C’était la première fois depuis de longs mois que Tayla et lui venaient sur Nirauan. La base avait pas mal changé, de visu, des travaux avaient été réalisés et plus de monde y circulait. Dès l’entrée, c’était visible, ça ne ressemblait plus du tout à ses souvenirs. Surtout, on leur jeta d’emblée des regards un peu bizarres car ça ne devait pas être très habituel de voir arriver deux personnes avec chacune un enfant dans les bras. Ce fut Etan qui vint les accueillir, il avait d’ailleurs dû se porter volontaire, vu son enthousiasme. Et ils comprirent très vite pourquoi car il vint aussitôt se pencher sur leurs garçons, pour fondre instantanément. Si Priam dormait encore profondément, son frère, lui, ouvrait de grands yeux devant le sourire béat de cet inconnu, sans avoir l’air d’avoir peur, cela dit. Etan, lui, avait définitivement fondu. Lui et Eli se connaissaient depuis quelques années, maintenant, ils s’étaient connus sur le Chimaera.

"Ils sont tous petits, pour leur âge, non ?"

"C’est qu’ils sont nés avec pas mal d’avance, surtout."

Il ne voulait pas trop en parler et Tayla non plus, tous les deux avaient déjà eu assez peur pour leurs vies entières… Le parcours hospitalier avait été très long, parfois compliqué, ils avaient vécu des semaines infernales à angoisser pour la santé de leurs fils. Maintenant qu’ils étaient enfin avec eux, ni l’n ni l’autre ne voulait plus repenser à ces jours horribles. Etan finit par se redresser et leur dire de le suivre, tout en commençant à énumérer les travaux réalisés ici, depuis le temps. Ça représentait pas mal. Entre les récentes arrivées et les aménagements faits à mesure, ça n’avait plus grand-chose à voir avec la petite base des débuts. Etan les accompagna jusqu’à une aile plus privée et leur indiqua la bonne porte, avant de lancer qu’il n’ira pas plus loin. Puis il les salua t fit aussi un dernier bisous aux deux garçons, avant de repartir. Ils allèrent frapper à la porte, chacun un sac sur le dos pour les affaires de leurs jumeaux et de quoi préparer des biberons.

Ce fut Ewime qui vint leur ouvrir. Elle avait l’air en forme, d’ailleurs, ça changeait de la dernière fois, ça aussi. Il la salua poliment, Tayla avec plus d’effusions car elles étaient un peu plus proches, avant de rentrer. C’est à ce moment-là que Priam, dans ses bras, se réveilla à son tour, s’agitant un peu. Il bailla à s’en décrocher la mâchoire et sembla batailler pour ouvrir les yeux. La lumière le gênait ? Un peu inquiet, Eli mit sa main contre son front pour la cacher en partie et vérifier si c’était bien ça, mais ça ne changea rien. Son fils devait plutôt être pris entre le réveil et le sommeil. Il déposa son sac dans un coin, pour ne pas déranger, sans lâcher son fils. Depuis qu’ils les avaient enfin récupéré, jongler avec d’autres affaires et leur enfant dans les bras était devenu un véritable sport. Surtout lorsqu’il fallait préparer leur repas et que les deux décidaient de se mettre à pleurer au même moment.

"Bonjour, Thrawn," lança-t-il en le voyant à son tour et en se débattant avec une lanière du sac.

Tayla l’aida en tirant avec une main et un petit sourire amusé. Merci, c’était bon. Ce qu’il leur faudrait, surtout, ça serait un troisième bras. Priam, blotti contre lui, avait finalement renoncé à ouvrir les yeux et s’était rendormi aussi sec, malgré le mouvement et le bruit autour de lui. Eh bien… Ce fut quand même avec fierté qu’ils les présentèrent, tous les deux, à Ewime et Thrawn. Là encore, Ceylan ne fit pas longtemps un grand cas de ces gens qui le regardaient et qu’il ne connaissait pas. Beaucoup plus occupé à essayer de toucher le collier de sa mère, avec ses petites mains.

"Ils ont pu quitter l’hôpital il y a deux semaines. Enfin en bonne forme."

Simplement regarder ses enfants le faisait sourire. Dans un automatisme bien réglé. Ils ne quittaient déjà plus ses pensées, même lorsqu’il était loin d’eux, une part de son esprit était toujours focalisée vers eux. Il se demandait parfois si c’était normal ou s’il était juste cinglé, c’était difficile à dire.

"Et vous deux, comment allez-vous ? Et votre fils ?"

« Vous savez qu’on ne risque rien sur Nirauan, tout de même ? » marmonna Lorana.

« Vous n’étiez pas censée risquer quoi que ce soit sur Csilla non plus. »

« Oui, c’est vrai, mais le contexte sera un peu différent, là-bas. Nous n’y avons pas d’ennemis. »

« Pas d’ennemis déclarés. »

« L’amiral Thrawn ne va pas tenter de faire assassiner son propre frère. »

« Nous resterons à proximité. »

« Il n’y aura même pas d’étrangers avec nous, dans la même pièce. »

« Nous avons des ordres. »

Très bien, laisser tomber… Theslan était resté de marbre tout du long de la conversation, depuis le début, campé sur ses positions. Dès lors qu’il avait su où ils se rendaient, il s’était chargé de préparer l’équipe les accompagnant eu surtout le voyage. Lorana avait essayé en vain de faire admettre que ce n’était vraiment pas la peine, sur cette planète, qu’il y avait surtout des Humains, que personne là-bas ne se préoccupait des affaires de l’Ascendance et qu’il n’y avait pas de risque qu’on leur serve de l’eau empoisonnée. Le chef de leurs gardes avait écouté sans rien dire, à chaque tentative, pour conclure sur un « J’ai des ordres ». Et un très léger sourire ironique lorsqu’elle essayait malgré tout. Au même moment, on vint leur annoncer que la planète était en vue. Ils avaient le voyage en compagnie de Chaf’orm’bintrano et son épouse, dans son vaisseau. Entourés tout du long comme si, même ici, ils risquaient vraiment d’être attaqués. Elle retourna voir sa famille, en essayant de ne pas être trop crispée qu’on la suive en permanence. Premier travail, mettre Edelweiss dans sa poussette et fourrer en-dessous un sac contenant ses affaires.

« Votre petite semble maussade… »

« Elle fait ses dents, c’est pour ça. »

Elle s’accroupit devant la poussette pour vérifier, justement, si c’était un peu moins rouge que ce matin. Leur petite leur faisait un peu de fièvre, ces derniers temps, avec la poussée des dents de lait. Rien de très grave mais ce n’était pas agréable pour elle. Blottie dans sa poussette, elle se remit à mâchouiller un jouet en plastique, comme s’il s’agissait du nouveau centre du monde. Concentrée sur ça lorsqu’ils allèrent rejoindre les autres puis grimper dans la navette pour rejoindre la base. Si Edelweiss était maintenant semi-assise, dans sa poussette, la petite Fylianb était, quant à elle, couchée dans un landau et pour le moment endormie. En les regardant toutes les deux, durant le trajet, la jeune mère réalisait à quel point leurs petits pouvaient grandir vite… Sa fille ne ressemblait déjà plus à un petit nourrisson, alors qu’elle n’avait pas encore un an. Et dire qu’un jour, elle saura marcher… Pour le moment, elle savait tenir assise toute seule quelques minutes, environ, puis se déplaçait à quatre pattes. Il faudra redoubler de vigilance à la maison, lorsqu’elle pourra plus facilement aller mettre ses petites mains là où il ne fallait pas.

Leurs gardes du corps les suivirent effectivement jusqu’au bout du chemin mais stoppèrent dans le couloir. Rah là là… Un moment, elle eut même peur qu’ils changent d’avis et rentrent vérifier qu’il n’y avait pas de poison dans l’appartement. En entrant, ils virent que Eli et Tayla étaient déjà arrivés, avec leurs enfants. Dire bonjour à tout le monde prit déjà quelques minutes, esquiver souplement Ewime qui semblait déjà vouloir lui faire un câlin prit trois bonnes minutes de plus. C’est bon, merci, ça ira, pas du tout envie qu’on la couve à fond simplement parce qu’elle s’était faite tirer dessus, hein, ce genre de choses arrive… Enfin, non, ce n’était pas censé arriver, mais… Bref. Elle se pencha pour détacher la sangle de la poussette et prendre leur petite boudeuse dans les bras. S’assurer une fois de plus au passage qu’elle n’avait plus de fièvre. Elle n’avait pas lâché son jouet dans le mouvement, se tenant de l’autre main contre un bout de tissu. Il y avait pas mal de monde, ce n’était pas une habitude, pour elle…

« Tu fais un bisou à tonton et tata, ma puce ? Tu vas aussi voir ton cousin. »

La petite n’était visiblement pas d’humeur à faire des bisous à qui que ce soit… Bon, ça sera sans doute mieux toute à l’heure, après tout, elle n’avait pas passé une très bonne nuit. Lorana s’en excusa auprès de sa famille avec un faible sourire, expliquant que leur bébé avait un peu de fièvre et était agacée, en ce moment, à cause des premières dents de lait.

Le nouveau berceau sur pieds, qui trônait maintenant près du fauteuil où elle avait l’habitude de lire le soir, était un peu plus large que l’ancien, avec des petites peluches tout en longueur accrochées aux bordures. Pour la première fois, Feoda avait réussi à attraper volontairement un bout d’une ces peluches dans son petit poing et tirer un peu dessus, avant de relâcher quelques secondes plus tard. Ça ne semblait rien mais chaque nouveau geste, même infime, qu’il pouvait faire provoquait l’émerveillement de sa mère. Comme maintenant, où il avait tourné la tête au son de sa voix et affiché un grand sourire. Elle adorait lorsqu’il faisait ça ! Assise près du berceau et accoudée contre, elle jouait avec son bébé depuis un bon quart d’heure. Ce qui était encore mieux, c’est lorsque son tout petit bout commençait à battre un peu des jambes et des pieds, lorsqu’il était content. Peu à peu, il bougeait plus, bien que ses mouvements ne soient pas encore bien coordonnés.

Ce qui la rendait un peu plus triste est qu’il ne réagissait pas encore beaucoup au son de la voix de son père. C’était normal, il avait été absent longtemps et même durant la grossesse, il n’avait pas pu être là bien souvent. Même sachant cela, ça lui faisait toujours un pincement au cœur… Pour le moment, Feoda mettait un petit temps de réflexion, avant de sourire à son papa comme à elle ou de répondre à ses sollicitations. Cela viendra, elle ne devrait pas être trop impatiente… Il le reconnaissait et ne le rejetait pas, il ne pleurait pas non plus, dans ses ses bras, donc ça viendra. Au retour de Thrawn, elle lui avait d’abord rapporté en long et en large, avec tous les détails possibles, ce qui était arrivé à leur fils depuis sa naissance. Détaillant jusqu’aux plus petites mimiques de leur bébé lorsqu’il avait faim ou encore après qu’il ait fait un cauchemar. Afin d’être sûre que son père puisse, autant qu’elle, noter chacune d’entre elles et comprendre leur enfant avec autant de justesse que possible.

Ce n’est qu’après tout cela qu’elle avait songé à sa propre santé puis avait parlé à Thrawn de ce qui était s’était passée, avec la maître Jedi âgée. La manière dont elle avait été récupérée par l’équipage de l’amirale Ar’Alani, son bref passage sur Nirauan avant d’être récupérée au passage par le jeune duo, puis la façon dont elle avait soigné Ezra. Puis soigné elle-même. Deux miracles, il n’existait pas d’autres mots pour décrire un tel phénomène ! Pour la première fois, depuis son enfance, elle ne prenait plus de médicaments tous les matins et vivait librement. Ewime ne sera jamais assez reconnaissante envers cette maître Jedi et ignorait toujours comment la remercier convenablement. Elle lui avait redonné une part de sa vie. Tout comme le jeune Bridger, qui avait sauté au cou de la guérisseuse, d’ailleurs. Un détail également partagé auprès de son compagnon. Jetant un regard à l’heure, elle se résigna à se lever, toujours un peu frustrée lorsqu’elle devait arrêter un temps de jouer avec son fils.

« On va avoir bientôt du monde à la maison, » dit-elle en se penchant pour embrasser Feoda sur le front. « Tu restes bien sage, mon petit cœur, d’accord ? »

Il ne comprenait pas encore mais souriait, au son de la voix, ça suffisait largement à la combler. En se redressant, elle alla d’abord s’assurer que tout était en place puis demanda à Thrawn – pour, environ, la cinquième fois en six jours – s’il n’était pas fatigué et s’il allait bien. Simplement car elle lui avait trouvé un air plus fatigué que d’ordinaire à son retour et donc qu’elle s’en inquiétait depuis. Peut-être que les dernières nuits, avec leur fils qui se réveillait en hurlant au beau milieu, ne devaient pas aider. Un peu plus tard, les premiers arrivés furent Eli et Tayla. Chacun tenant un enfant dans leurs bras. Elle les salua avec chaleur, surtout Tayla car c’était d’elle dont elle était le plus proche. Les jumeaux étaient tous petits, plus qu’ils n’auraient dû l’être à leur âge, mais au moins, enfin en bonne santé. L’un dormait, l’autre touchait du bout des doigts le collier de sa mère. Ah ça… Elle-même avait déjà pris l’habitude de ne plus rien porter au cou car Feoda avait compris bien vite qu’il pouvait tirer dessus. Comme avec les cheveux.

« Ils ont pu quitter l’hôpital il y a deux semaines. Enfin en bonne forme. Et vous deux, comment allez-vous ? Et votre fils ? »

« Il va très bien ! Il a eu les petits soucis habituels des bébés, comme les coliques, mais il est en bonne santé malgré tout. »

Elle laissait, bien sûr, Thrawn répondre pour lui-même. Après avoir donné très rapidement un mot pour son propre cas, elle se pencha pour contempler et embrasser les deux petits bouts et féliciter les parents. Tayla avait souffert, avant et après son accouchement. Heureusement, elle allait beaucoup mieux et les jumeaux aussi. Même Eli semblait aller mieux, par rapport à la dernière fois où elle l’avait vu… Plus… détendu ? Elle lança un regard vers Thrawn, pour s’assurer que ce n’était pas elle qui hallucinait et s’il avait aussi noté la différence. Hum, bref, donc… Elle montra au jeune couple où ils pouvaient déposer leurs affaires puis installer leurs enfants, au calme. Ils avaient préparé un coin du salon pour y mettre les enfants, au chaud et tranquilles, plutôt qu’entre les jambes des adultes. Comme ça, lorsqu’ils s’endormiront, ils ne seront pas dérangés. De toute manière, en ce moment, seule Edelweiss pouvait vraiment se déplacer avec une certaine autonomie, sur le ventre ou en s’aidant de ses mains. Même si elle n’allait pas encore bien loin, une simple barrière suffira à la canaliser dans un espace.

Leur famille arrivera d’ailleurs peu de temps après, ils avaient fait le voyage ensemble. En ouvrant, elle nota la présence des gardes du corps, qui se postèrent dans le couloir, avec un très faible sourire. Bien sûr qu’ils étaient venus eux aussi… Elle chassa vite ça de sa pensée, pour dire bonjour à tout le monde, embrasser bien fort sa toute jeune nièce, qu’elle n’avait vu qu’en holophoto pour le moment. Elle tenta bien aussi de prendre Lorana dans ses bras pour la câliner et la consoler mais la jeune humaine s’échappa littéralement au dernier moment. Mais enfin… Ce sera plus tard, alors. Jeune humaine qui se sentit d’ailleurs obligée, sa fille dans les bras, de s’excuser car leur petite boudait… Simplement car elle avait mal avec la poussée des dents de lait. S’excuser pour ça. Connaissant maintenant bien le caractère de sa belle-sœur, Ewime parvint à ne pas faire aucun commentaire mais ce fut très dur. Elle réussit quand même à ne pas soupirer. Son frère n’avait même pas fait attention, lui, déjà occupé à fondre sur la petite bouille de son neveu.

« Vous vous êtes bien remis, maintenant ? Même ici, beaucoup ont parlé de cette affreuse affaire. »

Tout en parlant, elle passa délicatement leur toute petite nièce à Thrawn, pour qu’il puisse lui dire bonjour à son tour. Fylianb ne réagit pas plus que ça, à moitié endormie. Tout comme son cousin, rendormi lui aussi, pour le moment.

Même avec tout ce qui avait l’art de leur tomber dessus à la chaîne depuis plusieurs semaines, il était difficile de ne pas être plus détendu lorsqu’il y avait autant d’enfants autour de soi. Les tous-petits étaient son point faible, depuis toujours, il était incapable de le cacher et encore moins de les ignorer. D’autant plus que c’était la première fois qu’il pouvait voir son neveu autrement qu’en photo. Pendant que sa propre fille était câlinée par sa tata, sans doute par son oncle aussi, lui-même avait pris le petit Feoda dans ses bras pour mieux le couver du regard. Les larmes aux yeux tant il était ému de pouvoir le tenir contre lui. Le bébé dormait gentiment, ses paupières frémissaient parfois doucement, il devait sans doute rêver… Un tout petit bout… Bien plus adorable en vrai qu’il ne l’était sur la photo. Tout sage, pour le moment en tout cas, respirant doucement.

Il fit la navette, du regard, entre son neveu et la petite Edelweiss. Les deux avaient beau ne pas être si éloignés en âge, la petite métis faisait déjà fillette, alors que les autres enfants étaient encore des nourrissons. La différence de taille sautait déjà aux yeux, alors même que les enfants n’avaient qu’à peine quelques mois de différence entre eux. A ce stade, c’était normal, bien sûr, bien que ça soit un peu étrange à observer. Ces différences s’atténueront bien vite, de toute manière, une fois que les enfants auront grandi. Ce qui était aussi amusant, c’est qu’en dehors de la couleur de peau et des yeux, il n’y avait aucune différence entre leurs enfants et ceux d’Eli et Tayla. Bah, de toute manière, la petite Edelweiss était la preuve vivante que leurs deux peuples étaient très proches, génétiquement parlant. Il se demandait, par contre, si elle aura un accent différent de son père, lorsqu’elle commencera à parler pour de bon.

C’est avec le plus de délicatesse possible qu’il reposa son neveu dans son berceau, après l’avoir embrassé sur le front. Il s’était toujours demandé à quoi pouvait bien rêver les bébés… S’ils s’en souvenaient quelque peu au réveil ou si les images disparaissaient instantanément… Derrière lui, sa sœur demandait des nouvelles des uns et des autres, dans le léger brouhaha des conversations et pose des affaires, surtout celle des enfants. Il se redressa finalement, laissant le petit dormir tranquille. Tayla était en train de faire de même avec les siens, les installer à dormir près de Feoda, dans le petit coin que Ewime avait prévu d’avance pour eux. La plus réveillée était finalement Edelweiss, mais la pauvre ne devait pas d’humeur à s’endormir, pour le moment. Même sa petite Fylianb somnolait, visiblement pas du tout gênée d’être passée de bras en bras.

"Vous vous êtes bien remis, maintenant ? Même ici, beaucoup ont parlé de cette affreuse affaire."

Sans blague… L’Ascendance toute entière en avait parlé durant des jours et des jours puis le débat avait été enflammé d’autant plus avec les arrestations faites. Formbi se frotta un peu le visage, puis les yeux, en se retenant très fort de lâcher le moindre soupir. Même s’il n’était absolument pas question de l’avouer à qui que ce soit, cette période l’épuisait de plus en plus et il sentait que le burn-out n’était plus très loin. Cela dit, il n’était pas question de se laisser aller pour longtemps, ça ferait bien trop plaisir à ses adversaires. Bon. Régler, d’ailleurs, un petit point. Il se décala un peu, pour ne pas gêner le passage des jeunes humains, puis se rapprocha de Thrawn.

"Si Fartha est vraiment exilé, il a peur de se faire recevoir à coup de blaster en venant sur cette planète," soupira-t-il, à voix basse. "Si ça doit arriver, vous pourrez faire en sorte qu’il soit, disons, suivi… un moment, mentalement. Il n’est pas fou, hein, du tout. Mais il vit tout ça extrêmement mal."

C’était un petit tapis de jeu, assez épais, que leur fille aimait bien, ça lui permettait à la fois de jouer et de découvrir des formes, couleurs et touchers différents. Il le déplia au sol non loin d’eux, avant de la déposer dessus pour qu’elle puisse s’amuser et surtout, se détendre un peu. Edelweiss se mit d’abord couchée sur le ventre, puis à quatre pattes, sur le tapis, déjà désintéressée des adultes autour d’elle. Pour le moment, les autre enfants étaient tous assez calmes, somnolents ou endormis d’ailleurs, mais il savait d’expérience que ça n’allait pas durer encore bien longtemps. Lorsque tous auront faim, leurs oreilles allaient siffler. Assise juste à côté, avec Ceylan dans les bras, Tayla eut un sourire attendri en demandant à partir de quel âge ce type de jeux était possible. Certains jeux d’éveil étaient disponibles très tôt, il en avait découvert des pas mal, en cherchant ce qui pourrait être adapté pour leur fille.

"Elle se déplace beaucoup à quatre pattes ?"

"Pas encore, non. Elle se met comme ça ou assise, mais ne se déplace pas beaucoup. Déjà qu’elle met tout ce qui lui passe à portée de main dans la bouche, j’imagine ce que ça sera le jour où elle pourra se déplacer pour de bon à quatre pattes. Ou en commençant à marcher."

Lorana avait déjà pris l’habitude de tout ranger en hauteur ou bien de fermer avec soin ce qui pouvait être accessible à leur fille, même si la petite n’était pas encore autonome dans ses déplacements. Elle en était plutôt au stade apprendre à se tenir assise sans retomber et coordonner les mains et jambes pour pouvoir avancer toute seule. Alors soit, ça pouvait venir vite, mais tout de même ! Ils avaient de la marge, devant eux, avant que Edelweiss n’aille s’approcher de coins potentiellement dangereux pour elle. Les enfants grandissaient trop vite, de toute façon. Il demanda à Tayla, ensuite, si elle avait pu complètement récupérer de son accouchement et surtout des semaines suivantes, qui avaient été très sportives pour leur famille. Si elle était encore assez pâle, elle lui affirma que ça allait mieux, depuis deux semaines. Depuis qu’ils avaient récupéré les enfants, finalement, en bonne santé. Voir son bébé hospitalisé, ça avait dû être tellement insupportable.

Ewime demanda des nouvelles aussi, peu de temps après, mais cette fois pour les… Disons, remous récents. Il lança un regard en coin vers sa femme, s’attendant presque à ce qu’elle réponde que ce n’était pas si grave que ça ou quelque chose du genre. Non ? Ça ne l’étonnerait pas et ça n’étonnerait sûrement personne ici. Une fois assis à son tour, il en profita pour faire un petit sourire aux jumeaux, juste à côté dans les bras de leurs parents. Il aurait voulu câliner son neveu mais comme il dormait profondément, il préférait attendre un petit peu. Il l’avait déjà embrassé et tout, mais avait peur de le réveiller ou de lui faire peur. D’autant plus qu’ils étaient des étrangers, pour lui, ce petit bout de ne les avait jamais vu avant aujourd’hui. Quoi que ça dépendait beaucoup des enfants, d’accord, mais il n’avait pas envie d’effrayer son neveu pour rien.

"Mais ne parlons pas de travail, voulez-vous ? C'est juste un moment de repos, pour l'esprit comme pour le cœur."

"Dit celui qui a toujours été accro à son travail," lança Thrass d’un ton taquin.

Il taquinait un peu, cela dit, il ne pouvait pas dire grand-chose car lui-même avait eu aussi eu très souvent ce défaut-là, il y a des années, lorsqu’il était encore Administrateur. Comme si elle était d’accord, sa fille choisit ce moment pour lâcher une courte série de syllabes puis retourner à son jeu. En essayant tant bien que mal de se remettre à quatre pattes pour avancer. Pas encore ça, la coordination des jambes, ma puce.

"Comment s’est déroulée la naissance pour vous, Famia ? Tout s’était bien passé ?"

Cette visite sur cette planète était une première fois, pour Famia. Il s’agissait même de sa première excursion hors de l’Ascendance, maintenant qu’elle y songeait, bien que Nirauan ne soit pas tant éloignée. Les bases militaires avaient une ambiance particulière et elle ne s’y sentit pas très à l’aise, à leur arrivée. L’accueil fut formel mais court, ce qui la surprit un peu, quoi que ça semblait plaire à Formbi. Quant à leur arrivée en famille, elle fut d’abord sur la réserve, car elle ne savait pas vraiment quoi penser du compagnon, pour le moment. Il faut dire que son mari n’était pas non plus très clair, pour les fois où il lui en avait parlé, oscillant entre des sentiments contraires, peu susceptibles de l’aider à le situer. Ce qui ne l’empêcha pas, bien sûr, de dire bonjour poliment et les remercier pour cet accueil. C’était tout de même une drôle de famille, dans son ensemble.

Les enfants firent bien vite une très belle diversion, à eux tous. Les présenter, les laisser passer de bras en bras… Il était tout de même un peu triste de voir que les jumeaux de Tayla avaient environ la même taille que leur propre fille, alors qu’ils étaient nés plus tôt. Ces petits avaient souffert, dès la naissance, elle était heureuse et soulagée qu’ils aient enfin pu quitter l’hôpital. Elle ignorait en combien de temps des enfants prématurés rattrapaient leur retard… Cela devait dépendre des enfants. Peut-être les trouvait-elle plus fragiles que les autres car elle savait qu’ils sortaient tout juste d’hospitalisation, par ailleurs. Leurs parents les gardaient dans leur bras, un chacun, avec attention. Leur propre neveu dormait paisiblement dans son berceau, Fylianb se faisait couvrir de bisous par sa tante sans trop broncher et la petite Edelweiss jouait à présent sur son tapis d’éveil sans se soucier de tout ce monde.

Famia s’apprêtait à demander à son mari de s’asseoir et se reposer un peu, lorsqu’elle l’entendit poser sa demande envers son beau-frère. Là encore, elle fut assez surprise. L’appréciait-il ou le détestait-il, finalement ? Avait-il de la confiance envers lui ou du ressentiment ? Assez pensive, elle décida de ne rien dire, pour le moment. De plus, c’était un sujet très délicat. Lorsque son mari récupéra leur fille dans ses bras, elle jeta un petit coup d’œil pour vérifier si elle était bien endormie, avant de s’asseoir à son tour. Il est vrai qu’ils étaient ici pour se détendre mais elle comprenait les inquiétudes de son époux et sa volonté à s’assurer, autant qu’il l’était possible, que tout se déroule bien par la suite. Elle but un peu de son jus de fruit, tout en regardant les différents enfants. Pour le moment, tout était très calme. D’ici, oh, un peu moins d’une heure, leur fille réclamera sans doute son biberon.

"Comment s’est déroulée la naissance pour vous, Famia ? Tout s’était bien passé ?"

"Il y a eu un peu de tension, le travail a duré environ une trentaine d’heures. La petite ne se présentait pas bien, j’ai dû accoucher par césarienne. Elle est née en bonne santé, c’est le principal. La fatigue de l’accouchement fini par passer. Il reste à faire passer un état de fatigue plus général, n’est-ce pas, Formbi ?"

Elle tourna la tête pour lui lancer un regard inquisiteur, quoi que restant assez doux. Il savait très bien qu’il ne prenait pas assez soin de lui et elle comptait bien insister pour qu’il fasse plus attention. Ne serait-ce que pour être capable de veiller sur sa fille. D’autant plus avec la période traversée ces derniers temps. Elle reporta ensuite le regard vers le jeune couple Humain, notamment le jeune Vanto.

"Pour vous, en revanche, vous avez l’air d’aller mieux. Je me trompe ?"

Ni Tayla ni lui n’étaient vraiment décidés à laisser leurs fils dans leur berceau, dans un coin, il restait dur de les lâcher tant qu’ils n’étaient pas bien endormis. Surtout lorsqu’il y avait beaucoup de monde, comme aujourd’hui et que les petits étaient un peu déstabilisés. C’était aussi leur premier « grand voyage » depuis leur naissance. Ceylan avait finit par se rendormir, blotti contre sa mère. Priam, lui, ne se rendormait toujours pas, les yeux grands ouverts, en regardant tous ceux qui passaient à sa portée. Ce qui faisait de la peine à Eli, c’était de voir que tous les deux avaient quasiment la même taille et le même poids que la fille de l’Aristocra Formbi alors qu’ils étaient nés quasiment deux mois plus tôt. Le pédiatre les avait rassuré puis avait affirmé qu’il faudra sans doute une année complète, voire un peu, avant qu’ils ne rattrapent le retard dû à la prématurité. Il avait beau savoir ça, ça donnait tout de même mal au cœur.

Les nouvelles données au fil de la conversation concernaient aussi bien les petits que les événements plus graves, de ces derniers temps. Ah ça… Il en avait aussi beaucoup entendu parler sur le vaisseau et les rumeurs allaient bon train. Sans compter ceux qui ne croyaient pas à la version officielle de l’enquête et ceux qui ceux qui la soutenaient et ne voyaient pas d’autres alternatives. Pour sa part, il n’avait pas encore d’idée sur quoi y penser, même s’il trouvait douteux que les commanditaires désignés soient réellement coupables. Il comptait bien se garder de fournir le moindre avis sur le sujet,surtout en sachant si peu sur cette affaire. En plus de ça, en parler ouvertement ici alors que Lorana aimerait sûrement l’éviter, ça ne se faisait pas. Ils n’allaient tout de même pas se mettre en groupe à lui répéter qu’elle avait failli être assassinée. La pauvre devait sûrement se sentir encore mal à cause de ça, elle n’était pas une militaire, après tout.

Assis à côté de Tayla, Il cala son fils dans un bras contre lui, se servant de l’autre pour rabattre un peu la petite couverture sur son bébé, s’assurant qu’il était bien. Priam le regardait toujours, en suçant sa tétine, tout calme encore. A côté d’eux, sur un tapi de jeu, Edelweiss s’occupait à la marche à quatre pattes, avec un succès encore mitigé, désintéressée des adultes autour d’elle. Elle avait… à peu près six mois, maintenant, c’était ça ? Ou un peu moins ? Il ne savait plus. Il se demandait à partir de quel mois leurs fils allaient débuter ça également, tenter de se mettre seul assis, de marcher à quatre pattes, avant d’aller vers la marche. C’est sur cette pensée qu’il imagina tous les dangers potentiels qu’ils pourraient approcher avec leurs petites mains… Ils devront penser à mettre à bonne hauteur les produits de ménage. Et tout ce qui était assez petit pour être avalé par accident.

"Comment s’est déroulée la naissance pour vous, Famia ? Tout s’était bien passé ?"

"Il y a eu un peu de tension, le travail a duré environ une trentaine d’heures. La petite ne se présentait pas bien, j’ai dû accoucher par césarienne. Elle est née en bonne santé, c’est le principal. La fatigue de l’accouchement fini par passer. Il reste à faire passer un état de fatigue plus général, n’est-ce pas, Formbi ?"

Trente heures… ?! Nom de… Il échangea un regard avec sa femme, avec une petite grimace. Alors là, par contre, il imaginait très bien la souffrance qui avait dû aller avec, sans même imaginer la dose phénoménale de stress, au passage. Ça s’était bien fini, oui, mais bon sang, aussi longtemps dans une salle de travail, ça avait dû être terrible et très éprouvant. Il avait su que certaines fois, les bébés se faisaient désirer longtemps, par contre, à un tel point… Il croisa le regard de Famia une seconde plus tard, sentant soudainement que la suite n’allait pas forcément lui plaire.

"Pour vous, en revanche, vous avez l’air d’aller mieux. Je me trompe ?"

Gagné. Il ne s’était pas attendu à ce que cette question vienne d’elle en premier mais il s’était douté que ça risquait de se remarquer. Même s’il avait espéré très fort que non. Peut-être un peu trop, en réalité. Il lui adressa d’abord un sourire un peu gêné, espérant qu’on ne s’attarde pas trop sur le sujet.

"Non, ça va vraiment mieux, merci. J’ai rencontré la maître Jedi qui a été envoyée ici, par la suite, au moment où elle est apparue de ces failles. Elle m’a aidé pour ce qui restait à… Disons, à régler. Je ne savais pas que certains Jedis pouvaient faire ça."

Ils allaient pouvoir prendre l’apéritif, principalement composé de jus de fruits car moins de la moitié des adultes présents pouvaient boire un peu d’alcool. Ni elle ni les autres mères buvaient, car allaitantes, le jeune Eli évitait également. En allant vers la cuisine, elle réalisa que Thrawn avait déjà apporté ce qu’il fallait sur la table du salon puis rebroussa chemin, pour aller plutôt s’asseoir et discuter avec les autres. Le repas était déjà prêt, lui aussi, gardé au chaud en attendant. En venant s’installer, au moment où son frère récupérait sa fille dans ses bras, elle s’assura une énième fois que son propre enfant dormait toujours paisiblement. Et qu’il respirait correctement. C’était plus fort qu’elle, même si elle était parvenue à se détendre un peu environ un mois après la naissance. De toute façon, comme il ne faisait pas encore ses nuits, elle devait bien se lever pour le consoler, pas seulement pour être certaine qu’il respirait toujours. Cette peur-là était plutôt longue à faire passer. Elle se demandait qui d’autre l’avait, ici, à moins qu’elle ne soit la seule à stresser comme ça.

Servir un verre à chacun, trinquer, se détendre, profiter d’un moment en famille, ce qui était assez rare pour le souligner, c’était tout ce qu’elle souhaitait. Surtout avec tous les enfants ! Et tout ce qui s’était passé entre-temps. Elle nota avec un certain amusement que Lorana avait enfin pris l’habitude de s’habiller comme cela se faisait sur Copero. Après de nombreux efforts pour la convaincre de s’y mettre. Pour sa part, elle ne réagit pas trop lorsque sa belle-sœur répondit, pour son accouchement, ayant déjà eu le récit de ce jour et ce qui s’était passé. Douloureux, vraiment… Lorsqu’elle avait écouté tout cela, elle n’en avait été que plus soulagée que son accouchement n’ait duré que quelques heures. Tayla et Famia n’auront vraiment pas eu de chance du tout… Plus encore Tayla et Eli, qui avaient en plus dû vivre la peur au ventre avec leurs bébés hospitalisés en néonatalogie. En les voyant comme ça, dans les bras de leurs parents, c’était plutôt difficile à croire. Si petits, adorables, en bonne santé… Mais, oui, c’est vrai, très petits pour leur âge.

« Pour vous, en revanche, vous avez l’air d’aller mieux. Je me trompe ? »

« Non, ça va vraiment mieux, merci. J’ai rencontré la maître Jedi qui a été envoyée ici, par la suite, au moment où elle est apparue de ces failles. Elle m’a aidé pour ce qui restait à… Disons, à régler. Je ne savais pas que certains Jedis pouvaient faire ça. »

Oh… Oh, d’accord ! Ewime comprenait d’un seul coup beaucoup mieux pourquoi il semblait avoir autant changé. Elle n’avait pas su qu’il avait fait partie de ceux ayant pris en charge la vieille dame avant qu’elle ne puisse rejoindre Nirauan, pour y attendre les siens. Voilà qui expliquait beaucoup de choses…

« Peu sont capables de gros soins, en réalité. Le seul que nous avions vu jusque là, c’était Cade Skywalker, il pouvait ramener jusqu’aux mourants. C’est très bien que vous ayez la chance de la rencontrer. J’espère qu’elle pourra aussi rencontrer Ezra, un jour, pour qu’il puisse remarcher. »

« C’est déjà le cas. Vous n’avez pas dû avoir la nouvelle à cause des récents événements. Elle s’appelle Kreia, elle a dû patienter sur Nirauan en attendant que vos amis reviennent et la récupèrent, avec le jeune Ezra, pour repartir chez les leurs. Elle a soigné le jeune homme, ainsi que moi-même. C’était un véritable miracle, en effet, elle l’a juste touché… Enfin, elle a dû faire plus, bien entendu, mais je vous avoue que je n’ai pas très bien compris comment cela fonctionnait. En tout cas, il a bel et bien remarché. »

Lorana pouvait être parfaitement rassurée sur ce point, le petit allait beaucoup mieux… et peut-être qu’il apprendra d’ici peu comment piloter sans s’écraser… Disons qu’il fallait l’espérer. Le temps qu’il s’était trouvé ici, il avait un peu parlé de ses accidents de pilotage et le moins qu’on puisse dire est qu’il ne s’était pas loupé. Aucune fois. A s’en demander comment il pouvait être encore en vie.

"Vous oubliez qu'un exilé a le droit de demander à être conduit sur la planète de son choix, Formbi. Si j'ai choisi un monde inhabité, mais proche de ce qui fut la République, votre ami a le droit de demander à être déposé sur Nirauan. Il n'a donc nulle crainte à avoir. Sans compter que mon organisation ne tire que sur des menaces, et Fartha n'en ait nullement une."

Mieux valait trop s’assurer pour peu de choses que de ne pas prendre assez garde à ce qu’on faisait, malgré tout. Formbi était loin d’avoir du baume au cœur en demandant ça à son beau-frère, il n’avait juste pas cinquante chemins possibles devant lui. Enfin bref. Il récupéra sa fille dans ses bras, instantanément plus détendu en la portant contre son cœur. En s’asseyant à son tour, il la garda couchée contre lui et l’embrassa dans les cheveux, ne pouvant demeurer agacé, blasé ou dépité lorsqu’il tenait son petit ange dans ses bras. Il pourrait la regarder dormir durant des heures et lui chanter des berceuses très longuement, le soir, pour qu’elle s’endorme paisiblement. Appuyé contre le dossier du petit canapé, il remit comme il faut la petite couverture dont ils avaient enveloppé leur fille, pour être sûr qu’elle dorme bien au chaud. Des moments comme celui-ci étaient très précieux, il adorait toujours autant la garder contre lui pour la câliner.

"Comment s’est déroulée la naissance pour vous, Famia ? Tout s’était bien passé ?"

"Il y a eu un peu de tension, le travail a duré environ une trentaine d’heures. La petite ne se présentait pas bien, j’ai dû accoucher par césarienne. Elle est née en bonne santé, c’est le principal. La fatigue de l’accouchement fini par passer. Il reste à faire passer un état de fatigue plus général, n’est-ce pas, Formbi ?"

Oooh, lui, ne pas se reposer assez ? Il grimaça un petit peu mais ne put rien répondre, bien conscient qu’elle avait raison. Donc un simple hochement de tête, un petit murmure qu’il comptait faire plus attention puis suivre le fil de la conversation comme si de rien n’était. Il y avait des périodes, comme ça, où la fatigue était plus délicate à faire passer, mais ce n’était rien. Juste une… phase. Une fois terminée, ça ira un peu mieux. Ou non ? Il n’en savait rien et n’avait pas envie de trop y réfléchir. De toute façon, il était bien contraint de faire plus attention maintenant que leur fille était venue au monde. Il rebaissa les yeux sur elle, toujours bouleversé par l’arrivée de ce petit miracle dans son existence. Puis reporta le regard sur la famille quand ils en arrivèrent au sujet des guérisons récentes. Lorsque sa sœur lui avait tout raconté, il avait d’abord eut énormément de mal à y croire… Puis lorsqu’il avait réalisé que ce n’était pas une blague…

Personne ne pouvait vraiment réaliser le poids que cela lui avait ôté des épaules. Il en avait pleuré plus d’une heure, à la fois de soulagement et d’épuisement, en cachette dans son bureau à la maison, pendant que Famia était de sortie avec leur fille. Cela avait sonné la fin de trop longues années de doute, d’une angoisse permanente pour la vie de sa petite sœur… La possibilité de la voir mourir jeune sur un lit d’hôpital, comme leur mère, avait enfin disparu. Ewime parlait surtout de la guérison tout aussi miraculeuse du jeune Jedi, tandis qu’il repensait au moment où il avait réalisé que sa maladie était devenue une histoire ancienne. Même maintenant, l’émotion était toujours là et il avait beaucoup de mal à la dissimuler. C’est le plus discrètement possible qu’il se frotta un peu les yeux, en tremblant presque. Cette Dame Jedi, qui qu’elle fusse, ne pourra sans doute jamais réaliser ce qu’elle avait effacé. Ça n’avait pas de prix.

"Rien que cela devrait servir de preuve ultime et écarter une bonne fois pour toute la croyance qu’il s’agit d’une maladie."

Quoi que, il pouvait comprendre que ça devienne une maladie, pour les types comme Plagueis par exemple, mais soit.

"Par contre, Thrawn, vous avez l’intention de plus ou moins collaborer avec des Jedis ensuite où le petit Bridger est l’exception ?"

Décidément, les jumeaux et sa nièce avaient vécu des venues au monde on ne peut plus agitées. Il en chérissait d’autant plus la chance qu’ils avaient eu, avec Lorana, l’accouchement s’était très bien déroulé. Rapidement, surtout. Tout ça n’avait pas dû arranger la tension de Formbi… Ça se voyait bien, de toute manière, qu’il était épuisé. Avec tout ce qui s’était passé ces derniers mois… En revanche, Famia avait bien raison, voire leurs enfants en bonne santé était un puissant réconfort et c’était bien là le principal. Et il n’y avait pas qu’eux, qui se sentaient mieux, dorénavant. Jetant un regard en coin à sa femme, il nota qu’elle non plus ne devait pas connaître la Jedi dont il était question, à la mine qu’elle fit. Si elle avait les mêmes pouvoirs que ce Cade, justement, dont elle lui avait parlé quelques fois, ça devait être on ne peut plus impressionnant. Ezra et Ewime avaient eu une chance incroyable, de pouvoir la rencontrer.

L’Empire devait sûrement le chercher, c’est sûr. Mais l’Empire semblait déjà avoir une furieuse dent contre l’ensemble de cette famille et apparemment, même cet Empereur du passé s’y mettait, alors… Thrass soupira légèrement, en se disant qu’il fallait tout de même être né avec une de ces guignes, pour s’attirer autant de gros ennuis en si peu de temps. Même s’il semblait qu’en règle générale, les membres de l’Ordre Jedi ou ex-membres de l’Ordre Jedi avaient un don particulier pour attirer les problèmes, comme des aimants. Pour sa part, il n’avait toujours pas digéré l’attaque odieuse contre son épouse et encore moins les discours de ce foutu docteur sur la Force. Sans oublier leur passif. Mais bref, ce n’était pas le moment de repenser à ça. Formbi avait raison, en soulignant que ça devrait prouver que la Force n’était pas une maladie. Par contre, ça prouvait aussi que c’était un puissant vecteur pour attirer la malchance.

"Par contre, Thrawn, vous avez l’intention de plus ou moins collaborer avec des Jedis ensuite où le petit Bridger est l’exception ?"

"Cela dépendra des circonstances, j'imagine, mais les jedi ne sont pas parmi les ennemis des FID. Il y aura donc peut-être des occasions où nos intérêts se retrouveront, qui sait. Cela étant dit, parlons de chose plus légère, s'il vous plaît. Envisagez-vous d'initier Lorana, Eli et Tayla au parmoria ? On peut traduire cela par 'festival de la mémoire'."

Tout dépendait de ce qui sera… représenté… Thrass ne put retenir une grimace en songeant que certains seraient tout à fait capable de produire des sujets sur la tentative de meurtre de son épouse et il savait que ça n’allait pas lui plaire du tout. Déjà qu’elle avait eu une sainte horreur de voir son nom et son visage défiler en boucle sur toutes les chaînes d’infos avec les centaines de remarques et débats allant avec, si jamais certains en rajoutaient une nouvelle couche…

"Ce sera sûrement intéressant, oui, mais il y a encore du temps devant nous, avant d’y être. C’est vrai qu’il y a pas mal de choses intéressantes, mais aussi des œuvres que l’on n’a pas forcément envie de regarder bien longtemps. Sinon, il y a souvent beaucoup de stands intéressants, même pour les tout-petits."

Il avait un peu frotté le dos de sa femme tout en parlant, sans oser lui dire immédiatement ce qui risquait d’arriver sur elle. Il lui en parlera plus tard, une fois trouvé la bonne formulation, pour que ça ne l’agace pas ou ne l’inquiète pas. Par contre, ça devrait déjà bien plus plaire à Eli et Tayla. A la tête que faisait cette dernière, d’ailleurs, elle semblait réaliser que leur peuple était effectivement capable de s’amuser, de temps en temps, c’était plutôt drôle. Au même moment, leur fille recommença à gémir un peu, en mâchonnant un bout de peluche. Il se leva pour aller la prendre dans ses bras, jetant un œil à l’horloge. Il allait vite être l’heure de lui faire à manger, même si eux-mêmes n’en étaient pas encore là. Il passa leur fille à sa maman, le temps de faire réchauffer les petits pots qu’ils avaient préparé et emmené pour elle, ainsi que son biberon.

"Peut-être que Fartha pourrait faire exposer quelque chose, lui aussi."

Il ne savait pas si c’était réalisable ou même si l’ancien Administrateur en avait envie, il pensait juste que ça pourrait être bien.

Il est vrai que Formbi avait eu vent de cette histoire, grâce à sa sœur, mais elle n’avait pas compris, sur le moment, que les deux jeunes hommes Humains avaient également été concernés par ce prodige. C’était si étonnant… Elle avait du mal à en comprendre la source, comment cela fonctionnait, ou plus simplement, ce qu’était vraiment cette Force et la manière dont elle s’utilisait. Qui en était touché et pourquoi, également. Cela dit, elle n’avait guère pris le temps d’interroger Lorana sur ce sujet, l’esprit emporté par bien d’autres préoccupations. La croyance que cette Force était une maladie restait particulièrement tenace, au sein de leur peuple, dans tous les milieux sociaux. Bien qu’il y ait des exceptions, cette croyance était encore loin de se dissiper et ce malgré ce genre de preuves irréfutables. C’était malheureux mais il était difficile de faire évoluer les mentalités, sur des sujets aussi fortement ancrés. Toute tradition était telle un roc particulièrement solide et résistant aux attaques.

"Par contre, Thrawn, vous avez l’intention de plus ou moins collaborer avec des Jedis ensuite où le petit Bridger est l’exception ?"

"Cela dépendra des circonstances, j'imagine, mais les jedi ne sont pas parmi les ennemis des FID. Il y aura donc peut-être des occasions où nos intérêts se retrouveront, qui sait. Cela étant dit, parlons de chose plus légère, s'il vous plaît. Envisagez-vous d'initier Lorana, Eli et Tayla au parmoria ? On peut traduire cela par 'festival de la mémoire'."

Ce pourrait être intéressant, en effet… Elle n’y avait pas songé, principalement car ledit festival n’était pas prévu dans l’immédiat. Quoi que les préparatifs dussent déjà être engagés. Alors qu’elle récupérait leur bébé dans ses bras, pour que Formbi puisse s’étirer un peu, elle nota le léger malaise soudain de Mitth’ras’safis, sans en comprendre la raison. Avait-il déjà eu un souci durant cette fête ? Il s’agissait pourtant de journées bonne enfant, tout le monde pouvait y participer. C’est en voyant son geste envers son épouse qu’elle comprit qu’il devait s’inquiéter que des œuvres soient réalisés sur son agression. Il était bien inutile de s’en angoisser, il ne devrait pas y avoir plus du tiers des représentations de Copero sur ce sujet, en exposition. Les différents artistes sauront se restreindre d’eux-mêmes. Mitth’ras’safis semblait néanmoins très prudent, sur le sujet, avec son épouse. C’est qui le rendait touchant, quelque part, la façon dont il prenait garde à sa famille.

Il se releva pour aller préparer le déjeuner de leur fille, après l’avoir mise dans les bras de sa mère. Puis tout en faisant cela, demanda si Fartha pourrait exposer, ou faire exposer, quelque chose. Il n’était pas un adepte des tableaux ou de sculptures, par exemple, mais lui aussi aimait la musique. Il lui arrivait, quoi que bien plus rarement que Formbi, de composer certains chants. Ce serait plus délicat d’exposer cela, si son interprète ne pouvait être présent pour le jouer. Il restait la possibilité d’un enregistrement à diffuser, bien entendu, quoi que ce sera moins marquant qu’une véritable présentation. Fallait-il aussi que l’ami de la famille ait le cœur à jouer pour cette occasion. Elle laissa son époux répondre sur le sujet, occupée à une autre activité. Allaiter doucement leur fille, pour qui l’heure du repas était arrivée également. Un allaitement qui n’était pas la seule manière de faire, son père lui donnait parfois des biberons, afin de nouer lui aussi un lien fort avec elle.

"Quels types de fêtes font les Humains ou encore les Jedi ?" interrogea-t-elle en redressant la tête. "Existe-t-il des fêtes communes à plusieurs mondes, pour la célébration d’événements importants ?"

Tout cela la rendait curieuse, elle s’interrogeait sur les sujets importants, dans d’autres cultures, ceux méritant de rassembler toute la population. En-dehors des habituelles et très diverses fêtes religieuses, très variables d’une culture à une autre.

Refaire marcher quelqu’un, c’était bien plus miraculeux à ses yeux que soigner un problème comme il en avait eu. Enfin, il ne savait pas trop comment elle s’y était pris, toujours, c’est juste qu’il trouvait ça très impressionnant. Il rebaissa la tête vers Priam, lui aussi commençait à se réveiller. Le petit mettait son poing minuscule dans sa bouche, comme s’il cherchait à téter. Eli lui essuya doucement la main avec un petit bavoir, en le réhaussant un peu mieux contre lui. Pour le moment, il était encore incapable de déceler le moment exact où leurs fils avaient envie de manger, pas avant que leurs cris combinés ne soit un signal assez évident. Il écoutait la conversation d’une oreille, occupé à essayer de voir si leurs enfants allaient, oui ou non, vouloir manger maintenant. Thrawn parla soudain d’un festival d’art et Eli se dit avec amusement qu’il emmènera sûrement son propre fils dans ce genre de lieu, dès qu’il saura marcher. Ou alors dans a pièce personnelle, avant même que le petit ne tienne sur ses deux jambes.

"Ce sera sûrement intéressant, oui, mais il y a encore du temps devant nous, avant d’y être. C’est vrai qu’il y a pas mal de choses intéressantes, mais aussi des œuvres que l’on n’a pas forcément envie de regarder bien longtemps. Sinon, il y a souvent beaucoup de stands intéressants, même pour les tout-petits."

Des œuvres qu’on n’a pas envie de regarder très longtemps… Quoi ? Il releva la tête en haussant légèrement les sourcils, vers Thrass. A part les tableaux représentant des scènes d’horreur, par exemple, il ne voyait pas très bien ce qui pourrait être repoussant. Et puis, qui en ferait une floppée en pleine rue, alors que des enfants pourraient passer devant ? Surtout s’il y avait effectivement des activités montées juste pour les plus petits à proximité ! Il devait parler d’autres genre d’art qu’il aimait moins, sans doute. Après avoir dit ça, il se leva, rendit la petite à sa mère, puis alla préparer un repas pour elle. Eli jeta un regard à l’horloge, en se disant qu’eux aussi n’allaient pas tarder pour ça. Leurs bébés allaient manger avant eux, de toute manière. Tayla avait machinalement débuté un geste vers sa veste puis stoppa d’un seul coup, les joues très rouges, avant de murmurer qu’ils feraient mieux de préparer les biberons.

Il ne pensait pas que ça gêne qui que ce soit qu’elle allaite, en toute honnêteté, par contre, il comprenait que ça puisse la gêner de le faire en public. Ils avaient déjà vu Lorana le faire devant eux, alors qu’ils étaient tout juste installés sur Copero, ça n’avait pas eu l’air de la troubler plus que ça. En se levant lui aussi pour aller déposer Priam dans son berceau, le temps de préparer les biberons, il remarqua que Thrass était déjà passé à l’étape petits pots. Ah, bon sang, les enfants grandissaient beaucoup trop vite… Il avait même déjà peur du jour où leurs enfants sauront marcher et qu’ils pourront commencer leurs bêtises à la maison. Ou se blesser par accident… Ou… Bon, bref, stop la paranoïa ! Préparer les biberons, nous disions donc. Il avait aussi un petit médicament à mettre dans celui de Ceylan, car leur petit avait un peu de fièvre, depuis trois jours. Mais pour une fois, son frère n’était pas tombé malade en même temps, ô miracle.

"Quels types de fêtes font les Humains ou encore les Jedi ? Existe-t-il des fêtes communes à plusieurs mondes, pour la célébration d’événements importants ?"

"Il y a un peu de tout, ça dépend des cultures et souvent, des religions," dit-il tout en mettant le lait à chauffer. "D’où je viens, il y a une grande fête, commune à plusieurs planètes agraires. On l’appelle Selselega, c’est une fête qui marque le retour des meilleures saisons et donc des récoltes. Il y en a pas mal comme ça, généralement pour marquer les étapes importantes d’une année ou certains événements historiques."

Il ne pouvait parler que de ce qu’il connaissait, évidemment, ce n’était pas son plus grand domaine de prédilection. Des fêtes, il en avait vu quelques fois, au fil des voyages et missions sur diverses planètes, au sein de l’armée impériale. Sans avoir beaucoup de temps pour les étudier ou juste les observer. Une fois les biberons prêts, il en donna un à Tayla et se rassit pour donner l’autre. Ceylan s’était mieux réveillé dès qu’il sentit l’odeur du lait, comme d’habitude, lorsque sa mère agita très légèrement la tétine sous son nez.

"Je ne connais pas grand-chose sur toutes les fêtes religieuses, par contre, même si certaines sont très importantes. Il y a un nombre infernal de cultes différents sur Coruscant."

Ce qui était… logique, quand on y pensait. La planète brassait un nombre si impressionnant d’habitants et de cultures qu’il était normal d’y retrouver autant de disparité. Eli n’était même pas certain que quelqu’un se soit déjà amusé à compter l’ensemble.

HJ : Désolée du retard, j’ai été pas mal prise ces derniers temps ^^
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L’Empire avait une dent contre les Skywalker, d’une manière générale, non ? En tout cas, c’était ce qu’Ewime avait fini par se dire, avec les quelques informations obtenues ici et là, un peu au hasard. Elle ne comprenait pas vraiment ce que l’Empereur avait contre cette famille, mais il semblait lui garder une forte rancune. Enfin, c’était comme ça. Elle adressa un petit sourire à son frère pour le réconforter, le sentant encore très amer vis à vis de tout cela. Un peu de patience, les mentalités d’un peuple évoluaient obligatoirement, même si cela prenait évidemment bien du temps avant d’arriver à une nouvelle étape. C’était à eux tous d’y travailler, peu à peu, il le savait bien. Elle se leva et s’éclipsa un bref instant, pour mettre à réchauffer à feu doux les entrées prévues pour ce midi. C’est qu’il fallait un peu de temps pour ça et d’ici là, les enfants auront eux aussi eu le temps de déjeuner. Ils n’allaient tout de même pas les faire attendre, ces petits bouts, sinon ça sera le concert de cris et de larmes assuré.

Une fois fait, elle retourna s’asseoir avec les autres dans le salon, reprenant le fil de la discussion au vol. Et croisa Thrass qui allait justement faire réchauffer les petits pots de sa fille et faire un biberon. En se réinstallant, Ewime calcula machinalement le nombre de semaines restantes avant qu’ils ne puissent, peu à peu, faire découvrir une nourriture plus solide à leur fils. Ils n’en étaient pas encore rendus là, bien loin de là. Et puis, Feoda en était au stade « Dormir, manger, dormir de nouveau », pour le moment. Eli aussi s’était levé pour préparer les biberons, tout en répondant à Famia, sur le sujet des fêtes. Était-ce mieux, par ailleurs, les biberons ou l’allaitement… ? Famia s’était mise à allaiter sa fille et Ewime comptait le faire aussi dès que leur fils sera réveillé, elle ne voulait pas le déranger dans ses rêves dès à présent. Elle avait vu Lorana faire les deux, de son côté. Tant que leur enfant grandissait bien et se nourrissait correctement, la méthode utilisée ne devait pas avoir une grande importance… Il faudra qu’elle pose la question au pédiatre, pour en être sûre.

« Il y a aussi un festival d’art annuel, très important, sur la capitale, qui a survécu à la venue de l’Empire. Par contre, le système est différent, ce n’est pas chacun qui expose ce qu’il veut mais des artistes soutenus par des mécènes ou des maisons d’art. Avant l’Empire, les artistes étaient sélectionnés sur concours, sur leurs planètes respectives, les gagnants obtenaient ensuite des places d’exposition dans les galeries dédiées à l’exposition. Par contre, de fête vraiment commune à toute la planète, du temps de la République, ça n’existait pas vraiment. Dans l’Ordre non plus. Merci, Thrass. »

Tiens, ce genre de festival, ça plairait à Thrawn. Elle sourit un peu puis se leva, pour aller voir si leur bébé commençait à se réveiller ou non. Il dormait encore si paisiblement, pas du tout gêné ni par le bruit ni par les mouvements autour de lui. Elle fondit une nouvelle fois en le regardant, comme toujours. En détacher le regard fut vraiment à regret, elle pourrait rester à le regarder dormir durant des heures. Elle le faisait, d’ailleurs, parfois.

« Mais j’ai un peu de mal à imaginer votre peuple s’amuser, très honnêtement. »

« Oh, allons, tout de même, » rit-elle légèrement en se redressant. « Même Thrawn et Formbi sont capables de rire, de temps en temps, tu sais. »

On pourrait croire que ce n’était qu’une légende et pourtant, c’était arrivé. Rarement, certes, mais c’était arrivé. Feoda choisit ce moment-là pour commencer, très doucement, à se réveiller à son tour. Difficilement. Elle le prit aussi délicatement que possible dans ses bras et l’embrassa avec amour sur le front. Puis elle alla le mettre dans les bras de son père, étant donné qu’il avait tout de même moins d’occasions qu’elle de le câliner.

« On pourra passer à table lorsque les enfants auront terminé de manger. Il y a des cassolettes de poisson, en entrée, assez légères, puis viande et légume, simplement. Vos gardes du corps ont déjà ce qu’il faut ou on doit leur apporter quelque chose ? »

C’était un peu bête à s’avouer, même s’il ne le dira évidemment pas à haute voix, il était quand même soulagé de voir que les FID ne comptaient pas rejeter les Jedi, bien au contraire. Pour la simple et bonne raison que ça pourrait permettre de faire changer de point de vue les Chiss passant ici, sur la Force, et donc plus tard, par le bouche à oreille, contribuer peu à peu à faire évoluer les mentalités dans l’Ascendance. Donc cette fois, son cher beau-frère ne faisait pas quelque chose de dangereux ou inconscient… Bon, il était assez de mauvaise foi, ce n’était pas la première fois qu’il approuvait ses actes… Mais tout de même. Bref ! Il se frotta de nouveau un peu les yeux, hochant vaguement la tête lorsque Thrawn parla du festival. Y aller, pourquoi pas… A vrai dire, cette affaire-là, il l’avait complètement oubliée, avant qu’il n’en parle. Les événements culturels, c’était bien, mais ce qui lui prenait surtout du temps, c’était les ennuis politiques.

Il leva doucement le regard vers Thrass, au moment où il se leva pour aller préparer le repas de sa fille et parler de Fartha. Ça l’étonnerait beaucoup que son ami ait le cœur à ça, très honnêtement. Il pourra toujours lui en parler, bien sûr, mais bon… Ce qu’il lui faudrait, avant tout, c’était un soutien moral, pas forcément ce genre de trucs. Plus renfrogné maintenant, il s’efforça de revenir à la réalité, quitter des pensées moroses et suivre la conversation. C’était l’heure où chacun commençait à s’agiter pour faire manger les enfants, pas seulement Thrass. Il avait passé leur fille à sa maman, car elle allaitait, même si leur petite dormait encore, pour l’instant. Elle se réveillera bientôt, il en était convaincu. Ce qu’il entendait lui fit se demander, tout à coup, combien de fêtes, religieuses ou non, existaient réellement, dans l’entièreté de la galaxie. Et si quelqu’un les connaissait toutes, ou du moins, les plus grandes d’entre elles.

Un festival d’art annuel, sur cette planète, ça, ç avait dû plaire à Thrawn, il y était sûrement déjà allé. Il jeta un coup d’œil à Lorana, assez pensif, pendant qu’elle parlait, l’imaginant en train de peindre ou une autre activité du même genre… Les introvertis comme elles avaient souvent une certaine sensibilité pour l’art, après tout… C’était d’ailleurs un peu pareil pour Eli et son épouse. Mmh, peut-être qu’il ne pensait qu’à de simples clichés ou stéréotype, il ne pensait pas qu’un des trois était un adepte de la peinture ou d’une autre forme d’art. A moins que Vanto considère l’épluchage en masse de données comme un art ou que la Jedi juge que se renfermer sur soi-même comme une huître était aussi une forme d’art. Quoi que, dans son cas, ça le devenait effectivement. Il n’avait encore jamais rencontré une autre personne capable de se dévaloriser à un tel point.

"Mais j’ai un peu de mal à imaginer votre peuple s’amuser, très honnêtement."

"Oh, allons, tout de même. Même Thrawn et Formbi sont capables de rire, de temps en temps, tu sais."

Non mais… Il leva un peu les yeux au ciel mais ne put s’empêcher de sourire légèrement. Evidemment qu’ils étaient capables de s’amuser ! Et la petite Jedi allait s’en apercevoir par elle-même dans très peu de temps. Pour le moment, c’est sûr qu’elle n’avait pas assisté à un côté très glorieux… Mais ça viendra. D’ailleurs, ça serait plutôt à elle, qu’il faudrait faire la réflexion, il n’était pas convaincu qu’elle se soit beaucoup amusée au Temple Jedi, vu son état émotionnel désastreux lors de son arrivée dans l’Ascendance, encore moins avec son très cher ancien maître.

"On pourra passer à table lorsque les enfants auront terminé de manger. Il y a des cassolettes de poisson, en entrée, assez légères, puis viande et légume, simplement. Vos gardes du corps ont déjà ce qu’il faut ou on doit leur apporter quelque chose ?"

"Tout est déjà prévu, ne t’inquiète pas donc pas de ça. Tu as besoin d’aide pour mettre la table ou finir de préparer ?"

Elle avait déjà donné leur petit garçon à son père et lui, la sienne à sa femme, ils purent donc aller vérifier tout cela tous les deux et se charger de terminer les préparatifs pour le repas. Le temps que les enfants mangent ou tètent. Il en profita pour bien s’assurer de son état et lui donner rapidement quelques nouvelles aussi, de ce qui n’avait pas forcément vocation à être lancé dans des retrouvailles familiales, devant tout le monde. Dans la cuisine, il stoppa un instant pour regarder toutes les photos, de couple, de leur bébé ou tous les trois, déjà accrochées un peu partout. Si aujourd’hui, il était parvenu à se faire à l’idée, il se rendait compte de tous les efforts qu’l avait dû accomplir pour mettre sa rancœur de côté. Mais certains événements malheureux avaient profondément aidé à cela. Ce genre de photo, il ne pouvait en demander une, où cas où des regards indiscrets puisse tomber dessus… C’était dommage… Il en prit une pour mieux la regarder, regrettant que ça ne puisse se passer plus sereinement, puis il la reposa à sa place.

En jetant un regard vers le salon, alors qu’il remplissait des carafes d’eau fraîche, il se fit la réflexion que c’était tout de même une drôle de famille. Pour commencer, il n’en revenait toujours pas de s’être marié et avoir eu une si mignonne petite fille. Puis il avait maintenant un exilé comme beau-frère, un neveu qui allait grandir dans une base militaire principalement peuplée d’Humains… Des personnes sensibles à la Force, une Jedi… Les seuls qui étaient « normaux », dans ce salon, finalement, c’était le couple Vanto. Et encore… Il secoua un peu la tête pour chasser ce genre de pensées, termina ce qu’il faisait et retourna avec eux. Une fois que les enfants eurent mangés, ils passèrent à table eux aussi. Il cherchait toujours comment être plus aimable… Ou adoucir les bords, au moins. Non seulement il était grand temps mais pour le bien de sa famille, c’était essentiel.

"On parlait d’art," dit-il en jetant un regard vers son beau-frère, "Comme vous, c’est votre truc, pour mieux connaître les autres, vous avez déjà tenté d’apprendre à vos hommes à en faire de même ?"

"Ce sera sûrement intéressant, oui, mais il y a encore du temps devant nous, avant d’y être. C’est vrai qu’il y a pas mal de choses intéressantes, mais aussi des œuvres que l’on n’a pas forcément envie de regarder bien longtemps. Sinon, il y a souvent beaucoup de stands intéressants, même pour les tout-petits."

Thrawn hocha la tête. Lui-même avait apprécié y aller, petit, même s'il avait été plus intéressé par les oeuvres exposées que par les stands, pour autant qu'il s'en souvienne. Thrass l'y avait amené plus d'une fois, avant qu'il ne débute sa formation militaire. C'était des moments agréables dans son esprit, fraternels.

"Peut-être que Fartha pourrait faire exposer quelque chose, lui aussi."

Thrawn avait un doute sur l'intérêt du parmoria pour l'ami de Formbi. Vu ce qu'il venait de vivre, et vivait encore, Thrawn sentait que l'oeuvre de Fartha, s'il en faisait une, serait noir et sombre, remplie de pessimisme et de désespoir. Elle ne ferait que montrer combien il souffre et ne l'aidera pas à s'en sortir car elle n'exposera pas le problème à l'origine de ces soucis : la politique chiss.

"Quels types de fêtes font les Humains ou encore les Jedi ?" interrogea Namia.[/i] "Existe-t-il des fêtes communes à plusieurs mondes, pour la célébration d’événements importants ?"

"Il y a un peu de tout, ça dépend des cultures et souvent, des religions. D’où je viens, il y a une grande fête, commune à plusieurs planètes agraires. On l’appelle Selselega, c’est une fête qui marque le retour des meilleures saisons et donc des récoltes. Il y en a pas mal comme ça, généralement pour marquer les étapes importantes d’une année ou certains événements historiques."

Thrawn hocha la tête, sans rien dire. Chaque peuple, chaque culture, possède ses propres célébrations, cérémonies, rituels. Il en a étudié autant qu'il le pouvait et il savait qu'il était loin, encore, de toutes les connaître. Parfois, même, l'origine de certaines fêtes étaient oubliés et les gens continuaient de l'organiser en lui donnant un sens différent, n'ayant parfois même aucun rapport avec son origine. c'est pour cela qu'il est parfois bon d'étudier l'histoire d'un peuple autant que sa culture, quand cela est possible.

« Je ne connais pas grand-chose sur toutes les fêtes religieuses, par contre, même si certaines sont très importantes. Il y a un nombre infernal de cultes différents sur Coruscant. »

« Plus majoritairement dans les bras quartiers, si on veut être précis. A moins qu’on ne considère que l’argent soit aussi une religion et dans ce cas, ça concerne véritablement l’entièreté de la planète. Certains cultes sont plus étranges que d’autres. Il y a aussi des sectes. »

Mais, pour certains, l'argent est une religion, se retint de dire le grand amiral, pensant notamment aux hutts. De plus, certains religions ne sont créés, ou finissent par devenir, dans le seul but de permettre à une minorité de "hauts prêtres" de s'enrichir et vivre dans l'aisance. Cela étant, le nombre de religions dans la galaxie reste assez modéré comparé aux "incroyants", comme les chiss ou la majorité des membres de l'Empire.

« Il y a aussi un festival d’art annuel, très important, sur la capitale, qui a survécu à la venue de l’Empire. Par contre, le système est différent, ce n’est pas chacun qui expose ce qu’il veut mais des artistes soutenus par des mécènes ou des maisons d’art. Avant l’Empire, les artistes étaient sélectionnés sur concours, sur leurs planètes respectives, les gagnants obtenaient ensuite des places d’exposition dans les galeries dédiées à l’exposition. Par contre, de fête vraiment commune à toute la planète, du temps de la République, ça n’existait pas vraiment. Dans l’Ordre non plus. Merci, Thrass. Mais j’ai un peu de mal à imaginer votre peuple s’amuser, très honnêtement. »

« Oh, allons, tout de même. Même Thrawn et Formbi sont capables de rire, de temps en temps, tu sais.

On pourra passer à table lorsque les enfants auront terminé de manger. Il y a des cassolettes de poisson, en entrée, assez légères, puis viande et légume, simplement. Vos gardes du corps ont déjà ce qu’il faut ou on doit leur apporter quelque chose ? »

Parfois, Thrawn se demandait d'où venait cette réputation de froideur. Il savait que ses subordonnés directs ne le voyaient pas ainsi : il souriait pour montrer sa satisfaction à ceux qui avait atteint les objectifs fixés ou répondu correctement à l'une de ses interrogations. Oh, certes, le peuple chiss n'est pas du genre à aller au bar dès qu'il en a l'occasion ou à organiser des fêtes dès qu'il le peu mais Thrawn savait aussi s'amuser et faire des plaisanteries, comme la fameuse partie de sabbac à l'académie. Hélas, trop souvent, les êtres ne se fient qu'à quelques petits moments de rencontre pour décider du caractère d'autrui.

"Tout est déjà prévu, ne t’inquiète pas donc pas de ça. Tu as besoin d’aide pour mettre la table ou finir de préparer ?"

Thrawn ne rajouta rien aux propos de son non-beau-frère. Il avait veillé à ce que le personnel de l'aristocra dispose de quartiers où se reposer et se sustenter pendant leur séjour. C'était son rôle à lui, en tant qu'hôte de superviser cela, après tout. Enfin, tant qu'il n'aura pas trouvé une personne suffisamment apte à qui confier la gouvernance de la base.

"On parlait d’art. Comme vous, c’est votre truc, pour mieux connaître les autres, vous avez déjà tenté d’apprendre à vos hommes à en faire de même ?"

"Oh, pas vraiment.," répondit-il avec un sourire amusé, "parce que c'est difficile de faire cela dans une organisation militaire, ou même politique. De plus, dans de nombreuses cultures, les arts sont une action récréatives, en dehors de ceux en faisant leur métier. S'il m'était venu cette idée à l'esprit, je sais que mes subordonnés n'apprécieraient pas, qu'ils y verraient une intrusion de ma part au sein de leurs loisirs privés, tout comme le feraient les vôtres si vous leur disiez comment occuper leur temps libre, non ?"

Cela marchait dans la culture humaine ou chiss, et dans de nombreuses autres. Chaque individu aime à choisir ses moments de détente en fonction de ses préférences propres et de ses envies. Lui-même appréciait de reposer son esprit en visitant des musées ou des galeries d'arts, ou en regardant des hologrammes de sa collection personnelle. Il avait bien compris, grâce à Ar'alani, que ce n'était pas quelque chose de très courant mais il avait su lui démontrer l'importance que cela avait pour lui.

"Toutefois, quand je sais qu'un de mes subordonnés est aussi un artiste pratiquant, je veille à l'encourager discrètement. Après tout, c'est aussi le rôle d'un commandant que de développer le don de ses hommes."

Thrawn regardait Eli en disant cela. Il avait su aider son ami à parfaire sa maîtrise de l'analyse et de la réflexion pendant de nombreuses années par exemple. Il savait que ses méthodes agaçaient un peu ses "élèves" mais cela les rendaient bien meilleurs, et tous finissaient par s'en rendre compte. Enfin, non, pas toujours mais ceux en étant incapables, il finissait par les placer à des postes plus dignes de leur incapacité à s'améliorer. Si une société, stagne, elle finit par dépérir. C'est pareil pour un individu.

"Après, j'ai déjà passé beaucoup de temps à étudier les collections, et les oeuvres, de mes confrères et je ne peux, hélas, passer du temps pour promouvoir l'art comme moyen de détente. D'ailleurs, que faites-vous, pour vous ressourcer ?"

Il posait la question de façon générale, curieux de savoir ce que chacun allait répondre, même s'il connaissait la vérité pour certaines des personnes présentes.

HJ : Vu avec tonton Fobi, ce qu’allait dire sa dame ^-^
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Thrass serait assez curieux de voir aussi le « côté humain », comment se passaient les fêtes et célébrations chez eux. Même si, bon, il était conscient que ça devait sacrément différer d’une planète à une autre. Ils n’avaient pas assisté à de fête, dans l’Ordre Jedi, avant leur départ. Plutôt à quelques tensions… Et pas mal d’efforts pour maintenir Lorana et leur fille écartées de C’Baoth, tout le temps qu’ils étaient restés là-bas. La dernière réunion n’avait pas été un instant de bonheur non plus, ce qui l’avait conforté dans le sentiment que les membres de cet Ordre avaient un problème pour réussir à se détendre. Pas tous, certes, mais certains d’entre eux, il se demandait toujours s’ils parviendront un jour à faire autre chose que conserver un air crispé. Une partie d’entre eux ne semblait pas très ouverte d’esprit, en tout cas. Encore moins diplomate.

La religion, c’était encore un autre sujet. En soi, la Force pouvait être considérée comme une religion, même si elle était parfaitement « palpable ». Avec la philosophie qui y était rattachée, les règles, les codes et les rites… Il n’y aurait rien de faux ou de bizarre à la considérer comme telle. De toute façon, les Humains croyant en une religion ou une autre étaient sûrement tout aussi convaincu que tout était véridique, même sans avoir de preuves aussi directe qu’en avaient les sensitifs. Eli ne semblait pas très sûr de lui en en parlant, il ne devait pas avoir une Foi quelconque lui-même, pas plus que sa femme, d’après son air. Lorana rajouta quelques précisions, suite à ça. Il vint lui donner le repas de la petite au même moment, alors qu’elle parlait des festivals de Coruscant. Il avait parfois tendance à oublier qu’elle avait grandi sur cette planète, tant elle l’évoquait peu. Enfin, d’une manière générale, elle parlait très peu de son enfance.

"Mais j’ai un peu de mal à imaginer votre peuple s’amuser, très honnêtement."

"Oh, allons, tout de même. Même Thrawn et Formbi sont capables de rire, de temps en temps, tu sais."

Ce sentiment-là, il pouvait le comprendre. Lui aussi avait du mal à croire que certains des Jedis savaient s’amuser, et pourtant, il les avait côtoyé tout un moment. Cela dit, il avait bien conscience d’être aussi influencé parce qu’il avait pu voir ou entendre, à certains moments… Enfin bref. Ils continuèrent de discuter, le temps que les enfants mangent ou tètent, pendant qu’Ewime et son frère se chargèrent des derniers préparatifs. Une fois que les petits eurent finis, il fut temps de les laisser tranquilles pour dormir. Même Edelweiss commençait à somnoler un peu, comme après chaque repas de midi, depuis quelques temps. Il alla la coucher à son tour et lui donna sa poupée, avant de rejoindre les autres. Le repas commençait juste lorsque Formbi posa une question… assez étonnante. Thrass ne put s’empêcher d’hausser fortement les sourcils, assez étonné que ça soit lui qui aborde ce sujet-là et en plus, envers Thrawn. Quand s’était-il décidé à lui parler normalement ?

Il se demandait parfois ce que ça aurait donné si son frère avait fait de l’art son métier plutôt qu’une passion. Sans doute bien moins d’ennuis, pour commencer. Enfin bref. Il avait la sensation que pour beaucoup, ce genre de loisir restait discret et très personnel, ça semblait difficile de repérer ceux aimant la peinture, la musique ou les autres types d’art… Ou juste de comprendre ce qui les passionnait réellement et pourquoi. Pour sa part, il aimait bien observer ou écouter certaines œuvres, sans plus, toutefois. Leurs parents non plus n’avaient jamais fait un très grand cas de tout ça, donc difficile de comprendre quand et pourquoi cette passion-là était née chez son petit frère. Peut-être durant les moments, assez long somme toute, où il avait dû rester seul le soir, après l’école. Il lança un regard vers sa fille, en pensant à ça, espérant qu’elle n’aura pas à vivre la même chose.

"Toutefois, quand je sais qu'un de mes subordonnés est aussi un artiste pratiquant, je veille à l'encourager discrètement. Après tout, c'est aussi le rôle d'un commandant que de développer le don de ses hommes. Après, j'ai déjà passé beaucoup de temps à étudier les collections, et les œuvres, de mes confrères et je ne peux, hélas, passer du temps pour promouvoir l'art comme moyen de détente. D'ailleurs, que faites-vous, pour vous ressourcer ?"

Famia sourit tout à coup d’une façon étrange, un mélange de rêverie et d’amusement, en regardant Formbi de côté. Avait-il raté quelque chose ? Il n’avait absolument aucune idée de ce que faisait Formbi pour se détendre, d’ailleurs… Il avait un air assez gêné et c’est Famia, finalement, qui finit par lâcher un petit rire.

"Ce monsieur joue du piano ou du violon. Parfois il écrit des chansons et les fredonnent. Ce n’est pas désagréable à écouter."

Thrass crut d’abord qu’elle plaisantait, tant il avait du mal à imaginer l’Aristocra chanter. Puis devant la gêne qui avait littéralement envahi le Chiss grognon, il eut bien du mal à ne pas éclater de rire. C’était littéralement le dernier moyen de détente, parmi tous, qu’il aurait pu imaginer ! Il le pensait plutôt amoureux de la lecture ou quelque chose du même genre.

"Il nous faudra une démonstration," glissa-t-il tout en essayant à tout prix d’étouffer le fou rire menaçant de sortir. "Ça changera de loisirs plus classiques. D’autres ici ont des talents cachés, comme celui-là ?"

Leurs fils n’avaient pas tardé à se rendormir, une fois leurs biberons terminés. Il remit avec soin les petits boutons sur le côté, de leurs tenues, pour les garder au chaud, avant de rejoindre les autres. Les médecins leur avait dit de privilégier ça, pas de couvertures et autres avant un bon moment, pour éviter qu’ils ne s’étouffent. C’était bien le genre de choses qu’on ne vous apprenait pas en cours et que vos propres parents ne pensaient pas non plus forcément à vous dire. Tous les jours, il découvrait quelque chose de nouveau, c’était à la fois intéressant et angoissant. Comme d’habitude, il mit un petit moment, à table, pour se concentrer sur le moment et arrêter de s’inquiéter pour leurs enfants, s’ils étaient bien endormis, si rien ne les dérangeait, et ainsi de suite. C’était plus fort que lui, il avait du mal à se détendre, dès lors que ça les concernait, tout comme Tayla.

Il faudra bien faire des efforts là-dessus, pourtant. Ça allait mieux, il n’y avait plus de raison de s’en faire comme ça. Il ne savait pas trop si c’était normal, en fait, comme souci permanent, de se demander aussi souvent si tout allait bien pour leurs bébés. Et si c’était normal, quand est-ce que ça passera, au moins en partie. Il aurait dû poser la question à ses propres parents… Quoi que… Maintenant qu’il y pensait, il se rappela toutes les fois où il avait été un peu blasé ou agacé par le fait que ses parents ne cessent de s’inquiéter pour lui. Même lorsqu’il n’y avait pourtant aucune raison. Le rouge lui monta un peu aux tempes, en comprenant enfin pourquoi ils agissaient comme ça et ce qu’on pouvait ressentir. Et dire que ça l’avait souvent agacé… Pour faire passer ce moment soudain de gêne, il s’obligea à plutôt se concentrer sur la conversation en cours. L’Aristocra ayant lancé Thrawn sur le sujet de l’art, à l’instant même.

Eli commença par se dire qu’il n’aurait pas dû faire ça, mais vraiment, très mauvaise idée ! Si avait le malheur de le pousser là-dessus, il était capable d’en parler durant des heures, ensuite, voire de vous pousser à essayer de disséquer une œuvre holographique qu’il avait sous le nez. Une véritable, quand il en avait une. Il en avait déjà fait les frais plusieurs fois. Cependant à son très grand soulagement, Thrawn ne partit pas aussitôt dans une longue logorrhée sur le sujet. Il se sentit à coup visé, dans la réponse qu’il donna, reposant son verre d’eau pour jeter un regard vers lui et se rendre compte qu’il le regardait. Ah, donc ce n’était pas une impression. Eli se demandait parfois si l’amiral avait conscience que sa façon de faire pouvait blaser, ennuyer, stresser ou agacer les autres. Surtout stresser, finalement, c’était assez évident. Beaucoup avaient du mal à s’habituer à ça.

"Après, j'ai déjà passé beaucoup de temps à étudier les collections, et les œuvres, de mes confrères et je ne peux, hélas, passer du temps pour promouvoir l'art comme moyen de détente. D'ailleurs, que faites-vous, pour vous ressourcer ?"

"Ce monsieur joue du piano ou du violon. Parfois il écrit des chansons et les fredonnent. Ce n’est pas désagréable à écouter."

Il chantait… ? Tayla eut elle aussi comme un petit temps d’arrêt, une moue à la fois incrédule et perplexe envahissant son visage, quand bien même elle faisait de son mieux pour le cacher. Lui-même eut le plus grand mal à ne pas trop laisser voir son ébahissement, luttant le plus fort qui soit. Il avait un peu plus l’habitude de voir les Chiss s’amuser, maintenant, par contre, entre eux tous, l’Aristocra Chaf était littéralement le dernier qu’il était capable d’imaginer chanter ou jouer d’un instrument. Voir que d’autres étaient aussi au bord du four rire l’aida un peu, il se dit que ça allait, ils n’étaient pas les seuls à être surpris. Même la gêne du grand Chiss était visible, pour une fois.

"Il nous faudra une démonstration. Ça changera de loisirs plus classiques. D’autres ici ont des talents cachés, comme celui-là ?"

Il n’avait pas l’air d’avoir très envie de leur faire une démonstration, plutôt l’envie de disparaître à jamais sous la table. Il écouta plutôt les uns et les autres parler de ce qu’ils aimaient faire, sans que ça ne le choque autant que cette petite révélation. Les loisirs se regroupaient, le plus souvent. Beaucoup d’espèces avaient, en commun, d’aimer majoritairement des loisirs calmes, poussant à la détente, bien qu’on trouve aussi un peu partout des sports assez extrêmes. De son côté, il n’avait pas grand-chose non plus à dire sur le sujet. Il aimait surtout étudier des langues, lorsqu’il avait du temps libre, réviser celles déjà apprises et en explorer de nouvelles. Il aimait aussi jouer à de petits jeux de logique, avec des chiffres ou non, ça détendait beaucoup. Autrement dit, rien de très intéressant, il n’était pas adepte des trucs extrêmes.

"Ça me fait penser, vous aviez quand même le droit de vous amuser, enfants, au Temple, ou vous étiez un peu comme… Tu sais, enfants soldats ?"

Si tout se passait comme d’habitude, leur fille allait lutter quelques instants contre le sommeil, en jouant avec sa poupée, puis elle allait s’endormir malgré tout contre les coussin. Ça ne faisait pas si longtemps qu’ils avaient cessé de lutter avec ça, après avoir remarqué qu’elle finissait par s’endormir, de toute façon, en quelques minutes seulement. Même après avoir boudé un peu car elle n’avait pas envie qu’on la couche pour la sieste. Ils l’installaient directement sur le canapé ou dans son lit, la laissant jouer, puis elle s’endormait tranquillement après un moment. Ils passèrent eux-même à table après que tous les enfants aient pu prendre leur biberon ou manger. Elle s’étira un peu avant d’aller s’asseoir, un peu plus fatiguée que d’habitude, ces derniers temps. Mais ce n’était peut-être que le voyage qui lui donnait cet effet, tout simplement. Même avec l’habitude, elle n’avait jamais vraiment aimé ça. Les longs trajets dans le froid de l’espace l’ennuyait vite et elle avait toujours trouvé ça plus angoissant que se retrouver sur une planète.

Si la conversation tourna, pendant qu’ils mangeaient l’entrée de poisson, sur l’art, elle espéra aussitôt que ça ne devienne pas trop technique. Même si elle aimait bien visiter des musées de temps en temps, elle restait une parfaite néophyte dans le domaine. Heureusement, aucune donnée trop compliquée en vue, son beau-frère ne se lança pas, comme il aurait très bien pu le faire, à fond dans le sujet. Elle poussa un soupir discret, soulagée. Par contre, elle eut elle aussi un peu de mal à cacher sa surprise lorsque Famia avoua tout à coup la passion secrète de son mari. Surtout en sentant que Thrass, assis à côté d’elle, avait le plus grand mal à se contenir de rigoler. Hey, allons, ce n’était pas très sympa, ça, le pauvre était déjà très gêné. Elle lui fila un léger coup de coude, pour qu’il se reprenne et ne craque pas, mine de rien. Surtout qu’il en rajouta. Par contre, il avait quand même raison, elle aussi était curieuse de l’entendre chanter, elle avait envie de savoir ce que ça pouvait donner.

Les autres loisirs évoqués étaient déjà moins surprenants. Enfin, plutôt, ça correspondait déjà plus à la personnalité affichée ou connue. Alors qu’imaginer l’Aristocra chanter ou jouer du piano, ça restait bizarre. Elle n’avait non plus beaucoup à raconter. Lors de ses moments de repos, lorsqu’elle ne méditait ou ne s’entraînait pas, elle passait son temps à lire, tout bêtement.

« Ça me fait penser, vous aviez quand même le droit de vous amuser, enfants, au Temple, ou vous étiez un peu comme… Tu sais, enfants soldats ? »

C’était… Elle n’avait jamais vu les choses de cette manière-là mais en fait… Ce n’était pas si loin que ça de la réalité… Le nez un peu froncé, elle vit tout à coup l’entièreté de sa vie sous un nouvel angle, c’était plutôt perturbant. Elle était certaine que beaucoup des Jedi, actuellement, lui dirait que c’était du délire et que ça n’avait rien à voir… Pourtant, Eli avait raison, on pourrait totalement dire ça. Bon, ce n’était plus vrai pour ceux qui n’avaient rejoint l’Ordre qu’une fois adultes, de leurs jours, mais autrefois, elle ne voyait pas de meilleur terme.

« On avait quand même des moments pour se détendre ou s’amuser avec des amis, pour ceux qui en avaient, » répondit-elle en revenant à la réalité. « Mais tu as raison, au final, c’était quand même très proche de ça. Ce n’était pas une vie normale, où tu vas à l’école en journée et tu retrouves ta famille le soir. La mienne avait même été expulsée du Temple, alors qu’elle y travaillait depuis longtemps, lorsque j’ai été testée. »

Même si elle avait su, il y a quelques temps, que ses parents n’avaient absolument pas mal pris leur renvoi et avaient même été fiers qu’elle devienne novice au Temple, ça restait un « détail » qu’elle avait toujours un peu de mal à digérer. Enfants soldats, le terme pouvait sembler violent mais il était parfaitement approprié. Même si étudier correctement les bases de la Force et s’entraîner prenait des années, la manière de procéder de l’ancien Ordre n’incluait pas grand-chose de naturel. Pour le dire poliment. Il n’était pas question que sa fille, si elle aussi démontrait un jour ce type de capacité, vive la même chose.

Alors, heu, oups ? J’avais dit que j’allais répondre, car vous étiez dans une période chargée, en plus. Désolééé !
∼∼∼∼∼∼∼∼∼∼∼∼∼∼

A la tête qu’elle tira, il comprit assez vite qu’il avait dû toucher un point assez sensible. A moins qu’elle ne se soit tout simplement jamais posé la question sous cet angle-là, autrefois. Peut-être qu’il jugeait trop vite, lui aussi, après tout ? C’était simplement l’impression que ça lui renvoyait, on ne pouvait pas appeler ça une enfance normale, après tout. Il avait en plus beaucoup de mal avec la règle de séparer les enfants de leur famille, même si elle leur avait déjà dit il y a un moment que ça ne se faisait plus, dans le nouvel Ordre. Ne pas porter de jugement trop sec, c’était assez dur, lorsqu’on en savait peu et que ce qui était dévoilé suffisait déjà, en soit, à porter un regard négatif sur l’ensemble. Il s’efforçait vraiment d’y faire attention… D’une part, pour ne pas blesser ceux directement concernés qu’il connaissait, d’autre part car s’agacer sans savoir, c’était d’une bêtise absolue.

"On avait quand même des moments pour se détendre ou s’amuser avec des amis, pour ceux qui en avaient. Mais tu as raison, au final, c’était quand même très proche de ça. Ce n’était pas une vie normale, où tu vas à l’école en journée et tu retrouves ta famille le soir. La mienne avait même été expulsée du Temple, alors qu’elle y travaillait depuis longtemps, lorsque j’ai été testée."

"Sympathique," marmonna Tayla d’un ton plus bas et froid.

Mais ça avait changé, n’est-ce pas ? Donc, bon… Eli était tout de même content de ne pas avoir connu plus profondément les pratiques et façons de faire de cet Ordre-là, il ne pensait pas que ça lui aurait beaucoup plu. Bah, de toute manière, les Jedi n’avaient as dû se rendre bien souvent dans l’Espace Sauvage, les histoires à leur propos se comptaient sur les doigts d’une seule main et aucun d’entre eux n’avait suffisamment marqué les esprits pour que l’on se souvienne de son nom. Comme de nombreux autres, ils avaient exercé bien loin des mondes isolés étant les leurs. Cette conversation relança le débat sur les façons d’entourer un jeune enfant, pour qu’il grandisse de manière équilibrée. Avec autant de nouveaux parents autour de cette table, forcément. Ce qui leur venait comme principes d’éducation étaient issus de ce qu’ils avaient connu eux-mêmes, bien évidemment, avec leurs familles.

En parlant de ça, il se rendit néanmoins vite compte que niveau différences culturelles, il n’y avait pas tant de différence que ça entre l‘éducation Humaine et celle des Chiss, lorsque ça concernait les enfants. La mentalité était différente, ça oui, mais pour le reste… La structure familiale classique, ou plutôt la plus répandue, était identique, avec les parents et leurs enfants vivant ensemble, seuls garants de leur santé et de leur éducation. Ce qui variait le plus, c’était le nombre d’années passées à l’école et l’âge de la majorité. Eli avait passé presque autant de temps sur les bancs de l’école que sous la tutelle directe de ses parents, pour les cours, car ils l’emmenaient avec lui durant leurs voyages commerciaux. C’était assez bizarre de se dire que finalement, celui qui avait le plus d’expérience d’éducation autour de cette table, c’était Thrass, par la faute des circonstances.

Le système de l’école lui posait plus question, en fait… Il se demandait comment les enfants étaient « testés » pour être mis dans une branche ou dans une autre, comment ça se passait concrètement. Surtout, ça n’arrivait jamais qu’un enfant ne soit pas d’accord avec la branche dans laquelle on le mettait ? Il posa ces questions, tout comme Tayla, en continuant à déjeuner. Pour eux, ils avaient baigné dedans, ça devait paraître tellement logique et normal ! Pour lui, il avait du mal à comprendre comment accepter facilement qu’on vous dise « voilà ce que sera ta voie » dès l’âge de dix ans. Chez les Humains, il y avait des enfants capables de dire ce qu’ils avaient envie de devenir, dès cet âge, mais ce n’était pas une majorité.

Ils préparèrent assez rapidement les derniers plats et l’eau, avant de tout emmener à table, que chacun s’installe tranquillement. La plupart des enfants dormaient, à présent, Edelweiss jouait avec ses poupées, ils allaient être tranquilles durant un moment. Des instants de vie qu’elle adorait sincèrement, lorsqu’ils pouvaient tous se retrouver avec la famille et les amis, sans avoir à s’inquiéter de quoi que ce soit. Surtout, elle était très heureuse que Formbi joue le jeu, même s’il y avait des personnes autour de cette table qu’il appréciait moins. Encore plus lorsqu’il fit l’effort d’engager une conversation normale avec Thrawn. L’art, les fêtes, les différentes cultures… Le couple Vanto et Lorana étaient ceux ayant le plus à apprendre, pour bien s’intégrer, elle avait un peu de peine pour eux. Mais au moins, ils y mettaient des efforts. Pas comme beaucoup, dans cette base, qui n’essayaient même pas de comprendre d’autres cultures ou juste de s’y intéresser un minimum. Même si elle comprenait beaucoup qu’il y ait parfois tant à faire que le temps à y consacrer était forcément réduit. Difficile de tout concilier.

Sur les questions des arts et pratiques, elle vit nettement à quel point Thrass dut lutter contre lui-même pour ne pas rire, lorsque Famia déclara que son époux savait chanter et jouer de quelques instruments. Pour le coup, elle ne pouvait pas lui en vouloir. Ce qui était beaucoup moins drôle, en revanche, c’est lorsqu’elle entendit que la famille de sa belle-sœur avait été expulsée loin du temple, lorsque leur fille avait été admise comme novice. Une légère grimace de colère la saisit, écho au marmonnement indigné de Tayla et à l’air dépité d’Eli. Les Jedi de l’époque avaient certainement leurs raisons de faire ça, cela dit, ça ne signifiait qu’elle pouvait le comprendre et encore moins le cautionner. Séparer un enfant de sa famille, à jamais, lui semblait indigne, dans n’importe quel cas. De plus, la jeune femme savait-elle seulement ce qui était arrivé à sa famille, depuis tout ce temps ? Ewime n’osa guère poser la question, de peur de la blesser. Heureusement, la conversation passa sur les principes et valeurs d’éducation, ainsi que sur l’école. Eli et Tayla étaient les plus curieux, sur le sujet, sans doute déjà inquiets de la manière dont leurs fils allaient grandir et apprendre.

« Les deux premières années, les enfants ont surtout des leçons basées sur l’autonomie, l’apprentissage de la propreté, des règles de vie en communauté, la motricité et le vivre-ensemble. Sans oublier les premières leçons sur le langage et l’écriture, bien entendu. Par la suite, les apprentissages sont assez variés, allant des mathématiques à la lecture, la géographie, l’histoire, la physique, le sport… Il y a un peu de tout. Durant ces encadrements, les enfants sont évalués en continu et sont ensuite répartis dans des filières plus spécialisées, pour commencer à les préparer à leurs futurs métiers. Suivant leurs compétences et le caractère. Tous les enfants sont scolarisés, il n’y a pas d’école en famille. »

Contrairement à ce qui se faisait avec certaines familles humaines. Dont celle d’Eli, si elle avait bien compris, il avait passé autant de temps sur les bancs des écoles qu’à apprendre auprès de ses parents. Tayla avait déjà signalé qu’elle s’était rendue à l’école tout du long et Lorana avait suivi ses classes auprès des Jedi. Trois systèmes d’éducation complètement différents, déjà, ça laissait deviner que ça changeait fortement d’un monde à l’autre. Dans le cas de leur peuple, ils avaient uniformisé afin que tous les enfants aient la même base et s’intègre au mieux dans la société. Même s’il y avait forcément des ratés, on trouvait toujours des jeunes dont les capacités étaient mal perçues ou qui avaient été envoyés sur un mauvais chemin.

« Quant aux écoles, on en trouve de plus ou moins bonnes. La mixité sociale n’est pas une priorité, pour la majorité d’entre elles. »

"Oh, pas vraiment. Parce que c'est difficile de faire cela dans une organisation militaire, ou même politique. De plus, dans de nombreuses cultures, les arts sont une action récréatives, en dehors de ceux en faisant leur métier. S'il m'était venu cette idée à l'esprit, je sais que mes subordonnés n'apprécieraient pas, qu'ils y verraient une intrusion de ma part au sein de leurs loisirs privés, tout comme le feraient les vôtres si vous leur disiez comment occuper leur temps libre, non ?"

"Sans doute."

Il n’avait jamais essayé et n’en avait même jamais parlé. Quant à encourager « discrètement » le talent artistique d’une personne, ou le talent tout court, ce n’était pas si simple. Chacun avait, de toute façon, a cœur de travailler dans un domaine qui lui plaisait. Sur la question de comment se détendre, il haussa vaguement les épaules, très peu enclin à fournir une réponse sur le sujet. Au même instant, son épouse jugea bon de le dire à tout le monde… Il avala de travers, avec une légère toux, en lui renvoyant un regard à la fois dépité et gêné. Il n’y avait tout de même pas besoin d’en parler ! Surtout en voyant Thrass se retenir très fort de rire et les autres avoir du mal à masquer leur incrédulité… Une démonstration, c’est ça, il pouvait toujours rêver. Par bonheur, en écoutant d’autres réponses, ça aida à écarter ce sujet-là. Manquant de lui arracher un soupir de soulagement.

Alors qu’il coupait la viande, tout en suivant la conversation, il finit enfin par réaliser que le centre de leurs discussions concernait les enfants et comment bien s’occuper d’eux. Une nouveau centre d’attention revenant sans cesse, malgré eux, même s’ils parlaient complètement d’autre chose une minute plus haut. Quelle était cette sorcellerie… Il lança un regard vers le petit berceau où dormait encore Fylianb, l’esprit vite égaré de la question initiale en songeant à son adorable petite bouille. Il ne revint à la réalité que lorsque Famia lui tapota doucement la main, avec un sourire. Ah, oui, c’est vrai, ils en étaient à déjeuner. Formbi avait souvent tendance à oublier le reste, lorsqu’il se concentrait sur leur fille… Il fallait dire aussi qu’elle représentait toujours un véritable miracle, à ses yeux. Une enfant qu’il n’attendait déjà plus.

Sa petite sœur en était à expliquer au coup de jeunes Humains comment se passait la scolarité, chez eux, depuis la petite enfance à la lancer dans un apprentissage ou des études plus ciblées, suivant les différents secteurs.Il termina son assiette le temps qu’elle explique cette affaire, songeant à leurs propres années d’école et réfléchissant à ce qui avait changé entre-temps. Le système global n’avait pas forcément évolué, mine de rien, mis à part deux ou trois méthodes différentes pour l’apprentissage des sciences. L’éducation faisait partie de ces secteurs très rigoristes et conservateurs, où le moindre changement devenait une affaire d’État. Le contraire serait très curieux, étant donné que les écoles étaient à la base de la société, avec l’éducation familiale. De plus, le système était si rigide que toute évolution de règle, sur la vie en communauté ou autre chose, était perçue comme une véritable menace.

"Quant aux écoles, on en trouve de plus ou moins bonnes. La mixité sociale n’est pas une priorité, pour la majorité d’entre elles."

"Est-ce le rôle des écoles, tout court, la question revient souvent. Plutôt celui du travail, si on veut aller par là. L’école doit donner les connaissances théoriques et pratiques qui seront utiles aux enfants, pour la suite, et leur apprendre la vie en communauté, le respect des règles. Rien de plus. La mixité sociale se traduit plus tard par les postes occupés, les adoptions et la méritocratie. Hors politique…"

Un soupir involontaire lui échappa. Les origines sociales jouaient un rôle non assumé dans certaines domaines de pouvoir, ce n’était un secret pour personne et ce souci persistait, malgré tout ce qui était fait pour l’atténuer ou l’éradiquer. Thrass pourrait parfaitement en témoigner, d’ailleurs. Ses origines sociales plus faibles avaient été un frein dans pas mal de circonstances, même s’il était parvenu à s’en sortir et atteindre un haut poste de compétences. Formbi voyait parfaitement la différence en comparant à son propre parcours, il n’avait pas subi les mêmes soucis car il était, de base, issu d’une famille plus riche.

"Je doute qu’on puisse forcer à plus de mélanges, dans les écoles. Le système est rigide et les changements qu’on y apporte soumis à beaucoup de débats."