Une première pour mettre les choses au clair [PV Leia Organa]

Paraître sûr de soi était une chose, l’être sincèrement en était une autre. La réponse de sa compagne lui arracha un léger rire, tandis qu’elle se penchait un peu plus. Ses gestes pouvaient être maladroits, peut-être trop rapides, voire blessants, elle n’en savait rien, navigant à vue sur un terrain parfaitement inconnu. Son expérience des échanges amoureux se limitaient à des étreintes et des baisers, elle n’avait jamais poursuivi plus loin, et surtout, personne, depuis l’âge de la maturité, ne l’avait vu nue. Une légère touche de peur persistait, dans le fond, malgré l’assurance affichée. Une touche qu’elle laissa couler simplement en se laissant aller, en se détendant, car elle savait qu’elle ne risquait rien. C’était presque une aberration à dire, pour l’ancienne rebelle qu’elle était, mais elle se savait en assez bonne sécurité, au cœur même du palais impérial. On ne pouvait les atteindre, on ne pouvait les voir, les rebelles ne pouvaient pas déjà lancer une attaque contre la planète, et il y avait des Siths veillant dans l’ombre. La sécurité de la planète, qui l’avait tant fait grincer des dents auparavant, était devenue aujourd’hui une bénédiction. Pour cet instant précis plus que tout.

Même légers, les vêtements formaient une couche de protection, si on pouvait dire cela ainsi, la toute dernière couche qui vous restait avant d’être vraiment exposés. Sans défense. Leia n’avait aucune envie ni volonté de se « défendre », à l’heure actuelle, au contraire, elle en voulait plus. Si tout s’arrêtait dès à présent, elle sentait que sa frustration serait des plus immenses. Au toucher, peau à peau, la sensation était encore très différente et lui arracha un très long frisson. Dans la faible lumière de la chambre, apporté par les lumières lointaines de la ville depuis les baies, aux rideaux à moitié fermés, la scène était presque surréaliste. Takara avait la peau si pâle, plus que la jeune femme ne l’avait escompté, et la cascade de cheveux roux qu’elle fit tomber ne fit que renforcer le contraste. C’était plutôt saisissant. Elle possédait une beauté naturelle que son armure ou tenue habituelle ne lui permettait pas de dévoiler, laissant à la place un autre côté, plus strict et formel. Plus froid. Mais ce soir, les éclats de lumière extérieurs reflétaient joliment contre les mèches rousses, un effet dont Takara ne se rendait peut-être pas compte.

Leia passa les bras autour des épaules et du cou de sa compagne, lorsqu’elle se pencha plus avant au-dessus d’elle, en reprenant ses baisers. Les yeux fermés, profitant de l’instant présent, elle ne se fiait qu’à ses sensations. De toute manière, la partie rationnelle de son esprit était déjà partie bien loin d’ici depuis déjà longtemps. Elle était juste heureuse de sentir ce souffle chaud contre son cou, puis son oreille, sentir qu’elle n’était plus seule, sentir qu’elle n’avait pas forcément besoin de rester seule. Qu’elle n’y était pas obligée, que même en empruntant cette nouvelle voie, elle pouvait y trouver des alliés. Une personne à aimer. Peu importe que ça soit née d’une impulsion ou d’un manque de réflexion, que ce ne soit pas réfléchi.

– Je crains qu’il ne fasse connaître absolument tous les détails, votre Altesse.

– Ce sera loin d’être pénible à accomplir.

Dans l’obscurité, elle se sentait bien. Plus confiante, plus en sûreté, plus entreprenante. Les ténèbres légères qui les entouraient lui apportaient un sentiment de réconfort, comme si tout danger était écarté par ce seul fait. Une atmosphère réconfortante, qui participait à l’ambiance de désir installée, et même la renforçait. Elle répondit au baiser de Takara sans honte ou gêne, corps contre corps, sa tension grimpant un peu sous les caresses. Se laisser aller à son désir, ça aussi était nouveau. Très agréable. Bientôt, elle eut trop chaud pour conserver les derniers vêtements restant encore, ces derniers glissèrent hors du lit, pour tomber au sol, ignorés. Libérée de tout ça, elle se laissa aller à leur jeu de baisers et d’exploration. Découvrit une autre sorte de passion, purement physique, dans les bras d’une autre femme. Les dernières miettes de peur s’étaient finalement évaporées. Inconsciemment, Leia s’ouvrait même plus à la Force qu’elle ne l’avait jamais fait, pour mieux ressentir les sentiments et impressions de sa compagne. Ses propres ressentis vaguaient en libre flot, la jeune femme ne tentait même pas de les retenir un tant soi peu.

Le temps lui-même devint une donnée très abstraite. La passion pure et le désir furent ses seuls guides, alors qu’elle se plongeait dans cet échange avec la rouquine, ignorant le monde extérieur et tout ce qui pouvait les y attendre. Elle s’y plongea jusqu’au moment où la fatigue reprit en partie ses droits. Elle était bien, satisfaite, le corps encore en feu, mais ressentant une certaine… détente. Ainsi, elle termina allongée sur le côté, contre Takara, les yeux à demi-fermés, en la tenant dans ses bras. Rattrapée en partie par la crainte qu’elle ne disparaisse tout à coup, comme si tout cela n’avait été qu’un beau rêve… Dans le même temps, elle se disait que si ce n’était vraiment qu’un rêve, alors elle pouvait aussi mourir en paix, désormais, car elle aura eu droit à un moment de bonheur, sans avoir à se soucier de rien d’autre. L’instant suivant cette pensée, elle se blottit un peu plus contre Takara, fermant complètement les yeux. En paix, dans les bras d’une Sith. La Force avait un sens de l’humour très particulier.

– Quoi qu’il arrive, maintenant, je serai à moins heureuse d’avoir pu vivre ça avec toi…

Un bref murmure, assez faible. Elle ne pouvait oublier que Takara finisse par disparaître, ravalée par une faille mystérieuse, que Leia se fasse tuer par ses anciens compagnons rebelles, ou elle ne savait quoi encore. Au moins, dans cette vie de fous, elle aura pu profiter de cet instant.

Avec le temps et le ballet des corps, la fatigue et la satisfaction avait doucement mais surement prit le pas sur leur entrain amoureux et l’extase des sens. Tout comme Leia, Takara avait fait fi de tout le reste pour se laisser guider par le désir et la passion de leur moment charnel et fusionnel. Bien que surprise par la tournure prise par les événements, la sith avait fini par retomber sur ses pieds et prendre une décision qu’en cet instant elle ne regrettait pas bien que quelque part, la rouquine avait encore du mal à croire à ce qui venait de se passer, et en même temps, elle s’était sentie portée, pendant tout ce temps, comme détachée du monde, à voguer dans un entre-deux délicieux où ne se tenaient qu’elles, telles deux âmes fusionnant au cœur de la Force. Bien qu’exténuée, la flamme qui avait animé leurs ébats continuait de brûler, bien que plus paisiblement. Allongée dans les draps, elle se souvenait de ce qu’elles avaient partagé plus tôt, comme ce souvenir d’un de leurs nombreux longs baisers tandis que leurs corps ondulaient au rythme de leur désir grandissant, maintenant en elle ce sentiment de plénitude et d’abondance qu’elle avait capté jusqu’au cœur de la Force, car la sensibilité à la Force rendait en effet l’acte amoureux, pour peu que l’on laisse l’autre se connecter à soi par l’esprit et par l’aura que l’on pouvait dégager, autrement plus intime qu’un simple rapport avec une personne normale.

Beaucoup cependant s’attachait uniquement à leur propre plaisir, car c’était celui que l’on pouvait aisément se saisir et ressentir et c’était en effet un sentiment troublant que de ressentir à la fois le plaisir physique personnel que l’on pouvait en retirer, mais aussi au même moment le contentement du partenaire à travers la Force. C’était Parlan, dans un passé désormais lointain, qui lui avait fait entrevoir cette possibilité et, depuis lors, Takara n’avait jamais pu s’en passer. Parlan n’était plus au cœur de ses sentiments depuis quelques temps maintenant, avant même l’intervention des failles dans la vie de la rousse et quelqu’un d’autre désormais, peut-être, avait pris sa place.

Justement, le mouvement du corps de Leia contre elle ramena néanmoins Takara à la réalité et la sith laissa ses yeux parcourir doucement le corps de son amante qui dépassait des draps, et aussi ce qui était en dessous et qu’elle devinait sans mal, pour en avoir eu une connaissance intime il y a peu. Certains trouveraient sans doute cocasse d’apprendre, s’ils le pouvaient, que la personne assignée par l’Empereur lui-même à l’éducation de sa nouvelle apprentie ait fait le choix de briser si rapidement et si brusquement le fossé sensé séparer le maitre et l’élève pour entrer dans une relation plus passionnelle, surtout qui plus est venant d’une sith qui avait, encore il y a peu, refusé les avances d’une femme sous le prétexte qu’elle ne ressentait que trop peu d’attirance pour des individus du même sexe. La Force, ou le destin comme certains aimaient l’appeler, avait effectivement un humour très particulier mais qui, en cet instant, méritait d’être apprécié, surtout que Takara avait choisi d’aller vers Leia, complètement, et ce dès le moment où elle avait décidé de la laisser déposer ce premier baiser timide, pour lui dire qu’elle retournait les sentiments qu’elle lui portait. Tout ce qui c’était passé après, leur discussion, leurs échanges, elle l’avait voulu, au point même de prendre les devants à un moment.

Pour toutes ces raisons, et encore d’autres qui ne regardaient que les images précieuses qui défilaient devant ses yeux et n’appartenaient qu’à la princesse et elle-même, uniques souvenirs de ces quelques heures volées à la nuit et à leur vie, la rouquine laissa glisser ses doigts dans la chevelure de Leia dans un mouvement d’une lenteur purement distraite, à l’instar du murmure très léger et à peine soufflé de son amante, parfaitement touchant et romantique, bien qu’il venait rappeler à la rouquine que sa présence dans cette époque ne serait peut-être pas éternelle. Takara s’humecta les lèvres, désireuse de répondre, mais son propos, à peine murmuré, lui sembla bien maladroit.

« Je serais heureuse de pouvoir le vivre encore une fois… »

Le soupir de bien être qui suivit en disait en réalité bien plus long que ces quelques mots sur son désir de voir cet instant perdurer encore et encore, peut-être éternellement, et ce malgré sa conscience du devoir qui était le sien, et de la distanciation qu’il requérait pour être mené à bien. Comment, en effet, un maitre pouvait enseigner quoi que ce soit à son élève si leur relation n’était plus verticale mais horizontale ? Comment pourrait-elle regarder Leia avec un regard parfaitement détaché et impartial lorsqu’elle la mettra à l’épreuve ? La réponse Takara la connaissait pourtant déjà et résidait dans la maitrise qu’elle avait de ses émotions, maitrise qu’elle avait abandonné après ce diner et qu’elle devrait retrouver le moment venu, lorsque la situation l’exigerait. Elle entrevoyait une relation particulière, à la fois détachée et passionnelle à condition, bien sûr, que son amante ne fasse pas des siennes. Elle devrait de toute façon se contrôler, tout comme elle, si elle voulait que leur relation fusionnelle reste discrète.

Takara se laissait néanmoins porter par cet instant reposant et la sensation du corps de la princesse contre le sien, se repliant légèrement contre elle pour mieux apprécier sa présence et redressa légèrement la tête pour venir embrasser doucement le haut du crâne de la princesse avant de finalement enrouler son bras avec délicatesse autour de son corps. Elle resterait dans ses appartements et dans son lit, avec elle, et toutes les deux garderaient le secret de ce qui avait bien pu s’y passer…