Le trajet de retour vers le Palais se déroulait dans une drôle d’ambiance… Les soldats qui l’avaient accompagnée restaient assez silencieux, ce qui n’aidait vraiment pas Isobel à détendre un peu l’atmosphère. Elle était installée dans un siège assez confortable et tenait la petite Aylin dans ses bras. L’enfant avait beau avoir été « préparée » à ce qu’on vienne la chercher, pour qu’elle rencontre sa nouvelle famille, la suivante doutait très sérieusement du sérieux de cette soit-disant préparation. La petite était très angoissée, même un aveugle le verrait, recroquevillée sur elle-même, le regard dans le le vide, les bras serrés sur son lapin en peluche et mordillant doucement l’oreille de son doudou. Elle n’avait plus dit un seul mot, depuis leur départ de l’orphelinat. Isobel faisait de son mieux pour la détendre, en lui décrivant ce qu’elle allait voir à leur arrivée, pour tenter de la familiariser un tantinet par avance. Mais rien à faire, la fillette de deux ans et demi restait très effrayée. Il faudra qu’elle touche deux mots à l’orphelinat, plus tard, il était évident qu’ils avaient très mal fait leur travail en amont…

A leur arrivée au Palais, elle décida de garder la petite dans ses bras et ne pas la faire immédiatement marcher, pour la réconforter. Après tout, elle n’allait pas être directement lancée dans une présentation officielle. Ils rentraient littéralement en catimini, pour une première rencontre privée et intime, entre le couple royale et leur nouvelle enfant. Autant pour ne pas angoisser plus encore la petite que pour préserver un maximum la vie privée des reines. Toujours escortée par la garde, elle grimpa jusqu’aux appartements royaux, par des chemins détournés, tout en continuant à rassurer l’enfant un maximum. L’Intendant patientait, dans une tenue impeccable, là-haut. Il leur fit un accueil on ne peut plus formelle, même en saluant l’enfant, ce qui eut le don d’agacer Isobel. Il voyait bien que la  fillette s’accrochait à elle presque désespérément et qu’elle avait très peur, pourtant ! Un peu plus de douceur n’aurait vraiment pas fait de mal, tant pis pour le protocole, cette fois. Même lorsqu’il ouvrit, il resta dans un temps lourd et grave, en annonçant l’arrivée de la princesse, comme s’il déclarait plutôt la mort de quelqu’un.

Elle ne put s’empêcher de lui jeter un regard noir, très bref, avant d’avancer vers le couple royal. Aylin s’accrochait toujours très fermement, bouche close, en regardant autour d’elle. Isobel hésita un bref instant, jetant un autre regard vers l’Intendant très raide à côté, puis finit par se décider à envoyer au diable les convenances. Ce qui comptait, c’était l’intérêt de la petite. Elle s’avança donc de deux pas, au lieu de juste déposer la petite au sol et partir comme ça, comme on lâche un vulgaire paquet. Que l’enfant puisse voir leurs majestés à la même hauteur, pour commencer. Et qu’elle puisse, ensuite, la leur passer directement dans les bras.

"Tes nouvelles mamans sont là, Aylin," glissa-t-elle du ton le plus doux possible.

Elle s’attendait à ce qu’elle se détende un peu en les voyant de plus près mais ce fut l’inverse qui se produisit, la fillette se raidit encore plus et s’accrocha plus fort. D’accord… Là, on allait avoir un petit souci… Elle essaya de la faire bouger un petit peu, pour au moins la passer dans les bras de ses nouvelles mères, sans plus de succès. Alors elle tourna un regard assez inquiet vers leurs majestés, attendant de voir si l’une des deux avait une solution miracle ou prendre les choses en main.

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Est-ce que la petite se détend : 20

Pour une fois, sans doute la toute première fois de son existence, Leia était parvenue à déléguer quasiment la totalité de ses tâches, non seulement pour cette journée mais aussi pour les suivantes, afin d’avoir du temps à consacrer à sa famille et à la nouvelle petite venue. Elle avait pris soin d’enfiler une tenue très simple, des talons plats, un maquillage très léger, le tout pour ne pas effrayer l’enfant, bien qu’elle se doute que la petite sera, de toute façon, très angoissée.Isobel était partie tôt ce matin pour aller la chercher, avec une escorte armée, il ne restait plus qu’à patienter. Leia se sentait… Assez nerveuse, en fait. Elle n’avait jamais eu à gérer un enfant et se demandait comment cela allait se passer, comment la petite allait se sentir une fois arrivée ici et si elles parviendront, avec Takara, à se montrer à la hauteur de l’événement. Assise à un petit bureau, elle vérifia une nouvelle fois que tout était en ordre. Les actes officiels d’adoption, les papiers de l’enfant, les documents signés, actant son entrée dans la famille royale et son nouveau statut de princesse d’Alderaan. Le tout sera officialisé, aux yeux du peuple cette fois, en début de semaine prochaine.

Elle discuta des futurs jours et de ce qu’elles auront à faire, avec Takara, le temps restant, avant que leur fille n’arrive. Comme Leia s’y était attendue, elle la vit entrer dans les bras d’Isobel, un léger sourire aux lèvres. Tout comme son épouse, très certainement, elle s’était doutée que la jeune suivante sera sans doute la seule à adopter un comportement moins froid et formel envers l’enfant, quand bien même il s’agissait de la nouvelle princesse. C’était précisément pour cette raison qu’elle avait été envoyée la chercher, plutôt que simplement la garde, car elle savait s’adapter à diverses situations. Alors que l’Intendant déclarait très formellement l’arrivée de l’enfant, la suivante décida de passer outre le reste du protocole et leur amena la petite sans simplement la déposer à terre et repartir comme elle était venue. Le sourire de la reine s’accentua, tandis qu’elle se disait que cette femme sera, définitivement, très utile pour la suite. Takara ne s’était pas trompée, en la choisissant. Parfait. En attendant, comme prévu, l’enfant était très effrayée. Le murmure très doux de sa porteuse du jour n’eut pas l’air de vraiment la détendre.

Isobel eut l’air un peu inquiète, tout à coup, voire même légèrement paniquée. Son épouse, elle, fixait la fillette avec des yeux ronds, sans bouger ni parler, comme si elle n’avait absolument aucune idée de comment réagir. L’Intendant ne réagissait pas plus, les mains dans le dos et les yeux résolument fixés sur un des tableaux ornant les lieux. Très bien, donc personne n’allait plus ouvrir la bouche si elle ne le faisait pas, c’était bien ça ? Leia prit une très légère inspiration puis rompit le reste de distance entre elle et la petite. Une petite qui s’accrochait à Isobel comme si sa vie en dépendait. La reine commença par doucement lui poser une main sur le dos et masser lentement, le temps d’attirer son attention. Elle s’était légèrement penchée, pour que l’enfant puisse voir son visage et son sourire, sans qu’elle n’ait déjà à bouger de position. Le tout était d’y aller doucement, afin que la petite ne se sente pas brusquée. Elle n’avait même pas trois ans, après tout. Orpheline si jeune, il était logique qu’elle se sente menacée par le monde qui l’entourait.

"Bonjour Aylin," lui sourit-elle davantage. "Je m’appelle Leia. Ton arrivée ici nous rend très heureuse, tu sais. Nous t’avons préparé un cadeau. Regarde, c’est pour toi."

Même si la petite avait déjà un doudou, un vieux lapin légèrement rapiécé et qu’elle y tenait certainement beaucoup, Takara et elle avaient tout de même prévu quelque chose. Un ourson, tout blanc, très doux, fabriquée par un marchand de jouets en ville. Elle le tendit à la petite, lui laissant là encore le temps de se décrisper suffisamment pour voir attraper cette nouvelle peluche. L’enfant eut l’air d’abord très étonnée puis l’inquiétude reprit le dessus. Leia continua de lui sourire et de lui parler, doucement et simplement, le temps de lui présenter aussi Takara, lui expliquer où elle se trouvait et la rassurer, lui affirmer qu’elle n’avait pas à avoir peur. Le tout un assez long moment, jusqu’à ce que l’enfant arrive à se détacher d’Isobel pour accepter de venir dans ses bras. Leia glissa un bras sous les jambes de la fillette l’autre dans son dos, pour la porter. Isobel allait pouvoir se dénouer un peu les muscles.

"Tu veux que Takara aussi te fasse un bisou ? Elle t’aime déjà, elle aussi."

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Essayer de rassurer : 1

Le regard braqué par-delà l’horizon, les mains croisées dans le dos, Takara se demandait combien de temps l’attente allait-elle encore durer. Une part d’elle avait envie d’en finir tout de suite, que la petite soit avec elles. Une autre avait simplement envie de sauter par la fenêtre, là, tout de suite, de crainte de ne pas être à la hauteur. Elle n’avait jamais vraiment aimé être entourée d’enfants. Déjà sur Kesh, elles ne les voyaient que comme un désagrément de plus, un moyen supplémentaire de perdre du temps. Pourtant elle était là, à attendre avec son épouse l’arrivée de leur fille, avec une impatience paradoxale. Devoir s’occuper de l’enfant n’était plus ce qui la dérangeait le plus ; le Palais était là pour subvenir à ce genre de besoins, de sorte que son agenda ne se retrouve pas surchargé par le devoir de mère. Un devoir auquel elle ne connaissait pratiquement rien, par ailleurs. Elle était plutôt inquiète de savoir comment leur fille allait grandir, et surtout, dans quel environnement. Une petite idée se faisait doucement son chemin depuis quelques temps déjà, et avec l’attente, cette dernière se faisait de plus en plus oppressante. Leur petite fille serait-elle à la hauteur du futur qui l’attendait ?

Serait-elle une force de la nature, capable de s’affirmer sans baisser la tête ? Serait-elle sensitive ? Personne au sein de l’Intendance n’avait pris le risque de vérifier, pour ne pas attirer l’attention sur l’enfant. Elle se devait de l’être, pourtant. Comment pourrait-elle se défendre contre les dangers qui rodaient dans l’ombre, sinon ? le cas échéant, comment pourrait-elle protéger son esprit, et son intégrité ? Non, elle se devait de l’être. Malgré les risques, elles n’auraient pas dû laisser cela au hasard. Et si elle ne l’était pas ? Serait-elle simplement capable de la regarder en face sans la moindre arrière-pensée ? Il le faudrait bien, pourtant. Takara finit par se retourner, supprimant le soupir de résignation qui manqua de quitter ses lèvres pour revenir vers le centre de la pièce. Leia avait terminé de vérifier elle-même, sans doute pour la quinzième fois, que les papiers et autres documents étaient dûment remplis, chose que l’Intendance devait sans doute sans être assurée elle aussi. Le consort ne fit cependant aucune remarque. Elle était sans doute aussi nerveuse que son épouse. La manière dont elle tournait en rond, à chercher de quoi occuper son esprit par les grandes fenêtres, était une longue habitude qu’elle avait en privé.

Elle lui fit part, lorsqu’elle eut terminé, de ses inquiétudes, en attendant l’arrivée de la petite. Il n’y avait pas de secret, elle ne l’avait jamais caché. Ce qu’elle ne pouvait maitriser la rendait parfois anxieuse. Puis elles attendirent les dernières minutes ensembles, jusqu’à ce qu’Isobel arrive finalement, avec leur fille dans les bras. Takara l’avait choisie car elle avait confiance en elle, plus que dans l’Intendant, pour ne pas l’effrayer, et ne pas l’agiter par la fenêtre à la vue de tous tel un joyau nouvellement acquis. Il ne fit que confirmer son choix en annonçant haut et fort l’arrivée de leur fille, faisant perdre son sourire à la sith, qui le fustigea du regard. Heureusement qu’Isobel était là, finalement… Takara tenta de sourire de nouveau en la voyant s’affranchir du protocole pour s’avancer vers elle avec l’enfant effrayée dans les bras. Cela ne l’étonnait pas vraiment, finalement. Elle avait été arrachée du maigre lot de consolation qu’elle avait eu depuis sa naissance, et le peu de réconfort qu’avait pu lui apporter sa suivante avait été ruiné par l’intervention vocale de l’Intendant…

Takara s’était attendue à la voir se détendre un peu cependant, une fois la distance entre elles franchie. Ce fut tout le contraire qui se produisit, jetant un vague flottement entre les trois femmes, et ce malgré le murmure encourageant d’Isobel.

Quoi ?
Qu’est-ce qui n’allait pas ?
Qu’est-ce qu’elle avait fait ?

La consort se retrouva à jeter un regard presque affolé à sa suivante, puis à Leia, avant que cette dernière, visiblement plus à l’aise, ne décide de rompre le silence gênant pour venir doucement caresser le dos. Takara, elle, en profita pour finalement cligner des yeux, et agiter une main distraite à l’intendant pour qu’il les laisse seules. La situation était déjà assez perturbante comme ça, elle n’avait pas besoin d’un électron libre dans les pattes plus longtemps. Puis elle tenta de vaincre ses démons et faire un effort, relâchant les muscles de sa machoire tandis que Leia venait rassurer la petite. Un sourire. Un vrai sourire. Il n’y avait pas besoin de s’affoler, tout allait bien. C’était normal qu’elle soit affolée. C’était nouveau pour elle. Il fallait la rassurer, doucement. Elle évita tout contact avec elle le temps que son épouse prenne les choses en main, pour ne pas la brusquer. Jusqu’à ce qu’elle finisse par accepter l’ourson que Leia et elle avait prévu de lui offrir. Inquiète malgré tout, mais curieuse également.

Ce n’est que lorsque Leia commença à lui parler d’elle que Takara se décala, pour venir offrir le sourire le plus encourageant qu’elle pouvait offrir pour l’occasion. « Bonjour Aylin. » Elle n’avait pas grand-chose à dire de plus, Leia avait tout dit, mais elle répéta tout de même qu’elle était heureuse de l’avoir. A vrai dire, elle ne savait absolument pas quoi faire, et se laissait aller à l’imitation, en jetant un bref regard de temps en temps à Isobel, ou encore Leia. Elle n’avait pas soupçonné que son épouse puisse être aussi à l’aise, finalement, dans cette situation, au point de parvenir, après un long moment, à obtenir de la petite Aylin de pouvoir la porter directement dans ses bras. Takara se porta ensuite contre son épouse, de sorte à faire face à la petite, en se penchant un peu en avant, pour venir lui caresser doucement le bras. Non, décidément, elle ne savait pas quoi faire. Quoi dire. Que tout allait bien ? Qu’elle était en sécurité avec elles ? Ce n’était pas une évidence, ça ? Et niais, aussi ? D’une certaine façon, elle était désolée pour son épouse, de devoir déjà rassurer la petite par elle-même, puis de devoir faire le travail de l’intégrer, elle aussi, à sa manière.

Elle se contenta donc de sourire, et d’échanger un énième regard avec sa femme, avant que cette dernière ne vienne soudainement la ramener à la dure réalité.

« Tu veux que Takara aussi te fasse un bisou ? Elle t’aime déjà, elle aussi. »

Son sourire s’élargit un petit peu, alors que la petite venait enserrer un peu plus l’ourson tout juste offert contre l’autre peluche, sans rien dire, le regard toujours un peu perdu. C’était bien vrai, ça. Malgré ses doutes, ses inquiétudes, elle était soulagée de l’avoir avec elle. Sa main, qui caressait doucement le bras de la petite, descendit jusqu’à ses petits doigts serrant fermement le bras pelucheux du petit ours blanc. Une façon de s’assurer qu’Aylin n’était plus aussi effrayée que l’instant d’avant.

Puis se baissant un peu plus, profitant de ne pas porter de talons pour une fois, elle finit par se pencher en avant pour venir déposer un petit baiser sur son front. Une façon de faire passer le message que non, elle n’avait pas à s’inquiéter d’elle non plus.

Leia ne sentait toujours pas son épouse très à l’aise, dans cette situation, même si elle finit tout de même par déposer un bisou rapide sur le front de l’enfant. C’était un début. La reine retourna la tête vers Isobel et commença par la remercier de ce qu’elle avait fait aujourd’hui, avant que la suivante ne se retire à son tour. Une fois chacun reparti, elles purent aller s’installer dans le salon, dans leurs appartements, où elles seront plus au calme que dans l’antichambre ou leurs bureaux. De plus, l’endroit était lumineux et bien aéré, ça lui semblait important, pour prendre le temps de rassurer la petite. Une fois installée au fond d’un grand canapé confortable, où Takara pourra venir s’asseoir elle aussi, la jeune femme prit un peu mieux le temps de regarder leur petite. Elle était… sincèrement très frêle, plus qu’une fillette de son âge ne devrait l’être. A se demander si l’orphelinat avait pris la peine de correctement la nourrir, cela fera partie des inspections futures à mener.

« C’est ici que tu vas vivre, désormais, » dit-il en continuant de masser le dos et les épaules de l’enfant. « Tu auras tout le temps qu’il te faut pour t’acclimater et découvrir les lieux, ne t’inquiète de rien. Tu es chez toi. Nous allons veiller sur toi, tu ne manqueras plus jamais de rien. »

Bien qu’elle ignore si la petite comprenait bien ce qu’on lui disait, il lui semblait important de le dire. Le répéter, plutôt, car elle songeait que leur suivante s’était également chargée de ça. Aylin restait très tendue et stressée, la bouche fermée, les regardant elle, puis tout ce qu’il y avait autour, avant de revenir sur elle. Sans doute milles questions devaient lui traverser l’esprit… Peut-être même avait-elle peur de ne pouvoir rester. Leia savait que la douleur d’un premier abandon marquait à vie, y compris chez les petits si jeunes, consciemment ou non. Cette peur que tout recommence les suivait à jamais. A cela s’ajoutait la peur de l’inconnu, toutes les découvertes à faire, ces personnes qui s’adressaient à elle et la couvraient d’attention, alors qu’elle ne connaissait pas du tout. Le tout premier déchirement à la naissance, avec la mère biologique, était une blessure inconsciente et qui resurgissait sous de multiples formes, dès lors que la conscience s’éveillait. Toutes les personnes niant cette blessure initiale n’avaient tout simplement aucune conscience de ce qui pouvait traverser l’esprit d’une personne adoptée.

« Tu vas avoir une chambre pour toi, » poursuivit-elle en la gardant tout contre elle pour la bercer. « Des personnes, en plus de nous, qui vont veiller sur toi, jour après jour. L’orphelinat, c’est terminé… Nous ferons en sorte que tu laisses derrière toi cet épisode de ta vie. »

Ce qui était très différent d’oublier cette phase de vie. Leia lança ensuite un long regard vers son épouse. Attendant qu’elle dise ou fasse quelque chose, elle aussi, pour rassurer la petite et tenter de la faire sourire. La prendre dans ses bras, lui parler, tout autre idée qu’elle pourra bien avoir…

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Niveau de stress de la petite, 14

Se détendre. Elle devait se détendre un peu. Prendre le temps de respirer, et laisser l’instant présent dicter ses manières. Elle était beaucoup trop stressée à l’idée d’agir mal qu’elle n’osait tout simplement rien faire.  Leia l’avait remarqué. Isobel aussi, sans aucun doute. Mal à l’aise, incertaine, son regard retomba sur la petite Aylin. Nouveau sourire, cette fois plus sincère. Takara avait du mal à s’imaginer des années plus tôt, à sa place. Si impuissante, si… fragile. Elle serait en sécurité ici, elle y veillerait. Tout comme ses parents avait probablement veillé sur elle sur Kesh avant de finalement la livrer à elle-même une fois en âge de se débrouiller seule. Ici, les choses seraient différentes. Leur fille ne serait pas au secret. Il n’en était pas question. Tant de son avis personnel, que par la nécessité de la monarchie. Même plus grande, elle serait protégée et entourée de personnes de confiance. Là aussi, elle s’en assurerait. Mais elle devait réussir à l’accepter, avant tout. A passer ce cap qui la faisait rester planter là sans savoir quoi dire, ou faire.

Takara remercia également Isobel lorsque Leia l’invita gentiment à se retirer. Elle avait été parfaite dans cette affaire. Elle veillerait à la remercier à nouveau plus tard, lorsqu’elle serait un peu moins anxieuse. En attendant, son attention se devait d’être tournée uniquement vers Leia ainsi que leur fille. Suivant son épouse jusque dans leur salon, bien plus accueillant et chaleureux que leur antichambre, elle s’installa ensuite doucement dans le canapé aux côtés de Leia. Elle prit le soin de laisser ses genoux glisser contre le rebord, pour venir se coller un peu plus confortablement contre sa femme. Là, il était plus simple pour elle de venir doucement masser une des petites jambes de leur petite.

« C’est ici que tu vas vivre, désormais, » lui annonça son épouse, tout en continuant de masser le dos et les épaules de leur fille. « Tu auras tout le temps qu’il te faut pour t’acclimater et découvrir les lieux, ne t’inquiète de rien. Tu es chez toi. Nous allons veiller sur toi, tu ne manqueras plus jamais de rien. »

A voir Aylin regarder tout autour d’elle en permanence tout en s’accrochant toujours autant à ses deux peluches, Takara n’était pas vraiment certaine qu’elle comprenait vraiment ce que sa femme essayait de lui dire. Le pouvait-on seulement, à cet âge ? Posant doucement sa tête contre l’épaule de Leia, Takara imaginait que le plus important dans la parole était l’intonation employée. S’adresser à elle calmement, la réconforter avec des mots doux avaient probablement plus de sens que les paroles elles-mêmes. Pour elle, finalement, que Leia sache mieux comment s’y prendre avec la petite ne la surprenait pas. Elle, avait eu une enfance baignée dans une ambiance radicalement différente. Ce serait à elles, cependant, de faire une force de ces différences.

« Tu vas avoir une chambre pour toi. Des personnes, en plus de nous, qui vont veiller sur toi, jour après jour. L’orphelinat, c’est terminé… Nous ferons en sorte que tu laisses derrière toi cet épisode de ta vie. »

Et elles feront en sorte de savoir pourquoi leur fille semblait si frêle et fragile, alors qu’il était attendu d’un orphelinat de prendre soin de ces jeunes âmes délaissées et abandonnées. Takara se détendait malgré tout, avec le temps. L’absence de regards indiscrets, qui autrement n’hésiterait pas une seconde à la juger, y était sans doute pour quelque chose. Celui de Leia cependant, longuement appuyé, à son attention, relança son appréhension de la situation. Elle lui retourna la politesse, longuement, avant de poser son regard sur la petite, qui ne se détendait pas vraiment. Il suffisait de la voir, à jeter son regard tout autour d’elle, tout en serrant franchement contre elle ses deux peluches à l’aide de ses toutes petites mains. Mais que pouvait-elle faire de plus, là, maintenant ? Elle ne connaissait déjà pas grand-chose avant cela, et ça n’avait pas changé maintenant qu’elles étaient seules avec Aylin.

Sa main se retira de la jambe de l’enfant, de quoi lui permettre de se décaler légèrement avant d’échanger un nouveau regard avec Leia, comme pour lui demander la permission avant d’oser venir doucement lui arracher leur fille des bras. Si son épouse la laissa faire, l’aidant même, ce ne fut pas le cas d’Aylin, qui se raidit un peu, clairement gênée de se sentir soudainement à l’aise, le temps que Takara ne la ramène contre elle, sans geste brusque.

« Shh, là, voilà… Nous ne voulons que ton bien, tu vois ? » lui dit-elle à voix basse, commençant à doucement la bercer en essayant d’imiter Leia, une main venant doucement ramener le lapin en peluche contre Aylin, pour éviter toute catastrophe.

Il n’y avait qu’à voir la manière dont elle s’y accrochait. Takara ramena son autre main, cette fois-ci pour lui masser caresser doucement le bras, avant de lever son regard vers Leia, une mince grimace aux coins des lèvres. Est-ce que c'était parce qu'elle ressentait son anxiété ? Son incertitude ? Elle le masquait si mal ?

« Elle est toujours très crispée… » murmura-t-elle à son épouse, avant de reporter son attention sur la petite, essayant d’attirer son attention en venant doucement agiter le bras de son nouvel ourson en peluche tout en venant doucement déposer un baiser léger sur son front.



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Essayer de détendre un peu plus la petite : 14.

Eh bien, pour le moment, ce n’était pas gagné. Son épouse prit finalement la petite dans ses bras à son tour, d’une manière si crispée que Leia crut vraiment qu’elle allait devenir bientôt aussi blanche et raide que leur petite fille. Vraiment pas gagné. En l’observant, la jeune femme avait l’impression que Takara tenait une sorte d’animal bizarre pouvant faire surgir ses griffes à n’importe quel instant, tant elle était aussi peu à l’aise que la petite elle-même. Malgré tout, elle essayait vraiment, c’était autant adorable que s’en était amusant. Il était si évident que l’orphelinat ne l’avait pas du tout préparée à tout quitter, cette pauvre petite. Le changement de direction sur place ne traînera pas… Sa femme releva la tête vers elle, l’espace d’un instant, avec une grimace. Oui, elle n’était pas à l’aise, la reine l’avait très bien compris. Aurait-ce été mieux si l’une d’elle avait simplement porté un enfant, grâce à un donneur ? Peu probable, la maternité ne faisait simplement pas partie intégrante des gènes de son épouse Sith.

« Elle est toujours très crispée… »

S’il n’y avait qu’elle. La petite sentait forcément la tension ambiante. Leia retint un soupir, puis eut une idée. Elle enleva ses chaussures, d’un petit geste rapide, déposa sa fine couronne à côté, détacha ses cheveux puis s’assit en tailleur dans le canapé d’une manière beaucoup moins formelle et droite. Entre le cadre, la tension et elles deux qui n’avaient rien de l’apparence dont la fillette avait eu l’habitude avec ses nourrices… Il fallait détendre un peu tout cela. Surtout, face à une fillette, les convenances habituelles pouvaient être oubliées. Personne ne pouvait les voir. Elle tendit la main pour masser un peu la tête de la petite puis lui demanda d’un ton plus enjoué comment elle avait nommé son lapin et quel nom elle voulait donner à son nouvel ourson. Aylin plissa un peu le nom, avec un instant de silence, avant qu’elle ne réponde d’une toute petite voix. Puis elle réfléchit encore un moment avant de trouver un autre nom à sa seconde peluche.

« Ton petit lapin doit avoir soif, après un si long trajet, peut-être même faim. Que dirais-tu de boire un chocolat chaud avec lui et grignoter quelque chose ? »

Elle attendit que la petite dise quelque chose ou approuve, avant de se lever pour aller chercher tout ça. En amont, les serviteurs avaient laissé de quoi en servir, Leia s’était dit que ça pourrait être utile pour rassurer la petite. Elle mit le tout sur un plateau et revint poser ça sur la table basse, devant le canapé où elles étaient installées. Le chocolat, pour amadouer un petit enfant, c’était un bon début. Tant qu’on veillait aussi à ne pas être trop brusque et à faire attention à ce qu’elle ait toujours ses doudous avec elle ou à portée, pour la rassurer. Même si Leia n’avait pas une très forte expérience avec les enfants, elle devinait à peu près ce qui pouvait leur faire plaisir. A cet âge, en tout cas. Elle profita que Aylin goûte une madeleine pour se pencher vers Takara et lui chuchoter avec rapidité :

« Essaye de te détendre aussi, les enfants sont des éponges, ils ressentent toute notre anxiété. »

Ce n’était pas vraiment un secret et en même temps, une personne n’ayant jamais côtoyé d’enfants ne pourra pas forcément le savoir. Elle se remit ensuite installée confortablement dans le canapé, après avoir servi des tasses de chocolat chaud.

« Après, on pourra jouer au jeu que tu voudras, ici ou dans les jardins, si tu as envie de dégourdir les jambes. »

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Pour la petite : 7

Ce regard… Oh qu’elle connaissait bien ce regard de sa compagne, et qui venait se verrouiller sur elle pour la juger, comme si ça l’amusait toujours autant de la voir patauger hors de sa zone de confort. Ça devait l’agacer, aussi, que Takara finalement ne sache pas trop comment s’y prendre avec la petite Aylin. Elle s’y était pourtant préparé au mieux. Que ce soit avec Isobel, ou auprès des conseillers de l’Intendance, et du Palais dans son ensemble, elle avait écouté attentivement ce qu’ils avaient à lui apprendre. Mais il y en avait tant, et sur l’instant, elle s’était simplement figée, tout le savoir ingéré ces derniers jours balayer par une soudaine stupeur face à une improbable inconnue. Donnez-lui une embuscade, elle s’en sortirait probablement sans encombre, comme toujours. Donnez-lui une situation de terrain impossible et elle trouvera un moyen d’improviser. Mais donnez-lui une enfant, et voilà qu’elle se contractait soudainement. Elle-même ne trouvait pas ça très glorieux. Tenir leur enfant ainsi, sans savoir quoi faire, avait quelque chose d’humiliant.

Parce qu’elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’un enfant de cet âge pouvait bien attendre d’elle, en cet instant. Parce qu’elle ne savait pas ce qu’Aylin pouvait bien aimer, la faute à une petite enfance limitée à la survie dans un orphelinat qui n’avait visiblement pas fait beaucoup d’efforts avec elle. Parce que, finalement, la gamine avait simplement besoin de réconfort avant tout, et que tout ce qu’on avait pu lui indiquer avant cette rencontre ne s’appliquait pas vraiment à cette situation. Et leur enfant ne semblait pas vraiment vouloir s’ouvrir à elle non plus. Takara essaya bien d’ajuster un peu sa position, en adoptant une posture un peu moins crispée, et plus relâchée, loin du dos rond qu’elle faisait depuis l’arrivée de la petite. Leia s’était un peu écartée pendant ce temps, pour retirer ses chaussures et se défaire de sa fine couronne, sans doute pour se mettre un peu plus à l’aise, dans une posture bien plus informelle.  

Il n’y avait pas de doute, son épouse était clairement l’élément moteur en ce moment.

Peut-être était-elle plus habituée, ou de nature plus à l’aise avec les enfants. C’était difficile à dire, Takara ne l’avait pas encore vue s’ouvrir de la sorte à quelqu’un d’autre. Elle-même n’avait pas pensé à le faire, et n’y aurait sans doute jamais songé. Elle arriva même, à sa grande surprise, à extirper les premières vraies paroles de la petite, en lui demandant le nom qu’elle avait donné à son petit lapin, ce qui la fit sourire. A essayer de la sorte, Leia n’était que plus adorable. Aylin s’ouvrait enfin, peut-être plus en confiance maintenant. Takara avait fait en sorte qu’elle soit un peu plus à l’aise, confortablement installée contre elle, avec ses deux doudous fermement serrés entre ses petits bras. Elle regarda un instant la commode non loin après que Leia ait suggéré d’apporter du chocolat, puis reporta son attention sur la petite en voyant son épouse se porter vers le plateau que les serviteurs avaient posés là quelque temps auparavant.

En revenant, la petite porta plutôt son attention sur les petits gâteaux, probablement attirée par leurs odeurs.

« Essaye de te détendre aussi, les enfants sont des éponges, ils ressentent toute notre anxiété. »
Le murmure de Leia à son oreille lui fit relever la tête, une grimace aux coins des lèvres. Comme si c’était si simple ! Elle était là, avec leur enfant sur les genoux, sans avoir pu au préalable avoir la moindre expérience, la moindre acclimatation. Une enfant de nature crispée, visiblement perturbée par le voyage et le bouleversement qu’elle venait de vivre. Sans parler que la dernière petite crispée qu’elle avait eu dans les bras l’avait simplement jeté contre un mur ! Takara esquissa un sourire un peu forcé à son égard, sans arrière-pensée. Oui, elle savait qu’elle devait se détendre. Ce n’était juste pas aussi simple qu’elle ne l’aurait cru. Au fond, elle s’inquiétait déjà de la réaction qu’Aylin allait avoir dans une semaine, lorsqu’elle serait présentée au peuple. Elle était déjà toute déboussolée face à elles, alors face à une foule bruyante…

« Après, on pourra jouer au jeu que tu voudras, ici ou dans les jardins, si tu as envie de dégourdir les jambes. »

Ah, voilà une bonne idée. Et la petite sembla acquiescer, peut-être sans vraiment comprendre. La beauté des jardins capterait peut-être son attention, et la laisserait se détendre un peu plus. Il y avait beaucoup de choses à y faire. Takara eut un bref sourire à cette pensée, voilà qu’elle commençait à avoir des idées, elle aussi. Peut-être, finalement, avait-elle simplement besoin de temps.

« On va faire ça, c’est une bonne idée. » lâcha-t-elle à voix basse, tandis que sur ses genoux, Aylin continuait de macher le bout de sa madeleine, et manqua alors de la faire tomber sur le fauteuil. Takara la rattrapa de justesse, alors que la petite sursauta, en commençant à chercher autour d’elle. Elle ramena rapidement le gâteau dans son champ de vision, la petite focalisant aussitôt son regard dessus, tout en tendant la main dans sa direction. Takara lui murmura d’attendre, attirant à elle la petite tasse de chocolat pour venir y tremper le petit gâteau dedans, puis de le porter à la bouche d’Aylin. Elle y croqua dedans sans hésiter, avant de venir lui faire de gros yeux ronds, en en découvrant le changement de goût.

« C'est meilleur comme ça, n'est-ce pas ? »

Quelle sensation étrange… Leia se détendait doucement, face à cette scène, attendrie en voyant son épouse se décontracter, ainsi que la petite. En franchissant cette nouvelle étape, elles allaient consolider le pouvoir en place et rassurer leur peuple. Ce n’était pas une simple tradition, après tout, il s’agissait de respecter les codes sociaux et légaux de leur monde, un passage nécessaire pour toute personne nouvellement parvenue au pouvoir. Sa propre mère adoptive avait été malmenée pour ne pas avoir eu d’enfants et son adoption avait permis de stabiliser le couple à la tête de la planète. Des années plus tard, une nouvelle petite fille venue d’ailleurs prenait cette même place, elle aussi encore inconsciente des enjeux et de ce qui l’attendait. En devenant un nouveau maillon du pouvoir en place, elle comblait une faille inacceptable. Restait à leur charge de lui fournir l’éducation adéquate et les armes culturelles, sociales et physiques dont elle aura besoin tout au long de son existence. Il était simplement dommage que l’enfant ait déjà eu le temps d’intégrer des traumatismes, mais soit, elles s’en accommoderont.

Son esprit dériva, tandis que son épouse faisait goûter le chocolat à l’enfant, sur les futures applications et tâches que pourra accomplir la nouvelle princesse à l’avenir, que ce soit en étant utilisée ou en s’en chargeant elle-même. Suivant son âge, bien entendu. Une fois la première phase passée et son acclimatation faite, elle pourra être utilisée comme vecteur de communication, afin d’adoucir l’image du pouvoir. Puis, une fois à l’école interne du Palais, les liens qu’elle commencera à nouer avec des enfants de familles de pouvoir seront les premières graines pour assurer divers avantages, dans les années à venir. Tout en encourageant lesdites familles à se tirer dans les jambes entre elles pour gagner de l’influence, à travers leurs propres enfants. A sept ans, Aylin participera aux premières cérémonies. A neuf ans, elle débutera l’entraînement habituel. Une fois adolescente, elle se lancera peu à peu dans des missions diplomatiques ou de relations publiques. Au fil des années, elle sera parfaitement formée et conditionnée, pour devenir tout d’abord une princesse compétente et sûre d’elle, ensuite pour devenir la future reine. Pour la marier, mh, disons, à vingt ans, ça serait l’idéal. Cela leur laisserait du temps pour conditionner l’époux puis assurer la descendance.

« Nous allons te montrer le parc, ma puce. »

Première étape, que tout le monde remette ses chaussures, puis sortir tranquillement dans leurs jardins privatifs. Leia ne prit guère la peine de se recoiffer ou même ajuster sa tenue, pas dans cet endroit. Mis à part les gardes surveillant chaque recoin du palais et les suivantes traversant parfois les jardins pour gagner un peu de temps de trajet, personne ne se rendait ici ou ne pouvait jouer de regards indiscrets. La petite mare, où grouillait toute une colonie de poissons colorées, fut la première chose à attirer l’attention de la petite. Pendant qu’elle s’asseyait au bord et se penchait un peu pour les observer, la jeune femme attrapa doucement la main de son épouse pour la serrer dans la sienne. Profitant de ce moment en famille, où chacun avait pour ordre de les laisser tranquilles toute la journée. A moins que la planète ne se fasse attaquer, bien entendu.

« Je comprends que tu ne sois pas encore très à l’aise avec tout ça, ce n’est une habitude, mais ne t’en fais pas. Tout va très bien se passer, j’en suis convaincue. S’il s’avère en plus que cette enfant est comme nous, ce sera d’autant mieux pour nos plans futurs. Même nos pires ennemis politiques pourront être contrés avec plus d’aisance. Sans oublier que nous avons d’autres pions utiles, en cas de besoin. »

Si le chocolat semblait avoir débloqué la petite, Takara restait encore un peu raide et incertaine de dans ses gestes, et la manière dont elle tenait Aylin. Elle était si petite, lui semblait si fragile. Elle ne savait pas non plus si elle avait compris un traitre mot de ce qu'elle lui avait dit. Mais ça n'avait pas vraiment d'importances. Tout ce qu'il lui fallait, c'était du temps avec elle, et surtout, qu'elle soit sensitive elle aussi. La sith ne croyait pas au destin, et encore moins au hasard. Elle avait toujours pensé que l'avenir était tracé par ses propres actes. Il devait bien avoir une raison au fait que Leia ait jeté son dévolu sur Aylin presque en même temps qu'elle, et ce sans hésitation. A la regarder boire son chocolat avec une joie retrouvée, Takara se laisse à penser à ce que serait son futur, à leur côté, sous leur protection. Il faudrait le cas échéant la former, et sur ce point Isobel représentait une opportunité. Elle pourrait servir d'exemple, de banc d'essais pour définir quelles méthodes étaient les plus douces, ou à défaut les mieux adaptées, pour initier leur fille à la Force. A condition qu'elle sot sensitive, bien sûr.

Elle le serait forcément, il ne pouvait en être autrement. N'ayant pas la même vision politique à long terme que son épouse, Aylin perdrait assez vite en utilité à ses yeux. De fait, elle n'était pas encore prête à s'y attacher autant qu'elle le devrait. A se laisser aller. Mais cela finirait sans doute par venir. Ce n'était qu'une question d'habitude. Elle s'était faite à la vie ici, et ne trouvait finalement pas grand chose à y redire. Ce serait pareil, avec leur fille. Elle la sentait déjà se détendre, se laisser bercer, le dos adossé contre son ventre. La sith offrit un regard un peu plus émerveillé vers son épouse. Cela fonctionnait déjà. Le chocolat avait définitivement aidé à calmer la petite. Le bon moment semblait être venu pour lui proposer d'aller visiter les jardins, au-dehors, et elle approuva Leia, lorsqu'elle le proposa à nouveau.

Aylin sembla un peu contrariée de voir la tasse de chocolat s'éloigner, et vînt la regarder avec un air interloqué, la bouche toute barbouillée. Takara lui sourit en retour, ne sachant trop comment réagir, avant de venir se saisir de la serviette posée sur le plateau pour venir doucement essuyer le chocolat qui trainait sur les lèvres de la petite. Puis elle la déposa entre Leia et elle le temps de se lever, après que son épouse ait finit de remettre ses chaussures. Elle avait toujours apprécié son charme, lorsqu'elles n'étaient que toutes les deux. Ses cheveux, dénoués, qui contrastait avec les siens, toujours bien soignés. C'était un sentiment étrange, finalement, d'être la plus protocolaire des deux. Une fois Leia prête, elles repartirent toutes les trois, en direction des jardins où elles auraient la paix. Aylin garda ses deux peluches dans les mains tout le trajet, jusqu'à ce qu'elles la dépose près de la mare. Takara se surprit presque à surveiller Aylin lorsqu'elle s'installa au bord de l'eau, de peur qu'elle ne glisse ou ne tombe au milieu des poissons. C'est en sentant le contact de Leia sa main dans la sienne, qu'elle se détendit à nouveau. Elle aimait son contact, sa proximité. D'abord en la serrant un peu plus au creux de la sienne, puis en venant passer son bras dans le dos de son épouse pour la serrer un peu plus contre elle, déposer un furtif baiser sur le haut de la joue, tout en posant sa main sur son épaule.

L'objectivité de Leia la prit un peu au dépourvu, mais ne fit que la réconforter un peu plus. Son épouse avait la même vision qu'elle, pour leur enfant. La nécessité de bien la préparer, pour qu'elle puisse leur être utile. Dès son plus jeune âge, avec la cérémonie où elle serait présentée à son peuple, puis ensuite, en grandissant, et en jouissant de son image, et en jouant de son statut. Et si elle se révélait sensitive, comme elles...

« Je n'ai rien senti, mais ça ne signifie pas grand chose. Je la ferais tester au plus vite, discrètement. S'il s'avère qu'elle est comme nous, alors oui, les choses seront plus simples... La descendance sera assurée, ce qui calmera certains opposants encore hésitants ; Puis elle pourra être utile, pour agir sur le reste de la noblesse. »

La froideur de son propos accentua un peu plus le décalage entre leur discussion dans le dos de leur fille, et le moment qu'elles passaient ensembles, avec elle. Une chose que Takara ne nota même pas. C'était une bonne chose, autant pour Aylin, que pour elles.

« Mais il nous faudra aussi chercher d'autres pions en attendant, nous n'en avons pas suffisamment. Isobel ne peut pas tout faire toute seule. Au palais, bien sûr, mais aussi dans les forces impériales de secteur, peut-être ailleurs. Et trouver quelqu'un de fiable, pour elle... qu'elle pourra contrôler. Encore que cela peut attendre encore un peu... »

Son regard était resté figé sur Aylin et son petite rire enfantin. Les poissons dans la mare semblaient l'avoir hypnotisé, et elle suivant des yeux et de la tête leurs mouvements circulaires avant qu'un papillon qui passait par là ne devienne le nouveau centre de son attention.

« Il faudra s'assurer qu'elle soit prête, avant de la présenter à notre peuple. Qu'elle ne se sente pas apeurée, mais fière, devant une telle foule venue l'acclamer. »

« Je n'ai rien senti, mais ça ne signifie pas grand-chose. Je la ferais tester au plus vite, discrètement. S'il s'avère qu'elle est comme nous, alors oui, les choses seront plus simples... La descendance sera assurée, ce qui calmera certains opposants encore hésitants ; Puis elle pourra être utile, pour agir sur le reste de la noblesse. »

Même si elle ne l’était pas, elle sera utile malgré tout… D’autant plus qu’il y avait peu de chance que la Force leur fasse ce cadeau. Takara avait raison, ils manquaient encore de pions, malheureusement. Il était compliqué et chronophage de trouver des personnes parfaitement fiables, pouvant, en plus, être manipulées, l’exercice se révélait plus compliqué qu’elle ne l’avait escompté. Renforçant, au passage, sa volonté de maîtriser à la perfection ce domaine, elle-même, pour être apte à pallier aux soucis éventuels, le temps de renforcer leur entourage immédiat. Compter sur soi-même avant tout, tel était son credo. Isobel était utile, bien entendu… Leia ne clamait pas le contraire. Cependant, il manquait encore quelques détails, avant qu’elle ne soit à pleines capacités. Un état d’esprit, une mentalité, associé à des compétences plus particulières… Tout comme cet enfant… Un schéma se dessinait dans son esprit, comprenant toutes les cases à cocher avant d’être certain que la personne pourra agir comme on l’attendait d’elle. Dans le cas de leur suivante, il ne manquait plus grand-chose. Une fois la mentalité acquise, elle aura besoin de savoir se battre avec un sabre entre les mains.

« Il faudra s'assurer qu'elle soit prête, avant de la présenter à notre peuple. Qu'elle ne se sente pas apeurée, mais fière, devant une telle foule venue l'acclamer. »

« Il y a peu de risques, elle sera dans nos bras et ce sera fait depuis le balcon de cérémonie. A cet âge, elle ne pourra réellement réaliser ce qu’il se passe et la foule est plus conciliante face à une toute jeune enfant. Les exigences et jugements viennent avec l’âge de raison. »

Lorsqu’elle aura quelques années de plus et en mesure de comprendre ce qu’on attendait d’elle ou pourquoi. Les enfants possédaient un esprit très vif et étaient bien loin d’être aussi idiots que certains le prétendaient. Naïfs, bien sûr, des réflexions encore peu poussées, évidemment, mais pas du tout stupides. Elle relâcha un instant la main de son épouse pour venir s’accroupir à côté de l’enfant, s’assurant toujours qu’elle ne s’approche pas trop près du bord. Ces poissons étaient un cadeau d’un éleveur, habitant à quelques kilomètres seulement de la capitale. Une espèce de marre très brillante et chatoyante, dont les familles nobles raffolaient. Ils vivaient peu de temps, en revanche, plutôt fragiles. S’ils avaient été mis dans cette grande mare, c’était avant tout pour limiter le bruit ambiant, car l’espèce était aisément nerveuse et pouvait mourir à cause du stress, comme certains oiseaux.

« Est-ce que tu veux voir d’autres animaux des jardins, ma puce ? »

Elle attendit son approbation avant de lui tendre les mains et la soulever contre elle. Puis d’aller, en compagnie de Takara, lui montrer ensuite les oiseaux nichant dans ces jardins et voletant parfois au-dessus de leurs têtes. Plus ardus à observer car plus facilement effarouchables, ce fut d’abord assez compliqué. Malgré cela, la petite apprit vite à ne pas faire trop de bruit et regarder là où on lui pointait le doigt. Les oiseaux avaient l’habitude des présences humaines et revenaient assez vite sur les branches, une fois certain qu’il n’y avait pas de danger. Cette fois, pas d’import ou de grandes particularités, ces espèces étaient toutes natives d’Alderaan.

« Tu en entendras certains chanter la nuit, ma chérie, il ne faut pas en avoir peur. Ils chantent pour leurs bébés et leurs compagnes. »

Même si ce n’était pas exactement cela, la petite pourra comprendre avec ce type d’explications, en attendant que ses futurs cours d’école l’amènent à en savoir plus. Leia voulait juste éviter, d’ici là, qu’elle n’ait peur la nuit de simples bruits naturels.

« J’imagine que toi, Takara, tu n’avais pas exactement la même atmosphère, la nuit. »

« Mh, peut-être, oui... »

Takara ne savait pas trop, ce serait une grande nouveauté pour elle. Une de plus à ajouter à son tableau de chasse, dans cette toute récente vie. Une part d'elle tenait à protéger cette enfant et s'assurer qui ne lui arriverait rien. L'autre imaginait déjà les implications d'une mauvaise tenue ou d'une transgression du protocole royal, sans tenir compte du fait qu'Aylin était, justement, une enfant. Elle avait passé trop de temps à travailleur l'image de leur couple pour accepter la moindre tâche. Aylin se devait, à ses yeux, d'être parfaite. Clairement moins compréhensive que son épouse, c'était une nécessité dont elle parvenait pas à se détacher. Elle avait une confiance totale en Leia, en revanche, sur ce genre de sujets. Elle était née ici et leur petite naviguait dans ses pas. Si quelqu'un devait savoir à quoi s'attendre, c'était bien elle. Takara avait eu une éducation bien différente, finalement. Bien plus qu'elle ne l'aurait pensé, il y a presque un an.

Elle n'avait pas été présentée à la population à sa naissance, sur Kesh. Ni plus tard dans son enfance, d'ailleurs. Elle était resté un secret plutôt bien gardé, sa mère ayant immédiatement prit du recul, à contrecoeur, lorsque sa grossesse était arrivée sur ses derniers mois. Il avait été impossible de le cacher aux autres seigneurs, bien entendu, mais ils constituaient une véritable minorité. Puis une fois née, elle avait été gardé entre les murs fermé du palais le temps nécessaire, si bien que très peu sur Kesh connaissaient sa véritable identité avant que ne soit hérigé une statue à sa gloire en plein centre ville de la capitale vingt ans plus tard. Si Takara avait eu une enfance baignée dans les codes et le protocole, elle n'avait jamais eu de visage public sur son monde avant sa nomination à la tête de la Garde.

Leia finit par la sortir de sa rêverie lorsqu'elle lui relâcha la main pour s'approcher d'Aylin, encore au bord de l'eau. Takara attendit simplement qu'elle la récupère avec elle pour poursuivre leur ballade dans les jardins. Elle offrit un sourire à leur enfant dans les bras de son épouse, avant de partir tranquillement un peu plus loin. Là, elle s'arrêtèrent sous quelques arbres rassemblés autour du chemin en une sorte de grande haie d'honneur qui continuait plus loin vers le grand lac. A l'ombre des branches, Takara leva le regard vers le feuillage en même temps que Leia pointa du doigt les oiseaux qui y nihaient et chantonnaient joyeusement dans l'indifférence. La sith, au quotidien, n'y prêtait que très peu d'attention. Même le soir au balcon, lorsque leur travail était terminé. Leia était, de toute façon, souvent bien épuisée avec tout le travail qu'il y avait à accomplir.

Leur fille finit enfin par réagir, après avoir fait silence, attirée par le bruit mais aussi par les petites masses sombres qui sautillaient et s'envolaient au-dessus de leurs têtes. Pour une fois qu'elle y prêtait véritablement attention, Takara devait admettre que leur chant mélodieux était agréable à l'oreille. Par la manière dont Leia paralait à Aylin, aussi, pour lui dire de ne pas en avoir peur. Elle sourit, c'était adorable.

« J’imagine que toi, Takara, tu n’avais pas exactement la même atmosphère, la nuit. »

« Cela dépendait des nuits. Kesh restait un monde sauvage, ce n'était pas si différent la nuit lorsque je n'avais pas à quitter mon lit pour courir après un fou.  »

Ce qui restait assez rare, il était important de le souligner. Elle n'avait pas non plus à s'inquiéter des complots, ce qui aidait beaucoup à se détendre une fois la journée terminée. Ecouter les oiseaux chanter, cependant, restait une rareté. Même lorsqu'elle était plus jeune, elle était beaucoup trop active pour se laisser à pareille contemplation. Une part d'elle, maintenant, le regrettait un peu. Son regard se perdit un instant sur Aylin. Leur fille, elle, aurait le temps pour cela, elle y veillerait.

« Tu veux en voir un de plus près, ma puce ? » finit-elle par demander en se penchant un peu sur elle, tout en imitant au mieux les expressions de son épouse.

Puis, sans vraiment attendre son avis, Takara tandis un bras devant elle, paume ouverte et vers le haut, avant de s'ouvrir doucement à la Force, comme on le lui avait appris sur Kesh lors de son excursion sur le continent polaire. Ce n'était pas une technique sith, elle n'avait à ses yeux pas beaucoup d'utilité ici, sur Alderaan, mais pour ce soir elle ferait l'affaire. Toucher l'esprit d'un de ces oiseaux ne demanderait pas non plus autant de concentration que pour un uvak à fort caractère. Elle lança une invitation, et attendit un petit instant avant qu'un petit oiseau blanc ne vienne descendre des branches en un rapide plané pour venir poser ses fines pattes sur ses doigts. Il se mit presque aussitôt à chantonner pour répondre à ses camarades, perchés plus haut.

« C'est un cairoka », dit-elle dans un murmure prononcé, tout en jetant un regard vers Leia pour s'assurer qu'elle ne s'était pas trompé. Ses connaissances restaient encore assez hasardeuses, sur ce genre de détails. Doucement, elle rapprocha son bras de son épouse, et de leur petite, pour murmurer à nouveau : « Tu as vu comme il est beau ? Il ne faut pas faire de gestes brusques, ou il va s'envoler. »

« Cela dépendait des nuits. Kesh restait un monde sauvage, ce n'était pas si différent la nuit lorsque je n'avais pas à quitter mon lit pour courir après un fou. »

« C’est déjà arrivé ici, ça… »

Il y a très longtemps. Son épouse leva le nez vers les arbres puis attira un des oiseaux, vers sa main, pour que la petite puisse l’admirer de plus près. Leia patienta un petit instant, sentant que l’enfant, portée par son excitation, bougeait un peu trop, pour voir le volatile, avant de se calmer quelque peu. A son âge, la moindre découverte était prompte à l’émerveiller, bien entendu. Une manière si simple de le faire était bon, pour elles, pour gagner sa confiance et lui montrer, plutôt que le dire, qu’elle était en sécurité avec elles. Il n’était pas encore certain que l’enfant soit vraiment rassurée, mais au moins, elle pouvait passer cette première journée dans le calme. Leia songea vaguement, à ce moment-là, à la réaction de son frère lorsqu’il finira par apprendre qu’il avait une nièce. Il aurait pu la connaître s’il ne restait pas obstinément coincé chez des personnes incapables d’agir de manière forte et radicale. Au moins, leur père n’avait pas eu la faiblesse de retourner vers ces idiots-là. Demeurer droit dans ses propres convictions lui semblait plus honorable que de se plier aux règles anciennes et dépassées d’un Ordre ayant déjà prouvé sa faiblesse à maintes reprises.

« Nous allons découvrir la suite, ma puce. »

Le petit oiseau ne tarda guère à s’envoler rejoindre les autres, après qu’elles aient repris leurs routes. Les jardins étaient spacieux et calmes, mieux gardés désormais qu’ils ne l’étaient dans d’autres périodes. De toute manière, le moindre intrus parvenant jusqu’ici finirait en bien mauvaise posture… Leia n’était plus d’humeur à se contenter de le faire arrêter ou de lui tirer dessus avec un petit blaster. Son sabre était dissimulé et prêt à servir. Une arme encore considérée comme neuve, ayant peu servie, depuis sa construction. Trancher avec la tête d’un rebelle voulant menacer leur fille ne lui poserait guère de problème de conscience. Parvenue dans une zone plus ombragée, avec de hauts arbres, elle reposa la petite par terre, pour qu’elle puisse se dégourdir les jambes et voir de près les arbres, plantes et fleurs. A quelques mètres d’elle, un des jardiniers était occupé à planter et entretenir un parterre de fleur en chantonnant et ne semblait pas avoir remarqué leur présence. Aylin était aussitôt revenue vers elles, en le voyant, effrayée.

« N’ai pas peur, chérie, le monsieur travaille simplement, il ne te fera pas de mal. »

Malgré leur conversation, le monsieur en question ne les avait toujours pas remarqué. Il était penché sur le parterre, à genoux et dos à elle, apparemment occupé à planter dans la terre l’armée de fleurs en pot attendant à côté de lui. En écoutant bien, elle finit par reconnaître une des chansons traditionnelles de leur peuple, souvent chantée lors de la fête su solstice d’hiver. Aylin s’habituera vite, elle croisera régulièrement certains des employés du palais. Jardiniers, femmes de chambre et ainsi de suite… Une véritable armée de petites mains, participant à au bon ordre et l’entretien du palais. Les échanges se limitaient souvent à des salutations de passage et à un merci, lorsqu’elle tombait sur la fin d’un de leurs travaux ou à d’autres occasions. Aylin s’était un petit peu détendue, surtout en voyant les multiples couleurs des fleurs dont s’occupait le jardinier. Le temps qu’elle observait, avec visiblement l’envie d’aller voir, Leia en profita pour lancer un clin d’œil et un sourire en coin à sa femme.

« Lorsqu’elle la petite sera couchée, nous pourrions profiter d’un moment à deux, dans les bains… »

Puisqu’elles avaient la journée seulement pour elles… Personne ne pouvait les déranger avant demain matin.

« C’est déjà arrivé ici, ça… »

« Mais ça ne se reproduira plus. »

Ce n'était pas une promesse mais une certitude. Elle ne laisserait pas ce genre de choses se reproduire sous sa garde...

Pendant ce temps, la carapace dans laquelle la sith s’était enfermée disparaissait petit à petit. Couche après couche disparaissait incertitude, anxiété, et toutes les autres formes de rigidité. Takara s’ouvrait, peu à peu, de façon imparfaite et encore timide, en surfant sur les initiatives de son épouse. Avec le temps, elle serait plus à l’aise, c’était évident. En attendant, elle pouvait compter sur Leia, qui semblait savoir parfaitement où aller, et quoi proposer à la petite. Ce devait être un drôle de bouleversement pour elle aussi de pouvoir voleter d’émerveillement en émerveillement en si peu de temps. A croire qu’elle avait vécu tout le temps enfermé entre les quatre murs de son orphelinat. Une réalisation qui peinait étrangement la sith, qui d’ordinaire n’aurait sans doute jamais relevé un tel état de fait. La pensée s’échappa bien vite, cependant, car il ne lui arriverait plus rien d’aussi terrible. Elles étaient là, maintenant, pour s’occuper d’elle. Il faudrait pour cela s’assurer de la fiabilité de son entourage en leur absence, et préparer dès maintenant son avenir. Prêter une plus grande attention aux nobles et leurs enfants, trouver ceux avec qui il faudrait doucement la pousser à aller, et ceux qu’elle devrait éviter.

« Nous allons découvrir la suite, ma puce. »

La voix de Leia la tira une fois de plus de sa rêverie. Comme suggéré, Aylin n’avait pas fait le moindre geste brusque vis-à-vis de l’oiseau toujours posé dans la paume de sa main. Doucement, elle releva la main pour donner une petite impulsion et il se mit à battre des ailes pour s’envoler rejoindre les branches au-dessus de leur tête en chantonnant. Puis elles reprirent toutes les trois leur route à petits pas, pour profiter du paysage. Malgré qu’elle n’y passât pas beaucoup de temps, elle savait apprécier la vue qui lui rappelait un peu le côté rural de son monde natal, alors que l’autre face du palais faisait face à la ville et à son architecture élégante mais urbaine. Les montagnes étaient ce qui la captivait le plus lorsqu’elle regardait à l’horizon, lui rappelant à chaque fois que c’était très certainement par là-bas que se terraient les rebelles encore loyaux à Bail. L’ancien régent était sans doute à les observer depuis les hauteurs, lui aussi, mais elle ne pouvait pas se laisser aller à l’envie d’aller régler ce désagrément elle-même. C’était beaucoup trop tard pour s’occuper de ce genre de choses personnellement. Il le faudrait pourtant, pour éviter que Sidious ne vienne fourrer son nez dans leurs affaires, mais il restait hors de question qu’elles le livre à ce fou pour qu’il puisse semer le chaos sur leur monde et réduire à néant tous les efforts…

Leia s’était à nouveau arrêtée pour reposer leur fille par terre et elle regarda Aylin partir d’elle-même de l’avant tout en pensant qu’elle pourrait peut-être la porter la prochaine fois pour que Leia puisse reposer ses bras. Takara se tendit d’un seul coup en voyant leur fille revenir aussi vite que ses petites jambes le permettait mais se détendit assez vite lorsque son regard fila dans la direction que la petit pointait vaguement du doigt. Elle eu du mal à interpréter sa propre réaction, mélange entre amusement et dépit, mais Aylin n’était pas bien grande, elle ne pouvait pas lui en vouloir d’avoir peur de l’inconnu.

L’inconnu en question n’était personne d’autre qu’un des jardiniers travaillant au palais. Il n’y avait pas la moindre raison de s’inquiéter et Leia s’enquît bien vite de le lui dire. C’était à la fois mignon et déjà lassant, une part de la sith ayant d’ores et déjà envie de la voir plus grande pour qu’elles n’aient plus à devoir expliquer ce genre de choses. Tout comme elle fut un peu contrite de voir que le jardinier en question ne les avait visiblement pas entendus et poursuivait son travail comme si de rien était, alors que d’ordinaire elle n’aurait même pas relevé sa présence. Au moins celui-ci faisait-il son travail soigneusement, c’était déjà ça.

Son regard resta rivé sur Aylin comme si sa vie en dépendait, regardant la petite se pencher en avant pour toucher les fleurs que l’homme venait tout juste de bichonner. Sans doute ce dernier allait-il finir par se rendre compte de leur présence vu la façon dont elle gazouillait de contentement devant la senteur qu’offrait ce parterre multicolore. Ce fut une fois encore la voix de son épouse qui la tira de sa vigilance pour lui suggérer une idée savoureuse qui lui tira un grand sourire. Il était rare depuis quelques temps de trouver un peu de temps pour elles. Il y avait beaucoup de travail à accomplir et Leia était souvent fatiguée après de telles journées. Elle-même, ces derniers temps, ressentait une fatigue plus prononcée. A force, c’était quelque chose qui lui manquait. Le désir et la passion rodait, comme un appétit insatisfait.

L’arrivée d’Aylin, finalement, leur offrait de quoi passer plus de temps ensembles en dehors du rythme quotidien du palais. Tout du moins pour cette journée. Il fallait en profiter.

« Je pense que c’est là une idée merveilleuse. » répondit-t-elle après s’être rapprochée, ponctuant son approbation d’un baiser bref, mais tout aussi prometteur.

« Je pense que c’est là une idée merveilleuse. »

Leia lui sourit doucement, après son baiser, restant un moment blottie contre elle, tout en surveillant la petite du coin de l’œil. Une petite qui finit par attirer l’attention du journée, qui se retourna dans un léger sursaut. Puis les aperçut et s’inclina avec respect, après avoir déposé brièvement ses outils. Aylin avait finit par s’approcher, portée par la curiosité. Il lui offrit une fleur, avec douceur, en lui souhaitant la bienvenue. La fillette eut un grand sourire puis revint en trottinant vers elles. Leia s’accroupit, le temps de lui glisser la fleur dans sa petite tresse, en lui disant qu’elle sera toute jolie et mignonne, grâce à ça. Des choses que sa propre mère lui avait dite, avant son décès… Que penserait-elle de tout cela, si elle vivait toujours ? Aurait-elle suivie son époux ou aurait-elle compris où se situait le véritable intérêt de leur planète ? Impossible de répondre. Elles reprirent leur exploration des jardins, laissant l’enfant courir devant. Quoi que courir était encore un bien grand mot. En l’observant bien, Leia finit par soupirer, tenant fermement la main de son épouse.

« J’ai de plus en plus le sentiment que son orphelinat ne s’occupait pas assez bien de faire développer leur sociabilité et motricité, aux petits. Il n’était pourtant pas sous-doté en personnel, comme certains autres, dans le rapport d’Isobel. Je demanderai à l’Intendant de s’en occuper, pour envoyer une équipe d’inspection puis régler les problèmes sur place. »

Ces enfants représentaient tous l’avenir de leur monde, qu’ils aient des familles ou non, les laisser à la dérive n’était pas la bonne solution. C’était surtout cela, qui agaçait Leia. Elles avaient besoin que la nouvelle génération soit à l’aise ici, qu’elle ne soit pas corrompue par les idées de leurs aînés, ayant connu la gouvernance de Bail, qu’elle prenne fait et cause pour Alderaan dès la petite enfance et qu’elle voit leur règne, à toutes les deux, comme le meilleur bien possible qui soit. Il était déjà trop tard pour faire changer d’avis la plupart des adultes encore pro-rebelles. Mais les enfants… Les enfants, tout était encore réalisable. Que ce soit les nounous et responsables d’orphelinat, les professeurs, les mentors particuliers, les soignants et elle en passait, tout ce petit monde devra inculquer, à leur jeunesse, quelles étaient les bonnes idées à suivre. Et plus leur gouvernance sera adaptée et appréciée, plus il sera facile pour les jeunes générations de s’y attacher.

« Ce qui me fait penser, » reprit-elle, « que le ministre Epas a terminé les nouveaux programmes éducatifs, il restera à valider le tout. Les références les plus controversées ont été supprimées et j’ai activé une surveillance également sur les professeurs particuliers. Le recrutement de l’un d’eux est commencé, pour Aylin également. Lorsqu’elle sera mieux prête, elle pourra être placée dans une école privée du Palais et entamer des relations sociales utiles. L’enfant que compte adopter Isobel pourra être un vecteur supplémentaire. Selon son tempérament, bien entendu. Ainsi que la manière dont elle le mettra à l’aise, les premiers temps. »

Ce n’était point un sujet d’inquiétude, étant donné qu’Isobel avait parfaitement intégré les valeurs désirées au Palais. Leia ne doutait pas qu’elle élèvera son futur fils dans cette même lignée. Il se pouvait aussi que la suivante finisse par céder à cet appel sombre, les envies de plus en plus vivaces de meurtre, dès qu’elle repensait à son ex-compagnon. La reine trouvait cela très satisfaisant et ne comptait bien sûr rien faire, il suffisait d’attendre que ces sombres pensées poussent leur servante à passer à l’acte.

« Quels sont les principes éducatifs de ta propre enfance que tu souhaiterais inculquer ? »

Takara l’enserra doucement contre elle, pour profiter de son contact toujours électrisant et le bienêtre qu’il lui procurait, gardant un regard mi-rêveur, mi-attentif sur leur toute jeune enfant qui venait tout juste d’attirer l’attention du jardinier. La consort bougea à peine lorsqu’il prit conscience de leur présence, et qu’il s’inclina respectueusement. Elle n’y faisait plus vraiment attention depuis bien longtemps, en dehors des cérémonies officielles ou en présence d’invités. Takara se contenta de le regarder, jugeant ses actes alors qu’il venait habilement couper une fleur pour venir l’offrir à leur fille. Bien qu’elle sourît en le voyant faire, la chose l’indifférait vraiment. Ça n’avait pas beaucoup d’importance. Que leur enfant finisse par revenir vers elles, en revanche, l’était beaucoup plus. Tout comme le mouvement de son épouse, qui quitta ses bras pour venir glisser d’un commentaire la fleur dans les cheveux d’Aylin. Oui, elle trouvait cela bien plus sympathique. Mignon, en quelque sorte. Leia, pour sûr, avait un talent naturel pour ce genre de choses, et chacune de ses actions étaient agréables à observer ; emprises d’une sérénité qui la touchait.

Takara avait fini par faire un pas, prête à venir se saisir d’Aylin pour la prendre dans ses bras. A la voir marcher, cependant, elle réalisa qu’elle pouvait sans doute attendre un peu. Que ça lui ferait du bien de pouvoir gambader doucement au milieu des jardins, et de prendre ainsi pleinement conscience du monde dans lequel elle allait grandir. Elle avait donc repris la main de Leia au creux de la sienne, s’y accrochant pour savourer toujours plus le bonheur et le calme que lui procurait son contact, sa présence. Le regard rivé sur leur fille qui déambulait devant elles, elle pouvait parfaitement sentir la contrariété chez son épouse rien que par le contact de leurs mains, et avant même qu’elle ne l’exprime, en soulignant une fois de plus les manquements flagrants de l’orphelinat. Takara ne pouvait que la croire sur parole, ce genre de structures n’ayant tout simplement pas d’existence établie, d’où elle venait.  Bien sûr, des structures similaires existaient mais les siths n’avaient jamais été concernées par le bien être des enfants qui y étaient admis, simplement parce qu’ils étaient tous keshiris, sans exception.

« Il est possible qu’il faille changer le fonctionnement de ces institutions, et trouver les raisons de ces manquements. » marmonna-t-elle en retour, incertaine, en essayant de trouver une raison qui pourrait la satisfaire.

Ce devait bien être ça, de toute façon. Si l’orphelinat ne manquait pas de mains d’œuvre, c’est qu’il ne devait pas manquer de financement non plus. Les seules raisons qui lui venaient à l’esprit étaient donc une très mauvaise gestion, un manque criant de considération pour les enfants qui s’y trouvaient, ou moins probable, qu’il s’agissait juste d’une façade bancale pour masquer des projets inavouables. La dernière hypothèse lui semblait bien improbable, au regard des deux autres.

« Ce qui me fait penser, » reprit aussitôt son épouse, comme si une idée venait soudainement ressurgir de ses pensées, « que le ministre Epas a terminé les nouveaux programmes éducatifs, il restera à valider le tout. Les références les plus controversées ont été supprimées et j’ai activé une surveillance également sur les professeurs particuliers. Le recrutement de l’un d’eux est commencé, pour Aylin également. Lorsqu’elle sera mieux prête, elle pourra être placée dans une école privée du Palais et entamer des relations sociales utiles. L’enfant que compte adopter Isobel pourra être un vecteur supplémentaire. Selon son tempérament, bien entendu. Ainsi que la manière dont elle le mettra à l’aise, les premiers temps. »

Takara opina vivement du chef. C’était là quelque chose d’essentiel, pour le moyen et le long terme. D’abord pour leur enfant, qui devait être élevée dans les meilleures conditions, et selon une psyché compatible avec la leur, mais aussi pour tout le reste de la population. Le plus grand obstacle à leur règne restait l’opposition plus ou moins passive d’une partie de la population qui, âgée, se retrouvait toujours plus dans les idéaux du vieux Bail. Ces gens là finiraient malgré tout par disparaître, bien sûr, mais il était impensable de les laisser transmettre leurs croyances et leurs idéaux à leurs enfants. Les nouvelles générations devaient être élevée avec l’idée qu’elles étaient immuables, essentielles à la poursuite de leur propre vie, que leurs décisions étaient nécessairement les bonnes. L’éducation de la jeunesse, son endoctrinement finalement, car il s’agissait bien de ça, était nécessaire. Obligatoire. Ce qu’elle avait commencé à faire au Palais, devrait s’étendre à toute la planète avec le temps, naturellement.

« Il le faut, en effet. » répondit-elle sur le sujet, avec une profonde conviction. Savoir qu’elle était parfaitement d’accord avec son épouse la rendait heureuse. «  Pour Isobel, elle fera le nécessaire, je m’en assurerais. »

Le sujet de leur première suivante était un point de détail anecdotique. Elle se conformait déjà parfaitement au moule qui était le sien, grâce à leur intervention, et finirait par être le parfait représentant, le parfait exemple de ce qu’elles espéraient obtenir de leur peuple. Une détermination sans faille, une volonté et une dévotion certaine. Oui, cette idée lui plaisait grandement.

« A ce sujet, j’ai commencé à parcourir de nouveau les fiches concernant les autres Familles, pour trier celles qui seraient le plus à même de nous être utile, celles dont nous pourrons influencer le jugement, pour qu’il puisse élever leurs enfants en l’absence des professeurs, dans les idéaux qui sont les nôtres. Mais j’aurais besoin de ton jugement, tu les connais bien mieux que quiconque, avant de m’en occuper, ou d’envoyer Isobel s’en charger, lorsqu’elle sera définitivement prête. »

Il fallait aussi toucher la noblesse directement, si elles voulaient régner sans partage, et avec l’aval de tous. Tant elles, que leur fille lorsque son moment viendrait. Il fallait pour cela changer leurs habitudes, influencer le cadre dans lequel ils élevaient leurs fils et leurs filles, en leur donnant ce petit coup de pouce donc certain manqueraient indubitablement. Comme elle avait pu le faire avec Isobel, finalement. Reconditionner leur façon de penser, subtilement, pour que leur évolution paraisse naturelle et n’élève pas trop de soupçons. Pour qu’ils élèvent leurs enfants de sorte qu’ils les respectent elles, mais aussi Aylin. Oui, cela lui semblait important. Nécessaire, même.

« Quels sont les principes éducatifs de ta propre enfance que tu souhaiterais inculquer ? »

La question arriva au moment où Aylin s’arrêta finalement, après plusieurs courbes, en tombant doucement sur ses fesses pour observer le ciel, visiblement éreintée par cet effort, somme toute maigre. Il était évident qu’il y avait eu des manquements, dans l’apprentissage de la motricité. Leia avait raison. Takara s’approcha, après avoir relâché la main de Leia, et rattrapa tendrement Aylin, qui s’était mise à la regarder, intriguée. Elle lui dit que tout irait bien, que ce n’était pas grave, et qu’elle finirait par pouvoir marcher comme elles, comme une grande. Takara jeta un bref regard vers son épouse, comme pour chercher son aval, avant de rependre leur route d’un pas lent, à travers les jardins, sur un chemin qui les ramèneraient nécessaire, à un moment, vers le palais.

« J’y ai tellement songé ces derniers jours que j’ai l’impression de ne pas le savoir moi-même. » commença-t-elle, un peu incertaine, en portant son regard sur la petite qui, dans ses bras, alternait entre l’observer elle, et Leia.

Il était difficile pour elle de transformer aisément la manière dont elle avait été éduquée, sur Kesh, à la réalité d’Alderaan. C’était si différent… Il y avait tant de différences, dans l’attitude, les coutumes, les comportements… Il restait des impératifs, pourtant… Pour le reste, elle verrait au tout venant, sans doute, comme l’avait sans doute fait ses parents.

« Lui apprendre l'autorité, et à rester forte, je dirais, comme nous, en tout état de cause. Lui apprendre à faire face à l’adversité, à ne compter que sur nous, et sur elle-même avant tout. Sensitive ou pas, il y aura forcément un moment où elle devra se débrouiller seule. Un moment où nous ne serons pas là, et où elle devra compter sur elle-même, et sur son peuple. » Elle sourit, en venant doucement gratouiller la joue d’Aylin. « C’est comme ça que tes grands-parents ont fait de ta maman la personne qu’elle est aujourd’hui. Tu feras de grandes choses, toi aussi. »

Puis elle jeta un nouveau regard vers Leia.

« Et toi ? »

Sa compagne alla récupérer leur petite, déjà fatiguée de cette petite course dans les jardins, bien que cela n’ait dû durer, en tout et pour tout, qu’une dizaine de minutes. Puis revint vers elle, commençant par une réponse assez vague, peu assurée. Leia eut un bref sourire, tout en s’engageant avec elles sur un autre chemin, en courbes douces, s’éloignant des grands parterres de fleurs pour aller sous la douce ombre des hauts arbres. Elles en avaient déjà discuté, mais entre la théorie et la réalité… Elles devaient prendre en compte les besoins particuliers de leur enfant, si elles voulaient avancer. Malgré tout, Leia ne se sentait pas inquiète. Depuis son jeune âge, elle avait intégré la maternité comme une donnée essentielle et obligatoire, pour la poursuite de leur lignée, où chaque nouveau membre de la famille devenait une composante importante, utile pour faire tourner les rouages du pouvoir, pour le bien de leur monde. Elles avaient, de plus, des mentors, des nourrices, des pédiatres, toute une équipe prête à apporter son expertise. Dans de telles conditions, il n’y avait nul besoin de stresser.

« Lui apprendre l'autorité, et à rester forte, je dirais, comme nous, en tout état de cause. Lui apprendre à faire face à l’adversité, à ne compter que sur nous, et sur elle-même avant tout. Sensitive ou pas, il y aura forcément un moment où elle devra se débrouiller seule. Un moment où nous ne serons pas là, et où elle devra compter sur elle-même, et sur son peuple. C’est comme ça que tes grands-parents ont fait de ta maman la personne qu’elle est aujourd’hui. Tu feras de grandes choses, toi aussi. Et toi ? »

« Les bonnes manières, les convenances sociales, la politesse et la manière de s’exprimer dès à présent, » commença-t-elle d’un ton songeur. « En plus des apprentissages basiques, élémentaires. Puis les premiers cours plus physiques, les arts martiaux, le tir… Les cours sur la diplomatie vers sept ans ou huit ans, la mise en pratique trois ans plus tard. Les premières missions seule à partir de quatorze ans, avec une petite équipe de gardes, bien entendu, pour sa protection. Et enfin, les missions officielles sur la planète, sans notre supervision, à l’âge de seize ans. »

Elle englobait plusieurs types de missions officielles, des plus simples, comme les cérémonies d’inauguration, aux plus complexes, comme traiter avec une famille Noble sur un sujet ou un autre. L’apprentissage devait se mener pas à pas. Lorsque leur enfant sera moins stressée et un peu plus en âge de parfaitement comprendre leurs attentes et exigences, ça sera plus simple. Aujourd’hui n’était pas encore le bon moment… Si petite, elle ne fixait pas très longtemps son attention et n’était pas encore en mesure de réaliser que l’on parlait d’elle. De son avenir. Elle s’endormait doucement dans les bras de son épouse, blottie contre elle, papillonnant des yeux.

« C’est l’une des suivantes qui m’avait d’abord appris, en secret, à combattre, » ajouta-t-elle avec un sourire. « Mon père adoptif estimait que ce n’était pas convenable, alors que les suivantes jugeaient cela on ne peut plus essentiel. Elles avaient parfaitement raison et il a fini par se faire à cette idée. C’est un chemin que notre fille pourra suivre, il est plus facile de faire ça avec quelqu’un d’assez proche de vous durant votre enfance, sans que ça ne soit un parent direct. Peut-être, pour les cours d’arts martiaux normaux, faire en sorte qu’elle ait un autre enfant à s’entraîner en même temps, pour qu’ils se stimulent mutuellement. »

Tout un programme éducatif, somme toute. Qui se lancera dès leur rentrée au Palais. La petite pouvait profiter de sa sieste tranquille, avant de poursuivre la découverte de sa nouvelle existence. Désormais, protégée et entourée, elle grandira pour devenir leur héritière et plus que tout, pour devenir à son tour une femme indépendante, capable de se débrouiller par elle-même et affronter tous les obstacles.

« Les bonnes manières, les convenances sociales, la politesse et la manière de s’exprimer dès à présent. En plus des apprentissages basiques, élémentaires. Puis les premiers cours plus physiques, les arts martiaux, le tir… Les cours sur la diplomatie vers sept ans ou huit ans, la mise en pratique trois ans plus tard. Les premières missions seule à partir de quatorze ans, avec une petite équipe de gardes, bien entendu, pour sa protection. Et enfin, les missions officielles sur la planète, sans notre supervision, à l’âge de seize ans. »

Tout en marchant côte à côte avec son épouse, Takara l’écoutait attentivement, hochant doucement la tête, à mesure qu’elle s’exprimait. Elles en avaient déjà parlé, avant cela, mais c’était différent, maintenant qu’Aylin était là, dans ses bras. Leia avait toujours su ce qu’elle voulait, et comptait faire concernant l’héritière. Elle, pour sa part, avait été plus hésitante, jusqu’à ces dernières semaines, où tout s’était fait plus clair. Leia était bien plus capable qu’elle de gérer et coordonner l’éducation de leur fille au protocole, à la diplomatie, les bonnes manières, tout ce qui ferait d’elle la souveraine qu’elles voulaient qu’elle soit. Takara comptait bien, pour sa part, s’assurer qu’Aylin soit à même de se défendre et de se battre. Au corps à corps, avec une arme… avec un sabre et la Force, s’il s’avérait que leur petite était sensitive. Elle vînt doucement lui caresser la tête, alors qu’elle semblait somnoler dans ses bras. Leia et elle devraient s’en assurer rapidement et en secret, avec un test. S’il s’avérait positif, il ne faudrait pas perdre de temps et commencer son apprentissage dès que possible. A cet âge, il était plus facile de les former, de les modeler.

Plus tôt elle pourrait être autonome et mieux ce serait. Il n’y avait aucuns problèmes à la mettre si jeune face à de telles responsabilité. Tout comme elle à son âge, Aylin ferait ses preuves et se montrerait utile. C’était important. Essentiel, même. Mais chaque chose en son temps, elle avait encore quelques années devant elle.

En l’état, Takara ne savait pas encore comment elle allait s’y prendre pour attirer son attention. Comme le reste, cela viendrait sans doute le moment venu. En attendant, leur petite s’était endormie, fatiguée par sa petite marche, épuisée aussi, peut-être, par ce dépaysement soudain. Au fond, elle ne pensait pas posséder un tel instinct. Peut-être agissait-elle encore par pure nécessité, ne voyant là qu’un jalon supplémentaire dans l’accomplissement de leurs plans. Elle n’en était plus très certaine, mais ce n’était pas bien grave. Takara posa son regard sur elle, blottie dans ses bras alors que, plus tôt, un simple regard de sa part semblait suffire à provoquer un malaise. A l’orée des arbres, la scène lui paraissait encore bien étrange. Bizarre. Etrangère. Mais parfaitement nécessaire. Une future normalité, qu’elle accepterait comme le reste. Qu’elle avait, en réalité, déjà accepté. Elle se surprenait presque, à gratouiller doucement Aylin à mesure qu’elles battaient lentement le pavé.

« C’est l’une des suivantes qui m’avait d’abord appris, en secret, à combattre. »

« Et elle a fait du bon travail. » répondit-elle, en souriant à son tour. Pour une suivante, en tout cas, pensa-t-elle aussitôt.

« Mon père adoptif estimait que ce n’était pas convenable, alors que les suivantes jugeaient cela on ne peut plus essentiel. Elles avaient parfaitement raison et il a fini par se faire à cette idée. »

Takara eut un très léger rire, à cela, assez bas pour ne pas réveiller leur petite. Pour sûr que toutes les suivantes du palais pensaient la même chose. Du moins, pour leur écrasante majorité. Il y avait la petite nouvelle, là, dont il allait falloir s’occuper. Isobel ne semblait guère l’apprécier. Si elle ne convenait pas, il serait facile de trouver quelqu’un d’autre.

« C’est un chemin que notre fille pourra suivre, il est plus facile de faire ça avec quelqu’un d’assez proche de vous durant votre enfance, sans que ça ne soit un parent direct. Peut-être, pour les cours d’arts martiaux normaux, faire en sorte qu’elle ait un autre enfant à s’entraîner en même temps, pour qu’ils se stimulent mutuellement. »

Oui, sans dire qu’elles n’auraient pas forcément le temps pour s’occuper d’elle au quotidien. Du moins pas en permanence, surtout si leurs projets étaient menés à bien. Il faudrait dans ce cas trouver quelqu’un de confiance, de parfaitement loyal et dévoué. Le contraire était impensable. Isobel avait bien d’autres choses à gérer pour pouvoir s’occuper de cela. Il y avait bien les autres, mais elle n’était pas certaine de pouvoir leur faire totalement confiance.

« Je n’ai jamais vraiment eu de confidente comme cela, dans mon enfance. Seulement des précepteurs méfiants, fébriles. Et ma mère, pour le début de ma formation martiale. »

Elle l’avait déjà dit à Leia. Son enfance n’avait pas été toute rose, encore moins facile. Son père avait toujours été clément. Un érudit qui s’intéressait au passé de leur peuple, et à la manière d’assurer sa survie avec le temps. Sa mère, en revanche, avait toujours attisé sa fierté, et sa combattivité.

« Peut-être l’enfant qu’Isobel, lorsqu’elle l’aura enfin adopter. C’est certain qu’elle l’éduquera de cette façon, elle aussi. Mais c’est un petit garçon. Si tu penses à une future confidente ou suivante, il faudra trouver quelqu’un d’autre. Tu as déjà quelqu’un en tête ? »

C’était là le souci, mais en attendant, c’était sans doute l’enfant qui causerait le moins de problèmes à l’avenir. Pour les autres, il faudrait faire attention à leurs parents, et s’assurer qu’ils n’ébruitent pas certaines choses, disons, confidentielles. Qu’Aylin soit sensitive ou non n’avait là que peu d’importance. Les enfants inspiraient confiance, on ne les pensait pas nécessairement capable d’écouter et de retenir tout ce qu’ils entendaient autour d’eux. Surtout lorsqu’ils étaient aussi jeunes. C’était sans doute vrai au début, mais ils se montraient plus attentifs à mesure qu’ils grandissaient. Non pas qu’elle ait une très grande expérience de tout cela, c’était simplement ce qu’elle avait entendu, ce que l’Intendance n’avait cessé de rappeler, encore et encore, avec insistance. De toute manière, Takara veillerait à sa sécurité, à sa manière. Le temps qu’elle puisse s’émanciper, et être utile.

Elle s’arrêta finalement, pour se tourner vers son épouse, un sourire aux lèvres, tout en berçant doucement Aylin.

« Tu veux la reprendre, maintenant qu’elle s’est endormie ? » finit-elle par demander, à la songeuse et malicieuse. « Ou bien rentrer maintenant ? »

« Je n’ai jamais vraiment eu de confidente comme cela, dans mon enfance. Seulement des précepteurs méfiants, fébriles. Et ma mère, pour le début de ma formation martiale. Peut-être l’enfant qu’Isobel, lorsqu’elle l’aura enfin adopter. C’est certain qu’elle l’éduquera de cette façon, elle aussi. Mais c’est un petit garçon. Si tu penses à une future confidente ou suivante, il faudra trouver quelqu’un d’autre. Tu as déjà quelqu’un en tête ? »

« C’est en réflexion. »

Une confidente, pas tant que cela, du moins, pas dès le début, mais une personne pouvant la former, certainement. Une personne qui deviendra, de toute façon, une figure de confiance pour leur fille. Une fille qui s’était finalement endormie dans les bras de son épouse. Elles rentrèrent tranquillement, en la portant, dans leurs appartements. La chambre était déjà prête à l’accueillir, bien entendu, sécurisée, pleine de jouets et de peluches, avec un petit lit adapté à sa taille, où elles la déposèrent. Voilà beaucoup d’émotions, en aussi peu de temps, pour une si petite fille… k Leia resta un moment à la regarder dormir, peinant encore à intégrer pleinement que ça y est, elles étaient mères, une toute une nouvelle responsabilité à assumer. Il y aura un temps d’adaptation et de confiance nécessaire, pour la petite comme pour elles… Reculant doucement, avec Takara, elle referma la porte en douceur, mais laissa une veilleuse. Au cas où la petite se sentirait effrayée par l’obscurité, dans un environnement encore totalement inconnu, à ses yeux.

Après la sieste, elles retrouvèrent leur petite pour une après-midi découverte, puis le bain. Quelques heures de tranquillité et d’un peu de jeu, où commencer à apprendre à se connaître. Jusqu’au soir, l’heure du coucher et de lire une première histoire à l’enfant. Elle ne tarda guère à s’endormir… Épuisée par tout ce qu’elle vu, vécut et entendu… Pour la première fois depuis leur installation dans ce palais, Takara et elle avaient enfin une soirée débutant très tôt, sans travail à accomplir, sans entraînements intensifs, sans problème à régler. Uniquement pour elles deux. Leia ne perdit donc pas plus de temps, laissant chaussures et attaches pour cheveux au loin, avant de filer avec son épouse dans leur chambre. Un long moment d’intimité, enfin, les attendait et elle comptait bien en profiter ! La chambre d’Aylin était suffisamment loin pour qu’elle ne les entende pas, serviteurs, gardes et suivantes n’étaient pas à proximité immédiate non plus, il était plus que temps d’en profiter…