Une plus grande coopération

Qu’est-ce que cette bande de guignols sortie de nulle part voulait, exactement… Nevil relut une nouvelle fois le rapport que venait de lui apporter Beyeenk, presque atterré. Ils venaient dans ces régions comme des fleurs, essayaient de parler au monde à droite et à gauche, ne prenaient pas la peine de se renseigner un minimum en amont de qui s’occupait de quoi ne parlaient pas les langues locales ni même simplement le Sy Bisti, prétendaient pouvoir offrir une aide sérieuse alors qu’ils avaient deux vaisseaux et pas assez de monde pour les remplir, n’avait jamais essayé de contacter leur réseau, ne venaient pas non plus de l’Alliance Rebelle, et pensaient malgré tout cela être en droit d’aller emmerder les survivants de la pandémie… Des groupes qui surgissaient comme ça du néant en prétendant apporter du bien, il en avait déjà vu à la pelle, mais celui-ci était de loin le plus aberrant d’entre tous.

On frappa à la porte de son bureau, l’instant d’après, et il appuya sur le petit bouton près de lui pour ouvrir. Beyeenk, justement. Il s’approcha d’une démarche presque nonchalante, pour lui donner une petite datacarde. Nevil lui fit signe de s’asseoir, d’un petit geste de main, puis glissa la datacarde dans la fente. Les informations s’affichèrent peu de temps après sur le vieil écran. Beau travail. Il prit quelques minutes pour lire, alors que son informateur attendait en silence, lui aussi perdu dans ses pensées. Quand Nevil retourna la tête vers lui, il était occupé à mâchonner le bout d’un cure-dent. Le jeune homme lança, avant que son chef ait pu poser la moindre question, qu’il attendait d’autres informations de la part de ses sources habituelles et que ça n’allait plus tarder. Bon. Nevil hocha lentement la tête, marmonnant qu’ils avaient plutôt intérêt à se presser, sur cette affaire.

Il ajouta ensuite qu’il voulait que lui et Kaj soient présents pour la rencontre qui allait suivre, pour laquelle ils étaient en route. Il avait aussi demandé à Amélia de les accompagner car il aura également un rôle à lui confier, pour la suite des opérations. Il n’était plus vraiment temps d’opérer dans l’ombre. Mais à peine avait-il commencé à en parler que son confrère se mit à soupirer d’une manière très exagéré. Évidemment… Il était doué dans son domaine mais encore jeune, alors dès lors que Nevil soufflait l’idée qu’il pourrait prendre la tête du nouveau service de renseignement, Beyeenk se renfrognait aussitôt. Patience, patience… Nevil ferma les yeux un petit instant, puis inspira profondément. Les bras croisés devant lui, contre son bureau, il se détourna de l’écran pour faire face à son collègue.

"Nous avons tous besoin de nous appuyer sur des personnes qui soient à la fois loyales et compétentes. Et de personnes en qui chacun pourra avoir confiance. Tu remplis ces critères. Qu’est-ce qui te gêne ?"

"J’ai vingt-neuf ans… Et l’habitude de travailler seul. Je n’ai dirigé d’autres personnes que quelques fois !"

"Je me moque de ton âge, Beyeenk. Je place les personnes aux postes où elles seront douées sans me soucier de savoir si elles ont ou non une longue carrière derrière elle. De plus, tu ne seras jamais seul, au moindre soucis, beaucoup peuvent t’aider, ce n’est pas du chacun pour soi. Il y a même encore plus jeune que toi, regarde ce que je veux pour Amélia… Et elle a vingt-six ans."

"Comment peux-tu être aussi sûr que je serai bon sur un tel poste ?"

"Je le pressens. Tu parviendras aussi à avoir plus confiance."

Le jeune homme n’avait du tout l’air convaincu. Il s’apprêtait à répliquer lorsqu’ils furent interrompus par un petit signal, les alertant qu’ils étaient arrivés à destination. Nevil récupéra rapidement ce dont il avait besoin, puis se leva, s’appuyant sur le fauteuil le temps de bien positionner sa jambe blessée, puis quitta la cabine avec son jeune associé. Dans le hangar, il retrouva aussi Amélia. Ces derniers temps, il l’avait envoyée en missions dans pas mal d’endroits, parfois pour combattre, parfois pour plus de diplomatie, de politique et de relation sociale, avec les mondes de l’Espace Sauvage. Ils prirent tous les trois une petite navette, laissée aux soins d’Amélia pour le pilotage, pour les conduire à la station. La même station qui avait servie d’hôpital gigantesque durant la pandémie. Un endroit qu’il aurait préféré ne jamais revoir, mais soit, c’était ainsi.

Ils étaient quasiment les derniers arrivés. Pas en retard, cependant… Nevil préférait ne jamais arriver trop tôt à ce type de rencontres. Une petite dizaine de personnes avait pu répondre présente, quand tous se réunirent enfin. Il y avait Dagr God, le représentant officiel d’Adumar, ainsi que Shen Trauxy, qui était la représentante de la planète Almania. Il y avait aussi Kaj, que Nevil salua avec soulagement car il avait longtemps pensé qu’il ne pourrait les rejoindre. Il était en charge de deux communautés de réfugiés, formées par des survivants des planètes gravement contaminées. Il y avait trois autres représentants de leurs mondes et peuples, Thrawn pour les FID, et enfin, lui-même, accompagné par Amélia et Beyeenk. Ce dernier le suivait avec un air presque malheureux, il devait toujours râler intérieurement d’avoir été traîné ici.

"Quel endroit charmant pour se rassembler," lança Dagr God avec un soupir un peu blasé. "Juste avant de commencer, il faut signaler que quelques individus louches ont traîné aux abords de Lysatra, récemment. Les imps sur place les ont chassés. Mais…"

"Nous avons pu en savoir plus, il ne s’agissait que de pirates, espérant pouvoir descendre sur la planète pour piller ce qui est resté. Rien à voir avec d’éventuels anciens collègues de Plagueis. De toute façon, la patrouille les auraient atomisé s’ils avaient plus approché."

"Combien de temps encore avant que ces mondes ne soient de nouveau habitables ?" soupira Shen Trauxy.

"Faudrait demander ça au fou… Il a mis la dose."

La colère et le dégoût s’entendaient si facilement dans sa voix qu’on aurait pu les couper au couteau. Nevil ne fit aucun commentaire… Ce sujet était toujours extrêmement sensible pour tous les habitants de l’Espace Sauvage. Il comprenait parfaitement ce ressentis, mais quelque part, ça avait été une aide, un moteur pour progresser dans leurs projets.

"Si je vous ai demandé à tous de venir, aujourd’hui, ce n’est pas pour discuter de la pandémie. Nous avons tous le souhait de nous détacher pour de bon de l’Empire, nos mondes sont prêts, des défenses ont été mises en place, le ravitaillement entre les communautés a été réorganisé. Mais nous devons êtres tous plus solides que cela, avant de pouvoir être complètement indépendants et plus encore, le rester par la suite. Nous devons assurer la défense militaire, la protection au niveau des ressources et de la nourriture, la surveillance au cas où un autre taré Sith vient faire joujou sur ces mondes. Et pour ça, il faut renforcer la coopération entre nous tous."

Ils avaient vraiment eu beaucoup de problèmes, ces derniers temps, entre les incidents d’approvisionnement et les attaques de pirates qui s’étaient multipliées dans le secteur. Il y en avait toujours eu, évidement, mais Kaj avait la sensation que ça ne cessait d’empirer. Leurs convois étaient des cibles faciles, bien plus que ceux sécurisés par l’Empire. Les pirates n’avaient aucun honneur, de toute manière, ils étaient des rats profitant de la moindre occasion de faiblesse pour se faire de l’argent facile, même sur le dos de personnes qui avaient déjà tout perdu. C’est à ça qu’il pensait surtout, en saluant les uns et les autres, avant le début de leur petite réunion. Le problème était que l’Espace Sauvage était très vaste, il était difficile de surveiller ces régions avec efficacité sans une flotte importante et très mobile. Sans oublier les nombreux mondes, désormais désertés d’habitants où les pirates et bandes criminelles avaient une foule de cachettes et de points d’ancrage à leur entière disposition. La vermine avait de quoi faire pour se cacher à loisir.

Malgré tout, ils avaient devant eux un terreau fertile, où pouvait naître un grand nombre de projets. Ils n’étaient pas restés inactifs, loin de là, depuis la fin de la maladie. Beaucoup de choses s’étaient passées… Et beaucoup restaient à venir. Kaj n’était pas spécialement surpris de voir le chef des FID assis lui aussi à cette table aujourd’hui, sans que ça en choque personne. Il avait envoyé ses hommes, il y a six mois, environ, pour des raisons très similaires à ce que souhaitait le Cygne. Les grands esprits se rencontrent, on dirait bien. Kaj posa la tablette devant lui et quelques petits documents papiers, recouverts de notes, dans une écriture très fine et s’étirant sur les lettres. Un crayon en main, car il préférait écrire lui-même que de tout pianoter sur son datapad. Un peu vieux jeu, l’administrateur, comme s’amusaient à le taquiner ses collègues. Eh oui, c’était son truc, il retenait mieux lorsqu’il pouvait écrire à son aise.

Le responsable d’Adumar commença par signaler des mouvements suspects, à l’épicentre de la pandémie, mais ce problème fut vite réglé. La question de savoir quand toutes ces planètes pourront de nouveau être accessibles était déjà une toute autre question. Personne n’avait la réponse et personne ne posait non plus ouvertement la question, histoire de ne pas jeter du sel sur des plaies encore très à vif. Le reste de la galaxie commençait peut-être déjà peu à peu à oublier, mais eux, non, quelques mois, ce n’était certainement pas assez pour oublier. Keenali, surtout, faisait la tête, assise en face de lui. Elle aussi était à la tête d’une communauté, assez importante, de réfugiés. Les conséquences de la maladie, elle y faisait face tous les jours et admettait très mal que celle-ci soit si vite rangée aux oubliettes, de la part de tant d’autres mondes dans la galaxie. Chacun ses problèmes, quoi. L’Espace Sauvage retombait dans l’oublie aussi vite qu’il en était sorti.

"Si je vous ai demandé à tous de venir, aujourd’hui, ce n’est pas pour discuter de la pandémie. Nous avons tous le souhait de nous détacher pour de bon de l’Empire, nos mondes sont prêts, des défenses ont été mises en place, le ravitaillement entre les communautés a été réorganisé. Mais nous devons êtres tous plus solides que cela, avant de pouvoir être complètement indépendants et plus encore, le rester par la suite. Nous devons assurer la défense militaire, la protection au niveau des ressources et de la nourriture, la surveillance au cas où un autre taré Sith vient faire joujou sur ces mondes. Et pour ça, il faut renforcer la coopération entre nous tous."

Oui, l’Indépendance de l’Espace Sauvage, c’était un souhait de plus en plus fort dans les cœurs de chacun. La vidéo et les révélations qui y avaient été faites avaient été le dernier clou enfoncé dans le cercueil.

"Le commerce et les échanges ont été rétablis, oui, cela dit, nous ne sommes encore que trop peu protégés des attaques de pirates. Les convois se font régulièrement agresser. La défense militaire devrait aussi pouvoir servir à ce niveau. Nous avons déjà recensé, sur tous les mondes et communautés prêtes à suivre sur la voie de l’indépendance, le nombre de vaisseaux, de soldats, de pilotes… Sur les mondes civils, entendons-nous bien, je n’ai pas été faire des interview de vos hommes, amiral. Nous avons besoin de défendre autant les frontières et les mondes que les transports civils, un secteur indépendant ne peut prétendre l’être si l’insécurité y règne. Comment diviser les tâches ? Qui va se charger de quoi et sous quelles conditions, surtout ?"

De très nombreux échanges avaient eu lieu, entre eux et avec le Cygne, avant que leur communauté n’accepte d’envoyer un représentant… Laratra n’était pas très à l’aise. Tendue et les nerfs à fleur de peau, elle s’assit avec les autres sans s’attendre à grand-chose. Elle dirigeait, avec son frère, ce qui restait des survivants de Pochi, planète désormais listée comme interdite de toute accès, tous s’étant installés sur Sashi depuis la fin de la pandémie. D’autres réfugiés les avaient rejoints, peu à peu, ils avaient formé une communauté soudée et solide, placée loin des rares centres habités auparavant sur Sashi, et vivant entre eux, sans se mêler d’aucune affaire galactique, qu’importe sa nature. Ils n’avaient avec eux que les ressources récupérées, les armes et vaisseaux emportés de leur planète avant de devoir tout quitter, et une très forte rancune vis à vis de l’Empire.

Parmi la communauté, personne, ou quasiment, n’était pour cette rencontre et encore pour se mêler à nouveau à une quelconque alliance. Elle-même ne se trouvait ici que pour être bien certaine de savoir ce qui se tramait, encore, dans l’Espace Sauvage, et le rapporter ensuite aux siens. Mais elle n’y croyait guère… A ses yeux, ni le cygne ni personne aujourd’hui n’avaient les moyens de rivaliser avec l’Empire ni avec les Siths. Il suffisait de voir ce qui s’était déjà produit ! Qui pourra les protéger d’une autre catastrophe de la même ampleur ? Qui saura se mettre en barrière entre l’Espace Sauvage et l’Empire ? Le Cygne Noir n’avait pas assez d’hommes pour ça. Quant aux FID, difficile de leur accorder la moindre confiance alors que leur chef était un ex-amiral impérial, justement. D’ailleurs, c’était deux de ses soldats, un homme et une femme, qui s’étaient fait agresser par les rebelles de Pochi, lors de leur passage, il y a quelques mois.

Quant à cette idée de l’Indépendance de l’Espace Sauvage… Nightswan y croyait, lui, plus dur que du fer. Pensive, elle l’observa un moment, essayant d’imaginer, vraiment, ce que ça pourrait donner. Un gouvernement, avec Cygni à sa tête sans doute, fédérant et rassemblant ce qui restait des habitants de l’Espace Sauvage. Unis entre eux, avec leurs coutumes, leur langue, leurs manières de vivre et de régler leurs problèmes. L’image avait beau être belle, elle vola en éclat quand elle posa de côté le regard sur l’ancien amiral de l’Empire et qu’elle se rappela leurs destroyers. Un gouffre existait entre le rêve et la réalité… Entre les bonnes intentions et que ce qui était réalisable. Une part d’elle avait envie d’y croire, l’autre, bien plus grande et réaliste, ne cessait de lui rappeler que c’était improbable. Nightswan était un pur idéaliste, comme toujours ! Et on ne pouvait pas encore être sûrs du Chiss.

Le commerce et les échanges ont été rétablis, oui, cela dit, nous ne sommes encore que trop peu protégés des attaques de pirates. Les convois se font régulièrement agresser. La défense militaire devrait aussi pouvoir servir à ce niveau. Nous avons déjà recensé, sur tous les mondes et communautés prêtes à suivre sur la voie de l’indépendance, le nombre de vaisseaux, de soldats, de pilotes… Sur les mondes civils, entendons-nous bien, je n’ai pas été faire des interview de vos hommes, amiral. Nous avons besoin de défendre autant les frontières et les mondes que les transports civils, un secteur indépendant ne peut prétendre l’être si l’insécurité y règne. Comment diviser les tâches ? Qui va se charger de quoi et sous quelles conditions, surtout ?

Même en comptant l’ensemble des vaisseaux et des hommes disponibles, ce serait pas assez pour défendre l’Espace Sauvage contre notre gênant voisin. En divisant les forces pour concentrer une partie sur le transport civil et l’autre sur la défense militaire, c’est encore moins envisageable.

Le ton avait beau rester parfaitement neutre et poli, il n’était pas difficile d’y sentir autant de lassitude que d’une certaine résignation. Il fallait bien se rendre à l’évidence, leurs régions étaient toujours à genoux, depuis la pandémie. Il y avait eu beaucoup trop de morts et toute cette population ne pouvait se relever en seulement quelques mois ! Ils allaient juste se faire écraser.

Nous ne pouvons pas déclarer la moindre indépendance sans prendre le risque qu’un des mondes de l’Espace Sauvage ne devienne le nouveau Manaan à peine un mois plus tard. Espérer, c’est très joli, mais ça ne fait pas tout.

Franchement, si je faisais abstraction du fait que je voyage dans un vaisseau de transport moyen et non dans un corvette de classe marauder, que je ne porte pas d'uniforme, qu'il n'y avait qu'un seul empire, que je n'étais pas censée être née, et bien on pourrait presque dire que je menais la même vie. On m'envoie droite à gauche sans me laisser le temps de me détendre autrement que pendant les vols hypers. Bref, on me noie sous le travail et je n'ai pas le temps de réfléchir. Au moins, mes rêves bizarres dans lesquels je suis la sénatrice de mon monde après la guerre Fell-Krayt-Rebelle-jedi se sont calmés et ne m'embêtent plus. Ca, c'est bien parce que moi et la politique....

Après Managas, Cygni m'avait envoyé sur plusieurs planètes, afin de transmettre des invitations à une réunion, sur la station spatiale ayant servi de centre de recherche pendant la pandémie. De ce qu'il m'a dit, il projette de créer une sorte de nation dans l'espace sauvage. L'idée semble intéressante mais j'ignore si cela marchera : ces mondes n'ont pas d'industrie lourde, pas de chantier spatiale. Certes, il y a ds mondes miniers, agricoles donc sur ce point ils peuvent suffire à eux-même. De même, s'ils ont des chasseurs, et si Adumar dispose d'usines de chasseurs, produisant des modèles totalement dépassés et rarement hypercabales, et de torpilles, nous n'avons aucun vaisseau de combat digne de ce nom. Et je ne parle pas du personnel militaire. Certes, ils ont pu faire un peu mal ici ou là mais ce fut surtout les troupes des FID qui ont su repousser l'Empire qu'autre chose, à part un ou deux mondes où l'Alliance Rebelle est intervenue en force.

Devant participer à la réunion, bien que ne voyant pas trop pourquoi et craignant même cela, je me mis sur mon trente et un : j'enfilais ma cape en plus de ma tenue de tous les jours. Oui, je déteste les tenues prétentieuses qu'enfilent sénateurs, moffs, gouverneurs et autres politiciens. Je n'en suis pas une et fière de l'être. Je m'installais non loin de Nevil mais pas trop non plus. Je fais parti de son groupe certes mais ayant l'intuition que c'est un piège, je préfère ne pas avoir à faire un quatre vingt dix degrés quand il dévoilera ses intentions à mon égard. J'écoutais les gens parler, sans rien dire.

Nevil Cygni "Si je vous ai demandé à tous de venir, aujourd’hui, ce n’est pas pour discuter de la pandémie. Nous avons tous le souhait de nous détacher pour de bon de l’Empire, nos mondes sont prêts, des défenses ont été mises en place, le ravitaillement entre les communautés a été réorganisé. Mais nous devons êtres tous plus solides que cela, avant de pouvoir être complètement indépendants et plus encore, le rester par la suite. Nous devons assurer la défense militaire, la protection au niveau des ressources et de la nourriture, la surveillance au cas où un autre taré Sith vient faire joujou sur ces mondes. Et pour ça, il faut renforcer la coopération entre nous tous."

kaj Toball "Le commerce et les échanges ont été rétablis, oui, cela dit, nous ne sommes encore que trop peu protégés des attaques de pirates. Les convois se font régulièrement agresser. La défense militaire devrait aussi pouvoir servir à ce niveau. Nous avons déjà recensé, sur tous les mondes et communautés prêtes à suivre sur la voie de l’indépendance, le nombre de vaisseaux, de soldats, de pilotes… Sur les mondes civils, entendons-nous bien, je n’ai pas été faire des interview de vos hommes, amiral. Nous avons besoin de défendre autant les frontières et les mondes que les transports civils, un secteur indépendant ne peut prétendre l’être si l’insécurité y règne. Comment diviser les tâches ? Qui va se charger de quoi et sous quelles conditions, surtout ?"

Lratra Felkray Même en comptant l’ensemble des vaisseaux et des hommes disponibles, ce serait pas assez pour défendre l’Espace Sauvage contre notre gênant voisin. En divisant les forces pour concentrer une partie sur le transport civil et l’autre sur la défense militaire, c’est encore moins envisageable. Nous ne pouvons pas déclarer la moindre indépendance sans prendre le risque qu’un des mondes de l’Espace Sauvage ne devienne le nouveau Manaan à peine un mois plus tard. Espérer, c’est très joli, mais ça ne fait pas tout.

Dagr God "Adumar peut prêter des chasseurs pour escorter les transports. J'ai des jeunes Dagues qui seront motivés pour relever le gant et chasser les pirates qui attaqueraient nos convois ! Mais li reste le soucis de l'Empire."

Kaj fut le premier à prendre la parole et surtout appuyer sur un problème effectivement de bonne ampleur, depuis la fin de la maladie. C’était l’un des soucis principaux qui les avaient occupés depuis la fin de la pandémie, plus particulièrement lors de l’installation et de la mise en place des premières colonies. Les choses évoluaient lentement, il fallait bien le dire, car ils étaient effectivement encore peu nombreux à pouvoir s’atteler à ce problème. Tandis que l’administrateur parlait, Beyeenk fut sur le oint de lâcher une remarque puis se ravisa tout à coup, rencognant un peu le dos contre le dossier de son siège. Cygni lui envoya un petit regard en coin, pensant deviner à quoi il avait pensé… Ce n’était pas exactement le bon lieu pour ça, ils devront plutôt en parler entre eux, un peu plus tard, avec Amélia également. Il se nota ça dans un coin de la tête, en revenant ensuite sur la conversation. Kaj, comme toujours, pensait pratique et pragmatisme avant tout.

Un pragmatisme assez opposé à la résignation qu’opposa la dame Felkay, en prenant la parole à son tour, sitôt les questions de Kaj achevées. Évidemment, ils ne pourront pas englober aussi vite et directement tout l’Espace Sauvage, non, et Nevil ne comptait pas non plus forcer qui que ce soit à rejoindre le mouvement, ils n’avaient pas les mêmes méthodes que l’Empire. Plusieurs planètes voulaient rester parfaitement neutres, qu’on leur foute la paix et qu’on les oublient pour de bon, ça se comprenait très bien. Ce qu’il envisageait sera restreint, au départ, et ne pourra se développer qu’en comptant sur les forces et l’engagement de toutes les personnes impliquées, rien ne pourra se construire en restant seul dans son coin. Il y avait une part d’espoir, bien évidemment, mais le Cygne ne reposait pas toute sa confiance sur le seul espoir, bien entendu. Le plan qu’il avait en tête évoluait selon les circonstances mais n’intégrait pas des masses d’idéalisme.

"Adumar peut prêter des chasseurs pour escorter les transports. J'ai des jeunes Dagues qui seront motivés pour relever le gant et chasser les pirates qui attaqueraient nos convois ! Mais li reste le soucis de l'Empire."

"Je tiens à vous rassurer : le grand moff Tarkin ne quittera pas la Bordure extérieure de sitôt. Même si l'Empereur Palpatine souhaite acquérir vos mondes, les troubles dans cette région l'inquiète davantage, surtout que c'est là-bas que l'Alliance Rebelle recrute le plus et se trouve le plus actif. Non, l'Etoile Noire y restera. L'Empire restera sur sa stratégie actuelle et seule la sixième flotte sera active dans l'espace Sauvage, et mes propres forces suffiront à l'en chasser. Toutefois, cela ne veut pas dire que nous désirions intégrer votre nation. Nous pourrions collaborer avec vous, moyennant des ressources non humaines, mais ce sera à vous, à terme, de créer votre propre armée et flotte."

Nevil aurait été plus surpris qu’il lui dise l’inverse. C’est bien, il n’avait pas changé. Ses propres raisons, pour participer longtemps ou non, ne l’intéressaient pas pour le moment, chacun travaillait pour ses propres intérêts. Le Cygne considérait qu’il n’y avait rien de mal à établir des collaborations avec d’autres factions tant que les intérêts coïncidaient. Il estimait aussi ne pas avoir besoin de glisser la moindre remarque, comme les choses étaient déjà claires et que le Chiss devait déjà se douter, de toute façon, que ce n’était pas une intégration qu’il souhaitait. Politiquement parlant, ce serait bien mauvais pour l’équilibre de ce futur gouvernement, et socialement parlant, ce serait carrément une bombe à retardement. Les susceptibilités personnelles étaient, hélas, un point bien important à prendre en compte pour la naissance d’un tel projet. Il faudra qu’il trouve des personnes douées en matière politique, également.

Il commença donc par afficher une grande carte holographique de la galaxie, avant de la centrer plus particulièrement sur les régions les intéressant. Les dix planètes détruites par la pandémie étaient toutes visibles en noir, avec leurs noms à côté. Affichées non pas pour rappeler par plaisir les dégâts de la maladie mais simplement les secteurs les entourant étaient aux aussi sous étroite surveillance et donc des passages à éviter, dorénavant. C’était important de le prendre en compte, afin d’éviter les éventuels problèmes. Dame Felkay portait en coin un regard très lourd sur Pochi, une lueur de regret dans le regard, tandis que Kaj avait fermé les yeux un bref instant, l’air, lui, plutôt blasé. Les secteurs concernés étaient tous grisés, montrant ainsi bien les zones à éviter.

"Tout d’abord, pour ceux qui l’ignorent, les dix secteurs sont surveillés par des patrouilles de la sixième Flotte, sous la direction du Grand Amiral Rufaan Tigellinus. Elles disposent de petites bases mobiles pour le réapprovisionnement et les renforts éventuels dont elles auraient besoin. Il va sans dire que ces impériaux-là doivent être laissés en paix. Plus intéressant, nous avons fait sonder l’état d’esprit des officiers chargés d’organiser la surveillance de chacune de ces planètes. Sept d’entre eux, sur les dix, collaborent pleinement avec les populations locales et s’y sont intégrés sans heurts ni violence. Principalement depuis les révélations faites sur la pandémie. Merci, d’ailleurs, pour l’interview du fou, amiral. Ces sept officiers ont déjà couverts certains incidents particuliers dans leurs secteurs, afin que rien ne remonte aux oreilles de l’Empire."

"Pourquoi ne désertent-ils pas simplement, alors ?" marmonna Shen Trauxy, d’un ton perplexe.

"Non, ce ne serait bon pour personne. Ils sont un soutien supplémentaire mai sil ne faut pas pour autant perturber le fragile équilibre de ces secteurs. J’ignore si Tigellinus serait assez abruti pour déclencher un problème à ce niveau et je n’ai pas envie de le découvrir. Pour en revenir à ce que vous disiez plus tôt, dame Felkay, le but n’est bien sûr pas de rassembler en un bloc et très vite tous les mondes possibles. Ça ne pourra se faire que sur le long terme et progressivement. Il faut du temps pour bâtir des institutions solides et fiables. Ceux habitués à la politique ici savent de quoi je parle."

Il adressa un bref sourire à Kaj, tandis que le représentant d’Adumar retenait de justesse un petit soupir. Nevil ne se considérait évidemment pas lui-même comme un grand politicien. Il possédait les bases nécessaires et s’y intéressait lorsqu’il en avait besoin, simplement. C’était hélas un domaine auquel il était difficile d’échapper, lorsqu’on s’aventurait sur de tels terrains.

"Notre but est tout d’abord de former une coalition et d’établir les premières bases, ensemble, sans se disperser à droite et à gauche dans d’autres conflits ou problèmes."

Il afficha en vert très léger les planètes et secteurs intéressés, d’ores et déjà, par cette idée. Dont certains des représentants se trouvaient assis autour de cette table aujourd’hui.

"Chacun d’entre nous avons nos propres spécialités, pour poser tout cela. Dans tous les domaines. Pour ce qui est de la défense en interne, Dagr God. Amélia ici présente," il la désigna rapidement d’un signe de main "sera chargée d’organiser et entraîner les pilotes pour ces missions, elle prendra la tête d’escadrille pour des opérations terrain. Vous pourrez voir avec elle comment mettre cette coopération en place."

"Une coopération a-t-elle aussi été faite avec l’Alliance Rebelle ?"

"Quelques brefs contacts, disons, par représentants interposés… Rien de plus. Ils ne semblent pas très pressés de me rencontrer, à vrai dire. Pour ce qui touche à l’organisation politique, Kaj, je suppose que vous avez déjà des propositions"

Pessimisme ou réalisme, difficile de trancher avec exactitude, dans ces circonstances. Si on en parlait que de la défense contre les pirates, Kaj estimait que c’était possible, sous certaines conditions, et s’ils travaillaient plus longuement le sujet, qu’ils prenaient le soin d’intégrer alliés et amis dans leur stratégie de défense et qu’ils prévoyaient la construction de nouveaux chasseurs. Tout en définissant au mieux les zones à quadriller et surveiller. La défense contre l’Empire, elle, était une toute autre histoire. Ce dernier ne semblait plus s‘intéresser des masses à leurs régions, ils le voyaient bien, mais oui, pour combien de temps encore ? Un point qui inquiétait aussi Dagr God, visiblement. Ils n’avaient pas les moyens de s’en prendre à une station aussi grosse que celle-ci, et aussi destructrice, ils n’avaient pas non plus les moyens de dresser la moindre défense efficace si jamais l’étoile s’en prenait à un de leurs mondes.

La réponse de l’amiral sur ce sujet le laissa assez pensif. Il ne comprenait pas comme il pouvait être si sûr et certain que cette station ne sera pas envoyée dans les parages, mais d’un autre côté, la partie militaire n’était pas son fort, ni son domaine de prédilection. S’il y avait bien des petites choses qu’il était capables de gérer, ou avoir une opinion, il ne prenait aucune part aux opérations plus importantes de cette nature. Il s’interrogeait un peu plus sur les objectifs réels de l’ex-impérial, à vrai dire, en quoi était-il dans son intérêt, à long terme, de les soutenir maintenant à créer une nation indépendante. Ce qu’il avait à y gagner, somme toute. Il ne le voyait pas comme un ennemi pour autant, du moins pas dans cette situation, mais c’était un point à creuser. Quoi qu’il était bien préférable qu’il ne soit pas, pour le futur, intégré à cette nation, effectivement. Étant donné leur passif, ce qu’ils formaient, concrètement et symboliquement, les intégrer serait une faiblesse politique évidente.

Le Cygne savait ça, lui aussi, c’était bien pour ça qu’il ne fit aucune remarque, selon Kaj. Un petit sourire lui échappa, discret, en le regardant. Il fera un bon dirigeant, pour ce qui se préparait, il en était convaincu. C’était un homme intègre, intelligent, capable de réfléchir à long terme, ne pas foncer tête baissée droit dans un mur. Plus important encore, il savait fédérer. Il reporta ensuite son attention sur la carte holographique venant de s’afficher au centre de la table. Son regard ne pouvait esquiver les secteurs interdits, les planètes infectées, lui faisait encore repenser à l’horreur vécue. Il lui sera à jamais impossible d’oublier… Quelque part, Manaan avait été détruire vite et sans souffrance. Seul « bon point » de l’histoire. Mais ces planètes, elles, avaient souffert un martyr sans nom. Les survivants en souffraient encore profondément aujourd’hui.

Nevil parla d’abord de ces secteurs, la manière dont elles étaient surveillées, et le fait que certains officiers en charge se soient bien intégrés dans la population locale, devenant au passage des soutiens officieux mais actifs. Pour avoir rencontré certains de ces officiers, Kaj savait que leurs hommes, eux aussi, avaient été très bouleversés par les révélations faites. Rien de très étonnant, ensuite, à ce qu’ils se soient sentis si impliqués et concernés, dans le sort des populations locales restantes. Sans doute pourront-ils se permettre de déserter, effectivement, lorsque le temps sera venu. Qu’ils pourront le faire sans rien mettre en péril, dans leurs secteurs respectifs.

"Pour en revenir à ce que vous disiez plus tôt, dame Felkay, le but n’est bien sûr pas de rassembler en un bloc et très vite tous les mondes possibles. Ça ne pourra se faire que sur le long terme et progressivement. Il faut du temps pour bâtir des institutions solides et fiables. Ceux habitués à la politique ici savent de quoi je parle."

Mmh… Il hocha un peu la tête, en réponse au petit sourire du Cygne. En effet… Cela dit, Kaj restait plutôt confiant. Il avait confiance en Cygni, en les dirigeants déjà rencontrés et qui souhaitaient suivre le mouvement, pour cette coalition, en les collaborateurs travaillant activement dans l’ombre pour faire progresser le projet, en toutes les petites mains actives, passant de communauté en communauté, pour les soutenir et progresser. Il avait déjà assisté aux efforts communs dans les deux communautés de réfugiés qu’il administrait, et savait donc quels efforts titanesques pouvaient être produits par tous, pour assurer la survie puis le développement de ces régions. Cygni ajouta ensuite, pour le représentant d’Adumar, qu’il pouvait se rapprocher sa consœur pilote pour les affaires de surveillance spatiale interne. Kaj ne connaissait pas cette femme, mais puisqu’elle semblait avoir la confiance du Cygne, il fera donc de même.

"Une coopération a-t-elle aussi été faite avec l’Alliance Rebelle ?"

"Quelques brefs contacts, disons, par représentants interposés… Rien de plus. Ils ne semblent pas très pressés de me rencontrer, à vrai dire. Pour ce qui touche à l’organisation politique, Kaj, je suppose que vous avez déjà des propositions."

Kaj avait l’étrange impression que cet homme n’avait pas complètement intégré l’idée que ce sera lui qui sera à la tête de cette coalition. Au minimum dans un premier temps, pour en poser les bases et donner une bonne image… Sa dernière remarque lui laissait penser qu’il songeait plutôt à trouver, à recruter, d’autres personnes pour tenir ce rôle.

"Je ne crois pas me tromper en disant que tout le monde a en tête, sauf vous apparemment, que ce soit bien vous qui soyez à la tête de cette future coalition, au moins durant les premiers temps. C’est vous que les différents dirigeants des communautés que nous avons approché veulent suivre. C’est vous qui avez été la figure la plus connue de la résistance contre l’Empire depuis plus de dix ans. Et vous encore qui incarnez ce besoin d’indépendance aujourd’hui. D’autant plus que bien, aujourd’hui, parmi les survivants, ont confiance en des personnes étrangères. C’est vous qu’ils suivront."

Jamais il n’aurait pensé devoir rappeler quelque chose d’aussi évident, mais soit. Les hommes, parfois… Il enchaîna assez vite, sans laisser le temps à Cygni de répliquer quoi que ce soit. S’il y réfléchissait, il réalisera très vite cette évidence.

"De ce qui ressort du terrain, l’envie est bien sûr un modèle démocratique, mais peu veulent un système trop centralisé. Plutôt, à ce moment, un conseil réunissant les dirigeants des différentes communautés, chacun ayant voix au chapitre, avec à la tête du conseil quelqu’un, donc vous, capable de donner une vision à long terme et les bonnes voix à prendre. Évidemment, ce n’est pour le moment qu’une idée assez vague. J’ai le sentiment que certains attendent un mélange entre un Empire et une République, à mon humble avis."

Cette rencontre marquait la toute première fois, dans leur Histoire, où leur peuple acceptait de briser leur isolement. La première fois où ils s’intéressaient à un projet commun, porté par plusieurs dirigeants, plusieurs planètes, dans un tel but. Depuis le début de cette rencontre, la reine Keenali n’avait pas encore pris la parole. Elle observait chacun et chacune avec une très grande attention, écoutant les opinions émises et étudiant les expressions, ces dernières étaient souvent beaucoup plus expressives que les mots lâchés dans la conversation. Très calme, assise droite contre son siège, mains jointes contre le table, elle restait discrète. Non pas par manque d’intérêt, mais plutôt en attente de savoir ce qui pouvait ressortir de tout cela, en attente de savoir si elle pouvait risquer l’avenir de son peuple et de sa planète en acceptant de collaborer à un tel projet. La décision était très délicate à prendre… Si elle avait accepté l’invitation du Cygne, c’était avant tout pour en savoir plus sur son projet, qui comptait y participer, pourquoi, et comment le tout allait se dérouler.

Sa planète, Elendys, n’avait pas autant souffert de la pandémie que bien d’autres mondes, principalement grâce à un isolement très puissant. Leurs affaires étrangères, d’une façon générale, étaient limitées aux plus proches planètes voisines. Leur monde était tant en retrait de toute affaire galactique à grande échelle qu’ils n’étaient pas mêmes représentés sur la plupart des cartes galactiques en usage. De fait, leur monde n’avait eu que peu de décès. Un millier de personnes, dont sa propre mère, y avaient laissé la vie. Un drame pour les habitants, mais un bien moindre mal en comparaison au drame subi sur beaucoup de mondes. Cette maladie avait néanmoins eu pour effet d’inquiéter assez leur peuple pour les pousser à un peu plus s’intéresser aux activités de leur région galactique, et notamment à cette idée de coalition. Devenue reine suite à au décès de sa mère, Yenla avait longuement parlé de cette réunion avec ses conseillers, avant de finalement accepter de s’y rendre et constater de quoi il en retournait.

Pour eux, la situation était aussi étrange qu’assez stressante. Elle était la toute première reine d’une longue lignée matriarcale à s’intéresser à ce type de projets. Si dans l’ensemble, ses sujets étaient d’accords, la partie était loin d’être jouée pour autant. Des militaires, des administrateurs, des rebelles, cette réunion rassemblait des personnalités plutôt hétéroclites. Sur les sujets discutés pour le moment, la reine n’avait que peu d’avis. Son peuple ne s’était jamais mêlé aux guerres de ses voisins, que ce soit lorsque la République était au pouvoir ou depuis que l’Empire avait émergé. Même si cela ne les empêchaient pas de rester informés, ils ne prenaient pas partie pour autant. Elle n’avait donc aucun avis sur l’Alliance Rebelle, par exemple. Son peuple, tout comme elle, avaient tendance à se méfier des trop grosses organisations tentaculaires, comme l’Empire ou l’ancienne République, qu’ils considéraient comme de trop grosses machines écrasantes et dépourvues d’âmes.

Je ne crois pas me tromper en disant que tout le monde a en tête, sauf vous apparemment, que ce soit bien vous qui soyez à la tête de cette future coalition, au moins durant les premiers temps. C’est vous que les différents dirigeants des communautés que nous avons approché veulent suivre. C’est vous qui avez été la figure la plus connue de la résistance contre l’Empire depuis plus de dix ans. Et vous encore qui incarnez ce besoin d’indépendance aujourd’hui. D’autant plus que bien, aujourd’hui, parmi les survivants, ont confiance en des personnes étrangères. C’est vous qu’ils suivront.

La reine laissa échapper un fin et doux sourire se dessiner sur ses lèvres. Il était amusant que ce fut monsieur Toball qui doive rappeler ce fait au Cygne noir. Pour elle, c’était un excellent signe, car c’était bien souvent ceux ne pensant pas à diriger qui faisaient, justement, les meilleurs dirigeants. Par ailleurs, la réputation du cygne était bonne, sur Elendys, et c’était effectivement sous caution de ce nom que les siens tendaient à accepter ce projet. Ou plutôt, à y réfléchir.

De ce qui ressort du terrain, l’envie est bien sûr un modèle démocratique, mais peu veulent un système trop centralisé. Plutôt, à ce moment, un conseil réunissant les dirigeants des différentes communautés, chacun ayant voix au chapitre, avec à la tête du conseil quelqu’un, donc vous, capable de donner une vision à long terme et les bonnes voix à prendre. Évidemment, ce n’est pour le moment qu’une idée assez vague. J’ai le sentiment que certains attendent un mélange entre un Empire et une République, à mon humble avis.

Leurs voisins les plus proches craignaient un peu de quitter leur coquille, et leur isolement. Pour que cela se fasse, l’offre devait être à la fois rassurante et forte. Avant de prendre la parole, elle se remémora quelques conseils de prononciation sur le Sy Bisti, la langue employée dans cette réunion. Pour eux, cette langue ne servait qu’à usage commercial avec d’autres planètes, mais il ne s’agissait pas de leur langue natale. Tout comme le Basic, qui n’était que très rarement employé. Si rarement que la très grande majorité de son peuple n’en comprenait pas un seul mot.

En ce qui concerne mon peuple, dit-elle en espérant que son accent ne rende pas la compréhension difficile, c’est bien votre nom et réputation qui ont eu un effet de caution, avant de briser une part de notre isolement. Toutefois, il faudra bien veiller à ce que les mondes rejoignant cette coalition conservent malgré tout une bonne indépendance, afin de ne pas retomber dans les travers que possèdent que les plus imposants gouvernements galactiques, qu’importe leurs formes successives. Beaucoup de projets, comme le commerce, la défense par secteur galactique et et les recherches technologiques peuvent être menés en commun. D’autres doivent être laissés à l’appréciation de chaque peuple. Je pense aux systèmes politiques locaux, à la culture, à l’apprentissage des langues. Nous ne voulons que le Basic, par exemple, ou une autre langue, s’impose peu à peu comme régnante sur tous les mondes, comme ça été le cas dans le restant de la galaxie, au fil des siècles. Nos cultures ont été secouées par la pandémie, nous devons plus encore les préserver.

Elle estimait tout à fait réalisable qu’un patchwork de cultures différentes puissent travailler et coopérer toutes ensembles, à la condition que chacune soit respectée par les autres et offre en retour des échanges culturels et commerciaux. Elle tourna ensuite le regard vers les militaires présents, l’air très calme.

Nous ne disposons pas de ressources pouvant intéresser une grande armée. Cependant, nous avons des techniques efficaces pour conditionner et distribuer des ressources alimentaires pour de longues distances, pouvant prendre moitié moins de place que de coutume. Ainsi que d’autres techniques qui ont été développées pour les voyageurs, elles peuvent s’adapter aux armées. Nous pouvons donc participer ou fournir des outils, pour le support logistique.

Thrawn "Je tiens à vous rassurer : le grand moff Tarkin ne quittera pas la Bordure extérieure de sitôt. Même si l'Empereur Palpatine souhaite acquérir vos mondes, les troubles dans cette région l'inquiète davantage, surtout que c'est là-bas que l'Alliance Rebelle recrute le plus et se trouve le plus actif. Non, l'Etoile Noire y restera. L'Empire restera sur sa stratégie actuelle et seule la sixième flotte sera active dans l'espace Sauvage, et mes propres forces suffiront à l'en chasser.

Toutefois, cela ne veut pas dire que nous désirions intégrer votre nation. Nous pourrions collaborer avec vous, moyennant des ressources non humaines, mais ce sera à vous, à terme, de créer votre propre armée et flotte."

Moui, c'est bien gentil de sa part mais créer une simple escadre de combat demande du temps et il doit parfaitement le savoir, surtout vu le manque industriel de l'espace sauvage. En gros, ce que Nevil compte mettre en place restera dépendant pour son autonomie des FID pendant quelques années encore.

J'écoutais d'ailleurs le patron, croisant les jambes sous la table. Je ne pus retenir un sourire ironique quand Nevil cita Tigellinus. A l'académie de Bastion, une vieille instructrice tenait à citer les grands amiraux de l'ère de Palpatine mais surtout pour les dénigrer. Je me souvins qu'elle a dit "Rufaan Tigellinus était un politicien qui n'aurait jamais du arriver à ce poste". Bref, même moi je devais être meilleure stratège que lui, et s'il est derrière la stratégie concernant l'action impériale dans l'Espace Sauvage, cela se voit. Je regardais un peu plus intensément quand il cita mon nom et retint de justesse un soupir de soulagement. Au moins, il n'allait pas me demander de devenir ministre ou un truc du genre, et même pas chef des "forces armées de l'espace sauvage". Juste chef instructrice et d'opération ? Oui, cela m'allait.

Vu que cela part sur le côté politique, je laissais mon esprit un peu dériver, écoutant la conversation juste pour savoir quand ça va parler des sujets qui m'importe.

Jet de dé :
ai-je entendu parler de Tigellinus ? 5

"Tout d’abord, pour ceux qui l’ignorent, les dix secteurs sont surveillés par des patrouilles de la sixième Flotte, sous la direction du Grand Amiral Rufaan Tigellinus. Elles disposent de petites bases mobiles pour le réapprovisionnement et les renforts éventuels dont elles auraient besoin. Il va sans dire que ces impériaux-là doivent être laissés en paix. Plus intéressant, nous avons fait sonder l’état d’esprit des officiers chargés d’organiser la surveillance de chacune de ces planètes. Sept d’entre eux, sur les dix, collaborent pleinement avec les populations locales et s’y sont intégrés sans heurts ni violence. Principalement depuis les révélations faites sur la pandémie. Merci, d’ailleurs, pour l’interview du fou, amiral. Ces sept officiers ont déjà couverts certains incidents particuliers dans leurs secteurs, afin que rien ne remonte aux oreilles de l’Empire."

"Pourquoi ne désertent-ils pas simplement, alors ?" marmonna Shen Trauxy, d’un ton perplexe.

"Non, ce ne serait bon pour personne. Ils sont un soutien supplémentaire mai sil ne faut pas pour autant perturber le fragile équilibre de ces secteurs. J’ignore si Tigellinus serait assez abruti pour déclencher un problème à ce niveau et je n’ai pas envie de le découvrir. Pour en revenir à ce que vous disiez plus tôt, dame Felkay, le but n’est bien sûr pas de rassembler en un bloc et très vite tous les mondes possibles. Ça ne pourra se faire que sur le long terme et progressivement. Il faut du temps pour bâtir des institutions solides et fiables. Ceux habitués à la politique ici savent de quoi je parle."

"Il y a aussi un fort risque, s'ils désertent, que l'Empereur délaisse le blocus des mondes interdits. Et je n'ai pas les effectifs suffisants pour mener mes opérations, protéger vos mondes, le temps que vous créiez votre propre force, et sécuriser ces dix planètes. Laisser ces vaisseaux en place, sous drapeau impérial, est le meilleur choix possible."

C'était, de son point de vue, une évidence. Palpatine, au final, n'allait pas se préoccuper plus que cela de ces mondes et, s'il décidait de laisser à l'Espace Sauvage le soin de les "protéger", il les accuserait d'être responsable d'une nouvelle pandémie. Sachant, en plus, qu'il a déjà un remède, et qu'il suffirait de le modifier pour qu'il puisse guérir une version différente du virus plagueien. D'ailleurs, il était tout à fait possible que Palpatine ne fasse ces blocus que dans un but purement politique.

Thrawn eut un regard amusé en direction de Nevil quand Toball exprima ce qui était une évidence : le Cygne était l'un des deux plus importants symboles de l'Espace Sauvage. Hors Eli préférerait devenir ermite sur Csilla plutôt que d'accepter de devenir le leader de cette partie de l'Espace Sauvage. Thrawn, d'ailleurs, préférait qu'il reste au sein de l'Ascendance, où son rôle est d'une importance cruciale, même s'il restera surement ignoré dans les manuels d'histoire. Non, le Cygne Noir était le seul disponible pour être le premier dirigeant de cette future nation. Il continua d'écouter la discussion, plusieurs personnes se joignant à Toball et à Keenali pour approuver le fait qu'il est nécessaire que chaque monde conserve une certaine indépendance.

"Une armée a aussi besoin de nourriture, effectivement, majesté. Je ne serais pas difficile sur l'aide que votre monde, et ceux des autres, pourront nous apporter.

Pour en revenir à votre gouvernement, un modèle fédéral serait donc ce que vous recherchez ? Un conseil, présidé par maître Cygni au début, qui aura pour charge de superviser les opérations militaires, les négociations diplomatiques et commerciales avec les autres nations et dans lequel chaque monde aura un représentant ?"

La politique n'était pas le fort du grand amiral mais il avait regardé les différents types de gouvernement existants quand il avait préparé son annexion de l'Espace Sauvage, ayant pour projet de regrouper tous les mondes "volontaires" pour les intégrer comme une seule entité au sein de l'Empire. Ce n'était pas un système parfait mais, de son point de vue, dès que l'on mêlait la politique à quelque chose, la perfection ne pouvait exister. Bien sur, c'était peut-être impoli de sa part de prendre la parole là-dessus mais c'était une façon, pour lui, de montrer son engagement vis à vis de cette future nation, qui sera voisine des FID.

Pour être tout à fait honnête, Nevil songeait avant tout à chercher et recruter de bons politiciens, des personnes à l’aise et habituées, et bien plus importance encore, qui soient parfaitement intègres. Car s’il souhaitait faire progresser ce projet, il ne s’imaginait pas pour autant en prendre la tête de cette façon. Aussi fut-il d’abord assez surpris et perplexe que Kaj lui réponde ça, d’autant plus avec un tel naturel. Ce n’était pourtant pas le genre de responsabilités qu’il fallait confier à la légère ! Diriger une nation exigeait beaucoup de compétence et d’intégrité, de capacités à fédérer et de diplomatie, pour gérer tous les conflits possibles, graves ou non. En résumé, ce n’était pas fait pour n’importe qui, n’emporte comment et n’importe quand. Bien sûr, la confiance qu’on vous portait était appréciable, mais cela dit, la confiance ne pouvait pas tout procurer. Il n’eut pas même le temps de répliquer quoi que ce soit, car Kaj enchaîna sans lui en laisser l’occasion. Volontairement, sans nul doute.

Très bien, ils reparleront de ça plus tard, ce n’était pas le plus pressant. Ce que rapportait Kaj coïncidait avec les échos que lui avait rapporté Beyeenk du terrain, il y a quelques jours. Échaudés par la Guerre des Clones, la République puis la « gestion » de l’Empire derrière, il était maintenant très clair que personne ne voulait d’un modèle semblable à l’un de ceux ayant été instaurés par la confédération des systèmes importants, la République ou n’importe quel autre système de même taille et acabit. Donc un modèle fédéral, quelque part, avec un conseil à sa tête, des représentants ayant chacun une voix au chapitre, et une personne pour chapeauter le tout et s’assurer que les choses aillent dans le bon sens. Il porta ensuite le regard sur la jeune reine lorsqu’elle s’exprima à son tour, attentif. Sa manière de parler, autant que se tenir, était très douce, c’était agréable. Elle-même avait une mine aussi agréable à observer qu’écouter le son de sa voix. Il sourit très légèrement, presque sans y penser, avant de se concentrer un peu mieux sur les paroles prononcées.

Il était de toute manière très clair que le but de cette coalition ne sera pas d’imposer une langue unique ou une seule manière de penser, bien au contraire. Cette volonté de se réunir et de se défendre ensemble venait avant tout d’un refus de l’étranger. C’était sans doute idiot à dire, pourtant, c’était bel et bien ça. Le refus de se faire avaler par des gouvernements tentaculaires et titanesques, le refus de voir la langue Basic s’imposer, le refus que leurs cultures, lois et coutumes soient jugées par d’autres et critiquées. La volonté de rester entre-soi, de se serrer les coudes et de ne plus être les victimes d’ennemis lointains, venus ravager leurs mondes par simple plaisir. Le désir d’officialiser, finalement, ce qui était déjà une évidence pour tous. Leur région galactique était, partout, considérée comme sous-développée et inintéressante. En se réunissant entre eux, et en repoussant du même coup tout Empire ou toute nouvelle République, peu importe qui en sera à la tête, ils allaient ainsi concrétiser cet état de fait. Très officiellement.

"Nous ne disposons pas de ressources pouvant intéresser une grande armée. Cependant, nous avons des techniques efficaces pour conditionner et distribuer des ressources alimentaires pour de longues distances, pouvant prendre moitié moins de place que de coutume. Ainsi que d’autres techniques qui ont été développées pour les voyageurs, elles peuvent s’adapter aux armées. Nous pouvons donc participer ou fournir des outils, pour le support logistique."

"Une armée a aussi besoin de nourriture, effectivement, majesté. Je ne serais pas difficile sur l'aide que votre monde, et ceux des autres, pourront nous apporter. Pour en revenir à votre gouvernement, un modèle fédéral serait donc ce que vous recherchez ? Un conseil, présidé par maître Cygni au début, qui aura pour charge de superviser les opérations militaires, les négociations diplomatiques et commerciales avec les autres nations et dans lequel chaque monde aura un représentant ?"

Décidément, tout le monde avait déjà acté que ça sera bien lui qui sera à la tête de conseil… Sachant qu’ils n’en étaient encore qu’à l’étape préparatoire et aux négociations, il choisit de ne toujours rien répondre sur ce sujet-ci en particulier. Il y avait bien plus important. A la place, il hocha donc la tête pour approuver. Cette idée-là était la moins mauvaise d’entre toutes, à ses yeux.

"Il s’agit du modèle convenant le plus à nos mondes, connaissant leurs spécificités et et les méthodes les plus généralisées de fonctionnement."

Pour le coup, il parlait en connaissance de cause. Durant toutes ces années, où il avait agi pour ses actions et pour celles des autres, des années de lutte contre la force impériale, il était passé par de nombreux mondes, avait rencontré un bon nombre de communautés, plus ou moins fréquentable, et avait donc un bon aperçu de comment les choses se déroulaient. Qui aurait cru qu’une vie entière à vadrouiller autant et à se mêler de tout aurait pu le conduire ici. Il y a quelques années seulement, il avait abandonné la création d’un bloc commun entre tous les fronts rebelles, par lassitude et convaincu que ces fronts seraient incapables de s’entendre à long terme et travailler ensemble. Abandonné car ce qu’il avait vu et entendu en cours de route l’avait dégoûté. Et aujourd’hui, ils travaillaient à plus gros encore. La vie avait un curieux sens de l’humour.

"En ce qui concerne la production industrielle, des armes et chasseurs, je précise, nous allons être assez vite limités, durant les premiers temps. Dagr God ?"

L’homme enchaîna aussi sec pour faire le point sur la situation, ce que sa propre planète était capable de faire, ainsi que celles où quelques usines existaient également. Si on comptait le tout, c’était somme toute assez peu, ça ne suffirait que pour un territoire assez restreint. Bah, cela dit, ils avaient déjà vu pire, bien pire.

"J’ai déjà listé les pièces manquant le plus. Il y aussi la question du carburant."

"Je peux me charger de préparer ça pour mes hommes, récupérer ce qu’il nous manque."

"Pourquoi, vous avez l’habitude de la contrebande ?"

"Oui."

Il lui adressa un bref sourire, assez ironique, car il savait très bien ce que le représentant d’Adumar pensait de la contrebande et des réseaux du marché noir. Mais dans cette situation, ce n’est pas comme sil avait vraiment le choix, aussi choisit-il finalement de se taire, l’air autant ennuyé que résigné.

"Où est-on sur le recrutement des volontaires, pour la défense interne ?"

Ils partaient sur une sorte de système fédéral, les détails devaient être peaufinés, bien entendu, c’est ce qui semblait être le plus adapté à ces mondes. Personne ne voulait d’un Empire, pas plus que d’une République, et beaucoup se méfiaient tout autant du système de ce général droïde, lors de la Guerre des Clones. Il hocha doucement la tête face à la déclaration de la jeune reine d’Elendys, comprenant parfaitement son point de vue. Sur ces sujets, elle pouvait être rassurée, le but n’était effectivement pas d’imposer une culture et une langue uniques, au détriment de toutes les autres. Ils devaient définir posément quels secteurs pouvaient être arrangés en commun, comme la Défense, quels autres étaient laissés à la pure appréciation de chaque peuple. Cela n’empêchera pas les échanges entre mondes, dans le cas de ces derniers, en revanche, il devait très clair pour tous que les différences culturelles et les coutumes seront protégées et préservées.

Il portait un regard à la fois scrutateur et curieux, sur les militaires présents, avec la légère sensation que certains d’entre eux étaient sur le point de s’endormir, tandis que ça discutait de politique. La jeune Amélia avait la tête de celle qui se perdait de plus en plus loin dans ses pensées, par exemple. Dagr God était dans le même état, le regard légèrement plus vitreux que toute à l’heure, plus appuyé contre le dossier de son chaise. Même Beyeenk retenait visiblement de longs et réguliers bâillements, il hochait la tête de manière parfaitement mécanique. Kaj retint un petit sourire, en reportant son attention sur la discussion en cours. La politique ne plaisait guère à tous, il comprenait tout à fait ce sentiment, néanmoins, il s’agissait d’un incontournable, quel que soit la situation. La politique pouvait aussi avoir une influence très forte, parfois pénible, sur la partie militaire, il était inutile de le nier.

"En ce qui concerne la production industrielle, des armes et chasseurs, je précise, nous allons être assez vite limités, durant les premiers temps. Dagr God ?"

Leur confrère sembla se réveiller d’un seul coup et se redressa, ne cachant même pas son soulagement qu’on quitte l’espace d’un instant les considérations politiques. Il leur fit un point sur les capacités de production de son monde, puis enchaîna sur les autres planètes possédant des installations similaires. Mmh… Mine de rien, ce n’était pas très lourd. Il faudra du temps avant de monter une flotte digne de ce nom, tout en préparant des hommes et des femmes à la remplir et la gérer. Kaj jeta un œil, sur son datapad, aux effectifs actuels et à ceux potentiels, chiffrés il y a peu grâce aux recherches de Beyeenk. Pour le moment, la défense personnelle de chaque monde contre les pirates et autres groupes de même type était possible. La défense à plus large rayon, pour protéger les convois, était encore trop faible. Quant à celle contre l’Empire, ils ne pouvaient encore rien faire sans l’appui des FID.

Il secoua ensuite un peu la tête, envers Nightswan, quand il se moqua un peu de Dagr God sur la question de la contrebande. Pas très charitable, mon vieux, il savait très bien ce que leur confrère d’Adumar pensait de tout ça. Dagr eut l’air de vouloir discuter, l’espace d’une seconde, puis se résigna tout aussi vite. Il savait bien, de son côté, qu’ils n’avaient pas réellement le choix, le temps que tout soit mis en place…

"Où est-on sur le recrutement des volontaires, pour la défense interne ?"

"Sur douze planètes officiellement prêtes à participer, huit peuvent se défendre seules contre les attaques de pirates de passage et autres. Sur ces huit, seulement trois, pour le moment, ont de quoi prêter main forte à d’autres mondes et participer à des opérations plus vastes. Le recrutement progresse régulièrement."

Il fit changer la carte pour afficher l’état des lieux, montrant les zones encore faibles, militairement parlant bien sûr, et celles qui pouvaient assurer leur défense sans peine. A condition, bien sûr, que ce ne soit pas une escadrille impériale qui débarque jouer les troubles-fêtes, cela, tout le monde ici l’aura déjà compris.

"Nous devons définir comment les choses vont s’organiser, aussi bien sur le plan logistique que sur le plan militaire, entre nos forces et les vôtres, amiral. Miss Amélia a également des idées ?"

Ah, on arrêtait de parler politique ? Cool parce que moi, la politique, moins j'en vois et mieux je me porte. Dire que, pendant un temps, je faisais des cauchemars dans lesquels j'étais sénatrice de Kwevron au sein du sénat de l'Alliance Galactique. Le pire était que je rêvais les séances barbantes dans le sénat, des réunions importantes... Comment pourrais-je vivre un délire pareil, sérieusement ? J'étais bien heureuse de ne pouvoir subir ce sort horrible, surtout vu que, un, je suis un militaire et pas une politicienne et, deux, j'ai des principes qui feraient de moi une sénatrice très pointilleuse et honnête. Du jamais vu en politique, quoi. Enfin, ce n'était que des rêves et aucunement la réalité.

"Hum, oui, j'ai plusieurs idées à proposer, monsieur."

Je me redressais en parlant, prenant sans y songer mon "ton militaire", mais respectueux tout de même, hein. Au fond, peut-être étais-je un poil trop gentille pour faire un bon amiral ? Enfin, advienne que pourra et concentrons nous un peu sur ce qui se passe.

"Je pense qu'il faudrait, pour bien débuter, nous concentrer sur la production de deux modèles de chasseurs. Un de supériorité, conçu pour le combat chasseurs contre chasseurs," précisais-je pour les ignare du domaine militaire. Il y en a peut-être parmi ceux qui ne font qu'écouter, e tmême peut-être parmi les parleur. "Soit un modèle totalement neuf, soit un Tie ou un A-Wing. Le second doit un chasseur lourd, tel le X-Wing, capable d'emporter des torpilles à proton. Bien sur, au départ, la priorité devrait être mise sur le second modèle.

Dans un second temps, il faudra songer à débuter l'achat, vu qu'aucune planète n'a de chantier spatial, de corvettes. Elles feront une bonne base de départ pour la création d'une petite flotte spatiale."

Je jettais un regard à Nevil, parce qu'avec ses contacts dans le marché noir, il pourrait surement obtenir de tels moyens. Bien sur, tout cela ne ferait pas le point contre une escadre de destroyers impériaux mais c'était un début, et surtout très efficace contre les pirates.

"Je préconiserais la classe Marauder : ils sont très bien armé, de deux turbolasers, et peuvent emporter une escadrille de chasse. D'expérience, je sais que les pirates craignent d'en croiser."

Je me reculais contre le dossier de mon siège, signifiant par là n'avoir plus rien à dire sur le sujet, pour le moment. Après tout, s'ils avaient des questions, auquel il faudra que je réponde.

La situation n’était pas si mauvaise qu’il l’avait pensé ce matin, bien que tout devait encore être amélioré, bien entendu. Disons plutôt qu’il s’était attendu à autre chose… Kaj fit afficher une nouvelle carte, le temps de faire le point, toujours de ce ton si posé et académique. Maintenant qu’il y songeait, Nevil ne l’avait absolument jamais vu s’énerver. Même durant la pandémie, alors qu’il s’occupait de gérer les entrées et sorties de cette station médicale et de s’occuper de placer les malades dans les différents secteurs selon leurs états et l’avancée de la maladie, il était toujours resté très calme et maître de lui. Le Cygne l’avait toujours vu comme l’huile dans les rouages… Personne ne savait qui il était et quel était son rôle, mais sans lui, rien ne pouvait fonctionner. Il était l’un de ces très nombreux hommes de l’ombre, sans qui aucune action ne serait réalisable, et qui pourtant ne sera jamais connu du grand public, à sa juste valeur.

Il tourna ensuite le regard vers Amélia, lorsqu’elle prit la parole à son tour, semblant se réveiller tout à coup. En ce moment, elle était la seule, parmi les hommes et femmes qu’il commandait directement, à venir d’une de ces fameuses failles. En règle générale, Nevil avait une nette tendance à se méfier de ce genre de personnes. Il estimait inutile, voire dangereux, de colporter des données sur un futur ne pouvant de toute façon plus exister dorénavant, et ne voyait pas non plus un grand intérêt à se préoccuper de méthodes du passé ou de qui avait fait quoi durant telle ou telle guerre, il y a des milliers d’années. Il se moquait bien de qui avait été célèbre durant il ne savait quelle guerre il y a trois ou quatre millénaires, tout comme il estimait parfaitement inutile de savoir que machine ou bidule s’étaient illustrées dans des époques encore bien éloignées de la leur, dans le futur. Seuls le présent et le futur accessible l’intéressaient, le reste n’avait aucune importance.

Certaines indications restaient bonnes à exploiter, bien entendu… Tant qu’ils étaient extrêmement prudents avec ce type de données. D’une façon générale, Nevil avait choisi de rester très prudent face aux adeptes de la Force, pas par crainte de se faire attaquer, mais par crainte de leurs mentalités et projets à long terme. Il voyait mal comment ce type d’Ordre pouvait s’intégrer sans heurts dans une société, quelle qu’elle soit, et estimait préférable qu’elles restent chacune indépendantes. Autant pour leur propre sécurité que pour celles des différentes factions et des gouvernements. Ça n’empêchait bien sûr pas de dialoguer, commercer ou s’allier avec elles, mais cela empêchait au moins trop d’échanges entre les deux.

"Je pense qu'il faudrait, pour bien débuter, nous concentrer sur la production de deux modèles de chasseurs. Un de supériorité, conçu pour le combat chasseurs contre chasseurs, soit un modèle totalement neuf, soit un Tie ou un A-Wing. Le second doit un chasseur lourd, tel le X-Wing, capable d'emporter des torpilles à proton. Bien sur, au départ, la priorité devrait être mise sur le second modèle. Dans un second temps, il faudra songer à débuter l'achat, vu qu'aucune planète n'a de chantier spatial, de corvettes. Elles feront une bonne base de départ pour la création d'une petite flotte spatiale. Je préconiserais la classe Marauder : ils sont très bien armé, de deux turbolasers, et peuvent emporter une escadrille de chasse. D'expérience, je sais que les pirates craignent d'en croiser."

"Les Tie en l’état ne sont pas le meilleur choix, ils sont dangereux en groupe, et encore… Souvenez-vous du capitaine Fel, qui avait réussi à en semer toute une plâtrée. Vous aviez commencé à travailler sur un nouveau modèle, non ?"

Il jeta un rapide coup d’œil vers le dirigeant d’Adumar, qui hocha aussitôt la tête. Avec une expression emplie de fierté. Ce n’était pas un projet complètement achevé, encore, mais il était déjà certain que ce qui en sortira surpassera les Tie très largement. Ce n’était en sus pas le seul monde de l’Espace Sauvage à avoir tourné sa production et ses recherches technologiques sur les chasseurs. Sur certaines mondes, rares mais importants, ils possédaient même des modèles capables de frapper rien de moins qu’un destroyer stellaire. Avec l’effet de surprise, le bon timing et surtout de très bons pilotes aux commandes, la force de frappe en résultant était impressionnante. Le point noir, en revanche, était évidemment que ces chasseurs étaient en nombre très limités, trop limités pour être aptes à défendre plus d’un ou deux mondes, au maximum. Sans compter que l’effet de surprise, c’était bien pour frapper le premier, mais ce n’était pas du tout suffisant pour défendre tout un monde ensuite contre lesdits destroyers.

"En ce qui concerne les corvettes, oui, la base se fera forcément au marché noir, nous n’avons pas d’autres solutions."

Il avait pu nouer pas mal de contacts, tout au long de son existence. Plus ou moins recommandables…

"Une autre question de sécurité est celle des sensitifs. Nous n’avons pas spécialement de mauvaises relations avec certains Jedis actuels, par exemple, mais rien non plus de très défini. Pour ma part, je suis plutôt d’avis à les laisser en factions indépendantes, ne pouvant pas se mêler des affaires politiques ou militaires d’un gouvernement voisin. Ce qui n’empêche pas qu’il faut établir un système, indiquant comment les gérer, selon qui pope encore au milieu de nulle part sur l’un de nos mondes."

Une armée a aussi besoin de nourriture, effectivement, majesté. Je ne serais pas difficile sur l'aide que votre monde, et ceux des autres, pourront nous apporter. Pour en revenir à votre gouvernement, un modèle fédéral serait donc ce que vous recherchez ? Un conseil, présidé par maître Cygni au début, qui aura pour charge de superviser les opérations militaires, les négociations diplomatiques et commerciales avec les autres nations et dans lequel chaque monde aura un représentant ?

Il s’agit du modèle convenant le plus à nos mondes, connaissant leurs spécificités et et les méthodes les plus généralisées de fonctionnement.

Effectivement, ce serait un modèle efficace, avec certes des difficultés et faiblesse, comme n’importe quel gouvernement, mais adapté malgré tout. Conserver une bonne union et des ententes solides était le plus délicat, dans un tel gouvernement. Ceci étant, elle jugeait cela tout à fait faisable. Les difficultés diverses étaient inévitables, ce n’était pas à elles qu’elle songeait en premier lieu mais au bénéfice pouvant être retiré pour leurs peuples respectifs. En ce qui concernait la production industrielle d’armes ou même de chasseurs ou corvettes, la jeune reine avait déjà précisé ce qu’il en était pour son monde, aussi resta-t-elle simplement silencieuse et attentive. Les mondes voisins du leur avaient quelques ressources en carburant, des productions suffisantes pour leurs propres besoins, cela dit, en auraient-ils assez pour subvenir aux besoins de toute une flotte ? Une interrogation qu’elle rangea dans un coin de son esprit, en attendant de pouvoir se renseigner plus avant.

Sur le sujet de la défense, là encore, les choses avaient déjà été présentés. Dans le cas de son monde, Elendys possédait deux croiseurs et quelques chasseurs, les défendant contre les quelques attaques coutumières de pirates. Ils n’avaient jamais eu besoin de plus, car ils ne menaient aucune guerre contre d’autres planètes et n’avaient jamais eu besoin non plus de se défendre face à une grosse force d’invasion. Les choses risquaient de changer, cela dit. Ils ne pouvaient pas vraiment participer à la défense d’une autre planète, en plus de la leur, car ils ne disposaient pas assez de moyens techniques et humains pour ce faire. Une nouvelle carte fut affichée, montrant les zones stables, celles où la défense peinait, et celles où cette défense était simplement suffisante pour une planète, comme leur propre cas. Leurs mondes étaient tout de même bien éloignés les uns des autres.

Il lui était difficile de juger les besoins pour la protection d’une telle surface et plus encore quels étaient les appareils les plus recommandés. Bien qu’elle sache ce qu’il fallait utiliser contre les pirates, elle ignorait ce qui était le mieux adapté face à une armée formée et surarmée. Là encore, elle choisit de rester silencieuse, étant donné qu’elle ne pouvait rien affirmer de très concret ni de très utile sur ce sujet. Les seuls Tie qu’ils avaient vu venaient d’images de propagande de l’Holonet, c’était dire. Jamais un croiseur impérial ou un destroyer n’avait pointé le bout de son vilain nez dans l’orbite d’Elendys. Il serait d’ailleurs intéressant d’en découvrir l’intérieur, même en partie. Hélas, ce n’était pas un souhait dont elle avait la moindre chance de le voir se réaliser un jour.

Une autre question de sécurité est celle des sensitifs. Nous n’avons pas spécialement de mauvaises relations avec certains Jedis actuels, par exemple, mais rien non plus de très défini. Pour ma part, je suis plutôt d’avis à les laisser en factions indépendantes, ne pouvant pas se mêler des affaires politiques ou militaires d’un gouvernement voisin. Ce qui n’empêche pas qu’il faut établir un système, indiquant comment les gérer, selon qui pope encore au milieu de nulle part sur l’un de nos mondes.

Pourrions-nous établir un accord avec l’Ordre Jedi, sans les intégrer bien sûr, afin de leur signaler ce type d’individus ? Ils semblent être les mieux indiqués pour les gérer, surtout s’il s’agit à nouveau d’un Sith. Nous ne devons pas nous comporter d’une manière agressive envers un de ces individus sortant de nulle part, simplement pour ne pas déclencher sa propre agressivité, l’incompréhension et la peur seront déjà assez puissantes. De plus, cela permettra aussi, dans le cas d’individus d’évidence plus dangereux, de gagner du temps et faire venir des personnes plus expérimentées et à l’aise. Nous pouvons prendre le temps de diffuser la bonne méthode à employer, former quelque peu, sur nos différents mondes, à ce sujet. La diplomatie est un atout puissant.

Elle tourna le regard vers les autres représentants de leurs mondes, afin de connaître leurs avis sur le sujet. Madame Felkay avait hoché la tête presque aussitôt, ajoutant qu’il était évident qu’ils ne devaient pas rechercher automatiquement le conflit avec ce type d’individus. En revanche, monsieur God pinçait un peu le nez.

Difficile de savoir sur qui on tombe… Par principe de précaution, mieux vaudrait simplement les enfermer en attendant d’en savoir plus.

Ce serait les inciter à provoquer un désastre autour d’eux. Et puis, arrêter des personnes sans raison aucune est très extrême, comme méthode. Ce futur gouvernement ne doit pas devenir une dictature, ne devenons pas ce contre quoi nous combattons.

Un accord avec l’Ordre Jedi pour ça… Il y réfléchit, tout en détaillant sans y songer les traits fins de la jeune femme et son regard d’un noir brillant. Il connaissait peu de Jedis, bien trop peu pour savoir exactement quoi en penser. Le seul qu’il avait croisé était le petit Skywalker, à la station médicale, durant la pandémie, il n’en avait rencontré aucun autre. Leur réputation n’était pas toujours très glorieuse, bien que ce soit une moyenne acceptable, comparé à d’autres factions. Sinon, il était d’accord avec le fait que l’agression directe et gratuite n’était pas la meilleure idée qui soit, tout particulièrement encore avec une personne paumée, arrivant juste d’on ne sait où… Même si cela dépendait aussi sur qui on pouvait tomber. Ou sur quoi. Tout le monde ne semblait pas forcément d’accord, autour de cette table, sur cette manière de présenter les choses. Évidemment. La peur qu’une autre catastrophe soit déclenchée par un de ces Siths ou autre venu d’une faille allait tous les suivre durant encore de très longues années.

"Difficile de savoir sur qui on tombe… Par principe de précaution, mieux vaudrait simplement les enfermer en attendant d’en savoir plus."

"Ce serait les inciter à provoquer un désastre autour d’eux. Et puis, arrêter des personnes sans raison aucune est très extrême, comme méthode. Ce futur gouvernement ne doit pas devenir une dictature, ne devenons pas ce contre quoi nous combattons."

"C’est juste, nous ne pourrons pas être crédible un seul instant si les méthodes employées se ramènent à celles impériales. Il y a une solution simple, en cas de grosse montée en tension, c’est de tirer en mode paralysant."

Ils discutèrent ensuite de plusieurs manières de s’y prendre, cherchant une qui satisfasse tout le monde, finalement, trouver un compromis entre la fermeté et la diplomatie. Il n’espérait pas obtenir de solution parfaite, en revanche, il tenait à parvenir à un consensus. Une manière unique de faire, pour tous, qui convienne au maximum, et qui leur permette d’éviter le maximum de soucis à l’avenir, dans un tel cas de figure. Le débat commençait à se prolonger, avec les politiciens présents autour de la table, et devait sans doute de plus en plus assommer les militaires. Un petit détail qui ne le troublait pas le moins du monde, occupé qu’il était à participer à ce débat, parfois à arbitrer entre deux lorsque la situation se tendait, pour conserver le calme et un débat construit, surtout. Ils étaient ici pour avancer, pas pour se voler dans les plumes. Nevil se mettait quasi naturellement à jouer les médiateurs dès lors qu’il sentait la moindre crispation.

Il fallut une bonne vingtaine de minutes avant de mettre tout le monde d’accord sur un processus unique et parfaitement clarifié. Nevil avait dû s’engager au passage à prendre contact avec l’Ordre Jedi pour au moins ce sujet et Dagr God s’était engagé, de son côté, à faire bien ordonner à tous ses hommes de ne tirer qu’en mode paralysant dans ce cas de figure précis. Nevil raya ce sujet dans la liste qu’il tenait sous le nez, voulant d’abord passer en revue ce qu’ils devaient absolument mener tous ensemble, laissant pour l’heure ce qui pouvait être traité soit plus tard, soit en petit comité, sans que ça ne gêne le groupe tout entier. Il lança un regard de côté, ensuite, pour vérifier qu’Amélia n’était pas tombée profondément endormie et se tenait toujours prête pour la suite des opérations. La politique n’était pas non plus la partie préférée de Nightswan, mais elle était indispensable, il savait s’y mettre.

"Bien. Ceci réglé, je vous laisserai chacun diffuser les informations nécessaires sur chacun de vos mondes. Le sujet suivant à traiter concerne la partie militaire, cette fois aussi."

L’ordre n’était pas dû au hasard, Nevil avait fait en sorte de faire aller les choses en entonnoir. Sans pour autant pouvoir beaucoup rentrer dans les détails, ils devront encore beaucoup travailler après avoir posé ces premières bases, c’était évident.

"Pour ce qui concerne l’accord avec les FID, nous devons définir exactement les termes exacts. Pour l’heure, l’ennemi le plus évident reste l’Empire, il attaquera tôt ou tard, même s’il a autre chose à gérer pour le moment. Il y a également la menace des Siths, dont nous avons parlé, mais qui ne sera pas gérer forcément par l’armée. Les pirates, bien sûr. Enfin, nous devons nous attendre à ce que certains peuples un peu agressifs des Régions Inconnues aient un jour envie de s’aventurer jusqu’ici."

Kaj lui lança un drôle de regard, sur le côté, quand il parla de ces derniers, il devait sans doute se dire qu’il ne servait strictement à rien de s’inquiéter pour une menace aussi vague, qui n’arrivera peut-être jamais. Nevil, lui, estimait qu’il valait mieux prévenir que guérir. Non, ce n’était pas une menace immédiate et parfaitement identifiée, mais ils devaient demeurer sur leurs gardes. Il avait tourné ensuite le regard vers Thrawn, tout en songeant avec une certaine ironie qu’il aurait finalement plus dû l’interroger sur les menaces lointaines en question, il y a quelques années de cela.

"Qu’êtes-vous capable de supporter, comme charge ? Contre quelles ressources ?"

Il ne posait pas la question de manière mesquine, tout ce qui l’intéressait, c’était de connaître l’état global des FID, contre quoi ils étaient capables de combattre et ce dont ils avaient besoin, afin de voir ensuite ce qu’il était possible de faire. Comment s’organiser et se coordonner.

Très bien, miss, ils écoutaient, elle pouvait y aller. Durant ce temps, il prenait quelques notes, pianotant en silence sur son datapad, avec parfois quelques mots griffonnés sur un bloc-notes papier, lorsque cela concernait plus des réflexions personnelles ou d’autres idées, qu’il devra exploiter plus tard ou retravailler. Réflexe de bureaucrate, comme dirait certains, une étiquette qu’il assumait pleinement. Bien sûr, il était un bureaucrate, il était taillé pour établir des procédure, réfléchir à des plans dans divers domaines, créer des démarches à suivre pour ceux sur le terrain et surtout, optimiser le tout, afin de rester cohérent en termes de temps et de coûts. Le mépris de certains militaires à son égard, pour ça, ne l’avait jamais touché, il était conscient qu’il fallait autant de personnes comme lui que de soldats, dans cette galaxie, pour que le tout fonctionne. Ne pas partir durant de longs mois afin de se battre on ne savait où ne signifiait pas que vous ne valiez rien. Heureusement, d’ailleurs, qu’il existait de personnes attirées par la gestion. Une armée sans gérants administratifs efficaces ne tenait jamais longtemps.

Les militaires se chargeaient d’évaluer les besoins techniques, adapté au terrain, tandis que lui se souciait de la logistique. C’est à dire où trouver de tels moyens, à quels coûts, sur combien de temps et surtout, était-ce ou non réalisable de les obtenir. Si oui, dans quel état, si non, comment les remplacer par d’autres appareils équivalents. Le tout suivant, tout d’abord, leurs moyens propres et les possibilités d’aménagement et de construction, ensuite, par le biais du marché noir ou diverses organisations. C’est pourquoi il notait tout ce qui était lancé dans cette salle avec une grande attention, sans pour autant ouvrir la bouche et émettre le moindre avis. Ils ne pourront présenter un plan plus clair qu’après avoir posé ce qui possible ou non, en l’état, et ce qui pourra l’être après aménagement ou tractations. La plupart de leurs hommes, actuellement, surtout les pilotes, avaient parfois un peu de mal à comprendre qu’ils ne pouvaient pas juste recevoir les appareils voulus en claquant des doigts, c’était plus compliqué que ça. Ils ne possédaient pas la même force de production que les usines impériales.

Sur la question suivante, celle des sensitifs, il demeura également silencieux un moment, écoutant d’abord les arguments des uns et des autres, avant d’émettre son propre avis. Du coin de l’œil, il observait de temps à autre les réactions de Cygni, intérieurement très satisfait. Il ne se voyait peut-être pas comme un chef de faction, encore, mais il se comportait naturellement comme tel. C’était bien ça qui valait le plus. A ses yeux, il avait les épaules pour endosser le rôle et il sera capable de faire face. D’ailleurs, il était certain que cet avis était partagé par d’autres, autour de cette table. Ils parlèrent tout un moment, de ce sujet, avant de parvenir à un consensus. Chacun avait dû accepter des concessions, mais au moins, ils avaient maintenant un plan d’action solide sur ce sujet et tous pourront appliquer les mesures décidées sur les différents mondes. Il ne restait qu’à espérer ne jamais avoir besoin de s’en servir.

"Bien. Ceci réglé, je vous laisserai chacun diffuser les informations nécessaires sur chacun de vos mondes. Le sujet suivant à traiter concerne la partie militaire, cette fois aussi. Pour ce qui concerne l’accord avec les FID, nous devons définir exactement les termes exacts. Pour l’heure, l’ennemi le plus évident reste l’Empire, il attaquera tôt ou tard, même s’il a autre chose à gérer pour le moment. Il y a également la menace des Siths, dont nous avons parlé, mais qui ne sera pas gérer forcément par l’armée. Les pirates, bien sûr. Enfin, nous devons nous attendre à ce que certains peuples un peu agressifs des Régions Inconnues aient un jour envie de s’aventurer jusqu’ici."

Quels peuples agressifs… ? Kaj sourcilla un peu, en lui lançant un regard en biais, sourcils légèrement froncés. N’avaient-ils déjà pas assez d’ennemis, pour se soucier en plus d’ennemis dont ils ne savaient rien et qui n’étaient pas une menace actuelle ? Ou bien il évoquait des peuples dont lui seul avait connaissance ? Kaj se nota dans un coin de son esprit de lui poser la question plus tard, cette réunion n’étant évidemment pas le bon endroit pour ça.

"Qu’êtes-vous capable de supporter, comme charge ? Contre quelles ressources ?"

"J’aimerai aussi savoir en sus," glissa-t-il au passage, "qui sera chargé de peaufiner ensuite les détails, avec nous, et qui servira d’intermédiaire."

Il laissait son côté administrateur s’exprimer, sur cette affaire. Simplement car il aimait savoir à l’avance avec qui il devra travailler.

Thrawn écoutait la conversation en silence, tout comme le colonel Yularen. Tout ce concernait l'organisation interne de cette future nation ne les concernait pas et ils n'avaient donc rien à y apporter ou y redire, sans compter qu'il s'agissait en parti de politique et que le chiss n'aimait guère se mêler de ce genre de chose, domaine dans lequel ses propres élèves étaient bien meilleurs que lui. Et puis, c'était intéressant de regarder ces discussions, qui permettait de voir qui était pou ou contre. Par exemple, Amelia n'était pas du tout d'accord avec Cygni si l'efficacité des Tie, point sur lequel le grand amiral l'approuvait. Le point de vue de Cygni était du à la doctrine impérial et au manque de formation de beaucoup de pilotes mais un chasseur seul, bien piloté, pouvait se révéler plus dangereux qu'il ne le pensait. Toutefois, il voyait des avantages à ce qu'ils construisent leur propre appareil, bien distinct du modèle standard impérial.

La discussion sur les sensitifs venus des failles était une bonne chose, un regret que l'empereur n'ait donné aucune directive ni discuté avec quiconque de cela. Le seul ordre donné par Palpatine était de capturer tous les sensitifs hostiles et l'interdiction d'en tuer un seul, ordre compréhensif mais qui ne disait que faire de ceux venus d'une autre époque et laissait à chacun le soin d'agir comme il le veut. Hors l'Empire apprécie mal l'esprit d'initiative et donc, le temps qu'un officier décide que faire d'un jedi venu des failles, celui-ci s'est surement enfui.

En tout cas, Thrawn nota l'attitude de chacun vis à vis des sensitifs, et il en discutera avec le colonel après cette réunion, quand ils feront un débriefing sur ceux qui seront des alliés ou des adversaires. Car il y en aura forcément, et Yularen a un meilleur sens politique que Thrawn pour cela.

"Pour ce qui concerne l’accord avec les FID, nous devons définir exactement les termes exacts. Pour l’heure, l’ennemi le plus évident reste l’Empire, il attaquera tôt ou tard, même s’il a autre chose à gérer pour le moment. Il y a également la menace des Siths, dont nous avons parlé, mais qui ne sera pas gérer forcément par l’armée. Les pirates, bien sûr. Enfin, nous devons nous attendre à ce que certains peuples un peu agressifs des Régions Inconnues aient un jour envie de s’aventurer jusqu’ici.
Qu’êtes-vous capable de supporter, comme charge ? Contre quelles ressources ?"

"Pour cela, je vais déjà vous donner une estimation de mes capacités militaires. Actuellement les Forces Impériales Dissidentes comprennent une quarantaine de destroyers, une vingtaine de croiseurs et un peu moins de corvettes.

Il parlait en caressant doucement l'ysalamiri posé sur ses genoux. Yularen et lui estimaient que ces effectifs allaient s'accroître, lentement, au fur et à mesure que certains en auront assez des sith et de leur façon de faire au sein de l'Empire et qu'ils ont une alternative entre rester malgré tout et rejoindre la rébellion, en la présence des FID qui sont une faction dissidente impérial qui ne veut pas donner le pouvoir aux sensitifs, sans s'interdire d'en avoir en son sein mais à des postes controlés et une fonction définie. Bref, un statut bien différent de ce qui se passe dans l'Empire où la position des sith n'a rien de bien claire et où les officiers marchent sur des oeufs chaque fois qu'ils ont affaire avec l'un d'eux, hormis l'empereur et le seigneur Vador bien sur.

"Je dois prendre en compte la défense de ma propre base et mes opérations mais j'estime pouvoir dégager une partie de ces effectifs pour votre protection. Plus précisément, je pourrais actuellement affecter douze de corvettes, six croiseurs et dix destroyers de classe imperial, Mark I et II. J'affecterais une escadre de destroyers à la protection de cette station et le reste effectuera des patrouilles entre les mondes de votre nation.

Concernant les jedi, le commandant Bridger est actuellement en soin intensif chez nous et nous pourrions lui faire savoir votre envie de discuter avec l'ordre jedi, auquel cas il pourra vous mettre en relation avec eux.

Pour les menaces potentielles venues de l'Espace Sauvage, je serais présent pour m'en occuper quand ils surgiront. De part mon passé, j'ai une bonne connaissance de la majorité de ceux-ci et je dispose d'une force bien plus puissante que ce que la majorité d'entre elles peuvent disposer, même sans compter ce que je mettrais à votre disposition.

Pour nos propres besoins, nous avons surtout besoin de nourritures, de matériel médical, de pièces de rechange, de munitions et de carburants, bref, nous manquons de sources de ravitaillement."

Le chiss s'abstint de parler de l'accord passer avec l'Ascendance, pour deux raisons. D'accord car il savait le point de vue de l'espace sauvage vis à vis de son peuple, connaissant les légendes existants dans cette région de la galaxie grâce à Eli, mais aussi car obtenir le soutient de la future fédération de Cygni permettra de cacher l'aide chiss.

Pour le reste, les FID restaient une force puissante, largement dotée en Imperial, la plus puissante classe de destroyers mis en service à ce jour. Le grand amiral estimait même que ses capacités militaires étaient supérieure à ceux de l'Alliance Rebelle. Ce qui ne voulait pas dire que ses actions contre l'Empire seront faciles, loin de là. Il faudra agir avec doigtée pour s'assurer d'avoir le contrôle lors de chaque affrontement.

Le chiss regarda ses interlocuteurs civils, prêt à répondre à toutes questions.

La Reine adressa un sourire au Cygne, contente qu’il aille dans son sens et ne soit effectivement pas un des ces hommes prêt à tout pour imposer son propre point de vue aux autres et des méthodes bien trop semblables à celles de leurs ennemis. C’était un point très important pour son peuple, ainsi qu’elle-même. Ils débattirent un long moment sur la procédure officielle à adopter puis déployer, sur leurs différents mondes, avec une certaine difficulté à se mettre d’accord sur les méthodes les plus justes à employer. Yenla restait ferme sur le refus de l’usage de la violence, cependant, il lui fallut accepter des petites concessions. Le résultat final restait satisfaisant, car il n’incluait aucune barbarie ou jugement hâtif sans fondement, cela dit, il restait encore à voir comment le diffuser et faire appliquer. Elle craignait que certains mondes ou peuples soient plus enclins à l’agressivité malgré tout.

Les procédures établies n’avaient de valeur que si chacun et chacune veillait à les faire appliquer correctement. Ce sera un des points de tension, très certainement, à l’avenir, et un point à travailler sur la longueur. Tout en prenant part aux négociations lorsque cela était nécessaire, elle prenait des notes sur son datapad, regardant parfois certains arguments ou précisions notés avant cette réunion, soulevant celles ayant lieu d’être ici au cours de la discussion. Si elle avait bien sûr l’habitude des réunions avec ses conseillers ou ministres, il était moins évident pour elle de se retrouver dans ce type d’entretien. D’autant plus dans cet endroit. Bien que le symbole soit important, il n’était pas encore suffisant pour atténuer l’horreur de ces lieux. Peut-être car la vie n’avait pas pleinement repris tous ses droits en ces lieux. Si plus de personnes travaillaient ensemble, ici, l’image de souffrance et d’horreur attachée à la station disparaîtrait progressivement.

L’Espace Sauvage, contrairement aux autres grands secteurs de la galaxie, avait du mal à tourner la page pandémique, c’était un fait incontestable. La jeune reine espérait que ce projet, comme d’autre, allaient contribuer à cette avancée. Qu’enfin, tous leurs mondes parviennent à progresser et laisser le choc derrière eux. Ce sera très long, bien entendu. Ils devaient s’efforcer de nouveau faire confiance, ce qui sera aussi très dur. C’était le cas pour les FID, par exemple, essayer de vraiment faire confiance, travailler à ça, que tout se déroule pour le mieux. L’estimation de leurs forces qu’il leur fournit demeurer encore une idée assez vague, pour elle. Certes, ils avaient une « flotte », si on pouvait la nommer ainsi, mais ne savaient que peu des grandes armées, ce qu’elles étaient capables de mener comme opérations, en combien de temps et avec quels effectifs. De même pour ces Jedis, ils ne savaient que très peu de choses sur eux, leurs forces ou leurs faiblesses.

Pour nos propres besoins, nous avons surtout besoin de nourritures, de matériel médical, de pièces de rechange, de munitions et de carburants, bref, nous manquons de sources de ravitaillement.

Sur les questions du ravitaillement et de la logistique, il faudra déterminer en amont le chiffrement des ressources nécessaires, avant de mettre une chaîne en place et déterminer les acteurs. Cette chaîne devra également être protégée, par la suite, les pirates n’ont guère d’hésitation à attaquer les convois.

Ils devaient être le plus pragmatique possible, pour s’en sortir, donc savoir exactement quels étaient les besoins, poser les chiffres, déterminer ensuite qui pouvait se charger de quoi, en quelles conditions et sous combien de temps, ensuite penser au stockage et l’acheminent. Madame Felkay reprit la parole aussitôt après, c’était un de ses domaines de prédilection, de penser ce type de projets. Elle avait déjà établi une sorte de long questionnaire, reprenant point par point toutes les questions nécessaires, ainsi que les éventuels problèmes logistiques déjà présents, à pointer du doigt et proposer des améliorations. Après avoir présenté ce petit programme, elle transmit le fichier aux FID, en ajoutant qu’il leur faudra également un représentant fixe, si possible, pour le travail suivant.

Shen Trauxy prit la parole à son tour dans la foulée, jusque là demeurée assez silencieuse, en indiquant leurs propres ressources et ce qu’ils pouvaient mettre à disposition. Chacun indiqua ensuite à son tour les possibilités. Ils discutèrent en même temps de quels moyens allouer pour la protection de ces convois, plus exactement, et qui devait se charger de l’organisation militaire. La reine indiqua qu’ils possédaient deux croiseurs et pouvaient en mettre un à la disposition des convois, pour le protection ou un pour un transport plus important, suivant les besoins. Le représentant d’Adumar lui lança tout à coup un drôle de regard et demanda comment diable un « pauvre petit monde agricole isolé de tout » pouvait posséder deux croiseurs, en plus de leurs chasseurs. Le ton condescendant vexa la reine, bien qu’elle ne le laissa pas paraître.

Notre monde est très tourné, avant toute chose, vers les différentes formes d’art. Dont l’architecture en particulier. Quant aux croiseurs, l’un d’eux nous appartient de longue date et le second est une prise faite à une bande de pirates.

Qu’il veille à ne pas insulter Elendys. Heureusement, ce sujet passa assez vite, car madame Felkay esquiva les crispations en revenant à leur sujet initial et en mettant à plat ce qu’ils avaient déjà pu convenir et ce qui devra être préparé par la suite, en travail commun. Durant ce temps, la reine fit passer la pointe de frustration l’ayant piquée. Elle acceptait bien mal le mépris qu’on pouvait leur adresser sans avoir jamais observé leur monde ou l’avoir visité.

Pour ce qui est du siège de cette confédération, poursuivit Dagr God, il faut déterminer où il sera installé. Nous pouvons proposer un endroit assez stable et sécurisé sur Adumar.

Ce n’était évidemment pas une chose à dire à haute voix mais la pandémie avait été un mal pour un bien. Un moteur supplémentaire participant au changement désiré dans cette galaxie et un moteur qui s’était déjà révélé aussi puissant en moins d’un an que les actes rebelles ne l’avaient été depuis plus de quinze ans. Il fallait un choc aussi impressionnant pour faire remuer d’un bloc bon nombre de mentalités, c’était malheureux mais c’était comme ça. Cela dit, rien n’était joué. Il écoutait, prenait des notes, réfléchissait tout en suivant l’échange, en silence. Former des bases institutionnelles efficaces ainsi qu’une défense opérationnelle ne pouvait se faire du jour au lendemain, ils ne pouvaient, dans cette réunion, que dégrossir l’affaire et poser les premières bases. Ce sera long et certainement douloureux. Cependant, il avait cette fois l’espoir que ça fonctionne. Les conditions n’étaient pas les mêmes qu’il y a deux ou trois ans.

Le fait que le petit Bridger se trouve avec les FID en ce moment était aussi une bonne nouvelle, ça leur permettra de gagner un peu de temps. Qui était le chef actuel de l’Ordre, déjà… Kenobi… ? Nevil se nota de vérifier ça, dans un coin, avant de revenir à la discussion. Pour ce qui était des menaces des Régions Inconnues, il sera bien urbain de s’en soucier, merci. Au moins le temps que tout le projet se consolide quelque peu. Même si Nevil les gardait en tête, ce n’était pas sa priorité pour le moment. Ils devaient progresser un maximum, avant que l’Empire n’ait assez de temps à perdre pour de nouveau tourner le regard vers l’Espace Sauvage. Ils avaient une certaine chance que la Bordure Extérieure soit si immense et qu’y régler une multitude de problèmes, plus ou moins gros, demande en conséquence un temps considérable à l’Empire.

La question du ravitaillement revint sur le tapis, quoi que par un autre biais. Un point important, encore et toujours, ça n’avait rien de très étonnant. Que ferait une armée sans une bonne logistique ? Absolument rien, mis à part se faire lamentablement écraser, bien entendu. La responsable de Sashi établit directement le protocole à suivre, arrachant au passage un petit sourire amusé à Nevil. Chacun son domaine préféré, ça se voyait immédiatement. Cygni lança un petit regard de côté au colonel Yularen, durant ce temps, en se disant que lui aussi ferait un bon gestionnaire, étant donné le temps qu’il avait déjà passé à brasser personnel, données, équipements et ordres de missions. Travailler pour le BSI n’avait jamais été un poste qu’il lui avait envié. Quelle vie affreuse, ce pauvre homme. Cygni le reconnaissait simplement, pas du tout rancunier que ce type lui ait couru après durant tant d’années.

Sur la question des moyens pouvant être alloués à la protection rapprochée des convois de ravitaillement, une nouvelle crispation se fit ressentir. Ah là là, même dans leurs régions reculées, il y avait toujours ce mépris et cette condescendance, envers des planètes comme Elendys. Nevil n’eut pas besoin d’intervenir, par bonheur, leur consœur s’en chargea, mais ça le fatiguait malgré tout. Il était par contre légitime de s’étonner, sans tomber dans le mépris, bien sûr, de s’étonner qu’un monde comme celui-ci possède cette petite flotte. C’était sans doute plus que beaucoup des mondes ayant déjà accepté de les rejoindre.

"Pour ce qui est du siège de cette confédération, il faut déterminer où il sera installé. Nous pouvons proposer un endroit assez stable et sécurisé sur Adumar."

"Un point déjà déterminé, cette base même fera l’affaire, durant les premiers temps. Outre qu’elle représente un symbole assez important, elle permettra aussi de ne pas attirer l’attention sur une planète ou un autre. Le but n’est pas d’attirer de nouveaux espions, que ce soit sur Adumar ou non."

Il n’allait tout de même pas déjà débuter les intrigues politiques en tout genre… Si ? Que la Force ait pitié ! Nevil n’avait pas la moindre envie de laisser un débat de ce type s’installer, aussi enchaîna-t-il en faisant un récapitulatif de ce qui avait pu être décidé et de ce qui restait à faire, sachant qu’ils ne pouvaient évidemment pas tout régler ici-même. D’une part car il fallait d’abord établir proprement bien des données chiffrées, d’autres part car tous les experts dont ils auront besoin n’étaient pas présents dans cette salle. Nevil s’était noté mentalement de devoir garder un œil sur les ambitions politiques de Dagr God, hélas. Enfin, ça faisait partie du jeu… Il demanda ensuite si quelqu’un avait quelque chose à ajouter, vis à vis des sujets présentés ou d’autres idées. Non ? Très bien. Ils parlèrent simplement un instant des aménagements à faire dans cette station même, que ceux devant y passer quelques jours avant de repartir pouvaient déjà le faire bien que ce soit sommaire, et il en fut terminé pour le moment.

Dagr God prit congé assez vite, le premier, sans doute un peu vexé. C’est cela, bel oiseau, vole ! Dame Trauxy également, mais c’était pour bien d’autres raisons, sa planète était l’une de celle subissant le plus d’attaques de pirates, ces derniers temps, elle ne souhaitait pas rester éloignée trop longtemps des siens. Non loin de la porte, le petit Beyeenk avait arrêté le colonel Yularen, apparemment cédant à son désir secret de pouvoir lui parler au moins une fois en vrai. C’est qu’il avait un admirateur, l’ex agent du BSI. Nevil avait très envie de rire, face à cette scène, se retenir fut une épreuve difficile. Enfin. Il salua les autres personnes avant qu’elles ne partent à leur tour puis adressa un sourire à la jeune reine.

"Ne vous angoissez pas, nous n’avons pas de mépris pour votre monde. Bien au contraire, les endroits comme celui-ci sont encore plus précieux à préserver."

Un point déjà déterminé, cette base même fera l’affaire, durant les premiers temps. Outre qu’elle représente un symbole assez important, elle permettra aussi de ne pas attirer l’attention sur une planète ou un autre. Le but n’est pas d’attirer de nouveaux espions, que ce soit sur Adumar ou non.

C’était une manière comme une autre de détourner le sujet et apposer un point final au débat, le tuer dans l’œuf. Cela n’empêchera sans doute guère de le voir revenir sur la table d’ici quelques temps. La politique était un terrain glissant, déjà à petite échelle, alors à celui d’une coalition… Plus encore en plein développement, c’était le moment idéal d’en profiter, aux yeux de certaines personnes, asseoir leur pouvoir dès les prémices afin de mieux en profiter par la suite. C’était navrant mais attendu. Yenla choisit de ne pas faire de commentaires mais se nota mentalement d’avertir ses proches conseillers de cette petite sortie, une fois de retour sur son monde. Ce genre de petite phrase était toujours très révélatrice et devait être considérée avec attention. Entre ça et tout le reste… Ils firent un récapitulatif de ce qui avait été décidé et de ce qui restait à le faire, avant de parler un moment des aménagements à réaliser sur cette station même.

Pour sa part, elle aimerait que cette station, même si elle devait conserver un côté militaire, soit tout de même rendue plus égayante que ce qu’elle était présentement. Effacer en partie les fades couleurs rappelant les nombreuses hospitalisations ou décès de ce lieu, le rendre plus accueillant et vivant. C’était, après tout, aussi une façon d’inciter les personnes à venir y passer quelques temps, y travailler et y recevoir du monde. Elle estimait qu’il était toujours bien plus efficace et agréable de recevoir un confrère politicien dans un lieu agréable plutôt que trop austère, pour le mettre à l’aise et donc signer des accords plus aisément. A la fin de la réunion, chacun prit congé, dont certains plus rapidement que d’autres. Un comportement qu’elle comprenait chez Dame Trauxy, stressée de rester longtemps trop loin des siens, mais qui était, une fois encore, révélateur d’une tension plus malsaine chez monsieur God.

Elle prit le temps de ramasser et ranger ses quelques affaires, tout en rendant leur salut à ceux prenant congé autour d’elle. Cette réunion avait été longue mais aussi très intéressante, ils avaient chacun beaucoup à discuter avec leurs mondes respectifs ainsi que bien du travail. Arrivée à la hauteur de Nightswan, elle lui redit le sourire qu’il lui adressa. Cette rencontre lui avait permis de voir qu’il pouvait être un bon leader et encourageait sa volonté de ne plus laisser Elendys à l’écart de tout et de tous. Ils avaient désormais une nouvelle alternative à l’isolement complet, qui ne soit pas une source immédiate de très gros problèmes, c’était cela qu’attendait son peuple. Ainsi qu’elle-même. Il avait fait honneur, aujourd’hui, à la réputation qu’on lui prêtait depuis bien longtemps.

Ne vous angoissez pas, nous n’avons pas de mépris pour votre monde. Bien au contraire, les endroits comme celui-ci sont encore plus précieux à préserver.

Je vous remercie.

Elle n’avait guère pensé qu’il avait lui aussi du mépris pour leur monde et le lui souligna d’une voix douce. En ajoutant qu’elle pouvait comprendre le cheminement de pensée de certaines personnes, peu sensibles à l’art. Ce n’était pas un domaine qu’il était facile de comprendre, pour les non-initiés, tout le monde ne pouvait comprendre cette volonté de développer les arts, au détriment de la guerre. Ou comprendre pourquoi ils mettaient un point d’honneur à rendre l’architecture toujours plus élégante ou harmonieuse. L’amélioration de leur cadre de vie avait toujours été, depuis la nuit des temps, un sujet aussi essentielle que l’agriculture ou d’autres domaines plus techniques.

Lorsque vous souhaiterez nous rendre visite, sur Elendys, découvrir notre monde plus en détails, vous y serez le bienvenu. Mes ministres seront ravis de pouvoir vous rencontrer et parler de cette future coalition. Mon peuple ne demande pas grand-chose, sinon d’être respecté pour ce qu’il est.

Autrement dit, ils ne voulaient pas être mêlés à de grandes intrigues politiques. Il y en avait bien sûr au sein de leur peuple, comme partout ailleurs dans la galaxie, mais ces petites affaires interne de pouvoir ou d’influence étaient bien loin du vaste terrain de jeu où se battaient des hommes comme le Grand Moff Tarkin et bien d’autres personnes lui ressemblant. Ils ne possédaient tout simplement pas cette culture-là. Elle adressa ensuite un sourire plus grand à Nightswan, avec confiance.

Merci pour ce que vous entreprenez. Il est très agréable d’avoir d’autres alternatives que simplement de grands gouvernements tentaculaires, tels les empires ou républiques, de tous les âges.

C’était un phénomène qu’il retrouvait sur une bonne majorité de mondes, dans ces régions. Des peuples, après avoir été soit mis à l’écart, soit méprisés, pensant qu’il n’y avait rien d’autre à attendre du reste de la galaxie et donc tendant à penser que s’isoler encore plus était la meilleure solution. S’il trouvait ça désolant, il pouvait comprendre malgré tout comment on en arrivait là. Et était aussi heureux qu’elle n’ai pas pensé qu’il soit du même bois que les gens comme God. Ce dernier, à ses yeux, ne mesurait sûrement pas toute la portée de ses propos. Il était ambitieux, très revendicatif et prêt à la lutte, et dans le même temps, il n’avait pas de réelle considération pour des mondes plus petits, isolés, agricoles ou encore des communautés moins engagées que la sienne. Comme un certain mépris de classe, finalement, mais qui cette fois se répercutait contre d’autres planètes.

"Lorsque vous souhaiterez nous rendre visite, sur Elendys, découvrir notre monde plus en détails, vous y serez le bienvenu. Mes ministres seront ravis de pouvoir vous rencontrer et parler de cette future coalition. Mon peuple ne demande pas grand-chose, sinon d’être respecté pour ce qu’il est."

"Je ne manquerai pas de vous rendre visite."

Il avait besoin de rester proche des peuples acceptant de rejoindre la coalition et surtout, de les connaître, chacun d’entre eux, autant qu’il se connaissait lui-même. Il y avait évidemment une part de politique, là-dedans, s’il voulait que le tout fonctionne, chacun des ingrédients de la sauce devait se marier avec les autres sans que le goût final ne soit gâché. Il y avait aussi une part sociale. Ces peuples, il les avaient étudié, bien sûr, mais prendre le temps d’aller parler et passer du temps avec eux était tout aussi important, sinon plus. En bref, il avait besoin de poursuivre un rôle de médiateur et de véhiculer l’image voulue de la coalition, pour la rendre de plus en plus concrète à chaque étape. Dans quoi s’était-il engagé, bon sang ? Fallait-il être un crétin pour se lancer dans ce genre de projets, il s’en mordra sûrement les doigts à plus d’une reprise, dans les temps à venir.

Il lui faudra aussi jongler entre ceux, comme cette jeune femme, ne voulant pas mêler les siens aux intrigues politiques conséquentes et les autres désirant, au contraire, mordre ce grand jeu à belles dents. S’entourer plus encore de personnes capables de jouer avec tout ça était une priorités de Nevil. D’une part car il n’avait que ça à faire, dépenser temps et énergie pour faire le ménage là-dedans, d’autre part car ce n’était pas sa spécialité première. Le travail d’équipe, voilà ce qui comptait. Il rendit son sourire à la jeune reine, la trouvant bien plus agréable encore à regarder lorsqu’elle souriait. Il aimerait qu’elle garde ce sourire et dans le même temps, se doutait que ce sera bien difficile, pour les temps futurs. Les débuts d’une nouvelle faction étaient toujours très tendus. Ça pouvait autant se lancer dans un long et douloureux chemin de construction que dans un terrible bain de sang.

"Merci pour ce que vous entreprenez. Il est très agréable d’avoir d’autres alternatives que simplement de grands gouvernements tentaculaires, tels les empires ou républiques, de tous les âges."

"Il est difficile d’échapper définitivement à ce type de gouvernements, malheureusement. Il en existera toujours, plus ou moins étendus, la galaxie fonctionne de cette manière. Toutefois, si nous pouvons bâtir autre chose, c’est un grand espoir. Je vous recontacterai afin de convenir avec vous d’une rencontre avec vos ministres et vous-même."

Il y a certains points dont il aimerait lui parler plus spécifiquement, ce n’était cependant pas le lieu le plus adapté pour le faire. Ni le meilleur moment, car elle devait d’abord discuter de tout cela avec les siens. Sans oublier bien des paramètres devant maintenant être travaillés, suite à cette réunion. Il l’escorta simplement jusqu’à la sortie de la salle, appuyé encore sur sa béquille, car sa jambe continuait de le faire souffrir. En la regardant partir à son tour, Nevil se permit de lâcher un léger soupir. S’il avait eu vingt ans de moins, une meilleur santé physique et moins de soucis à gérer… Peut-être qu’il aurait essayé… Ah, allons, inutile de rêver ! Il sera déjà assez content de la revoir et sans doute de pouvoir discuter plus posément avec elle. Avançant hors de la salle, il salua aussi Kaj, qui filait vers le vaisseau car il venait de recevoir un message urgent, puis vit ensuite l’amiral Thrawn, un peu plus loin. Il devait attendre Yularen, sans doute.

"Vous parliez du jeune commandant, toute à l’heure, hospitalisé chez vous. Que lui est-il arrivé de si grave, qu’il ne puisse pas être soigné près des siens ?"

"Le commandant Bridger a été touché sur sa colonne vertébrale. Il y a de forte chance pour qu'il reste paralysé, au niveau des jambes."

"Dur, à cet âge."

Il y avait toujours moyen de poursuivre la lutte, bien sûr, mais c’était quand même un sacré coup. Le choc avait été plus dur, finalement, que les échos lui étant remontés. Ça voulait dire aussi qu’il devra attendre quelques temps avant de contacter le jeune homme pour les affaires de Lothal. D’une part car lui-même avait à faire, ce qui était peu de le dire, d’autre part car il fallait du temps au gamin pour se remettre et s’habituer à un nouveau genre de vie. Ne serait-ce que pour se déplacer vite et discrètement en cas de besoin. Nevil restait patient, il se doutait que leur proie n’allait pas quitter sa planète natale de sitôt. Elle n’était pas en position, encore, d’obtenir un autre poste, bien loin de là. Même si cela arrivait, par miracle, il saura de toute façon la retrouver. Histoire qu’ils puissent tranquillement s’expliquer sur l’acte qu’elle avait commis sur Batonn.

"Toutefois, connaissant son caractère, je suis sur qu'il ne se laissera pas abattre et qu'il continuera ses actions, à sa façon. Par contre, je pense que le général Syndulla ne le laissera plus piloter avant qu'il n'ait pris des cours."

"Peu importe, il apprendra, il est encore jeune. J’attendrai le bon moment, de toute manière, je sais être patient. D’ici là, je vais vous laisser, j’ai à faire. Taj se chargera de vous recontacter pour donner ce qu’il reste à faire, chacun de son côté, avant de pouvoir passer à la suite. Vous passerez le bonjour au petit pour moi. A Vanto, je veux dire."

Lui-même avait plusieurs choses à faire en priorité, certaines rencontres importantes puis aller réveiller des contacts intéressants au marché noir, bien entendu. Il salua donc son ex-adversaire plus formellement puis partit à son tour, après avoir récupéré ceux venus faire le voyage avec lui. Ils regagnèrent le vaisseau sans beaucoup parler, leur pilote attendit à peine que tout soit assit avant d’enclencher les moteurs. Confortablement installé, Nevil reprit se n otes puis commença son travail le plus urgent dès le début du trajet. Les affaires avec le marché noir était le plus gros chantier l’attendant, avant tout le reste, le plus délicat aussi. Même pour une personne habituée depuis très longtemps à y naviguer, voire à y commander certains groupes. La plupart des organisations criminelles restaient néanmoins faciles à contacter. Qu’elles fournissent aussi le camp adverse en parallèle ne gênait pas Cygni. A la guerre comme à la guerre.