Retour aux sources ? [Isobel, a minima]

Planifier un tel voyage n’avait pas été facile. Elle avait eu beaucoup à faire avec l’arrivée d’Aylin, puis sa présentation officielle à la population d’Alderaan. Etrangement, sa petite lui manquait déjà, alors qu’elle n’était partie que depuis plusieurs heures, à bord d’une des corvettes corellienne propriétés de la famille royale. Peut-être qu’elle s’attachait finalement, malgré les craintes qu’elle avait eu lors des premiers moments avec elle. Leia avait été d’une grande aide le temps qu’elle prenne ses marques, bien qu’il restât encore beaucoup à faire. Aylin allait sans doute lui demander où elle était partie, mais elle avait confiance en son épouse pour trouver les mots qu’il fallait pour la rassurer. Pour sa part, Takara comptait bien revenir, et ne prendre aucuns risques. Kesh ne valait pas la peine qu’elle perde tout ce qu’elle avait commencé à construire depuis son arrivée dans ce temps ; depuis qu’elle avait rencontré Leia. La sith voulait simplement lever un doute, et s’assurer que son peuple tel qu’elle l’avait connu existait toujours. C’était un besoin qui s’était intensifié avec le temps, petit à petit, telle une excitation grandissante, à la fois étrangère et familière. C’était ses obligations sur Alderaan qui, finalement, l’avait retenu d’effectuer ce périple plus tôt. Ça, et la réunion de Sidious.

Leia n’avait pas objecté, lors de leur retour, et avait même acquiescé à l’idée de pouvoir peut-être s’entourer de personnes formables, et encore malléables sur qui compter et dont l’Empereur ignorait totalement l’existence. Le plus compliqué avait été de garder secret sa destination, et de falsifier un déplacement qui justifierait une absence aussi longue loin d’Alderaan. Isobel l’avait aidé, en planifiant un faux voyage vers le Noyau, sous le couvert d’une justification obscure qui se rapprochait assez de l’intitulé utilisé dans l’agenda pour décrire une réunion avec l’Empereur, ou les autres siths. Personne sur Alderaan ne prendrait le risque de vérifier, hormis peut-être la clique de Bail Organa, dont elle avait prévu de s’occuper plus tard. Dans le pire des cas, de toute manière, ils réaliseraient la tromperie que bien trop tard, sans aucun moyen de remonter sa trace. C’était là le plus important, une nécessité impérieuse : personne de devait pouvoir savoir où elle était allée. Tout avait donc été fait pour rendre le voyage crédible de bout en bout. Sa garde, ainsi qu’Isobel, était donc partit avec elle au départ d’Alderaan en suivant le cérémoniel habituel, pour ne pas rompre la routine.

Ce n’était qu’une fois dans l’hyperespace que l’atmosphère s’était quelque peu détendue. L’équipage lui-même n’avait été informé de leur réelle destination au départ. Ce ne fut qu’une fois en vitesse lumière, là où les communications avec l’extérieur était impossible qu’il leur avait été demandé de faire une escale dans un secteur vide entre Caamas et Brentaal, sur la route de Coruscant. Là-bas, une autre corvette devait les attendre, et elle changerait de bord, seule, pour partir vers Kesh avec un équipage restreint. Elle n’avait pas besoin de témoins inutiles, mais elle était incapable de piloter un vaisseau. Qui plus est, Leia ne l’aurait probablement jamais laissé faire, si cela avait été le cas. La garde l’accompagnerait, elle le faisait toujours, mais comme pour l’équipage, elle comptait bien s’assurer qu’il resterait docile et ne ferait pas d’histoire. Isobel, pour sa part, se devait de poursuivre le parcours seule, vers la destination initiale, pour convaincre les traditionnels curieux que la reine consort était bien arrivée là où elle était attendu, conformément à son agenda. Sa suivante et dame de compagnie avait objecté bien sûr, mais elle avait bien espéré qu’elle comprendrait la nécessité de donner le change.

Takara fut prévenu de leur arrivée sur le lieu de rendez-vous quelques instants auparavant, pour lui permettre de se préparer. Deux serviteurs étaient venus récupérer une malle qui devait être transféré à bord avec elle, et qui contenait des effets personnels plus… discrets et adaptés au lieu où elle risquait éventuellement de se rendre si les choses se développaient favorablement. Ce n’est qu’une fois les deux navettes accostées l’une à l’autre qu’elle avait été informée par Ishla, une des nombreuses suivantes orbitant autour de leur couple, que tout était prêt. Takara l’avait fait venir avec elle car l’équipage aurait hurlé de la voir quitté le navire seule, mais aussi et surtout parce qu’elle l’accompagnait rarement, son absence serait donc moins remarquée et associée à elle, et parce qu’il serait facile de la manipuler une fois partis. Elle était donc restée avec elle pour finir les dernières préparations inutiles, mais nécessaires. Correction du maquillage, et petits ajustements. Puis elles avaient pris ensemble la direction du sas, où devait les attendre les capitaines, sa garde, ainsi qu’Isobel.

Le bruit simultané de leurs chaussures signala leur approche un peu avant qu’elles arrivent, donnant le temps à la garde de se positionner pour la parade, en posture cérémonielle. En arrivant, le capitaine de la corvette se présenta, pour venir introduire son confrère, qu’elle connaissait déjà, et qu’elle salua d’un léger mouvement de tête. Les échanges de bons procédés durèrent un petit moment, le temps d’expliquer au capitaine du second vaisseau qu’il n’aurait pas l’information de leur destination immédiatement, et qu’elle préfèrerait en faire la saisie elle-même. Puis, Takara fit signe à la garde de disposer d’un signe de tête, pour se transvaser à bord de l’autre vaisseau, alors que les serviteurs et l’équipage finissaient de déplacer les affaires d’un navire à l’autre. Le reste du contingent se dispersa, pour ne finalement laisser que deux gardes, le second capitaine, Ishla, Isobel et elle-même. Les bras le long du corps, elle se tourna justement vers sa dame de compagnie, dont elle sentait encore l’agacement.

« Bien. Ishla, je vous rejoins dans une minute. Isobel, je compte sur vous pour tenir votre rôle une fois arrivée sur Metellos. Si tout se passe bien, nous vous signalerons notre retour en temps voulu, pour convenir d’un lieu de rendez-vous comme celui-ci, d’accord ? »

Dans une semaine, si tout se passait bien. C'était ce qui avait été acté. Pour que son retour concorde avec le voyage retour de la délégation officielle. Elle n'avait pas prévu de rester là-bas bien longtemps.

Elle croyait réellement pouvoir agir de cette manière sans être au minimum accompagnée et épaulée… Comme si ce n’était rien, comme si aucune responsabilité ne l’attendait, comme si elle pouvait disparaître au milieu de nulle part comme bon lui semble, comme si la moindre personne censée, au palais, pouvait se permettre de laisser passer une aberration aussi énorme ! Isobel fulminait toute seule, dans sa cabine, tout en se préparant. Robe remisée au placard, pour chemise et pantalon, agrémenté sur le dessus par une tunique fendue, histoire de donner un minimum le change aux gardes, bien qu’elle se contrefiche de leurs avis. Elle attacha ses cheveux, bien serrés, enleva tout ce qui était bagues ou bracelets, cacha ses armes, sauf un blaster, à la ceinture. Elle termina en enfilant des chaussures plates, légèrement renforcées, le plus légères possible. Puis sortit, d’un pas rapide, pour rejoindre les autres et attendre. Le premier qui osait dire quoi que ce soit… Le capitaine lui lança un drôle de regard, à son arrivée, mais ne dit rien.

Alors que la reine et sa suite arrivaient à leur tour, Isobel se refit une dernière fois la liste mentale, afin de s’assurer qu’elle n’avait rien oublié. Armes, munitions, un peu de poison au cas où, ça pouvait toujours servir, selon le type d’ennemis qu’on rencontrait. Elle avait aussi quelques pilules de somnifère, tout simplement. Le temps du cérémonial, elle resta droite, tranquille, patiente… En essayant encore et toujours de dénicher une formulation à peu près polie, pour ce qu’elle s’apprêtait à répondre. Rester calme… détendue, tranquille, tout va bien. Lorsque quelques uns se dispersèrent, pour retourner à leur poste, Isobel s’efforça une nouvelle fois d’inspirer profondément, expirer lentement, desserrer les poings et se détendre. Tout allait parfaitement bien ! De toute manière, si la reine tenait à l’empêcher de la suivre, il faudra qu’elle la fasse enfermer. Qu’elle fasse des affaires étranges sur Alderaan, passe encore, mais seule aussi loin, ça… Non, non, non et non ! Et c’était bien le rôle des suivantes de les suivre, même dans les pires situations ! Voire d’y aller à leur place.

"Bien. Ishla, je vous rejoins dans une minute. Isobel, je compte sur vous pour tenir votre rôle une fois arrivée sur Metellos. Si tout se passe bien, nous vous signalerons notre retour en temps voulu, pour convenir d’un lieu de rendez-vous comme celui-ci, d’accord ?"

"Bien sûr que non," soupira-t-elle plus sèchement que voulu. "Il n’est pas question que vous partiez seule, que ça vous plaise ou non. Notre devoir est de vous protéger, je pars avec vous, vous ne pouvez pas disparaître dans la nature sans aucun soutien à vos arrières."

Elle fit un signe vers le garde, outré, qui s’apprêtait à lui lancer elle ne savait quoi, parvenant de justesse à ne pas lui dire, dans un langage très fleuri, de la boucler. Un langage peu habituel, pour elle, mais qui aurait eu le mérite d’être clair…

"Mon devoir est de veiller sur vous, peu importe la situation, nous sommes entraînée pour ça. Et vous, Ishla," ajouta-t-elle très vite en la voyant ouvrir la bouche, "la ferme aussi, ce n’est pas le moment ! Je disais donc, je dois vous suivre, impossible de vous abandonner seule en pleine nature."

A présent, qu’elle la fasse arrêter, si elle avait envie de jouer avec ça, sinon, qu’on parte et point final.

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Humeur, 16. Se contenir face aux gardes, 11.

« Bien sûr que non. »

Elle aurait dû s’attendre à la voir venir celle-là, lorsqu’elle avait réaliser qu’Isobel était bien là pour le cérémonial mais dans une tenue et avec une posture à des années-lumière de ce dont sa suivante et demoiselle de compagnie l’avait habituée. Toujours aussi nerveuse, probablement remontée, même, depuis qu’elle lui avait expliqué lors des préparatifs du départ, qu’elle ne l’accompagnerait pas pour ce périple. Takara ne lui avait bien sûr pas dit la vérité sur le pourquoi, Isobel en savait déjà bien assez trop à son goût, tout en espérant que prendre Ishla avec elle en remplacement suffirait à lui donner bonne conscience. Vu son profond soupir et son état d’esprit qu’il était facile de ressentir, elle ne l’avait visiblement toujours pas digéré, et ce malgré le fait qu’elle était définitivement la plus qualifiée à poursuivre le voyage seule vers Metellos. Parce qu’elle était sa plus proche suivante, presque une confidente aux yeux de certains sur Alderaan, et que sa présence en un endroit signifiait presque nécessairement la sienne. En termes de diversion, elle n’aurait pas pu trouver mieux.

« Il n’est pas question que vous partiez seule, que ça vous plaise ou non. Notre devoir est de vous protéger, je pars avec vous, vous ne pouvez pas disparaître dans la nature sans aucun soutien à vos arrières. »

Takara se mordit délicatement l’intérieur de la joue, tandis qu’elle réfrénait au mieux sa frustration. Voilà qu’elle recommençait, et qu’elle lui faisait perdre du temps avec ces arguments. Takara n’avait jamais demandé à bénéficier d’une protection particulière. Elle était parfaitement capable de se protéger seule, cela elle l’avait déjà prouvé. Ce n’était pas parce qu’une gamine l’avait envoyé dans un mur peu après son arrivée sur Alderaan qu’elle avait besoin d’être protéger au quotidien. Certes il y avait eu cet attentat mais elle en était ressortie parfaitement indemne.  Qui plus est, elle ne partait pas toute seule. Bien sûr, Ishla ne serait là que pour faire de la figuration mais Isobel n’avait nullement besoin de le savoir. La jeune suivante aussi était parfaitement capable de la protéger.

Mais il fallait qu’elle fasse son caprice, parce qu’elle était mise sur la touche pendant un temps ? Ou bien était-ce parce qu’elle avait un peu trop appuyé sur son esprit ce jour-là au musée, lorsqu’elle s’était assurée de sa loyauté, au point de faire une scène pareille en dépit de tout le protocole ? Cette idée, par ailleurs, l’amusa un bref instant, avant qu’elle ne réalise que même le garde qui était resté là s’était sentit outragé pour elle, au point de vouloir s’interposer verbalement, uniquement pour se voir interrompu par sa demoiselle de compagnie, en pleine crise de nerfs.

« Mon devoir est de veiller sur vous, peu importe la situation, nous sommes entraînée pour ça. Et vous, Ishla, la ferme aussi, ce n’est pas le moment ! Je disais donc, je dois vous suivre, impossible de vous abandonner seule en pleine nature. »

Takara écarquilla les yeux puis serra les poings en voyant Isobel se retourner pour couper l’herbe sous le pied d’Ishla, qui n’avait strictement rien demandé. Cette dernière, outré, resta bouche bée sans savoir quoi répondre, tandis que Takara refoulait, cette fois-ci avec difficulté, l’envie profonde et rageant de lui faire taire son égo naissant, au point d’ailleurs de ne pas parvenir à retenir sa main, qui vînt s’écraser sans retenue en une gifle bien ferme sur le visage d’Isobel.

« Il suffit, maintenant ! » répondit-elle tout aussi sèchement. Sa suivante avait besoin de se détendre, là, maintenant, tout de suite, avant de définitivement dépasser les bornes. Elle avait simplement de la chance qu’elle avait assez de maitrise pour ne pas faire passer le message plus clairement en public. « Vous croyez vraiment que j’ai le temps pour gérer vos moindres caprices, miss Mackay ?! »

Elle pouvait se le permettre lorsqu’elles étaient toutes les deux au palais, ou lorsque les enjeux n’étaient pas aussi importants que ce qui était sur le point de se dérouler là, maintenant. Takara l’avait fait, lorsque son ancien compagnon se montrait bien trop exigeant avec elle, mais la situation était alors bien différente. La reine consort savait aussi, cependant, que sa demoiselle de compagnie ne changerait pas d’avis. Elle avait eu assez de temps pour le faire pendant les préparations, puis cette courte escale, et elle était toujours là à bougonner. Devait-elle la prendre avec elle malgré tout ? Ne pas le faire serait prendre le risque qu’elle agisse déraisonnablement plus tard, et loin de sa surveillance. Qui plus est, son état d’esprit actuel, bien que frustrant pour le moment, représentait aussi une opportunité. Et pendant ce temps, alors qu’elle n’était pas encore à bord du Sundered Heart en route pour Kesh, le temps filait…

Elle se tourna alors vers Ishla, et le garde resté pour l’escorter.

« Veuillez nous laisser, tous les deux. » Le ton ne prêtait pas à discussion. A la différence d’Isobel, eux s’exécuteront. « Ishla, veillez à faire servir du thé. Merci. »

Elle les regarda tout les deux partir, l’un à contre cœur, l’autre visiblement encore choquée d’avoir pris tout cela dans la figure sans avoir rien demandé. Bien. Isobel, à présent.

« Vous voulez vraiment venir ? » lança-t-elle, toujours très agacée, à la limite de la colère. « Soit, venez donc, mais pas avant d’avoir informé Lisbeth du travail que vous deviez accomplir, et qu’elle devra accomplir à votre place. Puis vous viendrez me voir dans mes appartements. Nous avons à discuter. Vous avez quinze minutes. Une fois ce délai écoulé, nous partirons. Avec ou sans vous. »

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre, cette fois-ci, et tourna les talons sans même lui adresser un regard. Isobel voulait vraiment remettre en cause son autorité en public ? C’était une nouveauté, ça, une qu’elle ne pouvait pas laisser passer. Elle n’était pas une enfant, elle n’était plus la suivante prétendante qu’elle avait pu commander par le passé.

Une fois débarquée du Tantive III, Takara avait profité de ce laps de temps pour se rendre dans le poste de commande, pour remettre en personne au capitaine les coordonnées de leur premier point de chute. Ce n’était pas leur destination finale, elle ne pouvait pas prendre le risque de le lui donner là, maintenant, sans s’être assurée que l’équipage réduit de la corvette ne transmettrait pas ces informations à des rivaux potentiels. Kesh devait rester un secret. C’était impératif. Cela fait, elle avait fait demander d’attendre le temps imparti à Isobel pour les rejoindre, sur ce point elle n’avait qu’une seule parole. Une part croissante d’elle, d’ailleurs, voyait d’un bon œil ce temps qu’elles allaient pouvoir passer ensemble, sans interruptions extérieures. Elle allait pouvoir progresser plus vite ainsi. Cela, cependant, n’enlevait rien à la colère et l’amertume qu’elle ressentait encore d’avoir été mis en porta faux par quelqu’un qui n’avait, en temps normal, pas son mot à dire sur ce genre de sujets.

Takara avait finit par rejoindre ses quartiers avant qu’Isobel ne soit rentré, le temps pour elle de se déchausser de ses talons, et de se défaire des quelques bijoux qu’elle portait. Le thé était là, comme demandé, posé sur la table basse, entre les fauteuils. La reine consort savait cependant que sa demoiselle de compagnie n’avait pas manqué l’horaire. Elle la suivait dans la Force depuis tout ce temps, et aurait été déçue de ne pas la voir se présenter à sa porte, comme convenue. Probablement satisfaite d’avoir gagné ce tour de force, et de ne pas avoir simplement finie en prison pour avoir osé remettre publiquement en question son jugement. Son état d’esprit, à vrai dire, n’avait que peu d’importance pour Takara, qui l’attendait le dos tourné, le regard rivé sur l’espace qui se distordait alors que la corvette se jetait dans l’hyperespace.

Ce n’est que lorsque la porte s’était refermée derrière Isobel qu’elle accueillit sa suivante, une main invisible mais ferme venant la saisir à la gorge pour la soulever du sol sans ménagement, pour venir doucement y refermer son étreinte tandis qu’une autre force, elle, venait lui tenir les mains pour éviter toute bêtise de sa part. La sith, elle, se retourna doucement, le regard dur, l’air fermé, la colère ayant cette fois-ci besoin de s’évacuer. Le message se devait d’être passé. L’avertissement, donné. La Force, elle, venait souffler un froid glacial dans la pièce.

« Je suis profondément déçue par votre comportement, Isobel, » commença-t-elle, le ton lourd et froid. « Vous comptez beaucoup à mes yeux, et je fonde beaucoup d’espoir en vous. Vous avez du potentiel qu’il serait dommage de de voir gâcher à cause d’une erreur bête. N’oubliez pas, cependant, que vous êtes remplaçable. »

L’étreinte, elle, se resserrait toujours doucement, tandis que la sith s’approchait d’un pas, puis deux, avant de se décaler vers le petit salon, son regard ne quittant pas sa suivante.

« Voyez donc cela comme un ultime avertissement. » Les mots suivants, eux, tombèrent plus lourdement, les uns après les autres. « Ne m’adressez plus jamais la parole sur ce ton. Suis-je bien claire ? »

Sa main, elle, se referma plus fermement tandis qu’elle attendait une réponse d’Isobel. Qu’elle y parvienne ou non, par la parole ou un simple hochement de tête. Et si ce dernier ne venait pas, alors elle pousserait jusqu’à la frontière de l’évanouissement avant de finalement la relâcher, sans la moindre douceur. Elle savait que malgré cela, elle ne porterait pas la main sur elle.

Venant finalement s’installer assise au bord d’un des fauteuils, l’air visiblement plus détendue, Takara fit signe à Isobel, avant de dire, sur un ton plus chaleureux -en même temps ce n’était pas bien difficile- mais toujours ferme :

« Venez donc vous asseoir, à présent. Maintenant que vous êtes là, il y a beaucoup de choses dont nous devons parler. A commencer par Lisbeth, avez-vous bien pris soin de lui transmettre les consignes qui étaient les vôtres ? »

Le regard qu’elle porta dans sa direction sous-entendait clairement qu’elle n’avait pas intérêt à lui mentir, bien qu’au fond, désormais, la sith s’en moquait parfaitement.


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Contrôle de soi : 12

C’était un sentiment étrange, elle ne pouvait lutter contre. Une part de son esprit lui criait qu’elle avait été trop loin, qu’elle aurait dû se calmer immédiatement, se contrôler, demander pardon et tout ce qui s’ensuit, qu’elle aurait dû abandonner dès le départ… Une part raisonnable, plus prudente et habituelle, qu’elle s’était toujours efforcée de conserver en n’importe quelles circonstances, quoi qu’il puisse arriver. C’est ce qui aurait dû se passer, c’est ce qui se passait toujours habituellement. Sauf aujourd’hui. Se faire frapper pour cet affront, même se faire étrangler, ne parvint pas à effacer deux sentiments beaucoup plus puissant. Tout d’abord, le soulagement infini de ne pas la laisser disparaître seule au loin, ça lui était impossible de laisser passer ça, d’autre part, l’obligation ressentie à se battre pour ne pas abandonner, quoi que ça puisse lui coûter personnellement. Tout cela passait largement au-dessus de la raison et même au-dessus du Devoir ordinaire et habituel, celui mené pourtant sa vie entière. La peur ne pouvait lutter contre ça, pas alors qu’une autre crainte, celle de faillir, était bien plus forte. Faillir à la protéger.

Au milieu de ce marasme, la raison n’avait définitivement plus sa place. Le devoir devait passer au-dessus de tout et actuellement, même un avertissement plus violent ne suffirait pas à la dissuader de suivre. Isobel ne réalisait même pas que son degré initial de loyauté avait sans nul doute explosé par deux ou trois, il ne lui traversa à aucun moment l’esprit que ce n’était absolument pas normal de vouloir aller jusque là. Bien au contraire, elle jugeait tellement naturel d’avoir fait ça, quitte à avoir des problèmes, voir de risquer sa vie. Que valaient les ennuis, après tout, lorsqu’on pouvait accomplir son devoir ? Elle n’avait rien à faire que la reine consort s’énerve ou ne comprenne pas, tant qu’elle ne restait pas seule et sans défense par la suite. Pourtant, elle devrait, c’était certain. La jeune femme cligna légèrement des yeux, une brève et fulgurante touche de raison revenant à la surface, avant de disparaître à nouveau, littéralement noyée par le soulagement. Le froid et la colère ressentie donnaient… Comment dire… Cela éveillait un curieux sentiment. Un mélange entre crainte et fascination malsaine.

"Venez donc vous asseoir, à présent. Maintenant que vous êtes là, il y a beaucoup de choses dont nous devons parler. A commencer par Lisbeth, avez-vous bien pris soin de lui transmettre les consignes qui étaient les vôtres ?"

"Bien sûr."

Bien qu’elle n’ait jamais été quelqu’un de très calme et douce, d’une façon générale, jamais elle n’avait ressenti autant que la colère puisse vous donner autant de volonté. Ou plutôt, de la force pour passer au-dessus des problèmes et affronter ce qui venait. Même la peur jouait son rôle de moteur, dans cette situation. Paradoxalement, elle se sentait bien. Ce sera sans doute très différent une fois la pression retombée, lorsqu’elle réalisera réellement ce qu’elle avait fait, mais pour le moment… Une fois assise, elle essaya tout de même de revenir à une attitude à peu près normale, ou du moins, ce qui était la norme chez elle. Mais ce fut impossible. Elle baignait trop dans, dans… Un mélange de ressentis étranges, lui donnant envie de filer plus loin, même si ça devait lui coûter cher.

"Je me moque d’être remplaçable, ce qui compte, c’est vous. Vous ne l’êtes pas. Je ferai mon devoir."

Elle pouvait hurler, vouloir la frapper de nouveau et ainsi de suite… Isobel n’était pas encore en état de réaliser ce qui se passait, emporté par le maelström et ne réalisant pas vraiment le problème.

En la voyant se relever, Takara remarque assez vite que son état d’esprit n’avait que peu changé. Il y avait eu une brève éclaircie rapidement balayée par de nouvelles émotions fortes. Bien qu’elle ait souhaité et encouragé ce genre de changement, elle n’avait pas prévu, et encore souhaité la voir se lancer si vite, si loin et avec tant d’entrain sur le chemin du Côté Obscur. Il était clair que quelque chose clochait chez sa demoiselle de compagnie. Elle était devenue plus… possessive à son sujet, désireuse de ne jamais la quitter comme si sa vie en dépendait. C’était comme si ça la rendait malade de se voir mise à l’écart, au point de faire surgir la colère. Une colère balayée par une étrange… satisfaction qui rayonnait à un tel point que la sith n’avait pas besoin de gratter plus loin que la surface des émotions de sa suivante pour la ressentir. Non, ce n’était définitivement pas normal, elle avait dû toucher quelque chose sans s’en rendre compte lors de l’attaque du musée, ou bien provoquer une réaction qu’elle n’avait définitivement pas souhaité. Takara avait bien appuyé un tout petit peu sur son désir de loyauté, son sentiment d’appartenance, et son Devoir… Mais elle n’avait pas pu causer… cela, si ?

« Je me moque d’être remplaçable, ce qui compte, c’est vous. Vous ne l’êtes pas. Je ferai mon devoir. »

Mh… Mauvaise réponse.

« Il faudra pourtant vous y faire. Je pensais que nous avions laissé cette discussion loin derrière nous. »

Sa demoiselle de compagnie, son pion, était bien trop atteinte, plus qu’elle le devrait. Elle avait définitivement touché quelque chose qui ne fallait pas. Il allait falloir corriger ça, c’était important. Takara commençait à le sentir au fond d’elle, le désir de s’y mettre rapidement, sans perdre de temps. Elle ne pouvait pas laisser un mauvais embrigadement gâcher les plans que Leia et elle avaient planifiés pour elle. Ce n’était pas envisageable de la laisser dans cet état. Il fallait agir. La sith avait déjà prévu de venir s’occuper des pensées inutiles qui devaient déjà venir agiter les pauvres esprits de l’équipage, elle pouvait bien profiter de l’instant pour gommer les imperfections qu’elle avait laissé dans celui de sa demoiselle de compagnie. Takara ressentait quelque chose de jouissif et malsain à venir se glisser une fois de plus dans la tête de son pion, une sensitive qu’elle avait commencé à former et qui pouvait tenter, en vain, de se protéger. Une telle idée lui plaisait beaucoup. Elle avait besoin de le faire, si elle ne voulait pas qu’Isobel ne parte en vrille sur la route de Kesh. Takara se raidit alors un petit peu, et détourna légèrement la tête tandis qu’un voile sombre passa devant ses yeux.

Elle avait non seulement besoin de le faire, elle était convaincue de pouvoir le faire tout de suite et sans attendre. Cette pensée si excitante s’imprima au fer rouge dans son esprit, alors qu’elle se sentait envahie d’une présence familière qui apaisait ses doutes et lui murmurait à raison de se laisser aller, et de ne pas perdre un instant, la plongeant dans un sentiment de contentement. Toujours entourée de cette aura sombre qui dont elle avait l’habitude, elle n’hésita pas à se projeter en douceur, et discrètement, dans l’esprit de sa demoiselle de compagnie. Takara manœuvrait avec une aisance qui la surprit un instant, avant que le côté jouissif de la situation ne prenne le dessus, pour venir plonger l’esprit de son pion dans un sommeil soudain, mais néanmoins tranquille et naturel. Elle avait une impression étrange… comme spectatrice de l’action tout en étant bizarrement parfaitement en contrôle. Cette sensation se dissipa aussitôt en constatant le résultat, et la satisfaction qu’elle ne se souviendrait pas d’avoir eu cette absence.

Là, voilà.

Avec l’esprit apaisé, il sera plus simple pour elle de la laisser corriger les erreurs et les imperfections qu’elle avait causées lors de sa dernière intervention. Avec parcimonie, elle se pencha légèrement en avant, venant chasser la petite mèche de sa suivante pour venir apposer ses doigts sur son front et sa tempe. Un contact physique serait plus simple pour agir en profondeur, il était important de ne pas refaire les mêmes erreurs. La reine consort était bien plus en confiance, bien plus sereine qu’elle ne l’avait été autrefois. Elle avait l’impression de naviguer plus facilement dans les pensées d’Isobel, comme si elle avait fait cela toute sa vie. C’était étrange, car ce n’était pas le cas, mais elle ne releva même pas la chose. C’était tellement plaisant, distrayant, qu’elle aurait clairement dû expérimenter avec les jeux mentaux plus tôt. Entraîné par cette satisfaction malsaine, elle commence par revenir sur l’appui qu’elle avait fait sur sa loyauté, clairement exagérée. Il fallait retravailler cela, l’atténuer doucement. Cela ne changerait rien à son sentiment d’appartenance, qu’elle ne tenterait jamais rien contre elles, mais elle devait perdre cette mauvaise habitude, cette tendance incontrôlable à vouloir la protéger, et l’accompagner partout comme si sa vie en dépendait. Cela demandait d’appuyer sur son sentiment de Devoir, pour venir là aussi édulcorer ce qu’elle avait fait.

Elle avait été trop fort lors de sa première intervention. Plus qu’elle ne l’aurait cru. Aujourd’hui, elle se sentait bien plus précise, bien plus modérée. A l’aise avec ce qu’elle faisait. Et c’était très satisfaisant. Il était important de laisser trainer l’idée qu’elle avait été trop loin. C’est pourquoi elle se sentit porter vers le sentiment de respect et de déférence de sa suivante, une fois le travail fait. Là aussi, il était important de savoir doser son action et l’appui que l’on pouvait avoir sur l’esprit. Elle ne savait pas pourquoi elle en était si persuadée, mais cela sonnait comme une évidence. L’esprit n’était pas un vulgaire jouet que l’on pouvait agiter dans tout les sens. Il s’agissait d’une grande machine composée d’innombrables pièces qu’il fallait agencer tout en s’assurant de ne pas dérégler l’ensemble. Elle avait commis cette erreur la première fois, et ne la commettrais pas une seconde fois. Ses actions étaient bien plus précises, bien plus contrôlées et mesurées. C’est pourquoi elle joua très légèrement avec cette variable, pour s’assurer qu’Isobel ne viendrait plus remettre aussi verbalement ses décisions en question. Elle n’alla pas trop loin non plus, elle ne voulait pas d’un pion incapable d’émettre un jugement, ou de faire savoir son désaccord. Il était important de ne pas faire d’elle un pion parfaitement inutile, ou une marionnette dépourvue de jugement.

Il fallait donc trouver un juste milieu, de sorte à ce qu’elle n’hésite pas à la conseiller, mais ne vienne pas outrepasser ses droits. Leia et elle avait besoin d’un agent, d’un pion capable d’exécuter et d’accomplir leurs volontés sans faillir. Oui, ces pions utiles étaient une nécessité. Cette pensée, comme la précédente, s’incrusta profondément dans l’esprit de la reine consort. Elles n’avaient pas besoin d’un simple exécutant dépourvu de volonté, ou de réflexion. Elles avaient besoin d’un outil capable de penser, réfléchir, à la différence de ce qui avait pu exister par le passé. Cela nécessiterait de la former plus encore. Heureusement, les jours à venir ne seraient pas de trop.

Elle continua ainsi un long moment, en silence, à manipulait les fils des pensées, à nouer et dénouer les fils et les nœuds pour obtenir le résultat souhaité. Avec patience, mais non sans une certaine euphorie malsaine. Les changements seraient subtils, mais devrait corriger les imperfections dont faisait preuve Isobel depuis quelques temps. Il fallait qu’elle pense conserver son libre arbitre, tout en étant en mesure de décider pour elle-même. Il fallait qu’elle cesse de vouloir s’accrocher à ses bottes tout en conservant sa loyauté et son désir de servir. Bref, elle devait se tempérer, et les actions menées aujourd’hui devraient suffire. Elle avait été beaucoup plus attentionnée dans son travail. Satisfaite, elle se retira de l’esprit de sa suivante et décolla sa main de son front pour revenir s’adosser contre son fauteuil. Elle n’avait pas donné l’impulsion à Isobel de se réveiller, car il lui fallait encore à s’occuper du cas de l’équipage. Encouragée et motivée par la prestation qu’elle venait de fournir avec Isobel, et malgré le mal de crâne et la fatigue mentale qu’elle commençait à sincèrement ressentir.

Takara n’avait encore jamais étendu son esprit à un nombre aussi grand de personne, certaines actives. Elle n’eut pourtant aucun mal à le faire, et à s’immiscer dans leurs esprits faibles et malléables. Là, elle s’attela à altérer leur schéma de pensée pour appuyer fortement sur la nécessité de ne pas remettre en question ses décisions, ou celles d’Isobel si celles-ci n’étaient pas contraire aux siennes. Ils ne devaient pas se mettre en porte-à-faux, ils ne devaient pas s’interposer d’une quelconque manière pendant ce trajet, pendant cette mission. Cela valait aussi pour Ishla, pour qui elle avait d’autres projets pendant ce voyage. C’était si facile, si simple de le faire ! Eprise d’un profond contentement, Takara laissa derrière elle, dans leur esprit, une nécessité impérieuse, celle de contacter personne, d’informer personne, et d’oublier tout de ce qui se passerait pendant cette expédition. Elle n'allait pas laisser trainer une nouvelle histoire en lieu et place de celle-ci pour le moment, c’était un travail qu’elle réserverait à plus tard, lors de leur retour. La reine consort se retira de leur esprit aussi vite qu’elle y était entrée, mais avec un profond sentiment de fatigue, et la sensation de s’être dépassée.

Elle cligna des yeux, chassant le mal de crane résultant avant que sa vision ne se drape d’un nouveau voile sombre. Epuisée, il lui restait tout de même une dernière chose à faire, cependant, et son attention se reporta sur Isobel, dont l’esprit était toujours adorablement pacifié. Toujours avec cette aisance, mais avec la fatigue en plus, elle se glissa une fois de plus dans son esprit, où il restait encore un peu de travail à accomplir. Replongeant dans le flot des pensées de sa demoiselle de compagnie, elle remonta doucement la ligne de ses souvenirs récents pour les altérer quelque peu. Il était inutile de les effacer, seulement de les réorganiser de sorte à faire plonger les derniers dans l’oubli. Remonter jusqu’à son arrivée dans les appartements royaux, l’étouffement, pour venir gommer les sensations contraires à ce qu’elle avait implanté et altérer précédemment. Elle n’avait plus besoin de cela. Comme elle l’avait fait avec son époux quelques mois plus tôt, elle en tira de nouveaux souvenirs plus en adéquation avec sa raison. Le besoin de s’excuser, de demander pardon, et tout ce qui s’ensuit. Le fait qu’elle l’avait fait, avant de venir s’installer dans son fauteuil à son injonction. C’était un vrai travail de petites mains pour s’assurer que ces nouveaux souvenirs se retrouvent en adéquation avec ses altérations. Puis, qu’elles avaient longuement discuter de cet incident, pour en venir au moment où elle se réveillerait, sans le moindre souvenir de s’être endormie. Sans la moindre impression de s’être endormie.

Qu’il était triste, néanmoins, de devoir en venir là, à cause d’une vulgaire erreur commise plus tôt, en pensant bien faire. Heureusement qu’elle avait pu pratiquer entre temps, et améliorer sa maitrise de ce genre de talent. Une fois cela fait, elle finit son œuvre par une toute dernière suggestion, une dernière petite accentuation de la rancœur qu’elle pouvait avoir contre les servantes inutiles et incapable de faire correctement leur travail. Avec, en ligne de mire, la jeune Ishla qui les accompagnaient, et qui avait encore beaucoup à apprendre.

Takara cligna une nouvelle fois des yeux, pour casser le trouble et retrouver une vision plus claire d’Isobel. Clairement satisfaite, mais aussi profondément fatiguée. Malgré le temps et l’entrainement, elle n’avait toujours pas l’habitude de ce genre de chose, qui lui avaient demandé beaucoup d’efforts. Elle prit une seconde pour retrouver sa contenance, avant de sourire légèrement tandis qu’elle venait claquer des doigts dans l’esprit d’Isobel et la sortir de sa torpeur.

« Bref, je vous le répète encore une fois, cette affaire appartient au passé. Assurez-vous simplement que ça ne se reproduise plus. » dit-elle sur un ton assez doux, comme si finalement, l’agacement avait finit par se dissiper.

Elle se frotta tout de même légèrement le front du revers de la main, naturellement, à cause de la fatigue, avant de changer volontairement de sujet. Il lui fallait aborder des affaires plus tranquilles, qui ne lui demandait pas beaucoup de concentration.

« Nous parlerons de notre destination, et de ce que j’attends de cette expédition demain. Parlez-moi plutôt de Waljan. Comment va-t-il ? Vous avez pu prendre un peu de temps pour lui rendre visite ? »

"Bref, je vous le répète encore une fois, cette affaire appartient au passé. Assurez-vous simplement que ça ne se reproduise plus."

Bien sûr, elle comptait faire plus attention et travailler sur elle pour l’éviter. Hochant la tête, elle retint de justesse un léger soupir. Ces derniers temps étaient plus… fatigants. Dans le sens où des détails, dont elle ne se soucierait habituellement pas, commençaient à bien plus l’agacer. Par exemple, et ce n’était pas anodin, les jeunes servantes du moment, qui ne remplissaient pas aussi bien leur devoir qu’elles le devraient. Un manque de motivation, d’initiatives dans certains cas, du service minimum… Jusque là, elle ne s’en était pas trop irritée, tant que le travail était fait, mais cette lenteur passait de moins en moins bien. C’était aussi pour cela qu’elle trouvait désolant qu’Ishla les accompagne, puisqu’elle était l’une de celles les plus molles. Pas la plus incompétente mais la plus… Comment le dire… Celle qui l’indisposait le plus. Il faudra qu’elle fasse quelque chose, pour la secouer un peu, mais quoi ?

"Nous parlerons de notre destination, et de ce que j’attends de cette expédition demain. Parlez-moi plutôt de Waljan. Comment va-t-il ? Vous avez pu prendre un peu de temps pour lui rendre visite ?"

La question la tira un peu brusquement de ses réflexions sur la meilleure manière de secouer le petit personnel incompétent du Palais. Il était était ardu de rester de mauvaise humeur en pensant à l’adorable petit garçon et les petits sourires qu’il parvenait à donner lorsqu’elle le tenait dans ses bras, même si elle était encore très timide.

"J’ai pu m’y rendre quelques fois, oui. Il commence à plus sortir de sa coquille et bien parler."

Un sourire attendri la gagna alors qu’elle songeait à la dernière visite. Waljan avait, pour la première fois, rit avec elle, lors d’un jeu, puis il lui avait raconté ses journées, ses premiers cours et ce qu’il aimait faire dans la salle de jeu de l’orphelinat. Elle décrit même comment il se comportait à la reine consort, emportée par son élan, décrivant chacun de ses petits progrès comme s’il était déjà officiellement son fils. Parlant des couleurs qu’il reconnaissait, des premières lettres et chiffres qu’il identifiait, des dessins qu’il faisait… C’était un enfant s’éveillant bien au monde mais qui devait être soutenu et stimulé, pour « oser » le faire. En le laissant seul, il se renfermait très vite sur lui-même et à l’orphelinat, peu pouvait se charger de lui, il y avait simplement trop d’enfants. Isobel hésitait encore à le prendre pour de bon avec elle car il ne pourra pas toujours trottiner derrière elle, au travail. Elle ignorait si l’école élémentaire accolée au Palais voudra bien de lui, étant donné qu’il n’était pas d’origine noble… Et qu’il sera le fils d’une simple suivante.

"Je pourrai aller le chercher pour de bon une fois mieux oragnisée."

Pour le moment, pour l’école, elle ne savait pas encore quoi faire. Chez le personnel, ceux ayant des enfants les mettaient dans des écoles près de chez eux, les conjoints emmenaient les enfants. Pour ceux résidant dans le Palais lui-même, ils avaient des horaires arrangés pour pouvoir y conduire leurs enfants. Isobel ne pouvait pas vraiment faire ça…

"J’ai pu m’y rendre quelques fois, oui. Il commence à plus sortir de sa coquille et bien parler."

Takara esquissa un fin sourire en écoutant Isobel s'exprimer plus joyeusement au sujet du garçon, non pas seulement parcequ'elle trouvait cela mignon, mais parce qu'il était toujours aussi facile de stimuler cet état d'esprit plus détendu et agréable chez sa demoiselle de compagnie en évoquant le petit Waljan. Les petits détails qui s'accumulaient ls uns après les autres, la manière dont elle en parlait, il était évident que ce travail là, sur sa suivante, avait bien fonctionné, mieux que le reste, en tout cas. Fort heureusement, maintenant que le reste était également corrigé, résolu, les choses iraient forcément pour le mieux. Dans leur intérêt à elles, tout du moins. Isobel parlait du petit comme s'il était déjà son fils. Comme s'il faisait déjà partie de la famille. C'était adorable, même Takara devait l'admettre. C'est pourquoi elle n'hésita pas, elle non plus, à évoquer les progrès qu'elle faisait avec Aylin, au quotidien, depuis son arrivée puis sa présentation officielle. Elle aussi s'ouvrait petit à petit, même si elle avait du mal à comprendre pourquoi il y avait soudainement autant de personnes gravitant autour d'elle, prête à l'aider et à s'occuper d'elle à tout moment.

Le plus compliqué, finalement, était encore de lui faire comprendre pourquoi Leia et elle ne pouvait pas être disponibles en permanence pour s'occuper d'elle. Son épouse faisait beaucoup d'efforts pour se libérer des nombreuses tâches qu'elle avait au quotidien, mais il était impossible d'être toujours là pour elle. Ca, et le fait de devoir s'dapter au fameux protocole, dès son jeune âge. Mais les choses évoluaient là aussi pour le mieux. Isobel faisait sa part elle aussi, là-dedans. C'était une très bonne chose, et Takara la remercia une fois de plus pour ses efforts, avant de laisser sa demoiselle de compagnie reprendre le fil de la discussion, pour émettre les quelques doutes, et les petits problèmes qu'elle avait encore à résoudre. Il était vrai qu'il serait difficile de faire accepter le petit Waljan dans l'école élémentaire du Palais, mais c'était peut-être quelque chose que Leia ou elle-même pourrait régler. Peut-être que montrer une forme d'ouverture, en proposant à quelques jeunes enfants une éducation, pourrait satisfaire une certaine tranche de leur peuple. D'un autre côté, les maisons risqueraient de voir cela d'un plus mauvais oeil...

"Je pourrai aller le chercher pour de bon une fois mieux organisée."

"Vous trouverez un moyen, je ne me fais pas d'inquiétudes pour cela. Puis nous pourrons lui présenter Aylin, si cela peut l'aider à s'ouvrir un peu plus, un peu plus facilement." rétorqua Takara, en reprenant en main la tasse de thé à moitié vide qu'elle avait posé sur la table basse avant même l'arrivée d'Isobel. "Cet enfant vous mérite, tout comme vous méritez d'avoir quelqu'un dans votre vie qui compte pour vous après tout ce que vous avez dû endurer récemment."

Takara but une gorgée, avant de reposer la tasse juste à temps pour venir masquer un long baillement, clairement non maitrisé, et qui aurai probablement provoqué un arrêt cardiaque au sein de l'Intendance. Elle était définitivement fatiguée. La tête était lourde, elle avait définitivement besoin de repos. Cette expérience l'avait épuisé. C'était la première fois qu'elle étendait autant son esprit, our toucher un si grand nombre de personne à la fois. Elle allait devoir pratiquer un peu plus, si elle voulait éviter cela à l'avenir.

"Bien, je vous remercie d'être venue, Isobel. Je vous laisse vous occuper de tout cela." dit-elle en désignant le plateau posé sur la table basse, avant de se lever doucement. "Je pense qu'il serait approprié de profiter de ce temps loin du palais pour vous aider à progresser un peu plus. Je veux que vous méditiez ce soir, comme je vous l'ai appris, avant d'aller vous coucher, creusez un peu ce qui vous passe par la tête. Cela vous fera du bien, vous verrez."

Elle s'écarta du grand salon de quelques pas, jetant un regard sur le côté pour observer le comportement d'Isobel, et s'arrêter devant la porte des appartements royaux.

"Je vous expliquerais demain où nous nous rendons, bien que je pense que vous devez déjà vous en douter. Puis nous poursuivrons votre formation, de sorte à ce que vous soyez un minimum préparée, le cas échéant, à ce que nous pourrions trouver."

Takara n'avait toujours aucune intention de mettre les pieds sur Kesh. Surtout pas avec Isobel, qui ne connaissait rien à son peuple, et qui n'était absolument pas préparée à affronter ce qu'elle trouveraient à la surface. Elle-même ignorait si son peuple avait conservé les coutumes, et les traditions de son époque. La sith n'était convaincue que d'une chose : son peuple ne pouvait pas avoir quitté Kesh sans aide extérieure; il n'existait aucun écrit indiquant le contraire; ce qui devait donc dire qu'ils étaient toujours au même stade.


C'est avec cette pensée que la reine consort s'était rincé le visage, pour ôter ce maquillage inutile, puis changé pour se mettre au lit. Elle n'avait pas veillé bien longtemps, bien trop épuisée. La nuit en elle-même fut longue et ininterrompue, si ce n'est par la réactivation de l'éclairage automatique des appartements. Isobel était sans doute déjà prête, comme d'habitude, pour s'occuper de ses devoirs. Aujourd'hui plus que tout les autres jours, avait pensé la sith, doutant qu'elle ait eu la force ni même l'envie de déléguer cela à Ishla, après la petite touche qu'elle avait laissé dans son esprit. Takara ne savait pas vraiment pourquoi, mais elle trouvait cela amusant...

"Vous pouvez venir, Isobel." avait-elle finit par lâcher en sentant effectivement sa présence dans le salon, après avoir enfilé une robe fine, légère, et blanche, sans réelle fioritures. Puis elle sortit de la chambre à coucher, les mains perdues dans ses cheveux qu'elle venait de nouer en un chignon sommaire. "Avez-vous suivi mes instructions, hier soir ? Y a-t-il des des contrariétés, des sensations ou des pensées que vous souhaiteriez partager ?"

Pour le moment, elle ne savait pas vraiment quoi faire, quoi penser, comment agir… Mais elle verra bien plus tard. Les enfants étaient plus compliqués à gérer que ses propres tâches quotidiennes. Pour ce qui était d’avoir quelqu’un d’autre dans sa vie, au niveau intime cette fois, mmh, à voir. Plus tard. Bien plus tard ! Et il faudra que ça soit vraiment l’homme idéal, cette fois, pour qu’elle lui accorde une chance. Sympathique, attentionné, compréhensif… Le parfait gentleman. Qui n’existait certainement pas dans la vraie vie. Elle retint un soupir puis commença à débarrasser, hochant simplement la tête aux recommandations de la reine, pour ce soir. Quant à demain… Oui, elle avait une idée de la destination et c’était bien pour cela aussi qu’elle avait tenu à être du voyage, au cas où quelque chose se déroulait mal. Elle repartit, pour s’occuper de ses dernières tâches, durant la soirée. L’équipage était actif, mais elle avait une impression bizarre, tout le monde semblait un peu fatigué ou l’esprit ailleurs.

Arrivée dans sa cabine, elle prit d’abord une longue douche et se prépara pour lui, avant de se coucher. Méditer… Elle ne faisait pas encore très régulièrement, car il y avait des soirées où, emportée par une longue journée, elle était tout simplement trop fatiguée et s’endormait immédiatement. Allongée comme si elle était prête à s’endormir, couverture ramenée sur elle, elle ferma les yeux, tâchant de suivre les fins effluves de la Force… Sans qu’elle ne sache vraiment si c’était dû à la méditation ou un simple rêve, des images vinrent emplir son esprit et se substituer complètement à la réalité, la faisant même se détacher de ses ressentis purement physiques. Elle se trouvait dans les montagnes, sans doute sur Alderaan, une arme en mains, où elle achevait avec soin un homme couché au sol et suppliant. Sans remords, avec même… Un étrange sentiment de satisfaction. Un rebelle. Elle savait que c’était un rebelle. Son corps était ensuite jeté en pâture à la faune locale, les vêtements et armes récupérés pour être brûlés. Aucune trace ne subsistera.

La vision se poursuivit sur cette même traque, avant de laisser place à un esprit bien plus apaisé et une longue nuit de sommeil… Isobel se réveilla doucement, à l’heure habituelle, se sentant… Très bien, à vrai dire. Apaisée et confiante. Sans même être perturbée par un tel rêve. Elle se prépara comme d’habitude, avant d’emmener dans la suite royale petit-déjeuner préparé. La voix de la reine consort résonna peu de temps après, dans la pièce d’à côté. Elle posa d’abord ce qu’elle tenait, avant d’approcher.

"Avez-vous suivi mes instructions, hier soir ? Y a-t-il des des contrariétés, des sensations ou des pensées que vous souhaiteriez partager ?"

"Une simple vision… Très apaisante…"

Elle la lui raconta, très simplement, comme si elle lui donnait un résumé des tâches accomplies en ce jour au Palais ou de ce qui s’était passé durant un événement culturel ou un autre. Surtout depuis ce qu’il s’était produit au musée, cette attaque ignoble, la jeune femme ne voyait absolument aucune contrariété à abattre comme des chiens les assassins s’en prenant au peuple d’Alderaan. Ils ne méritaient aucune pitié ni compassion ! Ils avaient brutalement tué des innocents, dont certains avaient souffert atrocement dans les décombres avant de succomber…

"Je sais que le vengeance n’est pas le credo de notre peuple, mais enfin… Elle a un côté satisfaisant."

Les lois réprimaient de tels agissements, bien entendu, leur peuple était civilisé. Mais c’était… regrettable… Elle aimerait que ça puisse se faire, hélas, leur peuple ne l’acceptera jamais aussi ouvertement. Le pacifisme était trop ancré.

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Dés : 4 et obscurité

"Une simple vision... très apaisante..."

Au ton prit par sa suivante préférée, Takara n'eu aucun doute sur la véracité de son propos. Debout dans l'embrasure de la porte menant à la chambre, la reine consort la regarda s'approcher, avant de prendre particulièrement soin d'écouter son récit, bien que la manière de le décrire lui rappelait bien trop ces rapports matinaux qu'elle avait si bien l'habitude de lui faire, au moment du petit-déjeuner, ou lors de la toilette. C'était structuré, plus qu'elle ne l'aurait pensé. En allant se coucher hier soir, elle ne s'atendait pas à ce qu'Isobel parvienne aussi facilement à se laisser glisser dans un état méditatif sans son aide. C'était une très bonne chose, une preuve qu'elle avait misé sur la bonne personne au bon moment. Sa demoiselle de compagnie progressait plus rapidement que prévu, et leur voyage lin du palais et des regards indiscrets offrait une opportunité qu'elle ne pouvait pas se permettre de laisser filer.

La vision en elle-même était intéressante, une preuve d eplus qu'elle se laissait guider par ses émotions, sa colère et sa haine envers son ex-fiancé, envers la rébellion et les ennemis d'Alderaan. Ciblée. Claire. Ne laissant que peu de place aux doutes. Sa volonté, également, pouvait facilement être jugée. Takara avait esquissé un fin sourire en l'écoutant, définitivement satisfaite pas la tournure des évènements. Il allait falloir tout de même tempérer ses ardeurs, lui faire comprendre que la violence n'était pas nécessairement la solution. Une chose qu'Isobel savait déjà, elle en était certaine, mais qui se retrouvait probablement offusquer par ces accès de haine, et de volonté de vengeance.

"Je sais que la vengeance n'est pas le crédo de notre peuple, mais enfin... Elle a un côté satisfaisant."

Oui, de cela Takara n'avait pas le moindre doute. C'était ancré au fer rouge, au coeur de son être. Cela l'avait toujours été, telle était la nature du Côté Obscur. Il était cependant nécessaire de savoir se maitriser. De faire preuve de subtilité, lorsque cela était possible. Elle n'avait pas besoin d'Isobel pour trouver un éxécutant capable de faire le sâle boulot sans réfléchir, et avec brutalité. Scourge, Nekaryss, ces siths là étaient de bons exemples. Ils manquaient de finesse. Takara avait besoin de quelqu'un capable d'agir de façon chirurgicale, réfléchie, subtile.

"Je comprends très bien ce que vous ressentez. Cela prouve que vous faites de grands progrès. Cependant, la vengeance n'est pas utile lorsqu'elle n'apporte rien d'autre qu'une pure satisfaction personnelle. Il faut qu'elle soit utile, et bien dosée."

D'un geste de la main, elle invita Isobel à s'écarter pour la suivre dans le salon, où elle avait posé le petit-déjeuner. Takara n'avait plus vraiment très faim, l'excitation de voir Isobel si réceptive lui donnait envie de commencer tout de suite, sans perdre de temps. Elle s'installa néanmoins dans l'un des fauteuils, en ramenant le tissu léger sous ses jambes. Puis elle tira la tasse de thé vers elle, ainsi que plusieurs petites brioches.

"La violence gratuite, bien que très apaisante et satisfaisante, ne résoud pas grand chose. Il faut qu'il y ait un retour sur investissement, un gain. La pluspart du temps, la vengeance est d'autant plus satisfaisante qu'elle est subtile, ou fourbe." continua-t-elle, tout en commençant à se sustenter, doucement. Elle voulait tant passer à la suite, mais elle aussi devait savoir prendre son temps. "C'est la raison pour laquelle j'ai commencé à vous apprendre à méditer, plutôt que de développer votre capacité à vous battre, ou vous défendre à l'aide de la Force."

Se battre, Isobel savait déjà le faire. Certes, elle ne serait pas encore capable de tenir tête à un sensitif armé, mais elle était bien à-mêe de se défaire de toutes les autres formes de menaces. Ce serait également perdre du temps inutilement.

"D'autres moyens tout aussi satisfaisants que la violence existent, et je pense que vous les apprécierez tout autant."

Elle finit d'avaler une des petites brioches, avant de boire une nouvelle gorgée de son thé, calmement. Son regard se reporta vers Isobel, à qui elle n'avait toujours pas proposé de s'asseoir. Mh.

"Justement... avant de parler du reste... Vous disiez être plus appaisée après votre dernière méditation. Asseyez-vous donc à même le sol, nous allons tenter quelque chose de différent." lui intima-t-elle, avant de préciser qu'elle pouvait chercher la position la plus confortable, assise souplement, en tailleur ou à genoux.

Elle-même préférait la dernière, cela lui permettait de se focaliser sur son corps, pour détacher plus facilement son esprit. Là, elle posa sa tasse sur le plateau pour regarder Isobel s'installer, comme elle le lui avait demandé. Là, voilà, sans poser de questions, c'était nettement mieux.

"A présent, essayez de retrouver cet état dont vous m'avez parlé tout à l'heure. Concentrez-vous, comme nous l'avons déjà fait ensemble." lui suggéra-t-elle, cette fois-ci plus calmement. "Puis lorsque vous vous sentirez prête, essayez de regarder autour de vous; de sentir ce qu'il se passe autour de vous. Essayez de sentir l'équipage."

Elle-même laissa étendre son emprise autour d'elle, à la fois pour aider discrètement et légèrement Isobel, mais aussi pur surveiller son action, pour l'empêcher de se laisser emporter par les remous de la Force, le tout en buvant doucement son thé. Elle ne doutait pas qu'elle saurait se débrouiller toute seule, mais il n'était pas question de prendre le moins de risque avec son pion. Pas alors qu'elle n'était qu'au début de son évolution.

"Lorsque vous vous sentirez prête, focalisez-vous sur une personne en particulier. Une personne qui vous tracasse ou que vous appréciez. Puis dîtes-moi de qui il s'agit, et de ce que vous ressentez envers elle..."

Takara avait sa petite idée, déjà, si Isobel parvenait à faire cela dès la première tentative, et n'allait pas l'influencer d'une quelconque manière, cette fois-ci. Bien que surveillée et guidée, son outil était libre de faire ses propres choix.

La vengeance n’était pas ce qu’elle visait spécialement. Enfin… Disons que tout dépendait contre qui… Des personnes l’agaçaient mais sans lui donner cette envie profonde d’y mettre un terme, par tous les moyens possibles, elle se contentait de les ignorer, sans plus. D’autres… étaient plus… En suivant dans le salon, elle réprima quelque peu ces envies particulières. Assez surprise, d’ailleurs, que la reine ne lui dise pas simplement qu’il était inconcevable d’y songer mais qu’il fallait simplement savoir la doser et s’en servir à bon escient. Même si c’était actuellement plaisant à entendre, ça n’en restait pas moins surprenant. Isobel finit par retenir un soupir, en se frottant rapidement la tempe, voulant aussi effacer ces doutes de son esprit. Après tout, la reine consort ne venait pas d’Alderaan et ne devait donc pas voir de soucis à de telles choses. Ce n’était pas plus mal, dans un certain sens, ça permettra d’accéder à de nouvelles formes de… Travail. Et de manières de régler des affaires compliquées sans que le peuple ne soit au courant.

La reine consort lui demanda ensuite de s’installer directement au sol, à genoux en tailleur, peu importe. Assez à l’aise avec les deux, elle choisit plutôt de se mettre en tailler, ce qui l’aidait à garder le dos bien droit. Se concentrer de nouveau sur cet état ne fut pas bien difficile, elle le trouvait trop apaisant pour en avoir peur, même si la finalité n’était pas sa culture. Si elle songea d’abord au petit Waljan, ses pensées dérivèrent bien rapidement et malgré elle vers une source de contrariété à proximité immédiate. Sa première impulsion fut évidemment l’envie de la « pousser » mentalement, la secouer, faire quelque chose, faire en sorte qu’elle fasse mieux son travail et surtout, plus vite, qu’elle se contente plus du service minimum. Elle, déjà, qui passait si peu de temps à s’entraîner… Hélas, si l’envie était là, elle ne trouva pas de moyen de le faire, lançant comme un coup dans l’eau, bien loin de sa cible. Un coup raté qui augmenta sensiblement sa frustration, quand bien même elle s’efforçait de la maîtriser.

"Je n’arrive pas à la secouer un peu," marmonna-t-elle plus pour elle-même que pour la reine.

Elle la sentait si proche… Elle « voyait » sa présence, elle la visait, mais pour le moment, elle ne pouvait rien d’autre que tourner autour sans pouvoir l’atteindre et sans doute, la frapper un peu. C’était si frustrant… Et en même temps… Cette frustration lui donnait envie de recommencer jusqu’à maîtriser la méthode qui lui permettra de parvenir à ses fins…

Takara avait esquissé un léger et fin sourire lorsqu’Isobel s’était installé sans même lui demander pourquoi, ou dans quel but elle lui demandait cela. Voilà qui était déjà bien mieux, Isobel était bien plus agréable lorsqu’elle ne posait pas toutes ces questions inutiles qui leur faisait perdre du temps pour rien. Non pas que la sith soit contre les suggestions ou les questionnements de sa suivante préférée, mais il y avait tout de même des moments comme celui-ci où sa parole n’avait pas à être discutée. Il était plaisant, donc, de voir qu’Isobel semblait l’avoir également compris. Elle-même était resté debout, n’ayant pas besoin de beaucoup de concentration pour réaliser le même effort que sa demoiselle de compagnie qui, sur le coup, la surprit agréablement une nouvelle fois en se plongeant plus facilement que d’accoutumée dans une trance adéquate. Le goût du thé à son palais, était d’autant plus doux qu’elle voyait Isobel se faufiler habilement dans la Force, en s’entourant d’une aura familière, et tout aussi chaleureuse qu’elle était glaciale pour ceux d’ordinaire capables de la ressentir autour d’elles. Malgré le manque de temps, et d’entrainement, elle arrivait malgré tout assez rapidement à un état d’esprit acceptable. Bien ; Très bien, même…

D’abord un peu perdue, ce qui était normal lorsque l’on n’avait pas l’habitude, elle la vit se projeter assez rapidement vers la cible de choix, sur laquelle la consort avait indirectement dessiné une énorme cible pour qu’Isobel se jette dessus. C’était parfait. Grandiose. Elle-même ne s’était pas attendu à un tel résultat, après seulement une nuit. Son pion réagissait parfaitement aux petits ajustements qu’elle avait pratiqué dans son esprit. Elle ressentait son agacement pour la petite Ishla, encore toute jeune, du même âge que Leia. La suivante représentait la cible idéale, le jouet parfait pour façonner les compétences d’Isobel… Isobel qui, à sa grande déception, céda bien trop vite à sa frustration, en ne se contentant pas de graviter autour de l’esprit de la jeune femme comme elle lui avait pourtant demander. Isobel qui ne commentait pas sur ce qu’elle ressentait, comme elle lui avait pourtant dit de le faire. Isobel qui ne résista pas à l’envie de venir forcer l’esprit de la jeune femme, sans même savoir comment s’y prendre. Takara secoua la tête, en voyant la piètre performance de sa demoiselle de compagnie. Son pion voulait aller bien trop vite en besogne, encore une fois. Ça n’allait pas…

« Je n’arrive pas à la secouer un peu, » marmonna sa suivante, plus pour elle-même que pour elle.

« C’est parce que vous vous entêtez à ne pas suivre mes instructions, à vouloir aller trop vite, sans être prête pour cela. » rétorqua-t-elle avec de l’agacement dans sa voix, plutôt froide. Une réprimande de plus, non voilée.

Dans une autre situation elle l’aurait laissé se débrouiller seule comme tout autre sith le faisait habituellement. La situation, cependant, nécessitait de pas perdre de temps…

« Vous avez voulu rentrer dans son esprit, modifier sa façon d’être sans même savoir comment suggérer une pensée. Vous ne pouvez pas sauter les étapes aussi facilement, vous n’avez pas encore la maitrise et la compréhension suffisante pour cela. »

L’amertume, et le reproche était clairement discernable. Takara n’était pas satisfaite de cette prestation. Isobel n’en faisait qu’à sa tête, et à cause de cela, elle échouait. Venir jouer avec les pensées d’autrui n’était pas quelque chose d’inné, ou de facile à faire. Il ne suffisait pas de foncer et de tout détruire à la manière d’une brute épaisse. L’esprit était quelque chose qu’il fallait façonner, travailler, avec beaucoup de subtilité. Il fallait apprendre à l’approcher. A franchir ses défenses, aussi faibles puissent-elle être, pour pouvoir s’y glisser à l’intérieur, plutôt que de rebondir à sa surface. Un non—sensitif comme Ishla ne se rendrait même pas compte d’une telle tentative, bien sûr, mais un sensitif, lui, saurait tout de suite que quelque chose ne va pas.

« Avant toute chose, vous devez apprendre à franchir les barrières naturelles de l’esprit. Une fois cela fait, il est assez facile de venir suggérer une action à des esprits aussi faibles que le sien. »

Une façon de souligner que l’esprit d’Isobel était plus fort par nature, parce qu’elle était sensitive, et qu’il était inutile pour elle de s’inquiéter de sa propre condition pour le moment. Ce qu’elle lui expliqua, par ailleurs, pour s’assurer qu’elle reste focalisée sur l’exercice. Sur son agacement, et sur l’excitation que lui provoquait sa frustration. Son envie de recommencer.

« A présent concentrez-vous, et observez. » rajouta-t-elle, en posant sa tasse sur la petite table basse.

Puis elle s’ouvrit un peu plus à la Force, de sorte qu’Isobel puisse la voir elle aussi s’approcher de l’aura Ishla. De sa position. De sa présence. Takara n’avait pas besoin de se cacher. Mise à part Isobel, personne ne pouvait les observer. Et elle avait besoin que son pion comprenne, puisse voir comment elle s’y prenait. Pour qu’elle puisse d’abord l’imiter, puis prendre petit à petit le coup de main qui lui permettrait d’agir en parfaite autonomie. Seule.

Takara continua de graviter un instant autour de l’esprit de la jeune suivante, en prenant bien son temps. D’ordinaire, cette action lui aurait prit qu’un bref instant mais elle avait besoin qu’Isobel comprenne. Puis, doucement, elle s’approcha, comme le ferait un objet s’approchant de sa cible, comme le ferait une ombre rampante pour s’approcher de sa victime, pour venir s’immiscer, avec calme et délicatesse, sous la barrière mentale de la jeune femme, pour venir observer le flux de ses pensées, défilant tel une rivière sur son lit, pour venir y déposer une petite pierre, suffisante pour en dévier le courant, lui suggérant l’envie, le besoin de se rendre en salle des commandes pour s’informer sur la progression du voyage. Puis elle se retira, regardant l’effet de son action alors qu’Ishla se levait de la chaise devant le petit bureau de sa chambre, pour sortir dans le couloir et finalement prendre la direction de la proue du vaisseau pour exécuter cette nouvelle tâche qui n’empiétait en rien sur sa façon d’être.

Takara inclina la tête vers Isobel.

« Notez qu’il est difficile de suggérer des actions que l’esprit refuserait catégoriquement de faire. Comme se donner la mort, par exemple. Cela demande plus d’efforts. Bien. A vous, à présent. Soyez subtile. Suggérez-lui de venir s’agenouiller devant nous. »

Une tâche à priori simple, mais qui déjà allait contre l’instinct initial. Si venir dans les quartiers de la reine consort était naturel, venir s’agenouiller était contraire pas dans ses habitudes. Rien, cependant, qu’une bonne suggestion pouvait contrecarrer.

Ne pas aller trop vite relevait du parcours du combattant, tant l’envie était puissante, tout comme l’impatience. Que ça soit mal ou bien était compliqué à faire passer au-dessus de ses priorités, comme toujours, d’ailleurs… Même bien plus jeune, elle voulait aller vite, ne jamais perdre la moindre miette de temps et les trop longues étapes ou procédures l’épuisaient plus que de raison. Au travail, à l’entraînement ou dans sa vie privée, les affaires devaient être faites vite. Ça agaçait évidemment ses mentors divers et anciens professeurs, tout comme elle s’était attendue à ce que ça agace la reine. Comment faire autrement ? L’impatience était son moteur et une arme à double-tranchant, pouvant tout aussi bien pousser brusquement en avant que tout faire échouer. Elle se savait impatiente et impulsive, des traits de caractères qu’elle parvenait plus ou moins à contrôler suivant les circonstances, mais qui reprenaient bien vite le dessus. Chassez le naturel et il reviendra au galop. Aucun des apprentissages de sa vie n’avait encore échappé au schéma et il ne faisait nul doute que celui-ci ne pouvait y échapper. Seul le temps et l’entraînement lui permettaient de se refréner et maîtriser son sujet.

Elle écoutait et observait, bien sûr, même si l’envie était toujours présente. C’était… très différent, même sans parler de l’aspect particulier de l’exercice, elle n’avait tout simplement pas l’habitude de devoir prendre son temps et être plus douce, dans ses actes. Passer d’exercices très directs à d’autres plus subtils représentait une nouveauté. Ce n’était pas dérangeant, mais c’était… Étrange. Outre le fait qu’elle ignorait tout de ces jeux mentaux, elle trouvait encore plus complexe de devoir y aller en prenant son temps et en se retenant. Décortiqué ainsi, en prenant son temps, ça semblait simple, mais… Ce ne pouvait être si simple… Elle hocha la tête, à la précision qu’il était bien plus difficile d’imposer mentalement une action à une personne si celle-ci s’y opposait par nature de tout son être. Compréhensible, mais dommage que ça ne soit pas plus évident, il serait si commode et rapide d’imposer une telle chose à certains de leurs ennemis, à distance… Inutile de se salir les mains ou même de se lancer à leur portée, au risque de se faire soi-même abattre… Elle secoua un peu la tête, pour chasser de telles pensées. En tant que simple suivante, son but n’était pas et ne devrait pas d’aller chasser elle-même les terroristes faisant exploser des musées et tous les innocents à l’intérieur…

Pénétrer dans l’esprit d’Ishla… Ce second essai se déroula mieux que le premier, d’une part car elle savait ce qu’elle avait à faire, cette fois, d’autre part, car elle s’efforçait péniblement de prendre son temps. Ce fut une impression très étrange, satisfaisante mais étrange, que d’entrer doucement dans l’esprit de sa cible. Une femme jeune, inconsciente, insouciante, molle… Elle ne l’aimait pas et cela amplifiait son désir de réussir à la maintenir sous son contrôle. Même si ce n’était pas très moral… Elle se glissa sous les défenses de la petite, puis s’aventura tout d’abord, sans trop savoir où aller, dans ce petit esprit étroit. Voyons voir… C’était comme une salle très encombrée, on ne savait plus où donner de la tête… Ne rien perturber de trop lourd fut ardu mais elle parvint doucement à son but, les deux mains serrées fortement contre les pans de sa jupe, tant elle se retenait pour ne pas aller trop vite. Elle fut presque surprise, lorsqu’elle entendit la porte s’ouvrir, un temps indéterminé plus tard… Surtout en ayant cette fois du mal à sortir de l’esprit de sa cible du moment.

"Une minute," marmonna-t-elle pour elle-même, "Où sommes-nous…"

Elle parvint enfin à quitter l’esprit de sa cible, juste au moment où elle se rendit compte que cette dernière était bel et bien venue faire ce qu’elle lui avait ordonné. Eh, finalement, ça fonctionnait ! Donc cela signifiait-il qu’à plus long terme, elle pourra l’obliger à travailler plus sérieusement ?

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Jet : 3

Takara replongea dans la petite mais dense toile qui unissait l’ensemble des personnes présente à bord du Sundered Heart pour suivre les actions d’Isobel, et s’assurer qu’elle ne vienne pas déranger ce qu’elle n’avait pas à toucher dans sa tentative. Ishla avait ses défauts, certes, mais la reine-consort ne souhaitait pas que sa suivante préférée transforme l’esprit de la petite en bouillie parce qu’elle ne l’appréciait pas ou parce qu’elle ne se maitrisait pas correctement. En cela, elle constituait une cible parfaite pour Isobel, sur laquelle elle allait pouvoir pratiquer et travailler pour lui faire adopter un état d’esprit plus en accord avec ses propres principes. La chose en elle-même ne surprendrait pas grand monde, et ceux qui se rendraient compte de son changement de comportement se diront sans doute que c’était le voyage qui avait forgé la jeune suivante. De cela, Takara s’en accommoderait aisément, il y aurait assez de témoins pour le conformer, au besoin.  

Elle suivit ainsi le mouvement un peu poussif d’Isobel, qui semblait encore chercher ses marques en gravitant autour de l’esprit de sa cible. Ce n’était pas une surprise, ce n’était que la deuxième fois qu’elle tentait cela et Takara ne s’attendait pas à ce qu’elle y parvienne sans son aide. Une aide qu’elle ne lui fournirait pas. Isobel devrait se débrouiller seule, quitte à recommencer plus tard. Cependant, sa demoiselle de compagnie la surprit en l’imitant parfaitement, se glissant dans l’interstice des défenses mentales d’Ishla pour venir doucement naviguer dans ses pensées, errant d’abord sans but tel un serpent cherchant le bon endroit à mordre. Ouvrant les yeux un bref instant, Takara laissa glisser son regard vers Isobel, qui semblait contrariée. Puis elle sentit l’action, la vit toucher l’esprit de sa consœur, dont l’aura et le corps s’étaient immobilisées à quelques pas du sas qui donnait sur le pont de commandement.

« Bien… » tança-t-elle Isobel dans un souffle encourageant, alors qu’Ishla avait entreprit de faire demi-tour. « Très bien… Vous progressez déjà. »

C’était surprenant, étonnant, mais plaisant de voir qu’elle avait fait le bon choix, en décidant de la former, puis de l’emmener malgré tout avec elle pour ce voyage plutôt que de la faire enfermer à bord du Tantive III. Qu’elle y parvienne pratiquement du premier coup, à cette distance, était vraiment une très bonne surprise. D’ordinaire, il était coutume de commencer avec un sujet présent physiquement près de soi, un contact physique aidant grandement à appréhender l’esprit que l’on recherchait. Une chose qu’elle aurait tout le loisir de faire au cours de ce voyage pour parfaire sa technique. Cependant, Takara s’inquiéta de voir qu’Isobel n’était toujours pas sortit, maintenant qu’elle avait fait ce qui lui était demandé. Il était vrai qu’elle ne l’avait pas vraiment spécifié, mais la chose semblait pourtant faire sens. Était-t-elle piégée ?

Son attention fut interrompue par le bruissement de la porte coulissante, et les bruits de talons de la jeune Ishla. Puis par le murmure surpris d’Isobel, tandis qu’elle constatait son retrait dans la Force. Son attention, cependant, se porta essentiellement vers la nouvelle arrivante, qui s’avança de quelques pas avant de venir se saisir des pans de sa jupe et souplement plier une jambe, puis la seconde, pour venir s’agenouiller devant-elles, le regard visiblement encore fuyant.

Impressionnant, vraiment, pour une toute première fois.

« Il y a encore du travail mais c’était un bon début, Isobel. » la complimenta-t-elle, en venant approuver son action du regard.

Elle n’avait, cependant, pas prévu qu’elle réussisse, ce qui venait remettre en question ce qu’elle avait prévu de discuter avec Isobel ce matin. Ça n’allait pas. Ishla sembla sortir de sa torpeur à peu près au même moment, le regard un peu hagard. Ses mains, se contractant de surprise. Ça aussi, ce n’était pas étonnant. Takara n’avait, cependant pas encore terminé avec Isobel. Elle s’avança donc d’un pas ou deux pour faire le tour de la table basse, focalisant de nouveau son esprit, et la Force, sur l’esprit de la jeune suivante, tout en agitant l’index et le majeur devant son regard.

« Ishla, vous voulez rester à genoux l’esprit vide jusqu’à ce que l’on vous dise le contraire. »

Cette dernière répondit aussitôt à la suggestion, se surprenant à répéter presque mot pour mot ce que la reine-consort venait de lui dire avant que son incompréhension ne s’efface, et que son regard ne fuit à nouveau. La chose n’avait pas demandé beaucoup d’effort, cela fonctionnait presque toujours, et d’ordinaire, l’on commençait par apprendre cette façon d’influencer l’esprit avant de passer à des méthodes plus avancées. Nul doute qu’Isobel parviendra sans soucis à maitriser cela, elle aussi.

Isobel, justement.

« Relevez-vous, Isobel, et prenez place, je vous prie, » fit-elle en direction de son pion favori, un geste de la main accompagnant sa parole, en direction d’un des fauteuils. « Prenez donc du thé, nous avons encore beaucoup à discuter. D’abord, dorénavant, vous viendrez chaque matin et chaque soir, pour travailler votre maitrise et votre aisance sur son esprit. »

Takara fit le tour et vînt de nouveau s’installer, pour finir son petit-déjeuner, et profiter du thé, son regard glissant avec satisfaction sur Ishla avant de pousser un pad de données vers Isobel, avant d’attirer doucement le sien à elle.

« Pour le reste, vous vous en doutez surement, mais nous nous rendons vers la planète Kesh, mon monde de naissance. Si vous vous souvenez de notre visite à l’Université d’Aldéra, j’avais demandé au doyen de me faire parvenir ses résultats au sujet d’une affaire personnelle… » commença-t-elle, agitant la main pour projeter la carte stellaire qu’elle avait dessiné de tête sous forme holographique au-dessus de la petite table. Puis de continuer : « … Il s’agissait de ceci, une carte de la galaxie vue depuis la surface, mon peuple ne disposant pas des ressources nécessaires pour créer des engins spatiaux. Grâce à leur travail, ils ont pu déterminer sa position, à un ou deux parsecs près. Nous allons donc chercher jusqu’à les trouver. »

Elle ajouta qu’ils ne devaient sans doute pas avoir bien avancé depuis le temps. Dans son époque, déjà, il était acté que Kesh était dépourvue des ressources nécessaires à la fabrication d’engins spatiaux, et son peuple avait délaissé jusqu’à l’idée de construire des fusées pour au moins ne se rendre qu’en orbite. Même si cette mentalité pouvait avoir changé, la Tribu n’aura jamais la capacité d’offrir quoi que ce soit de technologique capable de s’opposer à eux. Ils n’avaient aucune idée de ce qu’était un blaster, et de son souvenir, il n’y avait pas non plus les ressources pour en fabriquer.

« Mon but n’est pas de chercher la confrontation mais simplement de vérifier s’ils n’ont pas succombé à leurs millénaires d’isolation. »

C’est vrai, c’était bien, pour un début ? Parce qu’elle trouvait surtout ça très perturbant, très inhabituel, très loin de ce qu’elle avait l’habitude de faire. La reine se chargea elle-même de forcer Ishla à rester là puis lui dit de venir s’asseoir. Isobel avait les jambes un peu molles mais pu s’exécuter sans que rien ne se voit. Ou pas tant que cela. La « vision » s’imposant lors de ces petits voyages par le biais de la Force était… Dérangeante. Sans doute car elle n’en avait pas encore l’habitude. Cela lui donnait le sentiment de flotter hors de son corps et d’être parfois coincée dans des horizons qu’elle ne connaissait et ne maîtrisait pas. Était-il possible de demeurer trop longtemps hors de son corps et se perdre à jamais dans les confins de cet espace hors du temps ? Ou n’était-ce qu’une simple impression ? Où se trouvait la limite entre ce monde irréel et le leur ? Il y avait-il seulement une limite… Une fois assise, elle se détendit un peu plus, en se disant que, de toute façon, elle n’allait certainement pas devenir une sorte d’expert de ce genre de tactiques. Les bases suffisaient, ce n’est pas comme si elle s’entraînait pour devenir une Seth un jour. Enfin, une Sith. Ce que faisait la reine, finalement. Inutile de se poser trop de questions sur ces pouvoirs et ce qu’ils engendraient, tant que ça pouvait lui servir pour le travail.

"Prenez donc du thé, nous avons encore beaucoup à discuter. D’abord, dorénavant, vous viendrez chaque matin et chaque soir, pour travailler votre maîtrise et votre aisance sur son esprit."

"Très bien."

Boire un breuvage chaud l’aida à se remettre les idées en place et surtout, bien dans sa tête. L’habitude fera sans doute passer cette impression désagréable. Elle pencha la tête vers le petit appareil, poussé vers elle par la reine consort. Kesh… Donc la raison de cette visite à l’université. Absolument jamais entendu parler, ce qui ne devait pas être très étonnant. Toute comme la carte maintenant affichée ne lui disait pas grand-chose, ce monde devait être extrêmement isolé. Elle comprit vite pourquoi, lorsque la jeune femme précisa que ce monde ne connaissait pas les vols spatiaux. Ni beaucoup de ressources plus répandues, ailleurs dans la galaxie. Isobel songea instantanément à la pandémie, une idée aussi vite balayée qu’elle était survenue. Sans aucun voyage extérieur sur leur planète, le virus n’avait pu les atteindre. Enfin une bonne nouvelle, au milieu d’un tel marasme…

"Mon but n’est pas de chercher la confrontation mais simplement de vérifier s’ils n’ont pas succombé à leurs millénaires d’isolation."

Isobel ne comprenait pas vraiment pourquoi ce voyage était entouré d’un tel secret et autant de précautions, s’il ne s’agissait que de ça. Enfin soit, ça ne la regardait pas, elle n’était là que pour veiller à la sécurité de la reine consort, après tout. Ce que comptait faire la reine avec son peuple d’origine ne la concernait pas. Cependant, il pouvait y avoir un autre problème…

"N’y a-t-il pas un risque que ce peuple détecte malgré tout votre présence, s’il dispose des mêmes dons ?"

Ignorant comment cela fonctionnait exactement et sur quelle distance, elle s’imaginait que ça pouvait se déclencher comme une sorte de gros radar, permettant de repérer où était chaque personne. Même s’ils avaient sûrement plus de défense que ce monde isolé, elle ne voudrait pas qu’une soudaine attaque vienne mettre en danger la reine consort.

Perdue dans son explication et ses pensées, Takara en avait presque oublié Ishla, ne jetant qu'un vague regard dans la direction de la suivante dont elle s'était déjà désintéressée. C'était en portant de nouveau son attention vers Isobel, après avoir siroté une enième gorgée de thé, que son attention s'était brièvement reporté sur elle lorsque la nécessité de bien former Isobel s'était rappelé à son esprit. Il était important qu'elle continue de développer ces capacités, ainsi que d'autres. Elle devait devenir un outil capable d'éxécuter les tâches les plus urgentes. Pas nécessairement les plus compliquées, mais celles nécessaires pour les plans de Leia ainsi que les siens. Ce qu'elle avait montré en ce début de matinée était encourageant, mais il ne fallait pas laisser cet élan s'étouffer de lui-même sans avoir cherché à l'exloiter. Isobel continuait de se laisser entrainer par le Côté Obscur, et il n'y avait aucune raison de ne pas l'y encourager.

La sith ignorait si quelque chose perturbait ou non sa de facto nouvelle apprentie, après Leia, dans les exercices qu'elle lui avait fait pratiquer. Hormis ce qu'elle avait bien prit le temps de lui raconter tout à l'heure, au sujet du rêve de la nuit dernière, dont le contenu ne soulevait pas vraiment d'interrogation. Qu'elle en ressente une certaine satisfaction n'était pas un problème, bien au contraire. Depuis quand devrait-elle ne pas être satisfaite de réaliser son travail en leurs noms ? Que ce soit de servir du thé, ou bien d'abattre froidement quelqu'un dans les montages d'Alderaan, où était la différence ? Pour le reste, si d'autres choses venaient chagriner sa demoiselle de compagnie, cette dernière n'avait cas le lui dire. Takara prendrait le temps d'en parler si le sujet le méritait, mais elle n'allait certainement pas venir s'enquérir de son état de santé en tout instant. Si elle ne posait pas de questions, et qu'elle n'agissait pas bizarrement au quotidien, c'est que tout allait bien. La sith n'irait pas chercher plus loin.

« N’y a-t-il pas un risque que ce peuple détecte malgré tout votre présence, s’il dispose des mêmes dons ? »

La question tira la reine consort de sa rêverie, et fit relever son regard loin de la surface ondulante du liquide coincé dans le creux de sa tasse encore un peu fumante. Bien qu'elle ait réfléchi à l'impact des failles pour son monde, source première de son inquiétude finalement, elle n'avait pas pensé à cette possibilité. Qui sait ce qui pouvait bien être arrivé, et qui pouvait bien diriger son peuple maintenant, si celui-ci était encore en vie. Cependant, la chose devait être nuancée.

« Le risque reste infîme. D'abord parce que les personnes capables d'étendre leur esprit sur de si grandes distances ne sont pas communes, puis parce qu'il n'est pas logique pour un peuple n'ayant plus aucune attente venant de l'espace de tourner son attention vers les étoiles. Du moins, en permanence. »

Il restait tout de même une possibilité à laquelle elle pensait tout juste maintenant, et qui lui rappelait un bien mauvais rêve qu'elle avait fait bien plus tôt. Le seul moyen pour que quelqu'un repère aussi facilement sa présence serait qu'elle soit de son cercle proche de l'époque. Parlan, qu'elle tuerait sans doute sur le champ s'il tentait quoi que soit ; Et ses parents, qui pouvaient très bien avoir été recrachés par la Force dans cette époque, comme elle l'avait été. Takara prit aussitôt une autre gorgée de thé pour tenter de masquer cette pensée horrifiante, celle que son rêve n'en soit pas vraiment un, et que ce qu'elle y ait vu se passe alors réellement. Si ses parents étaient là, peut-être serait-il préférable de ne rien dire, et d'affirmer n'avoir rien trouver à leur retour ? Elle eut une moue légère en reposant sa tasse, pour chasser cette pensée dérangeante.

« Après, même si cela devait être le cas, cela ne changerait pas grand chose. Cependant, il est nécessaire de se préparer au pire. Ce qui n'est pas votre cas, pour le moment. Si jamais nous devions descendre à la surface, peu importe la raison, il est évident que vous n'êtes pas prête. »

A part elle-même, personne à bord de ce navire ne l'était. C'était aussi pour cela qu'elle n'avait pas voulu d'Isobel avec elle en premier lieu. Parce qu'elle savait qu'elle aurait insisté pour l'accompagner, dans pareille circonstances. Là où elle aurait simplement pu chasser l'idée d'un esprit comme Ishla, cela ne lui était pas apparu aussi évident avec celui de sa demoiselle de compagnie. Avec le recul, elle aurait sans doute pu faire ce qu'elle avait fait le jour précédent, mais cela n'aurait-il pas été un pur gâchis de temps, et de moyens ? Vu es responsabilités qu'elles avaient prévus pour Isobel, n'était-il pas préférable de profiter de sa présence pour mettre un coup d'accélérateur à son apprentissage ? Qu'elle serait autrement, dans ce cas présent, l'utilité d'un pion aussi utile qu'elle ?

« Si jamais nous devions donner le change, il est nécessaire que vous puissiez paraître comme mon Tyro... Mon initiée. Je n'avais pas de servante ou de suivante à mon époque, et il est probable que cela n'ait pas changé. Qui plus est, rien ne permet de dire que nous devrions dévoiler mon identité dans un pareil cas. »

Elle avait précisé la signification du mot sith qu'elle avait prononcé, en se rappelant qu'Isobel ne connaissait pas cette langue. Pas plus que Leia, par ailleurs, bien qu'elle lui ait donné quelques notions, au détour de certaines de leurs discussions. Le reste, à ses yeux, tombait sous le sens.

« J'ai essayé, du mieux que j'ai pu, de retranscrire tout ce qu'il y avait à savoir de Kesh, de son peuple autochtone les Keshiris, et de la relation que nous les siths nous entretenions à on époque. Vous aurez sans doute l'impression de lire une autobiographie un peu bâclée au passage, mais c'est une nécessité que vous soyez à minima imprégnée de cette culture, à l'occasion. »

Elle avait, bien sûr, pris soin d'enlever les choses les plus salissantes ou dégoutantes, pour tenter de faire paraître la Tribue, son peuple, sous un meilleur jour mais jamais sans réellement cacher la réalité. Au mieux était elle sous entendue. Le reste, finalement, arrangeait ses affaires. Si Isobel devait devenir leur exécutante, capable d'accomplir leurs moindres désirs, il était nécessaire qu'elle s'imprègne un jour ou l'autre de la culture des Siths. Il était préférable, au yeux de la reine consort, que leur pion s'inspire des habitudes et des coutumes de son peuple, plutôt que de suivre la ligne traditionnaliste des siths qui avaient donné naissance à des êtres comme Plagueis, ou Sidious... Son père avait toujours eu raison : la modération avait son bon, parfois, et les siths avaient toujours besoin d'un but à suivre pour les unir.

Isobel trouverait donc le nécessaire. Takara avait essayé de classer les choses, mais n'avaitpas pu le faire pour tout, par manque de temps, mais aussi parfois d'envie, tout simplement. Il y avait aussi des cartes des continents principaux, Keshtah et Alanciar, avec leurs cités et leurs lieux mémorables, qu'elle avait reproduit à la main, avant de les faire numériser. Bien sûr, des choses auraient irrémédiablementchangées, et il manquait près de 4000 ans d'histoire qu'elle même ignorait. Mais les coutumes des autres siths n'avaient guère changées dans ce même laps de temps, si l'on oubliait la rupture provoquée lors de la dernière grande guerre. Elle avait confiance, cela ne devait pas avoir tant changé que cela... Et puis au pire, ce ne serait pas perdu.

« Il est important que vous connaissiez au mois les us et coutumes sur le bout des doigts. Je sais que ce ne sera pas facile, voire mission impossible, dans un laps de temps aussi court. Cependant, si une telle situation se présentait, ce que je ne crois pas, attention, il est nécessaire que vous soyez préparée au mieux. Je vous questionnerais donc, de temps en temps, pour évaluer votre progression. »

Elle avait voulu venir, elle payerait le prix de son insistance. La tâche de travail était pratiquement insurmontable, pas sans faire fi d'un certains nombre de nuits de sommeil. Takara en avait parfaitement conscience, mais s'en moquait totalement. Elle ne changerait rien au programme qu'elle déroulait, petit à petit, parce que sa suivante n'aurait pas dormi de la nuit. Pour sa part, elle profiterait pleinement de son sommeil. Ses paupières lui paraissaient encore lourdes, ce matin... Elle ne s'était pourtant pas épuisée tant que cela... Ce devait être le travail. Il y avait beaucoup à faire, ces derniers temps.

« Cela veut aussi dire que vous devrez aussi apprendre à manier le sabre-laser, même si vous n'en possédez pas. Ou du moins à faire semblant de posséder les bases. Mais nous verrons ça après. Est-ce que vous avez des questions ? »

Elles ignoraient s’il ne s’était rien passé, depuis la dernière visite de la reine, ayant poussé ce peuple à « tourner le regard vers les étoiles », justement. Ils avaient très bien pu recevoir des visites, voire des ressources, permettant cet état de fait. Sans même parler des jeux de l’esprit, ils pouvaient posséder diverses technologies… Quant à la suite… Qui pouvait bien être prêt à quoi que ce soit, le plus sincèrement possible, dans ce genre de circonstances ? Surtout lorsqu’il fallait prendre tous ces pouvoirs étranges en compte ? Dans tous les cas, peu importe les difficultés, elle ne comptait tout abandonner, jeter en l’air ou faire semblant de tien. Le travail, même ardu, ne l’avait jamais effrayée ou rebutée, elle était prête à tout pour accomplir son devoir. S’imprégner d’une nouvelle culture, sur les bases, pouvait se faire en peu de temps, pour peu qu’on y mettait les efforts nécessaires et cela, elle en était capable, elle l’avait déjà prouvé plus d’une fois. Et puis, peut-être que cela l’aidera à trouver des réponses à certaines questions en suspens… En comprenant mieux la culture Sith, elle devrait par la suite ne plus être autant choquée par certaines décisions ou manières de penser de la reine consort. Et donc, à terme, pouvoir se détendre sur certaines questions. Isobel espérait un gain de temps, sur ces domaines aussi, pour la suite des activités.

"Cela veut aussi dire que vous devrez aussi apprendre à manier le sabre-laser, même si vous n'en possédez pas. Ou du moins à faire semblant de posséder les bases. Mais nous verrons ça après. Est-ce que vous avez des questions ?"

"Pas pour le moment."

Le programme était clair et il ne restait plus qu’à se mettre au travail. Les journées qui suivirent furent… Assez chargées. Mais assurément plus intéressantes que ne l’étaient les habituelles journées de travail au Palais. S’il lui restait évidemment des doutes et diverses appréhensions, elle ne pouvait nier apprécier découvrir souvent de nouvelles choses et plus particulièrement, travailler sur des pouvoirs qui seront très utiles dans la vie du Palais. Ce sentiment d’exaltation était si plaisant, lorsqu’elle parvenait à manipuler correctement l’esprit de sa jeune victime, même si ce contrôle était encore grossier ou fluctuant. Finalement, lorsqu’on prenait plus le temps d’y fouiner, l’esprit possédait une structure tout à fait fascinante et elle s’amusait beaucoup à s’y promener, en observant les failles potentielles et les points où appuyer. Le plus dur était de ne rien casser définitivement, comme elle faillit le faire un soir. Ce qui lui fit découvrir, au passage, comment repérer les passages « délicats » du cerveau où briser le tout reviendrait à faire de la victime un véritable légume.

Toute cette activité lui plaisait et elle aimait la sensation de pouvoir vous prenant, en jouant à ces petits jeux. Au fond, c’était si addictif, lorsque vous aviez été habituée à servir toute votre vie, quoi de mieux que prendre à votre tour du pouvoir sur un esprit faible ? Lorsqu’elle y réfléchissait, une fois seule, elle se disait bien que ce n’était pas très moral, mais cette considération ne restait jamais longtemps. Comme ce jour, où elle y pensa un peu, alors en plein entraînement avec la reine consort en combat, cette fois-ci. Une pensée vite oubliée. Toutes les suivantes apprenaient à combattre, bien sûr, il fallait être apte à protéger la famille royale en cas d’urgence absolue. En revanche, ce style de combat ne lui était pas familier. L’exercice battait son plein depuis une bonne heure, lorsque le message fut donné, le vaisseau était parvenu aux coordonnées quasiment exact et seul un bout de chemin restait à faire. Parfait. Se préparant mentalement à devoir combattre, au cas où, elle attendit les instructions de la reine consort.

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Jet pour la progression : 5

Une fois leur entrevue terminée, Takara avait laissé Isobel commander à la jeune Ishla d'aller leur préparer une salle pour qu'elles puisse s'exercer sans risques. Puis elle l'avait reprendre ses obligations à son égard, bien qu'il n'était pas question de l'habiller et la préparer aussi pompeusement que d'habitude. Une tenue légère, plus adaptée aux efforts physiques, serait parfait pour commencer. Bien que pour ses débuts, elle n'aurait pas grand choses à faire. Isobel, non plus, d'ailleurs. Ce jour-là, Takara avait prit le temps d'expiquer à Isobel la manière de porter un sabre-laser, le sien pour le coup, et comment le tenir en mains. Passer pr cette étape était une nécessité avant d'envisager le reste. Il serait impossible de faire d'elle une initiée crédible dans le temps imparti, mais ce n'était pas vraiment un problème pour la sith, qui n'avait nullement l'intention de fouler le sol de son monde natal au cours de cette visite. Le soir, le processus s'était inversé. Isobel avait dû ramener Ishla dans les appartements de la consort, pour continuer à travailler sur la manière d'approcher son esprit, et s'y glisser.

Les journées suivantes se déroulèrent avec la même routine : Isobel venait la rejoindre le matin pour lui servir le petit-déjeuner. Là, elle devait faire venir Ishla, une façon de répéter encore et encore le processus, avant de venir explorer de nouvelles choses, d'aller un petit peu plus loin. Cette série d'exercices terminées, Takara venait questionner son pion, pour voir si elle suivait bien ses instructions et s'instruisait sur les coutumes de Kesh. Tout cela prenait généralement une bonne partie de la matinée, si bien que l'après-midi était réservée aux exercices physiques, aux principes de base de la méditation devant lui permettre de ressentir son environnement et à la découverte de certains pouvoirs auxquels la consort concevait à bien vouloir l'initier. Parce qu'ils lui seraient utiles, et parce qu'ils ne représentait pas de danger pour elle. Puis il y avait une nouvelle passe d'interrogations avant de terminer la journée par une nouvelle passe avec Ishla. La capacité d'Isobel à cerner rapidement et efficacement ce qu'elle lui enseignait la surprit vraiment, bien qu'elle ne montra nullement de satisfaction à cet égard. Sa suivante, son pion, ne faisait après tout rien de plus que de suivre le chemin que la consort avait tracé pour elle.

Il fallait tout de même faire attention à ne pas aller trop vite, et à inculquer la tempérance et la subtilité à son élève pour qu'elle ne détruise pas purement et simplement l'esprit de sa cible, ou ne soit pas tenté de dégainer son arme à la moindre vexation. Réarranger et restructurer les pensées, les gouts et les envies d'une personne, oui. Le faire trop vite, brutalement, ne faisait que soulever des soupçons. Chez la cible elle-même, si elle n'avait pas été bien préparée, mais dans son entourage également. Ce que la reine consort voulait de son exécutante nécessitait une finesse et un travail de minutie, de sorte que les personnalités des gens au Palais et au-delà évoluet doucement, graduellement, de sorte à ce que le changement d'attitude et d'habitude puisse apparaître comme le résultat d'une réflexion intérieure, ou une volonté sincère d'adaptation. Concernant Ishla par exemple, et les contrariétés qu'avait Isobel à son sujet, transformer en un claquement la jeune suivante en une personne modèle, moteur et prête à tout faire sans rechigner n'était pas la solution. Il fallait que l'évolution se fasse naturellement pour le personnel du bord, et que le personnel du palais la trouve changer par les responsabilités que lui auront imposé ce voyage. La subtilité restait la clé, et les pouvoirs d'influence qu'elle enseigna à Isobel, telle la suggestion qu'elle avait utilisé lors du premier jour sur Ishla, convenaient parfaitement.

Pour le combat, aussi, les choses évoluèrent positivement, si bien qu'Isobel avait pu assez vite troquer un simple manche à balais nécessaire pour apprendre les bases de l'équilibre de la lame sans se blesser pour le sabre-laser de la consort. Puis, petit à petit, Takara avait rajouté de la difficulté. En utilisant Ishla pour tirer sur Isobel avec un blaster en mode paralysant, par exemple. Si Isobel parvenait à terminer une séance sans finir assommée, c'était parfait. Si sa comparse parvenait à la rendre hors de combat, Takara la réveillait et elles recommençaient. Cela renforcerait la frustration d'Isobel vis à vis de la jeune suivante, ce qui arrangeait aussi les affaires de la reine consort, pour ce voyage. Le reste, son élève maitrisait déjà très bien les différents arts martiaux, et savait adapter sa technique en conséquence. Cela se voyait en cette journée, Takara cherchant encore et encore à acculer sa suivante en venant frapper avec son baton. Cela durait depuis un temps, la consort se forçant volontairement à un niveau similaire, mais en restant en permanence à l'offensive. La sith finissait toujours par trouver une faille, elle avait été entrainée toute sa vie durant à cela, mais Takara voulait également qu'Isobel mémorise les frappes, et travaille ses propres mouvements. C'était une gageure, elle l'avait déjà fait avec Leia, mais c'était une nécessité.

Lorsqu'elle fut interrompu par le capitaine lors d'une enième attaque, Takara ne pesta pas, et s'arrêta simplement. Parce qu'elle avait déjà gagné depuis longtemps cette bataille. Parce qu'Isobel était déjà en train de se glisser dans le parfait état d'esprit, celui-là même que Leia et elle avait prévu pour faire d'elle le pion utile qu'elles recherchaient. Parce qu'ils étaient enfin arrivés, et que son excitation pour cette re-découverte dépassait de loin la frustration d'être interrompue au milieu de cet exercice. Soufflant fortement, Takara ordonna à Ishla d'informer le capitaine de maintenir sa position, le temps qu'elle se prépare à le rejoindre. Puis, jetant son baton sur un coussin qui trainait dans un des coins de la soute aménagée à la va-vite en dojo à sa demande, Takara alla ensuite passer une main dans ses longs cheveux dénoués.

« Nous allons bientôt être fixées. Assurons-nous d'être présentables, avant de rejoindre le capitaine. »

Une part d'elle, étrangement, ne se sentait plus aussi pressée de savoir dans quel état se trouvait son peuple, maintenant qu'elle touchait au but. Le capitaine les avaient informée en même temps qu'il n'y avait aucun danger immédiat à leurs coordonnées d'arrivées, ce qui l'avait conforté dans sa réflexion. Takara laissa donc Isobel faire le nécessaire, pour elles deux, avant de l'enjoindre à l'accompagner sur la passerelle, une foit prêtes. Malgré le fait qu'il n'y aurait personne pour les juger, elle ne pouvait pas se résigner à l'idée de se présenter dans une tenue crasse. Elles prenaient donc toujours les nécessaire à porter de main, le cas échéant. Ishla les attendaient là-bas, derrière la porte, et annonça son entrée aux membres d'équipages.

« Nous avons scanné le système dès notre arrivée comme vous nous l'aviez demandé, votre Majesté. Nous n'avons trouvé aucune trace de la moindre technologie avancée. » annonça l'officier commandant, droit dans ses bottes.

Takara passa à côté de lui, l'air satisfaite, pour se diriger vers la grande baie vitrée qui se situait à l'avant, et d'où elle pouvait observer son monde comme elle ne l'avait jamais vu. C'était la première fois qu'elle pouvait voir la planète dans son intégralité. La première fois qu'elle pouvait la voir depuis l'espace. Elle se sentait privilégiée.

« Vous voyez Isobel, il n'y avait aucune raison de s'inquiéter. Tout est exactement comme je l'avais prévu... » fit-elle, avant de faire signe de la main à son pion de la rejoindre, à côté d'elle.

Puis elle demanda au capitaine s'il était possible d'agrandir ce qu'il voyait, ce à quoi l'officier se dépécha de répondre par l'affirmative, avant de demander à un de ses subalternes de projeter une image venant du téléscope. La planète disparu un instant, remplacée par sa projection, grossie. On pouvait en discerner les continents. Trois... Ou bien était-ce quatre ? Il y en avait un, qui ne lui disait absolument rien...

« Vous voyez, celui-là ? Keshtah, le continent ancestral, où se trouve le palais. Et là-bas, Alanciar, la terre découverte à l'Est, par ma famille. »

Il y avait le continent arctique, Eshkrene. Et puis ce dernier, qu'elle n'avait jamais vu. Que son peuple, à son époque, ignorait l'existence. Takara ordonna au capitaine de s'approcher lentement, mais de rester à une distance plus que raisonnable. Une distance à partir de laquelle ils pourraient commencer à analyser la planète.

« Si les descendants de mon peuple son toujours présents à la surface, peut-être pourrons-nous en faire des alliés, avec le temps... Les mettre au service d'Alderaan. Quelle impression cela vous donne ? »

Les analyses qu'ils feraient depuis l'orbite pendant les quoi... deux ou trois prochains jours, avant qu'ils ne soient contraints par le temps de repartir, leur donnerait des informations précieuses à ce sujet.

Un mélange entre inquiétude et curiosité la tenaillait toujours, alors qu’elles rejoignaient la passerelle de commandement quelques minutes plus tard. L’officier commença par annoncer qu’aucune trace de technologie avancée n’avait été détectée. C’était surprenant mais soulageant. Elle s’approcha à son tour, pour observer la planète. Un monde comme un autre, à ses yeux, où rien de particulier ne semblait apparaître. Même la projection qui le capitaine envoya ne donnait rien de très étrange. Une planète d’une taille moyenne, pour une rocheuse, qui devait être plus ou moins similaire à Alderaan. Et plus petite que Coruscant. Quatre continents, des reliefs bien visibles… Donc rien d’inquiétant en perspective. Cela dit, c’était le cas de très nombreux mondes. Peu de planètes sortaient de l’ordinaire, telles les mondes dévastés par des catastrophes écologiques ou des mondes-villes comme la capitale. Et bien qu’on dénombre moins de planètes ne possédant aucune technologie spatiale, ce n’était pas non plus une rareté. Des planètes qui avaient de la chance, au final, car elles avaient ainsi allégrement échappé à la pandémie. Les transports et commerces divers étaient une plaie, dans de tels cas…

"Vous voyez, celui-là ? Keshtah, le continent ancestral, où se trouve le palais. Et là-bas, Alanciar, la terre découverte à l'Est, par ma famille."

Isobel hocha doucement la tête, sans lâcher des yeux la carte. Puis reporta le regard sur le monde lorsque cette dernière fut ôtée. Sans avoir trop d’avis sur le souhait de la reine de se faire des alliés de ces potentiels descendants. Sans les avoir rencontré, elle ne pourrait juger s’ils pouvaient donner de bons alliés ou des problèmes en vue. De toute manière, la reine devait suffisamment connaître les siens pour savoir ce qui pourra les appâter ou non.

"Les mettre au service d'Alderaan. Quelle impression cela vous donne ?"

"Tant que vous les pensez fiables, je me fie à votre jugement. De plus, si la plupart d’entre eux sont toujours, disons, comme vous, ils pourraient en effet se révéler d’une aide précieuse, contre les rebelles."

Elle ne prononçait guère le mot Sith, dans le doute, car elle ignorait si la reine consort souhaitait en faire étalage devant les membres d’équipage. Même si les rumeurs circulaient rapidement et qu’au cours de la catastrophe au musée, les informations s’étaient elles aussi propagées… La jeune femme chassa rapidement ce souvenir de sa mémoire, pour ne pas raviver la colère, ce n’était pas du tout le moment. A la place, elle se concentra sur les toutes premières données, quoi qu’encore très peu nombreuses, relevées sur la planète. Soit les conditions atmosphériques, pour commencer. Il semblait que ce monde possédait une atmosphère plus épaisse que celle d’Alderaan, les cycles météorologiques y étaient sans doute très différents. Une part d’elle, poussée par la curiosité, avait envie de se rendre à la surface, pour observer tout cela de plus près, mais d’après ce dont avait parlé la reine et ce qu’elle avait lu, elle-même, ça ne semblait pas une très bonne idée. Ou plutôt, pas dans l’état actuel des choses.

"Cependant, s’ils sont restés isolés si longuement, pourront-ils s’adapter à des conditions très différentes ?"

Ne serait-ce que pour les voyages, pour commencer… Ensuite, pour la nourriture, l’air qui pouvait être différent, la gravité dont ils avaient eu l’habitude, qui pouvait provoquer des déséquilibres… De tels soucis ne se posaient pas tant avec ceux et celles ayant l’habitude de passer d’une planète à une autre, mais pour un tel peuple… Des alliés supplémentaires, oui, mais des alliés rendus malades à cause de changements brutaux… Elle n’était pas convaincu que ça soit très utile.

« Tant que vous les pensez fiables, je me fie à votre jugement. De plus, si la plupart d’entre eux sont toujours, disons, comme vous, ils pourraient en effet se révéler d’une aide précieuse, contre les rebelles. »

Les rebelles, bien entendu, mais l’Empire, également. Avec l’Empereur prit d’une paranoïa ridicule concernant Leia, ce dernier représentait actuellement la plus grande menace qui pesait sur elles, et par conséquent, Alderaan. Takara était furieusement outrée par la manière dont il avait annoncé ça, sans la moindre preuve pour étayer son propos, comme s’il s’agissait d’un fait évident, et non discutable. Comme si son épouse pouvait être possédée par quelqu’un d’autre ! C’était tellement stupide qu’elle doutait de plus en plus de la clarté d’esprit de Sidious. Comme si, tous les choix récents de Leia n’avaient pas été les siens ! Comme si quelqu’un tirait les ficelles dans l’ombre, faisant d’elle qu’une simple marionnette sans âme… Cela la rendait folle de rage. Leur mariage ; L’adoption de la petite… Tout cela était bien réel, et sincère. Nécessaire, aussi, pour leurs plans à court et long termes. Et puis, si quelqu’un actait à la place de Leia, elle s’en serait rendu compte depuis longtemps, tout de même !  Ce n’était quelque chose qui pouvait passez inaperçu et Vitiate n’était venu qu’une fois, n’était pas resté bien longtemps, il n’avait pas pu faire quoi que ce soit en si peu de temps.

Concernant son peuple, il lui était impossible de dire si ses descendants étaient fiables ou non sans prendre le temps d’analyser la situation dans son ensemble : voir si la structure héritée de son paternel avait survécu ; s’assurer que les mœurs n’avaient pas trop évoluées, ce qui n’était pas garanti après tout ce temps ; ou encore vérifier qu’ils seraient capables d’agir comme une seule force derrière elles sans s’entretuer à la première occasion. Elles allaient devoir prendre le temps de bien analyser en détail la situation depuis l’orbite, à la loupe, et sans interférer avec les habitants à la surface. A condition, bien sûr, qu’il en reste. Avec les failles, qui sait ce qui pouvait bien être arrivé sur son monde. Bref, mener ce qu’elles étaient venues faire ici, dans un premier temps. Elles auront tout le temps de prendre les décisions qui s’imposent, par la suite, sur le retour. La consort appréciait néanmoins de voir qu’Isobel se montrait un peu moins obtuse la concernant. Sa petite intervention au début du voyage montrait déjà des résultats. Il était triste d’avoir dû à en arriver là, mais cela n’était pas très surprenant. Après tout, les pions, pour être utiles, avaient toujours eu besoin d’un guide…

« Cependant, s’ils sont restés isolés si longuement, pourront-ils s’adapter à des conditions très différentes ? »

« Tout dépendra de la manière dont nous nous y prendrons. Lorsque je suis arrivée ici, je n’avais personne sur qui compter, personne pour m’aider à appréhender cet univers. J’estime ne pas m’en être trop mal sortit. Eux, pourront compter sur notre guidance pour sortir de l’autarcie et découvrir la réalité de cette galaxie. A condition qu’ils soient fiables, bien sûr. »

C’était là que résidait tout le flou, qu’il était nécessaire d’estomper avant d’entreprendre quoi que ce soit. Si son peuple était devenu aussi peu civilisé que le reste des siths qui avaient déferlé sur la galaxie au cours des derniers millénaires, alors elle ne pourrait sans doute rien pour eux. Elle les laisserait au mieux dans l’ignorance de la réalité galactique, ou elle les exterminerait jusqu’au dernier, s’ils venaient à représenter une menace pour Leia, comme pour elle. Sans le moindre remords, maintenant qu’elle savait qu’ils étaient sans doute toujours là, à la surface. Elle n’avait, après tout, plus la moindre attache avec ces gens-là. Ils n’étaient que de potentiels pions à aligner sur l’immense échiquier galactique. Rien de plus, rien de moins.

« C’est pourquoi il nous faut d’abord analyser la topographie de la surface, s’assurer l’état de la capitale et des autres cités, vérifier s’ils se sont étendus sur le dernier continent, ou encore observer les comportements depuis l’orbite. Recueillir passivement un maximum d’information avant d’envisager de mettre les pieds à la surface pour une observation plus approfondie, la prochaine fois. Lorsque vous serez prête, et apte à m’accompagner. »

Takara se tourna au même moment pour venir jeter un regard au capitaine, qui hocha aussitôt la tête avant d’affirmer que son équipage allait faire le nécessaire pour lui fournir tout ce qui était possible et imaginable concernant Kesh. Bien. Elle trouvait si satisfaisant de les voir tous à ses ordres, dociles et loyaux. Agréable, même. Voilà qui attisait son envie d’étendre un peu plus son emprise, de recommencer ce qu’elle avait fait à leur départ, sur leurs esprits. Cela simplifiait tant les choses, lorsqu’ils ne s’agitaient pas pour peu de choses… Le capitaine, d’ailleurs, revînt assez vite vers elle, interrompant sa contemplation silencieuse de son monde natal pour l’informer que les analyses préliminaires avaient bel et bien détecté des signes d’une vie intelligente à la surface de la planète. Intelligente, parce que rassemblée dans ce qui s’apparentait à des villes, ou des villages. Impossible de dire, cependant, s’il s’agissait d’humains, ou de keshiris. Il faudrait attendre des images plus nettes, pour cela.

« Bien. Continuez comme ça, capitaine. Vous savez quoi faire. Prévenez-moi lorsque vous serez parvenu à une analyse plus avancée. Isobel ? »

Takara descendit du petit piédestal, enjoignant sa suivante à la suivre alors qu’elle se dirigeait tranquillement vers le sas qui lui permettrait de quitter la passerelle. Un geste de la main fit comprendre à Ishla d’en faire de même lorsqu’elle passa devant elle, pour s’aventurer dans les couloirs d’un blanc éclatant. La consort trouvait toujours que cela manquait de ton sombres, et de couleurs vives. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi les alderaaniens étaient obsédés cette couleur si « pure », comme ils le disaient si bien… Marchant lentement et au bruit de ses talons, elle finit par demander à Isobel, sans la regarder :

« Que pensez-vous de votre apprentissage, et de ce que je vous enseigne, concernant les Siths ? Pensez-vous être capable de vous acquitter d’une tâche de la plus haute importance, pour moi ? »

S’ils étaient fiables, toute la question était là. Ils avaient eu suffisamment de problèmes sur Alderaan pour en rajouter, en particulier avec des personnes ignorant tout du reste de la galaxie et vivant en parfaite autarcie. L’état de la surface était une chose… Elle se demandait si la reine consort pourrait déployer un pouvoir mental vers la planète et ses habitants, afin de les « analyser » par ce biais. Elle pouvait, après tout, contrôler l’esprit des autres, pourrait-elle donc le faire ici ? La suite de ses indications lui fit songer que la distance était sans doute trop élevée… Que c’était pour cela qu’elle avait besoin d’aller sur place, même si ça ne pouvait être dès aujourd’hui. Dommage… Dans le même temps, elle supposait qu’un tel pouvoir, sur une distance si importante, requérait une puissance très élevée. Le genre de puissance qu’on pourrait plus facilement retrouver chez des Siths plus âgés, s’en était fait une spécialité. Comme pour n’importe quelle compétence, finalement. Il semblait bien y avoir des villes, à la surface, selon le capitaine. Perdue dans ses pensées, la jeune femme se demandait à présent comment étaient architecturés les esprits des autres peuples et espèces, si la barrière de la langue compliquait beaucoup les choses ou non et si les barrières mentales naturelles étaient identiques. Elle aimerait avoir un non-Humain sous le coude pour tester et s’entraîner…

"Bien. Continuez comme ça, capitaine. Vous savez quoi faire. Prévenez-moi lorsque vous serez parvenu à une analyse plus avancée. Isobel ?"

Oui… Elle quitta ses propres pérégrinations mentales, pour suivre hors de la passerelle sans marcher sur les pans de sa robe. De retour dans les longs couloirs blancs, elle ralentit le rythme, voyant que la reine n’avait pas engagé sa démarche habituelle. Elle comprit pourquoi face aux questions posées. S’acquitter de tâches importances ou de missions extérieures avait toujours fait partie des attributions des suivantes, y compris pour les affaires plus délicates ou dangereuses, dont ne pouvait se charger la royauté elle-même, sans compromettre son image, ses relations diplomatiques ou politiques. C’était précisément pour cette raison qu’elles suivaient toute un entraînement militaire soutenu. Aux yeux du grand public, ce n’était qu’un gage de protection envers les souverains. Pour la royauté, c’était un contrat utilisé pour résoudre des problèmes délicats. Mais peut-être que la reine consort l’ignorait encore, pour poser cette question… Après tout, elle n’avait pas encore eu un tel besoin, pas plus que la reine Organa, car aucune menace extérieure ne s’était présentée dernièrement, en-dehors de ce frère Jedi et rebelle.

"Nous avons pour objectif et vocation à réaliser toutes les missions particulières ordonnées par le pouvoir," commença-t-elle d’un ton parfaitement tranquille, tant cela semblait naturel pour elle. "Que ça soit simple ou non, dangereux ou non. J’ai été engagée pour cela, peu importe ce dont vous avez besoin et ce que cela impliquera."

Leur peuple avait beau être profondément pacifiste, certaines tâches ne pouvaient être réglées par la diplomatie, hélas. Dans ce genre de cas, les problèmes étaient réglés de façon plus discrète et radicale. Cela lui semblait la première des choses à répondre, la plus importante aussi. Elle avait déjà, par le passé, participé à ces missions délicates et officieuses. La loyauté des suivantes se basait sur leurs capacités à accomplir de tels travaux. Ni les étrangers, ni les habitants d’Alderaan eux-mêmes n’étaient au courant. Ce secret était parfaitement gardé par les rois et reines se succédant.

"Quant à la formation, elle est agréable et enseigne des choses utiles, pour cette vie. Je ne pense pas encore grand-chose des Siths, du moins, je n’ai pas un avis agréable de certains agitateurs actuels. Mais ces gens n’ont pas d’importance, tant qu’ils ne représentent pas une menace directe."

Marchant toujours aussi calmement et sans se presser, Takara esquissa un très léger sourire malsain qu’elle réprima aussitôt. Elle connaissait déjà les prérogatives de ses suivantes, pour avoir tenu elle-même ce rôle pour sa couverture, pendant un temps. C’était une période qu’elle ne regrettait pas du tout. Cette sensation de ne pas avoir mot à dire, de devoir courber l’échine en permanence et de devoir se réduire à des tâches qu’elle trouvait particulièrement ingrate. La présence de Leia avait été d’une grande aide, et une motivation nécessaire et suffisante pour tenir tout ce temps. Non, vraiment, elle ne reprendrait la place d’Isobel ou d’Ishla pour rien au monde. Ce qu’elle attendait d’elle, cependant, dépassait de loin ses prérogatives de simple suivante, et même de demoiselle de compagnie. Non, ce que Takara attendait d’elle était d’agir en bonne initiée, de prouver qu’elle méritait qu’elle s’investisse pour faire d’elle le pion parfait dont elles avaient besoin, avec Leia.  C’était le but de la formation intensive qu’elle lui faisait subir depuis une semaine. Elles avaient beaucoup trop attendu, elles n’étaient pas allées assez vite.

« Bien. Votre attitude a déjà changé, et pour le mieux. Ces siths là ne méritent pas notre clémence. Ils ne sont pas à prendre comme modèles, non plus… Nous allons poursuivre votre entrainement, c’est une nécessité. Nous avons besoin de vous pour identifier les personnes fiables au sein du Palais. »

C’était dit, ou redit. Ce qu’elles attendaient d’elle, désormais, au quotidien, en plus de ses prérogatives de suivante et demoiselle de compagnie. Qu’elle commence à repérer le grain de l’ivraie, et en supprimer l’influence néfaste au sein du Palais. Puis, lorsqu’elle aura pu développer ses capacités, commencer à doucement aligner la pensée des membres du Palais avec la leur, sans que personne ne puisse s’en rendre compte, ou même les accuser d’être responsables.  

« Pour revenir à ma demande, ce que j’attends de vous est plus délicat que ces simples prérogatives. » lâcha-t-elle simplement pour recentrer le sujet, les mains souplement jointes devant elle. « Voyez-vous, l’Empereur nous a imposé un ultimatum lors de notre dernier voyage à Coruscant. »

La chose, amère, était dite. La situation, inconfortable, ne lui plaisait pas du tout. Pas plus que la manière avec laquelle cet homme avait osé s’adresser à elles. Comme si elles n’étaient qu’un divertissement de plus. Elle n’aimait pas, non plus, avoir une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Marchant toujours doucement, elle prit à droite à l’embranchement, pour se diriger calmement vers ses appartements.

« Il exige que Bail Organa soit capturé d’ici la fin de cette année, pour qu’il puisse l’exécuter lors du prochain Jour de son Empire. »

Elle avait appuyé sur ces derniers mots, pour laisser entendre son mépris, et sa colère. Puis elle prit une nouvelle inspiration, pour garder son calme, et reprendre sur un ton moins martial.

« Nous ne pouvons pas nous le permettre, bien évidemment. Vous savez pourquoi, nous en avons déjà parlé. Mais nous ne pouvons pas décevoir l’Empereur non plus, au risque de le voir punir notre inaction à son sujet. »

Bail Organa avait encore de l’influence sur la population d’Alderaan. Nombreux étaient les sujets qui continuaient à penser que ses actes, au début, avaient été justes. Même après les bombardements, certains continuaient à le croire. Les actes récents avaient doucher leurs ardeurs, bien sûr, mais son exécution pure et simple ne ferait que raviver cette flamme sur le point de s’éteindre. Takara ne pouvait pas l’accepter. Cet homme, et son influence, devait continuer d’être gommée petit à petit, remplacés par l’aura et l’image du couple royal. Que d’autres puissent accaparer la scène à leur place était inacceptable, et l’emplissait d’une haine et d’une colère profonde. Heureusement, l’Empereur lui offrait l’occasion de faire d’une pierre deux coups. De se débarrasser de Bail Organa sans offrir à Sidious le plaisir de son spectacle tant espéré.

Takara s’arrêta en arrivant finalement devant la porte de ses appartements, pour dire à Ishla de préparer le dojo à nouveau. Une fois leur courte entrevue terminée, il faudrait rependre la formation d’Isobel, malgré la fatigue qui la tiraillait depuis le début de ce voyage. Le soir, elle se sentait épuisée, et ne veillait que très peu, une fois libérée de sa suivante, qu’elle prit cette fois par l’épaule pour l’inviter à la suivre à l’intérieur. Ce n’est qu’une fois la porte refermée qu’elle reprit la parole, avec un peu plus de lourdeur dans la voix, la libérant de son bras.

« Je veux que vous le retrouviez, Isobel, s’il se trouve encore sur Aldéraan. Et que vous le fassiez disparaître, subtilement et discrètement, le cas échéant. Si possible dans un accident. Rien ne doit pouvoir indiquer que nous soyons derrière cela. Ni nous, ni la garnison impériale présente sur notre planète. Et s’il est déjà partit, vous veillerez à ce qu’il soit bien accueilli, s’il revient… »

La chose, bien sûr, devrait rester entre elles, et rien qu’entre elles. C’était une nécessité. Elle ne pouvait pas se permettre que ce genre d’information ne fuite. Leia semblait beaucoup plus détaché vis-à-vis de son père adoptif, ce dernier se terrait elle ne savait où, à l’abri des regards indiscrets. Et l’Empereur, qui venait foutre son nez dans des affaires qui ne le regardait pas… Il n’y avait pas meilleur moment. C’était maintenant, ou jamais.

« Ceux qui s’en sont pris à nous la dernière fois feront de parfaits boucs émissaires. Je doute qu’Organa soit derrière ce groupe extrémiste. Mais même si c’était le cas, je suis certaine que vous trouverez une solution alternative… »

Elle marqua une dernière pause, fixant sa suivante et tyro du haut de ses talons, d’un regard inquisiteur. C’était également un test, pour elle. Voir si elle était vraiment à la hauteur de l’investissement. Voir si elle était capable d’être le pion parfait.

« Pensez-vous en être capable, Isobel ? »

Tout cela était grave… Elle s’était attendue à ce que l’Empereur tente de déstabiliser la nouvelle monarchie, par simple rancune contre un monde ayant autrefois soutenu la rébellion. Le faire d’une telle manière ne faisait que prouver à quel point cet Empereur était fourbe et ne méritait aucun respect. N’importe quelle personne censée et saine d’esprit admettrait sans peine que les choses avaient fortement évolué, sur Alderaan, pourtant… Pour autant, se débarrasser une bonne fois pour toute de Bail Organa était une nécessité, beaucoup seront sans doute d’accord sur le sujet. Stoppées devant les portes de l’appartement, Ishla fut envoyée préparer une nouvelle fois le dojo puis la reine consort la prit tout à coup pour l’épaule pour la faire rentrer à l’intérieur, avant de le relâcher. Ces brefs gestes survenaient dans les situations graves ou urgentes, aussi ne prit-elle pas la peine de relever ou s’écarter. Tout comme elles-mêmes se permettaient de toucher les membres de la famille royale que lors de situations urgentes, pour les protéger ou les écarter d’un danger. La demande que fit sa majesté n’avait rien de très surprenant, cela devait arriver tôt ou tard. Il s’agissait de leur rôle avant tout, protéger le pouvoir en place en se salissant les mains à leur place, en toute discrétion. Elles étaient recrutées et formées pour cela. Étant donné qu’Organa avait trahi et signé son propre arrêt de demande, elles étaient on ne peut plus légitimes à se lancer à sa poursuite. Tout cela aurait même dû être accompli bien plus tôt, hélas, l’ordre tardait à venir. Peut-être que leur reine éprouvait encore quelques scrupules à faire abattre son père adoptif. Les récentes attaques bouleversaient toute la donne.

"Pensez-vous en être capable, Isobel ?"

"La question ne se pose pas, je ferai mon devoir."

La reine consort n’aurait même pas eu à prendre la peine d’en discuter, de s’expliquer ou quoi que ce soit d’autre, il lui aurait suffit d’ordonner cette mise à mort et si elle le souhaitait, des conditions particulières pour ce faire. Rien de plus, rien de moins. Le travail sera accompli, aucune question supplémentaire ne sera posée. Elle s’en chargera dès qu’ils seront rentrés sur la planète. Après avoir dû prendre quelques petits arrangements afin de justifier son absence au Palais, bien entendu, il ne faudrait pas que des soupçons surviennent. En attendant, et à moins que sa majesté n’ait d’autres sujets dont elle souhaitait parler ou des ordres à donner, le cours parfaitement ordinaire de la journée pouvait être repris. Isobel commençait déjà à réfléchir aux différentes façons de s’y prendre, néanmoins, il ne lui était pas encore possible de préparer le matériel dont elle aura besoin ni de prévoir les arrangements nécessaires au Palais lui-même. Bien que cela soit légèrement frustrant, elle devait patienter. Le voyage retour ne sera pas si long…

« Je n’en attendais pas moins de vous. Hormis pour nos entrevues du matin et du soir, vous êtes libre de vous former comme bon vous semble pour les deux prochains jours. Ishla est à votre disposition. Utilisez-là, mais ne la tuez pas. Elle pourra nous être utile plus tard… Vous pouvez disposer, à présent. »

Takara congédia Isobel d’un vague geste de la main, son esprit déjà ailleurs. Elle voulait profiter de ces deux prochains jours pour étudier en profondeur, et sans être dérangée, les relevés de l’équipage concernant son monde natal. Une fois seule, elle se déchaussa de ses talons hauts près de l’entrée, en se tenant au mur, puis alla se présenter devant le miroir du salon pour détacher ses cheveux alors noués en un chignon soigné et retirer les petits bijoux qu’elle portait avant de se masser longuement la nuque. Tout cela n’était pas bien pratique, mais en dehors du compartiment transformé en salle d’entrainement pour l’occasion, cela restait préférable. L’équipage était peut-être sous sa coupe, mais elle n’avait pas envie de revenir sur chaque instant de ce voyage au moment où elle effacerait le nécessaire de leur mémoire. L’idée l’excitait étrangement, mais elle était suffisamment fatiguée comme ça.

Lasse, elle contempla sa réflexion. Le maquillage attendra, elle n’avait pas la volonté de se trainer jusqu’à la salle de bain pour se nettoyer la peau une nouvelle fois. Déjà fatiguée depuis leur départ, les enseignements quotidiens dispensés à sa suivante finissaient de l’épuiser. Pieds nus, elle alla ensuite récupérer le petit ordinateur posé sur la commode de sa chambre avant d’aller s’installer confortablement dans un des fauteuils du salon. Takara laissa loin derrière elle ses occupations récentes, et l’entrainement de son pion, pour laisser son esprit dériver tranquillement dans l’études des premières images en très haute définition prise depuis l’orbite, fascinée par les contours des continents dont elle avait foulé la terre. Vu avec cette perspective, elle se rendait compte combien elle connaissait mal son propre monde. Il existait des cartes depuis bien longtemps, elle s’était basée sur les restes gravés dans sa mémoire pour compléter ses propres archives, mais des imprécisions et des erreurs de perspectives persistaient malgré tout. Le temps passant, Takara finit par focaliser son attention sur le continent qu’elle n’avait jamais connu. La distance qui le séparait des autres terres était bien plus grande, avec un immense océan parsemé de petits ilots occupant le vaste espace entre les terres. Il remontait jusqu’au pôle opposé de la planète, offrant un dégradé de couleur allant du vert marron au blanc immaculé des glaces.

C’était vraiment une sensation étrange, de pouvoir voyager à travers la galaxie tout entière sans avoir foulé tous les recoins de son propre lieu de naissance. Cette pensée ne vécut guère longtemps. Tout cela n’avait plus vraiment d’importance pour elle. Son propre peuple n’était désormais rien de plus qu’un outil potentiel qu’elle pourrait peut-être utiliser plus tard, d’une façon ou d’une autre. Sa contemplation finit tout de même par revenir sur les premiers clichés de Tahv, mue par l’envie de découvrir ce qu’il en était advenu après tout ce temps. Elle resta comme ça toute la soirée et même une partie de la nuit, à observer chaque ruelle, analyser chaque pâté de maison. Le centre historique n’avait pas beaucoup changé. Elle était à même de reconnaître les lieux où elle avait grandi, jouer, et affronté la plus grande menace de son époque. La statue à son image était toujours là, par ailleurs, à sa grande surprise. Elle s’était attendue à ce qu’une fois son père décédé, l’histoire de sa lignée ne soit jetée au rebus des archives, au sein du palais et à bord de l’Omen. La fatigue avait fini par la rattraper, et elle était partie se coucher.

Le lendemain, elle s’était sentie encore plus épuisée que la veille. La nuit avait été agitée, ce même cauchemar étrange étant revenu la hanter, comme pour lui rappeler que son monde, à portée de main, vivait ses derniers jours. Takara s’était réveillée en sueur, en se demandant s’il s’agissait bien d’un mauvais rêve, ou une vision. La reine consort jeta cette dernière idée au rebus, car elle n’en avait jamais eu auparavant. Ce ne devait être qu’une simple coïncidence, rien de plus. Takara presque l’intégralité de sa journée à lire et analyser de son œil d’autochtone les nouvelles données récupérées. Seules les deux entrevues avec Isobel, et les passages d’Ishla pour lui servir le repas et le thé vinrent la distraire de ses recherches. A ce sujet, elle avait remarqué que son peuple avait peu évolué d’un point de vue technologique. Elle n’était pas très étonnée, il était avéré qu’il n’y avait aucun matériau pouvant leur permettre de quitter ce monde. Les activités fermière, minière et industrielle s’étaient tout de même bien étendues, et certaines images de très hautes définitions montraient quelques avancées dans le domaine des transports. Mais rien qui pourrait concurrencer n’importe quel monde reculés des Bordures. Les moyens de télécommunications étaient toujours inexistants, à l’exception des très rares systèmes de transmission sauvés de l’Omen et utilisés depuis des millénaires par les siths au sein de la capitale.

Tout cela n’était pas très important à ses yeux. En vérité, cela l’arrangeait. Si elle devait un jour fouler de nouveau le sol de son monde, se serait avec des atouts contre lesquels son peuple ne pourrait rien. Des atouts qu’elle pourrait peut-être leur offrir, en échange de leur loyauté. Ce qui lui manquait, finalement, c’était de savoir qui dirigeait Kesh, désormais. Le système féodal instauré par son père semblait perdurer. Une surprise de plus, contre laquelle elle n’avait rien à redire. Bien qu’il faudrait plus tard l’altérer, pour servir leurs projets. Là encore, à condition qu’ils puissent être maitrisés. Sur ce point, Isobel avait raison. S’ils n’étaient pas fiables, hormis pour semer encore plus de chaos, ils ne lui seraient d’aucune utilité. La journée passa bien trop vite à ses yeux. Il était déjà temps de repartir, si elle ne voulait pas éveiller des soupçons en étant en retard avec le Tantive III. Takara ordonna donc à contrecœur au capitaine de faire demi-tour, en sachant que les ordres imprimés dans l’esprit de l’équipage tenaient toujours. Elle reviendrait sur son monde plus tard, lorsqu’elle aura pu définir un plan d’action fiable.

Le voyage retour se fit sans encombre, et fut marqué par la reprise des exercices avec Isobel. Il y avait encore du travail si elle voulait accomplir la mission qui lui avait été confiée. Takara avait fait extraire les données de Kesh de l’ordinateur de bord du navire, pour les garder précieusement avec elle. Puis le cœur avait été purgé, pour s’assurer que l’intégralité des données concernant le voyage ait été effacées et ne pourraient être récupérées. Puis, alors que le vaisseau se rapprochait du lieu de rendez-vous, Takara se replongea joyeusement dans les esprits de tout l’équipage, en excluant Isobel, en qui elle avait toute confiance. Il y avait définitivement quelque chose d’excitant à pouvoir étendre son emprise sur tant de personnes à la fois. De pouvoir les mener à la baguette, s’assurer que leurs moindre souvenirs étaient altérés, pour les convaincre que le voyage avait été prévu à l’avance, et n’avait rien de particulier, hormis sa discrétion. Elle implémenta de nombreux souvenirs, tous cohérents, mais parfaitement faux. Elle ajouta de la conviction, malgré l’épuisement que tout cela lui procurait. Elle insista, car Kesh devait rester un secret, et le restera jusqu’à ce qu’elle, ou Leia, en décide autrement.

Fort heureusement, le dernier jour du voyage lui laissa tout le loisir de récupérer un peu, mais clairement pas assez. Takra se sentait toujours aussi fatiguée, mais maintenant que le voyage arrivait à sa fin, elle pourrait retrouver le calme et la sérénité du Palais, de son épouse, et de sa fille. Tout irait bien à présent. Kesh était toujours là, et pourrait peut-être les aider dans leurs plans. Parfait.


PS : Fin.