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Le soir était tombé, sur le Temple, depuis deux bonnes heures maintenant. Ils étaient plusieurs Padawans à s’être réunis dans un petit espace à l’écart, pour s’entraîner au sabre ensemble. Nuru venait de finir son tour et se laissa presque retomber assis par terre, pour reprendre son souffle. Son adversaire du moment et ami éclata de rire en venant le rejoindre puis lui lança qu’il se fatiguait vite, depuis quelques jours. Ensemble, ils regardèrent les suivants, bavardant un peu, de la guerre surtout. Nuru commençait à somnoler un peu, le dos appuyé contre le mur, quand un bruit lointain se fit entendre et qu’il sentit une perturbation dans la Force. Inquiet, comme les autres, il se releva juste au moment où une alarme retentit soudainement, puis que des hurlements fusèrent. Ils bondirent presque à l’unisson, sabres en mains, courant voir ce qui se passait. Puis des coups de feu éclatèrent, avec de lourds bruits de combat, la voix d’un de leur maître criant aux enfants de s’enfuir.

Le jeune garçon stoppa dans une glissade brusque et se cacha juste à temps pour éviter un coup de blaster dans leur direction. Sous ses yeux horrifiés, Skywalker était là, en bas à l’entrée du Temple, à se battre contre leurs maîtres. Il y avait des soldats clones, très nombreux, qui tiraient sur tous, même sur les tous-petits… Il activa son sabre et para d’autres tirs dans leur direction, complètement confus par ce qui se passait. Ces hommes, ils ne pouvaient pas… Pourquoi se retourner comme ça contre eux ?! Sa surprise le paralysa presque puis le combat lui-même se chargea de le ramener brutalement à la réalité. Ils étaient là pour les tuer, rien de plus, rien de moins, pas le temps de réfléchir. Les clones avançaient, insensibles, derrière Skywalker, impitoyables. Nombreux. Trop nombreux. Vite dépassés, les quelques enfants de leur petit groupe reculèrent encore, couverts par les derniers maîtres encore debout, mais ils se retrouvèrent vite acculés. Dépassés.

La douleur vive et brûlante d’un tir de blaster le frappa violemment au niveau d’une hanche, puis dans la jambe, et il chuta, perdant son sabre dans l’affaire. Tombant au sol avec un brusque hoquet de douleur, il releva ses yeux rouges sur le soldat qui le surplombait. Sur l’arme du canon pointé sur lui. A peine un souffle, à peine le temps de voir le feu rougeoyant au bout de l’arme et le coup partit. Il perdit d’un coup la vision, les sons et les odeurs, chutant… Chutant dans un grand trou noir… La douleur disparu à son tour mais pas le choc, ni cette terrible sensation d’une chute terrible dans le vide et le froid. Sa propre voix lui échappait, il ne pouvait même pas crier. Au bout d’un moment, il cessa de lutter, se laissant juste aspirer dans ce gouffre sans fond sans essayer de s’accrocher à quoi que ce soit. Puisque c’était la fin… Il attendait juste d’atteindre cette paix, promise dans la Force, atteindre enfin un état où il n’aurait plus à se soucier de rien…

D’un coup, un brusque souffle le secoua de part en part. Il sentit un contact froid et dur, contre sa joue, comprenant qu’il était allongé à plat ventre sur… ça devait être une sorte de carrelage. C’était ça, la paix dans la Force… ? Nuru rouvrit péniblement les yeux, très courbaturé et endolori, comme si tout son corps avait été roué de coups. Il ne sentait par contre par ses blessures à la hanche et la jambe, ni la dernière, fatale, en plein torse. N’était-il pas mort… ? Comment ?! Il… Une paire de pieds apparut d’un coup dans son champ de vision, puis il vit un homme d’âge moyen s’accroupir à côté de lui. L’air blasé, et un peu inquiet, bras croisés contre lui. Il portait un uniforme inconnu. Le jeune garçon ne bougea pas, encore plus perturbé.

– Qui es-tu, gamin ?

– Nuru, bafouilla-t-il en essayant vainement de remuer. Je suis… mort ?

– Pas que je sache. Quel âge as-tu ?

– Quatorze ans… On est où ?

– Dans une cantine.

Quoi ?! Mais… Il voulut encore bouger, et cette fois, l’humain accroupi à côté de lui bougea pour l’aider. Il l’attrapa d’abord par les bras, puis sous les épaules, pour le faire s’asseoir contre le mur derrière eux. La tête lui tourna et il se retint de vomir. Une fois repris un peu ses esprit, il vit effectivement toute une cantina, plongée dans le plus grand silence, avec une flopée de visages tournés vers eux, certains stupéfaits, d’autres tout aussi blasé que l’homme qui l’avait aidé. C’était bien des militaires, mais de quelle armée, ça, il n’en avait aucune idée. Il baissa après la tête vers sa hanche, intacte, même sa tunique de Padawan n’avait pas une seule trace de coup de blaster. Puis la releva vers l’humain, encore plus perdu.

– Je ne suis pas mort, vous êtes sûr… ? Parce que ce n'est pas normal ! J'étais... Le type m'a tiré dessus à bout portant, alors... Ou bien vous travaillez pour acceuillir les morts, un truc comme ça ?

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Dés
Popper doucement : 4
Endroit discret : 19
Réaction des hommes : 1

Pourquoi ils riaient, il avait dit quelque chose de drôle… ? S’il n’avait pas déjà l’habitude des situations parfaitement invraisemblable, il aurait déjà paniqué depuis longtemps ! Le stress, lui, par contre, était bien là, et faisait battre son cœurs à une vitesse de plus en plus folle, tandis qu’il essayait, tant bien que mal, de comprendre comment on passait d’une exécution pure et simple sur votre humble personne à la cantina d’un vaisseau, parfaitement indemne. A moins qu’il ne soit devenu fou et ait juste rêvé tout ça ? Rêvé l’attaque contre le Temple ? Très confus, il remercia du bout des lèvres u autre humain qui lui tendit un gobelet, buvant par pur automatisme, avant de réaliser que c’était juste du chocolat. C’était… gentil. Il lui adressa un faible sourire, toujours très raide et confus, mais au moins rassuré sur son environnement. Bien qu’il n’ait toujours absolument aucune idée d’où il était tombé.

Après ça, il se releva avec un peu de peine pour suivre l’officier qui avait parlé le premier, tremblant mais stable sur ses jambes. En sortant de la cantine, et marchant derrière l’homme, il se tâta discrètement la hanche, appuya, ne ressentit strictement aucune douleur. Il n’avait rien non plus ailleurs, à part un lourd sentiment de fatigue et des douleurs comme de grosses courbatures, il était en forme. Ce n’est qu’à ce moment, alors que le choc premier tombait peu à peu, qu’il réalisa qu’il ne sentait plus du tout la Force… Mais… Plus, comme… Un vide… La panique revint tout aussi sec, puis il la ravala, la renfermant au fond de lui comme toutes ses autres émotions. Il était perturbé, même s’il ne le montrait pas. Du calme, il n’était pas en danger, ou plutôt, ne se sentait pas en danger. L’était-il ? Tant qu’il ne savait pas où il se trouvait et comment il était arrivé, de toute façon… En attendant, rester parfaitement calme et serein.

A la sortie de l’ascenseur, il vit plein de petites créatures bizarres, des sortes de lézard, un détail parfaitement incongru, dans un vaisseau militaire. Son regard s’y attacha tant qu’il faillit rentrer le nez tout droit dans le soldat, lorsqu’il s’arrêta devant une porte. Nuru ne stoppa que de justesse, puis attendit que la porte s’ouvre avant de le suivre. Une pièce sombre, avec divers hologrammes qui tournaient lentement, mais ce qui frappa le plus le jeune garçon, ce fut surtout celui qui les attendait. Il ne put pas cacher sa surprise, cette fois, s’étant attendu à tout sauf à tomber sur quelqu’un appartenant à son ancien peu… A son peuple. Ça ne lui était arrivé qu’une seule fois, et cette dernière rencontre avait été… très… sportive, pour rester poli. Par la Force, que se passait-il, cette fois… ? Où avait-il atterrit et pourquoi ?! Discrètement, il se pinça un peu le poignet, pour s’assurer qu’il ne rêvait pas.

– Il s'appelle Nuru, amiral.

– Bien, laissez nous lieutenant.

C’était peut-être aussi un de ces tests, qu’on faisait passer aux Padawans pour juger de leurs capacités… Quoi qu’il n’était pas certain que le Conseil s’amuse à montrer toute une scène pareille au beau milieu d’une guerre si violente, ils avaient autre chose à faire. Une fois le soldat sortit, et les hologrammes désactivés, l’amiral l’invita à le suivre dans une pièce, juste à côté, un bureau.

– Bienvenue à bord du destroyer Chimaera, jeune Kung'urama'nuruodo. Je suis le grand amiral Mitth'raw'nuruodo mais tu peux m'appeler Thrawn si tu préfères. Pourrais-tu me dire ce qui t'arrivait avant que tu ne te retrouves à bord de mon vaisseau ?

Comment l’avait-il appelé… ? Nuru lui lança un regard de plus en plus perplexe et perturbé, puis s’assit doucement dans le siège qui lui était désigné. Ce destroyer, c’était un nom qu’il n’avait jamais entendu. Quant au nom donné, il lui était à la fois étranger et curieusement familier, il sonnait comme le sien, mais en mode… Plus… Bon, peu importe, là, tout de suite, un problème à la fois.

– Je ne peux pas dire comment ou pourquoi je suis arrivé là. J’étais sur Coruscant, au Temple, avec d’autres enfants et quelques maîtres, il faisait nuit. Il y a… Le chevalier Skywalker est arrivé avec de nombreux soldats clones, et un combat s’est engagé.

Même si son visage restait neutre, il ne pouvait pas effacer la douleur et le choc de sa voix. C’était une telle trahison, si soudaine, si violente, et qui les avaient tous pris par surprise. Il avait vu ses amis mourir autour de lui, avant d’y rester lui-même ! Du moins, s‘il y était resté, si tout ça n’était pas un simple cauchemar… Un bref instant de silence pour reprendre son souffle, ne pas perdre le contrôle, se calmer.

– La dernière chose dont je me souvienne, c’est un des clones au-dessus de moi, à tirer. Mais ça ne devait être qu’un rêve, alors, si je suis là ? Et, pardon, mais, comment se fait-il que vous soyez là à travailler avec des Humains ? Le commandant nous avait déjà dit que personne de votre peuple ne participait, dans l’armée. Cette guerre n’est pas la vôtre. Et pourquoi vous m’avez appelé comme ça ?

– Je ne peux pas dire comment ou pourquoi je suis arrivé là. J’étais sur Coruscant, au Temple, avec d’autres enfants et quelques maîtres, il faisait nuit. Il y a… Le chevalier Skywalker est arrivé avec de nombreux soldats clones, et un combat s’est engagé.

Son interlocuteur vit ce que ce jeune chiss ressenti dans sa réaction physique à ses paroles, la souffrance physique dans la façon dont son corps se tendit tout en parlant. Le corps a son propre langage, ce que de nombreuses personnes ont tendance à oublier, et ce qui est à l'avantage des personnes qui savent lire ce genre de chose.

– La dernière chose dont je me souvienne, c’est un des clones au-dessus de moi, à tirer. Mais ça ne devait être qu’un rêve, alors, si je suis là ? Et, pardon, mais, comment se fait-il que vous soyez là à travailler avec des Humains ? Le commandant nous avait déjà dit que personne de votre peuple ne participait, dans l’armée. Cette guerre n’est pas la vôtre. Et pourquoi vous m’avez appelé comme ça ?

Intérieurement, le grand amiral sourit devant les questions de ce jeune chiss, satisfait de voir en lui un esprit intelligent et curieux et capable de sortir de sa situation pour repérer les faits "étranges". Bien d'autres dans son cas ne se sont limités qu'à savoir ce qui leur est arrivés dans un premier temps. Il s'appuya contre le dossier de son siège dans un attitude un peu plus relaxée qu'il ne prend d'habitude.

"Je pense qu'il serait bon de commencer par répondre à tes interrogations par le début, mon garçon. La Force, depuis quelques années, ramène des sensitifs du passé, et quelques-uns du futur. Par exemple, en ce qui te concerne, il s'est écoulé vingt ans depuis que le chancelier Palpatine a ordonné l'exécution des jedi et la création de l'empire, avec l'aide de Skywalker, que l'on appelle maintenant Darth Vador."

Il n'y avait pas beaucoup de manière de dire cela et il valait mieux le lui dire de façon franche, c'était plus honnête, et si cela pouvait le surprendre, le déranger, il se doutait qu'il saura le surmonter. D'une part car il était un chiss mais aussi de part son éducation de jedi.

"Je sais qui tu es car Sev'eere'nuruodo m'a parlé de toi et m'a donné ton nom de naissance, Kung'urama'nuruodo, et parce que nos chemins se sont croisés même si nous ne étions pas croisés quand la Force t'a déjà amené à cette époque, avant de te faire disparaître. Je te le dis car un de mes anciens subordonnés, un humain nommé Soontir Fel, t'avait aidé et je crois que vous vous entendiez bien tous les deux. De même, l'aristocra sev'eere'nuruodo s'inquiète beaucoup pour toi. Les deux seront ravis de te revoir, si tu acceptes bien sur."

Vu que le Nuru de l'époque avait offert un présent au pilote alors impérial, ce n'était que peut s'avancer que de dire cela. Il sourit légèrement au garçon devant lui pour lui faire savoir que ce n'était pas une illusion ou un mensonge mais aussi pour le rassurer un peu, avant de reprendre.

"Pour répondre à ta question non-dites, ces animaux," dit-il en montrant l'ysalamiri sur son installation de survie, "s'appelle des ysalamiris. Ils ont la capacité de "repousser" la Force, ce qui explique que tu ne sois pas capable, à bord de mon vaisseau amiral, de faire appel à elle."

Le fait qu'il n'ait pas demandé cela ne voulait en effet pas dire qu'il ne s'en inquiète pas. Thrawn ne savait pas exactement ce que l'on ressentait en perdant ce contact avec la Force mais il avait vu que cela déstabilisait les sensitifs qui montaient à bord du Chimaera et il valait mieux expliquer la situation au jeune jedi plutôt que de le laisser se mettre à partir dans des hypothèses absurdes ou loufoques.

"En ce qui me concerne, notre peuple m'a exilé après la guerre des clones. J'ai été trouvé par les soldats de l'empereur Palpatine et pour plusieurs raisons, je me suis mis à son service, jusqu'à récemment où il m'a forcé à devenir son ennemi et l'allié du nouvel ordre jedi. D'ailleurs, en parlant d'eux, un de leurs meneurs est Obi-Wan Kenobi que tu dois connaître."

C'était un résumé très simplifié de la situation du grand amiral mais le fait est que sa situation actuelle était complexe et le résultat d'événements que personne n'aurait pu prévoir, notamment l'existence des failles spatio-dimensionnelles et le retour de son propre frère. De même, il ignorait qu'un sensitif pouvait en posséder un à distance et donc que Palpatine avait pu pénétrer l'esprit de Mara Jade, sinon il aurait signalé qu'elle était la main de l'empereur dès qu'il l'a vu plutôt que d'en discuter avec Kenobi après la cérémonie. En tout cas, il espérait que ce nom respecté rassurera ce jeune chiss.

Ce n’était que trois simples phrases, pour débuter, mais trois phrases qui suffirent, à elles seules, à allumer un brasier dans son esprit, mélange de panique, d’incrédulité, de peur, de peine, et d’un immense stress. Son ventre se noua avec une certaine brutalité, ses mains se crispèrent sur le bord de la chaise, il ouvrit la bouche pour parler puis la referma sans rien dire, incapable de cadrer assez sa pensée pour prononcer une phrase cohérente. Le tout ne dura peut-être que quelques secondes, en réalité, mais lui eut l’impression que le temps s’était brusquement stoppé, sur une minute s’éternisant et le rongeant d’autant plus. Même un coup de poing en plein dans la tempe ne l’aurait pas autant sonné que ça. Même sans la Force, pourtant, il ne sentait pas de mensonges… Ce qu’il regrettait encore plus fort, car ça lui aurait au moins permis de se raccrocher à quelque chose de rationnel. Son interlocuteur du jour ne lui laissa pas le temps de souffler, cependant, enchaînant aussitôt.

"Je sais qui tu es car Sev'eere'nuruodo m'a parlé de toi et m'a donné ton nom de naissance, Kung'urama'nuruodo, et parce que nos chemins se sont croisés même si nous ne étions pas croisés quand la Force t'a déjà amené à cette époque, avant de te faire disparaître. Je te le dis car un de mes anciens subordonnés, un humain nommé Soontir Fel, t'avait aidé et je crois que vous vous entendiez bien tous les deux. De même, l'aristocra Sev'eere'nuruodo s'inquiète beaucoup pour toi. Les deux seront ravis de te revoir, si tu acceptes bien sûr."

Heu.. Il ne répondit pas au sourire qui lui était adressé, bien trop occupé à retenir une nouvelle grimace de choc pur et dur. Sans vraiment le réaliser, il rejetait autant que possible ses émotions tout au fond de lui, comme le jour où son second maître l’avait attaqué et tenté de le tuer, avant qu’il ne revienne à la raison. Réflexe, ou plutôt mécanisme, d’autodéfense, pour ne pas se laisser submerger et pouvoir analyser correctement la situation. Car là, s’il ne le faisait pas, il allait tourner dingue, il le sentait déjà. Dans l’ordre… Il était mort. La Force… la Force pouvait, si c’était vrai… Un pouvoir phénoménal et, et, et… Donc la Force, oui, la Force. La trahison de Skywalker. Un Sith. Non, deux Siths. Puis Veeren. Et un Humain. Un Humain avant Veeren ? Il était perdu… Même en essayant d’organiser tout ce qu’on venait de lui balancer dans la figure, c’était bien trop d’un coup et il ne suivait pas. Car la première information prenait trop de place à elle seule.

L’explication qui suivit, sur le fait qu’il ne puisse pas ressentir la Force, le perturba à peine, en comparaison de tout le reste… Très raide sur sa chaise, il était si tendu et occupé à ne pas se laisser submerger qu’il ne prêta qu’une très vague attention à ça. C’était devenu le cadet de ses soucis… Il se moquait bien aussi d’avoir sans doute l’air très idiot, à rester comme ça bêtement figé et ne plus sortir un seul mot. Il ne pouvait pas, pas tout de suite en tout cas. Il refoula presque brutalement un flot d’émotions grimpant à nouveau pour conserver son sang-froid. Franchement, il aurait préféré être jeté pieds et poings liés au beau milieu d’un champ de bataille. Son rythme cardiaque était à peine redescendu, en tout cas, juste assez pour ne plus lui donner l’impression qu’il allait s’évanouir dès qu’il bougera d’un petit millimètre.

"En ce qui me concerne, notre peuple m'a exilé après la guerre des clones. J'ai été trouvé par les soldats de l'empereur Palpatine et pour plusieurs raisons, je me suis mis à son service, jusqu'à récemment où il m'a forcé à devenir son ennemi et l'allié du nouvel ordre jedi. D'ailleurs, en parlant d'eux, un de leurs meneurs est Obi-Wan Kenobi que tu dois connaître."

Il était toujours vivant, alors ? Ou bien avait-il été victime de, de, de… Nuru se décrispa un tout petit peu, en se repérant que, au moins, il n’était pas sur un vaisseau ennemi. Et que face à quelqu’un de son peuple, il pouvait espérer ne pas être vendu aux Siths. Normalement. Il leva une main pour se frotter un peu les yeux, puis la tempe, en essayant de ne pas trop montrer à quel point ces quelques paroles avaient suffit à le perturber. Prenons les choses dans l’Ordre. La Force… Il la savait extrêmement puissante et omniprésente, maintenant, à un tel point ? Le fait était qu’il n’avait pas rêvé l’attaque contre le temple ni ce soldat clone lui tirer dessus. C’était arrivé, il avait senti la douleur, c’était arrivé. Il repensa d’un coup à Veeren, qui avait traversé toute la galaxie seule dans une pauvre petite navette mal armée, juste pour lui dire de faire attention. Là, il voulait bien croire qu’elle s’inquiétait pour lui… Et elle aurait mieux fait de s’inquiéter un peu plus pour elle, dans la foulée.

"Merci pour… mon nom de naissance," finit-il par répondre enfin en redressant la tête. "Même si ça n’a plus vraiment d’importance depuis longtemps."

L’Ordre lui avait fourni une famille et lui avait permis de se forger une identité. Aucun de ses amis, là-bas, ne connaissait sa famille et ils avaient été éduqués pour cela, ne pas s’attacher ni souffrir de ce manque. Même s’il s’était parfois posé des questions, Nuru ne courrait pas après son passé et ne souffrait pas de ne pas savoir d’où il venait exactement. Il laissait simplement derrière lui un peuple auquel il n’avait plus d’attaches, si ce n’est l’apparence physique. Et de toute façon, ce qu’il n’avait pas connu, ou ce dont il ne gardait aucun souvenir, ne pouvait pas lui manquer.

"Qui combat qui, exactement, alors ? Palpatine était bien le Sith derrière tout ça ? Y a vous, les Jedis d’un côté, l’Empire de l’autre ? Et s’il y a un nouvel ordre Jedi, ça veut dire qu’il y aussi un nouvel ordre Sith ?"

Le jeune garçon se doutait bien que ce n’était pas si simple, mais il espérait aussi que ça puisse l’être, un jour. Même une fois, juste une fois ! Juste une toute petite fois, histoire de changer, hein, ce ne serait pas possible ? Hein, non ? Non, d’accord… Il retint une grimace, puis se secoua mentalement, car il commençait sérieusement à avoir du mal à se concentrer. Pour tenter de bien suivre, il repensa au Chancelier, le Sith plutôt, ayant un peu de mal à croire que c’était bel et bien ce papy, qui avait toujours semblé plutôt gentil, le véritable instigateur de cette guerre et du massacre de l’Ordre. Il avait envie de vomir… Personne n’avait rien vu venir, alors… Comment ce petit papy avait-il pu, pourquoi… Et maintenant… Il serra un peu les dents, pour empêcher la moindre larme de couler et ne pas passer pour un gamin qui ne sait pas se contenir.

"L'empire a plusieurs ennemis : outre mes forces et les jedi, il y a des groupes rebelles regroupés au sein d'une alliance et plusieurs autres indépendants. De plus, il y a une montée de protestation en ce moment contre l'empire, mais il faudrait du temps pour tout t'expliquer et tu as déjà beaucoup à assimiler, non ?"

"Si peu…"

Il n’avait pas encore réussi à assimiler que la Force était capable de faire ça, alors tout ce qui suivait en chaîne derrière, il lui faudra un peu de temps. Et puis… Que devait-il faire, maintenant ? Une fois de plus, il ravala de justesse une petite bouffée d’angoisse, serrant un peu les lèvres puis essayant de se focaliser sur un point précis de la décoration du bureau pour ne pas se laisser submerger. Technique bête et méchante mais ultra-efficace, en tout cas pour lui. Respirer doucement, à fond, tranquillement, ne surtout pas pleurer, puis se concentrer. Il leva une main pour se frotter un peu les yeux, dans l’espoir de chasser le mal de tête qui s’installait et qui lui ceinturait le front. Un mal qui augmenta au lieu de partir, comme pour se foutre de lui. Il avait peur, même si le cadre n’était pas menaçant, il était… perdu. Complètement. Tous les repères habituels avaient brutalement volé en éclats.

Il se demandait comme son second maître aurait réagit, dans une situation pareille… Sauf que pour un exemple auquel se raccrocher, ce n’était pas forcément le bon. Après tout, son maître avoir sombré un temps, et bien qu’il en soit revenu, il avait pour autant refusé de revenir auprès de l’Ordre et l’avait abandonné comme ça, sur place, disparaissant dans la nature. Perdre deux mentors en quatre ans, sachant que le second l’avait en plus laissé se débrouiller seul les trois-quarts du temps et ne s’était pas soucié de lui, pour ensuite terminer par être assassiné par les clones et Skywalker… ça ne lui donnait pas très envie de retrouver les autres Jedis. Ou l’Ordre. Mais où aller, alors ? Et que faire ? Il pourrait… Enfin, il avait appris à combattre, sur le tas, il pourrait rejoindre un groupe rebelle ou un autre. Si on l’acceptait malgré ses quatorze ans.

Il n’était même pas sûr d’avoir treize ou quatorze ans, en réalité, puisqu’à son arrivée sur Coruscant, ses sauveteurs hésitaient entre deux et trois ans, pour son âge. Mais bon, pour ce que ça changeait, de toute façon.

"Tout cela, je pourrais te l'expliquer plus tard, si tu le souhaites. En attendant, il te faudra réfléchir à ce que tu aimerais faire, jeune Nuru. Tu peux prendre le temps pour cela, de toute façon mon vaisseau n'est pas encore arrivé à destination et je peux aisément allouer une navette pour t'emmener là où tu le souhaites, ou pour contacter quelqu'un qui pourra le faire si nous ignorons où est ta destination, comme par exemple la position du Temple jedi. De même, si tu désires que nous avertissions quelqu'un de ta présence, je ferais porter ton message à qui de droit."

"Je ne sais pas ce que je dois faire ni où aller," marmonna-t-il. "J’ai atterri chez les Jedis par pur accident, mon premier maître est mort, le deuxième a voulu me tuer puis il a disparu, et j’ai plus appris sur le tas pendant la guerre des clones qu’autre chose, alors… Enfin bref."

Il continuait à se frotter un peu la tempe et l’œil, comme si ça allait vraiment faire partir le mal de tête. C’était un vieux réflexe, il avait beau savoir que ça ne servira à rien, impossible de s’en empêcher. Retrouver les Jedis, ça l’angoissait, c’était net. Aller voir du côté de l’Ascendance, clairement, non. Alors où ?

"Il y a un groupe rebelle qui m’accepterait malgré mon âge ? Je préfère encore les structures militaires."

"Je ne sais pas ce que je dois faire ni où aller. J’ai atterri chez les Jedi par pur accident, mon premier maître est mort, le deuxième a voulu me tuer puis il a disparu, et j’ai plus appris sur le tas pendant la guerre des clones qu’autre chose, alors… Enfin bref."

Thrawn hocha la tête, estimant n'avoir pas besoin de dire que l'important n'est pas ce que le hasard met sur notre route mais la façon dont on utilise cela. Hélas, le hasard est aussi la liste des événements sur lesquels on n'a peu de contrôle et que l'on ne peut ou que l'on n'a pu anticiper. Le hasard est présent en toute chose et c'est pour cela que le grand amiral veille à lui laisser le moins de place possible dans ses plans, tout en sachant qu'un événement inattendu peut quand même arriver. Mais à l'âge du jeune Nuru, il est normal d'avoir si peu de possibilité pour réfléchir à ce genre de chose. On n'apprend cela avec l'expérience et la maturité.

"Il y a un groupe rebelle qui m’accepterait malgré mon âge ? Je préfère encore les structures militaires."

"Bien sur," répondit-il en hochant légèrement la tête. "L'alliance Rebelle a déjà eu des jeunes de ton âge, dont au moins deux sensitifs à ma connaissance."

Il faisait bien sur référence à deux personnes. Tout d'abord Leia Organa qui avait certainement du commencer à aider l'alliance rebelle très jeune. Le second était bien sur Ezra Bridger qui devait avoir l'âge de Nuru environ quand il a rejoint le groupe de Hera Syndulla et qui avait su être une vraie épine dans le doigt de l'Empire.

"Même si tu ne sembles pas vouloir les rejoindre, l'Ordre Jedi peut aussi t'accueillir, tout en te permettant d'avoir un rôle plus actif pour un autre groupe. Le mouvement de Nightswan aussi saura surement t'aider, et bien sur mon propre groupe t'acceptera aussi dans ses rangs, même si tu en serait le plus jeune membre du coup. Enfin, l'Ascendance chiss t'acceptera aussi, probablement mais avec plus de réserve. Sache aussi, d'ailleurs, qu'ils ont voté pour que les chiss venus des failles, comme toi, aient le droit de revenir au sein de notre peuple."

Il n'y avait aucune obligation dans cette dernière phrase, juste une annonce pour lui faire savoir qu'il aura le droit d'aller sur Csilla s'il le désire.

"Je vais te laisser du temps pour y réfléchir. Tu auras la possibilité d'étudier nos banques de données non cnfidentielles pour que tu comprennes mieux la situation géopolitique de la galaxie actuelle." Il appuya sur un bouton, ouvrant la porte. L'officier dans le couloir se tourna pour faire face à l'intérieur de la pièce. "Lieutenant Jaxom, veuillez conduire notre invité dans une chambre libre. Faites savoir au capitaine Faro que je souhaite qu'il puisse se déplacer librement à bord du Chimaera, sauf dans les endroits sensibles bien sur, et qu'on lui attribue un droid mse-6 pour l'aider à se repérer dans le vaisseau."

Le lieutenant hocha la tête et se recula, sortant un comlink pour demander où se trouvait la chambre d'officier libre la plus proche. Thrawn regarda son jeune compatriote.

"Nous reparlerons plus tard, jeune Nuru. Prend le temps de te reposer d'ici-là."

Il lui fit un petit signe de la tête pour signifier qu'il lui permettait d'y aller, tranquillement et avec plus de gentillesse qu'il n'aurait eu avec un militaire, qu'il aurait congédié sans le montrer. De son côté, le lieutenant Jaxom attendait le jeune chiss, un droid mes-6 sortant d'un conduit réservé à cette petite classe de droid, pour leur servir de guide. La classe destroyer du Chimaera fait la taille d'une petite ville et il n'est pas évident pour tout le monde de savoir si repérer avec exactitude.

"Bien sûr. L'alliance Rebelle a déjà eu des jeunes de ton âge, dont au moins deux sensitifs à ma connaissance. Même si tu ne sembles pas vouloir les rejoindre, l'Ordre Jedi peut aussi t'accueillir, tout en te permettant d'avoir un rôle plus actif pour un autre groupe. Le mouvement de Nightswan aussi saura surement t'aider, et bien sûr mon propre groupe t'acceptera aussi dans ses rangs, même si tu en serais le plus jeune membre du coup. Enfin, l'Ascendance chiss t'acceptera aussi, probablement mais avec plus de réserve. Sache aussi, d'ailleurs, qu'ils ont voté pour que les chiss venus des failles, comme toi, aient le droit de revenir au sein de notre peuple."

Il hocha lentement la tête à son tour, bien que pour le moment, aucun de ces groupes ne lui parlait encore… l’Alliance Rebelle, il ignorait tout de ses objectifs réels, leur organisation, leurs méthodes et ce qui s’ensuit. Nightswan, ce nom ne lui disait rien, il n’en avait jamais entendu parler, c’était certain. L’Ascendance, il n’en gardait aucun souvenir et ne pouvait donc pas savoir non plus ce qui pouvait potentiellement l’y attendre. L’Ordre Jedi, il n’en connaissait que les règles anciennes, rien sur ce qu’ils étaient devenus aujourd’hui et n’avait pas spécialement envie de tester. Ce groupe-ci, même chose que pour l’Alliance rebelle et tout le reste. En bref, il avait encore beaucoup de travail à faire et trouver des réponses, avant de se décider sur quoi que ce soit. Savoir dans quoi il s’engageait surtout. Ah, bon sang… ce merdi…. Complet… Pourquoi la Force avait-elle décidé de le jeter là-dedans comme on jette une chaussette usagée…

"Je vais te laisser du temps pour y réfléchir. Tu auras la possibilité d'étudier nos banques de données non confidentielles pour que tu comprennes mieux la situation géopolitique de la galaxie actuelle."

"Oh… Merci, c’est gentil."

Souvent, Nuru avait un peu de mal à distinguer les personnes sympathiques de nature de celles qui étaient simplement plus aimables avec les jeunes interlocuteurs, enfants ou adolescents. Peu importe la race, on retrouvait toujours ce type de personne, plus douce ou gentille dès lors qu’elles avaient affaire à une personne assez jeune, alors que naturellement, elles seront plutôt rudes envers les adultes. Il ne pouvait donc pas dire, sans connaître plus avant la personne, si c’était simplement son état d’esprit naturel ou si elle était influencée face aux enfants. Son premier maître lui avait expliqué, en riant, alors qu’il était encore tout petit, que c’était normal, il y avait une sorte d’instinct qui en poussait beaucoup à vouloir protéger les petits. Même si ça ne concernait évidemment pas tout le monde, une grosse part des personnes, qu’importe leur peuple, était poussée vers ça. Question de scrupules, aussi, quelque part.

Maintenant, peu importe, finalement, laquelle des deux options était la bonne, Nuru était quand même très touché par le geste. Il était on ne peut plus conscient de quel genre d’endroit il aurait pu tomber à la place et appréciait d’autant plus de ne pas avoir atterri dans un lieu bien pire ou avec des personnes mauvaises. Il y avait déjà un problème bien assez gros à avaler pour avoir besoin d’en rajouter… Il salua donc le commandant avec politesse, en le remerciant, sourire aux lèvres. Puis sortit avec le lieutenant et leur petit droïde. Le léger courant d’air frais dans le couloir aidait à peine à chasser le mal de tête qui s’était bien installé et il se frotta un peu la tempe, grimaçant. Tout ce qu’il avait entendu tournait en boucle dans son esprit, il avait l’impression que sa tête allait exploser. Il respira profondément pour garder le contrôle, puis se redressa. Allez… Tout ira bien…