La moitié du temps dans les salles d’entraînement, l’autre moitié à se renseigner toujours plus sur cette époque. Sogua avait été pas mal surpris de voir que beaucoup ici s’intéressaient vraiment aux façons de combattre un sensitif, l’ambiance n’était définitivement pas la même que sur Csilla. A la fois plus détendue et plus cadrée, un mélange un peu étrange, mais au moins, ici, on ne lui reprochait pas d’avoir été entraîné par Jedi ou de venir d’une faille. Sa priorité restait d’en apprendre plus, essayer de s’intégrer, à la fois pour garder pied que pour être capable de faire face. Il avait un besoin presque vital de… De « combler », en quelque sorte, le vide ressenti, de retrouver des repères solides, d’avoir un appui, derrière lui, comme un passé artificiel qu’il devait se construire avant de pouvoir se tourner vers l’avenir. En essayant de ne pas se laisser déborder par le sentiment de n’avoir rien à faire ici.

Même si les gens ici étaient plus ouverts d’esprit, la solitude lui pesait. Les nuits étaient très mauvaises, passées à se poser des questions auxquelles il ne pouvait avoir aucune réponse, tenter de comprendre, en méditant, pourquoi la Force… Enfin bref… Une fois de plus, il avait fini par se lever en pleine nuit et se réfugier dans la partie, encore à moitié en construction, où il avait lu deux bonnes heures, avant de s’endormir sur place une heure de plus. Un bruit de chantier lointain l’avait réveillé, avant l’aube, assis par terre dans un coin, reposant à moitié contre l’angle du mur. Se frottant les yeux, il reposa le livre où il l’avait pris, restant un petit moment sans plus bouger, la tête encore remplie des souvenirs familiers, les vastes grottes de Csilla encore brutes et pleines de promesses, gorgées de lumière artificielle pour les travaux, se reflétant sur les stalactites…

Se remettant debout, il quitta les lieux, en quête de lumière naturelle et d’air frais, frottant un peu sa tenue en chemin pour en chasser la poussière. Il avait fini par reprendre celle qu’il avait en arrivant ici, après l’avoir lavée, parce qu’il y était plus à l’aise. L’ancien emblème de l’Ascendance, qui y était cousu, lui rappelait son monde, c’était un repère, petit mais important, qui l’aidait à se convaincre que tout était bien réel. En ce qui concernait les dissemblances physiques, il n’y pouvait rien. Il marcha un peu au hasard, avant de trouver une sortie, vers une plateforme extérieure. Vide, mis à part quelqu’un qui s’entraînait au blaster sur une cible holographique. Et de nouveau le lézard bizarre antiforce… Sogua s’approcha un peu, cette fois, pour mieux le regarder, aussi étonné que révulsé.

"Bonjour," salua-t-il l’homme de son peuple qui s’entraînait.

Enfin, son peuple… Non, non, bref, il s’était promis de ne plus trop réfléchir à ça. De toute façon, oui, ça restait son peuple, malgré le saut dans le temps. Reculant un peu, il glissa sans y penser la main vers l’emblème, comme pour se rassurer. Nirauan ressemblait un tout petit à peu à ce qu’était Csilla il y a quelques années. Quelques millénaires.

"Je ne veux pas vous déranger en plein entraînement, je cherchais juste à… Enfin, peu importe. Je m’appelle Bres’ogu’aynik."

La veille au soir, un de ses compatriotes de ce temps lui avait demandé à quelle Famille Régnante il appartenait. Sogua avait purement et simplement esquivé la question, pas le cœur à expliquer que deux avaient été détruites et que les deux autres étaient au bord de la disparition. Au moins, ce problème-là s’était résorbé avec le temps, un poids en moins sur le cœur et un sacré poids.

"Vous faites partie de l’armée, ici ?"

Nirauan n’était pas une planète dont il avait déjà entendu parler, d’où il venait, malgré sa proximité avec l’Ascendance, cela dit, ce n’était pas très étonnant, il y en avait tellement, et Sogua était certain que bien plus avaient été découvertes et explorées depuis. Combien exactement, impossible à dire, il n’avait pas encore eu le courage de mener cette recherche, ça faisait trop, déjà, beaucoup trop, même en n’effleurant que la surface des choses… Pour le moment. Les archives, souvent incomplètes, ne simplifiaient pas la tâche non plus. Il s’était concentré autant que possible sur la façon dont son peuple avait progressé, ces derniers millénaires, dans un premier temps, il avait besoin de comprendre. Même s’il ne comptait pas rester ici sur du trop long terme, ce ne serait pas très bon, c’était important. Pour le moment, c’était très flou.

Il observa la posture de son interlocuteur, quand il tira,a u moins soulagé de constater qu’avec ça, il n’y avait de trop grosses différences. Oui, ce n’était qu’un détail, mais dans un contexte pareil, tous les détails de ce genre faisaient la différence. Lorsque son interlocuteur donna son nom, tournant la tête, Sogua mit un petit instant avant de se souvenir où il l’avait déjà entendu. Un des hommes, au dojo, avec qui il s’était exercé, lui avait dit qu’il était le chef de cette base, un amiral donc. D’accord… Il n’avait pas pensé dessus, pour être honnête, mais bon, comment pourrait-il prévoir quoi que ce soit, pour le moment. L’amiral lui tendit tout à coup son arme, comme pour l’inviter à tirer à son tour. D’un seul coup, Sogua eut une impression de déjà-vu… Il avait vécu exactement la même scène, le jour où son maître lui avait tendu un sabre d’entraînement pour la première fois.

"Désirez-vous essayer ? Je dois admettre que j'aurais apprécié pouvoir discuter un peu avec vous."

"Du moment que ce n’est pas sur la galaxie actuelle."

Il prit l’arme après une légère hésitation, surprit par sa légèreté, tout d’abord. Il en connaissait un qui aurait été plus que ravi d’avoir ça dans les mains plutôt que son blaster habituel, tiens. Les vaisseaux étaient surarmés, dans cette époque, de ce qu’il avait vu. Bref. Il visa à son tour, écartant par habitude les « perturbations » autour de lui pour ne regarder que le cible. Le coup alla se loger non loin du premier, comme un écho, et il redonna le blaster à son propriétaire légitime. Ce n’était pas son arme de prédilection, même s’il savait sen servir, bien plus à l’aise avec le sabre qu’il portait à la ceinture. C’est à ce moment-là qu’il repensa au nom complet du soldat, Mitth, celui du vieil Aristocra qui l’avait accueilli, et Nuruodo, le clan de Défense. Un peu perturbant, mais il n’en dit rien.

"Donc c’est vous, finalement, qui avez créé cette base. Ce n’est pas mal, je commençais à désespérer que l’Ascendance se soit repliée sur elle-même à un tel point."

Il fit un très vague geste vers le reste de la base, secouant un peu la tête. Il n’avait pas encore réussi à expliquer avec précision le renfermement sur soi. Il avait des pistes, des débuts d’explications, des suppositions, pas grand-chose de plus pour le moment. La piste la plus sérieuse de tous l’effarait encore un peu trop pour qu’il meure d’envie de s’y plonger.

"Si vous faites parti du Clan Nuruodo, vous allez savoir ça… Comment est la Flotte de Défense aujourd’hui, assez forte pour tenir les chocs ?"

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Lancers de dés

Le mot « exil » prit le jeune homme de court, il regarda un peu plus intensément son interlocuteur, ouvrant la bouche puis la refermant, sans rien dire. Il avait su qu’une Loi permettait effectivement d’en arriver là mais n’avait par contre jamais entendu dire que ça avait été appliqué un jour, contre qui que ce soit, il fallait avoir commis une faute très grave, ou bien, avoir brisé l’une des lois fondamentales de leur peuple. Qu’avait-il donc fait pour… Ce ne pouvait pas être un crime, au moins, car sinon, aucun autre Chiss n’aurait suivi sur cette planète. Alors quoi ? Normalement, cette sentence ne devrait même pas être appliquée, pas vraiment, personne ne pouvait en arriver là. Et ça le rendait un peu mal à l’aise, plus encore que toute à l’heure, avant de se souvenir de son arrivée ici, le vieux document retrouvé. L’exil, il en avait aussi fait les frais.

Se rappelant enfin de ça, il referma donc pour de bon la bouche, bien décidé à la boucler sur ce sujet. Qu’est-ce qui avait été noté contre lui, déjà, sur le compte-rendu du procès ? Ils lui auraient reproché quelques trucs, avant de le jeter dehors. Attaque, ou vengeance, il ne se souvenait déjà plus, ayant préféré effacer ce fait de sa mémoire. Bref, bref. Au moins, les choses avaient changé sur d’autres points, y penser était plus rassurant que le reste. De toute façon, ça remontait à si loin, quelle importance aujourd’hui ? Même apprendre ce qu’il pourrait faire, et le sanction allant avec, ne lui fera pas dévier sa route. Il avait des convictions et s’y tenait.

"Quand à cette base, hélas, je reçois fort peu de soutien de la part de notre peuple. Celui-ci reste avec isolationniste, malgré la menace qui pèse sur lui, et dont beaucoup doute encore. Cette base, dont j'espère qu'elle aura un impact sur la protection de notre peuple, est construite en partie avec l'aide de la nation qui domine les trois quart de la galaxie, bien que je veille à ce que peu de monde la connaissent car le secret de son existence et de sa position restera toujours sa meilleure sécurité."

L’amiral ne pouvait pas le savoir mais il avait vraiment l’art d’enfoncer un peu plus la tête sous l‘eau à coup de marteau. Ce devait une caractéristique globale, pour leur peuple, de douter des plus gros dangers. Bon, au moins, cette base et le reste, ce sera mieux pour faire face. C’était le mieux qu’il puisse espérer, même s’il aurait préféré que leur peuple ne soit pas autant fermé à l’extérieur, et aux menaces s’y trouvant. Même s’il partait, il ne comptait pas dévoiler quoi que ce soit sur les siens, quoi qu’il arrive, car cela faisait parti de ce qu’il y avait à faire pour les protéger.

"Mais vous pourriez me renseigner, Bres'Ogu'Aynik. Je suis curieux de savoir quelles sont les différences technologiques par rapport à votre époque."

"Ce n’étaient pas les mêmes besoins. L’Ascendance était créée, en tant que telle, depuis peu de temps et ne comptait que trois planètes. Csilla, la capitale et seule peuplée, et deux colonies, avec juste une grosse base sur chacune, Copero et Cioral. La Flotte de Défense se développait peu à peu. Les destroyers de ce temps faisaient… à peu près la moitié de la taille de celui où j’ai atterri dans cette époque."

Il décrivit un peu, d’une vois plus lente, à quoi ressemblait ces vaisseaux. Les moteurs prenaient déjà pas mal de place et les armes à bord étaient assez classiques. Des canons sous le ventre du vaisseau et sur le côté, des boucliers déflecteurs puissants, en tout cas pour leur époque. Les systèmes de communication permettaient de rester reliés entre eux et avec Csilla, mais pas plus loin. Tout en parlant, il se revoyait marcher, tout petit, dans un de ces vaisseaux, courant presque derrière un oncle bien plus grand et très pressé, qui lui disait de se dépêcher un peu.

"C’était suffisant contre les pirates et quelques communautés un peu agressives. On n’était pas nombreux, pas agressifs, et certainement pas aussi militarisés qu’aujourd’hui, autant dans l’esprit que le fonctionnement. Les vaisseaux ne permettaient pas de voyager loin, ou bien lentement. J’ai appris à tirer avec des blasters beaucoup plus lourds et encombrants. Ce n’est qu’après la chute qu’une nouvelle politique a été mise en place pour développer les armes, les vaisseaux et les systèmes de communication. Et de ne confier ça qu’à un seul Clan. Qui ne fera que ça, pour être plus efficace. La nouveauté, à ce moment-là, c’était de former des pilotes et chasseurs, il n’y en avait pas."

Pour un militaire de ce temps, ça devait paraître idiot et suicidaire, il le savait, et ne put empêcher un petit sourire, comme pour s’excuser et excuser ceux de son époque. A leur décharge, pourquoi, autrefois, auraient-ils prévu beaucoup de moyens de défense alors qu’ils n’avaient jamais eu rien de plus gros à affronter que des pirates ? Ils avaient certes des projets d’expansion, mais rien de lancé, car ils n’avaient pas encore de réels besoins. Les quatre Clans, alors encore bien vivaces, participaient à la défense globale de la planète et des deux colonies, tout comme le reste des tâches. 95 % de la population vivait alors sur Csilla, rares étaient ceux, comme Sogua, nés sur les bases des colonies. Leurs parents y travaillaient, ce n’était que pour ça.

"Là où nous avons eu beaucoup d’avance, c’était sur le développement des filtres à air pur, des masques à oxygène et tout ce qu’on peut utiliser pour parcourir la surface d’une planète empoisonnée. Pour acheminer ce même air et le purifier, avant qu’il n’arrive sous terre. Il y a beaucoup de gaz nocifs, sur Csilla, qui ont été libérés après l’attaque."

"Je vois, je vois. Concernant l'armée, le clan Nuruodo dirige toujours la Flotte de Défense et la Flotte d'extension. Toutefois, chaque clan a le droit d'avoir ses propres forces, pour défendre leurs mondes, mais en effectif limité."

La Flotte d’extension ? Ils ne… Oh, oui, c’est vrai, il avait déjà entendu parler de ça très rapidement quand il était encore sur Csilla, sans creuser le sujet. Logique, de toute manière, puisque l’Ascendance avait autant grandie. C’était la suite « normale », si on voulait, il pouvait comprendre très facilement pourquoi et comment leur peuple s’était militarisé. Pourquoi à un tel point, ça, par contre, c’était encore un autre sujet il se demandait qui pourrait avoir la réponse, d’autant plus que ça semblait remonter à loin, là encore. Sogua eut un faible, très faible sourire, se résignant en partie à ne pas trouver de réponse à ça. C’était le passé… Et une part de son futur. Ce qu’il devait retenir, c’est que leurs descendants avaient su se relever, poursuivre les constructions, se développer. Pour ce qui était des changements de mentalité… C’était une autre affaire.

"Mais, il me semble aussi que notre peuple était plus ouvert, jadis. Après tout, vous avez étudié l'usage de la Force sous l'aile d'un étranger. Que saviez-vous de la galaxie alors ? Y aviez-vous déjà voyagé ? Oh, excusez-moi si je me montre aussi curieux. Cela fait longtemps que j'espère rencontrer quelqu'un de cette époque. N'hésitez pas, si vous-même avez des questions."

Il en avait pas mal aussi, c’est vrai. Du point de vue des gens de ce temps, il est certain qu’ils devaient paraître très ouverts. Sogua haussa légèrement les épaules, il ne savait pas comment c’était arrivé exactement, de toute façon.

"On ne voyageait jamais très loin, ça consommait trop de ressources. Mon père m’emmenait avec lui, voir d’autres peuples, pour leurs techniques, comment ils vivaient et s’abritaient. Des mondes que vous appelez l’Espace Sauvage, aujourd’hui. Il faudra m’expliquer pourquoi sauvage, d’ailleurs, mais bref. Les échanges restaient rares avec ces mondes mais ce n’était pas non plus un acte incroyable de quitter l’Ascendance et voyager. Je ne suis jamais allé plus loin. De toute manière, les échanges avec l’Espace Sauvage étaient plus faciles, certains dialectes étaient parlés en commun, et une fois passé une légère appréhension à cause de notre apparence physique, ça se déroulait bien."

A la décharge des Humains, ils ne croisaient que peu d’Aliens et ceux qu’ils côtoyaient souvent le faisaient depuis déjà des siècles. Le peuple Chiss, en commençant ces quelques échanges avec ses voisins, semblait sortir de nulle part, d’où la nervosité initiale. Enfin, ça passait vite. Sogua se détendait sensiblement, en évoquant ces souvenirs, il en gardait de bons moments. Au moins là-bas, dans ces secteurs, il devait rester un ou deux récits, ou même des mythes, sur ces échanges, non ? Même si leur peuple s’était ensuite isolé, peu à peu, on ne pouvait pas tout oublier comme ça !

"Je trouve quand même étrange qu’il ne reste plus rien… Je veux dire, nos descendants ont décidé de s’isoler et se faire oublier, soit, admettons… Mais comment ont-ils pu vraiment se faire oublier au point que leur existence même s’efface des mémoires ? Même s’il n’y avait pas beaucoup d’échanges avec l’Espace Sauvage, c’était régulier, certains des nôtres ont même combattu là-bas. C’est impossible qu’il ne reste vraiment aucune trace. Et pourquoi avoir coupé tous les liens ?"

Le jeune homme avait déjà vu qu’il manquait beaucoup d’archives, en revanche, jusque là, il avait préféré ne pas croire que ça puisse être volontaire, même si beaucoup d’éléments tendaient à croire que si. Il ne comprenait pas pourquoi, quelles informations pourraient être si sensibles ou si traumatisantes pour qu’on les cache ainsi. Dans le cas de l’attaque, il y avait eu un massacre, soit, mais pourquoi le dissimuler à leurs descendants ? Ce n’était pas comme si tous avaient commis une faute impardonnable, au contraire, ils avaient été victimes d’une affaire grave et avaient dû rebâtir leur société sur de nouvelles bases.

"Sans en être sur, je pense que c'est cette attaque, et peut-être des combats qui ont eu lieu pendant les cinq milles années qui lui ont succédé, qui ont pu faire naître une telle envie de vivre isolé au sein de l'Ascendance. Hélas, s'il existe des preuves de cela, elles sont bien cachées dans l'Ascendance et je n'ai pas les moyens, ni le temps, de les découvrir."

"Peut-être."

Sogua hésitait sur le chemin à prendre. Il pourrait se contenter d’oublier tout ça, de ne plus y penser et faire en sorte de vivre, le temps qu’il était ici, sans s’attarder sur ce genre de questions. Ou il pourrait, également, tout tenter pour découvrit la vérité, d’une façon ou d’une autre, en supposant bien sûr qu’on le laisse faire. Il sentait, presque confusément, qu’il pourrait trouver des informations supplémentaires sur Copero et sur Csilla… Ce n’était pas une certitude, il avait juste le sentiment que c’était possible, qu’il pouvait en savoir plus. Mais était-ce une vérité qui allait lui plaire, ça, c’était une toute autre question. Beaucoup de vérités découvertes récemment avaient déjà eu l’art de lui ronger les sangs et l’esprit, pourquoi celle-ci serait différente ? Une telle dissimulation, ça ne pouvait pas être pour rien.

Il faudra qu’il se décide vite, pourtant, car s’il devait rencontrer bientôt des Jedis de ce temps, il devra pouvoir leur dire s’il restait ou repartait avec eux. Et dans le cas où il restait, au moins le temps de mener ses investigations, quel poste pourra-t-il trouver ? La ville était achevée, maintenant… Il pourrait intégrer, peut-être, la Flotte de Défense, s‘ils acceptaient un Jedi dans leurs rangs.

"Hélas, je pense que l'Ascendance, pour survire aux futures épreuves qui l'attendent, va avoir besoin de s'ouvrir un petit peu. Notre peuple a besoin de l'aide impériale pour améliorer sa technologie. Hum, d'ailleurs, vous a-t-on expliqué la situation de l'ordre jedi et de ses membres ?"

"Pas vraiment, on m’a juste fait comprendre que la Force était considérée comme une maladie et que beaucoup désapprouvaient que des Jedis puissent approcher l’Ascendance, de près ou de loin. J’ai aussi entendu parler de deux des nôtres, Learel'ari'nuruodo et Kung’urama’nuruodo, ils m’ont dit que la première était revenue parmi sa famille mais qu’elle était décédée d’une maladie. Et que le second, par contre, était avec les Jedis depuis la petite enfance et était décédé au combat avec eux."

Pour être tout à fait honnête, il avait d’abord cru à un signe d’ouverture, mais non… Larin était entrée dans l’Ordre alors qu’elle était déjà adulte, d’autant plus qu’elle en était repartie ensuite, quant au petit, il n’avait pas été envoyé sciemment par l’Ascendance mais avait été perdu par elle, littéralement. Sogua mit la main devant sa bouche, le temps de retenir un petit bâillement, chassant le sommeil loin de son esprit.

"J’imagine que vous dites ça car même ailleurs, l’Ordre n’est pas très bien vu ? Ça ne m’étonnerait pas. J’aurai eu le même genre d’accueil que celui reçu en tombant, sans le vouloir, sur votre vaisseau ? Ou plutôt un accueil façon Sith ?"

Même si les humains n’avaient pas été violents ou quoi que ce soit, Sogua digérait encore très mal d’avoir été arrêté comme ça et traité comme un criminel alors qu’il n’avait absolument rien fait de répréhensible. Et que personne ne parle la même langue que lui n’avait pas aidé non plus à la communication… Il n’avait pas apprécié non plus qu’on le filme pendant l’interrogatoire, tel un animal bizarre à étudier ou un criminel contre qui on devait absolument garder preuves et traces. La cerise sur le gâteau, c’était d’avoir appris, au cours de l’interrogatoire, qu’ils avaient conservé des traces sur lui plus de cinq milles ans… ça, c’était sans doute le pire à avaler…

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Dés : 1

"J'ignore en quoi consiste un accueil sith mais dans la galaxie "connue", les jedi sont traqués et pourchassés pour trahison, traîtrise, soutien à la rébellion contre l'autorité impériale, et je passe sur d'autres chef d'accusation. Vous seriez tombés sur un autre destroyer, vous auriez été livré aux sith."

Tiens… Donc cela l’amenait à une autre question, pourquoi lui-même ne l’avait pas fait ? Il avait une dent contre les Siths ? Un cas qui, très franchement, ne serait pas du tout étonnant, travailler, de près ou de loin, avec ce type d’individus était suffisant pour vous en dégoûter, dans la majorité des cas. Évidemment, comme le répétait son maître, il y avait toujours des exceptions, autant dans un Ordre que dans l’Ordre, Certains Jedis pouvaient être infects, des mégalos complètement cinglés et qui n’avaient aucun réel respect pour la vie, tout comme on trouvait des Siths très loin d’être assoiffé de sang ou de pouvoir, vivant plus pour leurs recherches personnelles ou ne voulant juste qu’on leur foute la paix. Ça se saurait, sinon, si tout était aussi simple, ce serait trop facile. Cela dit, ce rejet Jedi expliquait deux ou trois choses qu’il avait pu lire jusqu’ici.

S’il retrouvait les Jedis et partait avec eux, il sera au moins sûr d’avoir un membre de son peuple là-bas, donc, c’était stupide à dire mais ça le rassurait un chouïa. Lorsqu’on était plus perdu, ou en recherche d’informations, il restait plus facile de communiquer avec quelqu’un de son peuple. Dean, c’était encore différent, il l’avait connu tout petit et ne l’avait plus lâché depuis. Il ignorait comment pouvaient être les Jedis de cette époque et n’avait même pas connu ceux de la sienne, mis à part son maître. C’était le saut dans l’inconnu, néanmoins, il avait été préparé à ça.

"De plus, les chiss sont bien rares en dehors de l'Ascendance, certains pourraient vous prendre pour ce jeune garçon. Les gens n'ont pas les scrupules de notre peuple et je ne pourrais guère vous aider, comme ce fut le cas sur le Chimaera, à travers les décisions du capitaine Pellaeon."

"Donc vous travaillez pour un Empire contrôlé par un ou des Siths, dans l’espoir de renforcer les défenses de ce secteur, tout en évitant de livrer ceux qui sont techniquement vos ennemis à ces mêmes Siths, le tout dans une galaxie où les Jedis sont vus comme des parias et en pleine guerre civile, si j’ai bien compris ? Cette époque est vraiment un bordel sans nom."

Un petit rire nerveux lui échappa, même si ça n’avait vraiment rien de drôle. Il y avait pourtant sûrement eu bien pire, au cours des millénaires passées, sans doute après que les technologies se soient assez développées, niveau armement et voyages. Soyons honnêtes, si du temps où il venait, il y avait si peu de guerre, c’est que trop peu avaient les moyens technologiques et militaires de mener des campagnes militaires à vaste échelle. Le pire qu’on pouvait observer était les conflits sur un monde entier ou sur un secteur restreint, un système, rien de plus. Les guerres à l’échelle galactique, c’était trop coûteux.

"Pourquoi les Jedis sont rejetés, d’ailleurs ? La galaxie a la mémoire si courte ? Et pourquoi, vous-même, ne vous contentez pas de livrer les Jedis ?"

Décrit de cette façon, ça semblait simple, alors que ça ne l’était sûrement pas du tout. Sogua voyait vaguement de quel conflit il était question, en revanche, il ne se souvenait pas d’avoir lu quoi que ce soit sur la tentative officielle de coup d’État. Une seule génération pour effacer ce dont il avait besoin des mémoires, c’était tout de même extraordinaire ! Le jeune homme ne pouvait pas s’empêcher d’éprouver de l’admiration face à un tel talent de manipulation, c’était presque artistique. Ce vieillard était définitivement très doué là-dedans, restait maintenant à voir de quelle façon il s’y prenait pour discréditer l’Ordre Jedi et comment ce dernier répliquait. L’amiral n’avait pas dit sa position dans cette affaire, mais soit, Sogua ne s’en préoccupait pas tant que cela, même si c’était curieux.

"Du côté des sith, il semble avoir vécu caché pendant de très longues décennies, peut-être même des siècles, au point d'avoir été quasiment oublié. La galaxie les redécouvre tout juste, raison pour laquelle personne n'ose s'opposer à eux, mis à part les jedi. Je pense que même les rebelles ne savent pas à quoi s'attendre de leur part."

"Je vois."

Il y a des choses qui ne changent pas, on dirait. C’était presque rassurant, même si ça touchait leurs ennemis directs. Il ne s’étonnait pas vraiment du reste, après tout, peu importe de quel côté on se plaçait, les pouvoirs de la Force restaient globalement un mystère complet pour tout le monde, même les personnes plongées dedans ne pouvaient pas tout en dire ni tout expliquer, preuve en était avec ces failles. Si la Force était capable de vous projeter dans un autre temps, qui sait ce qu’elle pouvait accomplir d’autre ? Cela ouvrait tellement de possibilités.

"Ce devait être très différent de votre temps. D'ailleurs, vous avez dit que deux sith avaient dirigé l'attaque contre Csilla mais comment l'avez-vous appris ? Que saviez-vous sur le peuple qu'ils ont utilisé à cette fin ?"

"Les survivants de l’attaque en orbite ont pu témoigner, les Siths sont reconnaissables par leurs armes. Mon maître a aussi enquêté sur eux. Pour le peuple, j’ignore s’ils sont subsisté jusqu’à aujourd’hui, on les appelait les Ssi-Ruuk. Une espèce reptilienne, très agressive."

Il fouilla dans la poche intérieure de sa veste pour trouver un petit carnet qu’il trimballait souvent avec lui et où il notait des idées de plans, et surtout, des chemins d’accès dans le dédale des grottes de Csilla, qu’il fallait explorer, avec les coins « dangereux », ceux où il y avait du gaz ou de l’eau. Il y griffonna un dessin rapidement de l’espèce reptilienne, avant de donner le bout de papier à l’amiral. Il les connaissait peut-être, cela dit, si les Chiss avaient survécu au temps, pourquoi pas ce peuple-là aussi ? Eux n’avaient pas à eu à rebâtir leur société toute entière, il y avait plus de chances qu’ils soient toujours présents, quelque part dans les Régions Inconnues.

"Honnêtement, on ne savait pas grand-chose sur eux. D’où je viens, les peuples vivaient dans leur coin, et mis à part les échanges commerciaux ici et là, personne ne se préoccupait vraiment de savoir comment vivait les autres. Voyager était dangereux, les voies spatiales étaient en constante évolution et très perturbées. Ça fait partie de ce qu’on mettait en place après l’attaque, tâcher de réunir autant d’informations que possible sur autant de peuples que possible. Au cas où."

Tiens, d’ailleurs, ça s’était réalisé, comme projet, il avait pu visiter la Bibliothèque d’Expansion, sur Csilla.

"Rien à voir, mais… Ce n’est pas un peu dangereux de laisser les femmes enceinte travailler si longtemps ? Ou bien vous n’avez plus de problème pour avoir des enfants ?"

"Si vous parlez de l'aristocra Sev'eere'nuruodo, sachez qu'elle a toujours été ainsi. Quant à la natalité, je ne crois pas qu'il y ait de soucis à ce niveau-là."

"A peine risqué."

Tant mieux s’ils n’avaient plus aucun problème, cela dit, c’était encore un souci de réglé, sans doute grâce aux avancées technologiques et médicales. Ou juste parce que leur physionomie avait évolué avec le temps. Ça les concernait, cela dit… Si ça se trouve, les personnes arrachées à leur époque ne gardaient aucun souvenir de ce qu’elles avaient vu ou entendu en pouvant enfin rentrer chez elles, lorsque la Force avait fini de faire joujou. Très honnêtement, ce serait un bonheur sans fin, il n’avait pas envie de poursuivre son travail dans son propre temps tout en sachant le nombre d’échecs qui se présenteront plus tard, malgré tous leurs efforts.

"De fait, notre peuple reste le plus puissant des Régions Inconnues. Il n'a pas subi de vraies attaques depuis de nombreuses décennies. Les Ssi-Ruuk, les Grysk ou même ce qu'il reste des Vagaaris n'osent pas attaquer l'Ascendance. Quant à l'Empire, il est trop occupé sur le plan intérieur pour envisager de s'étendre sur les Régions Inconnues. Y a-t-il autre chose que vous souhaiteriez savoir ?"

"Oui, je voudrai savoir, comme tous ceux sans doute qui sont passés par les failles, ce qui a rendu la Force malade à ce point. Savoir comment rentrer chez moi, car même si votre époque est sympathique, l’écart reste un peu trop grand. Je voudrai aussi savoir si les Siths qui nous avaient attaqué ne sont pas eux aussi passé par ces failles. Ça m’embêterait de les voir revenir, même si la Flotte est mieux préparée."

Encore que… Était-elle vraiment préparée à affronter des sensitifs, des Siths, clairement non, et c’était cela aussi qui gênait l’Aristocra Nuruodo. Mais ça s’arrangera peut-être si une coopération, même douce, se mettait réellement en place avec l’Ordre Jedi, impossible d’être sûr de quoi que ce soit dès maintenant, de toute façon.

"Dites à vos hommes de s’entraîner contre tout ce qui touche à la manipulation mentale... Les personnes « conditionnées » par les méthodes d’une armée ou d’une autre y sont beaucoup plus sensibles, même sans manier la Force, d’ailleurs. Je me suis déjà entraîné contre certains d’entre eux, tant que je suis là, j’espère que ça ne vous gêne pas ?"

De toute façon, il était trop tard pour revenir en arrière, mais pour la suite, il pourrait très bien s’en agacer. Sogua aimerait autant éviter de s’attirer des ennuis pour rien, quand c’était possible, il estimait avoir déjà assez à faire, dans un premier temps, avec cde bond dans le temps.

"Parmi ceux qui vivent ici, y a-t-il de prêts à s’entraîner plus activement au maniement de la Force ?"

Finalement, peu importe l’époque, la Force restait une sorte de mystère opaque, dont peu s’intéressaient, alors même que les conséquences étaient parfois graves. Qu’on travaille avec ou contre des sensitifs, il y avait certaines choses à savoir, mais avant ça, encore faudrait-il que beaucoup acceptent, tout d’abord, de voir les choses différemment. En bref, ce n’était pas gagné. Sogua haussa légèrement les épaules, sur ce sujet, c’était à l’amiral de faire ce qu’il pouvait, après tout, il devait bien commander ces hommes et leur donner toutes les armes possibles. Quant à cet Empire, ce n’était pas non plus le problème de Sogua. Cette époque tout court, techniquement, n’était pas son problème. Il lui faudra déjà apprendre à mieux connaître la galaxie et ses habitants avant de se mêler de quoi que ce soit, y compris des affaires de l’Ordre.

"Pour ce qui est de personnes sensitives… Je crains que non. J'ignore si certains de mes hommes le sont et je ne sais pas comment on peut le découvrir. Et si c'était le cas, à qui les enverrais-je ? Aux jedi qui sont les ennemis de l'empire ? Aux sith ? Il ne me semble pas que les deux choix soient judicieux, pour le moment."

"Il ne s’agit pas d’expédier les personnes au loin, il est tout à fait possible de s’entraîner sans devoir quitter son pays, une armée ou je ne sais quoi, tant qu’il y a au moins une personne sur place pour guider les autres et leur apprendre les bases. Il n’est pas non plus une obligation d’intégrer les rangs des Siths ou des Jedis. A vous devoir, cela dit… Vous saurez mieux que moi ce qui sera le meilleur pour vos hommes."

Tant qu’ils étaient, au minimum, sensibilisés… On ne pouvait pas vraiment demander quoi que ce soit de mieux pour le moment. Pour sa part, Sogua n’avait pas très envie de brasser de l’air, ici ou avec son peuple natal, face à des personnes ne voulant pas entendre parler de tout ça, ou pire encore, considérant la Force comme une maladie. Bah… Au moins, leur peuple s’était bel et bien militarisé, même bien plus que ce qu’ils avaient espéré, c’était déjà une grande avancée, le passé ne devrait plus jamais se répéter. Il n’avait pas grand-chose à faire dans le coin… Incapable de s’insérer dans cette société qu’il ne parvenait pas à comprendre, autant prendre un autre envol.

"Et bien, merci. Pour le reste, comme vous dites, je me renseignerai ailleurs. J’espère que je ne vous recroiserai pas en tant qu’ennemi, la prochaine fois."

Combattre des membres de son propre peuple serait une expérience nouvelle et inédite, qu’il n’avait pas spécialement envie de vivre. Mais si ça risquait d’arriver, soit, il devra bien faire le nécessaire… Tout en espérant, secrètement, être renvoyé dans son propre temps s’il venait à mourir. Sogua le salua donc, prêt à retourner dans la bibliothèque et continuer à apprendre son Histoire, en attendant de pouvoir quitter cette base puis cette planète.