Qu’est-ce qui venait réellement de se passer, là-haut, dans les sommets du Palais Impérial ?

Voilà une des nombreuses questions que la consort se posait encore alors qu’elle arpentait d’un pas vif le sol lisse de la plateforme d’atterrissage où était stationné leur vaisseau depuis leur arrivée, le regard en grande partie rivé sur son épouse, laquelle n’avait rien dit ou presque depuis qu’elles avaient quitté le lieu de la réunion quelques minutes plus tôt. C’était étrange, vu ce que l’Empereur avait révélé, puis exigé. D’ordinaire déjà la chose ne lui ressemblait pas vraiment. Sa compagne devrait pourtant être révulsé par l’idée de s’en prendre à père adoptif, qu’elle avait tout de même protégé en secret depuis son sacre, il y a de ça presque un an. Depuis un an qu’elle connaissait sa localisation, loin dans les montagnes qui surplombaient Aldéra, elle n’avait jamais pris le risque de le lui dire, à elle, sa plus proche confidente. Le fait de l’avoir appris par Isobel, d’ailleurs, avait laissé la chose en travers de la gorge de la rousse, qui avait étouffé ses sentiments pour ne pas bondir directement sur son épouse et lui demander le fin mot de cette histoire. La chose, quelques semaines plus tôt, ne lui avait pas semblé en valoir la peine.

La situation était bien différente désormais, et le comportement étrange de son épouse lui semblait être une raison suffisante pour mettre le sujet sur la table, avec les autres. Son attitude distante, parfaitement détachée, ne lui avait pas semblé naturelle. Pourquoi ne s’était-elle pas offusqué comme elle des accusations infondées de l’Empereur à son égard ? Au sujet de Vitiate, qu’elles n’avaient vu guère plus d’une heure sans qu’il ne tente quoi que ce soit contre elles, le Palais ou Aldéraan ? Du fait qu’une telle information ne pouvait venir que de Vader, un traitre ? Et puis d’où venait ce mélange de sentiments étranges qu’elle avait ressenti tout au long de l’entrevue, à son sujet ? Cette impression de contrôle parfait, couplé à la sensation d’une inquiétude profonde ?

Tant de questions lui venait subitement, sans que la consort ne comprenne vraiment pourquoi elles ne lui étaient pas venu auparavant. Encore maintenant, elle réalisait que quelque chose n’était pas normal, mais elle ne parvenait pas à comprendre quoi, ni pourquoi, ou même comment. Bien trop focalisée sur cette incohérence, ce fut à peine si elle salua la garde d’honneur et son assortiment de suivantes qui les attendait aux pieds du vaisseau. Comme en pilote automatique, absente, elle ne réalisa même pas qu’elle avait marché méthodiquement en compagnie de sa femme jusqu’à leurs appartements privatifs à bord, ni même d’avoir fait demander à l’équipage de les ramener sur Alderaan. Takara ne réalisa où elle était que lorsqu’elle entendit le chuintement caractéristique de la porte qui venait de se refermer derrière elle. Elle fit la moue pour se reprendre, clignant des yeux avant de reposer son regard sur son épouse, non loin.

« C’était quoi, ça ? » Les mots avait échappé ses lèvres, sans qu’elle ne parvienne à les retenir. Les bras légèrement à l’écart, dans une posture de totale incompréhension. Elle se pinça légèrement la lèvre, pour se reprendre une fois de plus, sans pour autant bougé de là où elle était.« Je peux savoir où tu étais, tout à l’heure ? Car tu ne semblais pas être avec moi. Avec nous. »

Elle leva presque la main, pour lui dire de la laisser finir, avant de parler.

A vrai dire, maintenant qu’elle y repensait, cela avait commencé avant même qu’elles n’entrent dans la chambre du trône. Son comportement avait changé du tout au tout juste avant, et la consort n’avait pas le souvenir d’avoir déjà vu ça chez sa femme auparavant. Pour sûr, elle avait l’habitude de masquer ses émotions et sensations, mais cette fois était bien différente de tout ce qu’elle avait connu. C’était comme si…

« C’est tout juste si tu as réagis lorsqu’il t’as accusé d’être possédé par Vitiate… Non, en fait tu n’as même rien dit, comme si tu cautionnais cette éventualité... » rajouta-t-elle, sa voix s’éteignant en arrivant sur la fin de son propos tant cela lui paraissait juste invraisemblable.

Elle inspira fortement, contrariée par cette idée. Non. Cela n’était même pas envisageable. Il n’avait rien tenté, et cela faisait presque un an qu’il était passé. Elle l’aurait senti, elle l’aurait vu s’il avait tenté quelque chose, entretemps. Puis elle soupira, comme pour chasser cette contrariété, sans réellement y parvenir. Elle n’avait d’ailleurs toujours pas bougé, le regard fixé sur son épouse, scrutateur, interrogateur. L’idée de se déchausser, ou de se mettre plus à l’aise ne l’avait même pas effleuré. Elle avait besoin de comprendre, de se rassurer. Qu’est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête, aujourd’hui, pour laisser l’Empereur déverser son venin sans rien dire ?

« Et concernant Bail Organa ? » lâcha-t-elle, cette fois-ci un peu plus ferme et amère, sans pouvoir masquer pour autant le fond de son inquiétude. « Tu m’avais clairement interdit de tenter quoi que ce soit contre lui. Pire, tu m’as même caché savoir où il se trouvait, si bien que je me suis ridiculisée en l’apprenant par Isobel ! »

Nouvelle inspiration, nouveau reniflement.

« Et maintenant… Maintenant tu approuves sans broncher de le livrer à l’Empereur pour qu’il soit exécuté ?! »

C’était une aberration, quelque chose qui la déstabilisait. Ce n’était pas normal. Pas du tout. Quelque chose n’allait pas, mais à chaque fois qu’elle essayait de chercher ce qui pouvait coincer, c’était comme si elle se perdait dans ses pensées, sans jamais arriver à son but. Elle devait se détendre. Elle devait…

Nouveau soupir. Elle avait besoin de laisser redescendre la pression, si possible… C’était limite si elle tenait encore en place. Elle avait besoin de bouger, de comprendre. Elle fit une moue, légère, pour se reprendre, avant d’envisager de faire un pas vers son épouse…

« Ecoute, j’ai confiance en toi. Je l’ai toujours eu, mais j’ai besoin que tu m’expliques ce qui te passes par la tête, aujourd’hui… »

La réunion s’était bien déroulée, mis à part quelques piques littérales, contrairement à ce à quoi elle s’était attendue. Mais à quoi s’était-elle attendue ? Elle n’avait pas vraiment la réponse à cette question, éprouvant le sentiment profond qu’il aurait pu se passer autre chose… Sans qu’elle ne définisse quoi. Elle se sentait un peu déçue, alors même qu’elle avait longuement prié pour que tout se passe pour le mieux et qu’elles rentrent en sécurité sur Alderaan. Bien qu’elle ne soit plus à un sentiment contradictoire près, celui-ci était l’un des plus gênants. En rentrant dans leurs appartements privatifs, elle commença par enlever doucement, puis mettre dans un petit coffre, bagues et bracelets qu’elle avait dû porter pour la réunion, en signe de statut social. L’esprit ailleurs. Ce ne fut pas la remarque soudaine de son épouse qui parvint réellement à la tirer de ce léger état de torpeur, quand bien même elle laissait tant échapper sa confusion. Elle ferma le coffre puis le déposa dans la malle devant être déchargée à leur arrivée au Palais. Des bijoux ou styles de vêtements qu’elle ne portait que lors des rencontres officielles, comme bien des reines avant elle.

De son côté, son épouse était toujours très troublée, de ce qu’elle en voyait. Si Leia comprenait qu’elle puisse se sentir bizarre, elle ne voyait, pour autant, où était le problème. Elles avaient assisté à un jeu politique et tout l’intérêt était de savoir conserver son sang-froid et agir sans se trahir, ni se mettre en danger. C’était ce qu’elle avait fait, s’abstenant de provoquer Palpatine ou de lui offrir sur un plateau d’argent des cartes à jouer contre elles ou Alderaan. S’énerver car l’Empereur était convaincu qu’elle était possédée n’aurait pas joué en sa faveur, de plus, cela aurait même pu attirer les mêmes soupçons contre Takara. Donc où était le problème ? Dans le flot agitant son esprit, se calmant à mesure que la pression retombait, elle se sentait de moins en moins agacée par les allégations de Darth Sidious. Ses croyances n’avaient aucune importance, à l’heure actuelle. Il n’avait pas même tenté de vérifier lui-même si de telles allégations étaient vraies. Il en avait pourtant le pouvoir et elle doutait que le fait d’être en pleine réunion l’aurait beaucoup dérangé. A moins, bien sûr, qu’il soit si convaincu que prendre la peine de s’en assurer n’avait aucune importance à ses yeux.

La question de Bail la tourmentait d’autant plus et cela, en revanche, Leia parvenait déjà mieux à la comprendre. Elle avait très longuement réfléchi à ce problème, partagée entre ses sentiments personnels, ses futurs projets et ce qui sera le mieux pour Alderaan. C’était un sujet délicat, assez compliqué, ce que devait bien sûr savoir l’Empereur. Il n’avait pas lâché un tel ordre par hasard. Cela dit, c’était une éventualité à laquelle elle avait dû songer de nombreuses fois. Ses sentiments avaient lentement changé, ces derniers mois, sans doute influencés par ce qu’elle avait dû vivre en tant que nouvelle reine. Peu à peu, ses émotions personnelles avaient été repoussées et étouffées par ses devoirs, leur ôtant une place qu’elles occupaient, jusqu’alors, d’une bien trop importante manière. Certes, il lui avait fallu du temps, mais le processus se dénouait peu à peu. Elle ne devait pas devenir comme son frère et laisser ses propres convictions prendre le dessus. Encore moins laisser ses sentiments la guider, ce qui serait une pure aberration. Ce serait la même faiblesse que son père ou son frère, incapables de réfléchir, incapables de prudence, incapables de patience.

« Ecoute, j’ai confiance en toi. Je l’ai toujours eu, mais j’ai besoin que tu m’expliques ce qui te passes par la tête, aujourd’hui… »

« Il n’était pas question de réagir à leurs soupçons, cela n’aurait pas suffi à les convaincre et ce qu’ils peuvent en penser n’a pas une grande importance aujourd’hui. Palpatine s’est simplement servi de cela pour déstabiliser, pousser un peu plus à la méfiance entre nous tous. Troubler les esprits. Mon seul but était de gérer la pression, le stress, se tenir prêt au cas où les choses auraient mal tourné, rien de plus. Alors bien sûr que j’ai pu avoir l’air ailleurs ou bizarre, nous n’étions pas en parfaite sécurité, chez nous. J’ai toujours agi de cette façon, lors de rencontres aussi dangereuses. C’est normal que tu ais jugé ça bizarre, je n’ai pas pour habitude de le faire sur Alderaan. »

Un sourire plus détendu se dessina sur ses lèvres avec ces dernières paroles. Désormais, alors que le vaisseau s’éloignait de Coruscant, elle pouvait permettre de se relâcher, dans sa posture, ses gestes, son attitude ou ses paroles. A ses yeux, il avait été parfaitement nécessaire de contrôler à l’extrême ses réactions ou ce qu’il y avait à répondre, peu importe à quel point on pourrait la trouver étrange, en comparaison de son comportement habituel. C’était littéralement la première fois que Takara la voyait en œuvre dans un tel environnement de serpents, il était logique qu’elle ait trouvé ça on ne peut plus étrange.

« Quant à Bail, » poursuivait-elle en s’asseyant dans un des fauteuils de la suite, « je ne cesse d’y réfléchir depuis notre accession au pouvoir. C’est un problème délicat. Il est évident que nous ne pouvons rien tenter nous-même, directement, contre lui. Pas sans détruire ce que nous avons pu instaurer jusque-là sur la planète. De plus, j’ai eu très longtemps des hésitations personnelles, par les liens restants. C’est ce qui a été le plus dur à raisonner… Mais je me suis rendue doucement compte que je ne pouvais pas me permettre de réagir comme le reste de ma famille. Ils raisonnent avec leurs émotions plutôt qu’avec leurs têtes. C’est toi qui avais raison, je ne peux pas me permettre de conserver un lien toxique, même si le couper est douloureux. »

Elle ne pouvait pas se permettre de terminer dans le même état que Vader… Peu importe ce qui pouvait arriver désormais.

« Le fait reste qu’on ne peut pas ouvertement s’en prendre à Bail. Néanmoins, si nous pouvons faire en sorte, officiellement, qu’il se fasse prendre « seul » ou que ce soit la garde impériale de la planète qui ait le fin mot de l’histoire… Là aussi, tu avais raison, je ne peux pas me permettre de laisser traîner les choses plus longtemps encore. Pour Alderaan et pour éviter des représailles de la part de l’Empire, alors que la planète est désarmée. »

Elle se pinça machinalement le nez, en voyant sa femme ainsi perdue dans ses pensées, vaquer à ces futiles occupations comme si elle l'ignorait. Elle ne s'en serait d'ordinaire guère offusquée, en se doutant que Leia écoutait et réfléchissait en silence comme elle le faisait souvent. Mais la situation n'avait rien d'ordinaire à ses yeux, pas alors que son épouse ne lui ait semblé s'être comportée de la sorte avant même le début de la réunion avec les autres siths. C'était sans doute le stress, ou plutôt l'angoisse d'avoir manqué quelque chose qui la rongeait ; mais elle ne parvenait pas à comprendre en quoi ;pourquoi. Il y avait cette intuition, cette sensation étrange qui ne la quittait pas, mais qu'elle restait incapable d’interpréter en l’état. Inquiète, donc, qu’il ait pu arriver quelque chose à son épouse sans qu’elle ne s’en rende compte, mais à la fois tiraillée par la conviction profonde que c'était impossible. Qu'elle s’en serait rendu compte, elle, ou quelqu’un d’autre.

« Il n’était pas question de réagir à leurs soupçons, cela n’aurait pas suffi à les convaincre et ce qu’ils peuvent en penser n’a pas une grande importance aujourd’hui. Palpatine s’est simplement servi de cela pour déstabiliser, pousser un peu plus à la méfiance entre nous tous. Troubler les esprits. Mon seul but était de gérer la pression, le stress, se tenir prêt au cas où les choses auraient mal tourné, rien de plus. Alors bien sûr que j’ai pu avoir l’air ailleurs ou bizarre, nous n’étions pas en parfaite sécurité, chez nous. J’ai toujours agi de cette façon, lors de rencontres aussi dangereuses. C’est normal que tu ais jugé ça bizarre, je n’ai pas pour habitude de le faire sur Alderaan. »

Campé sur ses talons, les mains ramenées devant elle l’une dans l’autre, elle accueillit le sourire de sa femme avec une grimace qu’elle tenta au mieux de masquer, sans réellement y parvenir pleinement. Il était pourtant difficile d’y résister, mais aujourd’hui la chose ne semblait que la contrarier, et aiguiser l’ambiguïté de ses sensations. Elle ne savait plus dire non plus s’il était vraiment sincère, ou forcé. Dans le fond, Leia n’avait pas totalement tort. Ne pas répondre aux accusations évitait de rajouter du grain à moudre dans la machine à complot. D’un autre côté, c’était aussi laisser libre court à toutes les rumeurs à ce sujet. Or, si les siths était déjà perdus pour la cause, il était impensable que de telles propos puissent se répandre dans les restes des rouages de l’Empire, ou pire, sur Alderaan. Elle secoua ensuite la tête, pour finir par l’incliner sur le côté, son regard se perdant un instant dans le vide. Ce n’était pas qu’une question d’habitude. Que ce soit sur Alderaan, ou ailleurs, elle comprenait le besoin de cacher son jeu, ce que l’on ressentait vraiment. C’était juste qu’elle n’avait jamais vu un tel niveau de maitrise chez elle. Elle ne l’avait pas non plus sentit aussi tendue et calme à la fois…

« Ce n’est pas ça… Pas ce que je voulais dire. Cela fait plusieurs fois que je te vois si… absente. Jamais à ce point, aussi longtemps mais… Je m’inquiète seulement qu'il puisse t’arriver quelque chose. »

La consort pensait notamment à leur discussion du soir, lorsqu’elles avaient décidé de régler le problème du fiancé d’Isobel. Elle ne l’avait pas vraiment relevé sur l’instant. Leia ayant dit mal se sentir, cela lui avait suffit. Désormais, avec l’anxiété, la chose revenait sans que la sith ne vienne se demander si la même chose ne lui arrivait pas à elle.

« Quant à Bail, je ne cesse d’y réfléchir depuis notre accession au pouvoir. C’est un problème délicat. Il est évident que nous ne pouvons rien tenter nous-même, directement, contre lui. Pas sans détruire ce que nous avons pu instaurer jusque-là sur la planète. De plus, j’ai eu très longtemps des hésitations personnelles, par les liens restants. C’est ce qui a été le plus dur à raisonner… Mais je me suis rendue doucement compte que je ne pouvais pas me permettre de réagir comme le reste de ma famille. Ils raisonnent avec leurs émotions plutôt qu’avec leurs têtes. C’est toi qui avais raison, je ne peux pas me permettre de conserver un lien toxique, même si le couper est douloureux. »

Takara redressa la tête et s’approcha un peu, d’un pas ou deux, alors que la corvette décollait. Face à elle, sa femme avait reprit des habitudes, ce qui la soulageait quelque peu. Leia lui semblait déjà plus vivante, et moins… sur autopilote. L’entendre parler de sa famille de cette manière, en admettant qu’elle avait eu tort de ne pas l’écouter réussit même à lui tirer un sourire aux lèvres. Cela la flattait, que de s’entendre dire qu’elle avait raison depuis le début à ce sujet. Il était temps que sa femme accepte de rompre ces derniers liens pourris.

« Le fait reste qu’on ne peut pas ouvertement s’en prendre à Bail. Néanmoins, si nous pouvons faire en sorte, officiellement, qu’il se fasse prendre « seul » ou que ce soit la garde impériale de la planète qui ait le fin mot de l’histoire… Là aussi, tu avais raison, je ne peux pas me permettre de laisser traîner les choses plus longtemps encore. Pour Alderaan et pour éviter des représailles de la part de l’Empire, alors que la planète est désarmée. »

Du reste, concernant Organa en lui-même, les propos de Leia rejoignait ceux qu’elle avait échangé avec Isobel avant de partir, lors de l’attaque terroriste lamentable qui avait détruit un des plus beaux musée d’Alderaan, et du Noyau. Le lieu où se cachait l’ancien vice-roi était bien trop vaste pour être entièrement quadrillé en une seule fois. Les entrées de grottes et galeries souterraines répertoriées dans la région étaient déjà trop nombreuses pour être toutes cernées. Si l’on rajoutait les zones non explorées, la mission devait tout bonnement impossible. Il faudrait resserrer l’étau, puis le forcer à sortir, pour commencer. Ensuite, elles pourraient voir comment impliquer uniquement les impériaux…

Takara finit tout de même par s’installer dans un des fauteuils, toujours sans avoir fait le moindre effort pour se déchausser ou retirer ses bijoux. Elle était toujours contrariée, mais un peu moins tendue. Si Leia était vraiment prête à passer ce cap, elle venait cependant d’avoir une idée...

« Ou bien des rebelles extrémistes pourraient s’acquitter de cette tâche pour nous, et s’assurer qu’il ne dérange plus jamais. Après l’attaque de la semaine dernière, la chose devient crédible. »

L’Empereur ne pourrait rien dire. Et le problème serait réglé. La sith soupira, passant une main presque tremblante dans ses cheveux, las. Elle regarda son bras un bref instant, pour chasser ce tremblement. Elle vait l’impression que tout ce qu’elle aurait dû ressentir lors de cette réunion lui venait subitement

« Par contre, changer les mentalités du peuple prend trop de temps. Les rebelles nous aident beaucoup malgré eux, mais ce n’est pas assez. Nous n’avons aucun moyen de défense si quelqu’un attaque. Nous pourrions commencer par trouver un moyen que les impériaux du secteur nous mangent dans la main, en attendant. Mais avec ce que les autres siths ont fait, cela semble difficile à envisager. »

Elle releva la tête, reposant son regard sur Leia, et tenta un sourire, encore un peu angoissée par ce qu'elle avait pensé voir.

« Es-tu vraiment certaine que tout va bien ?»

Pour le moment, Leia n’avait pas encore beaucoup d’idées sur la manière de s’en sortir avec le cas de son père adoptif, sans mettre Alderaan en danger au passage. Elles devront en discuter avec des personnes de confiance, pas simplement entre elles deux. Au calme, en prenant le temps de détailler tous les moyens possibles. C’était un sujet complexe… D’autant plus après l’attaque odieuse menée il y a si peu de temps. Une affaire qui en avait troublé beaucoup mais de manière très sélective. Entre ceux ne voyant pas l’intérêt de faire sauter un musée et jugeant les rebelles stupides ou incompétents, ceux outrés par le simple fait qu’un attentat ait lieu sur une planète pacifique, ceux qui s’en moquaient, ceux qui avaient surtout hurlé pour la perte d’un lieu culturel mais pas pour les personnes tuées avec lui, et ainsi de suite… Tout comme l’effet avait été très disparate suivant les lieux. La quais-totalité des habitants de Coruscant n’était même pas au courant, alors que Corellia avait déjà lancé une collecte de fonds en guise d’aide et soutien, pour équiper leurs nombreux musées de plus puissants systèmes de surveillance. Les autres mondes du Noyau s’en moquaient également, Alderaan n’étant pas une planète revenant souvent dans les diverses conversations.

« Par contre, changer les mentalités du peuple prend trop de temps. Les rebelles nous aident beaucoup malgré eux, mais ce n’est pas assez. Nous n’avons aucun moyen de défense si quelqu’un attaque. Nous pourrions commencer par trouver un moyen que les impériaux du secteur nous mangent dans la main, en attendant. Mais avec ce que les autres Sith ont fait, cela semble difficile à envisager. »

Peut-être pas tant que cela… Une bonne partie des officiers présents était plus heureuse d’être de garde sur leur planète qu’envoyé au cœur des combats, au tréfonds de la galaxie. Par exemple, au milieu de populations de plus en plus agressives, dans la Bordure. Des personnes assez ordinaires, c’est ce qui était le plus important. Ni trop avides de pouvoir, ni farouchement embrigadé dans la doctrine Tarkin ou ce genre de choses. Des hommes et femmes simples, certains avec une vie de famille tout à fait classique ou encore une carrière très classique dans la Flotte. S’ils avaient bien sûr entendu les horreurs sur Plagueis, elle doutait que tous soient assez informés sur la Force et les sensitifs pour les voir longtemps comme un ensemble de monstres sanguinaires. Seule la peur rendait les comportements irrationnels, or, c’était par la connaissance qu’ils pouvaient facilement restaurer la confiance. Elle ne comptait pas lancer de cours sur la Force, bien sûr, mais certaines démonstrations en direct pouvaient se révéler tout aussi efficaces.

« Es-tu vraiment certaine que tout va bien ? »

« Oui et non, » soupira-t-elle un peu. « Oui, car la population accepte mieux notre place au pouvoir, car ma vie personnelle se porte bien mieux à présent, car je n’ai plus aussi peur de la Force, car nous allons pouvoir agrandir la famille. Et non, car j’ai peur qu’il arrive d’autres drames sur la planète, que je sais qu’on ne pourra pas inciter la population à accepter les armes vite et facilement, car nous allons devoir gérer les problèmes qu’apporteront Palpatine et d’autres Sith avec lui. C’est ce qui me fatigue le plus, il y a trop de paramètres sur lesquels nous ne pouvons avoir aucun contrôle. J’ai l’impression que nous sommes en train de gravir une montagne immense et que le moindre petit caillou déplacé peut conduire à une avalanche. Ce qui s’est passé aujourd’hui a été un premier grand test et j’espère sincèrement avoir fait au mieux. »

Elle était fatiguée, c’est tout. Ces dernières semaines avaient été très longues et elle avait, en sus, un peu de mal à déléguer suffisamment certaines tâches. Sa santé s’en ressentait et c’était bien pour cela qu’elle souffrait parfois de migraines ou de sautes d’humeur.

« Dit ainsi, la tableau peut sembler pessimiste, pourtant, il y aussi eu pas mal de progrès. Je suis juste fatiguée. »

« Oui et non. »

Son sourire se transforma en un pincement de lèvre, léger. Son corps se tendit aussi, un peu. Qu’elle aille bien était, finalement, tout ce qui l’importait pour le moment. La situation sur Alderaan ; ce que pouvait bien pense les autres siths ; ce que les rebelles et les jedi pouvaient bien mijoter dans leurs coins ; tout cela n’était qu’accessoire en comparaison. Elle avait besoin de l’entendre. De s’en assurer. Encore maintenant, il était clair que sans Leia, toute cette galaxie, cette temporalité l’importerait peu. C’était avec son épouse, et personne d’autre, qu’elle souhaitait régner et inscrire son nom dans l’histoire. Elle ne savait pas comment mettre des mots sur son comportement lors de la réunion, mais ce qu’elle pensait y avoir perçu n’était pas vraiment sa Leia. Bien sûr, elle comprenait la nécessité de masquer ses émotions et de masquer entièrement leurs objectifs communs pour ne pas donner de grains à moudre à leurs ennemis. Des deux, dans ces conditions, elle avait toujours été celle qui exprimait ses réserves ou objectait mesurément. Cela avait été le cas lors de la visite de Vitiate, ou encore lors de leurs déplacements communs, comme sur Chandrila. Elle ne s’était jamais entendue clairement sur cela, mais c’est ainsi que les choses se déroulaient à chaque fois. Peut-être Leia espérait-elle que sa femme ne dise rien du tout, mais elle ne lui avait jamais fait savoir.

« Oui, car la population accepte mieux notre place au pouvoir, car ma vie personnelle se porte bien mieux à présent, car je n’ai plus aussi peur de la Force, car nous allons pouvoir agrandir la famille. Et non, car j’ai peur qu’il arrive d’autres drames sur la planète, que je sais qu’on ne pourra pas inciter la population à accepter les armes vite et facilement, car nous allons devoir gérer les problèmes qu’apporteront Palpatine et d’autres Sith avec lui. C’est ce qui me fatigue le plus, il y a trop de paramètres sur lesquels nous ne pouvons avoir aucun contrôle. J’ai l’impression que nous sommes en train de gravir une montagne immense et que le moindre petit caillou déplacé peut conduire à une avalanche. Ce qui s’est passé aujourd’hui a été un premier grand test et j’espère sincèrement avoir fait au mieux. »

Le sourire revînt un temps sur les lèvres de Takara. Il était toujours plaisant de s’entendre dire cela. Il était vrai, aussi, que sa femme avait fait d’énormes progrès, à ses côtés. Elle n’avait effectivement plus aussi peur de la Force, au point de proposer elle-même de pousser son entrainement plus loin, quand le temps le permettait. Il y avait aussi l’arrivée, bientôt, de la future princesse. Les préparatifs étaient déjà en cours. Takara, encore incertaine à cette idée il y a peu, s’y habituait. Elle ne se voyait absolument pas mère, et ne voyait pas du tout comment s’occuper d’un enfant. Cela l’avait longtemps effrayé, mais elle avait fini par relativiser tout cela. Comme elle l’avait suggéré à Isobel quelques temps plus tôt, il y aurait tout un Palais prêt à s’occuper d’elle. Ce qui importait dans tout cela, finalement, c’était que l’image de leur famille continuerait de s’améliorer, et que leur emprise sur Alderaan, sa société comme son peuple, en serait renforcée.

Pour le reste, la reine consort partageait les inquiétudes de son épouse. En partie seulement. Bien sûr, d’autres drames allaient frapper Alderaan à l’avenir. C’était un fait, et elles devaient s’y préparer. Il fallait tout de même relativiser, après ce qui s’était passé à la capitale. L’attaque qu’elle avait subie n’avait fait que renforcer les sentiments déjà présents en chacun, tout en faisant changer d’opinion les plus indécis, principalement dans leur sens. Frapper au cœur de ce qu’était la société Alderaaniie ne pouvait qu’en révulser ses habitants. Cela prendrait peut-être du temps, mais ils finiraient tous l’un après l’autre par admettre qu’il fallait que la planète prenne pleinement son destin en main, quitte à sacrifier certains de leurs idéaux. Tout ce qu’elles avaient à faire, c’était d’attiser ce feu naissant, peu à peu, pour s’assurer qu’il prenne dans le temps. Il y aurait toujours des fortes têtes, il y en avait toujours eu, dans n’importe quelle société. Il suffisait seulement d’être patientes avec eux, leur situation serait réglée en temps voulu.

Finalement, ce principe pouvait s’appliquer à tout le reste, avec un peu d’ajustements. Palpatine et les autres siths restaient la menace la plus immédiate. Qui sait ce qui pourrait bien leur passer par la tête, à tout moment ? C’était finalement ce qui l’inquiétait le plus, que Palpatine puisse agir sur la base de ses convictions infondées. Leia n’était pas possédée. Elle avait été bête d’avoir pu douter une seule seconde que sa femme ait pu être une tout autre personne il y a encore quelques instants. Elles auraient dû appuyer sur ce fait, elle en restait convaincue. Mais peut-être que ce qu’elle avait dit restait suffisant, et que les autres siths n’étaient pas assez bête pour croire la parole d’un homme prêt à tout pour rester au pouvoir, et qui s’appliquait au mieux depuis tout ce temps à diviser pour mieux régner.

« Dit ainsi, la tableau peut sembler pessimiste, pourtant, il y aussi eu pas mal de progrès. Je suis juste fatiguée. »

Takara finit par se lever à nouveau, au même moment, pour s’approcher de son épouse, un sourire toujours aux coins des lèvres. Leia travaillait tant, et déléguait si peu. Qu’elle soit fatiguée ne représentait en rien une surprise. Elle l’avait remarqué depuis un moment, déjà. Elle finissait tard. Elle dormait peu.

Elle se saisit doucement de ses mains, chaleureusement, et dû baisser la tête pour la regarder droit dans les yeux. Elle était déjà plus grande que son épouse, les talons ne faisaient qu’accentuer cette figure.

« Il n’y a pas à rougir de ce qui a déjà été accompli, Leia. Le temps nous dira si nous avons bien agi, aujourd’hui. Je sais que tout cela te tient très à cœur, mais beaucoup de travail nous attend encore. Il faut que tu commences à déléguer tout ce qui n’est pas essentiel. Tu ne peux pas tout faire toute seule. » Elle élargit son sourire, et referma un peu plus ses mains autour de celles de son épouse. « Tu le sais déjà, je suis aussi là pour ça. D’autres, également, une fois que nous les aurons modelés à notre image. Tout ira bien, tu verras. »

Elle fit une pause, brève, dégageant une main pour remonter le bras de son épouse jusqu'à son épaule, gardant l'autre main liée à la sienne.

«J’étais inquiète, oui, mais j’ai confiance en toi. Palpatine ; les jedis et les siths ; les rebelles… Nous affronterons tout cela. Il faut continuer à aller de l’avant. »

Leia comprenait assez mal, de son côté, comment sa femme parvenait à demeurer si sereine et souriante, dans des circonstances pareilles… Pour sa part, elle n’avait pas la moindre envie de sourire. Cette réunion l’avait fortement ébranlée, même si elle faisait de son mieux pour ne pas le montrer et ne pas se laisser dépasser. C’était la première fois qu’elle se retrouvait entourée d’autant de personnes aussi dangereuses à la fois et elle avait vraiment pensé qu’il allait se passer quelque chose de grave. Par exemple, qu’un des leurs allait vouloir attaquer l’Empereur, là, directement et bêtement, avant de provoquer un chaos immense. Alderaan était bien trop proche, géographiquement parlant, de Coruscant pour que tout se passe bien, si c’était arrivé. Elle ne commençait qu’à peine à mieux respirer, maintenant qu’elles s’éloignaient de la capitale sans que rien d’aussi grave ne soit survenu. Takara, elle, lui serrait les mains et souriait comme si de rien n’était, comme si elle avait passé l’un des moments les plus agréables de son existence. Était-elle tant que ça habituée ou bien était-ce juste elle qui n’arrivait toujours pas à s’y faire ?

« Il n’y a pas à rougir de ce qui a déjà été accompli, Leia. Le temps nous dira si nous avons bien agi, aujourd’hui. Je sais que tout cela te tient très à cœur, mais beaucoup de travail nous attend encore. Il faut que tu commences à déléguer tout ce qui n’est pas essentiel. Tu ne peux pas tout faire toute seule. Tu le sais déjà, je suis aussi là pour ça. D’autres, également, une fois que nous les aurons modelés à notre image. Tout ira bien, tu verras. »

Peut-être… De toute manière, elles ne pouvaient pas prédire l’avenir avec exactitude. Quant à déléguer, elle savait bien qu’elle ne le faisait pas assez et qu’il y avait pourtant bien des sujets qu’elle pourrait laisser soit à ses ministres, soit à des consultants et conseillers. Les journées étaient toutes très chargées et les entraînements réguliers à la pratique de la Force n’avaient fait qu’accentuer le phénomène. Des personnes « modelées à leur image », c’était en cours, oui, mais avec si peu… Elles avaient gagné la confiance et le cœur de certains, oui. D’autres étaient loyaux simplement par leur statut. Son épouse avait même mis en place une méthode plus radicale, avec sa suivante attitrée. Tout cela pouvait-il suffire ? En tout cas, Takara était plus optimiste qu’elle, bien plus. On pourrait lui répondre que ce n’était pas très difficile, cela dit. Leia soupira un peu puis se laissa reposer contre elle, la tête sur l’épaule. Laisser retomber la pression n’était jamais une mince affaire, elle n’y parvenait que rarement. Même autrefois, alors qu’elle faisait encore partie du mouvement rebelle.

« J’essayerai de plus déléguer. Et puis, il le faudra bien, de toute façon, avec l’arrivée de la petite et son éducation à faire. »

Elle referma les yeux, blottie dans les bras de son épouse et faisant tout son possible pour se détendre un maximum. Elles verront bien, oui… Le danger le plus immédiat était écarté, pour le moment. Elle avait hâte de rentrer sur Alderaan et de pouvoir s’occuper d’affaires plus légères et personnelles, tout aussi importantes. L’arrivée de leur fille était une grande étape, à la fois pour leur couple et pour leur monde, ils ne pouvaient laisser les choses ainsi, sans héritier.

Il suffisait de s’ouvrir un tout petit peu pour se rendre compte que sa femme était loin d’être aussi sereine qu’elle en avait l’air. Takara restait bien au contraire assez contrariée, et partagée par ce qui venait de se passer sur Coruscant. Certes, l’Empereur n’avait rien tenté de direct envers elles et les autres siths s’étaient contentés, pour la majorité d’entre eux, de rester particulièrement silencieux, voire amorphes. Il serait cependant naïf ou inconscient de croire que les propos lancés par Sidious puissent être de simples paroles sans conséquences. Bien que la consort ne comprenne guère pourquoi, hormis la pure paranoïa, ses accusations semblaient bien basées sur une conviction profonde. Pire encore, il était parvenu à la faire douter elle, qui avait une confiance aveugle en son épouse. Non pas par ses simples propos sortis des méandres de son imagination, mais bien par le comportement soudainement inattendu de sa compagne et les sensations étranges qu’elle avait eu au cours de la réunion. Elle essayait de se rassurer donc, en s’accrochant à la maigre explication de Leia. Comme quoi elle n’avait fait que tenir un rôle de façade, pour ne pas laisser passer le moindre signe de faiblesse qui pourrait ensuite être exploité par d’autres.

Takara comprenait cela, et son épouse semblait alors si certaine d’elle-même sur ce point qu’elle devait forcément avoir raison. Pour le reste, il fallait rester optimiste malgré tout. L’Empereur ne pouvait plus s’en prendre à Alderaan comme il avait pu le faire avec d’autres mondes par le passé. L’action militaire directe ne semblait plus être une option aussi viable qu’elle aurait pu l’être l’année précédente. Il restait les actes subversifs, mais jusqu’à présent les effets des récentes attaques sur la planète allaient plutôt dans leur sens à elles. Il restait cependant beaucoup de travail à faire pour espérer changer dans leur sens l’opinion de la population sur leur monde de façon pérenne. Il faudrait être vigilantes à ce que les choses ne tournent pas subitement à leur désavantage à l’avenir.

Son épouse finit par venir se poser contre elle et Takara libéra une de ses mains pour venir l’enlacer tendrement dans le dos. Voilà, comme ça. Il fallait qu’elle se détende un peu, même si cela n’avait jamais vraiment été son fort. Ce n’était pas vraiment le sien non plus, par ailleurs. Il lui arrivait encore de devoir refouler son agacement lorsque les choses n’allaient pas assez vite, ou lorsqu’elle se sentait mise à l’écart de certaines décisions.

« J’essayerai de plus déléguer. Et puis, il le faudra bien, de toute façon, avec l’arrivée de la petite et son éducation à faire. »

Il y avait cela, aussi, effectivement. Takara accepta un peu plus la présence de sa femme contre elle, alors qu’au-même moment l’officier de bord venait annoncer à l’intercom général qu’ils venaient enfin de quitter le trafic chargé de Coruscant et son orbite, pour signaler qu’ils arriveraient sur Alderaan dans l’heure. Il était vrai que le voyage entre la capitale de l’Empire et leur monde ne demandait que peu de temps.

Elle n’était toujours pas parfaitement convaincue que le moment fût le bon pour venir agrandir leur famille. Les menaces étaient toujours là, à roder au-dessus de leurs têtes. L’attentat récent contre sa personne illustrait bien le danger qui allait entourer leur fille. Cela restait important, et une part d’elle avait envie de voir la chose se concrétiser. Elle n’avait strictement aucune expérience avec les enfants. Elle ne les aimait pas vraiment non plus. C’était elle, pourtant, qui avait dit à Leia qu’il était temps.

« Il va falloir rester vigilantes. Elle va devenir une cible. Pour Sidious, l’Empire, les Rebelles… Même les jedis. Et nous ne pourrons pas être présentes en permanence pour la protéger. »

Takara n’avait même pas évoqué les dangers de la pègre et des cartels. Leur fille, jeune princesse, représentait une belle prise pour faire du chantage, ou tout autre chose. Bien sûr, le palais serait là pour veiller sur elle, mais serait-ce vraiment le cas ? Isobel serait là, bien sûr, mais elle ne pouvait pas tout faire toute seule. Elles allaient avoir besoin de plus de personnel de confiance. Que ce soit dans le palais lui-même ou en dehors. La consort baissa finalement la tête, pour laisser reposer sa joue contre le front de son épouse, avant de venir doucement lui relever le menton d’une main, pour venir déposer un doux baiser sur son front. Avant de lui murmurer :

« Nous allons devoir commencer à agir plus directement sur le reste du personnel. Ce sera un bon moyen pour toi de parfaire ta maitrise de la Force. Nous allons en avoir besoin. Tout comme nous allons avoir besoin d’alliés. »

Elle marqua une pause, caressant doucement la joue de son épouse.

« Il est peut-être aussi temps que je rende sur Kesh, pour voir si mon peuple est toujours là. Et voir si certains d’entre eux pourraient nous être utiles sur Alderaan. Ou ailleurs… »

Elle n’avait pas l’intention de débarquer sur leur monde en écartant les bras telle une déesse revenant devant son troupeau pour leur donner la bonne parole. Cela ne fonctionnerait pas. Elle ne comptait d’ailleurs pas interférer avec son peuple, si ce dernier était bien toujours en vie. Il était d’abord nécessaire de s’assurer que la voie qu’ils suivaient depuis tout ce temps n’avait pas changer de cap, et si certains d’entre eux seraient assez… réceptifs, et avec l'esprit assez ouvert pour pouvoir leur être utile. Sur Kesh, ou en dehors.