Un temps différent

Voilà presque deux heures que Favan était assit sur le même banc, à fixer l’écran d’information publique, sur la place, après y avoir vu un discours, présenté comme étant en direct, de l’Empereur Palpatine. Saisi, stupéfait, et regardant depuis de quoi il était sujet. Il n’avait bougé que pour se retirer dans un coin à l’abri des regards, tout en gardant le panneau en vue, se cachant pour éviter les quelques curieux de toute à l’heure. Il sortait juste de chez lui, un peu plus tôt, lorsqu’il avait… Fait un malaise, une sorte de malaise, et il s’était réveillé aux abords de cette ville. Une planète qui n’était certainement pas Svarchi. Son comlink ne marchait plus, sur aucune des fréquences, même celle d’urgence. Il ignorait complètement où il était et comment il s’y était retrouvé. Puis il avait été saisi sur place par ce bulletin d’information.

Appuyé contre le mur, il soupira longuement, se passant les deux mains sur le visage, se frottant un peu les yeux. Aucune explication rationnelle ne lui venait, c’était comme s’il était littéralement évaporé devant chez lui pour apparaître ici. Comment, pourquoi, il ne pouvait pas encore le savoir. Le plus inquiétant était que la fréquence d’urgence ne fonctionnait même pas, elle non plus. Il ignorait ce qui se passait avec cette prétendue allocution officielle, mais ça ne pouvait être vrai, il était perturbé par ce qui venait de se produire, ce n’était sans doute qu’un extrait d’un vieux reportage. Baissant le regard sur son comlink, il le fit tourner entre ses doigts, puis changea la fréquence pour en mettre une plus ancienne. Puis une autre. Et encore une autre. Il en connaissait quelques unes, même obsolètes, pour les avoir vus à la bibliothèque il y a peu de temps.

Il pu en tester un peu moins d’une dizaine, sans aucun succès. L’appareil grésilla et finit par lui lâcher entre les mains, alors qu’il était pourtant neuf. Ça continuait. Favan le fourra dans sa poche puis se décida à bouger. Premier réflexe, s’acheter une paire de lunettes de soleil sur le premier étal où il en trouva, pour les caler sur son nez et éviter que les gens ne le regardent en murmurant à cause de ses yeux rouges. Ils n’avaient jamais vu de Chiss ou quoi … ? Ce n’était pas comme si leur peuple était inconnu, ils avaient tout de même un représentant au Conseil Galactique des quatre grands gouvernements. Sa veste le couvrait un peu, même si niveau vestimentaire, ça ne devrait choquer personne. Des habits plutôt passe-partout, c’était utile quand on voyageait souvent dans la galaxie. Première priorité, comprendre où il était.

La majorité des gens qu’il croisait, et qu’il écoutait, parlait le Sy Bisti, une autre part le Basic. L’Espace Sauvage ? On ne sautait pas comme ça d’une région galactique à une autre… Et ça compliquait son affaire, car aucun des grands gouvernements ne contrôlait ce secteur, il ignorait sur quelle planète il était et donc qui la gouvernait. Mais il y avait peut-être une ambassade, sur ce monde, il était devenu rare de trouver des planètes refusant encore tous les contacts. Cependant, il ne trouva aucune trace d’un quelconque ambassade dans le quartier administratif de la ville. Il finit néanmoins par comprendre qu’il se trouvait à Cartann, sur la planète Adumar. Chaque réponse obtenue amenait un flot de nouvelles questions… Il connaissait mal Adumar, elle faisait partie des planètes indépendantes, qui n’avaient que quelques relations commerciales avec les secteurs, voisins, sans plus.

Il fallait bien, pourtant, qu’il en sache plus et puisse au moins rejoindre les siens, à défaut un réseau d’ambassades, le temps de comprendre ce qui était arrivé. Le gouvernement le plus proche était l’Empire Fel, c’était assez bien, l’Ascendance et l’Empire avaient des relations cordiales et les Chevaliers de Fel pourront sans doute lui indiquer comment rejoindre une base, d’où il repartira vers les siens. Il commença par chercher les locaux purement administratifs, pour se renseigner. Avant d’entrer, il eut cependant un très mauvais pressentiment. Comme un brusque pincement au cœurs… Un de ces moments où un instinct inexplicable l’avertissait que la situation n’était pas normale du tout. Par précaution, il décida de ne pas donner son vrai nom, entrant avec méfiance.

L’officier de l’accueil, à son bureau, lui jeta un drôle de regard, en fronçant les sourcils, et Favan ôta ses lunettes en retenant un très léger soupir. Il pouvait toujours passer pour un Pantorien avec une maladie oculaire, après tout. Il se présenta, en donnant un faux nom, puis expliqua qu’il venait les trouver car il cherchait à joindre une ambassade impériale, pour régler un petit problème. Son interlocuteur le fixa, un peu éberlué, puis répondit qu’il n’y avait pas d’ambassade, ici, juste deux soldats de l’Empire qui étaient là en ce moment. Et bien, c’était au moins un début. S’il voulait bien le mettre en contact, ce serait très aimable à lui. Il allait attendre. Son Basic coulait simplement et sans aucun effort, sous sa langue, tant habitué à cette langue qu’elle pourrait presque être celle de naissance.

"Je vous remercie."

Il remit ses lunettes car il voyait bien que ses yeux en gênaient beaucoup. C’était si étrange…

https://coeur-et-force.forumactif.com/t309p75-les-lancers-de-des#16791

Ils avaient su avant même le début de l’entrevue que ce serait peine perdue. En tout cas, pour eux deux, ils ne rentraient pas dans les critères voulus par le chef de la ville et ses conseillers pour parvenir à plaire et ces derniers, même s’ils restaient courtois, ne se privaient pas de le leur faire fortement ressentir. Même si elle avait été diplomate de formation, Tayla doutait qu’elle aurait su trouver les bons mots, dans un contexte pareil. C’était un rendez-vous sans goût, sans réalité, ils étaient tous là, autour de cette table, dans une grande pièce qui devait servir à la base pour les réceptions, alors même que ces hommes avaient déjà tous eu leur opinion faite avant même de débuter. La jeune femme n’aimait guère perdre son temps et c’était pourtant exactement ce qui se produisait.

Cela dit, elle ne parlait que très peu. Eli effectuait toujours la très grosse part du travail diplomatique, tandis qu’elle se chargeait de veiller à leur sécurité, à tous les deux, plus encore depuis l’incident de Pochi. Sur ses gardes, elle surveillait plus qu’elle n’écoutait, une main près de ses armes, prête à s’en servir en cas de besoin. Pour le moment, aucun signe indicateur d’un quelconque danger mais tout pouvait aller si vite… Évidemment, elle tâchait de ne pas apparaître menaçante non plus, juste préventive. On est jamais assez prudent. La réunion finit par prendre fin péniblement, après de nombreuses simagrées, un truc de plus dont elle avait en horreur. Ils allaient « réfléchir » mais leur réponse devait déjà être toute vue. Si au moins ils envoyaient un émissaire…

Ces types ne voulaient pas la guerre, pourtant, c’était au moins clair là-dessus. Peut-être prendront-ils vraiment la peine d’envoyer quelqu’un, peut-être pas. Ils quittaient la réunion quand un employé vint les avertir, tous les deux, qu’un « Pantorien cherchait à joindre une ambassade impériale pour régler un problème. » Sur le moment, Tayla crut à une blague, mais non, l’employé insista et ajouta qu’il y avait vraiment un type à la peau bleue et aux yeux rouges qui cherchait à joindre l’Empire, avant de leur faire signe de le suivre. Tout en restant sur ses gardes, en cas de nouveaux pièges, elle lança un regard en biais à Eli, lèvres pincées.

"Les Pantoriens n’ont jamais eu les yeux rouges, nous sommes bien d’accord ?" murmura-t-elle.

Elle n’avait d’ailleurs jamais vu de type qui ait… Ah, mais si, l’amiral. Il lui était sorti de la tête, comme elle ne l’avait vu qu’une seule fois de près. De là, par contre, à se souvenir de quel peuple il venait ou quelle planète… Elle n’était pas certaine d’avoir déjà su l’une ou l’autre information un jour. Le « Pantorien » attendait effectivement dans le hall, en apparence non armé. Tayla ne sut pas dire non plus d’où il pourrait venir en voyant sa tenue, il y avait une sorte d’emblème dessus, dont elle ne connaissait pas la signification ni l’origine. De plus en plus méfiante, elle se prépara à toute attaque, de la part de cet inconnu ou de qui que ce soit d’autre. Un peu de paranoïa supplémentaire n’avait jamais tué personne.

Le bon point, aucun des types présents dans cette pièce ne voulait d’une guerre, surtout une dont ils n’étaient pas certains à 100% de pouvoir gagner. Le mauvais point, Eli doutait fortement qu’aucun ne les ait vraiment écouté, leur mépris n’était même pas dissimulé. Il s’était renseigné sur les habitudes et coutumes de cette planète avant leur arrivée et savait donc pourquoi, même s’il avait un peu sous-estimé la puissance réelle de ce mépris, face aux personnes n’entrant pas dans la seule catégorie qu’ils respectaient. Chacun ses coutumes, après tout, tant qu’ils prenaient réellement la peine d’y réfléchir, voire d’envoyer un émissaire. Eli avait surtout insisté sur le caractère pacifique de cette réunion, et le fait que la personne y allant pouvait aussi être accompagnée d’un ou deux gardes du corps, si ça lui plaisait, sans grand effet sur leur réponse finale.

Le malingre du côté, avec son regard de serpent, avait raison, néanmoins, l’Empire tâchera de prendre la région par la force si la diplomatie ne donnait pas les résultats escomptées. C’était exactement ce qui arrivait en ce moment dans la bordure Extérieure. Quoi que Tarkin n’avait sûrement pas tenté la moindre approche diplomatique en amont, il avait plutôt dû frapper directement avant même de prononcer un jour le mot « négociation ». A quoi s’attendre d’autre de la part d’un type aussi cruel et infect. Eli plissa légèrement les yeux face à leur interlocuteur, visiblement pressé de les voir dégager de chez lui, se lançant dans un long discours pour conclure cet entretien, alors qu’il lui aurait suffit de quelques mots, tout au plus. C’est bon, ils avaient compris, ils n’étaient pas les bienvenus. Pour autant, leur accueil restait chaleureux, en comparaison à Pochi.

Balayant du regard la salle, il fut tout tout de même soulagé en remarquant au moins deux qui semblaient plus indécis et pensifs, avant de quitter les lieux, par une autre porte, discutant rapidement et à voix basse entre eux. Ce n’était peut-être pas complètement perdu, pour cette planète. Ils ne pouvaient vraiment se permettre de rester des jours entiers à négocier, de toute façon, ils n’avaient que quelques mois pour visiter le plus de mondes possibles, sachant que les temps nécessaires de voyage entre chacune réduisaient d’autant leur vitesse de progression diplomatique. Il s’était, par contre, attendu à plus d’agressions comme celle de Pochi, c’était comme si quelqu’un était passé avant eux, sur certains mondes, pour calmer le jeu ou inciter à écouter d’abord. Nightswan, peut-être… Mmh, ce serait quand même bizarre.

Juste à la sortie de la salle, l’employé d’accueil, qu’ils avaient vu en arrivant, leur sauta presque dessus en lançant d’un ton à la fois perplexe et pressé qu’un Pantorien était là, à les attendre, et qu’il voulait rejoindre une ambassade impériale. Ah, vraiment ? Ils faisaient de l’humour, maintenant ? Il sourit un peu, avec un air incrédule, sourire qu’il perdit assez vite en entendant la description physique plus précise du type, avant que l’employé ne les exhorte à le suivre, tournant rapidement les talons dans le couloir. C’était complètement impossible… Il repensa d’abord au petit de Lothal, mais impossible que ça puisse être lui, il devait chercher à fuir l’Empire, pas à lui foncer dans les bras. Thrass, peut-être… ? Mais pour quelle raison se serait-il retrouvé ici, à se perdre sur cette planète ? Il devait en plus avoir des moyens de contacter sa femme ou les Jedis.

– Les Pantoriens n’ont jamais eu les yeux rouges, nous sommes bien d’accord ?

– Oui…

Confondre était normal, c’était l’excuse facile pour un Chiss prenant la peine de cacher ses yeux, en se baladant dans la galaxie. Le visiteur imprévu patientait bel et bien dans le hall, dans un espace à deux ou trois mètres du bureau d’accueil, lunettes foncées sur le nez, pour cacher ses yeux. Ce n’était pas Thrass, en tout cas, mais bien un Chiss, Eli reconnaissait sans aucune peine l’emblème de l’Ascendance, il l’avait eu sous le nez suffisamment de fois. Admettons que ce soit un soldat perdu après une quelconque mission, pourquoi chercher à joindre l’Empire, précisément, il n’avait pas un appel d’urgence pour se faire récupérer par les siens ? La tenue ne lui donnait pas une grande indication non plus, en tout cas, ce n’était pas un uniforme. Il s’approcha et le salua poliment, perplexe.

– Je suis le lieutenant-colonel Vanto et voici le sergent Ferguson. Et vous êtes ?

S’il agissait comme les autres, il ne donnera sans doute que son surnom, pas le nom complet. Eli avait débuté exprès en Basic pour voir s’il comprenait cette langue, ce qui amenait un peu plus de questions. Son bref passage dans l’Ascendance, avec Veeren, lui avait permis de voir que ceux ayant appris le Basic étaient rares… La plupart, d’ailleurs, pour ne pas dire la quasi-totalité, travaillaient dans la Flotte de Défense. Il était peut-être vraiment un soldat, en tenue civil, perdu aussi pour une raison ou pour une autre. Ça n’expliquait pas pourquoi l’Empire, en revanche.

– Donc que recherchez-vous, exactement ? Vous avez eu des ennuis, pour vous retrouver sur cette planète ?

Le temps d’attente qui suivit donna à Favan l’occasion de se poser pour réfléchir. Beaucoup de questions, très peu de réponses… Il avait un drôle de pressentiment, comme un instinct lui soufflant de se faire le plus discret et en retrait possible. Trop d’éléments clochaient. La façon, incompréhensible, dont il était arrivé sur cette planète. L’impossibilité de contacter les siens. Le fait que ceux qu’ils aient croisé aient été surpris par son apparence. Que l’Humain de l’accueil ait été pris de court qu’on lui parle d’une ambassade impériale alors que le Gouvernement Fel avait pris soin d’en avoir un peu partout. Et ce sentiment de danger qui ne le quittait plus, alors que rien, ici, ne le menaçait directement. Aucune guerre n’était en cours, dans ce secteur, ni de tensions graves. La galaxie était en paix, une paix qui devait tenir, sous la volonté du Conseil galactique et des grands gouvernements.

Tant qu’il n’avait pas de réponses à toutes ces questions, il devait demeurer prudent. Ne pas donner son nom, ni entier ni le surnom, et veiller à en apprendre plus. Comprendre. Il patienta dans un petit espace durant une bonne heure, peut-être deux, avant que deux humains n’arrivent vers lui. Favan sentit son cœur se serrer un peu, même s’il n’en montra rien, aussi impassible qu’à son habitude. Ce n’était pas l’uniforme de l’Empire Fel, ni le bon insigne, c’était celui de… Non… Il devait confondre. Par politesse, il ôta les lunettes cachant ses yeux et les rangea dans sa poche, avant de répondre au salut adressé par le plus gradé des deux. Sa collègue, qui devait avoir le même âge, à vu de nez, semblait plutôt se demander s’il était une menace ou non. Il espérait qu’elle ne se mette pas d’un coup à lui tirer dessus, il n’était même pas armé.

Favan ne dû qu’à son métier, et l’entraînement allant avec, ainsi que l’expérience, de ne pas afficher un air purement ébahi en entendant les deux noms qu’on lui présenta, et pouvoir donner son nom d’emprunt, Olien, à la suite. C’était impossible… L’homme portant ce nom était décédé depuis des dizaines d’années, même plus que ça, si ses souvenirs étaient bons, il avait vécu à l’époque de l’Empire de Palpatine, le régime qui avait précédé la nouvelle République et la guerre contre les Yuuzhan Vong. C’était il y a plus de deux siècles ! Il avait vu de vieux holos de lui, et de la jeune femme, des holos qui correspondaient. Les morts ne revenaient pas à la vie. Il ne pensait pas non plus avoir été frappé à la tête, n’ayant aucune blessure ou quoi que ce soit. Pris de court, il ne sut plus comment réagir, ou quoi dire, comprenant encore moins la situation.

"Donc que recherchez-vous, exactement ? Vous avez eu des ennuis, pour vous retrouver sur cette planète ?"

"On peut dire ça. J’étais au beau milieu d’une mission pour mon Clan lorsqu’un problème m’a emmené ici."

Il parlait à deux morts. Littéralement. Et c’était sans doute la chose la plus perturbante qu’il ait jamais eu à faire de toute son existence. Pire que ça, il avait lu ces noms en étudiant les archives sur Nirauan, et il ne restait plus rien depuis des dizaines d’années, sur cette planète, il en était certain, pour avoir eu l’occasion de le vérifier par lui-même. Leurs noms, leurs uniformes, cet emblème, ce qu’il avait pu se produire en amont, ce fameux discours qu’il avait supposé être une archive… Favan se gifla mentalement, pour cesser de divaguer, les voyages dans le temps, c’était impossible, il devait y avoir une autre explication parfaitement rationnelle.

"Je cherchais avant tout un moyen de quitter cette planète pour rejoindre mes confrères de mission. Il y a des questions en suspens à régler et cela commence à être assez urgent."

Ou était-ce la Force qui avait eu un problème … ? Dans ce cas, peut-être devrait-il demander tout d’abord de l’aide au Temple Jedi, sur Lysatra. Il doutait que la communauté de sensitifs de Copero puisse lui répondre assez vite et il était de toute façon plus proche du Temple Jedi.

"Je souhaiterai rejoindre Lysatra, avez-vous des contacts qui pourraient y aider ?"

--------
Connaître les noms d’Eli et Tayla : 1 et 6

Louche. C’était définitif. D’un pas en retrait, elle l’observait avec une grande attention, lui et ce qui les entourait tous les trois. Eli semblait en savoir plus qu’elle, ça se ressentait à son attitude, et tant mieux, à deux, ils appréhenderont mieux cette situation. Pour sa part, sa principale préoccupation était de déterminer le niveau de dangerosité de cet homme, et le cas échéant, comment le neutraliser. Ils ne pouvaient l’arrêter sur cette planète, où ils n’avaient aucune autorité militaire, en revanche, si quelqu’un se montrait un peu trop revendicatif, elle n’aura aucune hésitation à lui tirer dessus. Dans les jambes ou la tête suivant la façon dont ça se présentait. C’était toujours ainsi qu’on lui avait à procéder, dans le doute, il fallait se préserver et protéger ses coéquipiers en réagissant vite.

Une mission, un clan, tout cela était trop vague et ne voulait rien dire. Il pourrait tout aussi bien être en pleine mission d’espionnage pour les Rebelles. Ou préparer un nouveau piège, cette fois plus raffiné ou efficace que celui de Pochi. En bref, on ne pouvait être sûr de rien. On ne pouvait pas même être sûr qu’Olien était son véritable nom. Au moins, personne d’autre ne faisait attention à eux et elle n’avait pas non plus repéré de mouvements suspects, ni de rassemblements. Le seul autre homme présent était l’officier d’accueil et il ne s’intéressait plus à eux depuis déjà un moment. Ceux qui entraient et sortaient de l’établissement administratif n’étaient pas plus attentifs. Bien, ça l’ennuierait de devoir en arriver à une nouvelle bataille rangée, qui pourrait se finir bien plus mal que la dernière.

"Je souhaiterai rejoindre Lysatra, avez-vous des contacts qui pourraient y aider ?"

Lysatra. La jeune femme reporta un instant le regard sur l’homme bleu, toujours incapable de dire à quel peuple il pouvait bien appartenir, lèvres pincées. Un espion ne poserait pas une question pareille, il serait aussitôt taxé de fou ou de louche. Surtout sur un tel ton.

"Cette planète est sous quarantaine et interdite d’accès, comment pouvez-vous l’ignorer ? Se moquer de la pandémie, de ses conséquences et de ses victimes est très déplacé. D’autant plus au milieu d’un secteur qui a eu beaucoup à en souffrir."

Tant pis pour la diplomatie, Tayla trouvait bien trop grossiers ceux qui se permettaient d’agir ainsi, de balayer d’un revers de main le nombre hallucinant de morts causés durant la catastrophe ! D’autant plus sur cette planète, le foyer de toute cette horreur. Alors, qui était vraiment ce type, un espion, un illuminé ? Qui, dans cette galaxie, pouvait encore ignorer la catastrophe causée durant la maladie, bon sang ?! Que cherchait-il réellement, mis à part se moquer du monde ?!

– On peut dire ça. J’étais au beau milieu d’une mission pour mon Clan lorsqu’un problème m’a emmené ici.

– Mmh…

Difficile de vérifier… A moins de contacter directement l’Ascendance et ils n’étaient pas là pour ça. Bah, au moins, les membres de ce peuple ne cherchaient pas les massacres gratuits ou à vouloir conquérir l’Espace Sauvage, c’était déjà ça. Qu’il soit vraiment en mission ou qu’il soit là pour une raison obscure, ça ne les regardait pas. Quant à quitter cette planète… Bon, là, ils pourront sans doute l’aider, avant de poursuivre leur propre travail. Il s’était crashé quelque part, c’est ça ? Et devait rejoindre ses collègues il ne savait où ? Eli retint un léger soupir, préférant encore ne pas savoir ce qu’il trafiquait, ni ce qui était aussi urgent. Un problème à la fois et il en avait déjà assez vu, pas la peine de se mêler en plus à ce que fichaient les Chiss, ce n’était pas son peuple.

– Je souhaiterai rejoindre Lysatra, avez-vous des contacts qui pourraient y aider ?

Il se foutait de lui ? Ou c’était une forme d’humour ? Eli en resta un bref instant bouche bée, puis allait répondre lorsque Tayla le coupa net, lançant, d’une façon bien plus diplomatique que ce qu’il s’apprêtait à faire, à quel point ce genre de « blague » était de mauvais goût. Merci ! Mais juste une chose, hein, un tout petit instant, ça n’allait lui prendre qu’une minute ! Levant la main, il colla une claque de toutes ses forces sur la figure de leur interlocuteur, avec tant de cœur qu’il s’en fit un peu mal au poignet. Là, voilà !  Ah, bon sang, ça faisait tellement du bien ! Et plus encore lorsqu’il eut la satisfaction de voir qu’il lui avait laissé une marque. Il lui en aurait bien collé une autre immédiatement, mais non, on allait se calmer, deux minutes, ou plus tard. Pour le moment, il mourrait juste d’envie de hurler. Retiens-toi.

– Votre mission, c’est de vous comporter comme un fumier ?! Ou bien ça vous amuse ?! Même votre peuple a été touché, pourtant !

Il baissa le ton en entendant le bref souffle de surprise de l’employé, à deux ou trois mètres d’eux ? Ils allaient sortir, c’est bon ! Eli poussa un peu brusquement Olien vers la porte, prenant une grosse bouffée d’air à l’extérieur. Là, c’est bon, personne ne leur prêtait attention, et en s’écartant encore un peu, ils pourront même hurler autant qu’ils le voulaient.

– Alors, c’est quoi l’histoire, vous cherchez à vous comporter comme un parfait abruti ou il y a une autre raison derrière ? Qu'est-ce que vous cherchez vraiment, bon sang ?!

"Cette planète est sous quarantaine et interdite d’accès, comment pouvez-vous l’ignorer ? Se moquer de la pandémie, de ses conséquences et de ses victimes est très déplacé. D’autant plus au milieu d’un secteur qui a eu beaucoup à en souffrir."

Quelle pandémie ? De quoi parlait-elle ? Et pourquoi… Favan n’eut cependant pas le temps de poser la question, ni même de faire quoi que ce soit, d’ailleurs, recevant la seconde suivante une claque magistrale dans la figure. Mais, mais, mais ! Qu’avait-il dit ?! Bouche bée, il porta la main à la joue, où s’étendait déjà une marque à vif, complètement stupéfait, face à la colère soudaine de Vanto. Mais enfin, il ne lui avait rien fait ! Ni rien dit de mal ! Il en était même trop choqué pour réagir, autant par le geste que par cette fureur qui sortait de nulle part.

"Votre mission, c’est de vous comporter comme un fumier ?! Ou bien ça vous amuse ?! Même votre peuple a été touché, pourtant !"

Quoi ? Mais… Il ne comprenait plus rien ! Vanto le poussa dans le dos jusqu’à la sortie et il se laissa faire, complètement perdu, cette fois-ci. Il ne voyait pas de quelle pandémie il parlait, il n’y en avait jamais eu ! N’est-ce pas ? Une fois dehors, il se retourna vers le duo, ressentant toujours la colère de l’humain en pleine face. Désolé, il ne comprenait pas, pas du tout, et ne voyait vraiment pas ce qui avait bien pu l’énerver ! Il avait déjà eu face à des lui des humains un peu vifs mais jamais aucun d’eux ne s’était énervé au point de le frapper. Et cette histoire de mise en quarantaine, c’était… Non, mieux valait ne pas lui sortir maintenant que c’était idiot, il se prendrait sûrement une autre gifle. Ne plus rien y comprendre faisait de toute façon beaucoup plus mal, il avait entièrement perdu le contrôle de sa propre vie, c’était ça le plus angoissant.

"Alors, c’est quoi l’histoire, vous cherchez à vous comporter comme un parfait abruti ou il y a une autre raison derrière ? Qu'est-ce que vous cherchez vraiment, bon sang ?!"

"Je ne comprends pas que vous parliez d’une pandémie et où est le problème, car…"

Difficile de cacher sa perplexité, ça faisait trop, et il commençait vraiment à craindre qu’il y ait eu un très gros problème, sans doute à cause de la Force, une fois de plus, et qu’il se retrouve à voyager dans le passé, dans une sorte de long cauchemar qui n’en terminait pas. Cette fois-ci, il vit le coup arriver mais ne put pas l’esquiver complètement, se prenant un poing dans le coin de la mâchoire. Du même côté que la gifle toute à l’heure. Mais bon sang ! Et s’ils s’asseyaient tous très tranquillement dans in coin pour discuter, posément, sans s’agacer ? Non ? Il devait avoir une partie du visage un peu enflée, ce n’était pas spécialement agréable.

"Attendez un peu, enfin ! C’est vrai, je ne comprends pas ce qui se passe, comment je suis arrivé exactement et de vous vous parlez, je ne cherche absolument pas à me moquer de vous. On pourrait juste en parler dans un coin tranquille, sans crier, n’est-ce pas ?"

Et si possible, sans se frapper ou se faire tirer dessus, il apprécierait beaucoup. D’autant plus qu’il n’avait qu’une formation militaire très basique, ce n’était pas sur ça que l’accent avait été mis, et qu’il ne comptait pas affronter deux soldats en même temps, surtout si l’un des deux était armé jusqu’aux dents.

La jeune femme sursauta tout autant que l’homme bleu lorsque Eli lui colla une gifle de toutes ses forces, ne s’attendant pas du tout à ce qu’il ait cette réaction. Elle ne l’avait même jamais vu s’énerver vraiment contre qui que ce soit ou quoi que ce soit ! Et comme il faut, en plus de ça, la joue de leur interlocuteur virait déjà au violet, là où il l’avait frappé. Tayla était tellement surprise de le voir accomplir ça qu’elle ne réagit même pas immédiatement lorsqu’il hurla, et insulta, leur interlocuteur imprévu, se contentant de le regarder, bouche bée. En plus, visiblement, il savait très bien de quel peuple venait ce type, mais ça, c’était un détail, à côté du reste. Elle serait même prête à parier que personne, dans l’équipage du Chimaera, ne l’avait jamais vu hurler sur quelqu’un de cette façon et encore moins frapper.

Suivant le mouvement – brusque – en quittant le bâtiment, elle se reprit un peu, s’étant laissée aller un instant dans son rôle, tant elle avait été surprise. Après, elle comprenait, c’était tout de même la planète natale de son collègue, il était normal qu’il prenne très mal les plaisanteries de mauvais goût de ce genre. Mais tout de même… On s’inquiétait toujours plus pour les personnes qui n’avaient jamais ce genre d’accès de colère, car ça signifiait que le malaise était encore là. Profondément enfoui, peut-être, mais toujours aussi violent. Qu’il se mette plus en colère, c’était normal, mais comme il n’était pas du tout du genre à être violent… A la fois perplexe et inquiète pour lui, elle se rapprocha un peu, juste au cas où, cherchant comment l’apaiser. Il hurlait toujours, pâle comme la mort. Heureusement, personne ne leur prêtait attention.

Elle sursauta à nouveau, cette fois pour le coup de poing qu’il mit dans la mâchoire d’Olien, juste après sa réponse maladroite. Allons, du calme ! Tayla refit glisser son fusil en bandoulière, dans son dos, puis entoura d’un bras les épaules de son collègue en le rapprochant d’elle, posant l’autre main contre le bras d’Eli, en lui murmurant de se calmer. Oui, il y avait un problème, mais du calme, ils allaient le régler… Sa propre colère et indignation s’étaient effacées, laissant place à son inquiétude pour son collègue. Elle resserra un peu son emprise, comme par crainte qu’il ne s’effondre d’un seul coup dans ses bras. Ça n’arrivera sans doute pas, mais bon, dans le doute…

"Attendez un peu, enfin ! C’est vrai, je ne comprends pas ce qui se passe, comment je suis arrivé exactement et de vous vous parlez, je ne cherche absolument pas à me moquer de vous. On pourrait juste en parler dans un coin tranquille, sans crier, n’est-ce pas ?"

"Oui, il a raison, ce n’est pas le meilleur lieu pour ça. Retournons à la navette."

Viens, Eli. Elle lui pressa un peu l’épaule de la main pour l’inciter à bouger, puis à partir de là. Tout en faisant un signe sec de la tête à Olien pour qu’il les suive. Et gentiment ! Elle avait ses armes à portée de main… Ce qui lui fera sûrement plus mal qu’un coup de poing. Par bonheur, cette fois-ci, la navette n’était pas très loin d’ici, ils avaient atterri juste aux portes de la ville. Un peu de marche, au frais, rien de mieux pour se calmer un peu. En plus de ça, s’ils devaient finalement arrêter le bleu et le ramener au destroyer, pour qu’eux ensuite en fassent ce qu’ils veulent… Une fois tout le monde à l’intérieur, elle referma la rampe avec soulagement, ici, ils étaient à l’abri des oreilles indiscrètes. Bien ! On allait reprendre calmement cette affaire.

"Vous dites ne pas comprendre comment vous êtes arrivé ici… Quel est votre dernier souvenir, avant votre arrivée dans cette ville et que faisiez-vous avant ? Comment pouvez-vous n’avoir jamais entendu parler de la pandémie ? De quel peuple êtes-vous ?"

C’était comme avoir reçu une lourde décharge d’adrénaline, qui vous laissait un peu tremblant, nerveux, et pourtant toujours en colère. Eli aurait pu frapper une troisième fois, sincèrement, il ne le fit pas parce que Tayla se rapprocha soudainement, passant un bras autour de lui et posant son autre main contre lui, comme pour l’empêcher de frapper une autre fois. Il hocha vaguement la tête lorsqu’elle murmura de se calmer, en s’efforçant de contenir ses tremblements. Il avait juste un peu… perdu son sang-froid. Ça pouvait arriver à tout le monde ! Rien de bizarre là-dedans ! Comment on se calmait rapidement ? Il n’avait jamais appris ce genre de techniques, d’habitude, il ne s’énervait jamais, ou pas à ce point-là, et jamais longtemps. Il fallait peut-être respirer profondément, comme lorsqu’on était blessé ou très fatigué.

– Attendez un peu, enfin ! C’est vrai, je ne comprends pas ce qui se passe, comment je suis arrivé exactement et de vous vous parlez, je ne cherche absolument pas à me moquer de vous. On pourrait juste en parler dans un coin tranquille, sans crier, n’est-ce pas ?

– Oui, il a raison, ce n’est pas le meilleur lieu pour ça. Retournons à la navette.

Mouais… Il ne comprenait pas, c’est cela… Eli serra les dents, puis se laissa finalement faire, suivant le sergent dans un parfait silence tout le long du trajet retour, sans même faire attention, au début, si Olien les suivait vraiment. Il comprit que oui en arrivant à la navette et y grimpant, avant d’aller s’asseoir sur le bord du siège copilote. Le tout en couvant le Chiss d’un regard noir et tendu, bras croisés et serrés contre lui pour ne pas céder à la tentation. Bizarre, il était le premier de l’Ascendance à se moquer de cette façon-là des autres, de ceux qu’il avait déjà eu l’occasion de croiser… La plupart étaient juste très sérieux et ne manifestaient pas un tel mépris pour les drames comme la pandémie. Il lança un regard en biais à Tayla, puis de nouveau sur leur « invité », cette fois très dégoûté.

– Vous dites ne pas comprendre comment vous êtes arrivé ici… Quel est votre dernier souvenir, avant votre arrivée dans cette ville et que faisiez-vous avant ? Comment pouvez-vous n’avoir jamais entendu parler de la pandémie ? De quel peuple êtes-vous ?

– De l’Ascendance Chiss, Tayla…

Il ne réalisa qu’après-coup qu’il ne l’avait pas appelée sergent, comme à leur habitude quand ils n’étaient pas qu’eux deux, puis haussa mentalement les épaules, ça n’avait aucune importance. Se tournant à moitié vers le poste, tout en écoutant Olien, il réfléchit rapidement à qui pourrait « récupérer » ce type et surtout le garder. Après être sorti du coma, Eli avait repris contact avec Meveawn. Le pilote Chiss, et qui lui avait servi de guide, ne l’avait pas oublié, entre-temps, il pourra sans doute les aider à les débarrasser de leur invité indésirable. En attendant, il ne décolérait toujours pas, sa seule envie était de s’isoler un peu, le temps de faire passer tout ça, puis reprendre le cours de leur mission. De toute façon, l’Empire n’était pas obligé de savoir ce qu’il s’était passé. Et Thrawn encore moins. Eli se voyait mal lui expliquer posément qu’il avait filé une gifle et un coup de poing à un membre de son peuple après une légère perte de sang-froid.

"Oui, il a raison, ce n’est pas le meilleur lieu pour ça. Retournons à la navette."

Sinon, ils pourraient simplement demeurer ici puis… Le jeune homme plissa légèrement les yeux en voyant le regard du sergent puis sa main près de ses armes, comprenant vite qu’elle était prête à lui tirer dessus au milieu de la rue, si ça ne se passait comme elle le voulait. Très bien, pour le moment, il allait rester coopératif, après tout, lui aussi avait besoin de réponses. Le long du chemin, il en profita pour remettre en ordre ses pensées et comment il devait s’expliquer, ce qu’il était possible de dire ou non, et comprendre, surtout. En parvenant à la navette, il fut surpris, une fois d plus, car ce modèle n’était plus en service depuis des dizaines d’années. C’était comme s’il avait pénétré dans un holofilm historique, parlant d’une époque passée.

Et si c’était bel et bien ça ? Favan refusait cette théorie, depuis toute à l’heure, alors que tout ou presque venait la lui confirmer. Ces deux soldats, la navette, le discours sur écran projetée, et tant d’autres petits éléments. Cependant, il avait beau fouiller ses souvenirs, rien dans l’Histoire ne mentionnait une quelconque pandémie sur Lysatra ou l’Espace Sauvage. La rampe se referma derrière eux, alors qu’il croisait le regard noir du lieutenant-colonel, allé s’asseoir un peu plus loin. Un passé différent mais avec les mêmes protagonistes ? Rêvait-il ? jamais il n’avait entendu parler que la Force, ou n’importe quel autre phénomène, puisse permettre ça ! Et si c’était réellement le cas, comment allait-il s’en sortir ? Il ne pourrait pas même rejoindre l’Ascendance, pas alors qu’il ne devrait même pas être né, ça causerait des problèmes.

"Vous dites ne pas comprendre comment vous êtes arrivé ici… Quel est votre dernier souvenir, avant votre arrivée dans cette ville et que faisiez-vous avant ? Comment pouvez-vous n’avoir jamais entendu parler de la pandémie ? De quel peuple êtes-vous ?"

"De l’Ascendance Chiss, Tayla…"

Oui… Ils allaient le prendre pour un fou, s’il disait la vérité, et avec ça, ça pouvait être dangereux. Il peinait toujours à croire au saut dans le temps, même s’il ne voyait aucune autre explication. Ça signifiait aussi qu’il devra faire attention à ne pas se rapprocher de ses ancêtres, au cas où.

"J’étais en mission sur Yaga Minor, et c’est au cours de celle-ci que j’ai fait une sorte de malaise, avant de me réveiller dans cette ville. J’ignore où sont passés mes collègues et ce qui s’est produit exactement, mais je suis à peu près certains que nous n’avons pas été attaqués. Quant à cette pandémie, non, je ne vois pas de quoi vous pouvez parler et c’est sincère, pas pour me moquer."

De toute manière, s’il devait se renseigner, ce serait sûrement très facile à faire, un tel événement ne pouvait guère passer inaperçu. Néanmoins, cela lui posait un autre souci… Où pouvait-il se rendre ? Que pouvait-il faire ? Rejoindre son propre peuple serait risqué, et si les Jedis n’étaient donc pas sur Lysatra, où pourraient-ils être ?

"Je comprends que cette rencontre vous agace, cela dit, vous pouvez l’oublier, je vais me débrouiller seul."

De l’Ascendance ? D’accord… Bon, très bien, un détail de plus à rayer de sa liste de questions, mais ça, ce n’était pas le plus important à découvrir. Tayla était plus intéressée par savoir comment il pouvait ne pas connaître la pandémie, ce n’est pas comme si cette horreur avait glacé le sang de la galaxie toute entière durant des mois ! Elle ne comprenait pas non plus ce qu’il aurait bien pu filer accomplir comme mission sur Yaga Minor, qui était un monde impérial, ni comment il se serait retrouvé ensuite ici. Sa seule certitude, c’était qu’il ne leur avouait pas tout. Il devait être un espion à la solde de l’Alliance Rebelle, elle ne voyait aucune autre explication possible. Et puisqu’il poursuivait dans ce petit jeu, ça pouvait durer des heures encore et ils n’avaient pas que ça à faire. Se rapprochant d’Eli, elle pensa pour une fois à régler son arme sur paralysant, plutôt que sur fonction normale. Elle faisait des efforts !

"Je comprends que cette rencontre vous agace, cela dit, vous pouvez l’oublier, je vais me débrouiller seul."

Moui… Elle échangea un regard avec Eli, puis un bref mot, avant de se retourner vers Olien. Elle lui tira dessus en mode paralysant avant qu’il ne puisse se relever ou essayer de fuir. Eh, ce mode était pratique, finalement, elle devrait peut-être le manier plus souvent ! Avant qu’il ne se réveille, elle fit asseoir dans un des sièges de la navette, puis attacher dedans, menotté surtout avec soin les poignets et chevilles. Ignorant ses capacités, mieux valait ne prendre aucun risque. En le fouillant, elle ne trouva aucune arme, ce qui était plutôt bizarre, juste un comlink, quelques affaires personnelles, rien de plus. Ils pouvaient repartir, maintenant, puis contacter le destroyer pour leur laisser le prisonnier. Le souci, avec le mode paralysant, tout de même, c’est que ça ne durait que quelques minutes.

Au fond, elle s’était presque attendue à tomber sur un Jedi ou un Sith, ceux avec qui on ne s’étonnait pas de les trouver fourré dans des histoires aussi bizarres. Mais ni l’un ni l’autre ne se seraient laissé avoir comme ça, il ne pouvait pas en être un. Ça ne pouvait être qu’un espion. Ils quittèrent la planète en douceur, s’élevant ensuite plus rapidement vers l’orbite. Si leur homme ne s’avérait finalement pas être lié à l’Alliance Rebelle, il repartira libre, mais une vérification s’imposait. Ils ne mirent que très peu de temps avant de rejoindre le destroyer, et aller se poser dans son hangar. Il faudra aussi faire un rapport… Avant toute chose, elle s’assura qu’Eli s’était un peu calmé, ce sera plus facile pour gérer la situation.

– J’étais en mission sur Yaga Minor, et c’est au cours de celle-ci que j’ai fait une sorte de malaise, avant de me réveiller dans cette ville. J’ignore où sont passés mes collègues et ce qui s’est produit exactement, mais je suis à peu près certains que nous n’avons pas été attaqués. Quant à cette pandémie, non, je ne vois pas de quoi vous pouvez parler et c’est sincère, pas pour me moquer.

Yaga Minor, hein ? Une planète sous le contrôle de l’Empire et étroitement surveillée. Une mission là-bas, avec l’Ascendance, c’était parfaitement improbable ! Il lui aurait parlé de n’importe quelle planète des Régions Inconnues, ou même de l’Espace Sauvage, ça pourrait passer, mais là ? A moins, comme semblait le penser aussi Tayla, qu’il fasse en réalité partie de la Rébellion. Eli pinça un peu les lèvres en réfléchissant à cette hypothèse, surtout inquiet à l’idée que les rebelles n’essayent de saboter cette mission, dans l’Espace Sauvage… La manière serait très bizarre… Il acquiesça au regard du sergent, mieux valait pour le moment l’arrêter puis tirer cette histoire au clair, et au calme. Elle lui tira dessus la seconde suivante, en mode paralysant, puis à deux, ils l’attachèrent dans un siège le temps du court voyage. Allez…

Eli fit démarrer la navette, puis prit contact avec le destroyer les suivant en cours de route. Ils quittèrent Adumar sans encombre, personne ne voulait leur tirer dessus, dans le coin, ils étaient plus considérés avec mépris. Ils se glissèrent dans le hangar du destroyer, où une petite escouade de stormtroopers attendait déjà pour récupérer le prisonnier et le conduire dans le ventre du vaisseau. Alors qu’ils l’emmenaient, Eli soupira longuement, en se prenant la tête entre les mains, juste une minute, avant de descendre. Calme-toi… Ce type n’était peut-être qu’un espion rebelle, qui avait joué avec ses nerfs, rien de plus. Il marmonna pour Tayla que c’était bon, il allait très bien. Il se leva, au moment où le capitaine du destroyer était, lui, prêt à entrer pour s’assurer que tout allait bien.

En attendant que l’homme soit interrogé, Eli commença à rédiger le rapport, pour prendre un peu d’avance. Écrire, et poser les choses, le força peu à peu à se calmer, et plus réfléchir, du même coup. Pour ce qui s’était passé… Il finit par s’interrompre complètement, regardant l’écran et les quelques lignes tapées. Et si… En réalité… Si… Merde… Portant la main à sa bouche, les yeux plus écarquillés, il ressentit un brusque élan de culpabilité. Laissant tomber le rapport, et le petit bureau emprunté pour l’occasion, il refit vite fait le chemin en sens inverse, jusqu’aux cellules et salles d’interrogatoire, ne prenant que le temps de récupérer Tayla au vol, en passant. Ce n’était qu’une hypothèse, mais il devait la vérifier. Quel imbécile, pourquoi n’y avait-il pas pensé avant ?!

– C’est peut-être encore un qui vienne de ces failles, murmura-t-il en chemin pour Tayla. J’aurai dû y penser avant…

Il s’en voulait de l’avoir frappé, maintenant… En arrivant à l’étage des quartiers disciplinaires, il demanda à faire arrêter, pour le moment, la procédure, sous le regard éberlué du capitaine, encore sur place. Eli hésita un instant à lui dire à quoi il songeait, puis décida que non, demandant simplement à parler au prisonnier. En privé. Sous-entendu, qu’ils coupent les caméras. Là, c’était lui qui allait apparaître très louche et bizarre, mais peu importe, ils devaient déjà avoir l’habitude des trucs bizarres avec Thrawn. Il attendit que ce soit bon, avant de rejoindre la salle d’interrogatoire. Bon, maintenant qu’il était plus calme, ça devrait mieux se passer.

– Je n’ai pas pensé à une autre possibilité… Vous n’êtes pas filmé, on peut discuter tranquillement, cette fois-ci. Je crois que vous n’êtes pas d’ici, du tout, que vous venez d’un autre temps. C’est arrivé à d’autres, de nombreux autres. Quel est votre véritable nom ?

Le coup lui tomba dessus sans crier gare, un brusque rayon paralysant qui le frappa de plein fouet. Il ne se sentit même pas s’effondrer. A son réveil, un peu sonné, il découvrit d’abord qu’il s’était fait attacher sur une chaise, complètement bloqué. Ça empirait… Il tira sur les menottes avec force, pour tenter de se libérer, regrettant d’un seul coup de n’avoir finalement jamais pris la peine de s’entraîner avec la Force. Merde… Les deux humains étaient juste devant, lui tournant le dos, la navette s’élevait vers l’orbite de la planète. Où l’emmenaient-ils ? Il ne… Oh. Très vite, il vit le destroyer, la bouche un peu asséchée en constatant, là aussi, que c’était bel et bien un véhicule du passé, là encore. C’était un cauchemar ! Se retrouver dans une situation pareille, alors qu’il n’avait rien accompli d’anormal…

La navette se posa dans un tremblement prononcé, puis la rampe s’ouvrit peu de temps après. Une escouade de types en armure blanche s’engouffra à l’intérieur, le libérant des liens actuels pour le menotter de nouveau aussitôt, puis l’emmener. Il plissa un peu les yeux, observant le hangar, puis les coursives, les hommes en uniforme… Il était coincé dans le passé. Vraiment. On le fit entrer dans ce qui devait être les quartiers disciplinaires, puis poussé dans une salle d’interrogatoire. Favan ne s’était absolument jamais retrouvé dans ce type de situations et ignorait comment réagir et quoi dire. Il avait plus l’habitude des troubles politiques que des troubles judiciaires ! Que pourrait-il arriver, maintenant ? Il ne connaissait pas ce temps par cœur, ni même où aller s’il parvenait à fuir. Un fil de réflexion interrompue par ce qui était donc le capitaine du vaisseau.

Favan se contenta de lui donner son nom d’emprunt, mais ne put pas répondre aux autres questions qui suivirent… Il ne pouvait quand même pas avouer qu’il penser venir du passé… Le capitaine sorti, puis un autre entra, avant de s’asseoir face à lui. Favan se borna à ne donner que le faux surnom, puis répéta qu’il avait simplement un travail à effectuer sur Yaga Minor. Lequel, ça ne les concernait pas. Même dans son propre temps, il éviterait de révéler quoi que ce soit concernant les missions diplomatiques à une faction qui n’était pas la sienne, c’était pourtant une évidence. Tout en parlant, il réfléchissait à toute vitesse, pour se remémorer le maximum d’informations sur cette époque. C’est vraiment ici que la présence du « charmant » Historien-qui-ne-s ’attirait-que-des-ennuis aurait été très souhaitable.

L’interrogatoire fut cependant interrompu, à un moment, sans qu’il ne sache pourquoi. Resté seul, il testa à nouveau la résistance des menottes, parcourant de nouveau mentalement le chemin suivi dans le destroyer. S’échapper allait être assez compliqué, s’il parvenait à se libérer de ses liens. La porte se rouvrit tout à coup, laissant entrer les deux jeunes de toute à l’heure. Il semblait calmé, le lieutenant-colonel, par contre, il semblait bien plus… nerveux.

"Je n’ai pas pensé à une autre possibilité… Vous n’êtes pas filmé, on peut discuter tranquillement, cette fois-ci. Je crois que vous n’êtes pas d’ici, du tout, que vous venez d’un autre temps. C’est arrivé à d’autres, de nombreux autres. Quel est votre véritable nom ?"

…

Pardon ?

Comment avait-il… Et « arrivé à de nombreux autres » ? Surpris, Favan ne répondit pas immédiatement, se contentant de dévisager le jeune homme, puis sa compagne, alternativement. L’hypothèse que la Force ait bien, de nouveau, créé un immense problème à échelle galactique resurgit en bloc et il se sentit un peu mal. Et dire que tout le monde avait cru que le problème de l’an 160 était le pire trouble qui ait pu survenir dans toute l’Histoire. Favan serait arrivé dans le passé, oui, mais un passé différent, pas le sien ? Le trouble serait encore plus grave qu’escompté.

"Je vous ai déjà donné mon surnom."

Se reprendre, avec efforts, et ne pas trop dévoiler de son trouble. Il ne comptait pas donner un nom complet, plus particulièrement à son propre peuple, car il ne pouvait être sûr de rien. Par ailleurs, il restait très préférable que la famille qu’il pouvait avoir dans ce temps ignore son existence. Ou au moins, qu’elle ignore leurs liens lointains. Cela devait faire… Trois ou quatre générations entre leurs deux époques. Plutôt trois, d’ailleurs, les membres de sa famille avaient une certaine manie pour avoir d’enfants assez tard. Souvent, la barre des soixante ans était dépassée depuis un bon moment. Son arrière-grand-mère ne devait même pas encore être née, ou bien depuis très peu de temps.

"Je vous l’ai déjà dit, j’ignore comment je suis arrivé ici exactement, même si… L’hypothèse d’avoir bondi dans le passé… je ne comprends pas ce qui a pu arriver, mais dans tous les cas, je vous répète que causer du tort à qui que ce soit n’est pas mon but. Surtout vous deux, je connaissais vos noms, à tous les deux. Mais, pardon vous êtes censé être morts depuis un bon nombre d’années."

Deux ou trois hommes autres femmes se trouvaient aussi dans les vestiaires ou au-dessus des lavabos, dont une qui sortait visiblement juste d’une séance d’entraînement. Elles n’étaient jamais bouscules, dans ces endroits privés, tant elles étaient peu nombreuses, dans l’armée, une situation encore moins arrangé par la pandémie. La grande majorité des destroyers encore en circulation étaient sous-effectifs, c’était criant. Seuls les équipages opérant dans des zones jugées sensibles ou sur les zones de combats très actives avaient encore leurs troupes au complet. Dans le cas de la Septième Flotte, comme pour d’autres, ce n’était pas ainsi et ça se voyait. Sa veste d’uniforme posée près d’elle, en débardeur, Tayla s’aspergea les bras, puis la figure, les cheveux détachés, yeux fermés. Un peu de calme après l’incident de toute à l’heure.

Fixant la glace, elle se recoiffa puis attacha de nouveau ses longs cheveux blonds avec soin, un élastique entre les dents, réfléchissant en même temps au comportement du type qu’ils avaient arrêté toute à l’heure. Pour elle, il devait être un espion rebelle, mais elle ne comprenait pas qu’il ait choisi cette ligne de conduite, surtout dans l’Espace Sauvage. C’était s’exposer à des ennuis bêtement. Quant à d’où il venait exactement, elle comptait sur Eli pour en être sûr. L’Ascendance, elle connaissait ce mot depuis la coalition contre la pandémie et avait vaguement compris qu’ils venaient des Régions Inconnues, mais ça s’arrêtait là. Elle ignorait tout de ce peuple et estimait ne pas avoir à s’en soucier, étant donné que la Marine Impériale n’avait aucun lien, qu’il soit positif ou négatif, avec eux. Le travail ordinaire d’un soldat impérial était déjà assez prenant.

De toute façon, puisqu’elle sera sûrement mutée encore elle ne savait où une fois cette mission achevée, et si la septième Flotte avait en réalité vraiment des liens avec l’Ascendance, quelle importance ? Elle sera déjà loin, à ce moment-là, c’était toujours comme ça que ça se passait.Une fois rhabillée, elle sortit des vestiaires, dans l’optique de retourner à leur navette et préparer le départ. Objectif déviée lorsqu’elle croisa le lieutenant-colonel et qu’il l’entraîna avec elle vers le quartier disciplinaire. Qu’est-ce qui se passait ? Un autre problème avec le type bleu interrogé ?

"C’est peut-être encore un qui vienne de ces failles. J’aurai dû y penser avant…"

Ah… Tayla n’y avait pas pensé non plus, en très grande partie parce qu’elle avait toujours du mal à croire l’idée que la Force puisse vraiment faire ça, elle n’avait encore jamais croisé la route d’un seul sensitif venu des ces soi-disant failles. Mais s’il disait que c’était possible… Silencieuse, elle suivit jusqu’aux cellules, fronçant un peu les sourcils face à la demande son collègue et la réaction du capitaine. Ne craignait-il pas d’être dénoncé au BSI, en agissant ainsi ? A sa place, en tout cas, elle en aurait peur, c’était quand même plus que suffisant pour s’attirer une enquête de la part des bureaux ! De moins en moins à l’aise, elle faillit bien interrompre leur conversation, se retenant à la toute dernière seconde. Il n’était pas assez prudent ! Même si le capitaine ne disait rien, les autres soldats présents dans cette pièce pourraient très bien le dénoncer anonymement.

Avec ça, pourquoi prendre un tel risque si ce type s’avérait être un Jedi ou elle ne savait quoi ? Ils étaient censé les arrêter, s’ils le pouvaient, ou bien appeler des renforts pour les mettre hors d’état de nuire, l’Empire traquait les survivants Jedis depuis des années, ils ne devaient pas les protéger, bien au contraire, Coruscant devait immédiatement être alertée. Ne pas le faire aussitôt était une trahison. C’était ce qu’elle avait toujours appris et vu en application, aucune raison que ça puisse être différent ici. Eli… Suivant dans la salle d’interrogatoire, elle se retint à très grande-peine de lui demander pourquoi, plutôt que venir ici, il ne contactait pas la ville-monde. Les Jedis étaient les ennemis de l’Empire, ils étaient même responsables du coup d’État. Pire, l’un des leurs avait aussi failli assassiner l’Empereur, il y a un ou deux ans. Ils étaient des Terroristes.

"Je n’ai pas pensé à une autre possibilité… Vous n’êtes pas filmé, on peut discuter tranquillement, cette fois-ci. Je crois que vous n’êtes pas d’ici, du tout, que vous venez d’un autre temps. C’est arrivé à d’autres, de nombreux autres. Quel est votre véritable nom ?"

Il n’allait vraiment pas le dénoncer… ? Tayla ne put s’empêcher de lancer un regard incroyablement nerveux vers la porte, s’attendant à ce qu’une escouade de stormtroopers ne débarque brutalement et ne les arrête tous les trois, avant de les jeter dans une navette en route vers la capitale. C’était une trahison pure et simple, de ne rien dire… Non ? Pourquoi faisait-il ça ? Il avait au moins une très bonne raison ? Se retournant vers le type, qui avait commencé par répondre qu’il leur avait déjà donné son surnom, elle se retint à nouveau d’interrompre tout ça, tirer Eli par la manche dehors, jusqu’à un coin tranquille, et lui demander ce qui lui prenait. Sérieusement ! Il allait se faire tuer et elle avec, pour complicité. Pourtant, il était loyal à l’Empire ! Depuis toutes ces années, il aurait déjà déserté si en réalité, il ne supportait pas ce régime.

"Je vous l’ai déjà dit, j’ignore comment je suis arrivé ici exactement, même si… L’hypothèse d’avoir bondi dans le passé… je ne comprends pas ce qui a pu arriver, mais dans tous les cas, je vous répète que causer du tort à qui que ce soit n’est pas mon but. Surtout vous deux, je connaissais vos noms, à tous les deux. Mais, pardon vous êtes censé être morts depuis un bon nombre d’années."

"VOS" noms, à "tous les deux" ? Pardon ?! Il, il, ne… Bon, stop, du calme, ce n’était pas le détail le plus grave de toute cette affaire, elle s’en souciera plus tard. Et comme elle ne pouvait plus se retenir, elle attrapa Eli par l’épaule et le tira en arrière de quelques pas, de plus en plus nerveuse. Désolée, tant pis pour la hiérarchie et tout le reste, mais là, ce n’était plus possible ! Elle baissa le ton, assez pour que le prisonnier ne puisse pas les entendre, penchée contre lui, pour parler à son oreille.

"Pourquoi ne le dénonces-tu pas tout de suite ?" murmura-t-elle très bas et très vite. "Si c’est un de ces Jedis ? Ce sont des Terroristes, comme les Rebelles ! Tu risques de t’attirer de graves ennuis…"

Ce devait être ça… Même s’il ne montrait quasiment rien, Eli savait au moins, maintenant, reconnaître ce très bref mouvement, du visage, dévoilant la surprise ressentie. Alors qu’il se mit à les regarder l’un après l’autre, quelques secondes, en silence. Alors oui, il leur avait dit son surnom, mais ce n’était pas ça qu’Eli attendait, en supposant déjà que ce surnom soit vraiment le sien. Ils étaient Humains, tous les deux, du point de vue de cet homme, donner son nom ne devrai rien changer car ils n’étaient rien censés savoir ni de l’Ascendance ni des Familles qui y vivaient. Pas plus que d’autres dans cet Empire. Il voulait sans doute juste se protéger. Soit, après tout, ça ne les regardait pas, à quelle famille il appartenait, par contre, Eli voudrait définir s’il était entraîné ou non, de quelle époque il pouvait bien venir, et s’il était ou non affilié à l’Ordre Jedi.

– Je vous l’ai déjà dit, j’ignore comment je suis arrivé ici exactement, même si… L’hypothèse d’avoir bondi dans le passé… je ne comprends pas ce qui a pu arriver, mais dans tous les cas, je vous répète que causer du tort à qui que ce soit n’est pas mon but. Surtout vous deux, je connaissais vos noms, à tous les deux. Mais, pardon vous êtes censé être morts depuis un bon nombre d’années.

Très bien… Le jeune homme ne se souciait pas de savoir comment il pouvait connaître leurs noms, peu importe pour le moment, il avait au moins une réponse à une de ses questions, cet homme venait d’un temps futur. Très bien. Il ouvrait la bouche pour demander de combien d’années il avait bondit mais fut interrompu par le mouvement du sergent, qui l’entraîna tout à coup en arrière vers le mur. Quoi, qu’est-ce qui se passait ?! Personne n’avait attaqué et elle ne… Il tourna à moitié la tête vers elle, alors qu’elle s’était penchée, toujours en l’agrippant par l’épaule avec force.

– Pourquoi ne le dénonces-tu pas tout de suite ? Si c’est un de ces Jedis ? Ce sont des Terroristes, comme les Rebelles ! Tu risques de t’attirer de graves ennuis…

– Si c’était un Jedi, il ne se serait pas laissé faire sur la planète, chuchota-t-il, et je n’aurai pas réussi à le toucher non plus. Et je ne compte pas non plus le balancer dans les griffes du Haut Commandement.

Une réponse qui méritait sans doute un poil plus d’explications, étant donné son état d’énervement… Eli jeta un rapide coup d’œil à Olien, constatant qu’il n’avait pas bougé, de toute façon, il était assez entravé pour ne plus pouvoir le faire, et se retourna donc complètement vers Tayla, la prenant par les bras en l’incitant à s’écarter plus contre le mur. Le capitaine allait peut-être se décider à intervenir de nouveau, à moins qu’il n’envoie quelqu’un, mais pour le moment, tout demeurait calme. Eli comptait sur le fait que le capitaine soit reparti à son poste, en les laissant gérer la situation comme ils l’entendaient. Il ne savait pas vraiment par où commencer, pour apaiser le sergent et l’inciter à lui faire confiance, car il savait la façon dont elle avait dû être entraînée à penser. La franchise était sans doute le mieux.

– Écoute, murmura-t-il encore plus bas. Ce type ne peut pas être un Rebelle, j’en suis certain. Je ne sais pas encore s’il peut être un Jedi, mais ça m’étonnerait beaucoup. Et même si c’est le cas, je ne pense pas que les Jedis soient vraiment les monstres que la propagande impériale a décrit. J’ai déjà eu l’occasion de croiser un des monstres que l’Empereur a volontairement laissé courir, et voilà le résultat, une pandémie ! Crois-moi, ce sont eux les vrais dangers, pas les Jedis. Leur livrer des sensitifs de plus ne fera qu’accroître ce danger, s’ils les manipulent pour les rendre à leur image. Je ne participerai plus jamais à ça.

Quitte à s’attirer des ennuis, bien plus gros encore, à risquer de se faire exécuter, ou bien à devoir déserter, il n’en savait rien.

– Je sais ce que je fais, fais-moi juste confiance.

– Si c’était un Jedi, il ne se serait pas laissé faire sur la planète, chuchota-t-il, et je n’aurai pas réussi à le toucher non plus. Et je ne compte pas non plus le balancer dans les griffes du Haut Commandement.

Mais pourquoi, bon sang ?! Qu’est-ce qui lui prenait ? Il la fit s’écarter, en la tenant par les bras, contre le mur, alors qu’elle ouvrait la bouche pour lui demander s’il ne se sentit pas bien ou s’il y avait un autre problème. Sachant très bien comment ça se passait das l’Empire, qu’il suffisait d’un rien pour qu’on vous condamne aux pires horreurs possibles, surtout ces derniers temps, il n’avait vraiment pas le loisir de jouer à ça ! C’était la première fois depuis très longtemps que Tayla s’attachait à une personne de cette façon, elle avait tout sauf envie de le perdre aussi bêtement ! Rien ne justifiait qu’ils laissent un ennemi s’en tirer de cette façon, à moins de vouloir être accusés à leur tour, arrêtés, emprisonnés ou exécutés, il devait pourtant parfaitement le savoir !

– Écoute, murmura-t-il encore plus bas. Ce type ne peut pas être un Rebelle, j’en suis certain. Je ne sais pas encore s’il peut être un Jedi, mais ça m’étonnerait beaucoup. Et même si c’est le cas, je ne pense pas que les Jedis soient vraiment les monstres que la propagande impériale a décrit. J’ai déjà eu l’occasion de croiser un des monstres que l’Empereur a volontairement laissé courir, et voilà le résultat, une pandémie ! Crois-moi, ce sont eux les vrais dangers, pas les Jedis. Leur livrer des sensitifs de plus ne fera qu’accroître ce danger, s’ils les manipulent pour les rendre à leur image. Je ne participerai plus jamais à ça.

Attends… Il était en train de lui dire que l’Empire était responsable de la pandémie ?! Mais… Il… Quoi ? Bouche bée, une partie de sa colère s’envola, soufflée dans le coup. De quels « monstres » parlait-il ? Qui aurait créé cette pandémie ? Et pourquoi ?! Il ne plaisantait pas du tout, elle le voyait très bien dans son regard, il était très sérieux en accusant l’Empire d’avoir créé cette horreur. Si c’était vrai… Et il croyait que les Jedis n’étaient pas de vrais ennemis ? Un instant, elle se surprit à espérer qu’il sourit, lui dise qu’il plaisantait, de toute oublier, mais il n’en fit rien. Enfin ! Oui, bien sûr, qu’elle lui faisait confiance, mais… Mais… Le souffle coupée, elle préféra encore rester appuyée contre le mur lorsqu’il alla poursuivre l’affaire avec Olien. Comment l’Empereur aurait-il pu laissé qui que ce soit commettre une telle horreur et pourquoi… ?

Ça voulait dire qu’Eli était désormais vraiment contre l’Empire, qu’il s’apprêtait à déserter ?

S’il décidait de libérer ce type bleu, ce sera une confirmation… Tayla s’était souvent demandé comment la pandémie avait pu prendre cette ampleur et cette rapidité, par contre, jamais elle n’aurait accusé l’Empire d’en être responsable ! A moins qu’Eli n’ait été manipulé par les Jedis ? C’était possible… Tarkin avait déjà affirmé que leurs ennemis étaient prêts à toutes les manipulations possibles pour s’en prendre aux populations et en entraîner toujours plus dans la guerre… S’il était manipulé, c’était grave, il avait quad même un poste important, dans la septième Flotte, il était l’assistant du Grand Amiral. C’était peut-être pour ça, d’ailleurs, que les Jedis l’auraient ciblé ? Il ne pouvait pas le réaliser, s’il était tombé dans un piège, il devait recevoir de l’aide au plus vite. A qui pourrait-elle demander de l’aide, qu’Eli soit sorti de ce guêpier ? Le Haut Commandement, c’était bien entendu hors de question.

Ceux qu’il devait côtoyer régulièrement, il y avait… Et bien, le capitaine Pellaeon. Le commandant Faro, aussi. Le Grand Amiral Thrawn. A son poste, et son niveau de responsabilité, Tayla ne pouvait contacter aucun des trois aussi simplement. Elle n’était que sergent, après tout. Comment faire ? Pas question non plus d’alerter le BSI. Troublée, toujours dans un coin et silencieuse, elle réfléchit à la question, couvant Eli d’un regard très inquiet.

Ils devront en discuter plus tard… Plus longuement et plus sérieusement qu’ils ne pouvaient le faire ici. Et surtout, à l’abri des oreilles indiscrètes. Il adressa un très faible sourire à Tayla, restée presque blottie contre le mur, les bras croisés, puis se retourna. S’asseyant à la table face au Chiss, il soupira très légèrement, cherchant comment expliquer au mieux la situation. Au moins, maintenant, ils savaient qu’il venait d’une époque future à celle-ci, c’était un début. Et qu’il n’était pas spécialement dangereux non plus, à moins qu’il ne cache très bien son jeu. En tout cas, il n’était pas un Sith. De ce qu’Eli savait de ce peuple, maintenant, il ne pensait pas que l’un d’entre eux puisse passer pleinement du Côté Obscur, les agressions gratuites étaient trop hors de leur nature.

Il pouvait détailler les conséquences de ces failles mais par leur cause ni leur véritable nature. La Force restait un mystère assez opaque, il n’avait encore jamais eu l’occasion d’en discuter posément avec un sensitif, même s’il avait pourtant eu quelques occasions de le faire. Y penser plus sérieusement serait pourtant pas mal, peut-être que ça lui éviterait de commettre certaines erreurs… En y repensant, avec le recul, tirer sur un Sith avec un simple blaster, en étant en sus malade à crever, ce n’était pas une idée brillante. Il avait juste voulu protéger ses parents, rien de plus, même s’il ne pouvait alors rien faire seul. A voix basse, juste au cas où, il expliqua du mieux qu’il put le problème des failles, et donc la situation qui en avait découlé.

Au moins, leur interlocuteur n’aura aucun retard technologique à rattraper, au contraire. Il ne devra que se renseigner sur les changements historiques, entre ce que lui avait appris de cette époque et les changements apportés à cause de ces failles. Et de la pandémie. Eli préférait encore le laisser se renseigner seul là-dessus, il n’avait aucune envie de se replonger là-dedans. Il se contenta de lui dire que la pandémie avait été causée par un seigneur Sith du nom de Darth Plagueis, pour le reste, il se débrouillera avec les détails. Bien, maintenant… Comme il l’avait dit à Tayla, il ne comptait pas le livrer aux Siths, mais quoi en faire ? Pour le capitaine de ce destroyer, il pourrait lui dire qu’ils laissaient leur prisonnier aux autorités locales, simplement. Chacun pourra repartir de son côté.

– Si on vous laisse quelque part, sur une planète de l’Espace Sauvage, vous avez un moyen de contacter votre peuple ?

Faire eux-mêmes le trajet pour le conduire aux Régions Inconnues prendrait du temps et Eli voyait mal comment justifier ce délai pour mes équipes chargées de les suivre. Ils savaient quand ils devaient arriver dans chaque secteur, et l’itinéraire qu’ils devaient prendre. En dévier ne passera pas comme ça.

Ne rien dire. Les laisser chuchoter entre eux tant qu’ils voulaient, même si le sujet de la conversation semblait grave, de son point de vue. Durant le peu de temps que dura leur échange à voix basse, Favan réfléchit plutôt à ce qu’il pouvait se permettre de dire ou non, ce qui était important à préserver et ce qui pouvait être dévoilé sans que cela ne porte à conséquence. Finalement, ça ne représentait que très peu de choses… Dès lors qu’il devait dissimuler son identité, il devait aussi cacher celle de sa famille, ses origines, son travail et tout ce qui s’ensuivait, ce qui incluait de même dans quel "état" se trouvait l’Ascendance au moment de sa disparition. Un jeu d’équilibriste qui allait être très délicat à gérer. Pourtant, s’il disait quoi que ce soit, cela allait-il aussitôt modifier le futur ?

Ignorant la réponse, la prudence élémentaire recommandait de ne rien dire. Si d’aventure il devait voir prochainement un membre de son peuple, ce sera plus délicat. Un surnom était une chose, donner un nom complet avec que d’autres dans ce temps pouvaient déjà le porter ou être affilés à cette famille… Il ignorait d’où le véritable Olien était originaire, se servir de son identité reviendrait à se prendre lui-même les pieds dans le fil si jamais il tombait précisément sur un de ses ancêtres. A moins de garder ce surnom et d’inventer un nom complet, banal, ne pouvant se rattacher à rien. Il avait au moins la chance de connaître les noms à éviter, ou plutôt ceux qu’on ne devait pas utiliser ou se rapprocher.

Le lieutenant-colonel vint finalement s’asseoir face à lui, à table, soupirant avant de reprendre la conversation. Le pourquoi de ce saut dans le temps. S’il n’avait eu un ton et une posture si sérieuse, et s’il n’y avait eu toutes ces étrangetés, Favan aurait encore pu croire qu’il affabulait. Sa gorge se serra lorsqu’il imagina ce que ça représentait, la puissance nécessaire pour aboutir à une telle situation, et surtout, l’influence réelle de la Force pour accomplir ce genre "d’exploit". C’était phénoménal, il n’y avait pas d’autre mot. Et les conséquences ! Apprendre qu’un seigneur Sith serait donc à l’origine de cette fameuse pandémie ne le surprit qu’à moitié. "Les sensitifs et la guerre, les lourds problèmes…" le rejet avait toujours une source, dans un univers ou dans un autre.

"Si on vous laisse quelque part, sur une planète de l’Espace Sauvage, vous avez un moyen de contacter votre peuple ?"

Il repensa à son communicateur, inutilisable, puis à son comlink, plus petit, qui ne servait pour ainsi dire plus à rien, lui non plus. Ne restait que la solution de prendre un vaisseau et se rendre en personne jusqu’à l’Ascendance, en espérant ne pas être désintégré à la frontière par la Flotte de Défense, alors qu’il ignorait tout des codes de passage actuel. Et puis, devait-il vraiment regagner l’Ascendance ? Là-bas, il n’était pour ainsi dire plus rien, mis à part un élément perturbateur. Ses parents, grands-parents et arrières-grands-parents n’étaient pas censés être déjà venus au monde. Mais où aller… ? L’Empire Fel n’existait pas, la République non plus, la Confédération non plus. Il n’y avait que l’Empire et la promesse d’un siècle et demi de guerres en continue, face à eux tous.

"Je ne pourrai les contacter qu’en me rendant sur place, j’ai déjà essayé, plus rien ne fonctionne. Comme je vous l’ai dit, je peux me débrouiller, vous pouvez me laisser où vous le voulez."

Retourner auprès des siens ne lui semblait pas une très bonne idée. Il pourrait essayer de trouver des Jedis, pouvant le guider… Et ce n’était pas à ces deux-là qu’il pourra s’adresser pour retrouver son chemin. S’il se rassemblait bien, dans cette époque, personne ne savait où se trouvait l’Ordre Jedi, comment les retrouver lui-même ? Il connaissait simplement les noms ayant marqué ce temps. Il serait sans doute plus simple de rechercher le père du tout premier Empereur. Les Corelliens sont généralement bien plus aisés à repérer que les Jedis. Sauf un Jedi, mais il s’égarait.

"Même Adumar fera l’affaire. Vous n’entendrez plus parler de moi ensuite, je sais me faire oublier."

Le sergent aurait trouvé très utile qu’à l’académie, on leur enseigne aussi comment reconnaître les « signes » prouvant, ou donnant au moins des indices, pour indiquer qu’une personne pouvait être manipulée ou sous influence. Grâce à de la psychologie ou encore autre chose, elle n’en savait rien, mais au moins leur donner quelques clés ! Ici, elle se sentait complètement démunie et ne pouvait rien faire d’autre qu’observer, attentivement, à l’affût du moindre truc bizarre pouvant lui passer sous le nez. Elle écoutait, dans le même temps, dans un silence religieux, prête à réagir au cas où. Depuis qu’ils avaient commencé à travailler ensemble, elle avait toujours trouvé Eli très gentil, attachant, même, et elle l’appréciait vraiment beaucoup. Si jamais il se faisait manipuler, qui alerter et comment, pour qu’il ne soit pas purement et simplement exécuté par le BSI ?

Néanmoins, quelques minutes plus tard, elle faillit bien perdre son sang-froid, retenant à la dernière seconde la remarque lui brûlant les lèvres. Il venait de lâcher à leur homme, tout naturellement, que la pandémie avait été causée par un Sith, Darth Plagueis, d’un ton si convaincu qu’elle en vint même à douter. Plagueis… Elle connaissait ce nom, elle avait même croisé une fois le Sith sur le vaisseau de Tarkin, il y a bien des mois, plus d’un an, mais par chance, elle ne l’avait pas approché à moins de quinze mètres. Elle savait ce qu’il était et à quel point il avait terrorisé l’équipage. Cependant, il était mort ! Bien avant la pandémie. Comment serait-il responsable de cette dernière… ? Ou bien était-il revenu par une de ces fameuses failles ? Mais l’Empire ne lui aurait jamais laissé l’opportunité de travailler sur…

Le fil de ces arguments fut de nouveau brisé lorsqu’elle repensa aux bâtiments impériaux, qui avaient été vus en orbite de Lysatra plusieurs jours durant, avant que l’alerte pandémique ne soit déclarée. Beaucoup des personnes rencontrées depuis deux mois, réfractaires à toute idée d’une rencontre avec l’Empire, ne voyaient aucun hasard là-dedans. Tayla eut un long frisson d’effroi en imaginant l’Empire bel et bien capable de fournir équipage, matériel, ressources et finances à un seigneur Sith pour qu’il puisse travailler sur une telle maladie. Mais pourquoi ? Créer une arme biologique dévastatrice ? Qui avait échappé à tout contrôle avant même qu’elle ne puisse être utilisée par les impériaux ? Ou qui avait volontairement échappé à tout contrôle par le travail d’un seul homme ? Tayla se sentait pâlir de plus en plus, les jambes en coton.

"Si on vous laisse quelque part, sur une planète de l’Espace Sauvage, vous avez un moyen de contacter votre peuple ?"

"Je ne pourrai les contacter qu’en me rendant sur place, j’ai déjà essayé, plus rien ne fonctionne. Comme je vous l’ai dit, je peux me débrouiller, vous pouvez me laisser où vous le voulez."

L’idée de lâcher un nouveau sensitif dans la nature, qu’il soit espion ou pas, venait brusquement de passer au second plan, tant la jeune femme était occupée à intégrer l’idée que l’Empire puisse réellement être responsable, volontairement ou pas, d’une pandémie dévastatrice qui avait coûté tant de vie et presque décimé l’Espace Sauvage. Si c’était bien ce sith qui en était responsable, alors l’Empereur avait une part de responsabilité. Soit par négligence et défaut de surveillance, soit en ayant vraiment voulu que la maladie se déchaîne à un tel point. Tayla refusait de croire à la seconde option, en revanche, la première restait plausible. Et comment Eli pouvait-il en être si sûr, avec ça ? Que ce Sith était bel et bien le responsable ?! Quel preuve avait-il, comment était-il sûr que l’Empire avait sa part de responsabilités ? Avait-il vu ou entendu quelque chose, ou n’était-ce que des présomptions ?

Qu’ils lâchent ce type sur Adumar, sur Corellia ou sur Tatooine, aucune importance, mais qu’il dégage de son côté ! Elle en avait assez et était pressée d’interroger son collègue, en privé. Parce que si tout ça était vrai… En attendant d’avoir enfin une occasion, elle se contenta de suivre sagement le rythme, suivant son collègue, répondant de façon très brève à certaines questions, et ne disant rien de plus pour le trajet retour pour Adumar, où ils devaient y laisser le Chiss. Elle ne dit rien non plus lorsqu’ils repartirent à nouveau, ressassant en boucle alors qu’ils s’éloignaient de la planète, en route pour leur prochaine destination. Rentrer les coordonnées, quitter l’orbite, puis passer en vitesse-lumière… Au bout d’un moment, elle passa en pilotage automatique, puis poussa un long soupir.

"Donc… Tu crois que l’Empire a volontairement fourni les ressources nécessaires à Plagueis et qu’il en a profité pour créer une maladie, qui a dégénéré en pandémie galactique."

L’option qu’il soit manipulé pour le croire restait elle aussi entièrement possible. Et très honnêtement, Tayla aimerait bien mieux découvrir ça que devoir accepter qu’un Empereur avait vraiment laissé la bride assez libre à un Sith, pour qu’ensuite, la situation dégénère à un tel point.

"Quelles preuves as-tu que ce soit vrai ? Qu’as-tu vu ? Et qui l’aurait vu également ?"

C’était… à peu près réglé, disons. Eli ignorait si la capitaine du destroyer allait faire un rapport sur son attitude, même s’il ne le pensait pas. Il verra bien. Ce n’est plus ce qui l’inquiétait le plus, de toute manière, envisageant de moins en moins de rester encore bien longtemps au sein de cette armée. Quant à Tayla, elle devait soit être inquiète, soit en colère, soit les deux. Durant tout le reste du temps sur le destroyer, puis en laissant Olien sur la planète, elle ne parla quasiment pas, le visage presque inexpressif. Il commençait à bien la connaître, à force, et se doutait que ça n’allait pas durer. Dès qu’ils seront seuls… Une fois le Chiss descendu, et reparti, Eli referma la rampe puis ils se préparent à repartir. Le destroyer communiqua une dernière fois avec eux, pour les mesures de sécurité, puis ils se mirent en route.

Comme prévu, Tayla attendit qu’ils soient passé en vitesse-lumière, avant de mettre la navette en contrôle automatique et attaquer le sujet. Eli retint un soupir à son tour, tout en détachant le harnais de son siège, mis avant le passage en hyperespace. Non, il ne « croyait » pas que l’Empire était responsable de tout ça, il accusait l’Empire d’être responsable de tout ça. Voilà toute la différence. Elle ne le croyait peut-être pas, mais si elle voulait des preuves, ou des témoignages, ce n’est pas ce qui sera le plus compliqué à fournir. Il accusait les Siths, et les autres pour l’avoir laissé faire, il les accusait de n’avoir aucune idée de la valeur de la vie, de ne rechercher que la mort, le chaos et la destruction. Il les accusait de ne songer qu’à leurs intérêts personnels et d’être prêts à tout pour parvenir à leurs fins.

– Quelles preuves as-tu que ce soit vrai ? Qu’as-tu vu ? Et qui l’aurait vu également ?

– Même Tarkin pourrait te confirmer que Plagueis était revenu. Pas par les failles, j’ignore comment il s’y est pris, mais il avait possédé le corps d’un Humain. Il a été vu avant la destruction de Manaan. Puis je l’ai croisé, en personne, sur Lysatra. C’était avant la déclaration d’alerte pandémique. J’étais parti retrouver mes parents, ils étaient malades, je voulais comprendre ce qui se passait sur la planète. Là-bas, je suis tombé malade aussi, mais surtout, j’ai vu ce type, entrer chez nous.

Il ne pouvait pas raconter dans le détail ce qui s’était passé après… La peur et l’horreur restaient profondément ancrées en lui, même des mois après, et il n’avait pas envie d’avouer à quel point le traumatisme lui nouait encore la gorge seulement en y repensant. Il avait juste pâli et serré les mains contre lui pour ne pas montrer ses tremblements. Il s’agissait de passer au-dessus, continuer à vivre, ne plus laisser les souvenirs et les cauchemars le hanter. Aussi se contenta-t-il de donner les faits dans les grandes lignes à Tayla, en évitant au maximum de rentrer dans les détails. La peur devait quand même se lire dans sa voix, malgré tous ses efforts, il n’arrivait pas à effacer le sourire torve du Sith de son esprit.

– Il a été arrêté, puis enfermé. Mais c’était trop tard, le mal était déjà fait. Thrawn… pardon, l’amiral Thrawn peut te le confirmer aussi, le colonel Yularen également… Je n’ai pas juste vu ce problème, je l’ai vécu. Cinq mois bloqué dans un lit d’hôpital, à combattre la mort, à cause d’un Sith fou que l’Empereur a laissé en liberté, ça te laisse le temps de réfléchir à ta loyauté. Tu peux aussi demander au médecin-chef du Chimaera ou à d’autres encore.

Il s’interrompit pour reprendre son souffle, sentant qu’il commençait à perdre son sang-froid.

– L’Empire est responsable, même s’il n’est pas entièrement coupable. Et je me fiche que l’Empereur ait fait participer ensuite tout le monde à la coalition, c’était un peu tard pour réagir ! C’est même pire, de l’hypocrisie pure et simple, puisque des Siths continuent de toute façon à agir à ses côtés. On a rien, aucune preuve affirmant qu’ils sont moins cinglés que Plagueis et qu’ils ne finiront pas par commettre un massacre comme le sien ! Absolument rien ! Un Empire, ça peut être bien, mais pas avec « ça » à sa tête, ni avec ce genre de cinglés tournant autour. Lorsque cette mission sera terminée, je ne sais pas encore où j’irai, mais ça ne sera pas pour obéir à ces infections.

"Même Tarkin pourrait te confirmer que Plagueis était revenu. Pas par les failles, j’ignore comment il s’y est pris, mais il avait possédé le corps d’un Humain. Il a été vu avant la destruction de Manaan. Puis je l’ai croisé, en personne, sur Lysatra. C’était avant la déclaration d’alerte pandémique. J’étais parti retrouver mes parents, ils étaient malades, je voulais comprendre ce qui se passait sur la planète. Là-bas, je suis tombé malade aussi, mais surtout, j’ai vu ce type, entrer chez nous."

"Tu l’as vu…"

La jeune femme préféra s’interrompre, en constatant à quel point il pâlissait au fur et à mesure, et aussi son attitude, il se renfermait complètement sur lui-même, peut-être ne pas trop dévoiler qu’il ne se sentait pas bien. Elle avait déjà vu plus d’une fois ce genre de comportement chez des soldats ou des personnes qui avaient vécu un lourd traumatisme, comme si cette posture aidait à mieux se protéger. Il avait beau en dire, c’était déjà assez pour visualiser la scène… De quoi vous glacer le sang. Et elle sentait bien qu’il ne mentait pas… Des simulateurs, elle en avait vu beaucoup, mais il y avait des manières, des tics, des attitudes qu’il n’était pas possible d’imiter. D’un coup, elle ne fut plus très sûre de l’attitude à adopter. Il lui faisait de la peine, et dans le même temps, elle ne comprenait plus pourquoi il portait toujours cet uniforme malgré tout.

"Il a été arrêté, puis enfermé. Mais c’était trop tard, le mal était déjà fait. Thrawn… pardon, l’amiral Thrawn peut te le confirmer aussi, le colonel Yularen également… Je n’ai pas juste vu ce problème, je l’ai vécu. Cinq mois bloqué dans un lit d’hôpital, à combattre la mort, à cause d’un Sith fou que l’Empereur a laissé en liberté, ça te laisse le temps de réfléchir à ta loyauté. Tu peux aussi demander au médecin-chef du Chimaera ou à d’autres encore."

Oui… Tayla eut au moins la confirmation qu’Eli était proche de l’amiral, voire qu’ils devaient être amis, il l’appelait très naturellement par son nom plutôt qu’en utilisant son grade, un réflexe pourtant habituel chez n’importe quel soldat, peu importe le rang. Elle regrettait presque d’avoir posé la question, maintenant, horrifiée d’entendre ça, horrifiée que l’Empereur ait pu laisser une horreur pareille se produire, horrifiée d’entendre une histoire pareille. Une partie de son esprit continuait de lui crier, quoi que de plus en plus faiblement, que ce n’était pas possible, qu’il devait y avoir autre chose. Et l’autre partie commençait à y croire. Aussi car si le colonel Yularen portait foi à ça aussi, c’est que ça devait être vrai. Il avait une réputation d’incorruptibilité totale, en plus d’être un bon enquêteur. Rien que ça prouvait que l’histoire était vraie…

Ce qui soulevait des questions bien plus graves. Si le colonel Yularen était au courant de ces agissements, que pouvait-il faire pour les contrer ? Si d’autres Siths suivaient le même chemin ? Et l’amiral Thrawn ? Et tous ceux qui devaient être au courant ? Si l’Empereur cautionnait pareils actes, qui sait ce qui allait se produire ensuite ?

"On a rien, aucune preuve affirmant qu’ils sont moins cinglés que Plagueis et qu’ils ne finiront pas par commettre un massacre comme le sien ! Absolument rien ! Un Empire, ça peut être bien, mais pas avec « ça » à sa tête, ni avec ce genre de cinglés tournant autour. Lorsque cette mission sera terminée, je ne sais pas encore où j’irai, mais ça ne sera pas pour obéir à ces infections."

Il comptait déserter dès la fin de cette mission ?! Tayla se doutait qu’il supportait de moins en la situation, mais qu’il lui avoue aussi platement qu’il comptait déserter ! Elle ne savait plus quoi dire, quoi faire, comment réagir, et se leva finalement un peu brusquement, préférant s’isoler un peu pour le moment. Elle se réfugia d’abord dans la cabine qui servait de salle d’eau, pour s’en passer sur la figure. Bon sang… Bon sang… Détachant ses cheveux, elle passa les doigts dedans pour les lisser et masser un peu, les yeux fermés, puis enleva aussi sa veste, avec le sentiment d’étouffer. L’Empire, la pandémie, Plagueis, tous ces morts, les Siths, la complaisance de l’Empereur, tout ça lui tournait la tête. Elle s’assit par terre, contre la cloison, la tête entre les mains. Détruire une planète ne serait pas le pire crime commis par l’Empire… Mais alors…

Elle resta facilement une heure entière dans la salle de bain, avant d’en sortir, sans prendre la peine de remettre correctement son uniforme ou attacher ses cheveux. De toute façon, il l’avait déjà vu en débardeur et en jupe, en robe aussi, sur certaines planètes, alors quelle importance. Elle se contenta de reprendre sa veste, pour la rejeter dans un coin, et revint vers Eli, dans le coin où ils cuisinaient, mangeaient, et se reposaient. S’asseyant à côté de lui sur la banquette, elle ne parla pas tout de suite, plongée dans ses pensées et un peu sonnée encore par toute cette affaire.

"Si tu désertes, tu vas te faire poursuivre" finit-elle par soupirer, "peu importe où tu iras. Ils remuent encore plus ciel et terre pour mettre la main sur les officiers de haut rang, car ils savent qu’ils peuvent livrer bien plus d’informations gênantes. Personne n’acceptera d’écouter tes raisons, s’ils te remettent la main dessus. Tu seras juste exécuté."

Elle avait mal au cœur à cette idée. Même s’ils ne s’étaient pas rencontré il y a des lustres, ça faisait plus de deux mois qu’ils ne se quittaient plus du tout et elle avait appris à le connaître. Ils s’étaient rapprochés, doucement, et elle le trouvait très attachant. Imaginer le voir passer devant une Cour Martiale puis un peloton d’exécution… Elle posa une main sur son épaule, tournée vers lui, puis hésita. Comment lui faire comprendre qu’elle n’avait pas envie qu’il lui arrive quelque chose à cause d’une seule décision et que personne ne pourra l’aider ? Se penchant, elle ferma les yeux, et l’embrassa brièvement sur les lèvres, presque furtivement, le rouge remplaçant en partie la pâleur.

"Ne fais rien de stupide…"

Il l’avait fait fuir. Carrément. Quel imbécile… Eli lâcha un énorme soupir, tandis qu’elle s’enfermait dans la salle de bain, en laissant retomber sa tête contre l’appui du siège. Il avait été trop franc … ? Ou peut-être qu’elle n’était pas encore prête à entendre ça ou qu’elle n’y croyait pas. Dans tous les cas, il aurait mieux fait de la fermer, au final, il venait de saboter tout seul, comme un crétin, le travail qu’ils devaient mener en coopération, ça allait être du joli, si elle n’avait plus confiance ! En plus de ça, il s’en voulait, il n’avait pas voulu qu’elle s’éloigne ou quoi que ce soit d’autre, bien au contraire. Imbécile… Une main contre le visage, il soupira encore, sans plus bouger. Bah, de toute manière, c’était sans doute voué à se terminer comme ça depuis le départ… Tayla était encore loyale envers l’Empire, pas lui, tôt ou tard, ça se serait su…

Si elle ne voulait plus travailler avec lui à cause de ça, il pourrait le comprendre. Il y aura sans doute un moyen de s’arranger malgré tout, pour qu’elle aille avec une autre équipe, par exemple. Il fallait en parler au capitaine. Quant à lui, à voir… Continuer quand même ou se contenter de disparaître dans la nature ? Il ne savait toujours pas où aller. Enfin, si, il avait eu quelques idées, mais toutes seraient bien trop prévisibles. Sans compter que s’il désertait, il devra aussi trouver un endroit sûr où ses parents pourront vivre. Il s’en voulait de penser à leur infliger ça en plus, une vie de clandestinité, alors qu’ils avaient déjà tout perdu. En plus de ça, il ne voulait pas que Tayla ait des ennuis si on l’interrogeait ensuite. Jamais il n’aurait dû lui en parler.

Quittant lui aussi le poste de pilotage, il alla s’asseoir sur une petite banquette, dans le coin « détente » de la navette. Il y était toujours, occupé à réfléchir, lorsque Tayla revint. Elle s’était mise un peu plus à l’aise, et il n’osa pas lui dire aussitôt de tout oublier, que ce n’était pas grave, quand elle vint s’asseoir à côté de lui. Si elle voulait partir dès maintenant, ça serait un peu compliqué, par contre. A leur arrivée sur la prochaine planète, déjà, ce sera plus simple, mais ils devront d’abord en parler à leurs supérieurs hiérarchiques.

– Si tu désertes, tu vas te faire poursuivre, peu importe où tu iras. Ils remuent encore plus ciel et terre pour mettre la main sur les officiers de haut rang, car ils savent qu’ils peuvent livrer bien plus d’informations gênantes. Personne n’acceptera d’écouter tes raisons, s’ils te remettent la main dessus. Tu seras juste exécuté.

– Je sais…

S’ils lui remettaient la main dessus. Il y avait bien des déserteurs qui n’étaient jamais retrouvé. Et d’autres qui mourraient vite. Il se retourna vers elle quand elle lui posa une main sur l’épaule, avec un très faible sourire, pour qu’elle ne s’inquiète pas. Elle pouvait faire comme si elle n’avait jamais rien entendu, comme s’ils ne s’étaient jamais vraiment parlé non plus, depuis tout ce temps. Il allait lui dire lorsqu’elle se pencha doucement. Le cœur d’Eli rata un brusque battement lorsqu’elle l’embrassa, rougissant de plus belle. Elle, elle, il… Il avait cru que…

– Ne fais rien de stupide…

– Je serai prudent.

Il avait des « assurances » à prendre avant de faire quoi que ce soit, de toute façon, il ne pouvait pas tout plaquer sur un coup de tête. Plutôt que d’y repenser, là, de suite, il embrassa plutôt Tayla doucement, les yeux fermés, en la prenant dans ses bras…