui enfonça l’aiguille dans une veine de la gorge, pour faire diffuser le sédatif plus vite, puis attendit que ça fasse effet. Ce n’était pas un somnifère, le gamin allait rester conscient, c’était par contre assez puissant pour qu’il ne puisse plus bouger ni appeler à l’aide. Ils s’occupèrent ensuite de lui faire quitter ce service puis partir vers le transport, comme ils venaient de le faire avec les trois autres personnes de toute à l’heure. Opérer dès à présent était aussi pour cette raison, ils passaient complètement inaperçus, au milieu de toutes ces personnes transportant les patients hors de la station. Certains marchaient, d’autres étaient en fauteuils ou encore sur des brancards. Au hangar de départ, Mickaël eut de nouveau une grimace de dégoût en voyant toujours ces foutus aliens à la peau bleue, plus loin, pressant ses gars pour qu’ils s’activent.

Le professeur ne se détendit un peu qu'une fois dans le vaisseau. Bien, tout s’était déroulé sans accrocs. Il donna ses instructions pour le voyage puis pour l’arrivée au centre, avant de se lever et d’aller voir leur prisonnier. Le professeur était toujours en colère contre le Sith qui ne leur laissait que des instructions et leur laissait faire tout le travail, s’il voulait des cobayes bien frais, il n’avait qu’à aller les capturer lui-même. Un de leurs collègues avait déjà eu des ennuis, à cause de ça… Il soupira longuement en voyant le jeune, sur son brancard, qui luttait toujours vainement pour rester conscient et sans doute trouver un moyen de fuir.

Cessez donc de gaspiller des forces pour rien… Même si vous arriviez à marcher, où iriez-vous ? Il faut vous faire une raison, mon petit, des types comme vous il y en a des centaines, dans l’Empire, un de plus ou de moins ne changera rien à l’affaire.

En rouvrant les yeux, Eli eut le sentiment d’avoir autant de forces à disposition qu’un chaton nouveau-né. Il avait à peine entrouvert la bouche pour prononcer un mot qu’il fut soudain enfoui sous une étreinte maternelle très soudaine. Le jeune homme n’avait même pas eu le temps de voir le visage de sa mère, il avait juste reconnu son odeur alors qu’elle le serrait contre lui en pleurant à moitié. Bien trop hébété pour réagir, Eli mit un moment avant de comprendre où il se trouvait et surtout, pourquoi sa mère pouvait le câliner alors qu’elle était aussi malade, sans oublier la quarantaine. Il parvint à le bafouiller, avec un temps de retard, pour s’entendre répondre qu’un vaccin avait été trouvé. C’est vrai ?! Elle et papa ne risquaient plus rien ? Ils allaient bien ? Comment ils… Sa mère l’aida à se rallonger, alors qu’il commençait à avoir des vertiges, lui prenant les deux mains dans les siennes.

– J’ai eu si peur… Quand tu as tant hurlé, à la maison, tu…

Eli grimaça, voyant son espoir secret que ses parents aient été évanouis, à ce moment-là, et donc n’aient rien pu entendre, s’évanouissant en fumée. Il dévia le sujet en demandant ce qui s’était passé, exactement, perdu. Ses souvenirs étaient flous, le dernier souvenir précis qu’il possédait, c’était les heures qu’il avait passé en tête à tête avec Plagueis, ça, aucune chance pour qu’il l’oublie un jour. Et depuis… Une succession de passages flous et douloureux, avec les odeurs des hôpitaux, les examens médicaux et il ne savait quoi. Un long passage dans le coma, aussi… Il se souvenait d’avoir voulu participer aux tests expérimentaux et en guise de réponse, il avait été plongé deux bons mois dans le coma. On l’en avait sorti il y a à peine une semaine, une semaine dont il ne se rappelait quasiment rien.

Sa mère se chargea de lui expliquer ce qu’il avait manqué, depuis le jour de l’attaque chez eux, puis s’assit ensuite près du lit pour le prendre contre elle, dans ses bras. C’était peut-être idiot, mais d’un coup, Eli se sentait beaucoup mieux. Se faire câliner par sa mère était l’un des meilleurs remèdes au monde… Il resta blotti contre elle, autant que possible, une bonne heure sans bouger, l’écoutant lui parler, simplement. Elle l’embrassa encore sur le front, en s’essuyant les yeux, puis lui dit qu’elle devait aller voir papa mais qu’elle reviendra très vite. D’accord… Il la regarda quitter la salle, plus réconforté par cette heure passée avec elle qu’avec n’importe quoi d’autre. Un peu plus tard, une femme, une Chiss, entra dans la salle, qu’il se souvenait avoir vu lors de la réunion, sur le Chimaera, il y a… longtemps. Il ne se rappelait par contre plus qui elle était.

Il hocha doucement la tête lorsqu’elle lui dit que la station était évacuée peu à peu et qu’il allait être transporté dans une maison de repos, toujours sous surveillance médicale. Oui, sa mère lui en avait parlé, toute à l’heure. Vaccin ou pas, visiblement, les docteurs craignaient toujours une mutation. Ce qui voulait dire être contrait de rester plus longtemps encore sans pouvoir travailler… Eli était épuisé mais en avait aussi assez, des mois au lit, bon sang ! Plus jamais il n’essaiera d’affronter un seigneur Sith… Il y eut tout à coup une série de bruits sourds, dehors, faisant sursauter tout le monde. Alors… Eli était peut-être très paranoïaque mais il aurait juré que c’était là le bruit de corps qui tombent. Non ?

– Pas la peine d’être aussi nerveux, la situation va s’apaiser, maintenant. Le transfert est presque prêt, on charge encore une autre personne et nous partons.

D’accord… Il devrait quand même aller vérifier ce qui se passait, dehors, quelqu’un s’était peut-être blessé. Le jeune homme ouvrait la bouche pour lui signaler quand le type frappa brusquement la femme Chiss dans la nuque. Il tendit la main vers le bouton d’urgence, sans l’atteindre lorsqu’un autre lui tira le bras en arrière et lui mit une main sur la bouche pour l’empêcher de crier à l’aide. La colère l’envahit brusquement, avoir actuellement autant de forces qu’un enfant de cinq ans et ne même pas pouvoir plus se défendre était particulièrement humiliant. Il essaya de voir où était la diplomate Chiss et si elle allait bien, mais ce fut le docteur qui emplit entièrement son champ de vision, une seringue à la main.

– Ce n’est pas la peine de vous agiter, ça ne servira à rien. Je sais bien que c’est idiot de choisir un officier impérial pour ça, enfin… Vous ne serez pas une lourde perte pour cet Empire.

Il le piqua dans le cou avec sa seringue, quelques instants plus tard, Eli eut l’impression d’avoir les membres en coton, puis de s’enfoncer dans une sorte de brouillard, à moitié conscient. Il se mordit l’intérieur des joues pour rester conscient, pendant qu’on l’emmenait. Une flopée de jurons se bousculait dans sa tête et il ne put que légèrement les bredouiller, mobilisant déjà toutes ses forces pour ne pas sombrer. Merde, merde, merde ! Il fut conduit dans un vaisseau, entendant le claquement de la rampe d’accès lorsqu’elle se referma. Merde… Et la Chiss qui était là-bas ? Ils ne l’avaient quand même pas tuée ?! Eli s’efforçait toujours de bouger, cherchant à attraper quelque chose, n’importe quoi, qui puisse l’aider. Un soupir, juste à côté, le fit sursauter, le sale type était revenu.

– Cessez donc de gaspiller des forces pour rien… Même si vous arriviez à marcher, où iriez-vous ? Il faut vous faire une raison, mon petit, des types comme vous il y en a des centaines, dans l’Empire, un de plus ou de moins ne changera rien à l’affaire.

– Allez vous faire foutre.

Il avait pu articuler cette phrase sans bafouiller, malgré le calmant, et en était très fier. Il attendit que le type reparte puis ramena le bras gauche contre lui, avec effort. Depuis ce qui était arrivé sur Coruscant, le colonel Yularen lui avait fait parvenir un petit bracelet électronique qu’il pouvait actionner en cas de nouveau danger de ce genre. Eli appuya dessus à l’aveugle, soulagé en entendant le léger bip indiquant que le signal était transmis.

Avec un peu de chance, le voyage allait se dérouler sans accrocs et ils pourront progresser avec rapidité. Le professeur revint s’asseoir à sa place initiale, pendant que le pilote terminait les préparatifs pour le décollage et demandait l’autorisation de départ. Le plus agaçant, là-dedans, était qu’ils n’avaient plus qu’une poignée d’instructions… Il était déjà arrivé une fois au seigneur Sith de disparaître pour de longues semaines, revenant ensuite non plus en Muun mais en Humain. Allait-il encore réapparaître avec un nouveau corps ? Une sorte de sorcellerie Sith ? Mickaël soupira longuement en pensant à ça, relevant la tête de son datapad lorsqu’une petite alerte clignota sur le tableau de bord. Quoi encore ? Il fallait tant de temps que ça pour décoller ? il posa l’appareil et se leva, assez agacé. On s’active, bon sang, ils n’allaient pas y passer la nuit.

Chef, le contrôle refuse à tout vaisseau de décoller !

Et on a un destroyer qui se rapproche de la baie, ajouta l’autre d’un ton crispé.

Quoi ? Le docteur vint se pencher rapidement sur les censeurs, puis releva la tête, voyant, par le cockpit, des patrouilles de sécurité approcher rapidement du vaisseau. Mais putain de… Il jura entre ses dents, puis hésita, alors que ses acolytes demandaient ce qu’ils faisaient. Autant tenter le coup. Il leur dit de décoller maintenant et de forcer le passage, s’il le faut. Une fois qu’ils seront loin, ils rejoindront le laboratoire et plus personne ne pourra les retrouver. Le pilote hocha la tête puis enclencha les moteurs, déclenchant aussitôt une plus vaste alerte dans le hangar, au moment où ils décollaient. Le professeur n’y prêta aucune attention, les mains crispées sur le rebord du siège passager. Leur petit vaisseau s’élança hors du hangar, laissant derrière les patrouilles qui courraient.

Mickaël en était presque arrivé à croire qu’ils allaient filer sans problème lorsqu’ils tombèrent nez à nez sur une escouade de chasseurs TIE modifiés, dont un qui tira directement et démolit leur moteur. Le choc les fit tous se renverser à terre, puis une brusque secousse suivit derrière. Le vaisseau eut comme une plainte lancinante, le coup du chasseur les avait envoyés directement valser en plein dans le champ d’action du rayon tracteur du destroyer. Le professeur poussa un nouveau juron, alors que tous les signaux d’alerte sur le tableau de bord s’activaient en même temps. Bon sang… le Sith aura leur peau, quand il reviendra… Déjà qu’il était revenu encore plus siphonné qu’avant, la dernière fois. D’un seul coup, il se dit que la prison ou l’exécution valait bien mieux que de se présenter devant un Sith après un échec.

Que fait-on ?

Il ne répondit pas, se relevant alors que le vaisseau était attiré de force dans les entrailles du gigantesque destroyer. Pour le moment, ils ne faisaient rien, le professeur ne comptait pas se battre contre l’Empire et ils n’avaient, de toute façon, pas les moyens de le faire. La rampe d’accès fut de nouveau ouverte, une fois le vaisseau posé, et toute une escouade de stormtroopers y entra. Leur capitaine sembla reconnaître le gamin qu’ils avaient voulu enlever, tiens, c’était bizarre… Un gamin maintenant si faible qu’il ne tenait même plus debout seul et à peine assit, quand ils le mirent dans un fauteuil roulant. A suspension, plutôt. Fermement résolu au silence, le professeur se laissa emmener avec ses hommes sans lâcher un seul mot. Il avait fait son devoir. Ou essayé…

– Chef, le contrôle refuse à tout vaisseau de décoller !

– Et on a un destroyer qui se rapproche de la baie.

Ça avait marché. Même si c’était profondément humiliant de se retrouver encore dans ce type de situations, après Lysatra. Mais avec un peu de chance, cette fois-ci, Thrawn ne sera pas mis au courant. Et donc ne pensera pas à lui coller de nounous sur le dos. C’est qu’il en serait bien capable, sinon, Eli frémissait d’horreur à cette seule idée. L’injonction du sale type le ramena à la réalité, quand il lança de décoller et forcer le passage. Il pensait lutter à armes égales avec un destroyer stellaire ? Il était malade ! Le vaisseau allait les réduire en pièces. A part quand on était un pilote rebelle suicidaire sur les bords, on n’essayait pas d’attaquer un destroyer avec un vaisseau vingt fois plus petit et mal armé. Eli s’accrocha des deux mains aux rebords du brancard, comme il put, les yeux fermés en attendant le choc parfaitement inévitable.

Contrairement à ce qu’il avait cru, le vaisseau ne fut pas détruit d’emblée en quittant la baie mais reçut une salve qui détruit sans doute une aile ou les moteurs. Ça n’en resta pas moins très brutal et ce n’est que maintenant qu’Eli comprenait ce que certains ennemis avaient ressenti, durant la plupart des batailles de ces dernières années… Ce si parfait sentiment d’impuissance. La trajectoire du vaisseau était étrange, ils avaient dû être pris par un rayon tracteur. Eli reprit son souffle avec un peu de difficulté, son regard tombant sur le bracelet où deux petits voyants blancs clignotaient toujours de manière régulière. Il n’avait pas été très à l’aise le jour où un agent du BSI était venu lui accrocher ça au poignet, mais finalement, ça servait. Ils furent tirés dans un autre hangar d’atterrissage, puis la passerelle grande ouverte.

Eli se crispa un peu en reconnaissant la voix du chef de l’escouade des stormtroopers. Les chances que l’amiral ne soit pas mis au courant venaient d’être sensiblement réduites… Il voulu tâcher de se lever seul, s’effondra presque aussitôt dans les bras des deux qui le rattrapèrent avant, puis fut assis dans un fauteuil. Mais ça va, il se sentait très bien, un peu de fatigue, c’est tout. Il fallait bien un jour ou deux pour se remettre, après la maladie, le coma, etc. Juste respirer profondément et tout ira bien. Une autre voix familière le poussa à se redresser autant que possible, le lieutenant Levrin venait à la rencontre de la petite troupe, donnant ses ordres pour faire enfermer les prisonniers.

– Coruscant d’abord, maintenant ici. Vous avez quelques ennemis déterminés, on dirait, lieutenant-colonel.

Non, juste un cinglé et ses collègues… Eli grimaça un peu et ne répondit rien, les joues plus rouges de honte. Dès qu’il tiendra debout, il passera beaucoup plus de temps dans les salles d’entraînement, ça, c’était certain. En attendant, il dû répéter au moins quatre fois de suite au médecin en chef qu’il allait très bien, en s’efforçant de se montrer crédible. Ce dernier l’avait fait arrêter, carrément, dans une salle servant à la base pour se reposer un peu, près de la passerelle de commandement, et l’examinait sur place.

– Je vous promets que ça va, soupira Eli en levant les mains, presque sans trembler. Sérieusement. On peut oublier cette histoire.