Il tourna faiblement la tête, sentant de nouveau ce qui semblait être un oreiller sous lui. Son casque était retiré et il avait un tuyau dans le nez, un autre dans la gorge, et partout dans le corps, il pouvait le ressentir. Une drôle d’odeur… Une odeur d’hôpital… Cela lui avait semblé une éternité, avant qu’il n’arrive à rouvrir les yeux. Les yeux dérivant dans le vague, il vit d’abord un plafond blanc, puis il sentit d’autres perfusions, d’autres tuyaux. Branché partout là où il pouvait l’être, ce qui lui restait de corps. Il était si rare qu’il voit le monde de ses propres yeux que le faire hors de sa bulle de confinement était très étrange… Il lui fallut un moment, un très long, long moment, avant de comprendre qu’il se trouvait dans une chambre d’hôpital. Pas une cellule… Étrange… Pourquoi n’était-il pas mort et qui, qui dans cette galaxie pourrait vouloir prendre la peine de le soigner… ? Qui l’accepterait ?

Il ne se souvenait pas d’avoir été transporté ici ni même par qui. Il ne se souvenait de rien… Il n’avait en mémoire que de vagues sons de voix ou de gestes, au milieu d’un sommeil lourd et sans rêves. Il ignorait même combien de temps s’était écoulé depuis son combat avec Vitiate. Pourquoi était-il parti en le laissant en vie derrière lui ? Avait-il simplement pensé qu’il allait mourir d’ici peu de temps dans cette vallée ? Mais qui avait pu le retrouver ? Pourquoi personne ne s’était contenté de l’achever ? Que s’était-il passé ? Il n’arrivait pas… à comprendre… pourquoi quiconque aurait le moindre geste de bonté envers lui après tout ce qui s’était pourtant passé, depuis plus de vingt ans. Puis il réalisa autre chose. Sa respiration. Maintenue par les tuyaux dans sa gorge et son torse. Silencieuse… Un silence si étrange… Si perturbant… Pouvait-il vraiment inspirer ainsi ? Il avait oublié ce qu’était respirer calmement.

Son esprit se remit à dériver à sa propre guise, dans un mélange d’émotions diverses, mais plus de colère… Comme s’il n’en avait plus assez, loin de l’objet de sa haine. Il n’essaya pas non plus de bouger… Il patientait, il attendait que la Force vienne finalement le chercher. Ça lui semblait désormais la seule option possible car il ne voyait plus ce qu’il pouvait encore faire d’utile, dans cette galaxie. Tout s’était écroulé… Des heures plus tard, on frappa à la porte. Vader crut très sincèrement que la Force allait se matérialiser derrière, comme un fantôme, pour venir le chercher et le conduire dans le monde des morts. Il y crut vraiment et fut donc d’autant plus surpris en voyant entrer l’amiral Thrawn et un Noghri, avec un lézard dans les bras. Peut-être que la Force avait pris l’apparence d’une personne qu’il connaissait, pour venir le chercher ? Il cligna un peu des yeux, alors que cette idée absurde s’effaçait déjà loin de son esprit. Ce n’était pas possible…

"Cela fait longtemps, seigneur Vader, que nous ne nous étions croisés. Je n'ai pu m'empêcher de me rappeler que c'est sur un autre monde de cet partie de la galaxie que nous nous étions rencontrés pour la première fois."

C’est… vrai… Vader ne savait pas s’il se trouvait toujours sur Ukio ou non, en fait, dans un état bien trop second pour tenter d’y réfléchir. Il se passait trop de choses étranges… Il ne se demandait même pas comment le Chiss pouvait bien se trouver dans cette chambre et pourquoi… Rendu à ce stade, pourquoi s’étonner de ça. Une question bien plus importante était pourquoi le maintenait-on en vie. Peut-être pour pouvoir le juger plus tard ? C’était s’épuiser pour rien, il était déjà plus mort que vif.

"Qu'a-t-il pu vous arriver pour que vous vous retrouviez dans cet état ?"

"J’ai combattu… Un monstre dévoreur de mondes… Un trou noir dans la Force. Il était puissant… Ce cher Vitiate… Aussi dangereux que Plagueis…"

Pas une once de regret dans sa voix. Même dans cet état, il ne voyait toujours pas quel avait été le problème à tenter sa chance. Si c’était à refaire, il recommencerait sans hésiter une seule seconde. Sans penser à fuir non plus. Sa bouche se tordit en une grimace bizarre, mélange entre haine, frustration de n’avoir pu poursuivre et ricanement. Quelque part, c’était amusant ! S’il avait réussi à apprendre, depuis tout jeune, à ne pas foncer tête baissée dans les pires ennuis, peut-être aurait-il évité ce combat.

"Savez-vous pourquoi je ne suis pas mort… ? Ah et que fais-vous là, au juste ? Comment vous faites pour toujours apparaître au bon endroit et bon moment ?"

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https://coeur-et-force.forumactif.com/t309p525-les-lancers-de-des#30491 État général et état de l’esprit : 17 et 8, affinité lumière

Nightswan… Nightswan… Vader mit un moment avant de se rappeler où et quand il avait entendu ce nom. Mais il n’était pas censé être mort, celui-là ? Non ? Ah, non, il était vivant, c’est vrai, il avait refait parler de lui il y a… Il ne savait plus combien de temps… Le souvenir brouillé d’un hologramme de cet homme remonta péniblement dans sa mémoire, se frayant un chemin à travers les brumes l’envahissant toujours. Un Humain, un homme qui devait avoir la cinquantaine, avec deux tatouages noirs sur le visage et un air global de pirate. Mais il s’agissait… d’un rebelle… Et ce n’était en plus pas lui que l’amiral Thrawn avait chassé durant des années ? Quand avaient-ils bien pu devenir alliés et pourquoi ? Dans quel sens cette galaxie s’était-elle mise à tourner, bon sang ?! Il cligna lentement des yeux, de plus en plus perdu. Plus rien n’avait le moindre sens. Les ennemis d’hier devenaient des alliés. Même ceux que le BSI avait autant traqué. Qu’était devenu le colonel Yularen, lui aussi…

"Quand à ce Vitiate, on m'en a déjà parlé, comme une menace vivante pour la galaxie. Mais je ne le connais pas et manque trop d'information à son sujet pour en juger moi-même. Quant à la raison de ma présence, et bien j'ai compris que vous souhaiteriez rejoindre les Forces Impériales Dissidentes. En partie parce que vous ne pensez pas que l'Alliance Rebelle ou les jedi pourraient vous accepter, à juste titre pour les premiers au moins, d'ailleurs. Mais, sans savoir lesquelles, je devine que vous agissez ainsi pour d'autres motifs."

Vader cligna de nouveau des yeux, tiré de ses pensées. A la base, il avait surtout voulu en apprendre un peu plus sur ce groupe et ce qu’il fichait, avant d’envisager de pouvoir y rentrer. Car aucune autre option ne lui avait semblé valable ou crédible. Ça ne voulait pas dire pour autant que cette option était réellement valable. Il n’en savait rien. Il ne savait même plus qui il était vraiment, ce qu’il devait faire… Ce qui était le mieux à faire. Enfoncé dans un lit d’hôpital, branché de partout, en partie assommé par les médicaments, bien plus calme par la force des choses, il n’était plus autant guidé par des idées obsessionnelles. Tout cela lui laissait un grand sentiment de vide, finalement.

"Je n’ai pas de motif ni de but. Je ne sais même plus qui je suis ou qui je suis censé être. Je n’ai évidemment rien à faire chez les Rebelles. Encore moins chez les Jedis, pas après ce qui s’est passé. Je ne sais pas non plus ce que je ferai avec votre groupe. Si je suis parti vers là, c’est parce que c’est la seule option qui me semblait moins mauvaise que les autres. Je ne connais rien d’autre que l’armée et pourtant, je ne suis plus un soldat depuis longtemps."

C’était lâché, brut, il avait parlé comme il l’avait pensé. Pour une fois… Et c’était vrai, il n’avait plus suivi les règles habituelles de l’armée depuis des années, se contentant d’obéir aux ordres de son maître et passer le temps à se haïr lui-même et haïr les autres. Il n’était plus un soldat ni un homme. Donc ses motifs ? Voilà qui le faisait bien rire, même s’il n’avait pas la force de le montrer. Partir au hasard sans vraiment savoir ce qu’on fichait et pourquoi, en se reposant soit sur des obsessions, soit sur des hallucinations, c’était avoir des motifs ? Son regard s’était égaré sur les très fins motifs au plafond, sur les dalles blanches et grises, durant un long moment. On ne lui avait toujours pas dit pourquoi des gens avaient pris la peine de le soigner et le conduire ici, d’ailleurs, au lieu de l’achever. Puis il poussa un soupir, assez blasé.

"Vous savez très bien que mes méthodes ne sont pas celles d’un soldat. Je ne rentre pas facilement dans le moule. Et vous devez savoir… La Force est… Comment le dire… Elle peut tirer d’un bord ou l’autre, influencer, pousser vers certains actes. Comme une chaîne qui s’attache à votre cheville ou une maladie. On ne peut pas s’en défaire ou bien temporairement seulement. Vous comprenez ? C’est une prison."

Là encore, ça n’avait pas vraiment grand-chose à voir avec le sujet de base, mais c’était comme ça, il continuait de marmonner comme cela lui venait. Il s’était juste interrompu pour reprendre son souffle, son torse à la fois brûlant et douloureux.

"Vous avez déserté à cause de quoi ?" marmonna-t-il un ton plus bas. "z’avez aussi un fils qui n’en fait qu’à sa tête ?"

"Je n’ai pas de motif ni de but. Je ne sais même plus qui je suis ou qui je suis censé être. Je n’ai évidemment rien à faire chez les Rebelles. Encore moins chez les Jedis, pas après ce qui s’est passé. Je ne sais pas non plus ce que je ferai avec votre groupe. Si je suis parti vers là, c’est parce que c’est la seule option qui me semblait moins mauvaise que les autres. Je ne connais rien d’autre que l’armée et pourtant, je ne suis plus un soldat depuis longtemps."

Oh, une personne sans but ? Voilà qui était une information intéressante, aux yeux rubis du grand amiral. Ce genre d'individu peut devenir  un soutien très puissant, pour peu qu'on arrive à leur fournir ce qui leur manque, un objectif, une raison de se battre. Et peut-être que Thrawn en tenait une, en fait.  Nul doute que, si vader a combattu ce vitiate, c'est pour une raison précise, qui pourrait devenir son but ?

"Vous savez très bien que mes méthodes ne sont pas celles d’un soldat. Je ne rentre pas facilement dans le moule."

c'est à la fois vrai et faux. Si l'on entend par là qu'un soldat doit obéir aux ordres, agir en concertation avec les autres, oui. Mais il y a des catégories de soldats qui agissent autrement, les commandos. Eux ont plus d'autonomie, de liberté d'actions. Et puis, Vader était, avant tout, le bras armé de l'Empereur. Son rôle ne  peut donc se comparer à celui d'un vulgaire combattant.

" Et vous devez savoir… La Force est… Comment le dire… Elle peut tirer d’un bord ou l’autre, influencer, pousser vers certains actes. Comme une chaîne qui s’attache à votre cheville ou une maladie. On ne peut pas s’en défaire ou bien temporairement seulement. Vous comprenez ? C’est une prison."

En cela, il ne pouvait juger mais il était possible de se demander ce qui était la vraie prison. La Force ou bien le Destin ? Ce sont deux choses bien différentes, après tout.  Et puis, peut-être que le vrai géôlier de Vader était Vader lui-même ou Palpatine, qui avait fait de lui le sith qui l'avait servi. Mais pour le déterminer, il faudrait que Vader suive un psychiatre, et connaissant le caractère du sith, Thrawn estimait qu'il faudrait beaucoup de psychiatre, dont l'espérance de vie ne dépasserait probablement pas une séance entière. Dommage qu'il n'existe pas de psychologue sensitif !

"Vous avez déserté à cause de quoi ? z’avez aussi un fils qui n’en fait qu’à sa tête ?"

"Non mais j'ai un frère, revenu par une faille, qui a épousé une jedi, revenue elle-aussi par les failles. L'empereur est  intervenu dans le mariage, par le biais d'une de ses mains, et j'ai donc eu d'autre choix que de déserter et de me tourner contre lui. Vous connaissez comme moi le caractère de l'Empereur."

Lequel devait se trouver bien isolé, maintenant. Il avait perdu, pour le chiss, trois de ses meilleurs atouts : son bras droit, Darth Vader, qui  était certes un franc-tireur mais un chef craint et respecté par ses subordonné. Le grand moff Tarkin, le moff le plus influent de la cour impériale mais aussi un bon stratège, quoi qu'insistant trop sur l'intimidation et la terreur,  tout aussi respecté. Et, bien sur, lui-même, le grand amiral Thrawn, un  génie tactique, en toute modestie. Le symbole de la trahison de lui-même et de Vader était énorme, la perte de l'Etoile Noire et du moff tout autant. Le moral de l'Empire devait être bas et l'Empereur doit le savoir, eet préparer quelque chose pour le remonter, s'il ne tient pas à voir son empire se fracturer.

"Le but de notre mouvement est, en fait, simple. Nous désirons que les sith ne dirigent plus l'Empire. Qu'ils laissent le trône à un non-sensitif. Ce qui ne veut pas dire que nous ne souhaitons pas de sensitif dans nos rangs, bien sur. Pour l'instant, il n'y a aucun statut spécial pour ce genre d'individu au sein des FID mais j'envisage la création d'un organisme  de "commando", un peu similaire à celui des noghris," dit-il en désignant Rukh de la main, "qui répondrait de ses actes devant les autorités impériales. Vous auriez un pouvoir plus réduit que lorsque vous serviez l'empereur mais accès à des ressources et le soutien de mes forces."

Thrawn se radossa confortablement  dans son siège, croisant les mains sur ses jambes.

"Quand à avoir un but, je pense qu'inconsciemment, si, vous en avez un, seigneur. Celui qui vous a poussé  à défier Vitiate et qui vous poussera à l'affronter à nouveau si vos chemins se croisent encore. A la différence que vous auriez alors mon aide pour le combattre. Réfléchissez : pourquoi vous êtes vous battu contre lui ? Pourquoi avoir changé de camps lors de la bataille d'Apatros ?"

Thrawn tenait la réponse, elle était évidente car Vader lui-même l'avait donné dans sa question : son fils, Luke Skywalker. Et, peut-être, sa fille, Leia Organa ? Le premier était une certitude : Vader avait rompu les chaînes par lequel Palpatine le tenait pour défendre son fils. Peut-être était-ce aussi la raison pour laquelle il a combattu Vitiate. Si c'était le cas, peut-être que lui et Thrawn pourrait trouver un accord.

Après tout, l'ennemi du chiss n'était ni l'empire, ni Palpatine, ni les jedi, ni les sith, ni l'Alliance. Il était en route vers la galaxie, avec peut-être juste quelques éclaireurs disséminés dans l'immensité galactique. Et Thrawn désirait stabiliser la galaxie, affaiblie par ces failles, et si cela voulait dire, une fois l'empire réunifié et renforcé, faire une paix avec l'Alliance et les jedi, alors il le ferait.

Vader fut de nouveau assez surpris… D’abord, par la mention de mariage d’une Jedi… Ensuite par la mention d’un frère sensitif également… Et plus encore, par le fait que cela avait suffit à le faire déserter plutôt que tenter de rester malgré tout… Mais bref, peu importe, ce n’était qu’un détail aujourd’hui, après tout… Vader soupira longuement. Voilà où ils en étaient. Des déserteurs partout, Tarkin mort, l’Empire affaibli par les Siths venus des failles et des dissensions internes entretenues par Sidious lui-même depuis des années… Sidious seul… Plus seul qu’il ne l’avait jamais été… Mais ce vieux fourbe trouvera un moyen de retourner la situation à son avantage, c’était certain. De duper tout le monde… Il allait probablement survenir une catastrophe. Tôt ou tard. Un vaste jeu de dupes où toute la galaxie pourrait se retrouver prise dans un incendie sans fin. Tout cet équilibre était trop instable depuis trop longtemps. Il avait… Peur…

"Le but de notre mouvement est, en fait, simple. Nous désirons que les sith ne dirigent plus l'Empire. Qu'ils laissent le trône à un non-sensitif. Ce qui ne veut pas dire que nous ne souhaitons pas de sensitif dans nos rangs, bien sûr. Pour l'instant, il n'y a aucun statut spécial pour ce genre d'individu au sein des FID mais j'envisage la création d'un organisme de "commando", un peu similaire à celui des noghris, qui répondrait de ses actes devant les autorités impériales. Vous auriez un pouvoir plus réduit que lorsque vous serviez l'empereur mais accès à des ressources et le soutien de mes forces."

Un Empire sans Sith à sa tête, cette idée était presque étrange… Faisable, sans nul doute, mais étrange… Mais… La politique… Avec ou sans sensitifs, il y aura toujours des intrigues politiques et toute la cohorte de problème allant avec. On ne pouvait l’empêcher. On ne pouvait non plus toujours voir arriver un serpent s’il savait parfaitement avancer à couvert. Toutefois, présentée ainsi, l’idée restait plus saine que ce qu’il déjà pu entendre comme élucubrations ailleurs. Une autre république serait trop facilement infiltrée et corrompue. Là où un Empire pouvait posséder plus de force, à condition d’être bien dirigé. Qui le ferait et comment, cela, il s’en moquait bien, tant que que ce n’était pas un ancien pion de Palpatine, y compris une personne sans aucun don ou pouvoirs. Un ancien officier, peu importe son rang, ne pourrait pas convenir. Pas plus qu’un de ces multiples gouverneurs ou un Moff véreux sorti du fond fond de la galaxie…

Sa vision se troubla légèrement, tandis qu’un mal de tête s’installait progressivement. Mais à quoi réfléchissait-il ?! Que pouvait bien lui importer de savoir qui sera à la tête de ce nouvel Empire, s’il devait émerger un jour, par on ne sait quel miracle ?! A quoi bon… Il pouvait juste imaginer tenir le temps qu’il le pouvait, évoluer dans un lieu à peu près stable et faire ce qu’il pouvait pour ses enfants. Qu’importe ce qui se passait autour, qui gouvernait quoi, qui combattait quoi… Quelle importance. En revanche, détruire certaines menaces, ça en avait plus que tout. Mais comment… ? Thrawn était bien mignon mais il n’avait certainement pas les moyens de combattre efficacement ce type de menaces. Il pouvait combattre des armées régulières. Des flottes spatiales. Des ennemis de tous genres, de toutes races. Mais un dévoreur de monde ? Il tourna de nouveau la tête vers l’amiral bleu. Il n’avait pas idée de la menace.

"Quand à avoir un but, je pense qu'inconsciemment, si, vous en avez un, seigneur. Celui qui vous a poussé à défier Vitiate et qui vous poussera à l'affronter à nouveau si vos chemins se croisent encore. A la différence que vous auriez alors mon aide pour le combattre. Réfléchissez : pourquoi vous êtes vous battu contre lui ? Pourquoi avoir changé de camps lors de la bataille d'Apatros ?"

La vraie question, c’était surtout pourquoi il n’avait pas été le combattre beaucoup plus tôt… Avant que ce monstre n’ait eu l’opportunité de s’en prendre à sa fille… Et probablement à sa compagne. Quoi que dans le cas de cette dernière, il s’en moquait bien.

"Vitiate a possédé l’esprit de ma fille," dit-il après un temps de silence. "Il en a après mon fils. C’est tout ce qu’il me reste."

Cette fois, il n’avait pu empêcher le ton de glisser vers l’acerbité. Et un peu d’ironie, tant il était conscient que ce n’était que sa propre faute s’il ne lui restait que cela. Néanmoins, aussi paradoxalement que ça puisse sembler, il se sentait déjà mieux. Finalement, c’était très simple. Protéger sa famille, se protéger lui-même, trouver un endroit où il ne sera pas jugé sans cesse. C’était si simple.

"Sauriez-vous… plus tard… Comment contacter certains Jedis ?"

"Vitiate a possédé l’esprit de ma fille," dit-il après un temps de silence. "Il en a après mon fils. C’est tout ce qu’il me reste." Il ajouta, après un autre temps de silence : "Sauriez-vous… plus tard… Comment contacter certains Jedi ?"

"Bien sur. J'ai plusieurs moyens, tous indirects, de contacter l'Ordre jedi. Toutefois, comprenez que, après avoir entendu cette information, je ne puis vous les communiquer. Si Vitiate a pris le contrôle de l'esprit de Leia Organa, rien ne dit qu'il n'a pas tenté la même chose avec vous, ou qu'il ne soit en train d'essayer de le faire."

Thrawn n'était pas un expert sur la Force mais il avait vu ce que ce genre de pouvoir pouvait donner lors du mariage de Thrass et de Loranas. Peut-être que l'obstination naturelle de Vader saura le protéger mais peut-on en être sur, quand on ignore tout du processus de "contrôle" ? Il tourna la tête vers Rukh, notant la raideur du noghris, qui a probablement inscrit ce Vitiate dans la liste noire de son peuple. Cela ne surprendrait pas le grand amiral que ce soit le cas, vu la vénération que ces guerriers vouent à Darth Vader, et à sa descendance par extension.

Sur un signe du chiss, le noghris s'avança, englobant le sith dans la bulle de l'ysalamiri.

"Si vous me le permettez, j'aimerais que, pendant votre guérison au moins, vous restiez sous l'effet anti-Force de mes ysalamiris, ce qui sera obligatoire de toute façon le temps du trajet du Chimaera. Concernant ce message, est-il urgent ? Savez vous si vous pourriez demander aux jedi d'accepter de, je ne sais pas si c'est le terme, "checker" votre esprit ?"

Il n'y avait que trois façons pour Thrawn de contacter les jedi : une lente mais sure, en passant par Lorana mais cela prendrait un bon mois avant d'avoir une réponse. La seconde consistait à passer par l'Alliance Rebelle, plus précisément par Lothal, mais il faudrait aussi envoyer un vaisseau, e t la méthode est la plus risquée. Restait la troisième : passer par Nightswan. Cela dit, connaissant son ancien adversaire, il devait surement être prêt à se lancer dans une opération, il faudrait donc le contacter rapidement. Au pire, si c'est vraiment urgent, le chiss peut demander un point de rendez-vous avec les jedi et s'y rendre avec le seigneur Vader à bord du Chimaera.

Essayer de prendre le contrôle… de lui… ? Vader essaya, vraiment et sincèrement, de comprendre en quoi ce sale type aurait le moindre intérêt à le faire. Sa fille pouvait être un pion politique. Son fils pouvait être un bras armé et un pion d’une autre manière. Ils étaient jeunes, en bonne santé, fortement liés à la Force et tous les deux plutôt influençables… Mais lui, il avait beau être influençable et parfaitement le savoir, il n’en restait pas moins complètement brisé physiquement. Sans doute mentalement également. Il ne pourrait pas lui servir. Palpatine lui-même lui avait déjà reproché plus d’une fois d’avoir échoué, d’être affaibli, d’être plus une machine qu’un homme et de l’avoir déçu. En conséquence de quoi, il ne pouvait être l’apprenti que Sidious avait voulu. Cet état de fait avait toujours été très clair, son ancien maître ne s’en était jamais caché. Alors pourquoi Vitiate, lui, voudrait d’un homme brisé ?

Plutôt perturbé par cette hypothèse, il réagit avec un temps de retard lorsque, tout à coup, la Force s’évanouit, autour de lui… Son corps se relâcha malgré lui et il ferma les yeux un court instant. Merci… Quand bien même cette sensation était désagréable, le repos apporté en parallèle l’emportait très largement dessus. La Force était une telle chaîne, à ses yeux, qu’en alléger le poids, même si ça ne pouvait durer sa vie entière, était un soutien considérable. L’espace d’un instant, il se demanda s’il parviendrait à vivre toute son existence ainsi, en se coupant de la Force, pour de bon. L’idée était aussi tentante qu’elle était terrifiante… Entre la perspective d’être enfin débarrassé à jamais de cette malédiction et la crainte de ne plus ressentir l’attraction et la puissance de ce lien, il se sentait très partagé. Comment choisir ?

"Si vous me le permettez, j'aimerais que, pendant votre guérison au moins, vous restiez sous l'effet anti-Force de mes ysalamiris, ce qui sera obligatoire de toute façon le temps du trajet du Chimaera. Concernant ce message, est-il urgent ? Savez-vous si vous pourriez demander aux jedi d'accepter de, je ne sais pas si c'est le terme, "checker" votre esprit ?"

Urgent… Pas dans le cadre de cette guerre, dans celle des FID, des rebelles, des Jedis, de cette galaxie toute entière, c’était bien trop personnel pour ça. De plus, il voudrait s’assurer que le message en question n’atterrisse pas dans les oreilles de tous les Jedis. Il n’y en avait que deux, dans le tas, à qui il accepterait facilement de parler, tout le restant pouvait bien aller se faire voir. En particulier ceux et celles venus d’époques si lointaines et qui n’avaient rien à faire dans celles-ci. Des parasites complets, qu’il fourrait dans le même sac que les Siths du passé, comme Vitiate. Quant à checker… Humph…

"Il leur faudrait un grand expert mental, pour ça… A supposer qu’ils en aient un, encore faut-il être sûr de pouvoir lui faire confiance. Je ne pourrai avoir confiance qu’en deux d’entre eux et toute la clique passéiste n’en fait pas partie. Encore moins ceux de ce temps dont j’ai passé ma vie à combattre."

Eux non plus ne pourraient lui faire confiance, de plus, ça semblait d’une parfaite évidence. L’idée même du contraire était bien trop ridicule pour lui traverser l’esprit. En bref, mis à part Obi-Wan et Luke, il ne comptait parler à aucun autre Jedi et encore moins accepter de leur accorder un semblant de foi. Ceux du passé ? Des nuisibles. Ceux nés dans ce temps ? Des morveux aussi embrigadés par la guerre de cette époque que lui-même l’avait été à leur âge, pour la guerre des Clones. Ceux venus d’un futur plus ou moins lointain ? Impossible de savoir si on pouvait s’y fier. Ils n’étaient pas dans une vie toute gentille et rose où chacun pouvait pardonner facilement à d’anciens ennemis, comme ça, si facilement ! Même les Jedis ne pouvaient être naïfs à un tel point.

"Ce n’est pas urgent, c’est personnel. Parler à Obi-Wan. Sans avoir besoin que l’Ordre toute entier soit au courant."

Si le ton s’était un peu radouci, il n’en restait pas moins particulièrement amer. Simplement car une fois de plus, il naviguait à vue, sans avoir aucune idée de ce qu’il fichait.

"Mais vos hommes… Ne vont pas hurler à la mort si je m’en approche ?"

"Il leur faudrait un grand expert mental, pour ça… A supposer qu’ils en aient un, encore faut-il être sûr de pouvoir lui faire confiance. Je ne pourrai avoir confiance qu’en deux d’entre eux et toute la clique passéiste n’en fait pas partie. Encore moins ceux de ce temps dont j’ai passé ma vie à combattre."

Il est vrai qu'il y aura des jedi pour protester contre le fait que leur ordre aide ainsi un renégat. Pourtant, Thrawn estimait que certains voudront aider le seigneur Vader, notamment Luke Skywalker ou Obi-Wan Kenobi, l'ancien maître du sith. Lui-même pourrait appuyer cette aide comme un geste diplomatique des jedi envers les FID qui serait une sorte de main tendue de leur part, un signe de paix, que les FID rembourseraient un jour. Mais il faudrait que les jedi aient un expert en la matière aussi. Il y avait peut-être cette Kreia, qui avait su aider Eli à régler son traumatisme, en plus de guérir Ewime et Bridger. Peut-être avait(elle ce genre de compétence ? Il faudra s'en assurer.

"Ce n’est pas urgent, c’est personnel. Parler à Obi-Wan. Sans avoir besoin que l’Ordre toute entier soit au courant."

"Hum... j'ai une solution qui vous permettra de lui parler en toute discrétion. Je m'y attèlerais dès que je serais de retour sur le Chimaera."

Il y avait une façon simple et élégante de permettre à Vader de revoir son ancien mentor, et lui laissera le temps de se remettre de sa rencontre avec ce Vitiate : organiser une rencontre avec les jedi. Il devait en organiser une, de toute façon, avec l'Alliance Rebelle, histoire de signer au mions une trêve entre leurs factions. Y inviter les jedi ne devraient déranger personne et le seigneur Vader pourra trouver un moment pour discuter avec Kenobi. Il suffisait juste de trouver le lieu pour, et le chiss avait déjà une idée en tête.

"Mais vos hommes… Ne vont pas hurler à la mort si je m’en approche ?"

Thrawn devina la réaction de Rukh aux propos du seigneur noir, une réaction offusquée à la simple idée qu'on refuse sa présence au sein des forces impériales dissidentes. C'est prévisible de la part d'un noghris, qui ont un immense respect pour le sith, pour ses compétences martiales mais aussi parce qu'ils estiment sincèrement qu'il a été le seul à vouloir les sauver de la dévastation qu'a connu Honogrh. Thrawn ignore si Vader était au courant de la façon dont Palpatine a abusé de la confiance des noghris, en empoisonnant davantage ce monde victime d'une petite bataille de la guerre des clones.

"Oh, j'en doute, seigneur Vader," débuta le chiss. "Certes, beaucoup sont ceux qui sont intimidés par votre présence ou qui ont peur de votre réaction en cas d'échec mais il y a aussi énormément de respect envers vous au sein de la Flotte. D'une part car vous n'avez jamais pratiqué le népotisme. Vous n'avez jamais sacrifié des hommes inutilement, au contraire de certains de mes confrères. Et si vous avez tué des soldats, ce n'était jamais de façon gratuite mais bien souvent pour punir une incompétence flagrante.

De plus, votre désertion est une preuve que vous n'adhérez pas à la vision de l'Empereur concernant la façon dont l'empire doit fonctionner. Nous, aux FID, savons bien que Palpatine a soutenu les projets de Plagueis. Même si je doute qu'il ait désiré une pandémie, cela n'en fait pas moins de lui un des responsables de celle-ci, ce alors que je l'avais mis en garde contre les actes de ce sith précis.

De fait, nous n'avons pas pour vocation d'interdire la présence de sensitifs aux seins de nos rangs mais juste de les retirer du pouvoir suprême. Votre présence dans nos rangs permettra de le faire savoir. Je ne vous le cacherais pas, car ce serait stupide : même si je vous promets de tâcher de réduire votre participation à cela au minimum possible, vous allez être utilisé pour le service de propagande que le colonel Yularen et moi mettons en place. Je tâcherais de m'assurer que votre tâche restera principalement là où elle sera la plus efficace : en première ligne."

La désertion de darth Vader allait certainement en inspirer d'autres, et il ne fallait pas aller chercher bien loin pour deviner que ceux qui le feront chercheront à rejoindre la faction où il sera. Le fait qu'il ait rejoint les FID et soutiennent la volonté de cette faction dissidentes de chasser les sith du pouvoir impérial est un atout diplomatique, voir politique, que seul un idiot n'utiliserait pas. Après tout, le seigneur Vader était l'une des personnes les plus importantes de l'empire.

"Non, être utilisé occasionnellement pour des raisons de propagande, avec le colonel Yularen, est le pire que vous devriez avoir à craindre en notre sein."

Il y en aura peut-être un ou deux à critiquer ce ralliement, voir même un à dire que c'est une manoeuvre pour nous infiltrer, mais Thrawn veillera à ce que ces gens-là ne croisent jamais le sith. Parce qu'ils auraient tort de refuser l'un de ceux que le grand amiral a toujours respecté parmi les humains.

Il en doutait, ça voulait dire qu’il était presque sûr ou qu’il risquait d’y avoir des problèmes quand même ? La manière dont il le disait, on ne pouvait jamais savoir, avec lui… Vader cligna lentement des yeux, écoutant avec un brin de perplexité les raisons avancées. Il avait toujours vu ça comme la peur d’y passer à son tour que comme du respect. Après, il y avait des personnes avec qui le respect était réciproque. Par exemple, les hommes qui avaient composé son unité de clones, des hommes qui avaient formé sa garde d’élite, les années suivantes, après la naissance de l’Empire. Puis les stormtroopers personnels de sa garde, en qui il avait eu foi et respect. Même une certaine amitié, quoi qu’il ait eu du mal à le montrer ou l’admettre. Des hommes qu’il ne reverra sans doute jamais, malheureusement… Dommage… Il était plus facile de travailler avec des hommes acceptant toutes les étrangetés sans se poser de questions…

Quant à la propagande, vader aurait pu rire bien amer, s’il avait plus de force, en imaginant que son image puisse rassurer qui que ce soit. Mais bah, il ne connaissait rien en politique et s’en moquait bien… Il avait toujours profondément méprisé ce sport… Les politiciens en qui il avait eu confiance se comptaient sur les doigts d’une main. Et l’un d’eux s’était finalement révélé un traître. Pas de quoi adoucir son humeur, ensuite, sur les politiciens. Un soupir de mécontentement s’échappa de ses lèvres, tandis qu’il avait de nouveau le regard fixé vers le plafond blanc. Son regard se brouilla un léger instant, emporté par une multitude de pensées, pour la plupart contradictoire. Il repensait au jour où il avait tout fait basculer… D’abord sa vie… Peut-être bien le destin de la guerre des clones.

"Vous savez, ce jour-là… l’Empire aurait pu ne jamais voir le jour… Même avant, je n’aurai jamais dû… Obi-Wan avait raison."

Bien que sur le moment, cela lui fait terriblement mal de l’avouer, une souffrance mentale comme il n’en avait que rarement connu, il se sentit pourtant mieux après… Les yeux fermés, il soupira une nouvelle fois. Ce qu’il avait commis le répugnait lui-même et ce n’était qu’après toutes ces années qu’il réalisait enfin pas mal d’erreurs. Sans oublier la culpabilité. Une larme, discrète, s’échappa du coin de son œil et retomba discrètement sur le matelas, à côté. Des sentiments si familiers… La souffrance, le regret, l’incertitude… Il n’avait connu que cela, au cours de son existence. Mais il voyait si bien pourquoi la voie du côté obscur avait été si attirante, quoi que si destructrice. La peur et la colère étaient des moteurs aussi puissants que des mauvais alliés.

"Mais appelez-moi par mon nom, maintenant," marmonna-t-il d’une voix étouffée. "Mon vrai nom. Je ne veux plus être ce qu’il a fait de moi."

L’idée même lui faisait de plus en plus horreur, à mesure qu’il réalisait l’ampleur de la bêtise et de la manipulation. Si seulement il pouvait modifier ce passé-ci… Si seulement il… Mais c’était impossible… Il donnerait absolument tout pour que ça soit réalisable.

"J’ai ressenti la colère de l’Empereur lorsque Luke a détruit son arme… Il va sans doute se passer quelque chose. Sidious ne reste jamais inactif."

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5 + lumière