Lania est un membre de sang de la Famille Stybla. Ses parents, avant sa naissance, avaient déménagé sur Dioya, où ils avaient pu faire construire une grande maison et surtout, reprendre la tête de la succursale de son oncle, un entreprise de brasserie très importante. Durant de longs mois, sa mère eut les plus grandes difficultés à concevoir, victime de deux fausses couches avant d’être enceinte de Lania. Perçue comme le bébé miracle, seule enfant que ses parents purent avoir, la fillette reçut très jeune une très forte pression familiale. Elle devait être l’enfant parfaite, bien éduquée, bien élevée, curieuse, avenante, polie, intelligente, bonne à l’école, parfaite en tout point selon les critères de ses parents. Ils lui reprochaient très souvent sa timidité, alors qu’elle était encore en primaire, répétant qu’elle devait faire honneur à sa famille et son sang, qu’elle devait s’affirmer. Une pression forte, trop forte, qui eut l’effet inverse de celui recherché. Elle s’effaça peu à peu, ravalant toutes ses envies et aspirations, car rien de ce qu’elle exprimait n’était assez bien pour sa famille, de toute manière.

Ses examens d’école, pour son orientation, ne révélèrent rien de très particulier, tant elle étouffa, par habitude, ses forces et faiblesses, pour ne laisser paraître que ce qui était exigé d’elle. En ressorti des résultats assez flous et elle fut finalement envoyé à l’académie militaire quasiment par défaut. Une phase de sa vie où elle put respirer un peu plus, enfin. Et surtout, où elle commença timidement à nouer des amitiés. Pour autant, très marquée par son enfance et encore sous l’influence des siens, elle n’arrivait toujours pas à se sentir à sa place et ignorait vers où aller. Les cours et les exercices étaient devenus des refuges où se changer les idées. Elle se réfugiait également dans l’art, une très grande aide pour se détendre. Lors de sa majorité, elle reçut un très long message de ses parents, l’invitant à faire « preuve de plus de fermetés » dans son travail et ses rapports aux autres afin de « faire honneur à sa famille ». La lettre finit enfouie au fond d’un sac, de la même manière qu’elle étouffait ses véritables sentiments.

Au travail, comme lorsqu’elle était à l’école, elle se fondit dans la masse autant qu’elle le put. Mal à l’aise, le plus souvent, avec les autres. Certains pensaient d’avance qu’elle sera hautaine et imbuvable, car venant d’une famille bien en place dans la société, elle le sentait et ne tentait pas de discuter avec eux, pas même pour briser cette image préconçue. Tout ce qu’elle souhaitait, c’était juste de faire sa vie, se faire oublier… Tout en enviant secrètement ceux qui avaient le courage de s’affirmer et réaliser leurs ambitions. L’atmosphère de l’Ascendance lui pesait, elle avait envie de s’éloigner des siens, sans trouver comment le faire sereinement.