Au cœur de l'infirmerie

Feesa se glissa entre les invités, puis dans la coursive, avant de pouvoir suivre Hera, lorsque les blessés furent emmenés sur des brancards, dans son croiseur. Juste avant de sortir, elle lança un long regard derrière elle, triste pour Ben et pour Luke, puis emboîta le pas à la petite équipe. Dans l’immédiat, il n’y avait rien qu’elle puisse faire pour eux, ni pour les autres, mais elle pouvait au moins soutenir moralement les blessés. Ils se dépêchèrent d’amener les brancards dans la navette, puis dans un court trajet pour rejoindre le croiseur. Dans le transport, et avant l’arrivée à l’infirmerie, la jeune femme resta auprès d’Ezra, jusqu’au moment où elle dû lui lâcher la main car il allait être plongé dans une cuve à bacta. Soupirant un peu, elle s’assit au bord d’un des lits inoccupés, non loin des cuves, puis tira sur ses cheveux pour défaire la coiffure sophistiquée que lui avait fait sa mère et qui commençait à lui tirer la nuque. Elle passa une main dans ses cheveux et contre la nuque, pour se détendre, puis les laissa vaquer librement dans son dos. Le mariage était terminé, de toute façon.

Les blessures de Meetra et d’Ezra étaient plutôt sérieuses. Kanan avait eu un peu plus de chance, de son côté, il devrait se rétablir plus vite. Les trois avaient été mis dans des cuves, pour quelques heures, dans un premier temps. Feesa glissa les jambes sous elle pour s’asseoir, jouant à entortiller une mèche de ses cheveux en les regardant, silencieuse. Il s’écoula ainsi un long moment, avant qu’Hera n’arrive à sa hauteur et lui demande en souriant si ça allait. Elle n’était pas blessée, donc oui, pas de problèmes, on l’avait poussé en-dehors de la salle. Hera vint s’asseoir à côté d’elle, tout en surveillant du coin de l’œil son petit garçon sur un autre lit vide, qui somnolait. Elles discutèrent pendant un petit moment, à voix basse, du déroulé du mariage, histoire de penser à autre chose et se vider l’esprit. C’était surtout la Twi’leck, en réalité, qui menait la conversation, qui amenait des sujets plus légers. Elle était très gentille, en plus, et par certains aspects, lui rappelait sa propre mère.

Au bout d’un moment, une heure ou deux, chacune se tut, attendant simplement, dans le calme de l’infirmerie, seulement rompu parfois par les bruits légers des machines. Elles parlaient de temps en temps, sinon, restaient en silence. De son côté, le petit Jacen s’était complètement endormi, serrant sa peluche contre lui. Feesa alla vite fait chercher quelque chose à manger, quand la faim commença à se faire sentir, puis reprit ensuite sa place près de la pilote. Elle ne savait pas vraiment ce que faisaient les autres, sur le vaisseau Chiss, ils avaient dû manger aussi, sans doute discuter entre eux de la suite des opérations. Ça risquait de faire bouger pas mal de chose, cette affaire-là. Les Rebelles allaient sûrement mal prendre, pour Mara, même si la pauvre n’y était strictement pour rien. Restait à savoir si elle allait revenir par ces failles et quand. Elle finit par en discuter avec Hera, du bout des lèvres, sur ce que pourront penser les Rebelles, à propos de Mara. Et de tout le reste. Comment ça pourra se régler. Il fallait envoyer un émissaire assez diplomate, pour commencer.

Il s’écoula encore quelques heures, dans un calme complet. Feesa finit par somnoler à son tour, rattrapant en partie du sommeil en retard, à cause du stress et des émotions en montagne russe, qui lui avaient joué des tours ces derniers temps. Quand elle se réveilla, après une troisième période de mini-coma sans souvenirs, Ezra avait été sorti de sa cuve une première fois et installé dans un lit. Elle se recoiffa rapidement du bout des doigts, sans prendre la peine de re-lisser sa robe, puis alla s’installer à côté de lui, sur une chaise. Il avait vraiment mauvaise mine… Elle se pencha pour l’embrasser sur le front, puis remit une mèche ou deux en place.

– Comment te sens-tu ? Tu as besoin de quelque chose ?

Maaal… Le choc se dissipait, mais la douleur arrivait. Ezra n’avait pas la moindre idée de comment il avait atterri ici, il avait juste senti comme une très glande claque bien violente, puis avait à moitié perdu connaissance, avant de se réveiller par terre. Un léger gémissement lui échappa, tandis qu’il bougeait un peu la main dans l’espoir de réussir à attraper quelque chose pour se défendre. Il ne pouvait rien remuer d’autre, cela dit, et ça ne l’arrangeait pas. Les bruits du combat s’estompèrent, d’un seul coup, et il crut être devenu sourd. Ou être e train de mourir, possible aussi. Quelqu’un se pencha tout à coup au-dessus de lui et il fallait laisser échapper un autre gémissement. Ah non, pas lui ! Surtout pas lui ! Ouuuste, du balai ! Ziou, hop, bas les pattes ! Ezra voulut encore bouger mais réussit à peine à déplacer le petit doigt d’un centimètre et demi, rajoutant à sa frustration. Il avait rarement été dans un tel état… Et réalisait que n’importe qui aurait juste à lui souffler dessus pour le tuer, cette fois-ci.

"Bridger, calmez vous, je ne fais que vérifier votre état. Et pensez que Feesa vous en voudra si vous vous blessez davantage."

Heiiiin… ? Co… Comment il pouvait savoir que… Ezra bafouilla un bref grognement incompréhensible, pendant que le bleu retirait sa veste puis la mettait sur lui. Le jeune homme comprenait encore moins que rien, maintenant, et son cerveau avait de toute façon décidé de se barrer loin, très loin, le plus loin possible de toute zone de réflexion. Débrouille-toi seul, maintenant. Il dû donc se contenter de rester cloué par terre, incapable de bouger, jusqu’à l’arrivée des secours et d’un brancard. Le simple fait de le faire passer dessus suffit presque à le faire s’évanouir, à cause de la douleur. Mais au moins, bonheur dans ce moment de folie, il retrouva Feesa peu de temps après avoir été transporté hors de la salle. Et elle lui tint la main, en plus ! Une présence beaucoup plus agréable que celle de Glaçon numéro un et dont il essaya de profiter malgré tout. Ils furent emmenés dans une navette, puis retour au croiseur. Malgré tous ses efforts, Ezra n’en pouvait plus, simplement. Il finit par perdre complètement connaissance, au moment où on les poussait à l’intérieur de l’infirmerie. Glissant dans un monde brumeux, où au moins la douleur cessait pendant un moment.

Le réveil fut plus doux qu’il n’aurait plus le craindre. Sans doute parce qu’il était complètement assommé par les anti-douleur. Ou parce qu’il était dans un lit confortable. Ou plutôt parce qu’il avait une vision très agréable juste à côté de lui. Même s’il planait pas mal, il réussit quand même à sourire bêtement lorsqu’elle se pencha pour l’embrasser sur le front. Si seulement tous les réveils pouvaient se dérouler de cette façon ! Il aurait bien voulu lui rendre la pareille, mais las, son corps ne répondait plus du tout, cette fois-ci. Même pas un petit chouïa. Bah, au moins, il se sentait à peu près bien… Très… Bizarre… Il y avait une odeur bizarre, aussi, dans le coin, ou sur lui, il ne comprenait pas. Son esprit revenait lentement s’installer et il reprenait conscience de ce qui s’était produit au mariage. A noter, pour la prochaine fois, il n’était pas de taille à lutter dans un tel combat. AU moins, il avait réussi à empêcher un des soldats de se faire trancher littéralement en deux.

"Comment te sens-tu ? Tu as besoin de quelque chose ?"

Un autre bisou ? Siouplaît ? Il faillit le demander, puis se retint, surtout parce qu’il avait la bouche un peu pâteuse. A la place, il lui demanda de l’aider à boire un peu d’eau, après avoir murmuré que ça allait. Enfin, ça allait… aussi bien que possible, on allait dire.

"Comment va Kanan, surtout ?" bredouilla-t-il avec une légère peine. "Et Meetra ?"

Son maître ne devraient pas rester aussi longtemps qu’eux dans une cuve à bacta, normalement, hein ? Il y avait intérêt à ce qu’il aille bien ! Ezra voulut reboire un peu, puis se laissa aller la tête contre l’oreiller. C’est ce qu’on appelait se prendre une raclée monumentale.

"Où tu étais passée, depuis tout ce temps ? C’est l’autre bleu qui t’avait enlevée ?!"

Boire, hum… Fessa se redressa, regarda autour d’elle, puis prit un petit pichet d’eau avec un verre. Le faire boire lors qu’il était allongé n’était pas spécialement évident, elle ne voulait qu’il s’étouffe en avalant. Au vu de ses blessures, il avait une telle chance d’être en vie ! A un ou deux centimètres près, le sabre laser lui aurait transpercé le cœur. Elle lui sourit doucement, une fois rassise, en s’appuyant contre le rebord du lit. Il lui faudra du temps pour bien se remettre, c’était certain, et pour une fois, il devra faire attention à ne pas courir partout et prendre le temps de se reposer ! Elle était certaine qu’il serait bien du genre à vouloir fuir l’infirmerie dès qu’il serait à peu près capable de tenir debout, étant donné son tempérament.

– Comment va Kanan, surtout ? Et Meetra ?

– Comme toi, disons… Ton maître a moins subi, mais Meetra ne semble pas en meilleur état. Ils sont soignés aussi, tu n’a pas à t’en faire, pense d’abord à te reposer. Il faudra du temps avant que tu ne puisses être complètement remis.

Elle lui redonna de l’eau, puis reposa le verre, avant de remettre la couverture comme il faut sur lui. Qu’il en profite surtout, et puis, il n’était pas trop mal, ici. Il y avait tout le matériel nécessaire pour le soigner, des personnes disponibles, du temps devant eux, et plus important, du calme. Ce n‘était pas comme se retrouver à l’hôpital. Même au Temple, il sera au calme, il n’y avait pas des centaines de Jedis à y vivre. Elle aussi prit un instant pour boire et mieux se réveiller. Elle n’aurait peut-être pas dû dormir, en fait… ou bien profiter de ce moment pour aller voir où en étaient les autres et comment la suite allait se dérouler. Où allait être enterrée Mara et quand, pour commencer, puis savoir ce qu’il allait être dit aux Rebelles. Elle s’inquiétait aussi pour son père, maintenant, à ce qui allait lui tomber dessus, maintenant. Au moins, il ne devra plus servir des Siths ou collaborer avec, c’était déjà ça. Tendant la main, elle glissa le doigt contre une mèche d’Ezra, sur son front, la faisant tourner.

– Où tu étais passée, depuis tout ce temps ? C’est l’autre bleu qui t’avait enlevée ?!

– « L’autre bleu », comme tu dis, est ton allié, maintenant, répondit-elle avec un mince sourire, en lui tapotant le front du bout du doigt. C’est Cade Skywalker qui m’avait frappée. J’ai croisé son chemin, ça s’est mal terminé, et j’ai terminé entre les mains de l’Empire. C’est l’autre bleu qui m’a récupérée et emmenée ensuite sur sa base. Il ne m’a fait aucun mal, tu sais.

Elle devrait sans doute lui dire, d’ailleurs… Mais elle craignait un peu sa réaction. Après un instant d’hésitation, elle finit par se décider. Après tout, il savait déjà pour Thrass et ne l’avait pas mal pris, il ne devrait donc pas y voir un problème. Feesa glissa le doigt contre le front d’Ezra, puis contre sa joue.

– J’ai pu apprendre que l’autre bleu en question est mon père, Ezra. Ma mère est enceinte de lui, en ce moment. J’ignore si elle m’attend, moi, en quelque sorte, ou c’est un autre enfant. Dur à déterminer, avec ces failles. Donc tu peux te rassurer, il ne m’a pas enlevée, ni fait du mal, ni quoi que ce soit. Ah, et je lui ait dit que tu m’avais embrassée, aussi.

Rassuré ? Elle lui sourit à nouveau, plus doucement, tout en continuant à lui chatouiller la joue. Il était toujours très pâle, quand même, et il tirait une tête étrange. C’était le contre-coup, ça, il avait un grand besoin de repos.

– Ça te rassure ?

Son allié, son allié, son allié… Ezra eut un frisson à cette seule pensée. Il était autant incapable de bouger qu’il était incapable de mettre les mots Thrawn et Allié dans une seule et même phrase ! Il lui dédia un petit sourire, petite sourire qu’il perdit en l’entendant répondre que c’était Cade qui l’avait eue. Il était revenu en Sith, celui-là…. ? C’était pas possible, quand même, quelle famille de merde ! Il ne le dira jamais comme ça à Luke en face, évidemment, mais c’était vrai, entre Vader, la princesse Leia, Cade et il ne savait qui encore ! Ce sera quoi, la prochaine fois, comme nouveau problème, à cause d’eux ? Et puis, il y a un truc qu’il ne comprenait pas, comment ça se fait qu’elle n’avait pas terminée sur Coruscant, si l’autre bleu l’avait interceptée ? Pourquoi l’emmener sur sa base ? il était encore sous les ordres des Siths, à ce moment-là, celui-là ! Assez crispé, il se détendit un peu lorsqu’elle glissa le doigt contre sa joue, respirant plus profondément, pour se détendre. Il s’était demandé des dizaines de fois ce qui lui arrivait, sans imaginer qu’elle ait pu être kidnappé par « l’allié ». Elle avait dû tellement en baver.

"J’ai pu apprendre que l’autre bleu en question est mon père, Ezra. Ma mère est enceinte de lui, en ce moment. J’ignore si elle m’attend, moi, en quelque sorte, ou c’est un autre enfant. Dur à déterminer, avec ces failles. Donc tu peux te rassurer, il ne m’a pas enlevée, ni fait du mal, ni quoi que ce soit. Ah, et je lui aie dit que tu m’avais embrassée, aussi."

Court-circuit général. L’esprit d’Ezra s’éteignit un court instant dans un pschitt magistral, avant de redémarrer très difficilement. Il se sentit pâlir, très brusquement, et espéra tout aussi vite qu’elle mette ça sur le compte de ses blessures ou de la fatigue ou de la douleur ou de tout ce qu’elle voulait tant qu’elle ne comprenait pas que c’était à cause de ce qu’elle venait de lui balancer. Il avait embrassé la fille d’un des types qui le débectait le plus dans cette galaxie toute entière… ? Et bien pire que ça, le type en question était au courant ?! C’était pour ça qu’il, qu’il, qu’il… Nouveau court-circuit. Il réussit à bafouiller un « Oui, ça me rassure », d’une voix blanche, presque par automatisme, porté par la volonté qu’elle ne réalise pas que ça venait d’autre chose que la douleur. S’il te plaît, cerveau, reboote le système sans erreurs, ou laisse-moi m’évanouir pour de bon ! Ezra fit un nouveau sourire très crispé, regardant Feesa comme s’il venait de lui pousser une seconde tête. Trouve un truc à dire, bon sang ! N’importe quoi ! ça voulait dire aussi qu’il devra éviter d’insulter ce *** devant elle ? Gniii…

"Bravo, pour ta maman, elle doit être ravie."

Bon, bon, bon, allez, on se reprend, allez ! Après tout, c’était d’elle, dont il était tombé amoureux, donc ça ne concernait qu’elle, personne n’avait rien à y redire. Et puis, personne de sa famille n’allait venir lui faire la morale sur ce qui était acceptable ou pas, n’est-ce pas ? Ça se passait comment, chez son peuple ? Et pire que ça, à qui allait-il pouvoir poser la question ?! Elle, non, il n’osera pas. Thrass, non plus, c’était le frère de l’autre, il risquait de lui en parler. Lorana, non plus, vu qu’elle était sa belle-sœur… Sogua était d’une autre époque, il ne pourra pas vraiment en parler. Il était complètement coincé. Au secours.

"C’est génial que tu puisses enfin savoir qui sont tes parents, c’est super important. Et tu vas pouvoir te faire des souvenirs avec eux."

Il était sincère, la famille, c’était d’une importance capitale. Il devra donc essayer… d’éviter… de croiser la route des parents de Feesa, autant que possible, merci bien. Finalement, comme il avait été blessé, ça allait lui permettre de rester à l’écart des autres un bon moment, youh houu ! Puis retour au temple, et hop, tout danger écarté.

"Mais tu vas faire quoi, alors ? Tu veux rester là-bas ?"

Elle aurait dû attendre un jour ou deux, au moins, avant de venir lui parler, il était trop mal, et elle regrettait de l’avoir dérangé si vite… Il avait même du mal à parler et était très pâle. Inquiète, Feesa s’écarta un instant, le temps de mouiller un petit linge, puis le lui passer sur le front, dans l’espoir de l’aider un peu. Cette tête, qu’il tirait, on aurait juré qu’il venait d’apercevoir un fantôme et avait du mal à se remettre du choc, il devait avoir bien mal, malgré les calmants. Dans le même temps, avec les blessures subies, ce n’était pas très étonnant. Allez, qu’il ne se force pas à sourire non plus, s’il ne sentait pas bien, elle n’allait pas se vexer ! La jeune femme lui tapota très légèrement, pour ne pas lui faire mal, l’épaule en lui disant de ne pas se forcer, qu’il ne s’en fasse pas. Elle hocha la tête pour confirmer que oui, sa mère était ravie, bien sûr, mais elle était aussi très fatiguée, ça se voyait. Feesa ne savait pas si c’était normal ou si ce n’était que parce qu’elle était malade… Lorana n’avait pas l’air aussi épuisée, par exemple. La femme de Formbi non plus. Enfin, pas autant que ça et pas tous les jours. Les sautes d’humeur, par contre, elle avait vu Lorana en avoir aussi, beaucoup.

– C’est génial que tu puisses enfin savoir qui sont tes parents, c’est super important. Et tu vas pouvoir te faire des souvenirs avec eux.

– J’ai déjà commencé, même si c’était très… bizarre, au début, on va dire, et je n’osais pas vraiment. On n’est jamais sûr de comment vont réagir les personnes en face.

Avec le recul, peut-être que ça avait été stupide, elle l’admettait. Mais sur le moment, elle s’était laissée noyer dans les questions et les doutes, il lui avait fallu du temps avant d’accepter ce qu’elle avait devant elle, accepter la situation, la comprendre, et enfin avancer. On avait pas toujours des réactions raisonnables, après tout, même lorsqu toute votre éducation avait été centrée sur ça. Ezra comprenait sans doute, lui aussi avait dû grandir sans ses parents, sans même un seul membre de sa famille proche, ce qui était encore plus terrible à ses yeux. Elle lui sourit doucement, espérant dans le même temps qu’il n’essaye pas de bouger, il n’était pas en état.

– Mais tu vas faire quoi, alors ? Tu veux rester là-bas ?

– Non, je voudrai continuer ma formation. Puis retourner plus tard, dans l’Ascendance, une fois prête. Essayer de convaincre mon peuple que la Force n’est pas une maladie, pour commencer, puis travailler à faire évoluer les mentalités. J’en ai au moins pour toute une vie. Je voudrai aussi que cette guerre se termine, dans la galaxie… Des ennemis, il y en aura toujours, mais qu’au moins, on fasse disparaître les horreurs comme l’Étoile Noire.

A quel point fallait-il avoir un esprit tordu pour concevoir une telle arme… ? Elle en frissonnait encore. Tendant la main, elle joua un court instant avec une mèche folle, sur le front d’Ezra, silencieuse. Ses projets et envies pour l’avenir n’étaient pas tous très définis, loin de là, mais elle savait au moins dans quelle société elle espérait vivre. Enfin, pas elle, ce sera difficile, mais peut-être ses enfants ou ses arrières-petits-enfants, si elle en avait un jour. Oui, ça, ce serait bien. Et Ezra, de son côté, que comptait-il faire ? Elle se demandait, au passage, pourquoi il n’était pas encore devenu chevalier, alors qu’il était formé depuis déjà des années. Que manquait-il ? Feesa croisa les bras au bord du lit et s’appuya dessus, posant son visage contre eux, à la même hauteur que l’était Ezra.

– Qu’imagines-tu, pour l’avenir ? Tu comptes pousser jusqu’à être maître Jedi, comme Kanan ?

"Non, je voudrai continuer ma formation. Puis retourner plus tard, dans l’Ascendance, une fois prête. Essayer de convaincre mon peuple que la Force n’est pas une maladie, pour commencer, puis travailler à faire évoluer les mentalités. J’en ai au moins pour toute une vie. Je voudrai aussi que cette guerre se termine, dans la galaxie… Des ennemis, il y en aura toujours, mais qu’au moins, on fasse disparaître les horreurs comme l’Étoile Noire."

Intérieurement, il émit un petit soupir de soulagement, gardant extérieurement un petit sourire, même si ça lui donnait un air légèrement idiot. Au moins, elle n’allait plus disparaître tout de suite là-bas ! Même si ce serait… normal, en fait… C’est normal de vouloir revenir sur son monde natal et y vivre. Il serait hyper mal placé pour lancer le contraire ! Il sourit plus largement lorsqu’elle se mit à jouer avec une mèche de ses cheveux, acceptant plus facilement d’être blessé s’il y avait toujours ce genre de réveil ! Hélas, elle stoppa vite, pour s’appuyer bras et tête contre le lit. Elle était si proche qu’il aurait juste à tendre un peu la tête pour l’embrasser… C’était très tentant. Surtout maintenant, il était plus détendu car soulagé qu’elle n’ait visiblement pas compris sa réaction première, lorsqu’elle lui avait dit qui étaient ses parents. Eh, finalement, il n’était pas si nul que ça, pour cacher des trucs ! Même si ses blessures lui avaient sauvé la mise, sur ce coup-là, alors merci – un peu – Palpatine. Et merci le destin qu’elle ait choisi ce moment, surtout, il avait eu une super excuse pour pâlir un bon coup.

"Qu’imagines-tu, pour l’avenir ? Tu comptes pousser jusqu’à être maître Jedi, comme Kanan ?"

Ah, cette question-là, on la lui avait déjà posée, et il ne savait jamais vraiment quoi répondre. Au fond, même s’il ne voulait se l’avouer, il culpabilisait un peu, depuis quelques temps… Pour avoir du mal à se mettre entièrement dans le bain de l’Ordre, entre autres, et ne pas penser spécialement à ce qu’il pourrait faire avec les Jedis après la fin de cette guerre, même si ça durait encore des années.

"Je ne suis même pas encore chevalier," sourit-il faiblement en haussant un peu les épaules. "Je ne m’imagine pas du tout arriver jusqu’au niveau de Kanan, pour le moment ! Il est beaucoup plus fort et à l’aise que moi. Alors, pour la suite, je… ne sais pas trop. Je voudrai surtout que ma planète natale soit libérée de tout problème lié à l’Empire. C’est pour ça que j’ai suivi le groupe d’Hera, à la base."

En fait, il avait surtout accepté de suivre Kanan et débuter une formation… Tout ça pour en arriver là aujourd’hui. Mais à l’époque, il n’avait pas du tout mesuré que ça pouvait le mener là ! Il avait su presque aussitôt qui était son mentor, d’accord, mais pour autant, la rébellion avait toujours primé, dans toutes leurs actions, même avant de se mêler avec l’Alliance et de s’embarquer dans des affaires à plus large échelle. Les failles n’étaient arrivées qu’après, l’Ordre Jedi n’était revenu qu’après, et d’un coup, tout s’était entremêlé. D’un coup, ce fantôme-là avait ressurgi du passé et avait tout chamboulé. Il ne pourrait pas expliquer à Feesa ce qu’il en pensait, c’était un peu trop confus, encore. Depuis le début de toute cette histoire, il suivait le fil, sans se poser trop de questions, impliqué chez les Rebelles et hésitant à faire de même avec l’Ordre.

"Je ne réfléchis jamais à long terme, de toute façon. Simplement à ce qui peut se passer prochainement et comment s’y préparer. Puis, souvent, j’improvise."

– Je ne suis même pas encore chevalier. Je ne m’imagine pas du tout arriver jusqu’au niveau de Kanan, pour le moment ! Il est beaucoup plus fort et à l’aise que moi. Alors, pour la suite, je… ne sais pas trop. Je voudrai surtout que ma planète natale soit libérée de tout problème lié à l’Empire. C’est pour ça que j’ai suivi le groupe d’Hera, à la base.

– Mais tu vas bien devenir chevalier un jour, toi aussi.

Il s’entraînait depuis des années, non ? Donc il ne devrait pas y avoir de soucis. N’est-ce pas ? A vrai dire, elle n’avait absolument aucune idée de la manière dont le passage de grade se passait, pour n’en avoir jamais parlé avec Nat, ni avec personne d’autres depuis. Ce genre de préoccupations ne lui avait pas effleuré l’esprit, elle avait d’abord été très occupée à découvrir ce qu’était la Force, comment s’en servir, comment s’entraîner et progresser, puis trouver ses origines, les comprendre et les accepter, se reconstruire, finalement, dans une époque qui n’était pas la sienne. Le tout au milieu d’autres problèmes avec l’Empire, avec Plagueis, puis avec la pandémie… Tout cela conjugué avait fait qu’elle n’avait jamais prit le temps de comprendre, réellement, le fonctionnement de l’Ordre Jedi et son organisation interne, se contentant de la surface. Au moins, elle pouvait facilement comprendre le désir d’Ezra de vouloir avant tout libérer sa planète de la domination impériale ! C’était déjà un gros projet, puisque ça ne pouvait pas se faire sans faire chuter l’Empire tout entier.

– Je ne réfléchis jamais à long terme, de toute façon. Simplement à ce qui peut se passer prochainement et comment s’y préparer. Puis, souvent, j’improvise.

Hum… Feesa fit une petite moue, pas très convaincue, de son côté, par l’improvisation. Généralement, le seul résultat, c’était de vous jeter dans les ennuis. Encore moins par ne réfléchir sur le long terme, ça aussi, c’était un excellent moyen pour s’attirer des problèmes. Elle lui tapota le bout du nez avec le doigt en répondant, tout d’abord, qu’improviser, ce n’était pas la meilleure manière de survivre, définitivement.

– Même si c’est la guerre, tu dois quand même faire des projets, non ? Sinon, tu ne vas plus penser qu’à ça, en permanence, et tu vas oublier de vivre, peu à peu, pour toi et pour les autres. Oui, il y a des problèmes, mais ne pas penser aussi à ta propre vie, ça enlève du sens à ce que tu fais. Si tu ne vis que pour la rébellion, tu vis pour quoi, au final ? Simplement combattre, mai pour quoi ? Ce n’est pas très sain.

Ils n’étaient plus des enfants, ni l’un ni l’autre, et la guerre ne durait jamais éternellement. Peu importe, finalement, qui allait l’emporter, car dans tous les cas, lorsque ça se terminera, lui comme elle devront savoir où aller et quoi faire de leurs vies. Comment s’y prendre, maintenant. Que ce soit dans la situation où l’Empire l’emportait ou dans celle où la Résistance parvenait à instaurer un état démocratique. Par ailleurs, y avoir réfléchi aérait l’esprit, ça aidait à se concentrer, à se dire qu’on ne faisait pas tout ça pour rien. Feesa lui sourit, puis reposa sa tête contre ses bras repliés sur le lit, devant elle, fermant les yeux un petit instant. Elle lui disait ça, mais en réalité, elle-même n’avait encore bâti que des projets et des perspectives assez floues. Car elle ne suivait plus la voie qu’elle avait emprunté dans sa propre époque, et de toute façon, les circonstances actuelles se révélaient trop différentes pour qu’elle l’envisage. Redressant un peu la tête, elle se demanda aussi s’il était seulement possible de poursuivre certains de ses projets, dans cette époque.

– Il faut grandir, de toute façon. Et se comporter comme des adultes. Tu ne crois pas ?

Non, pas convaincue ? Il pouvait le voir à son expression ! Elle n’aimait pas l’improvisation ou elle trouvait ça dangereux ? Ça ne l’étonnerait pas, il avait déjà pu comprendre que chez elle, ce n’était pas la première chose qu’on apprenait à faire, très loin de là. Et elle lui confirma que pour elle, ce n‘était pas un excellent moyen pour garantir la survie, tout en lui tapotant le bout du nez. Il se retint d’extrême-justesse de lui tirer un peu la langue, se contentant de sourire. C’est vrai que c’était dangereux et un peu agité, parfois… souvent. Mais ils s’en étaient toujours sortis ! Plus ou moins bien, d’accord, mais ils n’avaient jamais eu de problèmes graves. Bon, d’accord, sauf la fois où il s’était crashé et avait trouvé la sale tête de Thrawn au pied du lit, à son réveil. Dommage qu’il ne puisse plus exactement exprimer cette pensée à Feesa. Enfin, il ne voulait pas la vexer ou quoi, mais quand même, son père était un sacré… Enfin bref. Comment, par quel miracle absolu, un type comme ça avait-il pu avoir une fille aussi mignonne ? Ça le dépassait complètement. Ezra ne pouvait pas s’empêcher de chercher les ressemblances physiques, maintenant, c’était plus fort que lui. Mais il n’avait pas assez dévisagé, déjà, le papa pour être capable d’en trouver.

"Même si c’est la guerre, tu dois quand même faire des projets, non ? Sinon, tu ne vas plus penser qu’à ça, en permanence, et tu vas oublier de vivre, peu à peu, pour toi et pour les autres. Oui, il y a des problèmes, mais ne pas penser aussi à ta propre vie, ça enlève du sens à ce que tu fais. Si tu ne vis que pour la rébellion, tu vis pour quoi, au final ? Simplement combattre, mais pour quoi ? Ce n’est pas très sain."

"Ouais…"

C’était un discours que Kanan lui avait déjà tenu, en plus, quelques temps avant la naissance de Jacen, mais pour être honnête, non, Ezra n’y avait pas encore réfléchi plus que ça. Libérer Lothal, oui, aider la Rébellion, oui, et aprèèès… Qu’avait-il envie de devenir, finalement, c’était ça qui restait en suspens, la question sans réponses. Il tourna la tête vers elle, hésitant à lui poser cette même question, puis s’interrompit en la voyant à moitié s’allonger contre le rebord du lit. Chez elle, l’avenir, comme elle disait, devait commencer à se construire vers quel âge ? Il avait envie de tendre la main, glisser le doigt contre sa joue, comme elle le faisait avec lui, mais son corps était toujours très lourd, comme assommé entièrement par les anti-douleur et il en pouvait pas bouger. C’était terriblement frustrant, surtout pour quelqu’un qui avait l’habitude de bouger partout et ne tenait pas en place.

"Il faut grandir, de toute façon. Et se comporter comme des adultes. Tu ne crois pas ?"

"Si ! Si, évidemment."

Par contre, elle sous-entendait quoi ? Si c’était participer pleinement aux batailles, aux missions avec les autres, ou il ne savait quoi encore, c’était déjà le cas ! Et c’était précisément la raison de sa présence dans cette infirmerie, d’ailleurs. Bah, au moins, il avait pu empêcher le garde de se faire découper en morceaux, même si c’était… à peu près tout. Combattre un Sith comme Palpatine, clairement, c’était encore loin d’être tenable pour lui et il devrait s’estimer heureux de ne pas avoir été liquidé sur place.

"Qu’est-ce que ça implique, exactement, pour toi ? Combattre et se former, on le fait déjà. Comme n’importe quel autre. Protéger les autres aussi. Bon, y a encore des efforts à faire pour résister face à des types comme Palpatine… Ce ne sera pas la première fois, de toute façon."

Il était mignon, quand il rougissait à moitié, comme ça. Les bras en travers devant elle, la tête posée dessus, Feesa sourit un peu en le regardant, assez amusée. Il lui avait manqué, elle le réalisait aujourd’hui, pour son énergie, sa bonne humeur, et surtout, parce qu’il était très franc et direct. Elle appréciait les personnes qui n’avaient pas peur de dire à quoi elles pensaient et qui agissaient selon leurs convictions, qui ne se laissaient pas freiner ou abattre parce qu’on allait penser d’elles. Même si Ezra avait des fois du mal à se lâcher, sur certains sujets. En ce qui concernait l’avenir, par contre, elle n’avait qu’une vague idée de ce que ça donnera. Après sa formation, et la fin de celle d’Ezra. Si elle repartait chez elle, pour suivre sa voie, ils ne se verront plus, non ? Une idée désagréable… Les voyages prenaient toujours beaucoup à temps, donc à moins de vivre à proximité, ce qui semblait très difficile vu les circonstances, mais… Ce serait bien s’il vivait ensuite sur une planète comme Nirauan, proche, plus pratique, mais bon.

– Qu’est-ce que ça implique, exactement, pour toi ? Combattre et se former, on le fait déjà. Comme n’importe quel autre. Protéger les autres aussi. Bon, y a encore des efforts à faire pour résister face à des types comme Palpatine… Ce ne sera pas la première fois, de toute façon.

– Il n’y a pas que ça, combattre… Ce que je veux dire, c’est aussi de savoir ce que tu feras de ta vie. Par exemple, pour ma part, j’ai des projets que je voudrai voir réalisés, ou au minimum contribuer à leur lancement, au sein de l’Ascendance, mais aussi faire mon métier. Puis, plus tard, me marier, fonder ma propre famille. Bref, tout ça. Se préparer à tout ça.

De toute façon, il fallait toujours du temps, de quelques mois à plusieurs années, pour concrétiser les projet qu’on rêvait de mettre en place. Pour la plupart des siens, Feesa n’était d’ailleurs pas sûre d’en voir le bout avant sa mort, que ce soit dans cette époque ou dans une autre, d’ailleurs. Parfois, lorsqu’elle y pensait, ça lui mettait un peu les nerfs. Elle voudrait au moins avoir de solides raisons d’espérer qu’elle n’aura pas perdu sa vie pour… rien, en fait. Que si elle réussissait ce qu’elle voulait, que ce ne soit pas pour rien. Enfin… Pour le moment, elle devrait juste penser à se former correctement et elle verra ensuite la suite. Se redressant un peu, elle se pencha doucement pour embrasser Ezra sur la joue, plus détendue maintenant car, depuis qu’il était réveillé, il n’y avait pas eu de passage, dans l’infirmerie, et personne du mariage n’était venu voir pourquoi certains n’étaient pas revenus pour le repas. Pas qu’ils faisaient quoi que ce soit de mal, en revanche, elle ne tenait tout de même pas à ce qu’on les surprenne.

– Et si tu retournes sur Lothal, après tout ça, on pourra toujours se voir ?

"Il n’y a pas que ça, combattre… Ce que je veux dire, c’est aussi de savoir ce que tu feras de ta vie. Par exemple, pour ma part, j’ai des projets que je voudrai voir réalisés, ou au minimum contribuer à leur lancement, au sein de l’Ascendance, mais aussi faire mon métier. Puis, plus tard, me marier, fonder ma propre famille. Bref, tout ça. Se préparer à tout ça."

"Oui, enfin… Le mariage, avoir des enfants, tout ça, c’est loin, quand même."

Pour se préparer à un avenir « après-guerre », ça ouais, il était complètement d’accord ! Tout ce bazar se terminera bien un jour et il fallait réfléchir à ce qu’ils feront après, jusque là, aucun souci, il la suivait. Pour des projets plus personnels, par contre, il ne programmait rien de particulier… A ses yeux, c’était plutôt la méthode « attendre et voir », qui primait, car il ne pouvait pas déjà savoir s’il pourra se marier un jour et encore moins avoir des enfants. Il n’en voulait pas déjà, de toute façon. Dans quelques années, pourquoi pas, mais pas pour le moment ! Il avait à peu près le même âge que Lorana, mais il n’était pas prêt à l’imiter et se lancer dans le mariage, attendre un enfant, tout ça. Surtout en pleine guerre, s’en occuper correctement, ce serait difficile. Ces pensées, néanmoins, s‘envolèrent très vite de sa tête lorsque Feesa se pencha pour l’embrasser sur la joue. Son cœur se mit à faire des petits bonds aussi sec et il sourit bêtement, cloué dans son lit. Il ne pouvait pas lutter contre, c’était le regard qu’elle avait, ça le faisait craquer. Finalement, le rouge, ce n’était pas si mal. Enfin… Ça dépendait sur qui.

"Et si tu retournes sur Lothal, après tout ça, on pourra toujours se voir ?"

"Évidemment ! Je…"

Il s’interrompit brusquement, prit par une quinte de toux, et tourna la tête sur le côté le temps de tousser et réussir à reprendre son souffle. Okay, d’accord, compris, rester calme ! Il mit plusieurs minutes avant de réussir à se reprendre, lâchant un désolé avec un hoquet. Tousser lui avait ravivé les douleurs au torse et il ne put pas s’empêcher de grimacer. Ah, cette fois, c’était vraiment à cause de la douleur, pas à cause de relations familiales pas du tout prévues au programme et qu’il aurait d’ailleurs préféré continuer à ignorer ! Encore une fois, par contre, vraiment encore, encore un très gros merci à la Force pour avoir appris ça dans de telles circonstances, cette superbe excuse en or massif pour pâlir ou avoir l’air bizarre sans vexer, il avait eu une chance infernale !

"Voilà, désolé, j’ai avalé de travers. Bref, donc oui, on pourra toujours se voir, évidemment, je n’aime pas que tu disparaisses pendant des semaines comme ça dans la nature, il pourrait t’arriver n’importe quoi, en plus. Même si l’aut… Enfin, bon, voilà, tu vas bien, c’est ce qui compte."

Ezra s’était mordu la langue au dernier moment pour éviter d’insulter son père devant elle, doutant qu’elle le prenne bien. Bon sang, il allait devoir se surveiller, ça pouvait partir très vite. Gmmbl, si on pouvait même plus grincer des dents librement contre certains, où allait le monde. Un de ses loisirs favoris n’avait plus le droit d’être quand Feesa était dans les parages, il ne voulait pas la vexer aussi bêtement ou lui donner envie de s’éloigner.

"Ça ne va pas déranger sa famille, si on se voit ?"

Eh, ouh là, qu’il fasse attention de ne pas s’étouffer ! Ce serait le comble de la stupidité, de mourir comme ça ! Elle alla lui chercher un peu d’eau, encore, le temps qu’il arrive à reprendre son souffle, puis se pencha sur lui pour bien s’assurer qu’il se reprenne bien. Ça ira seul ou il avait besoin qu’elle aille chercher le droïde infirmier ? Ou plus d’aide ? Ses pensées volèrent vers les autres personnes présentes, les passant mentalement en revue pour se souvenir si un d’entre eux était médecin, ou infirmier, et pourrait l’aider. Parmi les visages connus, un seul pourrait éventuellement convenir, mais il était encore très jeune, avait-il déjà terminé ses études, dans ce temps… ? Quoi que ça pourra sans doute suffire malgré tout. Mais Ezra réussit à reprendre son souffle avant qu’elle n’aille courir chercher de l’aide, à son grand soulagement. N’étant pas dans le domaine médical, principalement à cause d’une peur tenue secrète de la vue du sang, elle ne pouvait pas vraiment l’aider. Elle se rassit avec un petit soupir, espérant qu’il allait au moins rester parfaitement tranquille et ne plus essayer de bouger, maintenant.

– Voilà, désolé, j’ai avalé de travers. Bref, donc oui, on pourra toujours se voir, évidemment, je n’aime pas que tu disparaisses pendant des semaines comme ça dans la nature, il pourrait t’arriver n’importe quoi, en plus. Même si l’aut… Enfin, bon, voilà, tu vas bien, c’est ce qui compte.

Oui, « l’autre ». Feesa eut un demi-sourire, secouant un petit peu la tête. Il allait avoir beaucoup de mal, on dirait bien. Par contre, ce qui lui faisait plaisir, c’est qu’il se retienne, face à elle, qu’il n’insulte pas son père à tout bout de champ, comme il pourrait le faire avec d’autre, même s’il ne l’aimait pas.

– Ça ne va pas déranger sa famille, si on se voit ?

– J’ai le droit de fréquenter qui je veux, tant que ce n’est pas un criminel sanglant. Ma mère te posera sans doute pas mal de questions, en te voyant, pour s’assurer que tu es quelqu’un de bien. Papa te connaît déjà. Thrass aussi. Et mon oncle maternel, hum… Je ne pense pas qu’il t’appréciera beaucoup, mais bon, il n’apprécie pas beaucoup de personnes, de toute façon, donc ne t’inquiète pas. Et puis, il ne pourra pas te détester autant qu’il déteste mon père.

Elle haussa légèrement les épaules, tout en disant ça. C’était le caractère de Formbi, voilà tout, il ne faisait jamais dans la demi-mesure, pour ses relations sociales, ou familiales. Soit il vous adorait, soit il vous détestait, et il avait en plus la rancune extrêmement tenace, ainsi qu’une très bonne mémoire. De toute manière, il y avait un peu de temps avant que Ezra croise le reste de sa famille, il n’était actuellement pas en état… Et ce n’était pas le bon moment. Les événements étaient déjà assez stressant comme ça. Bref. Pour le moment, elle devait le laisser se reposer, qu’il reprenne des forces… Se relevant, elle se pencha à nouveau pour l’embrasser sur le front et lui dire de faire attention, de bien se reposer, maintenant. Elle reviendra le voir toute à l’heure. D’ici là, un peu de patience, qu’il prenne soin de lui.