Assise sur un coussin qu’elle avait tiré de son lit jusqu’au milieu de la petite pièce qui lui servait de chambre le temps du voyage, les mains posées souplement sur ses genoux, Visas méditait sur les évènements, et les rencontres qu’elle avait fait au cours de ses récents voyages. Encore aujourd’hui, elle se contentait d’errer dans la galaxie, avec un but noble mais qui lui semblait de plus en plus futile : savoir ce qu’il était advenu des survivants de son peuple après tout ces siècles. Après Katarr, il n’était plus resté beaucoup de miraluka dans la galaxie. Avec les purges dans cette époque, ceux qui s’étaient réfugiés sur Alpheridies à l’époque de la République avaient dû s’enfuir, à cause de leur forte connexion avec la Force. L’Empire les avaient traqués pendant toutes ces années, qu’elle fut surprise de tomber sur l’une des siennes sur cette planète infestée d’esclavagistes. Bien sûr, le fait que Sarkiss Shan venait elle aussi du passé était révélateur de l’état de déliquescence de leur peuple, et de leur culture : après deux années passées dans cette époque, la seule autre miraluka qu’elle avait rencontré n'était pas de ce temps elle non plus.

D’ailleurs, elle avait été intriguée de constater l’instabilité de cette dernière, malgré ce qu’elle avait pu lui raconter sur la philosophie qu’elle essayait de suivre. La Force oscillait beaucoup chez elle, entre la lumière et l’obscurité, et le massacre qu’elles avaient toutes les deux perpétrées n’avait sans doute pas arrangé les choses. D’un autre côté, cela avait permis de sauver beaucoup de pauvres gens qui n’avaient rien demandés et s’étaient retrouvés pris dans un engrenage de souffrance qu’ils n’avaient pas mérité. Peut-être cela lui avait-elle permit de contrebalancer ses reflux d’émotions. Pour Visas, tout cela lui importait peu. Elle ne croyait pas que l’on puisse se tenir éternellement sur ce fil, à cheval entre lumière et obscurité. A ses yeux, chaque action entrainait une réaction d’un penchant ou de l’autre. La Force était un tout, bien sûr, mais leur interaction avec elle avait ses limites. Les repousser, par contre, ne lui avait jamais amené rien de bon. Nihilus l’avait fait, pour la forcer à plonger profondément dans le Côté Obscur, pour la briser. Il lui avait fait voir des choses que son corps et son esprit n’étaient pas fait pour endurer.

Pourtant, Shan avait insisté pour l’accompagner un temps dans son périple jusqu’à Katarr. Visas l’avait prévenu que c’était dangereux, que la dernière fois qu’elle avait contemplé la colonie miraluka, elle avait manqué de perdre la tête, car là-bas, à la surface et aux alentours, ce n’était que la vie qui n’existait plus, mais la Force aussi. Du moins, cela avait été le cas dans son temps, et sans doute après pendant des siècles. Car Katarr, à leur arrivée, avait bien changé de dans ses souvenirs. La vie, la Force avait commencé la tâche ardue de la reconquérir, laissant le monde à la croisée de chemins, entre Force et Néant. Elles avaient pu fouler le sol verdoyant de quelques prairies, tout en faisant attention à ne pas s’approcher des contrées corrompues. Cela avait fait du bien à l’ancienne servante de Nihilus. Il avait tout anéanti en un instant, mais la Force avait finit par lui faire un pied de nez monumental.

Ensuite, Visas avait décliné de poursuivre son chemin avec Shan. Elle ne se reconnaissait toujours pas dans la vision que suivait sa comparse miraluka, mais lui avait promis de rester en contact, éventuellement, au cas où elle viendrait à trouver d’autres de leurs semblables quelque part dans la galaxie. Elle avait finit par obtenir des indices, après de longues méditations à tenter d’utiliser son don si particuliers, puis à chercher des indices sur les mondes éloignés de la Bordure, là où il était plus facile de se cacher. Des langues avaient fini par se délier, d’une manière ou d’une autre, jusqu’à ce que Visas ait une bonne idée d’où chercher un refuge, quelque part loin des territoires de l’Empire, à la frontière entre l’espace sauvage et les régions inconnues.

Elle avait donc embarqué dans une série de vaisseaux, jusqu’à mettre les pieds à bord de ce cargo en route pour les mondes les plus reculés de l’Espace Sauvage. L’intérieur était spartiate, mais Visas s’était longtemps contentée de peu de choses pour vivre. En pleine méditation, donc, elle pouvait ressentir l’ensembles des âmes qui vivaient et vaquaient à leurs occupations à bord de l’appareil. Elle ne leur faisait nullement confiance, mais aucun d’entre eux n’avaient vraiment cherché à faire la conversation avec elle depuis le début du voyage. Et après trois arrêts sur des mondes transitoires histoire de charger ou décharger du matériel, c’était à peine si elles les avaient croisés pour aller manger, son sabre en permanence avec elle et dissimulé sous ses longues robes. Ils avaient fini par comprendre dès les premières heures, qu’elle n’était pas aussi aveugle qu’elle pouvait le laisser paraître. Quelques curieux avaient tenté de savoir à l’aide de quelle sorcellerie elle se débrouillait, mais elle ne leur avait jamais donné de réponse claire. En somme, elle avait la paix.

Du moins, jusqu’à maintenant, alors que le vaisseau finissait son approche d’une station en orbite d’un monde à la limite de l’Espace Sauvage, le dernier avant sa destination. Visas avait sentit quelque chose changer dans l’atmosphère, puis en visualisant l’aura des membres de l’équipage. Plus agités. Plus stressés qu’à l’accoutumée. Définitivement moins sereins. Puis, elle sentit le danger, au moment où ils se regroupèrent en petits groupes pour venir dans sa direction. Elle s’était aussitôt levée, l’esprit alerte, pour récupérer son sabre-laser. La porte de ses quartiers s’ouvrit peu après.

Le premier homme à se glisser à l’intérieur fut accueillit par la lame rougeoyante qui, tombant en une fente, le découpa en deux, d’une épaule jusqu’au bassin opposé. Son corps tomba lourdement sur le sol alors que l’assassin se jetait déjà dans la brèche. Ses compagnons subirent rapidement un sort funeste, et cela avant même d’avoir pu tenter quoi que ce soit. Le sabre trancha, d’abord les mains d’un côté, puis les jambes de l’autre, et la miraluka sortit dans le couloir, les cadavres à ses pieds. Le Côté Obscur la transcendant, elle laissa la Force lui indiquer le chemin du sas par lequel le cargo s’était amarré. Elle rencontra bien vite le deuxième trio, qu’elle élimina sans aucune forme de procès, brisant la nuque d’un des hommes, avant de découper les deux autres. Les choses se compliquèrent soudainement en arrivant dans la cale principale, où le reste de l’équipage s’était empressé de se regrouper en comprenant ce qu’il se passait. Accueillit par des tirs de blaster, Visas en avait bloqué quelques-uns avant de se glisser derrière un renfoncement.

La miraluka ne pouvait pas prendre le risque de rester là plus longtemps. Le danger qu’elle ressentît se faisait croissant et plus oppressant. De plus, ces êtres pathétiques commençaient à sérieusement l’énerver. La Force répondit à son appel en un puissant écho, le Côté Obscur explosant autour d’elle alors qu’elle sortait de sa cachette, son esprit pleinement tourné vers ses assaillants, pour les toucher de pleins fouets. Ils se raidirent tout d’un coup, leurs corps prit de tressaillements alors qu’il tentait de résister vainement à la force qui leur ordonnait de lâcher leurs armes et de s’agenouiller sur le sol, animée par la main non armée de la miraluka qui descendait doucement vers ses hanches. Les lèvres pincées, Visas s’avança au milieu d’eux sans s’inquiéter, prête à sortir, laissant derrière-elle une profonde sensation de froideur.





Lancers de dés

• Se défendre : 3, 7, 1, 7, 6, 2, 13, 14, 11, 19, 13
  

  Spoiler:

• Contrôle des esprits sur les survivants : 5

La situation avait dérapé avec une soudaineté très étonnante… Dans aucune époque, Vitiate n’avait pu assister à d’aussi brutaux retournements de situations, ou plutôt, pas depuis ceux qu’il avait lui-même créé. Mettre un peu d’animation dans cette galaxie ne faisait jamais de mal. Les Jedis de ce temps avaient un don certain pour mettre la zone à grande échelle, plus que n’avaient su le faire leurs chers ancêtres par le passé… Certes, plusieurs d’entre eux s’étaient pas mal agités mais cela n’avait rien de comparable avec ce qui se produisait aujourd’hui. A vrai dire, aucun Jedi n’était encore parvenu à l’agacer à un tel point et l’obliger à remettre en cause une aussi large part de ses plans, sur le long terme. Aucune famille de sensitifs n’était non plus parvenue à se révéler une telle épine dans son pied. Par leur faute, toute une partie de ses plans avait été ruinée et il avait dû en abandonner sur le champ pas mal de points. C’était… considérablement agaçant… Au point où Vitiate en venait à regretter profondément que ce ne soit pas Revan et sa clique qui aient été impliqués, car eux au moins n’auraient pu ruiner autant de ses efforts. Toute la clique de l’Ancienne République avait eu au moins le bon goût de ne pas autant l’énerver.

Le volcan hyperactif était redevenu un électron libre, son rejeton se cachait quelque part, quant à la fille, la tenait à distance sous contrôle. Par chance, qui sait ce qui aurait bien pu arriver en laissant les trois œuvrer ensemble. Vitiate soupira longuement, en lisant les dernières informations reçues. Pourquoi n’avaient-ils pas simplement utilisé Revan , lui, au moins, se serait contenté de détruire quelques vaisseaux, l’étoile noire peut-être, mais sa présence n’aurait pas déclenché d’autres problèmes à la chaîne… Pour une fois que tous les parasites Jedi du passé auraient pu servir sans faire trop de dégâts sur leur passage. Fermant les yeux et s’adossant tranquillement contre son siège, il soupira de nouveau puis réfléchit, tapotant des doigts contre le rebord du bureau. Vader était en fuite et il n’existait pas énormément de zones spatiales où il pourra se rendre, sans risque de croiser beaucoup de ses anciens alliés. Il ne pourra, s’il était un tant soit peu doté de raison, que venir par ici. Donc vers lui. Il allait être temps de régler ce problème, d’une manière ou d’une autre.

L’autre problème, toujours en suspens, était le gamin de Zakel, toujours en liberté, quelque part dans la galaxie. Vitiate y songeait souvent, car il ne comprenait guère comment un morveux de cet âge était parvenu, deux fois et si facilement, à percer le secret des esprits et entrer en contact avec le sien. Si naturellement, si aisément… Bien qu’il ait semblé bien fragile et peu apte, physiquement parlant, à tenir des combats, il possédait pourtant un potentiel dangereux. Laisser les Jedis l’exploiter longtemps était risqué. Plongé dans ses réflexions, il n’en fut tiré que lorsque le cargo F-212 approcha et qu’il ressentit cette présence agitée à bord. Ses hommes avaient pour habitude de ramener les paquets jugés intéressants, de temps à autre, néanmoins, peu étaient aussi agressifs. Il se leva et quitta tranquillement la pièce, pour aller voir de quoi il en retournait. Ce pouvait être un dérangé mental supplémentaire, qui s’était laissé dévorer par le côté obscur, tout simplement… Les insectes incapables de se contrôler étaient tellement usants.

Parvenu sur la passerelle, où le cargo était amarré, il découvrit que ce n’était pas un mais une dérangée mentale qui en sortit. Une Miraluka, de ce qu’il constata en s’approchant paisiblement. Particulièrement dérangée et enragée. Ce n’était pas une connaissance… Il ne se souvenait guère de l’avoir déjà croisée quelque part, qu’importe l’époque. Il doutait qu’elle soit native de ce temps, les gens de son espèce étaient devenus bien rares.

« Bienvenue sur cette station, jeune femme. Je me nomme Lord Vitiate. Comment vous nommez-vous ? Je ne pense pas avoir déjà eu le plaisir de vous rencontrer. »

La mainmise sur les esprits des derniers membres de l’équipage, la miraluka finit de les dépasser en les maintenant à leur place, à genoux. Ils l’avaient mis en rogne, mais elle n’avait que faire de leurs vies insignifiantes. S’il y avait une chose que Visas n’appréciait pas, c’était d’être dérangée inutilement. Bien que l’envie de les tuer était bien présente, le faire ne lui apporterait pas grand-chose alors qu’elle pouvait simplement partir, et les relâcher une fois qu’elle aurait franchit le sas. La jeune femme pourrait leur triturer l’esprit pour aller jusqu’à leur faire oublier sa propre existence, ou même leur soutirer des informations pour savoir pourquoi ils s’en étaient soudainement pris à elle mais ce n’était pas son domaine d’expertise. Il y aurait sans doute des séquelles. Cela la laisserait indifférente, mais Visas n’avait simplement pas de temps à perdre avec eux. Elle espérait simplement qu’une fois leur conscience retrouvée, ils se souviendraient de la leçon et réfléchiraient à deux fois avant de s’en prendre à une inconnue dont ils ne savaient absolument rien, les cadavres de leurs collègues trainant dans le reste du vaisseau pour leur servir de second rappel.

A vrai dire, Visas se préoccupait plus de la manière dont elle allait quitter cette station une fois sortit du cargo. Son don dans la Force avait un avantage, celui de voir au-delà des murs, au-delà de toute barrière physique. Elle était certaine qu’il y avait d’autres vaisseaux là-dehors. Elle n’était pas une excellente pilote mais elle savait se débrouiller. Le souci serait plutôt de trouver le bon chemin, la bonne route dans cette région reculée et mal cartographiée. Elle pourrait toujours compte sur ses sens, mais cela lui prendrait plus de temps. Du moins, tel fut son faisceau de pensée, jusqu’à ce que vienne brutalement s’insérer dans son champ de détection une aura si sombre que son corps sembla se glacer en un instant. Des souvenirs effrayants se rappelèrent à elle, d’une époque lointaine et qu’elle pensait définitivement révolue. Ce ne pouvait pas être lui. Ce n’était pas possible. Pas ici, pas maintenant. Pas sans qu’elle n’ait pu le sentir arriver dans ce temps. Les lèvres figées entrouvertes par le choc de la surprise, elle réalisa bien vite que l’être qui s’approchait n’était pas Nihilus. Elle connaissait trop bien l’aura du Seigneur de la Faim pour le repérer à travers toute la galaxie.

La miraluka fit un nouveau pas en arrière en sentant cette aura envahir son environnement, alors que l’individu, lui, faisait ton entrée à bord. Visas, instinctivement, détourna la tête comme pour chercher une issue. La vérité, c’est qu’il était difficile pour les êtres de son espèce de focaliser son attention trop longtemps sur une émanation aussi brute du néant profond du Côté Obscur. L’ancienne assassin se battait tout de même pour ne pas perdre pied, muant la peur qui s’était saisi d’elle en une force motrice. Loin d’être dérangée, elle maintenait son pouvoir sur ceux qui l’avaient attaqué, tout en gardant une distance de sécurité avec celui qui venait de se présenter.

Le terme de « Vitiate » lui rappela immédiatement une discussion qu’elle avait eu avec Shan sur Katarr. Sa comparse miraluka lui avait parlé d’un ancien empereur des siths portant ce nom, et qui aurait eu des pouvoirs assez similaires à ceux du Seigneur de la Faim. Cela expliquerait donc le puit sans fond qu’était l’aura de cet individu, dont l’intonation, et la manière de s’introduire était en contradiction avec l’impression qu’il donnait dans la Force. Il semblait alors bien plus calme, décontracté et courtois, ce qui, étant donné la situation, aurait presque pu paraitre comique. Mais Visas n’était pas du genre à rire, ou à prêter une once d’attention à ce genre détails futiles. Le fait qu’il lui bloquait la seule issue possible était plutôt ce qui la préoccupait pour le moment.

« Je suis Visas Marr, mais je doute que vous soyez vraiment venu pour me faire la conversation. A moins qu’un ancien empereur des siths n’ait une passion particulière pour ce genre de futilité. »

La miraluka avait rétorqué froidement, mais sans réelle agressivité, bien que sa main droite se fût doucement raffermit autour de la garde de son sabre-laser, dont la lame rougeoyante crépitait toujours, pointée sur l’autre côté, sa senestre occupée à maintenir son emprise sur les survivants de l’équipage. Elle n’allait pas baisser sa garde maintenant, pas alors que pareil danger se dressait face à elle. En les relâchant, elle ne ferait que prendre le risque de se retrouver dans une situation encore plus défavorable. A l’inverse, les forcer à se retourner contre cet homme n’offrirait qu’une piètre distraction. Néanmoins, s'il s'agissait de la personne dont Shan lui avait parlé, Visas n'était pas assez stupide pour penser avoir une réelle chance contre cet individu. Pas dans cette situation.

« J’imagine, après tout, que ces sbires soient les vôtres. Plutôt pathétiques, d’ailleurs, si vous voulez mon avis. Que me vaut donc l’honneur de cette visite ? »

« Je suis Visas Marr, mais je doute que vous soyez vraiment venu pour me faire la conversation. A moins qu’un ancien empereur des siths n’ait une passion particulière pour ce genre de futilité. »

Tiens donc, elle semblait savoir qui il était, alors que lui n’en avait toujours pas la moindre idée, ce nom ne lui disait rien. Qui donc s’était encore amusé à baver sur son nom envers une autre gamine perdue d’il ne savait quelle époque ? C’est que cela commençait à devenir lassant. Ces gens, ensuite, avaient une mauvaise opinion à son égard, sans même l’avoir rencontré, ne serait-ce qu’une fois. Il pouvait comprendre que certains aient gardé quelques rancœurs envers sa personne, néanmoins, de là à aller le crier sous tous les toits, c’était bien peu aimable. Il avait certes apporté son concours à quelques guerres, mais même sans sa présence, nul doute que de lourds conflits armés auraient éclatés quoi qu’il en soit. Telle était la nature des faibles d’esprit. Ceci étant, il apprécierait que les personnes face à lui, celles qu’il ne menaçait pas ouvertement, soient au minimum capables de comporter de manière civilisée. A moins que sa seule présence dans le côté obscur suffise à effrayer cette femme, alors même qu’il n’était pas agressif.

« J’imagine, après tout, que ces sbires soient les vôtres. Plutôt pathétiques, d’ailleurs, si vous voulez mon avis. Que me vaut donc l’honneur de cette visite ? »

« Je le plussoie, il n’est pas toujours simple de dénicher du personnel de qualité, il faut parfois se résigner à utiliser ce qui nous tombe sous la main. Quant à cette visite, ma Foi, je ne songeais à rien d’autre que vous inviter à partager un café avant de poursuivre votre voyage. Vous semblez savoir qui je suis, pour ma part, non, je dois l’admettre. Si tel est pourtant le cas, vous me pardonnerez, j’ai rencontré bon nombre de personne au cours de ma vie, il est possible que le nom de certaines m’ait échappé. »

Il faudra sans nul doute bien du temps et des efforts avant que les personnes de cette galaxie, y compris celles affiliées au côté obscur, comprennent qu le combat direct n’était pas toujours la première solution privilégiée. Discuter tranquillement avec une personne, même ennemie, n’était-il pas le moyen que tous devraient entretenir en premier lieu ? Vitiate estimait la courtoisie comme la première des qualités, d’autant plus lorsque cela pouvait amener un ennemi déclaré à vous écouter et, peut-être, changer de point de vue. Par exemple, attaquer aussitôt un Jedi sous le seul prétexte qu’il en était un était prendre le risque de gâcher un potentiel utile. Si la plèbe pouvait rapidement être repérée et écrasée, lorsqu’elle se révélait aussi minable, ce n’était pas le cas de tous. C’est durant cette brève pause qu’il s’était légèrement déplacé, invitant d’un geste cette femme à quitter le vaisseau en sa compagnie. A moins qu’elle ne veuille demeurer là et respirer l’odeur des cadavres.

« Si cela vous rassure de l’entendre, je n’ai pas d’intérêt à vous attaquer. J’ignore ce que vous avez pu entendre sur mon compte, cependant, je me doute que les récits ont été faits par des personnes dépassées par leurs craintes ou leurs ressentiments. Vous devriez parvenir à vous faire un avis par vous-même. »

Du moins, il l’espérait. Ce serait, pour une fois, agréable de parler à une personne ne se contentant pas de l’avis des autres… Pour, par la suite, déterminer le potentiel de cette personne et définir si elle pouvait lui être ou non d’une quelconque utilité.

« Je le plussoie, il n’est pas toujours simple de dénicher du personnel de qualité, il faut parfois se résigner à utiliser ce qui nous tombe sous la main. Quant à cette visite, ma Foi, je ne songeais à rien d’autre que vous inviter à partager un café avant de poursuivre votre voyage. Vous semblez savoir qui je suis, pour ma part, non, je dois l’admettre. Si tel est pourtant le cas, vous me pardonnerez, j’ai rencontré bon nombre de personne au cours de ma vie, il est possible que le nom de certaines m’ait échappé. »

La miraluka fronça le nez, inclinant légèrement la tête en avant devant les propos tenus par le seigneur sith qui se tenait face à elle. Visas avait tout fait pour éviter les rencontres du genre, sachant qu’il n’en ressortirait rien de bon. Elle avait assisté au premier rang aux exactions de l’un d’entre eux, d’ailleurs probablement l’un des pires. Voilà qu’elle se trouvait face à une un individu dont l’aura était toute aussi sombre, si ce n’était plus. Elle venait de découper plusieurs de ses pions et en tenaient plusieurs autres au bout de ses doigts et de son esprit, qui n’avaient pas hésité à s’en prendre à elle. Dans ces conditions, il était impossible d’être parfaitement sereine, ou de ne pas se sentir menacée. Visas n’était pas dupe. Cet arrêt n’était pas prévu sur son voyage. Ces gens avaient détourné le vaisseau pour s’amarrer à cette station en toute conscience. Comment pouvait-il avoir autant de cynisme pour s’adresser à elle comme si, finalement, c’était la norme d’accueillir ses invités de la sorte ?

« D’ordinaire, lorsque l’on veut simplement discuter avec quelqu’un, on se contente de lui demander de venir, sans le contraindre. »

Visas n’était pas stupide pour autant, et elle avait déjà jaugé ses options. Rester debout sans rien faire n’arrangerait les choses, elle resterait coincée dans ce cargo sans pouvoir rien y faire. Plus, elle doutait alors que l’ancien seigneur sith la laisse vraiment là sans rien faire.

« Mais je sais également que ce n’est pas là la voie traditionnelle suivie par les siths. »

D’ordinaire, ils prenaient ce qu’ils estimaient comme devant leur appartenir, sans laisser vraiment le choix à qui que ce soit. Cet homme, s’il était bien celui dont lui avait assez brièvement parlé Shan sur Katarr, lui restait malgré tout inconnu mais ne méritait pas sa confiance pour autant. C’était quelque chose qui se gagnait, et peu dans ce temps l’avait obtenu. La miraluka appuya pourtant sur l’interrupteur de son sabre, laissant la lame rougeoyante se rétracter soudainement. L’affrontement ne serait pas la solution non plus. Il lui suffisait de laisser sa vision de Force se poser un très bref instant sur le gouffre sombre que représentait l’ancien empereur des siths pour comprendre qu’elle ne ferait probablement pas le poids.

« Si cela vous rassure de l’entendre, je n’ai pas d’intérêt à vous attaquer. J’ignore ce que vous avez pu entendre sur mon compte, cependant, je me doute que les récits ont été faits par des personnes dépassées par leurs craintes ou leurs ressentiments. Vous devriez parvenir à vous faire un avis par vous-même. »

« Vous me permettrez d’en douter, et de me faire mon propre avis. Je me contenterais d’écouter ce que vous avez à dire. »

Si la miraluka acceptait la proposition à demi-mot, elle n’offrit aucune sourire. Elle discuterait, s'il y tenait vraiment, mais elle n'en ferait probablement pas plus.

Visas fit un pas en avant, puis un second, avant qu’une grimace de contrariété se dessine légèrement aux coins de ses lèvres ; Alors sa sénestre, qui agissait comme extension de son pouvoir mental sur le personnel encore en vie, sembla libérer l’esprit de ces êtres pathétiques, alors que l’étendue de sa maitrise se dissipait sans être parvenu à leur commander de s’endormir. Visas manquait encore de maitrise de ces capacités dans ce domaine, et elle se décala légèrement de côté pour focaliser, un très bref instant, dans leur direction. Puis, semblant se contenter de les ignorer, elle s’approcha finalement du sith, sans pour autant ranger son arme éteinte à la ceinture pour le moment. Puis elle tendit l'autre bras en direction du sas, imitant en quelque sorte l'ancien empereur sith :

« Après vous. »

La méfiance et la peur, deux sentiments immuables et si familiers, pour tant de personnes se présentant face à lui. D’autant plus pour cette espèce, baignée dans la Force et ne pouvant manquer le gouffre de noirceur qu’il représentait. Pourquoi le cacherait-il, cependant ? Tout son être était imprégné du côté obscur et il estimait n’avoir nul besoin de s’en dissimuler, peu importe à qui il avait affaire et dans quelles circonstances. Certains tenaient à l’affronter, d’autres acceptaient de discuter plus ou moins posément. D’autres encore choisissaient l’option – sans nul doute la plus prudente de toutes – de ne pas chercher l’affrontement ni chercher à lui adresser la parole. Préférant un départ aussi tranquille que possible et surtout, sans que le moindre combat ne se présente. Une option généralement choisie par ceux et celles voyant par la Force plutôt que par leurs yeux. Il était donc surpris que cette femme accepte si aisément de discuter plutôt que tenter cette autre option, le départ sans combat, sans paroles, sans que rien ne se passe, au possible. Plus surprenant encore, elle n’avait pas même opposé la moindre résistance.

C’était plutôt intéressant. Quand bien même la méfiance lui suintait de tous les pores de la peau, alors qu’elle laissait tomber l’emprise, jusque là maintenue fermement, sur les quelques minables survivants de ce petit équipage. Une fois qu’elle fut enfin prête, quoi que terriblement tendue, il la précéda dans la sortie et cette charmante petite station. Lui-même ne faisait qu’y passer… Le temps de régler quelques petites affaires et de rencontrer deux cibles. Il guida Marr jusqu’à une pièce non loin, où il avait justement reçu un sbire plus tôt, d’un pas bien tranquille. Lui tourner le dos en marchant ne lui posait guère d’ennuis, il pourra sentir venir la moindre attaque et elle n’était, de toute manière, visiblement pas très pressée d’engager un duel contre lui. Une fois à l’abri, une sorte de petit salon tout simple, il lui dit de s’installer où elle le désirait. Sans doute ne voudra-t-elle pas de son café, avec une telle méfiance, mais il demeurait à sa portée si elle changeait d’avis. Quant à lui, il en prit un aussi tranquillement qu’il l’avait fait jusqu’ici.

« J’ai connu une autre personne portant le nom de Marr, » dit-il d’un ton paisible. « Il avait fait parti du Conseil Noir, dans l’Ordre Sith. Un imbécile, qui s’était allié aux Jedis vers la fin et qui n’a pas su prendre la main tendue. Comme si de telles alliances pouvaient avoir le moindre sens. Les quelques Jedis ayant voulu le tenter ont achevé leurs vies d’un coup dans le dos. Quant aux Siths, ils ont également péri, victimes de leur propre stupidité. Ne parlons pas de la manière qu’ont choisi certains de conserver un équilibre entre la lumière et la noirceur, comme ils le disent. Ils n’ont toujours pas compris comment s’y prendre sans se perdre. »

Vitiate s’interrompit pour boire une petite gorgée de café, tout en songeant qu’il était bien affligeant que ces petites proies aient encore autant de mal à réfléchir correctement. Ce n’était pourtant pas si compliqué… Du moins, ça ne l’était pas pour les personnes capables de se poser un peu avant d’entreprendre quoi que ce soit. Aller sans cesse trop vite et s’y entêter amenait des incidents diplomatiques, des négociations ratées, des crispations, des vexations, des combats… Beaucoup d’agitation inutile, un temps perdu considérable.

« Je suis curieux, néanmoins, qui donc s’est senti obligé de vous parler de moi, dans ce temps ? Je n’y ai rien fait de particulier et une réputation s’estompe, au fil des décennies, dès lors que les personnes les plus informées cessent d’en parler ou disparaissent. Bien des personnes ont la mémoire courte. »

Ce qui n’était pas peu dire… Même de simples guerres survenues quelques décennies plus tôt devenaient floues pour les générations futures, les détails se perdaient, les atrocités commises rentraient dans le flou de la mémoire. Chacun passait à autre chose, notamment pour les espèces vivant peu de temps. Il était si facile d’oublier ce qui s’était produit il y a un siècle, alors ne parlons pas de ce qui s’était fait il y a des millénaires ! Qui cela intéressait encore, en-dehors des historiens ou des passionnés de recherche…

Même après qu’il lui ait tourné le dos, même après qu’ils se soit avancé devant elle à travers le sas, le sabre-laser de la miraluka était resté figé dans sa dextre, son attention tournée vers cette aura suintante de malfaisance. Malgré les apparences, il représentait toujours un danger, une menace qu’elle n’était pas certaine de pouvoir affronter, pour ne pas dire contenir. Rester sur ses gardes lui paraissait la meilleure option, bien qu’elle ne pût pas directement diriger son attention directement vers l’aura du seigneur des siths. Le faire serait prendre un risque qu’elle n’était pas prête à prendre à nouveau : celui de se retrouver désorienter, puis submerger par la toute-puissance, brute, du Côté Obscur. C’était une peur qu’elle pensait avoir maitrisé depuis son arrivée par les failles qui revenait la hanter. Celle de se retrouver dos au mur de la sorte, sans autre choix que de se laisser prendre une nouvelle fois par la folie du néant. Heureusement, le fait d’avoir relâché les esprits des misérables survivants de l’équipage du cargo lui permettait de rediriger cette énergie retrouvée pour juguler les souvenirs les plus douloureux au tréfonds de son esprit, qu’elle avait besoin de garder clair étant donné la précarité de la situation actuelle.

Dans la station, la miraluka se sentit un peu mieux protégée, sans doute parce que la vermine était restée à bord du vaisseau, clairement désorientée. Cela ne voulait pas dire qu’elle se sentait en sécurité. Le sabre glissa malgré tout à sa ceinture, hors du creux du gant qui couvrait sa main, alors qu’ils arrivaient dans ce qui s’apparentait à un petit salon tout simple, au cœur même de la station. Son attention se répercuta rapidement sur ses environs, profitant de cet instant de rupture pour chercher les éventuelles issues de secours qu’il pourrait lui rester, si cela devenait nécessaire. Il n’y avait qu’un seul autre vaisseau, plus petit, et devant probablement appartenir à ce Vitiate. Elle reporta son attention dans sa direction, sans vraiment le regarder, et ne fit pas le moindre pas en direction de la tasse de café qu’il avait eu la diligence de remplir. A vrai dire, elle attendit qu’il se soit lui-même installé avant de lui faire comprendre qu’elle préfèrerait rester debout en ne faisant aucun mouvement en direction d’un des fauteuils disposés dans la pièce.

Les bras croisés devant elle, sous sa poitrine, la miraluka écouta ce qu’il avait à dire, comme elle le lui avait promis. C’était bien la moindre des choses à faire, car plus vite cela serait terminé, et plus vite elle pourrait foutre le camp loin de cet endroit. Le Côté Obscur était si puissant dans la pièce que même elle commençait à avoir froid malgré ses vêtements. C’était un contraste des plus détonants avec l’amabilité et la courtoisie dont semblait faire preuve l’ancien Empereur des siths.

« Je doute avoir le moindre lien de parenté avec cet individu. » répondit-elle simplement, tout en fronçant le nez.

Surik le lui aurait fait savoir si ça avait été le cas, le jour où elle l’avait rencontré sur Dxun ; et si la maitre Jedi ne l’avait pas su, alors Sarkiss l’aurait fait. Shan semblait, après tout, avoir beaucoup d’appréciation pour ce qu’elle avait pu faire dans les temps passés, bien que Visas ne comprenait toujours pas vraiment pourquoi elle aurait pris le parti de l’Exilée. Le fait est, qu’apparemment, elle aurait fait le choix des Jedi. Dès lors, avoir un descendant chez les Siths lui semblait des plus improbable.

Le reste des propos du sith lui firent ni chaud ni froid. Visas ne comprenait pas pourquoi il s’offrait le luxe de lui raconter ce genre de choses. Pour sûr qu’il devait faire référence à ses expériences passées. Visas fronça un peu plus le nez. Elle n’appartenait plus à aucune de ces factions, mais elle trouvait une certaine ressemblance entre la dernière affirmation du sith et la voie empruntée par Sarkiss Shan. Pour sa part, Visas ne trouvait pas d’intérêt à se tourner vers l’équilibre, et se sentait bien plus familière avec le Cöté Obscur que tout le reste, bien qu’elle ne fût pas prête pour autant à s’y donner pleinement à nouveau. Ourlant légèrement ses lèvres, Visas écouta finalement la question du seigneur sith, avant d’agiter légèrement la tête.

« Savoir qui a bien pu me parler de vous n’a que peu d’importance, et ne vous apporterait rien. Ces actions appartiennent au passé, c’est ce que vous comptez faire dans le présent, et à l’avenir, qui compte. Cependant, nous vivons une époque où, tant que les failles dans la Force persisteront, ce passé continuera de venir hanter les esprits. »

Elle ne pouvait pas, après tout, chasser de son esprit ce que lui avait Shan à son sujet. Qu’il eût absorbé la vie de mondes entiers comme Nihilus l’avait fait sur Katarr. Des actes aussi atroces ne pouvaient venir que de d’individu dont la personnalité ne saurait changer malgré le temps. Fronçant à nouveau le nez à défaut de pouvoir cligner des yeux, la miraluka délia finalement ses bras pour battre légèrement l’air d’une main.

« Mais ne nous éparpillons pas. J’ai accepté de venir ici pour écouter ce que vous avez à dire. Rien de plus, rien de moins. Or, je doute que vous m’ayez dérouté de force de mon chemin pour me parler d’un temps révolu. Auquel cas, bien sûr, vous comprendrez aisément que je n’ai pas beaucoup de temps à vous accorder. »

Nerveuse, la petite, bien nerveuse. Il haussa légèrement un sourcil, amusé, avec la petite tirade qu’elle lança tout d’abord pour défendre sa position. La formulation était également amusante. Ces menaces et ce passé hantaient les esprits, effectivement, elle ne saurait mieux le formuler. Cela étant, elle n’était encore qu’une enfant, fragile et nerveuse, toute sa gestuelle le hurlait. Sans doute avait-il eu affaire à un Sith quelque peu grognon, au cours de sa vie, qu’elle persistait à mal digérer. Ah, les petites natures… Sans-cesse sur le qui-vive, incapables de passer à autre chose, bouleversées dès lors qu’elles croisaient le chemin d’une personne leur rappelant leur traumatisme. Tels de petits chatons feulant dans votre direction, griffes sorties, alors même qu’ils ne représentaient pas d’autre menace que celle de postillonner sur le tapis. C’est exactement ce qu’elle représentait. Un chaton nerveux et agressif, essayant tant bien que mal de se montrer sûr de lui. Quelque part, c’était très mignon.

« Mais ne nous éparpillons pas. J’ai accepté de venir ici pour écouter ce que vous avez à dire. Rien de plus, rien de moins. Or, je doute que vous m’ayez dérouté de force de mon chemin pour me parler d’un temps révolu. Auquel cas, bien sûr, vous comprendrez aisément que je n’ai pas beaucoup de temps à vous accorder. »

« Vous vous êtes déroutée seule, telle une petite fille, en ne prenant pas soin de choisir correctement avec qui et comment vous alliez voyager. Partir l’aventure peut être dangereux, lorsqu’on ne sait ni où on va ni ce qu’on peut trouver en cours de trajet. »

Un léger rire moqueur résonna dans la pièce, à cette mention. Pensait-elle sincèrement qu’il avait pris lui-même la peine de la « dérouter » ? Oh, il y avait bien sûr des personnes avec qui il le ferait, avec ça… Ses hommes s’étaient simplement contenté de la ramasser et l’apporter, sans savoir si elle sera utile ou non, comme on ramène un petit objet inconnu pour savoir s’il avait une quelconque valeur. Pour le moment, la seule valeur qui lui avait trouvée était celle d’une petite nature rongée par ses propres peurs. D’autant plus une petite nature s’arrêtant à ses ressentis du moment et à ce qu’on avait pu lui raconter, plutôt que de réfléchir, alors qu’elle en avait pourtant l’occasion. Pourquoi dépasser les peurs et apriorismes était-il toujours si ardu pour une si grande partie de ses interlocuteurs ? Pourquoi tous avaient sans cesse tant de mal à voir les opportunités et dépasser leur vision étroite ? Pourquoi existait-il si peu d’esprits intéressants ? C’était lassant. Souplement, il déposa la tasse de café – vide – sur un bord de table à proximité et se leva. S’approcha légèrement d’elle, bien qu’il ne montre toujours pas de signe de menace.

« Voyez-vous, j’ai pour habitude m’intéresser aux personnes que je rencontre, y compris à celles dont ce n’est qu’un simple accident. Ou encore à celles terrifiées par un simple ressenti. Ou celles se laissant guider par leur peur plutôt que de la dominer. Celles dont des mauvaises expériences les empêchent visiblement de progresser. »

Petite enfant grandira-t-elle ? Pouvait-elle seulement grandir ? Cette question résonnait dans son esprit alors qu’il la regardait, un air inquisiteur sur le visage.

« La vraie question est la suivante, comptez-vous passer votre vie à fuir en tous sens dans cette galaxie ? Vous qui parlez d’oublier des temps révolus… L’ironie est si grande. »

« Vous vous êtes déroutée seule, telle une petite fille, en ne prenant pas soin de choisir correctement avec qui et comment vous alliez voyager. Partir l’aventure peut être dangereux, lorsqu’on ne sait ni où on va ni ce qu’on peut trouver en cours de trajet. »

Si elle en avait été capable, Visas aurait levé les yeux au ciel d’exaspération, en entendant la réponse du Sith. Quant à ce rire moqueur, répandu en écho dans la petite pièce, la miraluka ne s’en inquiéta même pas. Elle en avait vu d’autre, au cours de sa courte vie. Les choix qu’elle avait fait ne seraient pas remis en question. Elle aurait dû sentir les changements et le danger plus tôt, oui, mais cela appartenait au passé. Tout comme le fait qu’elle avait, finalement, maitrisé sans grande difficulté la bande d’amateurs qui l’avait dérouté. Le seul danger, la seule menace se trouvait face à elle, dans ce puit si profond que le Côté Obscur semblait lui-même troublé en sa présence. Visas n’avait pas besoin des paroles de Sarkiss pour comprendre le danger qui la guettait. L’expérience qu’elle avait eu était suffisante à elle seule pour que la miraluka reste sur ses gardes, et choisisse de jouer le jeu du sith, pour un temps. Il n’était pas non plus difficile de ressentir son trop plein de confiance, son assurance, sur laquelle il était préférable de miser, plutôt que sur l’affrontement armé. Evidemment, si elle avait su que le sith l’aurait laissé partir sans faire d’histoire, Visas aurait saisi l’occasion. Les choses en seraient restés là.

Ses provocations ne changeraient pas son attitude non plus. Toujours un peu nerveuse, bien sûr, mais en apparence plus détendue. Les bras toujours croisés, la miraluka se laissa aller contre le mur derrière elle, tout aussi glacé que l’air ambiant. Elle ne frissonna pas cette fois-ci, embrassant au contraire les effets du Côté Obscur, en le voyant s’approcher quelque peu. Beaucoup diraient que c’était une erreur de laisser quelqu’un entrer dans votre espace personnel mais il fallait rester pragmatique, et non céder à la peur. La distance ne changerait rien, et ce sith était déjà en mesure de faire ce qu’il voulait sans qu’elle puisse résister bien longtemps. Elle préférait au contraire gagner du temps, pour mieux cerner l’individu, chose difficile à faire dans la Force, où il la contrerait probablement en profitant du point faible que les membres de son espèce possédaient, et faisait que bon nombre des siens sombraient dans la folie, une fois pleinement exposés aux possibilités offertes par le Côté Obscur.

« Voyez-vous, j’ai pour habitude m’intéresser aux personnes que je rencontre, y compris à celles dont ce n’est qu’un simple accident. Ou encore à celles terrifiées par un simple ressenti. Ou celles se laissant guider par leur peur plutôt que de la dominer. Celles dont des mauvaises expériences les empêchent visiblement de progresser. »

Elle renifla cette fois-ci, tout en agitant légèrement la tête par dépit. Sa suffisance semblait sans limite. Son arrogance, infinie, et digne des plus grands siths que la galaxie est connue. Plus dure avait donc dû être sa chute, dans son temps.

« La vraie question est la suivante, comptez-vous passer votre vie à fuir en tous sens dans cette galaxie ? Vous qui parlez d’oublier des temps révolus… L’ironie est si grande. »

On y arrivait enfin, et ce assez vite, à la raison de tout de ce cinéma ; et la jeune miraluka se retira doucement du mur, pour faire un pas en avant en direction du sith, sans plus d’animosité qu’auparavant. Ce Vitiate n’avait aucune idée de ce qu’elle avait dû endurer, de ce à quoi elle avait survécu. Visas n’allait pas répondre à sa provocation, cela ne ferait que le distraire, et flatter son égo…

« Voilà que vous sautez bien vite aux conclusions, pour quelqu’un qui dit s’intéresser aux personnes qu’il rencontre. Mais laissez-moi développer un peu ce que je pense de tout ceci, en dépit des rumeurs à votre sujet, Lord Vitiate... »

Elle inclina doucement la tête, avant de se décaler sur le côté, d'un pas ou deux, avant de venir se frotter le menton du bout de ses doigts gantés. La pensait-il réellement si naïve ?

« Entre-nous, il me semble impensable qu'un ancien Seigneur Noir des Siths, Empereur de surcroit, ne puisse se contenter de n'être plus qu'une ombre de son prestige d'antan, relégué sur le banc de touche pendant que d'autres viennent lui voler la vedette.  »

Là, elle se tourna à nouveau dans sa direction, en ramenant sa main sous sa poitrine, croisée par-dessus celle restée là tout ce temps.

« Bien sûr, il y a différentes manières de s'y prendre. La force brute est une chose, mais elle est primitive, et pensée qu'à court terme. Il est clair que vous êtes d'une autre trempe, et que vous savez vous contenter de l'ombre, lorsque c'est nécessaire. Sinon, vous ne seriez pas ici, perdu dans l'Espace Sauvage, à vous "contenter" de rencontres avec des "petites filles" de mon genre. Dans ce cas, permettez-moi d’en faire de même, et de vous demander ce que vous désirez vraiment, Lord Vitiate ?»

Alors, alors… Qu’allait-il en être dorénavant… Vitiate avait beau être patient, il le fallait bien dans cette malheureuse galaxie, il n’avait pourtant guère envie de perdre de longues journées avec des personnes qui n’en valaient guère la peine. Du moins, en elle-même. Ce genre de personnes, mêmes inutiles seules, pouvaient parfois être des vecteurs, conduisant jusqu’à lui d’autres êtres plus avantageux ou intéressants. Tout cela n’était qu’un jeu, après tout. Au moins s’était-elle décidée à se décoller de ce pauvre mur qui ne lui avait rien fait et adopter une attitude un peu moins renfermée sur elle-même. Come s’il comptait lui sauter à la gorge d’ici quelques secondes. Elle devait finalement avoir comprit qu’il ne souhaitait pas le faire. Qu’elle soit utile pour elle-même ou qu’elle lui amène d’autres personnes, ça n’avait guère une forte importance en cet instant. Il sera patient. Après tout, tous les coups ne pouvaient guère porter en une fois, ce serait bien trop commode. Il sourit doucement en la regardant se décaler tout de même. Courageuse mais pas téméraire. Cela changeait de certains Jedis… Et lui rappelait une nouvelle fois sa petite nature privilégiée.

« Entre-nous, il me semble impensable qu'un ancien Seigneur Noir des Siths, Empereur de surcroit, ne puisse se contenter de n'être plus qu'une ombre de son prestige d'antan, relégué sur le banc de touche pendant que d'autres viennent lui voler la vedette. Bien sûr, il y a différentes manières de s'y prendre. La force brute est une chose, mais elle est primitive, et pensée qu'à court terme. Il est clair que vous êtes d'une autre trempe, et que vous savez vous contenter de l'ombre, lorsque c'est nécessaire. Sinon, vous ne seriez pas ici, perdu dans l'Espace Sauvage, à vous "contenter" de rencontres avec des "petites filles" de mon genre. Dans ce cas, permettez-moi d’en faire de même, et de vous demander ce que vous désirez vraiment, Lord Vitiate ? »

« Ce ne devrait être un secret pour personne. Je dois admettre être un peu déçu que tant se pose la question, face à pareille évidence. »

Du moins, l’évidence sur le plan officiel, sur ce qu’il était aisé de supposer, de deviner, de réfléchir. Vitiate ne comptait évidemment pas exposer ses véritables desseins, désormais assez différents de ceux qu’il avait poursuivi par le passé. Quoi de plus naturel de désirer varier les plaisirs ? De plus, dans une époque si différente et avec des règles aussi bouleversées, il serait bien idiot de vouloir atteindre les mêmes objectifs. D’utiliser les mêmes méthodes, plus encore. Il avait toujours réprouvé les naïfs si enclins à reproduire les schémas du passé ou à nommer comme chefs des personnes issues des failles. C’était si stupide… Comment une personne conditionnée sa vie entière par une méthode de pensée pouvait espérer guider brillamment d’autres, de ce temps ou non, à suivre la bonne voie ? Il trouvait plus judicieux de se servir de personnes nées ici même, qui elles avaient en main toutes les clés de compréhension et d’influence, pour être utiles dans leur propre époque.

« J’ai toujours œuvré pour la mise en place de pouvoirs forts. Mais cette époque n’est ni la vôtre, ni la mienne. Les Enfants de cette Époque doivent obtenir le pouvoir. Ce temps a beau être intéressant, il ne m’intéresse finalement que peu. En revanche, la Force demeure un sujet on ne peut plus intéressant à étudier. Les Sith comme les Jedi ont toujours tant à faire pour comprendre la puissance qui les entoure. La politique est un jeu amusant, néanmoins, elle n’est pas si attirante ici même. Peu m’importe les luttes de pouvoir de Sidious. Ces failles m’intéressent bien plus. Alors même que, curieusement, les personnes envoyées ici par elles ne sentent que très peu concernées par leur source. Trop occupées à se mêler des problèmes d’une époque qui ne sera jamais la leur. »

Bien qu’il possède des moyens de s’occuper de plusieurs sujets à la fois, par lui-même ou en utilisant des esprits annexes, Vitiate n’en restait pas moins sincère sur ce point. Voilà désormais des mois qu’il avait débuté son travail sur ce sujet.

« Même les petites filles perdues dans cet immensité peuvent contribuer dans cette voie. A moins, bien entendu, que vous ne préféreriez poursuivre une quête perdue d’avance. Ou encore, décider que je suis une menace valant la peine de revenir plus tard la combattre. »

Cette fois-ci, un léger sourire se dessina à la commissure des lèvres de la miraluka, en entendant la réponse du Seigneur Sith à son interrogation. Il fallait être lent à la détente pour ne pas saisir le but officiel, de façade, recherché par des êtres comme Vitiate ou Sidious. Ces derniers étaient clairs, et écris depuis des années, voir des millénaires concernant l’être qui se trouvait face à elle. Visas voulait aller plus loin, glisser sous la surface pour tenter d’apercevoir ce qui se dissimulait derrière, sans vraiment aller le chercher elle-même. Elle n’était pas stupide au point de chercher une confrontation mentale avec un individu de cet acabit, c’était pourquoi elle n’avait pas fait de sous-entendu, et restait dans son jeu. Le faire parler était sans doute ce qu’il y avait de mieux à faire, de toute façon, avec ce genre de personnes. Leur vanité, leur égo, était leur plus grand défaut. Ils aimaient se faire mousser, montrer ô combien ils étaient supérieurs aux autres, détachés, même. Il n’y avait qu’a voir comment il semblait se délecter à la prendre de haut, et la surnommer ainsi sans savoir ce qu’elle valait vraiment.

Mais finalement, tout cela n’avait que peu d’importance, s’il savait attiser la curiosité qui guettait en elle depuis toujours, et qui l’avait mené, malgré elle, sur le chemin qui était désormais le sien depuis les temps anciens. L’écouter, au final, c’était en apprendre plus sur ce qu’il avait été, et ce sans le filtre des opinions des Jedi ou des Sith qu’il avait pu croiser sur sa route. Bien sûr, Visas ne fut par surprise par la première partie de son propos. Etant un seigneur sith, ancien empereur qui plus est, la recherche d’un pouvoir galactique fort ne pouvait être qu’une seconde nature. Même elle, qui n’avait eut au final qu’un rôle assez modeste à son époque, et qui se contentait désormais de rester en dehors des affaires galactiques, ressentait au quotidien ce dédain pour le désordre qui régnait dans cette galaxie. En y repensant, d’ailleurs, sa volonté de rapprochement vers les rebelles et les jedis, après ce qui s’était passé sur Corellia, était sans fondement. Et la volonté de l’Exilée de reformer une équipe dont elle n’avait pas le souvenir d’avoir fait partie, plutôt pathétique. Ce n’étaient pas à eux de décider du sort de ce temps.

Sur ce point, elle était d’accord avec le seigneur sith. Ce n’était pas à eux de régler les problèmes de cette époque, alors qu’ils n’étaient jamais parvenus à régler ceux de leur temps. Vouloir reconstruire ce qui avait disparu ne fonctionnerait jamais. L’Ordre Jedi avait disparu pour une raison qui trouvait sans doute ses origines dans le passé. Par ailleurs, la même comparaison pouvait être faite pour les siths.

Cela ne voulait pas dire qu’elle croyait sur parole les propos tenus par Vitiate à ce sujet. Rien ne lui garantissait qu’il n’agissait pas dans l’ombre, au final, pour tenter de rasseoir son autorité derrière l’apparence d’un régime tenu par les résidents de cette époque. D’un point de vue politique, c’était sans doute ce qu’il y aurait de mieux à faire. En revanche, elle comprenait parfaitement ce qu’il sous-entendait au sujet des failles, car la miraluka elle-même ne comprenait pas la raison de sa présence dans cette époque. Ni celle de Surik, ou de Shan. Pourquoi la Force aurait elle décidé de tous les ramener dans cette époque en particulier, et pas une autre ? Elle ignorait, aussi, si elle se souviendrait de tout ce qu’elle avait pu voir si elle devait se faire enlever de nouveau, ou si, au contraire, la Force veillerait à tout lui faire oublier ? Ce dernier détail, par exemple, sous-entendrait une forme de conscience, et de volonté, dans l’apparition des failles.

Visas releva la tête comme pour regarder droit dans les yeux, pendant un bref instant, l’individu définitivement plus grand qu’elle. Elle aussi, pendant un bref temps, avait voulu savoir les raisons de sa présence dans cette époque, avant que les impériaux ne viennent se mettre en travers de ce chemin pour lui rendre la tâche plus difficile. Depuis, elle n’avait pas cherché à comprendre, trop distraite par d’autres affaires. Peut-être que c’était là le moyen d’être utile, finalement ? Ou du moins, d’en savoir plus sur les travaux de l’ancien Empereur sur la question ? C’était difficile de résister à la douce tentation de sa curiosité, maladivement appuyée par la corruption de l’Obscurité…

« Mh.. C’est une proposition intéressante, il faut l’admettre. Certains ne sont peut-être pas en mesure de vous observer comme je le fais, mais je ne suis pas stupide pour vouloir m'en prendre à vous. »

Pas seule, en tout cas. Tout comme elle n'avait jamais envisagé d'affronter Nihilus.

Elle se décala légèrement, cette fois-ci pour se repositionner dans l’axe, quitte à enfreindre légèrement la règle de méfiance qu’elle s’était imposée jusqu’alors. Et décroisant les bras, elle finit par demander, simplement :

« Supposons que je sois d’accord, à minima, pour vous aider. Qu’est-ce que j’aurais à y gagner ? Ou plutôt, qu’est-ce que cela impliquerait, entre vous et moi ? Quelle seraient vos... mh. Vos exigences ? »

« Mh.. C’est une proposition intéressante, il faut l’admettre. Certains ne sont peut-être pas en mesure de vous observer comme je le fais, mais je ne suis pas stupide pour vouloir m'en prendre à vous. »

Oh, cela n’avait rien de stupide… Du moins, tant que certaines conditions étaient réunies. L’attaquer en étant seul ou affaibli, par exemple, serait effectivement particulièrement stupide. Quoi que ce n‘était encore jamais arrivé… Oh, si, une brève fois, lorsque sa douce épouse s’était mise en tête d’attaquer le sanatorium seule, pour récupérer leur fille. Mais ses hommes l’avaient arrêtée et emmenée avant qu’elle ne puisse l’attaquer, lui, toujours seule. A part elle, personne ne s’était encore dit qu’il pouvait s’agir d’une riche idée. Peut-être plus tard, qui sait… Il y en avait certains, qu’il devait s’arranger pour rencontrer, qui pourraient potentiellement en être capables. Quoi qu’il en doutait mais sait-on jamais… Senya avait eu une très bonne raison de le faire et sachant comment elle l’avait côtoyé, il n’était pas très étonnant qu’elle se soit lancée. Il ne l’aurait pas non plus tuée, elle avait sans doute dû s’en douter… En revanche, il aurait effectué quelques petits… ajustement, chez elle.

« Supposons que je sois d’accord, à minima, pour vous aider. Qu’est-ce que j’aurais à y gagner ? Ou plutôt, qu’est-ce que cela impliquerait, entre vous et moi ? Quelle seraient vos... mh. Vos exigences ? »

Vitiate retourna tout d’abord s’asseoir tranquillement, dans son précédent fauteuil. Cette étape-ci s’était souvent révélée… Comment le dire… Plutôt routinière et ennuyeuse. La plupart de ceux qu’il avait rencontré désiraient obtenir le même genre de choses, ils appartenaient à une même « catégorie » de personnes, très prévisibles. Discuter avec des personnes sortant de ce schéma était plus intéressant, bien entendu, mais c’était aussi plus rare.

« Vous posez la question à l’envers. Ce qu’il y a véritablement à savoir, ce sont vos propres désirs. Je ne lance guère de propositions dans le vent. Et lorsque j’en propose une, ce sont des propositions plus particulières, qui ne sont guère offertes à tous… Sans doute avez-vous eu l’habitude de maître imposant leur propre volonté ou leur colère, sur leurs divers pions. Pour ma part, avant toute chose, je souhaite savoir ce que veut celui se présentant face à moi. Hormis ceux et celles le faisant pour me combattre, bien sûr. »

Un léger sourire moqueur agrémenta cette dernière phrase, avant de bien vite disparaître.

« Vous devez vous douter de ce qui est impliqué, lorsqu’une personne traite avec moi. Tout comme vous pouvez deviner ce que je suis capable de faire pour ceux le méritant. Ces termes se définissent une fois les désirs bien établis et l’utilité induite. Ce que vous voulez y gagner, c’est à vous de le définir. »

Il s’attendait, cette fois, à ce qu’elle comprenne bien vite. Après tout, toute personne connaissant la force du Côté Obscur devait être sensible à une telle démarche. Beaucoup ne rêvaient que de pouvoirs, d’ascendance sur leurs semblables… D’autres voulaient simplement vivre plus longtemps que les autres étaient prêts à sacrifier leur intégrité, voire bien plus, pour y parvenir. Quelques uns cherchaient la protection, soit pour eux-mêmes, soit pour leurs proches. Il y en avait qui cherchaient la connaissance, également. Encore bien d’autres choix étaient possibles… C’est avec patience, donc, qu’il attendait que la petite exprime ses propres volontés.

« Vous posez la question à l’envers. Ce qu’il y a véritablement à savoir, ce sont vos propres désirs. Je ne lance guère de propositions dans le vent. Et lorsque j’en propose une, ce sont des propositions plus particulières, qui ne sont guère offertes à tous… Sans doute avez-vous eu l’habitude de maître imposant leur propre volonté ou leur colère, sur leurs divers pions. Pour ma part, avant toute chose, je souhaite savoir ce que veut celui se présentant face à moi. Hormis ceux et celles le faisant pour me combattre, bien sûr. »

La miraluka haussa un sourcil à cette remarque, surprise d’entendre un être aussi puissant dans le Côté Obscur dire qu’il n’avait pas, ou plus, pour habitude de prendre ce qu’il désirait, sans demander la permission, en se contentant d’écraser implacablement la moindre once de résistance. Entendre un ancien Empereur des Siths dire faire dans la charité n’était tout simplement pas crédible. A moins qu’il ne soit totalement devenu fou, ce qui semblait tout aussi improbable, vu son attitude bien trop détendue. Il était évident qu’il savait parfaitement ce qu’il faisait, peut-être même en tenant un rôle qu’il avait appris à réciter depuis fort longtemps. C’était chose partiellement réussie, en tout cas, puisque Visas ne s’était pas attendu à entendre pareille proposition de sa part, bien qu’il fût assez ironique de l’entendre dire qu’elle était venue à lui, alors qu’il était clairement établi que c’étaient ses sbires qui l’avaient mené ici, sans lui demander son avis. D’une certaine manière, il cochait toujours la case du Sith ambitieux, qui avait l’habitude de prendre, et non de demander. Peut-être, donc, ce spectacle n’était-il qu’un artifice, pour lui laisser croire qu’elle avait vraiment le choix.

Cela la perturbait grandement, en tout cas, puisque comme il l’avait si bien dit, elle avait été habituée à exécuter la volonté de son maitre, tout en bénéficiant d’une marge de manœuvre, et une force de proposition très réduite. Le fait de suivre servilement, en permanence, avait été profondément ancré en elle par Nihilus, et tout ce qu’il lui avait fait subir. Lui demander de but en blanc, donc, ce qu’elle pouvait bien vouloir était assez nouveau, pour elle, et ce malgré le temps passé à soigner cette fracture. Visas se rendait même compte, tout à coup, qu’elle n’avait peut-être fait que se voiler la face pendant tout ce temps, et que la blessure, elle, était peut-être restée béante. Et se voir ainsi mise à nue, en un rien de temps, par le premier des inconnus la frustrait profondément.

Visas fronça le nez plus fortement que tout à l’heure, sa langue roulant dans sa bouche, tandis qu’elle resserrait ses bras croisés l’un contre l’autre, en signe de mécontentement. Car cette frustration venait la ronger. Elle l’agaçait, l’énervait. Elle commençait sérieusement à en avoir marrer de se faire balader ainsi sans avoir la force de prendre les rennes de son propre destin. Elle en avait marre, de ne pas savoir ce qu’elle foutait dans cette époque, et ce que la Force pouvait encore lui faire subir ; elle en avait marre, de voir des inconnus l’approcher en affirmant la connaître, pour ensuite l’inciter à prendre un chemin qui n’était pas le sien, mais bien le leur ; elle en avait marre, enfin, de se faire marcher dessus en silence.

« Vous devez vous douter de ce qui est impliqué, lorsqu’une personne traite avec moi. Tout comme vous pouvez deviner ce que je suis capable de faire pour ceux le méritant. Ces termes se définissent une fois les désirs bien établis et l’utilité induite. Ce que vous voulez y gagner, c’est à vous de le définir. »

Justement, non, elle l’ignorait, ce qui l’agaçait encore plus. Elle avait l’impression d’être tombé dans une véritable embuscade, sans posséder les moyens de s’en sortir. Les seules choses qu’elle savait de cet homme, c’était ce que Sarkiss Shan avait bien voulu le lui dire, sans qu’elle n’ait pu le vérifier. Une part d’elle s’en voulait de ne pas avoir creuser le sujet ! Oui, elle en avait définitivement marre, de se voir ainsi mener par le bout du nez. Cela devait cesser, et peut-être pouvait-il l’y aider.

« Ce que je veux… » commença-t-elle, l’amertume clairement perceptible dans le son de sa voix, avant de réaliser qu’elle avait, sans s’en rendre compte, focalisé son attention un peu trop longtemps sur l’aura de néant qui caractérisait le sith qu’elle avait en face d’elle.

Elle secoua soudainement la tête, et il lui fallut un petit temps mort, aussi, pour se rendre compte qu’elle avait serré ses bras si forts que ses mains s’étaient mise à trembler sous l’effort. Elle devait se ressaisir, mais pourquoi faire ? Pour baisser sa jupe, une fois encore ?

« Je veux savoir ce que je fous ici, ce que nous faisons tous ici, dans ce temps qui n’est pas le nôtre. Je veux savoir si le futur en lui-même, ou le passé selon le point de vue, a irrémédiablement été altéré par notre passage, ou si la Force se contente simplement de se jouer de nous. »

Parce que si c’était le cas, alors peut-être que le Seigneur de la Faim n’avait pas tort. Cette simple pensée était assez douloureuse à elle seule. Elle ne pouvait être vraie.

«  J’en ai assez, aussi d’être baladée sans avoir mon mot à dire. De devoir me cacher, et subir. De devoir, encore et encore, suivre le chemin d’autrui, parce qu’il sait mieux que d’autre ce qu’il y a de mieux à faire. Il est temps que cela change, définitivement. »

Le problème, c’est qu’elle doutait franchement que ce soit le cas, avec ce type-là…

Curieuse réaction… Vitiate s’était plutôt attendu à une réflexion, de l’impatience, de la nervosité, de l’attente… Mais de la colère ? Pourquoi être agacée ou en colère lorsqu’on vous demandait ce que vous souhaitiez ? Même les plus faibles apprentis du Côté Obscur avaient en eux des désirs secrets… Même les plus faibles d’esprits, en ce monde, avaient des aspirations… Bien au contraire, d’ailleurs, ces personnes-là étaient les plus enclines à rêver de grands projets, pour se venger d’une vie les ayant trop délaissés, prouver leur valeur et enfin obtenir leur propre moment de gloire. En revanche, se mettre dans de tels états et sembler au bord de l’apoplexie, ce n’était guère une réaction habituelle. S’était-elle donc tant écrasée elle-même qu’elle ne parvenait plus à aspirer à quoi que ce soit ? Ou bien ses réactions initiales se faisaient-elles parasiter par l’aura que lui-même dégageait ? Si c’était bel et bien le cas, ils n’arriveront pas à grand-chose… Peut-être devrait-il laisser tomber la manière douce et régler cette histoire d’une façon plus conventionnelle… C’était tout de même fou, dès lors qu’il essayait une manière plus gentille de travailler, soit son interlocuteur se braquait et refusait d’écouter, soit, comme elle, il se mettait dans ses tous états et passait proche de la crise de nerfs.

« Je veux savoir ce que je fous ici, ce que nous faisons tous ici, dans ce temps qui n’est pas le nôtre. Je veux savoir si le futur en lui-même, ou le passé selon le point de vue, a irrémédiablement été altéré par notre passage, ou si la Force se contente simplement de se jouer de nous. J’en ai assez, aussi d’être baladée sans avoir mon mot à dire. De devoir me cacher, et subir. De devoir, encore et encore, suivre le chemin d’autrui, parce qu’il sait mieux que d’autre ce qu’il y a de mieux à faire. Il est temps que cela change, définitivement. »

Il reconnaissait cet état d’esprit, similaire à celui de ce cher Vader. A la différence notoire que cette femme était, d’évidence, bien moins cinglée et instable que leur charmant volcan hyperactif. Néanmoins, il y avait des similitudes flagrantes. Ah, les pions, les éternels pions… Avec leurs désirs et leurs craintes entremêlés, voulant prendre leurs vies en main mais incapables de le faire, chacun pour ses propres raisons. Ces personnes-là avaient néanmoins leur utilité, elles pouvaient servir dans de nombreux projets et aussi être utilisés comme main d’ombre. Loyales par dépit, par choix ou par contraintes, il leur fallait du temps pour oser se débattre comme il se doit et leurs tentatives s’achevaient souvent dans un râle de douleur. Cette petite devrait s’apaiser, néanmoins…

« Donc vous désirez avoir le contrôle de votre propre vie et ne plus être un pion pour qui que ce soit. J’en déduis que vous avez dû passer un long passage de votre existence prisonnière de la coupe d’un maître… Sith ? »

Tout en parlant, il avait commencé à déployer tranquillement ses dons, afin de visiter dans le même temps, en surface, l’esprit de cette femme. Il lui fallut peu de temps pour dénicher l’identité et l’image de son asservisseur et bourreau. Elle pourrait nier, affirmer qu’elle l’avait déjà oublié depuis longtemps, pourtant, il était bien là. Mmh, voilà un autre Sith charmant qui s’était quelque peu… Disons… Laissé aller… Quelle tristesse de succomber ainsi au Côté Obscur plutôt que de le contrôler. Tout comme il était malheureux de succomber à ses propres obsessions, au point de ne plus pouvoir réfléchir au moindre plan ou se poser. Eh, bien, pourquoi pas utiliser cette femme, si elle avait déjà l’habitude de flirter avec le Côté Obscur. Il serait juste bon… Mmh… Vitiate appuya, très légèrement, sur un pan de son âme, celui qu’il sentait le plus sensible à l’appel des ombres. Avec cette espèce, si sensible et réceptive, c’était très amusant à faire.

« Le propre du Côté Obscur est de se libérer de ses chaînes et obtenir son propre pouvoir, afin de ne plus dépendre de qui que ce soit. Sans toutefois se laisser dévorer l’esprit, ou pire encore, dans une course mortelle sans fin. Votre désir est simple, il ne vous manque qu’un pas à franchir. Nous pouvons nous entendre, croyez-moi, je connais amplement ce désir. Je ne cherche pas de nouveaux apprentis, ni même de Furies, elles ne sont utiles qu’un bref temps. Quant aux pions, j’en possède déjà. En revanche, des personnes capables de travailler sur l’origine de ces failles, en autonomie, peuvent être plus intéressantes. Participez à cette tâche et je vous offrirai en retour l’opportunité de briser pour de bons les chaînes de votre passé. »

Trop de Sith effrayaient leurs marionnettes en y allant trop franchement ou en s’amusant à leur faire comprendre à quel point elles étaient faibles et de simples esclaves de leur volonté. Un tel manque de subtilité était désolant. Sans oublier qu’un pion ne recevant rien en retour était un rebelle en préparation. Il était plus simple de préparer lentement une nouvelle marionnette, à son insu, sans lui faire peur et lui offrant ce qu’elle désirait le plus.

« Donc vous désirez avoir le contrôle de votre propre vie et ne plus être un pion pour qui que ce soit. J’en déduis que vous avez dû passer un long passage de votre existence prisonnière de la coupe d’un maître… Sith ? »

Evidemment, que c’était ce qu’elle désirait. N’avait-elle pas été assez claire ? Depuis Katarr, depuis la destruction de son monde, elle n’avait vécu qu’une vie de servitude, ou de soumission, auprès de l’être le plus malfaisant que la galaxie ait connue. Du moins, de ce qu’elle en savait. La déduction, bien sûr, était facile à faire. Il n’y avait rien d’exceptionnel à le comprendre. Ce qu’il lui avait fait subir, elle n’était pas certaine qu’il puisse exister quoi que ce soit de comparable. Il ne lui avait pas laissé le choix. Il avait réduit à néant sa volonté au point de ne même plus savoir de quoi il s’agissait. Il lui avait fallu tout ce temps, en son absence, pour revenir à une vie qui lui semblait normale. Et pourtant, la blessure restait là, béante, dès que l’on venait lui demander ce qu’elle désirait vraiment. La vérité était que jusqu’à maintenant, elle ne l’avait jamais vraiment su elle-même. Mais désormais, c’était très clair. Elle voulait en finir avec tout ça. Cesser d’être un pion, effectivement. Cesser de subir, encore et encore, les remous d’un passé qu’elle pensait avoir laissé derrière elle.

Le simple fait de l’évoquer semblait suffire à l’agacer, la frustrer, au point de garder le silence, sans offrir la moindre réponse verbale à l’ancien empereur des siths. Si Visas avait cessé de serrer désespérément ses bras sous sa poitrine, laissant ces derniers redescendre le long de son corps, ses poings, eux, restaient désespérément fermés. Elle peinait à juguler cette colère qui s’était soudainement libérée, après avoir été si longtemps couvée en silence, tout en faisant attention de ne pas river à nouveau sa concentration vers le néant de l’aura de son interlocuteur. Faisant alors un pas de côté, elle porta l’une de ses mains à son front, tout en baissant très légèrement la tête, frottant ses doigts contre sa tempe, alors qu’une douleur venait envahir son crâne ; un symptôme, des effets de son observation involontaire, à n’en pas douter. Elle n’avait pas ressenti cela depuis longtemps, et semblait, soudainement, apeurée à l’idée de perdre pied à nouveau, sans avoir la moindre idée que la réalité était tout autre, mais pas moins terrifiante pour autant.

« Le propre du Côté Obscur est de se libérer de ses chaînes et obtenir son propre pouvoir, afin de ne plus dépendre de qui que ce soit. Sans toutefois se laisser dévorer l’esprit, ou pire encore, dans une course mortelle sans fin. Votre désir est simple, il ne vous manque qu’un pas à franchir. Nous pouvons nous entendre, croyez-moi, je connais amplement ce désir. Je ne cherche pas de nouveaux apprentis, ni même de Furies, elles ne sont utiles qu’un bref temps. Quant aux pions, j’en possède déjà. En revanche, des personnes capables de travailler sur l’origine de ces failles, en autonomie, peuvent être plus intéressantes. Participez à cette tâche et je vous offrirai en retour l’opportunité de briser pour de bons les chaînes de votre passé. »

Visas grimaça un temps, alors que la douleur, elle, semblait persister. Elle devait garder une certaine contenance, face à Vitiate, malgré tout. Elle savait très bien ce que c’était, que de naviguer dans le Côté Obscur, que de se servir de sa force pour servir un dessein, si bien que l’idée de puiser dans cette force pour étouffer le brasier de sa colère, et de sa frustration, se dessina d’elle-même dans son esprit. C’était, après tout, dans le Côté Obscur qu’elle se sentait le plus à l’aise, que les choses paraissaient plus simples, et les objectifs, plus faciles à atteindre. Comme lorsqu’elle avait fait équipe avec Shan. Autrement, elles n’auraient jamais pu atteindre leurs buts.

Il disait pouvoir l’aider à atteindre ses objectifs, à enfin se libérer de ce passé nocif qui venait la hanter, encore et toujours, de façon interminable. Mais pouvait-elle lui faire confiance ? Pouvait-elle réellement croire qu’il ne puisse demander que cela en échange, de travailler sur l’origine des failles ? La méfiance devrait-être le maitre mot, mais à la place elle ressentait un très grand soulagement, une certaine et soudaine sérénité. C’était étrange, le côté rationnel voudrait qu’elle demande si c’était bien aussi simple, mais la pression sur son crâne, sur sa tempe, se faisait alors un peu mieux ressentir, sans qu’elle ne puisse lutter contre. La curiosité était grande, à l’idée de savoir comment il pouvait lui offrir ce qu’elle souhaitait, comme ça, sans difficulté, et sans hésiter. Cette curiosité, qui devenait alors presque maladive, sans qu’elle ne puisse, là encore, lutter contre, portée par une tentation corruptrice, et une volonté claire de comprendre le pourquoi du comment. Si elle avait pu cligner des yeux, elle l’aurait fait, avant de se tourner une fois de plus vers le seigneur sith. Là, elle inclina la tête légèrement sur le côté.

« Je sais bien de quoi il s’agit, mais c’est la première fois que quelqu’un me propose cela, sans m’imposer quoi que ce soit. Je pourrais travailler en parfaite autonomie, oui, pour étudier les failles. C’est quelque chose dont je suis capable. En revanche, comment comptez-vous m’offrir cette opportunité ? De quoi est-il question ? »

« Je sais bien de quoi il s’agit, mais c’est la première fois que quelqu’un me propose cela, sans m’imposer quoi que ce soit. Je pourrais travailler en parfaite autonomie, oui, pour étudier les failles. C’est quelque chose dont je suis capable. En revanche, comment comptez-vous m’offrir cette opportunité ? De quoi est-il question ? »

« La solution la plus rapide et la plus facile est l’acquisition d’un nouveau pouvoir plus puissant, assez pour écraser d’un revers de main les individus désireux de vous rabaisser. La seconde solution, plus subtile, est de vous appuyer vous-même sur un réseau de pions, qui vous serviront à la fois de couverture et de soutiens dans la réalisation de vos objectifs. Tout cela pour devenir enfin ce que vous n’avez jamais été, le maître de votre propre destin. Un seigneur Sith d’autrefois, si vous souhaitez une comparaison. Rétablir de tels individus servira à remettre de l’ordre dans cette galaxie, le temps que la Force ne soit plus aussi troublée. La faiblesse ne doit plus avoir sa place. Il existe, bien sûr, d’autres moyens, bien plus radicaux, pour évincer les plaies mentales et les tortures passées, mais cela nécessite d’agréer une certaine confiance… Je doute que vous me l’accordiez si aisément. »

Un très léger rire lui échappa, sur cette dernière phrase. Tout en parlant, il s’amusait toujours dans son esprit. Non seulement pour souffler sur les braises du Côté Obscur enfouis en elle mais aussi pour lui faire miroiter ces désirs, lui souffler mentalement ce à quoi elle pourrait aspirer, ce qui lui permettra de ne plus être une simple esclave. Contrairement à Palpatine, il n’offrait pas une simple place de faire-valoir, contraignant les Siths à être à ses seuls ordres et de se taire. Il leur offrait, en contrepartie ce qu’il pouvait leur faire subir, une place de maître, une place de pouvoir, la juste et méritée place d’une personne puissante dans la Force et n’ayant pas à subir les injonctions des faibles. Palpatine souhaitait l’intégration et la cohabitions, sur un pied d’égalité, des Sith dans cette galaxie. Un choix justifié, de part sa position actuelle et ceux qu’il dirigeait… Vitiate reconnaissait qu’il s’agissait d’un choix obligé, car l’Empire, déjà en place, ne pouvait se poursuivre sans forcer cela. Sidious n’avait pas la chance de pouvoir redémarrer à zéro, à moins d’y être contraint et forcé.

« L’Empire existe déjà, c’est un bon point. Néanmoins, je n’approuve pas l’idée de réduire des seigneurs Sith au rang de simples pions jetables. Pas alors que la Force souffre d’autant de soucis. Sidious n’a évidemment pas le choix, je le conçois… »

Il devait faire avec les contraintes en place. Voilà pourquoi Vitiate n’avait, d’ailleurs, jamais vu de soucis à ce qu’un régime disparaisse, voire à le détruire lui-même, pour bâtir autre chose à sa place. C’était véritablement le seul moyens, lorsque les ennuis s’accumulaient trop, pour repartir à neuf. Il en était de même avec les Sith, lorsque l’un d’entre eux devenait gênant ou pénible, l’éliminer était la solution la plus simple. Certes, ce n’était plus si aisé aujourd’hui, par la faute de ces failles, c’était bien dommage… Ils devront s’adapter. Le chaos général était un excellent moyen de voir renaître de nouveaux projets, peut-être que Sidious finira par céder une nouvelle fois à cette tentation, qui sait ? Après avoir détruit la République, il pourrait détruire l’Empire pour créer quelque chose de nouveau. Vitiate ne pouvait que le lui souhaiter, cet exercice était si plaisant, pour un homme de pouvoir. Et il n’avait rien de plus stimulant que défier ou combattre d’autres hommes de pouvoir.

« Cela dit, je ne vous obligerai guère. Rien ne vous interdit de repartir dès maintenant et de poursuivre une petite vie de pion, enchaînée par vos souvenirs. Après tout, ce genre d’existence peut être plus confortable qu’une existence de forte volonté. »

Il serra et scella d’un bref petit coup de sec le nœud mental l’attachant à lui, sur cette dernière phrase.Sans l’asservir, ce n’était pas son but, sans en faire non plus une simple marionnette sans aucune volonté personnelle. Il fallait savoir doser, selon la place de ses pions et leur utilité potentielle.

« La solution la plus rapide et la plus facile est l’acquisition d’un nouveau pouvoir plus puissant, assez pour écraser d’un revers de main les individus désireux de vous rabaisser. La seconde solution, plus subtile, est de vous appuyer vous-même sur un réseau de pions, qui vous serviront à la fois de couverture et de soutiens dans la réalisation de vos objectifs. Tout cela pour devenir enfin ce que vous n’avez jamais été, le maître de votre propre destin. Un seigneur Sith d’autrefois, si vous souhaitez une comparaison. Rétablir de tels individus servira à remettre de l’ordre dans cette galaxie, le temps que la Force ne soit plus aussi troublée. »

La miraluka fronça une fois de plus le nez en écoutant les paroles du sith, tandis qu’il lui était de plus en plus difficile de faire abstraction de la corruption que venait lui souffler le Côté Obscur. C’était un peu comme si le gouffre de noirceur de cet homme agissait tel un aimant sur elle, faisant ressurgir des tentations qu’elle avait jusqu’alors toujours refoulé. Elle n’y arrivait tout simplement plus, cette légère pression, indéfinissable, et qui faisait suite à la récente douleur, l’incitant à se laisser aller, finalement, sur les sentiers qu’elle n’avait jamais vraiment pris le temps, ou même souhaité, explorer. Car c’était peut-être ça, finalement, qui l’avait empêché de claquer définitivement la porte au nez de son passé. Se laisser aller, se laisser guider par les murmures du Côté Obscur, de passer par-dessus les garde-fous qu’elle s’était elle-même instauré était peut-être la solution. Elle ressentait même une satisfaction, douce, à l’idée de finalement pouvoir s’en débarrasser. Finalement, tout cela n’avait été qu’un fardeau de plus à supporter.

Un sourire naissant avait fini par apparaitre, discret, à la commissure de ses lèvres, sans qu’elle ne s’en rende réellement compte, à mesure qu’elle se laissait aller. Pourquoi n’y avait-elle pas songé plus tôt, finalement ? Pourquoi était-elle restée murée par cette peur, finalement anodine ? Se brider de la sorte, sous ce nouveau jour, lui semblait bizarrement pathétique. De là, néanmoins, elle n’était pas naïve au point de croire réellement qu’acquérir tous les pouvoirs de la galaxie la rendrait invincible. Non, la meilleure chose était de savoir s’entourer de soutiens infaillibles, et capables d’encaisser et de donner les coups à sa place, lorsque c’était nécessaire. Finalement, Visas comprenait un peu mieux l’action de ces sbires, qui l’avait emmené ici. Pourquoi faire ce travail soi-même, lorsque l’on pouvait l’exiger de quelqu’un d’autre ? Ne l’avait-elle pas fait sur Corellia, au final, en venant prendre la vie d’un autre plutôt que la sienne, pour sauver celle d’un autre ?

« La faiblesse ne doit plus avoir sa place. Il existe, bien sûr, d’autres moyens, bien plus radicaux, pour évincer les plaies mentales et les tortures passées, mais cela nécessite d’agréer une certaine confiance… Je doute que vous me l’accordiez si aisément. »

Ça effectivement, n’était pas une option. Elle était peut-être prête à se laisser aller sur les vagues sombres du Cöté Obscur, mais pas à ce point, incapable de se rendre compte qu’au final, en suivant ces voix dans sa tête, elle suivait aveuglément ce sinistre chemin. En vérité, une part d’elle s’en rendait compte et tentait de frapper à la porte pour signaler le danger, mais une autre, plus importante, se laissait juste porter par ses désirs.

« Je m’en passerais pour le moment. » fit-elle, en se détendant finalement, étouffant malgré-elle cette méfiance qu’elle pouvait avoir envers cet homme.

Ne pas avoir confiance en ce sith ne voulait pas dire qu’elle ne pouvait pas travailler avec lui pour autant, du moment qu’il la laissait tranquille. Elle restait sur ses gardes, mais le fait est qu’il n’avait rien tenté contre elle depuis tout ce temps. Ce qu’il représentait, ou avait pu représenter par le passé, au final, n’avait plus tant d’importance. Seul le présent comptait, et la possibilité de comprendre ce qu’ils foutaient tous ici, dans ce temps, loin de chez eux. L’Empire, jusque-là, ne lui était apparu que comme un danger de plus pour elle, étant donné ce qui s’était passé sur Corellia. La présence des siths en son sein l’avait toujours effrayé, sans doute par l’idée de se voir soudainement asservie une fois de plus, comme elle l’avait été, simplement utile de par son pouvoir atypique, ainsi que ses capacités. Maintenant, elle voyait la chose différemment, mais sans vraiment y voir une nécessité.

« Je ne me suis que peu intéressée à l’Empire et les Sith, jusqu’à présent. Il n’empêche, cependant, que ce pouvoir centralisé pourrait être utile, même un temps, pour recouper les informations sur les failles, et comprendre comment et pourquoi elle se produisent. Il est évident, néanmoins, que ce qu’a bâti l’Empereur n’était pas préparé, et n’est toujours pas adapté, à ce qui se passe aujourd’hui dans la galaxie, et dans la Force. »

Trop rigide, trop ancré dans des valeurs et idéaux incompatibles avec l’hyperactivité de la Force. Bâti, de ce qu’elle avait compris, sur l’absence des Jedi et le rejet des sensitifs, quel qu’ils soient, en dehors de ceux formés par l’Empereur lui-même. Dès lors, il était normal de voir ceux qui avaient grandis bercés par ces idéaux, se révolter de cette nouvelle situation. Visas, cependant, ne se sentait que peu concernée pour le moment.

« Je n’aurais que peu d’intérêt à repartir, désormais. Du moins, pas sans en savoir plus sur ce que vous avez pu apprendre de ces failles, et les hypothèses que vous avez pu en tirer. Il faudra ensuite, éventuellement, que je puisse avoir l’opportunité d’étudier la chose de près. Je n’ai pas eu l’occasion d’assister à une apparition. Mon espère voit et intéragit différemment avec la Force. Peut-être y a-t-il des détails que d’autres ne peuvent percevoir… »

Peut-être même qu'avec son don, à terme, elle pourrait détecter et comprendre ces apparitions. En attendant, ma pression était toujours là, au fond de son esprit, moins gênante et perturbante, et se dissipant peu à peu avec le temps. Le fait de ne pas se concentrer sur l’aura du sith devait en être la raison. L’oppression avait disparu presque aussitôt, lorsqu’elle avait détourné son attention.

« Je ne me suis que peu intéressée à l’Empire et les Sith, jusqu’à présent. Il n’empêche, cependant, que ce pouvoir centralisé pourrait être utile, même un temps, pour recouper les informations sur les failles, et comprendre comment et pourquoi elle se produisent. Il est évident, néanmoins, que ce qu’a bâti l’Empereur n’était pas préparé, et n’est toujours pas adapté, à ce qui se passe aujourd’hui dans la galaxie, et dans la Force. »

« Je doute qu’il ait la possibilité de l’adapter, ce ne serait guère une bonne chose… »

Lui-même ne le ferait guère. Procéder à certains ajustements, certes, cela était possible. Mais si le système devait rester en place plutôt qu’être balayé, l’adapter profondément pour les seuls beaux yeux de la Force et de ces failles serait la plus mauvaise idée possible. Bien sûr que Sidious ne le fera pas et il n’avait, de toute manière, pas à se prêter à ce petit jeu-là. Si les Sith étaient incapables de le comprendre et de l’accepter, c’était leur problème. Ils pouvaient toujours aller se vautrer dans un coin perdu de la galaxie, telles de vieilles loques, pour y pourrir le temps que les failles ou la mort vienne les chercher. Tels les pathétiques êtres que la plupart d’entre eux étaient. Vitiate n’avait que mépris pour ceux et celles incapables de voir au-delà des règles passées ou de faire preuve d’un minimum d’imagination, de vision à long terme. Ceux et celles incapables de comprendre qu’une fois qu’un règle ne servait plus à atteindre la puissance, qu’importe à quel point elle était ancienne, il fallait l’écraser et passer à autre chose. Là où c’était le plus incroyable, c’était de voir certains Sith encore plus attachés aux traditions que les Jedi. Ce qui n’avait pourtant aucun sens.

« Je n’aurais que peu d’intérêt à repartir, désormais. Du moins, pas sans en savoir plus sur ce que vous avez pu apprendre de ces failles, et les hypothèses que vous avez pu en tirer. Il faudra ensuite, éventuellement, que je puisse avoir l’opportunité d’étudier la chose de près. Je n’ai pas eu l’occasion d’assister à une apparition. Mon espère voit et intéragit différemment avec la Force. Peut-être y a-t-il des détails que d’autres ne peuvent percevoir… »

Même dans un tel cas, le phénomène était si rapide qu’il y avait bien peu de chance qu’elle puisse apercevoir quoi que ce soit de plus, malheureusement. Voire même qu’elle soit envahie par la puissance de la faille et qu’elle ne puisse plus rien discerner, trop brutalisée et envahi parce qui se trouvera face à elle. C’est pour cela qu’il secoua lentement la tête, à cette affirmation, assez peu convaincu. Mais peut-être se trompait-il, il restait impossible de le déterminer.

« Il existe deux hypothèses plus probables, parmi les bien nombreuses théories émises, pour expliquer ces failles. La première est que l’entité a volontairement créer ces failles, afin de corriger des erreurs passées ou futures, créant ainsi une réalité alternative où cette puissance sera plus équilibrée, par notre présence à tous. La seconde est que la Force a été attaquée, dans ce temps ou un autre, voire même une autre échelle de réalité, provoquant ces déchirures. »

Le premier cas sous-entendait que la Force elle-même avait finalement fait supplanter sa volonté au-delà de tout ce qui avait jamais existé, la seconde incluait la présence d’ennemis puissants et encore inconnus, qui avaient détruit quelque chose de très précieux, volontairement ou non, d’ailleurs. Selon lui, ce qui était un avis très personnel, la première hypothèse était plus valable que la seconde.

« Il va de soi que nos guerres d’autrefois, ainsi que les anciennes règles et codes, n’ont plus guère de valeur aujourd’hui. C’est également pour cela que je ne me suis guère donné la peine de partir en chasse de vieux amis ou même de jeune Jedi ou Sith de ce temps. Si eux le font, grand bien leur fasse, je ne puis guérir leur stupidité. La guerre que doit mener Sidious n’est pas non plus la mienne. Il n’a encore rien à m’offrir qui en vaille la peine. Seriez-vous prête à collaborer avec un Jedi si l’occasion se présente, sans vous entre-tuer ? »

Elle aurait cligné des yeux de soulagement si elle l’avait pu, son mal de crâne finissant de s’estomper avec ses dernières paroles, libérant ainsi son esprit d’une lourde pression. Détourner son attention du puit béant qu’était l’ancien empereur lui semblait clairement avoir été la solution à son problème. Désormais, elle pouvait avoir une discussion plus saine et sereine avec lui, quand bien même elle se méfiait toujours de ce qu’il pouvait faire. Au fond, son aura était bien différente de celle de l’autre grand sith qu’elle avait pu rencontrer, mais pas pour le moins dangereuse. Eviter de plonger dans la noirceur profonde qu’il irradiait était finalement un choix de raison, ayant déjà eu à subir malgré elle une telle chute, avant d’être contrainte par le Seigneur de la Faim à voir la mort à travers son regard sur la Force. La miraluka n’avait d’ailleurs faillit ne jamais s’en remettre. Cependant, cela avait ses inconvénients que d’autres sensitifs, qui n’avait pas la spécialité propre à son espèce, pouvaient aisément contourner. Sans focaliser son attention pleinement sur le sith, il lui était impossible de visualiser pleinement son attitude, ou même prévoir ses futures actions envers elle…

« Je doute qu’il ait la possibilité de l’adapter, ce ne serait guère une bonne chose… »

Quoi ? Ah, oui, leur discussion, justement. L’Empire, et les choix que l’Empereur Palpatine avait à sa disposition pour réagir à ce que la Force lui envoyait dans la figure depuis plusieurs années maintenant. Visas inclina la tête sur le côté, une légère moue aux coins des lèvres, en songeant aux propos du sith, et la structure actuelle de l’Empire. Bien trop rigide, peu encline dans ses fondements à s’adapter aux nouvelles situations. Une structure faite pour servir les desseins de certains individus au détriment même du bon sens. Les siths et jedis envoyés dans ce temps n’étaient que des boulets de canons jetés contre les piles d’un château de cartes qui finirait, le moment venu, par s’effondrer sous l’effet de leurs coups, cumulés à ceux de ses adversaires de ce temps. Qui pouvait croire que des personnalités venues de temps anciens ou futurs se contenteraient vraiment de simplement suivre un homme dont ils ne savaient absolument rien ?

Certains allaient profiter de cette occasion pour tenter de se faire une nouvelle vie, et une nouvelle identité dans une époque qui ne connaissait rien, ou peu, d’eux. D’autres, chercheraient à satisfaire les desseins qu’ils n’auraient pu accomplir dans leur temps. Quoi qu’il en soit, ceux-là ne chercheraient pas à comprendre ce qu’ils faisaient là, sans savoir s’ils risquaient de se faire avaler de nouveau un jour, pour finalement perdre tout ce qu’ils auraient pu bâtir ou accomplir ici. Ces personnes-là, finalement, n’avaient aucun avenir, et étaient trop aveugles pour s’en rendre compte par eux-mêmes… Elle-même, finalement, avait fini par sombrer un temps dans cette léthargie, forcée par l’Empire à fuir et à abandonner sa volonté de comprendre ce qui lui était arrivé, et comment l’éviter à l’avenir. Finalement, c’était assez ironique que ce soit un sith qui la remette dans le droit chemin de la sorte, alors que le dernier l’avait plutôt propulsé à des années-lumière de celui qui lui était pourtant prédestiné…

« Il existe deux hypothèses plus probables, parmi les bien nombreuses théories émises, pour expliquer ces failles. La première est que l’entité a volontairement créer ces failles, afin de corriger des erreurs passées ou futures, créant ainsi une réalité alternative où cette puissance sera plus équilibrée, par notre présence à tous. La seconde est que la Force a été attaquée, dans ce temps ou un autre, voire même une autre échelle de réalité, provoquant ces déchirures. »

C’était les hypothèses les plus probables, en effet. Il n’était pas nécessaire d’en débattre, bien que les raisons lui semblassent bien trop abstraites. Pourquoi la Force se déciderait soudainement de relâcher tout le monde dans ce temps ? Et qui serait assez puissant pour provoquer une telle chose sans que personne ne s’en rende compte ?

« J’ai du mal à comprendre la raison derrière un tel acte, que ce soit de la Force, ou de qui que ce soit. Ce ne peut être une réponse à la disparition soudaine des Jedi, ce n’est pas la première fois dans l’histoire de notre galaxie que leur Ordre soit pratiquement éradiqué. Sans parler que leur influence ; en comparaison de la toute-puissance de la Force, celle-ci est, tout comme celle des siths, au mieux risible. »

Elle se décala, l’index ganté d’une de ses mains venant gratter légèrement son menton. Il n’y avait pas d’explications véritables à trouver dans ce temps pouvant expliquer que la Force décide soudainement de corriger des erreurs du passé ou du futur. De ce qu’elle avait pu apprendre, la dernière grande guerre entre les Jedi et les Sith remontait a plus de mille ans. Les troubles qu’avait connu la galaxie ces dernières décennies n’étaient rien, en comparaison.

« Etant donné que la Force semble capable de s’affranchir du temps, il est en effet possible qu’elle ait réagit à une situation future… Ou bien a une action passée d’un être, ou de quoi que ce soit, qui serait venu s’échouer à cette époque, alors qu’il n’en avait pas le droit… »

Doucement, elle s’approche de la table, pour se saisir de la tasse que le sith avait laissé là pour elle, depuis le début de leur entrevue forcée. Réfléchir de concert, de la sorte, l’avait quelque peu détendue. Qui, finalement, pouvait être assez puissant pour se déplacer aussi loin dans le temps, alors qu’il n’était établi, a sa connaissance, qu’il était seulement possible grâce à la Force de se déplacer sur de courtes distances ou temporalité… Elle doutait même que malgré sa puissance apparente, un sith de la trempe de Vitiate ne soit capable d’une chose pareille.

« Il va de soi que nos guerres d’autrefois, ainsi que les anciennes règles et codes, n’ont plus guère de valeur aujourd’hui. C’est également pour cela que je ne me suis guère donné la peine de partir en chasse de vieux amis ou même de jeune Jedi ou Sith de ce temps. Si eux le font, grand bien leur fasse, je ne puis guérir leur stupidité. La guerre que doit mener Sidious n’est pas non plus la mienne. Il n’a encore rien à m’offrir qui en vaille la peine. Seriez-vous prête à collaborer avec un Jedi si l’occasion se présente, sans vous entre-tuer ? »

Visas eut un léger sourire à cette explication, voilà que l’on revenait à sa réflexion précédente. Le fait que tôt ou tard, ces jedis ou siths finiraient par payer leur ignorance, d’une façon ou d’une autre. Il fallait d’abord comprendre ce que l’on faisait là, et comment éviter de disparaître à nouveau si l’on souhaitait s’investir pleinement. Si possible, d’ailleurs, en faisant table rase d’un système que l’on ne comprenait pas, ou qui n’était pas le nôtre…

« Il ne s’agit pas non plus de la mienne, pour le moment. Son Empire, en l’état, n’est qu’un château de carte sur le point de s’effondrer… » Venant boire une gorgée du liquide désormais plus tiède, elle reposa finalement la tasse sur le rebord de la table, laissant sa main glisser légèrement contre le coin de cette dernière. Ah, les Jedis… « Je ne suis pas celle qui voudra la peau de l’autre la première… Je ne les porte pas en très haute estime, bien sûr, pour ce que certains ont pu provoqués il y a fort longtemps. Cela reste néanmoins une époque différente, et si la situation le nécessite et que le Jedi en question puisse résister à ses plus grandes peurs, je ne vois pas de problèmes à une collaboration… »

« Il ne s’agit pas non plus de la mienne, pour le moment. Son Empire, en l’état, n’est qu’un château de carte sur le point de s’effondrer… »

Prêt à s’effondrer ? Pas tant que cela, hélas, la plupart des Sith le songeait sans doute mais ils avaient une trop forte tendance à sous-estimer l’Empereur actuel… Comme à leur douce habitude, qui allait s’en étonner. Il était certain que cela allait l’arranger. Néanmoins, pour sa part, ça ne l’arrangeait guère… Le chaos était parfois nécessaire, pour faire progresser ses plans sur le long terme. Étant donné que leurs bien-aimés confrères ne se décidaient pas à le faire et qu’aucun peuple, ces jours-ci, n’était aussi facilement agacé que les Mandaloriens autrefois, il semblerait qu’il allait devoir s’en charger lui-même. Il avait quelques… Disons… Candidats intéressants, sous la main, qu’il devra prendre soin de travailler. Ils n’étaient pas tout à fait prêts. Plongé dans ses réflexions, il laissa son regard glisser souplement sur la petite rousse, qui se déridait assez pour accepter sa tasse de café. Il est fou comme certains devaient d’abord être manipulés avant de se détendre en sa présence… Tout cela car quelques mauvaises langues s’amusaient à baver sur son nom dans cette galaxie. Tellement de personnes si rancunières, incapables de faire table rase du passé. Il ne leur avait pourtant rien fait, encore, dans ce temps, seul Plagueis s’était chargé de l’animation. C’était curieux.

« Je ne suis pas celle qui voudra la peau de l’autre la première… Je ne les porte pas en très haute estime, bien sûr, pour ce que certains ont pu provoqués il y a fort longtemps. Cela reste néanmoins une époque différente, et si la situation le nécessite et que le Jedi en question puisse résister à ses plus grandes peurs, je ne vois pas de problèmes à une collaboration… »

« J’ai pu remarquer que les jeunes de ce temps étaient moins enclin à foncer sur tout ce qui bouge ou se lancer dans des guerres insensées à la première provocation. Ils sont moins influençables, je me dois de l’admettre. »

Un léger rire lui échappa, à la suite de cette phrase. Il était bien vrai que la plupart de ses vieux adversaires, Jedi comme Sith par ailleurs, n’avaient rien de difficile à énerver ou provoquer, donc la comparaison ne valait que peu de choses. C’était même assez injuste, car à côté d’un homme comme Revan, n’importe quelle personne était un véritable exemple de sagesse. Mmh, peut-être à l’exception de ce cher Vader. Une simple exception car son caractère était très proche de celui de Revan. Ces deux-là pourraient soit s’entendre comme de véritables frères, soit s’entre-déchirer et vouloir s’entre-tuer, nul doute qu’avec eux, le juste milieu ne pouvait exister. Ce type de marionnettes était une arme facile à utiliser, ils étaient incapables de réfléchir avant d’agir. Si facile que cela en devenait presque ennuyeux. Ceci étant, Revan ne l’intéressait plus, aujourd’hui, ses objectifs avaient changé.

« Ce n’est là qu’une question rhétorique, pour le moment, cela dit. Une autre piste est à explorer en premier lieu. J’imagine que vous avez déjà longuement entendu parler du créateur de cette pandémie ? Notre ami Darth Plagueis. Il possède certaines informations intéressantes, sur le sujet qui nous intéresse. »

Si cette information était parfaitement véridique, il laissait croire à la rouquine que les informations en question concernaient bel et bien les failles. La nature de ces données n’avaient que peu à voir, mais cela, personne d’autre que lui n’avait besoin de le savoir.

« Pensez-vous être capable de le retrouver et l’inviter ? Je doute qu’il refuse de me revoir, c’était un bon ami. Pour vous, cela fera une expérience, de rencontrer l’un des Sith les plus haïs de ce temps. Cependant, refusez tout thé qu’il vous proposera. »

« J’ai pu remarquer que les jeunes de ce temps étaient moins enclin à foncer sur tout ce qui bouge ou se lancer dans des guerres insensées à la première provocation. Ils sont moins influençables, je me dois de l’admettre. »

Le rire qui résonna dans la pièce à la fin de ces paroles laissèrent la miraluka incertaine. Etait-ce de l'ironie ? Ou bien faisait-il référence à des souvenirs dont elle n'avait pas la moindre connaissance ? L'interrogation ne resta pas assez longtemps au cœur de sa pensée pour qu’elle s’y intéresse vraiment. Ce n'était pas très important ; plutôt futile. Elle ne connaissait pas assez bien les sensitifs de cette époque pour se permettre un jugement. En fait, à y repenser, elle n'en connaissait aucun. Shan, Surik, les deux venaient d’un passé révolu. Quant à Safis, elle n’avait pas discuté assez longtemps avec elle pour se faire une idée de son époque d’origine. La Jedi ne lui avait pas vraiment fait confiance. Ce qu’elle pouvait comprendre, après tout. D’un autre côté, cette rencontre l’avait aussi décidé quand au chemin à suivre, pour la suite…

Elle ne fit donc aucun commentaire ou remarque en retour. Ils avaient déjà un accord. Cela ne servirait à rien, si ce n’est à en dévoiler un peu plus sur ce qu’elle savait ou ne savait pas sur cette époque, ce temps et tout le reste. Elle ne le ferait que si le besoin venait à se présenter. Le fait qu’il évoque que la chose pourrait un jour servir ne faisait que la conforter dans le fait de garder la chose pour elle encore un temps.

« Une autre piste est à explorer en premier lieu. J’imagine que vous avez déjà longuement entendu parler du créateur de cette pandémie ? Notre ami Darth Plagueis. Il possède certaines informations intéressantes, sur le sujet qui nous intéresse. »

La miraluka se raidit un instant en entendant le nom du sith responsable de la Pandémie. Celui-là même qui était haïs  de tous. Elle inclina cependant bien vite la tête légèrement sur le côté, dans ce toc significatif de sa curiosité songeuse. Elle avait pensé cet homme enfermé, ou disparu dans les failles du temps, comme beaucoup. Hors, si un être du calibre de l'ancien empereur immortel des siths évoquait son nom, c’est que ce que tous pensaient devaient sans doute être faux… Une information de marque, pour sûr, qui méritait d’être confirmée…

« Qui dans ce temps n’a pas entendu parler de ce qu’il a causé ? Sous-entendez-vous qu’il pourrait errer quelque part à l’insu de tous ? Librement ? »

Et qu’il a en plus de ça eu le temps de travailler sur l’origine des failles, qui plus est ? Tout en préparant cette catastrophe galactique ? C’était tout aussi fascinant qu’affolant, mais la miraluka resta de marbre. Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait un sith fou avoir la folie des grandeurs et se disperser de la sorte. Par contre, un être comme lui ne suivrait sans doute pas sans faire de vagues, ou sans un bon compromis…

« Pensez-vous être capable de le retrouver et l’inviter ? Je doute qu’il refuse de me revoir, c’était un bon ami. Pour vous, cela fera une expérience, de rencontrer l’un des Sith les plus haïs de ce temps. Cependant, refusez tout thé qu’il vous proposera. »

Cette-fois-ci, la miraluka se décala d’un pas, sa tête venant osciller da s du côté opposé. Lui et Plagueis… étaient de bons amis ?! C’était une blague ? D’ordinaire, ces gens-là avaient tendance à s’entre-détruire… D'un autre côté, devait-elle vraiment être surprise ? Avec ces failles, les choses les plus inimaginables semblaient possibles… Quand à savoir si elle pourrait le trouver, avec son don cela ne devrait pas être compliqué. Le devait elle seulement ? Une alliance entre eux serait... désastreux. Du reste, ce genre d’individus avaient des auras si déconcertantes qu’il serait aisé pour elle de le discerner s’il ne cherchait pas à se cacher totalement. Elle n’allait pas dire comment, par contre. Elle ne prendrait pas ce risque.

« C’est possible que j'en sois capable, en effet. Cependant, même si vous affirmez être en bon termes avec lui, rien ne garantit qu’il acceptera de suivre sans contrepartie… »

Ou alors il y avait anguille sous roche, et il fallait se méfier en permanence du coup de poignard prêt à s’abattre dans votre dos… Quand à cette histoire de thé, qui serait assez fou pour goûter à quoi que ce soit qu’un être pareil pourrait offrir ?

« C’est possible que j'en sois capable, en effet. Cependant, même si vous affirmez être en bon termes avec lui, rien ne garantit qu’il acceptera de suivre sans contrepartie… »

« Plagueis est un chercheur… Il aime découvrir de nouvelles choses et par-dessus tout, il aime progresser plus loin encore que quiconque ne l’a fait. Dites-lui qu’en échange de sa venue ici, je peux accomplir pour lui un ancien vœu qu’il possédait, au cours de sa première vie. Il a ma parole. Croyez bien, comme il le sait, que je ne l’offre jamais à la légère. »

Tout comme ses ennemis devaient le savoir, par ailleurs. Les divers mensonges et coups bas étaient des armes très usuelles, pour lui comme pour de très nombreux adeptes du Côté Obscur, cela n’avait rien de bien exceptionnel. En revanche, lorsqu’il prenait la peine de sincèrement faire une offre à quelqu’un – une véritable offre et non pas un jeu mental parmi d’autres, comme il l’entendait bien – cette personne savait qu’elle obtiendra réellement ce qu’elle désirait. Que ça soit le pouvoir, l’immortalité… Ou une « aide » bien spécifique dans des travaux inachevés, pour d’autres. Il avait noté ce détail intéressant au cours d’une des conversations tenues avec son bon ami scientifique, il savait donc quel appât pouvait fonctionner sur lui. Il y en avait peu, si peu… Il était même impossible de le provoquer pour le pousser au combat, les risibles tentatives de leurs nombreux ennemis ne pouvaient rien pour cela. Piquer la curiosité de leur compagnon du côté obscur était l’un des rares moyens d’attirer son attention.

Il étouffa lentement, par ailleurs, les quelques craintes ou apriori de la demoiselle, à l’idée d’une pareille traque. Certes, pour beaucoup, la simple idée de rencontrer le créateur de la pandémie en personne n’était pas une perspective particulièrement réjouissante. Elle se devait néanmoins de passer au-dessus. Le Muun n’était pas plus désagréable que d’autres Sith, après tout. Il était même plus gracieux de deviser avec lui qu’avec bon nombre de leurs collègues. Il avait de l’esprit, un certain humour et une passion le rendant plus intéressant que de simples furies ou de petites natures de passage. Une fois ces craintes doucement effacées, il renforça, très légèrement, sa hâte à en finir avec cette première petite mission, afin que cette affaire ne traîne pas. Ces affaires-là pouvaient être réglées en peu de temps, après tout. Il comptait suivre le tout d’assez près, afin de juger de son talent et de ce qu’elle était réellement capable de mener à bien. Le test n’était pas à prendre à la légère…

Une fois qu’elle fut finalement repartie, il s’assit dans un autre siège, plus confortable, après s’être servi un verre de vin. Si de tels détails pouvaient être menés avec rapidité, cela ne voulait pas dire que les informations obtenues allaient également servir en toute rapidité. Ceci étant, il n’était pas pressé… Sa patience était un roc solide et rien, dans sa longue existence, n’avait su le briser. Ses nouveaux adversaires devraient, s’ils étaient assez intelligents, bien vite le comprendre.