Entrons dans la danse ( ouvert à tous)

Empereur Sheev Palpatine

Les dernières manœuvres menées, insidieuses et efficaces, contre les espaces neutres comme le Secteur Corporatif leur avaient permis d’apaiser les dernières tensions subsistantes, et plus important, d’écarter de la liste des problèmes un bon nombre de petits éléments gênants. D’autres amas, qui ne pouvaient que se défendre et non attaquer, n’avaient pas la force ou l’influence nécessaire sur les esprits des différentes populations pour se permettre d’agir. Le contrôle avait été repris sur la Bordure Extérieure, Intérieur et Médiane. Les Mondes du Noyau n’osaient guère plus ouvrir la bouche plus que de raison. Chandrila était ruinée, saignée à blanc, trop occupée à suffoquer pour ne serait-ce que penser à s’agiter. Alderaan suivait la même voie, depuis de nombreuses semaines. D’autres mondes étaient déjà trop perturbés pour vouloir encore agir.

Mis à part pour les groupes habituels et certaines régions bien trop bornées pour comprendre leurs intérêts, un calme sommaire était revenu s’imposer dans la galaxie. Coruscant, entre autres, non touchée par la pandémie, l’avait déjà oubliée depuis longtemps, tout comme les quelques troubles dont des régions trop lointaines se faisaient l’écho. Ce bal était un des écho, plus personne n’avait la maladie en tête, plus personne, même, ne semblait se rappeler du nombre hallucinant de morts ni des conséquences, encore très lourdes, pesant sur la galaxie toute entière. Des conséquences qui étaient, pour sa part, une large partie de son travail au quotidien. La Marine impériale n’était pas la seule à avoir pris cher, dans cette affaire, et les répercussions occupaient une très large partie de son attention.

Si ce n’avait été le jour anniversaire de son Empire, Sidious n’aurait guère fait le déplacement. Cette fête était néanmoins importante, pas seulement pour l’image rendue mais aussi pour mener des affaires plus particulières. Aucun uniforme, dans l’assemblée, seulement des tenues de soirées, costumes et robes longues, pour autant, il était très aisé de ressentir les écarts entre les classes sociales, les grades et les niveaux de pouvoirs. Pour sa part, l’Empereur portait une tenue noir habituel, le visage recouvert en partie, sans aucune fioriture ni décorum particulier. Sénateur, puis Chancelier il avait toujours adopté des tenues conformes à son rang, afin de se fondre dans le moule et rendre l’image souhaitée. Aujourd’hui, cette image était celle de son pouvoir et cette tenue noire en faisait partie intégrante.

Très bientôt, une nouvelle réunion aura lieu entre les Siths présents dans cette galaxie. Outre le fait que relever un Ordre Sith ne pourra se faire sans raser le passé, il sera ensuite… compliqué… d’intégrer des Siths dans la machine impériale. Le fait était que la Marine reliait le mot Sith aux mots danger, destruction et mort assurée, comme elle reliait cet Ordre ancien à une époque révolue et bien trop instable pour que cela puisse fonctionner. L’Empereur, pour le moment, devait rester prudent sur ces affaires… Ce qui n’empêchait bien sûr pas de s’amuser un peu. La fête venait de se lancer, les valses aussi, et après cette légère mise en bouche, le silence se fit alors qu’il se préparait à faire son annonce. Les journalistes autorisés de l’Holonet s’étaient rassemblés, tel un petit troupeau d’insectes prêts à relayer images et paroles à travers toute la galaxie.

Ce jour marque le vingt-ième anniversaire de l’Empire. Un événement particulier, non pas pour cet anniversaire, mais bien parce que la galaxie connaît actuellement un nouveau souffle, un nouveau regain. Suite aux graves événements ayant bouleversé bien des mondes, avec de lourdes conséquences, j’ai néanmoins le bonheur de vous annoncer que certaines de ces conséquences sont très heureuses. Elles ont permis de montrer que l’Empire est la seule puissance apte à faire face aux graves crises nous bouleversant tous. Même des personnes, parmi les plus revendicatives, ont compris où était le véritable intérêt de cette galaxie.

Il tendit une main ridée, légèrement, vers un des écrans géants de la salle, où s’afficha une scène filmée sous tous les angles par des caméras de sécurité. Bespin, un endroit si charmant, un endroit où tous purent voir des rebelles fuir, puis voir le jeune pilote, Leia Organa et son cher frère coupés des autres, enfermés ensemble dans cette pièce. Tout le monde put assister à l’attaque de la jeune femme, la façon dont elle tua le rebelle dans le dos, avant de pointer l’arme vers son frère. Ils ne pouvaient entendre leur discussion, même si la tenir devait paraître évidente. Plus encore lorsque Vader entra dans la pièce, et qu’il fut aux côtés de la princesse, contre le blondinet, sabre en main. Palpatine s’amusait du regard choqué de certains, balayant d’un geste les propos d’un qui avait commencé à marmonner que c’était une blague.

Ceci n’a rien d’une blague. La jeune princesse Organa est la digne fille biologique du seigneur Vador et a su comprendre où se trouvait sa place. C’est une nouvelle ère qui débute, je vous l’annonce, la Rébellion n’est plus qu’une farce, dont même les leaders se détournent. Profitez donc tous de cette fête, alors que nos ennemis se meurent enfin.

Le speeder avait déposé Darth Lunariss et Takara Hilts devant le palais impérial. La ronde de véhicule déposant les invités était impressionnante et pouvait donner le tournis. Les festivités promettaient d'être grandioses. Lunariss avait pris Orus et un autres de sa garde, vêtu de costume rouge sombre et portant un masque pour les accompagner. Orus lui servirait de garde du corps et Tonn était chargé d'escorter Takara. La sith prenait au sérieux le fait qu'elle était sous sa protection pour le moment et il était impensable qu'il ne lui arrive quoique ce soit.

- Prête ? glissa-t'elle à la jeune femme.

Lunariss etait vêtue d'une somptueuse robe de velours noir avec des arabesques accompagnées d'accessoires en argent brillant. Des gants et des cuissardes en velours également complétaient sa tenue. on ne savait où commençait sa peau et où finissait sa tenue qui lui collait comme une seconde peau. Orus était en charge de son sabre. Elle s'avança et présenta son invitation au garde qui lui souhaita une excellente soirée.

La musique était déjà lancée. D'élégantes valses étaient jouées et les danseurs s'en donnaient déjà à coeurs joie. Pas un seuls uniformes en vu et pourtant, ces droits comme des I et ces mains dans le dos typique des militaires les dénonçaient. Un serveur leur présenta des flûtes de champagne puis elles s'avancèrent dans la foule. Lunariss salua quelques personnes qu'elle avait rencontré, certaine plus intimement que d'autres. Puis la musique s’arrêta et les têtes se tournèrent d'un bloc. L'Empereur était là.

Elle écouta son discours, s'amusant beaucoup mais n'en laissant rien paraître. Elle était de ceux qui savait déjà pour Leia et observa l'assistance pour la plupart médusée. Puis l'Empereur fut célébré. Après tout il venait d'annoncer avoir détruit la rébellion ce qui était totalement faux, mais il en fallait peu à ces gens. Et d'avoir annoncer que Leia était sienne n'était à son avis pas une bonne idée, même une énorme erreur qui pousserait les rebelles à plus de férocité et peut-être même les jedis à se souder. Pour Lunariss, c'était une grosse stratégique mais elle n'y voyait que du positif pour leurs propres plans.

Puis profitant que l'assistance ait un nouveau sujet de discussion, elle attrapa la main de Takara et avança vers Palpatine. Elle fit une révérence élégante, dévoilant sa poitrine et sa chute de rein aux yeux des présents.

- Votre majesté, je vous félicite pour ces magnifiques victoires sur le ennemis de l'Empire. J'espère que nous auront le plaisir de rencontrer votre nouvelle apprentie, elle doit être délicieuse.

Elle se releva, souriante, puis tendit élégamment la sith qui l'accompagnait.

- Permettez-moi de faire l'honneur à Mademoiselle Hilts de vous rencontrer.

Il y avait très exactement seize ans, quasiment jour pour jour, que le Grand Moff Tarkin n’avait plus ressenti une colère aussi noire… Celle-ci bouillonnait littéralement dans son coeur et tout son corps, telle une immense base de magma en fusion, n’attendait qu’une petite étincelle pour exploser. Très droit, impeccable dans une tenue de soirée qui se rapprochait bien plus de l’uniforme que du véritable costume de fête, le visage glacial, il était tout aussi impassible qu’à son habitude. Cependant, son regard à lui seul suffisait à démontrer la fureur des plus extrêmes qui l’habitait en ce moment. Depuis qu’il avait appris, de la bouche d’un petit officiel du BSI, que le jeune Jedi qu’on leur avait confié était parvenu à s’échapper du vaisseau et disparaître dans la nature, la colère qui l’avait envahie ne se tarissait pas. Au contraire, elle avait enflé, jour après jour, pour devenir aujourd’hui un amalgame dangereux qui menaçait d’exploser à tout moment. Cela devait se ressentir, malgré son air coutumier, car aucun des hommes présents autour de lui n’avait encore osé ouvrir la bouche, depuis leur arrivée dans ce bal.

Le Grand Moff était sans doute aussi furieux et dégoûté qu’il y a un an, dans ce même contexte, lorsqu’il avait vu revenir Plagueis, bien vivant. Encore que… Même ce jour-là, sa fureur avait été moins grande. Aujourd’hui, c’était une sensation on ne peut plus différente, plus pernicieuse… Cette colère était un très long serpent insidieux filant dans son sang et venant s’enrouler autour de son cœur, déjà profondément noirci par la vie qu’il avait menée jusqu’alors. Une colère qui venait même, il en eut l’impression, chatouiller jusqu’à son regard et modifier la perception qu’il avait des invités, ce soir. L’impression passa néanmoins très vite, il battit un peu des paupières pour la chasser, pensant à l’officier du BSI qui avait fait les frais de son humeur, après avoir dû annoncer l’évasion. Son regard glissa ensuite sur l’Empereur lorsqu’il fit son entrée, puis donna un rapide discours, agrémenté de la petite vidéo de l’attaque de Bespin. Tarkin en détourna le regard, d’autant plus dégoûté, le passant sur l’assemblée. Les temps changeaient, en effet, et ils allaient changer d’une autre façon que celle envisagée par la plupart des politiciens dans cette salle.

La Bordure Extérieure était sa cible prioritaire, des changements étaient déjà initiés, d’autres étaient à venir. Cette charmante soirée était également une occasion de redistribuer les cartes et de placer ses pions. Il ne lui fallait qu’un mot pour écraser un Moff ou un gouverneur, mettre un autre pantin à sa place, ou faire de même avec un membre de la Marine Impériale. Ce pouvoir qui se renforçait d’année en année avait, pour cette fois, une saveur un peu plus particulière. Il passait dans la salle, ignorant les valses et personnes s’amusant, s’arrêtant près de ceux qui comptaient ou dont il pouvait se servir. Son chemin croisa également celui de Isard, et ils échangèrent quelques mots, en privé. Elle aussi était furieuse, le cachait tout autant, et ne se priva guère d’accuser les agents du BSI d’être de parfaits incapables. Cette bavure était profondément regrettable, en effet. Après ce bref échange, il poursuivit son « périple » dans l’immense salle, bien peu osant venir lui adresser la parole. Son humeur se ressentait-elle à ce point ? Il finit par arriver à la hauteur du Gouverneur Pryce, s’arrêtant pour la saluer.

– Je m’attendais à vous trouver ici, Gouverneur. Comment se portent les affaires de votre planète ?

C’était le grand jour. Dans le grand speeder qui nous menait au Palais Impérial, je n’avais cessé de m’assurer que j’étais vraiment prête. Je me sentais moyennement à l’aise dans ma robe noire fendue qui descendait jusqu’à mes chevilles et je repassais une main distraite dans ma chevelure que j’avais défaite de son chignon pour laisser descendre jusque dans mon cou. Je n’avais pas l’habitude de m’habiller de la sorte sur mon monde d’origine. D’ordinaire lors de grands événements similaire à celui-ci, j’étais de garde pour m’assurer que personne ne viendrait s’en prendre au Grand Lord et mes participations en tant qu’invitée pouvaient se compter sur les doigts d’une main. Je me sentais un peu comme un imposteur s’invitant à une fête à laquelle il n’aurait jamais pu être invité. Et pourtant j’étais là, et j’avais essayée de paraître la plus sobre possible par rapport à la twi’lek qui, à ma grande surprise, avait choisi quelque chose de plus habillé qu’attendu lorsque nous avions fait les magasins. J’avais aussi pris le temps de maquiller légèrement, de quoi mettre en valeur mon visage sans chercher à en faire de trop. Puis finalement, alors que le palais apparaissait dans notre champ de vision, j’avais retiré mes bottes pour enfiler la paire d’escarpins que nous m’avions acheté pour l’occasion. Encore une chose que je n’avais porté qu’occasionnellement lors des cérémonies de Tahv…

J’avais donné mon sabre à contrecœur à l’un des gardes de Lady Lunariss avant de sortir du véhicule. Un mal nécessaire le temps du bal, et j’avais bien fait comprendre qu’il était dans son intérêt que je puisse le récupérer à l’issue de la cérémonie. Puis j’avais suivi la twi’lek accompagnée d’un garde du corps que je trouvais plus gênant qu’autre chose. Je m’arrêtais devant le garde qui séparait les escaliers de la porte de la grande salle de bal et je poussais un long soupir avant d’hocher la tête à l’intention de la sith. Elle avait vu une facette peut-être peu glorieuse de ma personne jusqu’à présent.  Hésitante, incertaine, perdue dans un univers qui n’était pas le sien. C’était l’occasion de lui montrer d’où je venais vraiment. Quelle était ma réelle condition par le passé.

« Autant que faire se peut. Il va bien le falloir, ne vous inquiétez pas pour moi. »

Une fois l’invitation présentée, nous entrâmes dans ce qui était la plus grande et la plus sublime des salles de bal que j’ai jamais vu, ce qui était à relativiser vu mes origines. Les nombreux drapeaux attachés au mur donnaient un air martial à une scène qui ne l’était pas vraiment. En effet, aucune des personnes que je pouvais observer ne portait le moindre uniforme et je me sentais même sous-habillée comparée à certaines invitées que j’estimais probablement très fortunée, très influente voir les deux à la fois. L’orchestre symphonique jouait un air agréable et entraînant sur lequel dansait déjà une partie des invités. Tout était fait pour faire de cette soirée un moment agréable et mémorable, et ça me rappelait les grandes cérémonies organisées pour célébrer l’arrivée de mon peuple sur Kesh, avec beaucoup, beaucoup plus de moyens bien sûr. C’était don ainsi que ça allait se dérouler, et bien soit. Je m’étais redressée presque instantanément, le buste droit, l’air presque hautain et détaché. J’offrais un sourire aux personnes que j’observais mais je me sentais redevenir moi-même dans cette cour où chacun des invités cherchait probablement à montrer ô combien il était plus important et influant que les autres. Il était clair que je ne comptais pas me laisser faire. Je les voyais bien me dévisager, moi l’inconnue débarquant comme une proie au milieu des fauves. Accompagner ce qui semblait être l’une des seules non-humaines actuellement présente à la grande fête célébrant la naissance d’un empire particulièrement xénophobe avait également de quoi attirer l’attention sur moi, chose qui me contrariait un peu.

Marchant lentement et suivant la twi’lek, je faisais de mon mieux pour paraître ce que j’avais été dans le passé, avant mon arrivée dans ce temps : une princesse des siths. Sans doute pas des plus puissants, et sans aucun doute des plus oubliés mais une princesse des siths tout de même. Oh j’avais laissé le côté sith avant de grimper dans le speeder, chassant par la concentration juste suffisamment l’obscurité pour libérer mes yeux de leur lueur mordorée. Qu’il me semblât étrange de voir leur reflet vert dans le cristal de ma flûte, offerte par un serveur. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas vu leur couleur naturelle sur mon visage et j’avais légèrement l’impression de plus être totalement moi-même. Un mal nécessaire pour ne pas dévoiler à tout le monde ce que j’étais réellement. Après tout, Lady Lunariss m’avait bien fait comprendre que nous, siths, n’étions pas forcément bien vu par le gratin impérial. Dans la foule, je laissais la twi’lek discuter avec ses connaissances, me contentant d’offrir quelques sourires, ma main gantée lorsqu’elles désiraient me saluer et répondre des banalités lorsque des questions m’étaient éventuellement posées. En aucun cas ils ne sauraient de mes lèvres d’où je venais, et qui j’étais réellement. Et je répondais évidemment aux salutations par une légère révérence en guise de respect car le sens de l’étiquette était d’une grande importance dans ce genre événements et ma maîtrise de ce dernier surprendrait peut-être la twi’lek.


La musique cessa soudainement et les invités se tournèrent pour faire face à l’arrivée de l’Empereur en personne. Je les imitais, vidant ce qui restait de ma flute avant de la poser distraitement avant de me poser légèrement en révérence comme le faisait presque tout les autres. La twi’lek faisait ce qu’elle voulait, mais étant nouvelle ici je préférais ne pas donner une très mauvaise impression à sa majesté, et à l’assemblée désormais prête à l’écouter. Ce que je fis, attentive comme les autres, un bras croisé sous l’autre après avoir redressé la tête. J’analysais ses moindres paroles, désireuse de comprendre un peu plus cet homme contre lequel Lunariss m’avait mis en garde. Restant silencieuse, je me tournais également vers les écrans lorsque sa majesté le demanda, observant impassible l’enregistrement vidéo qu’il diffusa. Je n’avais pas encore l’habitude de cette technologie fort pratique, mais je savais tirer les conclusions de ce qu’il venait de mettre en évidence. J’avais aussi scruté les différentes personnes mis en avant dans cet enregistrement, tendant l’oreille pour identifier dans les réactions des invités les éventuels noms prononcés. Ainsi l’Empereur avait réussi à tourner cette princesse rebelle, Leia Organa, contre son camp et à l’amener dans son giron. Si c’était vrai, la manœuvre était habile mais aussi potentiellement risquée. Je ne connaissais pas l’état réel de la Rébellion, et si cette dernière se retrouvait prise d’un profond désespoir, qui sait ce que la perte d’un de leur leader pourrait engendrer ? J’avais déjà plusieurs cas de figure en tête, pour être honnête et je n’étais pas certaine du résultat d’une telle manœuvre.

Ce qui m’arriva à la suite de ce discours et alors que l’assistance se perdait en un florilège de commentaires était quelque peu… inattendu. Et c’était là un gros euphémisme. J’avais peut-être évoqué la possibilité d’une éventuelle rencontre avec le dirigeant de l’Empire dans une de mes discussions avec la twi’lek mais je n’avais pas pensé qu’elle prendrait la décision d’exécuter une telle manœuvre lors du bal, aux yeux de tout le gratin impérial. Et pourtant c’était exactement ce qu’elle faisait, et je ne le compris que trop tard, lorsque nous avions déjà quitté la foule pour nous avancer droit vers le cercle de gardes vêtus de rouge autour de la personne de l’Empereur. J’étais soudainement réticente à l’idée de cette rencontre, et je devins presque livide l’espace d’un instant lorsque la twi’lek s’inclina devant l’Empereur et je me pressais de l’imiter, de courbant bien bas pour offrir une révérence digne de son rang à Sa Majesté Impériale. Dans mon esprit courait tout un tas d’idées mais aussi d’inquiétudes. Ce n’était définitivement pas une bonne idée, et pourtant j’étais là. J’étais là et la twi’lek venait de prendre la parole devant sa majesté sans y avoir été invité. Je n’avais pas besoin d’étendre ma toile dans la Force pour ressentir la noirceur et la puissance qui entourait cet homme.

Je déglutissais péniblement, restant courbée devant l’Empereur, lui donnant vue sur ma chute de rein et ma chevelure rousse tout en lui offrant le respect dû à une personne digne de son rang, et surtout de sa puissance. Pourtant je savais que s’écraser purement et simplement face à cet homme n’était pas le moyen adapté pour attirer ne serait-ce qu’une infime part de son attention et, comme Lunariss m’avait déjà présenté, je ne pouvais clairement pas donner une impression de totale faiblesse face à lui. J’avais donc laissé mon lien avec le côté obscur surgir légèrement, mes yeux retrouvant leur couleur mordorée, pour me pas paraître offensante mais pour faire comprendre que je savais ce qu’il était et que je le respectais. Que cependant, je valais tout de même quelque chose, que je n’étais pas une vulgaire femme de compagnie mais une personne qui pouvait apporter quelque chose à son Empire. J’avais sauvé mon peuple, j’avais affronté un des plus puissants sith de mon époque et j’étais devenue les yeux et les oreilles du dirigeant des siths isolés de Kesh…

C’était donc toujours inclinée que je pris la parole avec déférence, en sachant pertinemment qu’il devait déjà avoir eu vent de ma présence à l’Académie et que s’il le souhait il pourrait probablement tenter de pénétrer mon esprit pour en savoir plus. Se contenter des platitudes serait donc suffisant, pour l’instant :

« Votre Majesté. Je vous remercie de me faire l’honneur de pouvoir vous rencontrer. Permettez-moi de vous féliciter à mon tour pour ces victoires acquises contre les ennemis de l’Empire. Il est certain qu’ il sera difficile pour eux de se relever d’une pareille humiliation de votre part… »

Lorsqu’une fête se déroule au sein d’un haut milieu social, les personnes conviées ne s’y rendent guère pour s’amuser, encore moins pour songer à danser, chanter ou passer un agréable moment de détente. Il s’agit, bien au contraire, de moments d’affaires, de relations et de pouvoir. Un environnement où Arihnda était entrée à bout de force, en apprenant les codes et les manières, avec en sus pas mal de culot et de volonté. Voilà deux ou trois jours que Arihnda était arrivée à ses appartements de Coruscant, en vue du bal à venir, et était en pleine préparation. La robe qu’elle avait acheté pour l’occasion était d’une coupe typique des robes de bal de Lothal, à la fois sobre et élégante, un choix fixé dessus pour deux raisons. La première était, en tant que gouverneur, le devoir de représenter son monde et de faire savoir pour quelle force elle agissait, la seconde, raison était qu’il était obligatoire d’adopter un certain standing, lorsqu’on assistait à ce genre de soirées. En plus de la tenue, la politicienne avait aussi opté pour un maquillage léger, soulignant surtout ses yeux très bleus, le seul détail qu’on pourrait qualifier de « joli » chez elle, du moins lorsqu’elle faisait un effort pour paraître moins froide.

La soirée en elle-même était à la hauteur de ses attentes. Les uniformes de cérémonie avaient tous laissés place aux costumes et aux longues robes, pour les femmes, donnant sans doute à toute cette affaire un ton encore plus formel que d’ordinaire. Par réflexe, Arihnda adopta la démarche à la fois souple et retenue des personnes de pouvoir ou cherchant à en gagner. Ne pas douter une seconde de son statut et de la place à tenir était l’une des clés du succès. Dans ce domaine, elle savait y faire, la politique était un immense terrain de jeu, une aire familière et intrigante, où elle évoluait tel un poisson das l’eau. Aussi à l’aise ici qu’elle pouvait l’être dans son bureau sur Lothal. Un seul instant de doute ou de faiblesse faisait de vous une cible sur pattes. Ses premiers regards servirent avant tout à repérer les personnes importantes à saluer, celles avec qui il fallait au contraire ne pas perdre de temps, ainsi que les petits groupes d’influence importante. Tous les politiciens ne valaient pas, ce n’était pas juste une question de pouvoir personnel, elle devait aussi prendre en compte la personnalité, les objectifs, les craintes et les ambitions de chacun et chacune. Un véritable panier de serpent où tout le sel du jeu consistait à posséder un venin plus puissant que celui des autres.

La musique était très agréable, le décor fastueux. Tout était fait, et dans les règles de l’art, pour marquer les esprits et donner à ce bal le cachet des plus grandes fêtes pouvant être orchestrées par l’Empire. Arihnda commença par saluer certains confrères et des Moffs de sa connaissance, avec qui elle était actuellement en relations d’affaires ou comptait l’être prochainement. Le plus pratique, dans ce genre de fête, était le nombre d’affaires pouvant être menées sans avoir à se balader d’un bout à l’autre de la galaxie ou en passant par des communications à distance trop peu sécurisées. C’était également bien plus discret et rapide que des visites dans les bureaux des uns et des autres. Cette première petite phase fut interrompue par l’arrivée de l’Empereur et du discours qui s’ensuivit. Très… Intéressant. Les Rebelles, eux aussi, se souviendront sans conteste de cet anniversaire impérial comme d’un jour mémorable. Suite à cela, la foule remua d’une manière significative, attirant l’attention de Arihnda sur les quelques non Humains présents dans cette salle. Il ne fallait pas être d’un grand niveau pour comprendre à quelle « faction » ils appartenaient et leur facilité, pour certains, à approcher l’Empereur…

Bien plus que la peur, c’était bel et bien la haine à laquelle les membres de cet Ordre allaient se retrouver confrontés. Une haine et un rejet pur et dur dont ils ne réalisaient peut-être pas encore toute la portée. Les regards, ici, étaient des plus équivoques, les paroles murmurées plus encore, il ne restait qu’à voir la façon dont ils comptaient… s’intégrer à cet Empire. Le gouverneur en détourna le regard, plus intéressée par les affaires qu’elle pouvait mener ici et maintenant que par les petites manœuvres d’êtres venus tout droit d’un passé oublié et qui n’avaient plus de place légitime au sein de l’immense machine impériale. Peut-être regagneront-ils cette place un jour, peut-être pas, toujours est-il qu’ils devront d’abord surmonter une réputation encore plus dégradée que celle de l’Ordre Jedi, un exploit qui était à souligner. L’arrivée à sa hauteur du Grand Moff Tarkin termina de chasser complètement ces passéistes de son attention, et elle lui rendit formellement son salut. Son regard laissait entrevoir une humeur des plus agitées. Pour un homme de son rang, c’était curieux. La question qui suivit la fit sourire à moitié, il était on ne peut plus conscient de ce qui arrivait dans la Bordure Extérieure et cette entrée matière n’était pas ce qui les intéressait.

"Les affaires tiendront qu’il n’y aura aucun laissez-allez dans la manière de les gérer. Les lourdes conséquences de la pandémie y sont encore très visibles, peu importe les régions de la Bordure Extérieure. Je ne doute pas, cependant, que les choses vont évoluer. Lothal supportera cette transition, comme elle a supporté celle la faisant passer sous le joug impérial. Vous devez déjà être on ne peut plus conscient de cela."

Empereur Sheev Palpatine

Un mot glissé dans une oreille, un départ tout aussi rapide, puis l’Empereur revint en sa position initiale. Il était temps de récupérer sa jeune apprentie, présente sur Coruscant en ce moment, avant que les Rebelles ne le fassent à sa place. Il serait bien dommage de déjà perdre son mignon minois maintenant que la vérité était révélée, ce serait du gâchis. Ils allaient la ramener au palais, où elle sera déjà un peu plus en sécurité, si on pouvait appeler ça ainsi. C’est curieux, l’Empereur ne voyait pas non plus Vader, dans la salle… Il était un peu plus perturbé que d’ordinaire, ces derniers temps, Palpatine le ressentait plus que jamais. Bien qu’il n’ait jamais été très stable, les récents événements ne jouaient pas en sa faveur et il devait très bien le savoir. Jouer avec les nerfs des membres de cette famille était plutôt amusant.

L’arrivée de Lady Lunariss et d’une autre Sith l’accompagnant vint interrompre le fil de ses pensées. Pour une fois, la Twi’lek s’était habillée, quand bien même le simple fait de ne pas être humaine lui attirait un très grand nombre de regards. Au milieu d’une pareille assemblée, sa présence ici était aussi incongrue que le serait celle d’un petit rebelle. La rouquine qui l’accompagnait avait, quant à elle, réussit l’exploit d’avoir un teint aussi crayeux que le sol de marbre blanc avant de s’incliner à son tour. Déboussolée encore par cette époque ? Il ne lui avait pourtant pas semblé cela, en la voyant plus tôt se déplacer dans la foule. Un œil exercé reconnaît facilement les démarches habituées des personnes ayant déjà fréquentés ce genre de foule. Comme celles de futures proies ne se trouvant guère à leur juste place.

Palpatine était déjà au courant du nom de cette femme et de son arrivée à l’académie, de ses débuts de parcours aux côtés de Lunariss, sur Coruscant, sans l’avoir encore vu en face. Il ne releva pas les premières paroles lancées par la sorcière, se passant de commentaire alors qu’une part de son attention était attirée par son Grand Moff. La colère de Tarkin devait être perceptible à tous les Siths présents dans cette salle, il irradiait autant qu’un feu très vif au milieu d’une nuit glaciale. L’évasion du jeune Jedi le mettait toujours autant hors de lui, et mis à part le gouverneur de Lothal, personne d’autre n’avait jugé bon de l’approcher. Palpatine songea à cet instant qu’il ne lui avait pas précisé que sa colère pouvait être perçue par d’autres Siths.

Permettez-moi de faire l'honneur à Mademoiselle Hilts de vous rencontrer.

Votre Majesté. Je vous remercie de me faire l’honneur de pouvoir vous rencontrer. Permettez-moi de vous féliciter à mon tour pour ces victoires acquises contre les ennemis de l’Empire. Il est certain qu’ il sera difficile pour eux de se relever d’une pareille humiliation de votre part…

Une enquête avait déjà été lancée sur cette femme, l’Empereur souhaitait, plus particulièrement, vérifier un point important. Qu’il n’y ait aucun Sith, aucun, dans ce temps, pouvant reproduire « l’exploit » de Darth Plagueis, que ce soit avec un virus ou toute autre chose. Il avait certes commis une erreur, en le faisant pas incarcérer en sûreté et en ne le cloîtrant pas dans sa tombe, après son retour et sa possession de cet instructeur humain. Cela ne se reproduira plus. C’était aussi pour cette raison qu’il ne se souciait guère de savoir où son ancien maître était retenu, quoi qu’il soupçonnait un certain peuple. Il avait désormais rejoint la liste tristement célèbre des Siths qu’il fallait cacher, par tous les moyens.

Nous verrons donc ce que vous valez. Les membres de notre Ordre se réuniront très prochainement, votre présence sera, bien sûr, attendue, parmi d’autres.

Jouer la carte de « l’Ordre Sith » n’était encore qu’un pis-aller, pour l’Empereur, car il ne vouait bien entendu aucune confiance ni en ce semblant d’Ordre, ni en les membres du Conseil Noir, plus occupés d’ailleurs à comploter contre lui qu’à réellement réfléchir au renouveau des Siths et du pouvoir de cet Empire. Guerriers, sorciers, chercheurs… Depuis que Vitiate avait de nouveau disparu, il ne restait plus aucun autre politicien ni homme, ou femme, de pouvoir, pouvant occuper la plus haute place et la tenir sans faillir. S’ils parvenaient à accomplir leur but, à se débarrasser de lui, qui par derrière saura reprendre le trône et empêcher toute la structure de s’effondrer ? Personne. l’Empire se délitera. Et ses ennemis n’auront fait que jouer le jeu de l’Ordre Jedi, douce ironie du sort…

Je suis certain que d’ici là, Lady Lunariss saura vous faire profiter des joies de ce bal et vous présenter à nos confrère Siths, ainsi qu’aux notables de cet Empire. Passez une agréable soirée, e attendant les affaires plus sérieuses.

Courbée, j’avais l’étrange impression d’être épiée non pas simplement physiquement mais également mentalement, comme si l’on cherchait à sonder mon esprit pour y discerner toute arrière-pensée, tout mensonge que je chercherais à cacher. J’attendis qu’il prît la parole, et qu’il eut terminé sa première tirade pour me redresser, tout en évitant de le regarder fixement, droit dans les yeux. Lunariss pouvait bien faire ce qu’elle voulait, même le défier si elle le souhaitait, mais ce ne serait pas mon cas. La twi’lek n’avait peut-être que faire de son image, je tenais à garder la mienne aussi intacte, et intègre que possible pour le moment. J’étais une inconnue, je débarquais de nulle part, et provoquer ou insulter l’Empereur et dirigeant de notre Ordre n’était pas au programme.

D’ailleurs, il avait dit notre Ordre, et non pas son Ordre, comme s’il nous incluait tous dans une même famille alors que je savais bien que ce n’était pas le cas. La manière dont il m’avait regardé, à mon arrivée, et la pointe autoritaire et menaçante qu’avait inspiré son aura dirigée l’espace d’un instant dans ma direction, avant qu’elle ne se répercute ailleurs. Un rappel de sa condition ? Ou du fait que je l’intriguais, peut-être ? Ou peut-être pas du tout. Son esprit m’était fermé, mais je n’en attendais pas moins d’une personne de cette importance qui irradiait le Côté Obscur à la manière de mon père, inspirant une confiance presque perverse, mais ferme. Je préférais d’ailleurs m’envelopper de cette aura plutôt que celle emplie d’une haine et d’une colère profonde que je pouvais aisément discerner dans la toile de la Force, mais qui m’aurait détourné du sujet principal, à savoir l’Empereur et ses propos à mon égard.

Au final, ce n’était pas qu’une impression. Il scrutait réellement mes pensées, ou du moins ce que je pouvais en extérioriser malgré moi. Je pouvais le sentir, malgré son air détaché et son regard plutôt hautain, lequel était tourné vers d’autres. Il n’avait fait aucune remarque explicite quant à mes origines, et pourtant je pouvais deviner dans son regard qu’il savait que je n’étais pas de ce temps. J’aurais très bien pu sortir de l’académie de Coruscant, ou encore de celle de Korriban mais nous savions tout les deux qu’il avait deviné la vérité sans la lui avoir avouée de façon verbale. Soit donc il avait lu dans mes incertitudes et mon non-verbal, soit il avait déjà diligenté une enquête à mon sujet et mes récentes recherches sur l’holonet impérial filtré avait dû mettre la puce aux oreilles de ses services. Ou bien était-ce les deux, ce qui ne me surprenait pas de la part d’un individu qui dégageait une pareille impression d’autorité mais aussi, et surtout, de confiance.

Cependant son enquête n’avait pas dû lui apprendre grand-chose sur ma personne puisque je n’avais officiellement jamais existé dans un quelconque registre, actuel ou antérieur. Je n’avais jamais fait partie de l’équation, et ça, il avait dû rapidement le savoir. C’était pour moi un atout que de n’avoir strictement aucun passé, aucune trace dans l’histoire connu de la galaxie. Personne pouvant me reconnaître et donc me démasquer, ou me dénoncer. Sa méfiance à mon égard était donc d’autant plus crédible et logique, si l’on mettait de côté le fait qu’en tant que Siths nous nous méfions par principe de tout le monde.

« Votre Majesté, ce sera un honneur de pouvoir vous prouvez ma valeur.

Mes paroles étaient des plus sincères, et mes pensées allaient en ce sens. Il était évident maintenant que je n’étais plus à mon époque, et nier l’évidence relèverait tout simplement de la folie. De ce que j’en avais compris, il m’était désormais impossible de rentrer chez moi, et je n’en avais de toute façon plus l’envie. Je pouvais enfin toucher les étoiles, et voyager de planète en planète. Je n’avais plus de limite, et cet Empire semblait, aux premiers abords, parfaitement me convenir. C’était du moins ce que je ressentais en grattant tout juste sa surface et mon éducation excluait de facto toute forme de désir de complot, et à cet instant je ne désirais qu’une chose : trouver la place adéquate, celle qui me permettrait de faire mes preuves, de me montrer utile, et en ce sens me présenter à l’Empereur avait peut-être été une bonne idée, ou alors une terrible erreur. Mais ça, seul le temps pourrait me le dire et en attendant, j’avais pu avoir la confirmation qu’il savait que j’existais avant même que nous nous rencontrions, en face à face.

Je ne posais pas de questions, j’avais côtoyé suffisamment ce genre de milieux avec mon père et en présence de son conseil pour savoir que c’était à lui de m’inviter à les poser, et non à moi de m’imposer sans qu’il ne m’ait autorisé au préalable à le faire. Certains interpréteraient peut-être cela comme de la faiblesse, ou de la soumission, mais il n’en était rien. C’était juste une question d’étiquette, de politique et de respect et, constatant qu’il nous congédiait, je m’inclinais à nouveau, cette fois-ci d’une manière bien moins prononcée, juste le nécessaire pour une révérence polie, déclarant au même moment :

« Je répondrais présente, soyez-en assuré. Passez une agréable soirée, Votre Majesté. »

Puis je me redressais aussitôt, chassant le mordoré de mes yeux pour qu’ils retrouvent leur vert naturel, faisant quelques pas en arrière avant de me retourner, attendant que la twi’lek ait fait de même et que nous nous soyons suffisamment éloignés pour l’interpeller, nous arrêtant au milieu de la salle pour venir murmurer sur le ton de la confidence, et ainsi éviter d’être entendue des autres :

« Ce vraiment pas judicieux de me présenter à tout les autres siths présents aujourd’hui. Personne ici, à part eux, ne peuvent savoir qui je suis réellement, et étant donné ce que ces gens pensent de nous, c’est préférable qu’ils l’ignorent aussi longtemps que possible. »

Je tenais à cacher mon statut de Sith pour le moment. Déjà, me présenter aux côtés d’une non-humaines avait dû soulever des questions, car il devait être évident pour ces hauts dignitaires, pour ceux qui ne la connaissait pas, que Lunariss ne pouvait être autre qu’une Sith pour être autorisée à se présenter à ces cérémonies, qui plus est auprès de l’Empereur. Pour ma part j’avais la chance d’être encore une inconnue pour eux et le bénéfice du doute jouait en ma faveur. Je n’étais pas encore fichée comme tel et il était dans mon intérêt de le rester, pour le moment. Quitte à jouer le rôle d’une artiste, d’une dame quelconque, d’un membre de la noblesse d’un monde quelconque perdu aux confins de la galaxie, une militaire, que sais-je… Bref, quelqu’un que l’on oublierait rapidement, mais qui pouvait légitimement se trouver là. Et je comptais bien rentrer dans un de ses rôles.

Je pivotais légèrement pour faire face à la twi’lek tout en restant un peu sur sa droite, une main gantée apposée le long de ma cuisse et sur un pan de ma robe, pour rajouter avec la même discrétion :

« Me présenter à nos confrères, ici, devant tout ce monde, ne ferait que trahir mon statut. Il serait plus préférable d’attendre cette réunion pour me présenter. Ou d’organiser ces présentations en dehors d’un événement aussi… exposé. »

En bref, se contenter de profiter de cette soirée comme je le devrais. Mon regard vert, dénue de corruption, balaya l'horizon autour de nous tandis qu'un serveur s'approchait pour nous proposer de nouvelles flûtes alcoolisées.

Tandis que la sith présentait sa protégée à Sidious, une colère noire submergea toutes les émotions de la salle. Qui pouvait donc émettre une telle fusion ? Cela ressemblait fortement à quelque chose d’extrêmement nourrissant pour beaucoup des siens et d’extrêmement puissant à utiliser. Lunariss ne quitta néanmoins pas Takara et l'Empereur des yeux ni n'utilisa son pouvoir pour chercher la source. La proximité de Darth Sidious la rendait plus méfiante que n'importe quel autre. Et les vagues de colère ne s'atténuaient pas. Mais soudain elle reconnu cette aura particulière, celle d'un homme si froid qu'on aurait jamais pu croire qu'il pourrait abriter cela.

Sidious évalua rapidement Takara puis leur donna rendez-vous à la futur réunion des siths alors que Lunariss savait bien qu'il n'avait aucun intérêt à les voir prendre du pouvoir. Il savait ne pas pouvoir les contrôler et s'il y-a bien une chose que cette homme aimait, c'était le contrôle.

La sith s'inclina en prenant congé de l'Empereur pui avança à travers la foule avec la jeune femme. Cette dernière contrôlait ses émotion mais était si mignonne avec son énervement. Elle ne s'attendait pas à être présenté si rapidement à l'Empereur. Qu'avait-elle cru ? Que la sith lui laisserait le temps de faire ouf ? Lunariss était une incarnation du chaos et il faudrait qu'elle s'y habitue.

Elle sourit et répondit dans l'esprit de Takara :

* Chère amie, faisons selon vos souhaits. *

Darth Lunariss avisa un groupe dans lequel se tenait plusieurs administratifs qu'elle avait déjà rencontré. Orus et Tonn restaient suffisamment loin pour ne pas être dérangeants mais suffisamment prêts pour intervenir au moindre soucis. De toute manière Lunariss était en contact permanent avec son commandant à travers la marque qu'elle utilisait à pleine puissance. Lors de sa réclusion sur Dromund Kaas, elle avait travaillé sur l'approfondissement du lien.

- Lady Lunariss, quel plaisir de vous revoir ! s'exclama un des hommes, sa compagne réprimant une moue, raciste ou jalouse, la sith n'en avait cure.
- Un plaisir partagé, répondit-elle d'un gracieux mouvement de tête.
- N'ayant plus de vos nouvelles, nous avions peur que vous ayez disparu avec cette horrible pandémie, ajouta un autre.
- je suis très touchée que vous ayez pensé à moi. Je vous rassure, il n'y-avait aucun chance que cette maladie m'atteigne, dit-elle avec une petite moue et un regard sans équivoque.

Puis habilement, elle amena la conversation sur la rébellion. Tous clamèrent hauts et forts combien cette victoire était une bonne nouvelle mais elle sondait leurs esprit, en camouflant son pouvoir, cherchant le mensonge. Pauvres humains qui ne pensaient pas à entraîner leurs esprits comme les agents secrets ou les siths. Sans surprise, elle détecta certains bien moins joyeux par ces nouvelles. Elle avait compté là-dessus. Elle finit par prendre congé, faisant promettre à de futurs utilités de se revoir.

Elle aperçut au loin le seigneur Scourge et une jolie jeune fille à ses côtés. Cherchant dans sa mémoire, elle ne se rappelait pas l'avoir jamais vu mais il était fort probable qu'il s'agisse de son apprentie et elle semblait avoir autant d'amour pour le protocole que Lunariss. Concentré sur ses réflexions, elle buta sur une jeune femme en robe lamé d'or et au chignon blond et complexe. Plaquant son bras dans les reins de la jeune femme dans un geste censé les éviter de chuter, elle en profita pour flirter :

- Veuillez m'excuser charmante demoiselle. Je ne vous avais point vu alors que vous êtes un des joyaux de cette soirée.

Une toux polie se fit entendre et Lunariss baissa les yeux :

- Monsieur Raven, quel plaisir de vous rencontrer.

Faisant tournoyer la nièce de l'ambassadeur, la sith inclina respectueusement la tête devant l'homme qui avait œuvré pour l'Empire sans haine pour les autochtones aliens avec lesquels il avait travaillé.

- Je suis Dame Lunariss et voici une amie, Mademoiselle Hilts. Et serait-ce votre nièce dont j'ai brillamment entendu parler ?

Lunariss était peut-être quelqu'un de désordonné mais connaître le bottin permettait d'éviter les impairs et dans son rôle de rallier des impériaux à la cause de destitution de l'Empereur, il valait mieux connaître le gratin.

Je devais admettre que je ne m’attendais pas à cette réponse mais je devais admettre que je ne m’attendais pas à ce que la twi’lek ne me fasse rencontrer Sa Majesté dès notre arrivée sur Coruscant, en en particulier juste après son discours. Le fait qu’elle adhérait à ma pensée, à savoir rester discret sur ma condition aux yeux de l’assemblée me semblait en désaccord avec le côté chaotique de la sith mais d’un autre côté ne venait-elle pas encore une fois de me surprendre ? Elle n’avait pas parlé, si ce n’est dans mes pensées et voilà que j’avais repris ma marche, mes talons claquants sur le sol marbré alors que je suivais de nouveau le mouvement de la twi’lek, mon regard balayant l’horizon, s’arrêtant l’espace d’un micro-instant sur une femme à la chevelure de sang qui semblait observer les environs avant que mes yeux ne reprenant leur chemin pour dévisager les différents officiers, administrateurs ou gouverneurs.

Ils s’arrêtèrent une nouvelle fois sur un groupe d’administrateurs que semblait connaître la twi’lek, l’homme venant lui offrir un sourire des plus enjoués -était-ce là le signe d’une connaissance plus… charnelle ?- alors que la femme se montrait plus réticente. J’effectuais une révérence polie en adéquation avec la présentation que je m’apprêtais à leur faire, me désignant ensuite comme une étudiante en histoire et des cultures et civilisations anciennes et pour beaucoup disparues et ayant eu l’opportunité de connaître Dame Lunariss, laquelle avait bien accepté ma présence dans le cadre de mes études. Je me montrais particulièrement polie, laissant la twi’lek et les deux administrateurs discuter, cherchant à rentrer dans ce rôle plus discret, plus réservé. D’ordinaire, j’aurais déjà sondé leurs esprits pour savoir ce qu’ils avaient en tête mais je me réfrénais volontairement à faire usage de la Force aussi directement, et je me contentais donc d’observer leur non-verbal et de déceler les différences d’intonations dans leurs voix. C’était déjà là un bon début et j’avais l’impression qu’ils étaient hésitants lorsque Lunariss évoqua la Rébellion, comme s’ils avaient quelque chose à cacher, ou plutôt que leurs avis étaient quelque peu différents de ce qu’ils laissaient entendre.

J’en profitais également pour récupérer une nouvelle flûte alcoolisée, me mémorisant leur bref échange concernant la pandémie avant que la twi’lek ne se décide à lâcher prise et ne délaisse le duo d’administrateurs. Je fis des aurevoirs courtois avant de me remettre en marche, d’un pas plutôt lent et avec le même regard observateur. Il balaya les convives pour se river sur une silhouette bien différente et je me stoppais net l’espace d’un instant de surprise -et peut-être même d’effroi- en découvrant la peau particulièrement rouge de l’individu et son visage très distinctif qui le désignait comme un membre de l’espèce des Sith. Néanmoins capable de me contrôler je retenais ma peur panique, la diluant dans un océan de confiance et de self-control, reprenant ma marche d’un pas néanmoins hésitant et sans le quitter des yeux, ressentant la nécessité de le surveiller. Mon attention fut cependant captivée par l’arrêt net de la twi’lek, suivi d’un pirouette habile accrochée au corps d’une jeune femme qu’elle venait de bousculer, empêchant ainsi sa chute mais profitant de l’occasion pour flirter. Je roulais des yeux avant de donner un coup légèrement appuyé dans les reins de la twi’lek pour lui faire comprendre que c’était déplacé et particulièrement inadéquat juste avant qu’un homme ne tousse pour signaler sa présence et soulever le caractère négligé de la remarque de Lady Lunariss. Il se redressa alors pour se présenter comme étant l’oncle de la jeune femme ici présente, et qui se nommait Azalée.

Voir l’ambassadeur incliner la tête et sa nièce s’incliner aussitôt avait de quoi flatter mon égo, même si je savais que ces révérences étaient plutôt destinées à la twi’lek à mes côtés plutôt qu’à moi. Je répondais néanmoins poliment, effectuant une révérence particulièrement courtoise, comme on me l’avait appris lors de mon apprentissage il y a de ça bien des années maintenant. Me redressant, mon regard d’émeraude se posa sur l’ambassadeur et sa nièce et je me sentis de plus en plus sous-habillée en comparaison de la tenue plus que resplendissante de l’humaine -en était-ce bien une d’ailleurs ?-, le lui faisant savoir d’une remarque agréable et chaleureuse avant que l’ancien ambassadeur ne nous fasse l’honneur de nous inviter à sa table.

« Miss est peut-être un bien grand titre pour une étudiante, mais je vous remercie pour votre sollicitude monsieur l’Ambassadeur. Miss.

Par ailleurs, votre tenue est particulièrement resplendissante, Miss Raven. »

Mon regard à cet instant glissa vers la twi’lek, cherchant une approbation de sa part dont je me serais bien passé dans une autre situation mais, devant tenir un rôle auquel je souhaitais m’accoutumer c’était là un mal nécessaire. La voir obtempérer m’incita à en faire de même et je posais ma flûte entamée sur la table avant de joindre le geste à la parole, avec entrain et toujours chaleureuse :

« Nous vous remercions de l’honneur que nous nous faites, monsieur l’Ambassadeur. »

J’allais m’installer dans un des fauteuils luxueux qui appartenaient au Palais Impérial, glissant habilement ma main gantée le long de ma robe pour emmener un pan par-dessus l’autre alors que je croisais les jambes. Qu’il était agréable de pouvoir reposer mes talons après être restée perchée sur mes escarpins depuis notre arrivée. Je posais ma flûte sur la table, contente de pouvoir en apprendre plus sur le gratin et en comprendre davantage sur cette époque qui m’était encore floue, car ce n’était pas le réseau ultra filtré de l’Holonet Impérial qui allait m’y aider.

Je mettais un point d’orgue à rester droite sur ma chaise à l’instar de la proche-humaine qui nous étudiait de son regard, lui rendant la pareille en paraissant pourtant moins à l’affut, offrant un sourire plutôt chaleureux et, pour le coup, à peine forcé car c’était là l’occasion pour moi d’en apprendre plus d’abord mais aussi et surtout de m’isoler de tout le grand gratin qui n’avait pas manqué de m’observer du fait de ma présence aux côtés d’une twi’lek qui ne pouvait être que sith considérant le caractère particulièrement xénophobe de l’Ordre impérial. Non pas que je n’aimais pas d’ordinaire être remarquée, bien au contraire j’adorais attirer le regard, me sentir importante du fait de ma condition de Sith mais pour l’instant cette partie de moi devait rester au placard, connue du moins de monde possible, à savoir tout le monde sauf les autres siths qui formaient cet ordre dont m’avait parlé Lunariss.

Finalement j’imitais le mouvement de Miss Raven, levant mon verre en guise de « santé » pour venir à mon tour le porter à mes lèvres avant d’ajouter, satisfaite de pouvoir en apprendre plus et de rencontrer d’autres personnes que les pseudos apprentis-sith de l’académie -apprentis et autres siths que je cherchais d’ailleurs à croiser le moins possible- :

« En effet Dame Lunariss, je suis moi-même curieuse de l’apprendre. »

– Les affaires tiendront qu’il n’y aura aucun laissez-allez dans la manière de les gérer. Les lourdes conséquences de la pandémie y sont encore très visibles, peu importe les régions de la Bordure Extérieure. Je ne doute pas, cependant, que les choses vont évoluer. Lothal supportera cette transition, comme elle a supporté celle la faisant passer sous le joug impérial. Vous devez déjà être on ne peut plus conscient de cela.

En effet. Voilà pourquoi il appréciait de travailler avec les personnes comme le gouverneur de Lothal, elles comprenaient très vite comment évoluaient les choses et surtout comment elles pouvaient en tirer partie, mener leurs propres projets et approcher du pouvoir en même temps. Le Grand Moff hocha donc la tête avec lenteur, prenant au passage un verre léger sur le plateau qu’un serveur leur tendit, toujours habité par une colère puissante brûlant son regard et son corps tout entier en un océan de lave. Aurait-il eu l’enfant sous la main qu’il n’aurait sans doute pas résisté à cette impulsion… Ils le tenaient, ils le tenaient enfin pour de bon, ils avaient commencé à travailler sur lui et son esprit, pour écarter à long terme la menace qu’il représentait, et voilà qu’il leur avait échappé… Le colonel Yularen avait tout intérêt à s’occuper du cas de ses agents, fautifs d’avoir laissé échapper le petit, avant que le Grand Moff ne s’en occupe lui-même. Un petit sourire lui vint, cruel, lorsqu’il imagina ce qu’il était possible de faire subir à ces incapables. Ils savaient pourtant ce qu’il convenait de faire pour retenir un Jedi… On dirait bien qu’une petite mise au point plus globale s’imposait dans leurs rangs.

D’ici là, il engagea une discussion avec le gouverneur Pryce sur l’avenir de la bordure Extérieure. Bien sûr, rie n’était posé ouvertement ou détaillé, pas dans un tel lieu, mais il savait qu’elle comprendra plusieurs points et la volonté de l’Empire d’accélérer le mouvement. La meilleure volonté qui soit n’était pas suffisante pour effacer toutes les conséquences de la pandémie, encore plus dans les régions sauvagement frappées. Les gouverneurs de planètes les plus actifs dans les manœuvres organisées par l’Empire servaient d’outils et de pivots, durant ces phases de transition, en échange du pouvoir qu’ils en retiraient et de leur influence. Pryce était parfaitement au fait de ça, depuis des années, d’où l’intérêt de sa présence dans ce bal, aujourd’hui. Ces derniers temps, ils avaient plusieurs front à mener, entre les régions à remanier, la Marine Impériale qui ne s’était pas encore remise de la perte d’autant d’effectifs, les Siths qui entraient peu à peu dans les rangs et bien sûr, des groupes rebelles ayant, ces derniers mois, pris une tournure plus importante, au même titre que l’Alliance lorsqu’elle s’était formée. Cette dernière souffrait, certes, mais elle n’était pas la seule à grossir. Tarkin ne sous-estimait pas, entre autres, l’influence de Nightswan.

Quant aux Siths, il s’agissait d’un problème encore à part, dont il ne se mêlait pas. Pas encore, du moins. Il observait, restait en retrait, suivait certaines affaires menées par le Grand Amiral Declann avec intérêt, sans plus. Son principal intérêt était encore ailleurs, justement occupé à réparer, le plus vite possible, les tords causés par le Sith le plus cinglé d’entre tous… Qu’aucun des autres membres de cette faction n’ait rien tenté ni pour l’arrêter avant, ni pour lutter contre la pandémie, ne faisait qu’accroître la méfiance et le dégoût du Grand Moff envers chacun des ces êtres connus. Ils avaient pu stopper la maladie grâce aux efforts conjoints de l’Empire, des factions indépendants, de contrebandiers, des rebelles et des Jedis. De tous les Siths, seul Vador et une gamine qu’il voyait plus loin dans cette salle avaient daigné s’impliquer activement. A quoi d’autre aurait-on pu s’attendre, cela dit. Y penser ravivait sa colère d’autant plus, non plus dirigée uniquement contre le jeune Jedi mais aussi contre ces êtres qui n’avaient aucune notion des choses. Perdre des soldats ici et là n’importait pas, mais perdre autant de troupes en si peu de temps était dévastateur, un effet ruinant pour une armée.

Difficile de déterminer s’il était plus furieux contre le gamin de Vador ou contre Plagueis, par ailleurs…

Retournant la tête vers Pryce, il lui précisa dans quelles conditions et à quel moment il allait faire réunir les gouverneurs suivant les secteurs amenés à évoluer. Une par une, chaque région de la Bordure Extérieure sous le contrôle de l’Empire devra y passer. L’Espace Sauvage sera à la charge du Grand Amiral Thrawn, les Mondes du Noyau au Grand Amiral Declann, et ainsi de suite. Ceux qui devaient maîtriser ainsi les SurSecteurs devaient ou bien être des plus fidèles à l’Empereur Palpatine, ou bien être prêts à tout pour s’opposer dans le cas où un ennemi parvenait à renverser Palpatine. La solidité de l’Empire devait être assurée autant que possible, que l’Empereur chute ou non… La valse actuelle des gouverneurs et Moffs était une partie intégrante de cette préparation, les éléments faibles ou corrompus se trouaient traqués puis tués par les agents du BSI, tandis que d’autres plus sûrs étaient installés à leur place. Cette nouvelle purge ne se menait guère pour rien. Le Grand Moff sourit enfin, en pensant à l’un de ces nouveaux pions placés dans la Bordure Médiane, et qui avait beaucoup contribué à pacifier son secteur, le ramener sous contrôle ferme.

– Je vous ferai parvenir certains détails plus tard, gouverneur Pryce. Lorsque le projet arrivera sur votre secteur.

Pour le moment, après ce bal, Tarkin avait une autre région en vue, proche de l’espace Hutt, où il allait mener en personne une petite opération de nettoyage. Oh, il manquait encore un ou deux détails à régler mais cela se fera vite. Laissant le gouverneur profiter de la fête, ou plutôt profiter de ce temps pour peaufiner ses relations, il repartit de son côté, verre en main, retrouvant très vite des confrères déjà légèrement grisés. La fête battait son plein, la musique était entraînante, et rien de tout cela n’atténuait la douce et délicate humeur du Grand Moff.

L'ambassadeur les convia à sa table et Lunariss s'assit avec sa grâce naturelle. Je m'incline pour le remercier de son invitation tandis que Takara le vocalise. Un serveur se hâte de déposer des verres de champagne et un seau sur la table.

- Azalée, quel charmant prénom, il vous à ravir de même que votre tenue.

Ce n'était pas parce qu'il y-avait un homme âgé à la table que Lunariss allait s'empêcher de flirter et puis son flirt était léger. S'il n'avait pas été là, elle aurait probablement demandé à la soldat si elle pouvait avoir le plaisir de cueillir une fleur aussi resplendissante tout en l'invitant à danser. Et même s'il était fort probable que tous à la table ne saches pas qu'elle faisait preuve de retenue diplomatique, elle n'allait pas changer sa réputation. Une réputation qui la disait frivole - et probablement d'autres choses bien moins sympathiques dans certains cercles - et qui l'arrangeait parfaitement.

- Azalée. Vous permettez que je vous appelle Azalée ?

La sith lui sourit en penchant la tête, dégageant de manière naturelle la courbe naturelle de son cou.

- Votre oncle est une personne qui navigue dans suffisamment d'endroit de ce genre. Il vous a plus que certainement apprise qu'il faut toujours se tenir informée même quand on est éloigné.

La twi'lek but quelques gorgée de la boisson pétillante.

- N'est-il pas normal de s'intéresser à des carrière comme la vôtre. Vous êtes une personne très intelligente, qualifiée dans un domaine précis, qui a choisi d'entrer dans la Marine Impériale et la nièce d'un ambassadeur de renom. Comment n'aurais-je pas entendu parlé de vous serait la question appropriée.

La vérité était bien plus prosaïque. En vue du bal, La sith avait réactualiser son bottin et si Takara avait passé trois jours enfermées à faire la Force seule savait quoi, elle avait fait le nécessaire pour ne pas se trouver en défaut. Une mondanité de ce niveau, il fallait savoir exactement à qui vous parliez et vous y adapter. Si vous regardiez bien, beaucoup e dignitaires n'avaient pas grande mémoire et avaient un assistants juste pour ça qui les renseignaient avant d'entrer dans une discussion. Lunariss se faisait un point d'honneur de ne pas avoir besoin de ce genre de larbins.

- Est-ce que la vie militaire vous plaît ?

A peine avait-elle posé la question qu'une nouvelle vague de haine arriva de Tarkin. Cet homme allait finir par déclencher des réactions s'il ne se calmait pas. Il avait bien caché son jeu le vieux roublard. Lorsqu'elle l'avait rencontré il y-avait plus d'un an, il était cet homme froid et rigide et rien ne présageait chez lui une quelconque sensibilité. Par télépathie, elle dit à Takara :

* La vague de colère vient directement du vieil homme sur votre gauche, proche du buffet avec la femme brune strict. C'est le Grand Moff Tarkin. *

Elle reprit à l'intention de l'ambassadeur :

- Je suppose que la représentation de l'Empereur de ce soir va amener une nouvelle prospérité à l'Empire. Qu'en dites-vous ?

Fêtes, chants, danse, bal et autres niaiseries, voilà bien un sujet que Vader avait en parfaite horreur. Jamais il n’avait aimé ce genre de et encore moins les soirées mondaines d’un style aussi insupportable. Il n’aimait d’ailleurs pas les foules, tout court. Associable ? Peut-être… A ses yeux, rien de toute cela ne valait la liberté ressentie lorsqu’on se retrouvait à piloter dans le vide de l’espace ou sur un champ de bataille. Tout, même, valait mieux que ce genre de nids de serpents infects, qui grouillaient en tous sens sous leurs faux sourires et leurs mascarades. Cette scène était une vaste blague, un opéra qu’on servait sous des allures d’or et d’argent, sans rien de très réel. Ce qui l’agaçait d’autant plus était bien sûr la petite mise en en scène et la vidéo diffusée aux yeux de toute la galaxie, qui devait maintenant tourner en boucle sur les chaînes d’informations et réseaux plus privés.

Vader ignorait jusqu’alors que le tout avait été filmé… Et encore moins que la diffusion de cette charmante petite scène allait être faite pour la galaxie entière. Une simple affaire de famille qu’on montait pour agacer la Rébellion et pour la propagande… L’Empereur aimait à instrumentaliser ce genre de choses. Depuis toute à l’heure, Vader était resté dans un coin de l’immense salle, presque caché, son masque empêchant journalistes et curieux de voir l’expression réelle de son visage. Mis à part de rares soldats avec qui il avait l’habitude de travailler, les autres ne l’approchaient pas et il s’en portait très bien ainsi. Ces mondanités lui donnaient plus envie de fuir à l’autre bout de la galaxie que de mêler à la faune locale et discuter tranquillement en profitant de la fête.

La présence manifeste d’autres Siths aurait pourtant pu lui donner une occasion. Les saluer, essayer de se montrer un minimum sociable… Là encore, il n’en avait aucune envie. Palpatine était le seul autre Sith régulièrement côtoyé… Enfin… Il avait eu le « bonheur » de pas mal côtoyer le seigneur Darth Plagueis et cette charmante expérience était tout sauf incitative à en rencontrer d’autres. Il en avait déjà croisé parfois… Non loin de la nouvelle académie, sans jamais s’attarder ou faire mine d’engager la discussion. Il ne se déplaça finalement que pour aller à la rencontre de Tarkin. Ce dernier ne le réalisait sans doute pas mais son aura de colère luisait comme un phare violent perçant la nuit, pour tous les Siths présents de cette salle. Il profita du départ d’un des ministres pour aller près du Grand Moff, les autres autour s’écartant assez vite.

"Vous laissez trop votre colère aller, Grand Moff," glissa-t-il à voix plus basse. "Bien de nos confrères ici ont compris qui vous êtes."

Le jour de l'Empire.....c’était ça, la dernière fois, sur Manaan ? Difficile de se souvenir, avec toutes ces tâches administratives, les formations, et les projets personnels. Il est fort probable de confondre. Et puis...ces réceptions ne sont guère intéressantes pour un guerrier.
Gesticuler sur de la musique, on peut comprendre que ça plaise à la plupart des gens, mais pas à ce guerrier là qui trouve cela ridicule, tout en étant une façon tout à fait imprudente de baisser sa garde.

Alors, que reste t il ? Les contacts, mondanités, jeux de pouvoir, influence. Tous ces laquais qui jouent les tapis de sol et les flatteurs dans le but d'avoir un peu plus de pouvoir.
Ah je préfére encore une inspection des chambres des apprentis à cela. Et tout ce monde, ces gens, qui se prennent pour l'élite de l'Empire, dégagent en réalité une aura de suffisance et de médiocrité.

Cette arrivée tardive montre bien la motivation à venir se mêler à cette masse infecte.
Mais il faut être là. Il le faut, car sans cela on est pas vu, on sombre dans l'oubli.
Il y a des points à éclaircir. Les rumeurs font état du fait que mon académie, qui a pourtant déjà produit avec succès des apprentis qui ont participé à des opérations militaires, ne serait qu'un tas de ruines et qu'une autre aurait donc été construite, plus reluisante.
Cela explique le manque de visites sur Korriban ces derniers temps. A quoi peut bien jouer l'Empereur à se dire satisfait de l'enseignement prodigué pour ensuite l'ignorer ainsi.

De plus, les gens ont dû commencer à entendre parler du village sur Beregen. Normalement, personne ne sait que je suis derrière cette colonie et personne ne sait quel en est le but réél.

Hum...il y a des Sith, dont certains que je ne connais pas, de vue en tout cas. La petite est là, ainsi que la Twilek et le Sang Pur. Peut être que finalement, je vais pouvoir apprendre des choses. Apres tout, avoir des informations sur l'état de la galaxie, des Jedi et des Rebelles, est toujours utile.

Le Ministre des Finances était toujours aussi assommant mais il possédait un mérite précieux, à savoir l’intelligence. Discuter avec lui pourrait être un très bon moment, s’il n’avait pas un ton de voix si monocorde et s’il ne se contentait pas de parler uniquement de son métier et des intérêts financiers de l’Empire. Par ailleurs, il était à noter qu’il était un des très rares politiques de Coruscant à ne pas être corruptible, fait assez unique pour le souligner, fait même exceptionnel au cœur de cette ville, semblable à un immense nid de serpents venimeux. Plus d’une fois, le Grand Moff en avait été tant étonné qu’il avait fait mener plusieurs enquêtes sur son sujet, sans que rien ne soit jamais trouvé. Un politicien incorruptible, stupéfiant. Devait-on y voir un lien avec la certaine inertie de l’homme qui ne s’émouvait jamais de rien, à un point où s’en devenait malsain ? Il y avait néanmoins un autre avantage à ça, son sang-froid lui permettait de ne pas non plus se laisser entraîner dans les divers complots pullulant dans cette ville. Tarkin s’était à peine éloigné que Vader vint à sa hauteur, lui aussi visiblement indifférent aux regards qu’il attirait.

– Vous laissez trop votre colère aller, Grand Moff. Bien de nos confrères ici ont compris qui vous êtes.

– De votre part, une telle remarque est savoureuse, Lord Vader. Cette même colère ne vous guide-t-elle pas tout au long de votre vie ?

S’inclure dans le « nos » confrères n’était pas encore envisageable, peu importe ce qui avait pu se produire et se produira encore, tant qu’il n’aura toujours pas obtenu certaines garanties, il ne cessera pas de considérer les Siths, tous les Siths à une exception près, comme des dangers ou des menaces à surveiller ou faire éliminer. Par ailleurs, Vader devrait comprendre à la perfection ce qui motivait la colère brûlante du Grand Moff aujourd’hui ! Les Jedis venus des failles, comme les Siths, pouvaient disparaître, ravalés par la Force, il suffisait d’être patient. Les Jedis survivants du massacre étaient en majorité planqués ici et là, sans être une menace pour qui que ce soit, Vader s’était déjà chargé d’éliminer ceux pouvant l’être. Certains jeunes, comme Bridger, ne se souciaient de rien d’autres que libérer leurs petites planètes ou il ne savait quoi… Tarkin aurait été ravi que le rejeton de Vader se contente lui aussi d’un de ces objectifs, hélas, ce n’était pas le cas, et sa fuite en était d’autant plus énervante. Voir l’Ordre Jedi se reformer était à ses yeux une menace tout aussi importante que revoir des fous furieux comme Plagueis arriver sur le devant de la scène. Et ce n’est pas comme si on pouvait compter sur beaucoup de Siths, ici, à part Vader et un autre en particulier, pour s’en charger, tout occupés qu’ils étaient à comploter entre eux.

– Nous ne pouvons pas laisser l’Ordre Jedi se reformer, murmura-t-il à l’intention de Vader. Même si une partie des Rebelles ne voudra plus s’associer avec eux, ça ne suffira pas encore. J’aurai bien apprécié que vous ayez pu tuer, tout simplement, votre rejeton, hélas, puisque ce n’est pas possible…

Une fois de plus, il maudit mentalement ces failles, regrettant le temps bénie où Lord Vader pouvait se contenter de planter son sabre dans le ventre de ces ennemis pour les achever, se débarrasser de ceux et celles ayant pu échapper à l’Ordre 66.

– Il serait bon qu’il fasse comme vous-même et sa chère sœur. Avez-vous des idées pour cela ?