De l’eau avait coulé sous les ponts, depuis son départ de l’Ordre. Un temps qu’il avait su mettre à profit pour se réorganiser mais aussi pour préparer certains de ses projets. Peu, cela dit, bien plus, car il n’attendait plus guère grand-chose de cette nouvelle existence, hormis les sujets ne cessant de hanter son esprit. Grimpant comme des obsessions, en son âme, plus fortement que jamais. Sa première destination l’avait emmené sur le petit monde de Salakof, une planète où il avait passé plusieurs mois, durant sa première vie, afin d’y régler une longue et délicate affaire politique. Pour y retrouver les politiciens, jeunes à l’époque, qu’il avait ou manipuler, ou pousser dans certaines voies, ou accompagner plus simplement dans le nid de crabes de ce temps. Des esprits simples qu’il savait lui être redevable et qu’il avait su, plus que tout, effrayer par son simple retour à la vie. Leur prouver qui il était n’était pas une tâche très ardue, tout comme les « convaincre » de lui prêter assistance.

Utiliser d’autres personnes de cette manière ne pouvait guère lui poser de soucis de conscience, désormais. Moins encore qu’auparavant. Qu’étaient tous ces faibles gens, sinon des pions malléables à loisir ? Il avait besoin d’un vaisseau, d’un petit équipage, avant de s’engager vers sa destination finale. L’Ordre Jedi, la guerre, les rebelles, les failles… Pour le moment, tout cela était relégué bien loin derrière lui, alors qu’il s’engageait sur une toute autre route. Ce même chemin emprunté il y a si longtemps, dans un but très différent. Le voyage était long mais ce n’était en rien gênant… Il en profita pour méditer, s’entraîner, réfléchir. Sans jamais user du moindre effort pour repousser ses obsessions. La possibilité de dériver vers le côté obscur ne le troublait pas. Si cela devait arriver, soit, quelle importance ? La lumière et l’obscurité n’étaient rien d’autre que des phases, sans intérêt.

Une fois parvenu aux frontières d’autrefois et la nouvelle direction prise, Jorus se plongea dans une nouvelle forme de méditation. Autrefois, sans en avertir l’Ordre bien sûr, il avait secrètement lié l’esprit de son apprentie au sien, afin d’être mieux en mesure de suivre son évolution mentale et s’assurer qu’elle empruntait bien le chemin de la grandeur. Le seul valable à ses yeux et le seul qu’il devait lui enseigner. Il l’avait fait pour son bien, pour la soutenir, car elle avait à cette époque beaucoup de mal à cesser de considérer les êtres faibles comme égaux à elle. Ce lien n’était pas entièrement rompu… Il avait su qu’elle avait été agressée, il l’avait vue. Aujourd’hui, il s’en servait pour se rapprocher peu à peu d’elle, retrouver sa trace. Le vaisseau s’arrêtait régulièrement, tandis qu’il se concentrait pour dérouler lentement le fil. Une recherche qu’il ne pourrait mener ainsi avec personne d’autre… Elle était la seule qu’il pouvait traquer de cette manière.

Monsieur ?

Jorus rouvrit doucement les yeux, assis en tailleur, en quittant sa méditation. Le vaisseau était de nouveau à l’arrêt, pour lui permettre une recherche plus aisé. Un des hommes d’équipage était venu l’interrompre.

Que se passe-t-il ?

Un vaisseau de patrouille de ce peuple s’est présenté.

Tiens donc. Jorus ne s’était pas encore préoccupé d’eux, entièrement focalisé sur la recherche de sa petite apprentie. Mais il est vrai qu’il fallait également se soucier de ce détail. Très bien, voyons cela.

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Dé combat, 2, dé maître Jedi, 2

Zosh'evean'azze n'aimait pas la situation actuelle au sein de l'Ascendance. Il y avait tout d'abord cet humain que l'amiral Ar'alani avait pris dans son équipage, une première dans toute l'histoire de la Flotte de Défense. Introduire des non-chiss dans l'organisme le plus important de l'Ascendance après le conseil des Familles était une aberration selon lui. Cela avait d'ailleurs été suivi par le clan Mitth, qui avait carrément adopté une humaine, mariée à une chiss en plus. Que celle-ci se fasse attaquer derrière était bien la preuve qu'intégrer des non-chiss dans la société n'était pas une bonne chose, que cela ne pouvait que créer des troubles ! Il était heureux que ces non-chiss ne soient pas mêlés au scandale parcourant le clan Chaf, en plus. Il eut un regard vers le jeune Chaf'usui'wan, en se demandant si cela n'était pas le signe de la chute de son clan, qui pourrait à terme se faire virer du conseil des familles, ce qui se traduira par une période d'instabilité le temps qu'un nouvel équilibre s'y installe. Il avait déjà vécu cela une fois, dans sa toute jeunesse, il y a quatre-vingt-onze ans, quand il était cadet au sein de l'école militaire.

Maintenant, on leur demandait de surveiller des mondes non-chiss et de signaler la présence de toute créature étrange, vaporeuse. Il avait essayé d'en savoir plus mais aucune description fiable ne lui avait été fournie. Zosh'evean'azze avait juste appris que c'était des créatures potentiellement dangereuse... mais Sheveana ne comprenait pas en quoi cela regardait l'ascendance. Après tout, aucun de ces êtres n'avaient été retrouvé sur un monde chiss, alors pourquoi devait-on enquêter dessus ? Le rôle de la flotte de Defense, comme d'Expansion, était de protéger les chiss, pas les autres peuplades ! Et, d'ailleurs, Zosh'evean'azze pensait que l'amiral Ar'alani travaillait trop avec Mitth'raw'nuruodo, et que les chefs de la Flotte comme le conseil des familles étaient trop coulant avec elle. Oh, certes, elle était l'une des meilleures stratèges de la Flotte, et deviendra surement amiral en chef à son tour, un jour, mais quand même !

Mais Zosh'evean'azze savait qu'il ne pouvait rien y faire. Il se contentait de diriger ce croiseur, le mieux qu'il puisse espérer avoir au vu de ses compétences, et de patrouiller le long des frontières de l'Ascendance, refoulant les rares individus assez stupides pour tenter d'entrer, et détruisant les agressifs grâce à la supériorité de l'entraînement des chiss et de leur matériel supérieur technologiquement. Là, il attendait que leur jeune ozyly-esehembo, plus communément appelée sky-walker, se repose de leur dernier saut, pour surveiller les informations de ce système extérieur à l'Ascendance mais proche des frontières malgré tout, lorsque le responsable des senseurs lui averti avoir repéré un vaisseau inconnu, venant de sortir d'hyperespace. Sheveana n'aurait pas réagit et aurait laissé passer cet appareil mais les ordres reçus. Il grogna discrètement mais, en bon chiss, il tourna la tête vers l'opérateur responsable des communications. Un ordre et un ordre, et si cela peut encourager un inconnu à ne pas s'avancer plus près des frontières chiss, c'est un plus.

"Ouvrez un canal vers ce vaisseau !"

Il attendit un instant puis, sur un signe de tête de l'opérateur, il se tourna vers la caméra holographique de bord, attendant de voir l'image d'un interlocuteur apparaître.

"Ici le capitaine Zosh'evean'azze de la Flotte d'Expansion de l'Ascendance chiss. Veuillez vous identifier et nous donner les raisons de votre présence ici."

Il s'exprimait en minnisiat, la langue commerciale la plus pratiquée dans les Régions Inconnues. Mais il n'eut pas de réponse, ce qui lui fit hausser un sourcil. Il n'était pas courant qu'on refuse de lui répondre ! Cela pouvait être perçu par un affront, et ça l'était en vrai, et la réputation des chiss devait suffire à convaincre les gens de ne pas chercher à les insulter. Son second, le jeune Chaf'usui'wan lui signala alors que l'ordinateur ne reconnaissait pas ce modèle de vaisseau. Zosh'evean'azze regarda les données lui-même et fut un peu surpris de ne pas reconnaître ni le type ni l'architecture de cet appareil. Il grogna encore.

"Espérons qu'il ne vienne pas de cet empire humain, à la recherche de la planète où Thrawn s'est installé." Il soupira et se repris un peu, rouvrant le canal de discussion, s'adressant en sy bisti, une autre langue fréquemment utilisée, même si c'était plus loin dans la galaxie, dans des mondes plus proches de cet empire. "Ici le capitaine Zosh'evean'azze, de la flotte d'Expansion de l'Ascendance chiss. Veuillez indiquer qui vous êtes et la raison de votre présence ici."

Ici le capitaine Zosh'evean'azze, de la flotte d'Expansion de l'Ascendance chiss. Veuillez indiquer qui vous êtes et la raison de votre présence ici.

De tous les endroits possibles dans cette si vaste galaxie, Jorus ne pouvait toujours comprendre pourquoi son apprentie avait choisi de venir ici. Même avec le fait qu’elle avait épousé ce rat immonde, elle aurait pu s’installer sur une toute autre planète. Au lieu de cela, elle s’était laissée convaincre de se faire enfermer chez ces êtres purement infects et sans valeur morale. Il en voulait également à Obi-Wan, qui s’était si stupidement paré en rempart pour l’empêcher de convaincre Lorana, avant son départ, de renoncer à cette folie. Cet imbécile profond avait tout fait pour empêcher une discussion sérieuse et si nécessaire, entre elle et lui ! Il le tenait tout autant pour responsable que le rat bleu. Un vil manipulateur, incapable d’agir comme un maître digne de ce nom, compliquant la vie de tous et se comportant comme un simple despote.

Je me nomme Jorus C’Baoth, indiqua-t-il, tout en s’installant tranquillement dans le fauteuil, près du poste de communications. En voyage dans cette région dans l’espoir d’y récupérer et ramener chez elle mon apprentie., qui se trouve malheureusement chez vous. Une Humaine, vous êtes forcément au courant. Croyez bien que je regrette profondément de ne pas avoir pu empêcher son arrivée ici, tout court.

Il ne comptait pas s’en cacher. A quoi bon ? Que ça leur plaise ou non, il restait inadmissible qu’un tel mariage ait pu avoir lieu ! Que certains autres espèces se marient entre elles, soit, il n’en avait cure, mais ici, cela touchait non seulement son élève mais aussi et surtout celui qui avait contribué à l’échec de son plus grand projet. Qu’il ait été mêlé indirectement à cela, Jorus s’en moquait. Il n’avait aucune intention de dissimuler son dégoût contre ce mariage, encore moins contre l’aberration qui était venue au monde peu de temps après. Une fillette dont il se fichait bien du sort. Qu’elle meure ici ou dans le froid de l’espace ne lui tirera pas une larme, tant qu’elle était enfin arrachée des bras de sa mère et jetée aux ordures. Ce parasite ne méritait pas de vivre, ce n’était qu’une simple erreur de la nature.

Je dois la contacter, poursuivit-il presque aussitôt, afin de la convaincre de rentrer. Ce mariage n’aurait jamais dû avoir lieu, c’est une simple aberration. Ils ont de plus fait un enfant, ce qui est pire que tout. Gardez-le si vous en voulez mais nous devons récupérer sa mère. J’ai été son mentor durant des années, je ne puis laisser passer ça.

Il doutait, hélas, fortement de trouver une personne raisonnable, dans ce peuple, comprenant sans la moindre difficulté la situation désastreuse et contre-nature sur laquelle il devait agir… S’ils refusaient d’entendre raison, il cherchera et trouvera un moyen d’atteindre son apprentie quoi qu’il en soit. Lui faire comprendre son erreur, réaliser qu’elle devait laisser dans ces parages son mari et l’immondice qui était sortie de son ventre.

Je comprend votre position, Jorus C'Baoth. Hélas, mes instructions m'interdisent d'ouvrir un canal de communication avec l'Ascendance chiss, afin d'éviter que vous n'utilisez cela pour en découvrir l'emplacement exact. Je ne peux, de même, vous permettre d'avancer davantage. Toutefois, je peux vous confier les coordonnées de la base des FID. Mitth'raw'nuruodo pourra vous aider à rejoindre notre capitale. D'ailleurs, il pourra plus facilement vous mettre en rapport avec Mitth'lorana'safis, vu qu'il s'agit de sa belle-sœur.

Je le sais bien, que c’est sa belle-sœur,  grogna-t-il assez sèchement. Tout le fond du problème est là ! Ce p…

Il s’interrompit, pour prendre une légère inspiration et se détendre quelque peu, ne pas simplement partir dans une longue litanie d’insultes. Patience, patience, patience… Il devait demeurer patient… Parfaitement conscient que ce sera sans nul doute un effort vain, il n’était pas venu ici pour faire la guerre. Du moins, pas encore. Néanmoins, essayer était de son devoir. Revoir le crétin bleu pour cela ne pouvait que faire raviver sa colère et son pur dégoût. Le seul fait que ça oit le frère du rat bleu aurait dû suffire à son apprentie pour ne pas s’engager dans ce mariage et encore moins y avoir un enfant ! Comment avait-elle pu se lier à cette famille ?! Il avait tant de peine à maîtriser sa colère, tant de peine à ne pas hurler de dégoût, tant de peine à ne pas vomir, en sachant que son apprentie avait accouché d’un parasite métis.

Quant à pouvoir aider, lui, ricana-t-il,  vous êtes sérieux en lâchant ça ? Il n’a rien fait pour les empêcher de partir ici. Ni pour convaincre Lorana d’avorter. Il n’aidera en rien à la contacter, ne serait-ce que ça, vous pouvez en être sûr. Si vous ne pouvez rien faire de plus, vous pouvez être à la fois certains qu’elle accouchera d’autres horreurs métis et que ça attirera la présence d’ennemis indésirables, liés à ce qu’elle est, que vous ne pourrez pas affronter sans les armes adéquates. Mais ça, finalement, ça sera votre problème. Si je dois voir le beau-frère également, vous pouvez parier qu’il ne prendra rien au sérieux.

Jorus se moquait bien des problèmes liés à la Force qui pourront s’abattre sur ce peuple, il se moquait aussi de leur apprendre à les éviter. Tout ce dont il était certain, c’est que la présence d’une Jedi ne fera que contribuer à en attirer, tôt ou tard. A présent, s’il le fallait, il était prêt à tenter de parler à l’autre horreur sur deux jambes, pour lui affirmer à lui aussi que ce mariage était une aberration et qu’il faudrait jeter la métis au fond d’un puits.

Je le sais bien, que c’est sa belle-sœur, grogna le vieil humain assez sèchement. Tout le fond du problème est là ! Ce p…

Quant à pouvoir aider, vous êtes sérieux en lâchant ça ? Il n’a rien fait pour les empêcher de partir ici. Ni pour convaincre Lorana d’avorter. Il n’aidera en rien à la contacter, ne serait-ce que ça, vous pouvez en être sûr. Si vous ne pouvez rien faire de plus, vous pouvez être à la fois certains qu’elle accouchera d’autres horreurs métis et que ça attirera la présence d’ennemis indésirables, liés à ce qu’elle est, que vous ne pourrez pas affronter sans les armes adéquates. Mais ça, finalement, ça sera votre problème. Si je dois voir le beau-frère également, vous pouvez parier qu’il ne prendra rien au sérieux.

Oh, donc cet humain connaissait déjà l'exilé ? Et vu ce qu'il en disait, il avait du vivre un mauvaise expérience avec lui. Il n'était pas tout à fait d'accord sur l'opinion qu'il avait de l'exilé mais était d'accord sur le fait que Mitth'raw'nuruodo était un peu spécial, qu'il n'agissait jamais que dans le sens qui l'arrangeait. Il avait même entendu dire qu'il avait été protégé durant sa carrière au sein de la Flotte de défense, voir qu'on lui attribuait des mérites qui reviendrait à d'autres ! cela ne serait pas neuf, au sein de l'Ascendance où certaines Familles aiment à voir leur membre valorisé durant leur service au sein de l'armée chiss. Et comme ce Thrawn avait le soutien de deux familles, comme son nom l'indiquait, c'était normal qu'on fasse en sorte qu'il ne soit pas un pur échec.

Zosh'evean'azze hésitait. Il n'aimait pas les noms chiss, d'ordinaire, mais la façon de parler de celui-ci était rafraîchissante par rapport aux autres, qui étaient trompeur, obséquieux ou agressif à son encontre. Il était clair pour lui que ce Jorus C'Baoth ne voulait ni le bien ni le mal des chiss, et cela l'amusait un peu. Tout à coup, il eut une idée. Un nom qui lui revint en mémoire. Oui, peut-être que lui pourrait aider cet humain ? C'était, en tout cas, le seul autre moyen qui pourrait convenir à cet humain.

"Vu votre ton, je devine que vous avez eu une rencontre difficile avec Mith'raw'nuruodo. Le connaissant de réputation, il pourrait se laisser guider par ses émotions et refuser de vous aider, en effet. Il pourrait y avoir une autre possibilité. J4ai compris que vous êtes de la famille de Mitth'lorana'safis. Si c'est le cas, je pourrais vous mettre en relation avec un responsable de la Famille Mitth, sur Csilla, notre monde capitale. Il me faut terminer ma patrouille, sur une petite semaine, mais si vous acceptez d'être mon invité durant cette période, je pourrais vous y conduire. Votre vaisseau, bien sur, devra attendre votre retour ailleurs. Connaissant bien le secteur, je peux leur indiquer un système inhabité où personne ne se rend, et où ils seront en sécurité. Si cela vous convient, je peux vous accueillir à bord du Firewall d'ici une demi-heure."

Oui, c'était une bonne idée. Bon, il ne devra pas faire une vraie cérémonie d'accueil pour cet humain. Il n'appartenait à aucune Famille après tout. Une cérémonie basique de quelques minutes devrait lui suffire. Et puis, il était curieux de découvrir les reproches que ce vieil homme avait envers l'exilé ! Ensuite, il le mettra en rapport avec Mitth'urf'ianico. L'antagonisme de ce chiss envers Mitth'rawn'nuruodo lui était connue et il devrait apprécier d'aider un humain en échange de renseignement sur les vils actes de l'exilé. Un service pour un autre. Et ainsi, Mitth'urf'ianico aurait une petite dette envers lui, Zosh'evean'azze ! Il sourit. Oui, c'était une bonne idée.

Vu votre ton, je devine que vous avez eu une rencontre difficile avec Mitth'raw'nuruodo. Le connaissant de réputation, il pourrait se laisser guider par ses émotions et refuser de vous aider, en effet. Il pourrait y avoir une autre possibilité. J’ai compris que vous êtes de la famille de Mitth'lorana'safis. Si c'est le cas, je pourrais vous mettre en relation avec un responsable de la Famille Mitth, sur Csilla, notre monde capitale. Il me faut terminer ma patrouille, sur une petite semaine, mais si vous acceptez d'être mon invité durant cette période, je pourrais vous y conduire. Votre vaisseau, bien sûr, devra attendre votre retour ailleurs. Connaissant bien le secteur, je peux leur indiquer un système inhabité où personne ne se rend, et où ils seront en sécurité. Si cela vous convient, je peux vous accueillir à bord du Firewall d'ici une demi-heure.

Mmh… Jorus prit un instant pour réfléchir. Il avait escompté un contact à distance, avec son ancienne apprentie, mais s’il avait une possibilité de la rencontrer face à face, ça ne pourra être que mieux. Bien qu’il n’ait pas la moindre envie d’aller se balader sur un vaisseau de ce peuple et encore moins sur leur monde, qui le dégoûtait à se seule évocation, il savait pourtant qu’il faudra bien en passer par là, tôt ou tard. Devoir perdre du temps à côtoyer des gens de ce peuple lui faisait horreur, mais soit, si cela pouvait lui permettre de retrouver Lorana, qu’il en soit ainsi !

Très bien. C’est une bonne idée.

Il devait préparer quelques affaires, bien sûr, mais espérait tout de même que l’ensemble de cette histoire ne s’éternise pas. En attendant de rejoindre effectivement ce vaisseau, il s’occupa de laisser des instructions à l’équipage sous sa coupe puis se prépara. Il devait prendre sur lui, pour ne pas s’agacer de devoir passer du temps en compagnie de ce peuple. Bien qu’il espère vivement qu’il n’aura pas à trop leur parler durant cette fameuse « petite semaine ». Quoi que revoir la tête de l’autre rat aurait été encore plus insupportable, il pouvait donc accomplir cet effort. Dire que tout cela ne serait jamais arrivé si l’Ordre avait à la fois refusé d’accueillir ce *** de Thrass et si, dans le même temps, il avait été formellement interdit à Lorana de le fréquenter ! Elle avait trahi l’Ordre, en s’acoquinant avec ce moins que rien… Elle avait refusé d’écouter tout le monde… Elle avait même choisi de partir dans les Régions Inconnues au lieu de rester avec les siens… Et l’Ordre avait laissé faire ! Pire encore, certains avaient même soutenu ce choix !

C’était la faute d’Obi-Wan… Et aussi du sale rejeton de Vader, qui y avait participé… Et de tous ces crétins bien-pensants et faibles, composant les Jedi actuellement ! A l’heure convenue, il se rendit donc sur le vaisseau Chiss, tout en essayant de contenir son dégoût, sa colère et son ennui de devoir être là. L’idéal serait de pouvoir oublier l’intégralité de ce peuple et des problèmes qu’ils apportaient, comme s’ils n’avaient jamais existé. Une fois son apprentie récupérée et l’engeance qu’elle avait mise au monde jetée aux ordures. Il ne fit évidemment pas le moindre effort pour sourire mais fit, au minimum, celui de saluer ses hôtes. Sa seule hâte était d’en finir…

Zosh'evean'azze entra irrité dans la salle d'acceuil du Firewall. Il venait d'avoir une discussion avec son second, le jeune Chaf'usui'wan. Celui-ci semblait inquiet qu'on laisse un humain monter à bord d'un croiseur chiss. En temps normal, Sheveanna aurait été d'accord mais il y avait déjà un espion humain à bord du bâtiment de l'amiral Ar'alani ! Il ne voyait donc pas le soucis à laisser ce C'Baoth monter à son bord, surtout qu'il venait les débarrasser d'un autre non-chiss ! Et le pire était que le jeune avait parlé de signaler son opposition dans son journal de bord. Cela n'était pas ainsi que devait agir un second ! Il l'avait donc sèchement recadré, l'informant que s'il ne se calmait pas, il le mettrait aux arrêts pour insubordination, et cela sembla marcher. En tout cas, Fusuiw était retourné sur la passerelle en prendre le commandement pendant que lui allait recevoir leur invité.

Celui-ci se montra ponctuel, ce qui était une bonne chose, et très formel. Bien, Sheveana n'aimait pas les effusions soit-disant sentimentale.

"Bienvenue à bord du Firewall, Jorus C'Baoth. Je vous épargne le protocole d'accueil classique, beaucoup de non-chiss le trouvent long et ennuyeux. D'ailleurs, vous pouvez m'appeler Sheveana, si vous le désirez. Je vais vous conduire à votre cabine, si vous voulez bien me suivre."

Il le précéda dans les coursives, assez grande pour que deux personnes marchent de front, propres et bien éclairées. Zosh'evean'azze ignorait à quoi devait ressembler ceux des humains mais ils doutaient que les leurs soient aussi bien entretenus. Il s'arrêta devant une porte et l'ouvrit, entrant en premier pour que son invité soit rassuré et comprenne qu'il ne risque pas d'y finir enfermé.

"Je veillerais à ce qu'un garde soit en permanence à votre disposition, dans le couloir, si vous désirez vous déplacer à l'intérieur de mon vaisseau. Mais, si vous me permettez, je suis assez curieux. Comment avez vous rencontré Mitth'raw'nuruodo, Thrawn comme l'appelle l'empire humain."

Il était toujours intéressant d'en apprendre plus sur les acts malveillants de ce chiss, élevé on ne sait comment à un grrade si élevé chez les humains.

Je veillerais à ce qu'un garde soit en permanence à votre disposition, dans le couloir, si vous désirez vous déplacer à l'intérieur de mon vaisseau. Mais, si vous me permettez, je suis assez curieux. Comment avez-vous rencontré Mitth'raw'nuruodo, Thrawn comme l'appelle l'empire humain.

Jorus n’avait absolument aucune intention de se déplacer où que ce soit dans ce vaisseau, encore moins d’aller lier connaissance avec ceux s’y trouvant, et puis quoi encore ? Pourquoi essayer de se faire des amis avec ces gens, pendant qu’ils y étaient ? Sa seule et unique hâte était de remettre au plus vite la main sur son apprentie, certainement pas de perdre du temps à observer ce peuple ou s’intéresser à sa culture, il n’était pas venu ici en touriste. Quant à Thrawn… Mmph. Il trouvait désolant que son propre peuple n’ait pas été fichu de le garder ou de le contrôler, ils avaient préféré le refiler aux autres et le laisser poursuivre ses aberrations sur un territoire plus étendu encore ! Non seulement ils n’étaient pas capables de garder un œil sur leurs propres ressortissants mais en plus, ils s’étaient permis de lui voler son élève et la manipuler pour la garder chez eux…

C’était il y a bien des années… Je menais une opération visant à mettre en sécurité un groupe important de civils, suite à de lourds problèmes politiques causés par une parfaite bande d’incompétents aveugles, loin d’ici. Il s’est retrouvé sur notre chemin et à cause de ses décisions, cela a mené à la mort un très grand nombre des passagers du vaisseau. J’ai été d’autant plus en colère, à cause de ça, en découvrant que Lorana était entrée dans sa famille. Quand je pense qu’elle a eu un enfant, ça me révulse.

Il dû prendre une courte et légère inspiration, pour ne pas vomir, comme à chaque fois qu’il évoquait cette erreur de la nature. Il était toujours écœuré après vu son apprentie nourrir cette horreur, la tenir dans ses bras comme si c’était parfaitement ordinaire ou jouer avec elle. Elle avait mis au monde un monstre et au lieu de l’achever directement, comme n’importe quelle personne censée aurait fait à un tel moment, elle s’y était aussitôt attachée ! Il ne comprenait pas et ne comprendra jamais.

Mais le pire, dans toute cette histoire, c’est que je reste convaincu qu’elle a été manipulée. Elle a toujours été très… Comment le dire… Très peu confiante en elle et influençable. Très fragile. Son mari l’a utilisée pour s’amuser, aujourd’hui encore, pour se refaire une nouvelle existence et se venger de la manière dont il était mort il y a longtemps. Il se sert d’elle pour aller pourrir la vie de son propre peuple et je ne peux plus le tolérer. Vous vous rendez compte qu’il l’utilise comme un vulgaire mouchoir usagé, pour son seul bénéfice et en profitant pour gêner au passage la vie de ses propres concitoyens ? Il a arraché Lorana aux siens, à sa famille, à tout ce en quoi elle croyait, pour l’emmener ici, là où elle n’a rien à faire ! Et bien des personnes acceptent ça ! C’est tellement lâche de profiter de la faiblesse d’une jeune femme de cette façon.

Il s’interrompit pour reprendre son souffle et un peu de contenance, sachant à quel point le sujet l’énervait, il montait on ne peut plus facilement dans les tons. Plus encore en sachant qu’en plus, son élève avait été agressée violemment et avait frôlé la mort, il y a si peu de temps. C’était… Personne d’autre que lui n’avait le droit… Elle lui appartenait, il était le seul à avoir droit de vie ou de mort sur elle…

Le vieil homme n’avait pris la peine de mentionner le nom de son projet car il ne songeait pas que d’aucuns s’en souviennent, dans ces régions. Il fut donc assez surpris que ce capitaine le fasse et engage ensuite la conversation sur ce terrain. Il était assez agréable d’entendre enfin une autre personne souligner la faute commise contre l’équipage civil à cette époque, ce qui était bien la preuve qu’il n’avait pas surréagit et qu’il y avait bel et bien eu un gros problème. Tant de personnes avaient été tués par la faute de ce rat ! En revanche, lorsqu’il comprit – enfin – comment et pourquoi son apprentie avait rencontrée son tendre mari… Voilà donc la vérité… Celle qu’elle n’avait jamais voulu lui expliquer, même de retour au Temple… Aaah, Lorana, Lorana, Lorana… Elle avait donc foncé vers la mort en compagnie du frère du rat et faisant partie du peuple responsable de la destruction de tant de vies…

Et il faudra près de dix ans avant que Thrawn ne se fasse prendre et qu'on le enfin condamne à l'exil ! Nul doute que si nous avions alors eu votre témoignage ou celui de quelqu'un de votre vaisseau, il ne s'en serait pas sorti à si bon compte, croyez moi.

Jorus ignorait quelle artifice avait utilisé ce maudit rat pour corrompre l’esprit de son élève dès cette époque et la convaincre de partir avec lui, mais ce « détail » ne faisait qu’accentuer la haine qu’il pouvait ressentir vis à vis de lui. Personne d’autre que lui n’avait le droit de la toucher, de se servir d’elle, de la contrôler. Elle n’avait pas le droit de se rapprocher de qui ce soit sans son accord. Elle n’avait pas le droit de prendre ses propres décisions ni de choisir ce qui était bon pour elle. Seul lui avait cette autorité. Seul lui… La haine dirigée contre Thrass se muait peu à peu en une volonté froide de se débarrasser de lui, complètement sérieuse et réfléchie. Pourquoi se contenter de le laisser ici avec l’enfant, après tout ? Pourquoi devrait-il le laisser en paix alors qu’il avait commis l’irréparable ? Lui, qui n’était en plus qu’un simple politicien… Non entraîné…

Je vais veiller à ce que soit débloqué les programmes d'apprentissage de l'ordinateur de votre cabine. Vous pourrez ainsi apprendre le minnisiat qui est la langue commerciale la plus usitée dans les Régions Inconnues, et que tout chiss parle. Vous pourriez même tenter d'apprendre notre langue, le cheunh, si vous désirez. L'une ou l'autre vont seront très utile si vous désirez discuter avec un responsable de notre peuple. S'il y a quoi que ce soit que je puisse faire de plus pour vous, n'hésitez pas à me le demander.

C’est très aimable à vous, je vous remercie. Je pensais que votre peuple avait depuis bien longtemps oublié cette histoire, mais puisque ce n’est pas le cas, je ferai mon possible pour que la vérité soit rétablie.

Quelques idées supplémentaires commençaient à se dessiner dans son esprit, vis à vis de l’ensemble de cette situation, pas seulement pour son élève. Lorsque le capitaine retourna à son travail et qu’il resta seul, Jorus s’assit un peu plus confortablement, plongeant de nouveau dans une méditation légère. Il prit le temps de remettre ses idées en ordre et de préparer ses plans. Avec ces nouvelles données en tête, il pouvait envisager plusieurs chemins, permettant de régler le problème actuel et de plus anciens, par pure vengeance. La vengeance… Une idée si délicieuse… Il sourit en se laissant envahir tout entier par ce si fort sentiment, accompagné par la haine contre ses cibles principales. Un sentiment on ne peut plus grisant, qui lui apporta de nouvelles forces et une telle volonté de parvenir au bout. Tuer ses ennemis trop rapidement serait trop simple… Il devra avant tout s’en prendre à l’enfant devant son père… Avant de le tuer lui aussi…