Le commerce est politique [Quête Event global, P. 3]

Il était à noter que même des années après l’Exil, c’était bien toujours le même pour qui elle devait jongler avec les crises de nerfs des uns, les appréhensions et la méfiance des autres, les multiples conditions drastiques ou règles supplémentaires imposées par certains et enfin, les ingérences politiques en tous genres. Cela dit, la situation globale était suffisamment grave pour accepter toutes ces concessions. Récemment, plus d’agitation encore secouait le Chaos et il s’y passait de drôle de choses. Des peuples, qui n’avaient pourtant guère eu de relations par le passé, se rencontraient plus fréquemment, pour raisons diplomatiques. Des rumeurs d’alliances commerciales et même parfois militaires circulaient. Les voyageurs, navigateurs et commerçants faisaient circuler les histoires sur des alliances, pour la création d’une grande guilde commerciale commune, entre les peuples du Chaos. Les différents pays et communautés étaient peu à peu approchés, invités à envoyer leurs diplomates. L’Ascendance suivait tout cela d’un regard encore très circonspect, toujours centrée sur ses propres problèmes. Si de telles rumeurs s’avéraient vraies, ce serait une première depuis plusieurs millénaires…

L’amirale soupçonnait que ce peuple de marchands d’armes lointain puisse avoir un lien avec tout cela et comptait également vérifier quels autres troubles potentiels pouvaient approcher l’Ascendance. De plus, elle voudrait s’assurer que ce peuple d’exilés en question ne soit pas, lui non plus, une menace. Et enfin, elle aimerait s’assurer qu’une certaine personne ne déclenche pas, consciemment ou par son manque de sens politique, de guerre à grande échelle. Le Steadfast avait rejoint la petite délégation, prête à partir. Laissant derrière eux une Ascendance toujours en pleine ébullition. Si la situation était stabilisée et les premières urgences réglées, leur peuple mis à l’abri, Csilla continuait d’en préoccuper beaucoup. La glace poursuivait sa fonte à vive allure. Récemment, la capitale elle-même avait succombé, ravagée par les flots brutaux issus de la surface et s’engouffrant dans les grottes, les noyant. Toute la ville avait été frappée par les torrents souterrains gonflés par les eaux de surface, il ne restait plus rien de Csaplar, si ce n’est de ruine dans une large grotte envahie par les eaux.

Même si ce n’était pas la première catastrophe frappant ce monde, le voir s’effondrer une nouvelle fois bouleversait tout un chacun. Leurs autres mondes, s’ils subissaient également, n’en étaient pas à un tel point. Entre cela et les révélations récentes… Son regard s’assombrit légèrement, tandis qu’elle observait d’un air pensif les vifs éclats blancs de l’hyperespace. Copero attirait si rarement l’attention… La planète était petite, si peu agitée en surface et disposant d’une faible population. Seuls les chantiers en son orbite faisaient parfois parler d’eux, lors de la mise au point de nouveaux modèles, par exemple. Elle n’aurait jamais pensé de que de telles choses s’y cachaient, encore moins dans ces ruines, oubliées par tous depuis très longtemps. Ils étaient très peu nombreux à avoir été mis au courant de cette histoire et uniquement dans un cercle militaire. En plus, bien évidemment, du Patriarche des Mitth. Un Patriarche qui, par ailleurs, était déjà parfaitement au courant des « problèmes » de ces ruines. L’ensemble du Conseil l’était, avait-il d’ailleurs fini par leur confier. Elle en avait bien sûr parlé ensuite à Thrawn, lors d’un point de briefing, pour leur mission.

« Ce qui s’y passe est étouffé depuis des siècles, » leur avait confié le Patriarche, dans un message transmis directement à son bureau et qu’elle avait ensuite partagé avec Thrawn. « L’endroit a été déclaré instable, afin d’éviter que des touristes aillent s’y balader et les rapports archéologiques ont tous été modifiés. Tout est fait pour maintenir le site à l’écart. Quoi qu’il puisse arriver, désormais, que ça soit un souci politique ou militaire, tout demeurera en état. En ce qui concerne les gardiens, seul notre Clan, en revanche, est au courant. Tout est fait pour les maintenir volontairement à l’écart de la société, pour ne risquer aucun ennui ou violence. »

Il n’avait pas précisé comment les Mitth s’arrangeaient pour « maintenir à l’écart » ce Clan… L’amirale n’avait pas posé la question et ne comptait pas le faire dans un futur proche. Pour l’heure, deux semaines de voyage les attendaient, avant d’atteindre la planète Azvar, la première étape du trajet. Les coordonnées avaient été fournies par l’ermite et le trajet demandera plusieurs sauts en hyper espace, sur des routes houleuses et semées d’obstacles. Tout en se tenant prêts à combattre, dans le cas où cet homme leur aurait donné de fausses coordonnées ou ne tente de les attirer dans un piège. Ce sera ensuite l’heure d’en apprendre plus sur ces « cousins », ainsi que leurs intentions. Puis de là, les convaincre de les aider à atteindre le monde des Golswar.

Dans une cabine du Chimaera, Rhonn observait les lumières vives et défilant, par une petite baie, depuis le passage en hyperespace. Durant de longues heures, il resta debout à regarder le spectacle, sans remuer d’un pouce ou dire un seul mot, laissant son esprit s’échapper sur le fil des volutes de lumière. Une façon toute personnelle de méditer et conserver son calme… Lui-même n’avait réalisé que de très courts voyages, de cette manière et dans la Grande Présence, bien plus jeune… Lorsqu’il était encore un enfant… Il aimait se souvenir de cette sensation, la solitude mêlée à la plénitude, en pleine connexion avec Elle. Puis le temps avait filé, il avait fini par oublier les vaisseaux… Il soupira un peu en reculant puis retourna s’asseoir au bord de la couchette. Un univers étrange et inconnu… Avait-il bien fait d’accepter ? Désormais, il était trop tard pour revenir en arrière. Il se fiait à la Grande Présence, pour progresser. Il ne pouvait se fier qu’à Elle, quoi qu’il en soit, car il ignorait à qui il pouvait faire sincèrement confiance, sur ce vaisseau étranger.

Deux longues semaines de voyage, marquées de quatre sauts en hyperespace et d’une brève halte obligatoire, au troisième, le temps de déterminer le meilleur chemin et ainsi passer en douceur une vaste série de champs de maelstroms, avant de pouvoir ressauter. Les deux derniers sauts furent ponctués de brèves attaques, des peuplades locales agressives attendant les voyageurs dans ces secteurs, mais ces escarmouches furent brèves. Rhonn passa une bonne partie de ce voyage à méditer et s’entraîner, seul dans cette cabine. Avec la Grande Présence, bien entendu, mais aussi physiquement. Bien qu’il réprouve la violence et le combat, son mentor l’avait poussé dès les débuts dans de longues épreuves physiques. Il passa également du temps à dessiner, dans un petit carnet. Dessiner des visages de proches, plus ou moins lointains, dessiner les ruines, dessiner les arabesques noirs et houleuses de certains esprits… Le faire le libérait et l’aidait à conserver l’esprit clair. Il aimait styliser au crayon ou peindre les hautes et belles montagnes de son monde natal…

Au bout de ce premier voyage, un des soldats Humains vint le chercher, pour l’emmener jusqu’à la passerelle de commandement de ce vaisseau. Toujours très peu à l’aise dans un tel environnement, il se contenta de saluer d’u bref signe de tête ceux dont il croisa le regard. L’amiral bizarre était accompagné d’un lézard et d’un… être dont Rhonn ne parvint pas à identifier l’espèce. Cela dit, il n’attira pas son attention bien longtemps. Azvar était en vue, désormais. Une planète d’une taille assez imposante, une fois et demie plus grosse que Csilla, environ. Elle possédait trois grands anneaux d’astéroïdes et de roches, restes d’anciennes météorites et petits astres, venus se briser contre elle à une époque lointaine et formant aujourd’hui ces ceintures en son orbite. Deux lunes tournaient également en orbite de la planète, inhabitées. L’une, très aride, était froide et sans charme. L’autre, plus petite, était entièrement couverte d’un océan. Un océan gelé, coincé par une couche de glace épaisse de plusieurs kilomètres. Azvar, quant à elle, était plutôt chaude et humide. On dirait que les événements récents n’avaient pas bouleversé profondément, elle était simplement un peu plus froide… Elle possédait un très grand nombre de forêts, s’étalant sur trois continents, entrecoupés de plusieurs océans.

Pour sa part, il connaissait ces hommes et femmes par photos interposées, tout comme eux le connaissaient ainsi, ainsi que de brefs échanges audios ou vidéos. Ils gardaient ainsi contact avec trois familles, principalement, de la communauté. Les populations locales étaient très diverses et la majorité n’était pas agressive. Ils se préoccupaient de leurs propres affaires et bien peu des voyageurs allant et venant sur cette planète. Son regard fut, un temps, happé par les trois grands anneaux encerclant la planète. Ils lui semblaient si imposants… Les vaisseaux imposants auraient du mal à s’y engouffrer mais les autres y naviguaient sans trop de peine, à la condition de ne pas y foncer comme un fou.

« Ces anneaux perturbent la communication entre la terre et l’orbite. Quant à ceux que nous venons voir, ils habitent sur le continent le plus au Sud, » indiqua-t-il après avoir inspiré un grand coup. « Reezn a l’habitude de se poser sur la côte à ces coordonnées, en navette. Il y a ensuite un chemin à suivre pour atteindre la ville, sur un kilomètre. Sinon… Cela vous gênerait de couvrir votre uniforme, avant de descendre ? Et que votre ami fasse de même ? »

Il reçut la seconde suivante une petite volée de regards surpris, voire outrés ou bizarres. Eh bien quoi… ? L’amiral ne répondit rien et Rhonn retint un soupir. C’était un truc de militaires, c’est ça… ? Pourvu que ça ne cause pas encore plus d’ennuis, une fois sur place… Mais heureusement, et à son grand soulagement, lors du départ, l’amiral revint bien avec une tenue civile. Il ne restait plus qu’à descendre vers la planète… En espérant que le vaisseau Chiss tienne parole et ne se montre pas de trop près… Il ne dit pas grand-chose durant le trajet jusqu’à la planète, ni pendant la marche menant vers la ville. Ils croisèrent quelques personnes au travail, dans les bois, mais personne ne leur prêta attention. Quant à la ville… Toutes les maisons étaient faites de bois et de pierre, certaines au sol, d’autres dans les arbres, avec des escaliers de bois tournant autour des gigantesques troncs. Les chemins, pavés de pierre blanche, serpentaient entre les maisons et commerces. Il se permit d’avancer, marcher en tête du groupe, pour les guider dans ce dédale. D’autant plus qu’il y avait pas mal de monde, à cette heure.

Une des familles lointaines vivait proche d’ici, littéralement à l’intérieur d’un des arbres géants. Certains étaient creusés et formaient ainsi des maisons. Après avoir patienté une petite minute, ce fut Haman qui vint leur ouvrir, vêtu d’un tablier de cuir et portant des gants épais. Un homme d’âge mûr, dans la cinquantaine. Humain, aux cheveux aussi noirs que les avaient Rhonn et aux yeux d’un homme, mais avec des pupilles d’un rouge très sombre, tirant vers le noir, le teint pâle. Des yeux qu’il écarquilla, en le voyant, avant de le saluer. Rhonn lui rendit la pareille, le poing fermé contre le cœur, avec une légère inclinaison du buste. Haman sourit doucement, un sourire qu’il perdit presque aussitôt, en jetant un regard des plus circonspects vers le reste du groupe.

« Pourquoi amener d’autres personnes ? » demanda-t-il en Cheunh, avec un fort accent et un ton inquiet.

« Je te présente Eli Vanto, Rukh et Mitth’raw’nuruodo. Ils sont venus car ils recherchent des informations, pour régler des problèmes. »

« Si Copero a pris feu, nous ne pourrons rien y faire, » grinça-t-il avec un sourire cynique.

« Ça n’a encore rien à voir avec l’Ascendance. »

Haman hésita, puis s’écarta lentement, en les invitant à entrer d’un geste. Une petite cuisine dans un coin avec une table, un salon, quelques jouets d’enfants… Ce n’était pas bien grand, sans compter que l’échelle vers la plateforme supérieure occupait une bonne place. Leur hôte n’était toujours pas très à l’aise, enlevant ses gants pour les fourrer dans la poche du tablier puis s’essuyer les mains avec un chiffon. Suivant du regard ses invités imprévus, bien qu’il ne se cachait pas de bien plus se méfier de Thrawn que des deux autres.

« Décidément, ces derniers temps… Eh bien, installez-vous à l’aise, je vais préparer du jus de Boya. Quel genre de problème cherchez-vous à régler ? »

Passerelle du Chimaera

La commodore Karyn Faro regardait la planète Azvar depuis la baie d'observation de la planète. Elle avait quelques doutes, au fin fond de son esprit, sur la raison de leur voyage jusqu'ici, surtout après le départ des quatre autres destroyers de l'escadre, repartis pour Nirauan après le passage sur le peuple Garwien, sur Solitair. Au début, elle ne s'était pas sentie si rassurée que cela de s'enfoncer davantage dans les Régions Inconnues avec juste un destroyer et le croiseur lourd chiss, dans le seul but de rechercher l'ombre d'une menace dont seules des rumeurs étaient parvenues jusqu'au grand amiral.
Certes, elle ne l'avait jamais vu avoir tort, jusque-là, mais tout de même, elle aurait aimé avoir eu plus de certitudes.

Mais, au final, ses craintes sur les dangers potentiels n'avaient pas eu lieu d'être, jusque là. Ils avaient été attaqué à deux reprises, chaque fois par une peuplade différente qui avait, en premier lieu, tiré sans chercher à discuter. Les deux fois, seul le Chimaera s'était défendu, s'interposant entre eux et le Steadfast. Les deux fois, Thrawn a riposté et vaincu l'ennemi, avec de lourdes pertes chez eux lors de la seconde, après de brefs affrontements. Et l'équipage avait à chaque fois montré sa compétence, ce dont elle était fière.

Mais, maintenant, elle devait attendre en orbite, tout en cachant le steadfast de la vue de la planète. Le vaisseau chiss restait dans l'angle mort que posait l'immense destroyer depuis ce monde, difficile d'accès alors qu'il était au coeur de ce système trinaire. Elle avait dépêché les chasseurs éclaireurs autour d'eux, pour prévenir tout vaisseau qui approcherait. Une mesure de précaution simple et ordinaire, qui avait aussi pour but de lui changer les idées pour ne pas trop penser à son supérieur qui était maintenant à la surface de ce monde.

Surface d'Azvar

Thrawn marchait tranquillement, tenant distraitement un ysalamiri dans ses bras, tout en veillant à rester à un mètre de leur guide. Il était à côté d'Eli, suivis par le vigilant Rukh. Alors qu'ils avançaient dans le village, l'exilé étudiait l'architecture locale, qui lui permettrait d'en apprendre un peu sur ce peuple, cousin des chiss maintenant.

Quand ils arrivèrent devant l'ami de Rhonn, Thrawn exécuta le même salut, avec bien sur un léger décalage mais en reproduisant exactement le même geste.

« Pourquoi amener d’autres personnes ? »  demanda Haman en Cheunh, avec une posture tendue, reflétant son inquiétude.

« Je te présente Eli Vanto, Rukh et Mitth’raw’nuruodo. Ils sont venus car ils recherchent des informations, pour régler des problèmes. » Lui répondit Rhonn, avec une ponte dans la voix que le grand amiral identifia comme une tentative pour rassurer leur interlocuteur.

« Si Copero a pris feu, nous ne pourrons rien y faire, » Répliqua Haman

« Ça n’a encore rien à voir avec l’Ascendance. »

Thrawn entra, à l'invitation de leur hôte, le remerciant d'un signe de tête et d'une très légère inclinaison du buste. Il remit l'ysalamiri à Rukh en venant s'asseoir à la table, alors que le noghri resta debout, contre la paroi, en veillant -sur les instruction de son supérieur- à rester à plus d'un mètre de Rhonn et d'Haman, tout en gardant Thrawn dans la bulle protectrice de l'animal, et Eli s'il s'installait près du chiss.

« Décidément, ces derniers temps… Eh bien, installez-vous à l’aise, je vais préparer du jus de Boya. Quel genre de problème cherchez-vous à régler ? »

"Tout d'abord, je tiens à éclaircir un détail : je ne suis pas ici au nom de l'Ascendance, ayant été exilé par la Syndicure. Je dirige une communauté d'individus venus de l'Espace Intérieur," expliqua-t-il, "et qui s'est installée sur un monde inhabité en bordure du Chaos. Il m'est parvenu, toutefois, l'existence d'une menace "corruptrice" potentielle. Je souhaiterais en découvrir plus à son sujet, l'évaluer et l'étudier, afin de découvrir si elle est réellement une menace. On m'a parlé des Golswar qui pourraient nous aider, et de votre colonie qui pourrait nous indiquer comment les rejoindre."

Le chiss parlait calmement, sans mentionner explicitement sa source, qui pouvait le faire lui-même s'il le souhaitait. Il ne précisait pas non plus que sa "communauté" était composée principalement de militaire. Ce sont des détails qui pourraient troubler leur hôte, après tout. Mais il espérait que préciser  avoir été exilé le rassurerait.

Une ville imbriquée littéralement dans une forêt, avec des maisons à terre ou suspendues dans les branches, voire carrément à l’intérieur des plus gros arbres… Il n’avait jamais observé un endroit pareil auparavant. C’était très curieux, des passerelles en bois et cordes reliaient les plateformes et maisons entre elles, dans un enchevêtrement compliqué, avant de faire descendre les personnes sur d’autres escaliers de bois, tournant en spirale autour des troncs. Personne ne leur prêtait attention, ils devaient avoir l’habitude de recevoir des visiteurs, de temps à autre… La plupart des commerces étaient installés à l’air libre, sous des auvents en pailles et en feuilles. A ce qu’il voyait, le métal n’était pas très présent… Et la nature parfaitement préservée, dans tout cela. Pas de béton, pas de fer ou très peu, des plantes poussant librement un peu partout. Les arbres, eux, étaient immenses, d’une taille hallucinante et aux troncs très épais.

Il revint à la réalité lorsque Rhonn s’arrêta et frappa à l’une de ces maisons-arbres. L’homme, aux yeux d’une teinte rouge sombre, qui vint leur ouvrir avait été dérangé en plein travail, dirait-on… Il lui rendit le salut que fit Rhonn comme il put. Une visite aussi impromptue devait forcément le rendre nerveux… Et son Cheunh rappelait bizarrement à Eli les premiers jours où lui-même l’avait parlé. Pas à cause de l’accent, qui était de toute façon obligatoirement différent après tant d’années à l’écart, mais surtout sur la prononciation de certains mots. Il sourit à cet homme au moment des présentations, tout en tâchant d’adopter la posture la plus détendue possible. S’il était déjà nerveux comme cela simplement en recevant des étrangers chez lui, mieux valait effectivement cacher le fait qu’ils faisaient partie d’une armée. Au moins, il accepta de les faire entrer, après un temps d’hésitation, c’était déjà ça.

La maison était originale. Pas juste parce qu’elle était littéralement dans un tronc mais aussi pour la manière dont elle était aménagée. Comme à l’extérieur, tout respirait un profond respect pour l’environnement de leur monde et ses forêts. Des meubles en bois, quelques touches de fer ici et là, des lampes stylisées en forme de fleurs et de feuilles, c’était très joli. Même les quelques jouets d’enfants, traînant dans un coin, rappelaient encore la nature. Sur un des murs, près du coin cuisine, il avisa une photo de papier accrochée. Leur hôte, une femme qui devait être son épouse et deux enfants, l’un adolescent et l’autre beaucoup plus jeune, qui ne devait pas avoir plus de six ou sept ans. Il s’assit à son tour, à côté de Thrawn et Rhonn, toujours silencieux. Ce qu’il trouvait le plus curieux, finalement, c’était que cette communauté, avec leur fuite, n’avait pas abandonné également leur langue, pour en embrasser une autre, au fil des siècles. Lorsqu’on voulait se couper de ses racines, la langue était souvent l’un des premiers éléments à être écarté.

"Décidément, ces derniers temps… Eh bien, installez-vous à l’aise, je vais préparer du jus de Boya. Quel genre de problème cherchez-vous à régler ?"

"Tout d'abord, je tiens à éclaircir un détail : je ne suis pas ici au nom de l'Ascendance, ayant été exilé par la Syndicure. Je dirige une communauté d'individus venus de l'Espace Intérieur et qui s'est installée sur un monde inhabité en bordure du Chaos. Il m'est parvenu, toutefois, l'existence d'une menace "corruptrice" potentielle. Je souhaiterais en découvrir plus à son sujet, l'évaluer et l'étudier, afin de découvrir si elle est réellement une menace. On m'a parlé des Golswar qui pourraient nous aider, et de votre colonie qui pourrait nous indiquer comment les rejoindre."

Et avec un peu de chance, ça ne finira pas en guerre pure et simple. Mais si ça devait arriver, l’amirale allait sans doute soupirer d’exaspération et dire à tout le monde de se tenir prêt, tout en espérant que Thrawn s’arrange pour qu’ils ne soient pas impliqués là-dedans. Si ça devait être le cas, il imaginait déjà l’accueil au retour. Et surtout, les problèmes politiques qui viendront derrière.

"Personne ne compte amener de conflits sur votre monde," précisa-t-il avec un sourire rassurant. "Ce n’est qu’un passage temporaire."

"Tout d'abord, je tiens à éclaircir un détail : je ne suis pas ici au nom de l'Ascendance, ayant été exilé par la Syndicure. Je dirige une communauté d'individus venus de l'Espace Intérieur et qui s'est installée sur un monde inhabité en bordure du Chaos. Il m'est parvenu, toutefois, l'existence d'une menace "corruptrice" potentielle. Je souhaiterais en découvrir plus à son sujet, l'évaluer et l'étudier, afin de découvrir si elle est réellement une menace. On m'a parlé des Golswar qui pourraient nous aider, et de votre colonie qui pourrait nous indiquer comment les rejoindre."

"Personne ne compte amener de conflits sur votre monde Ce n’est qu’un passage temporaire."

Rhonn sentit le soulagement irradier à travers tout l’être de son cousin, tandis qu’il leur tournait le dos pour préparer de quoi boire. Pour sa part, l’ermite s’était attendu à de la surprise, avant tout soulagement. Les exils, volontaires ou forcés, étaient rares… Haman revint avec des verres et une carafe, posa le tout sur la table avant de servir et s’asseoir lui-même. Le Boya était un fruit légèrement sucré poussant dans des fourrés épais, dans cette forêt, très apprécié des animaux comme des hommes. Une fois pressé et préparé, il prenait une teinte rose foncé, presque violet. Un jus de fruit agréable, somme toute, que Reenz avait déjà rapporté pour le lui faire goûter. Ham, même s’il était rassuré, conservait toujours un air un peu circonspect. L’ermite savait ce qu’il devait penser, ça se devinait aisément. Personne de normalement constitué n’avait envie d’aller rendre visite aux Golswar ou tout simplement se rendre dans leur secteur. Bien que ce peuple n’attaque pas à vue, il n’avait rien d’agréable ou de sympathique.

"Vous êtes au courant de ce qui se trouve sur la route ?" commença-t-il avec un soupir et une grimace peu engageante, simplement à y songer.

"Tout est prévu pour faire face aux ennuis."

"Je ne parle pas que des nomades," grinça Haman en secouant la tête. "J’ignore ce qu’il s’est passé exactement, mais certains des nôtres, comme toi peut-être, ont ressenti un trouble important dans la Grande Présence."

"Plagueis ?"

"Non… Non, il y a eu autre chose. Les Golswar ne s’agitent pas facilement. Lorsqu’ils ont des commandes, seule une partie de leur peuple travaille et les autres demeurent enfoncés. Ce n’était plus arrivé depuis des millénaires que l’essaim entier s’active aussi fortement. Ils ont été réveillés par une sorte de… Présence noire. Il y a peu de chance qu’ils vous disent qui est venu les trouver… Mais peut-être que vous pourrez déterminer ce qu’ils ont obtenu comme commande."

Il se releva souplement puis alla fouiller dans des tiroirs du meuble de cuisine, pour revenir avec une petite tablette. Après un bref instant, il leur montra une illustration d’un des membres de ce peuple. Un capitaine d’industrie, comme le précisa Haman. Un type pas très engageant. Il ressemblait vaguement aux Brical, par ailleurs. La rumeur voulait que les deux espèces aient des origines communes et qu’elles se soient séparées, on ne sait à quelle époque, pour former deux races parfaitement distinctes aujourd’hui. Les Brical étaient plus petits et marchaient encore à quatre pattes. Et ils étaient bien moins intelligents. Les Golswar, bien que fonctionnant également en essaim, possédaient tous une personnalité propre et prenaient des décisions pour eux-mêmes. Mais il s’agissait surtout d’un peuple enveloppé dans les affres les plus obscurs de la Grande Présence et tout particulièrement stimulés par ceux leur ressemblant sur ce point.

"Il faut voir qui pourrait accepter de vous guider là-bas," marmonna Haman en reposant la tablette, pour boire. "Ça risque de prendre un peu de temps… Et sans vouloir être vexant," ajouta-t-il en regardant Vanto, "vous avez l’air un peu trop jeune et innocent, pour aller là-dedans, c’est risqué."

Rhonn tourna légèrement la tête sur le côté, main contre la bouche, pour dissimuler un sourire. C’était ce qu’il avait pensé dès le début, sans oser le dire. Même si ce garçon était un soldat, il savait se défendre, ça n’empêchait pas de le penser.

Avec les indications Mjs de Vivi
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Haman revint s’asseoir avec de quoi boire, un jus de fruit local apparemment. Eli le remercia, tout en voyant bien que leur interlocuteur était toujours quelque peu mal à l’aise. Quant aux dangers de la route, oh, ça… Même si on ne leur en avait rien dit, il était facile de deviner que ces régions n’étaient pas très douces pour les voyageurs. Par contre… Comment avaient-ils entendu parler de Plagueis… Qu’avait-il encore foutu dans ces régions… Il faillit poser la question puis s’interrompit lorsque Thrawn lui fit un léger geste. Bon… Attendre, très bien. C’était désespérant, ce Sith se déplaçait partout où il le pouvait et infectait tout sur son passage ! Mais soit, bref, pour le moment. Il écouta plutôt la suite, ce qu’ils savaient sur les Golswar, un peuple insectoïde, donc. Cette fameuse Présence Noire pourrait-elle être liée à la Force ? Si c’était le cas, il était heureux que Rhonn ait voyagé avec eux.

"Il faut voir qui pourrait accepter de vous guider là-bas. Ça risque de prendre un peu de temps… Et sans vouloir être vexant, vous avez l’air un peu trop jeune et innocent, pour aller là-dedans, c’est risqué."

Trop jeune et innocent… Eli ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel, avec une petite moue. Mais il ne dit rien là-dessus. Il savait se défendre ! Et l’avait prouvé plusieurs fois, même seul. Cela dit, ce n’était pas le moment de détailler ça, surtout si leur interlocuteur avait du mal avec les soldats. Il avait l’air si jeune que ça ? Bah, ça ne devait être qu’une simple impression.

"Croyez bien que si j'avais jugé qu'Eli'van'to n'avait pas sa place dans cette mission, il ne serait pas là. Quand aux menaces potentielles, mon vaisseau est suffisamment apte à les surmonter. Et pour ma part, j'ai longuement servi au sein de la Flotte de Défense et d'Expansion, notamment pendant les crises Nikardun. Tout ce qu'il nous manque serait un guide fiable ou, au moins, l'emplacement du monde Golswar. Au pire, nous pourrons faire appel aux Navigateurs. Toutefois je m'intéresse beaucoup à l'art et aux énigmes. Je serais disposé à acheter des œuvres Golswar ou Brical que vous auriez, ou même des objets technologiques. Peut-être pourrais-je ainsi discerner si ces deux peuples n'en faisaient qu'un jadis."

Eli savait ce qu’ils devaient penser, qu’est-ce que ça allait bien pouvoir changer ou simplement aider d’observer d’étudier des objets d’art. Pour sa part, il avait depuis très longtemps laissé tomber l’idée de comprendre et ce contentait de suivre ce que Thrawn en déduisait. Haman réfléchit un instant, avant de répondre d’un ton lent qu’ils n’auront sans doute rien en technologie, par contre, peut-être avaient-ils deux ou trois choses en ce qui concernait l’art Brical. Puis ajouta d’un ton encore moins assuré que ça n’avait rien de certain pour les Golswar mais qu’ils pourront regarder. Ils avaient un musée regroupant les œuvres d’autres peuples, où ils mettaient en valeur ce qui était apporté par les voyageurs ou les commerçants nomades. Les Chiss faisaient ça aussi, tiens. Eli se prépara mentalement, en finissant son verre. Conduire Thrawn dans un musée, après tout, ça signifiait souvent y passer des heures.

"Je peux vous y conduire… Vas-tu avec eux, Rhonn ? Tu les ramèneras ensuite, si tu veux. J’ai du travail, encore, ici."

Il termina lui aussi son verre puis ôta son tablier, pour prendre une veste à la place, avant de ressortir. De retour dans cette ville de bois, d’arbres et de passerelles suspendues, Eli essaya de chercher à nouveau des éléments décoratifs ou d’architectures pouvant rappeler l’Ascendance, même vaguement, mais rien… Pas une seule trace… Quant au musée en question, à l’autre bout de la ville, on dirait une… A l’extérieur, il formait comme une grosse carapace de tortue géante, avec des baies vitrées sur les façades. Pas mal. L’entrée était spacieuse et gorgée de lumière naturelle. Haman s’était rendu directement à un pôle d’accueil, près de l’entrée, pour demander ce qu’ils avaient sur les arts Brical et Golswar. La jeune femme se pencha sur son ordinateur, lèvres pincées. Durant ce temps, Eli vit Rhonn s’éloigner, du coin de l’œil, pour aller observer une statue avec un air triste. Puis le jeune homme sourcilla fortement, reconnaissant, en bien plus petite et à échelle humaine, la statue immense des ruines. Avec sa tête, cette fois.

"Qui est-ce ?" vint-il demander doucement, en observant la statue.

C’était un humanoïde, mais Eli ne pouvait déterminer à quelle espèce il appartenait, son visage était entièrement recouvert d’un masque, à l’allure militaire. Une mince ouverture horizontale pour les yeux, des protections frontales… Et le haut du casque était échancré, légèrement aplati. Rhonn soupira légèrement et se détourna.

"Un ami du clan, il y a un peu plus de trois milles ans, qui avait aidé notre peuple à faire face à des difficultés extérieures."

Au même moment, la dame de l’accueil leur demanda de bien vouloir les suivre, tandis que Haman les saluait d’un signe de main et repartait du musée. Eli suivit le mouvement, se demandant lorsqu’il aura l’occasion de poser plus de questions…

"Croyez bien que si j'avais jugé qu'Eli'van'to n'avait pas sa place dans cette mission, il ne serait pas là. Quand aux menaces potentielles, mon vaisseau est suffisamment apte à les surmonter. Et pour ma part, j'ai longuement servi au sein de la Flotte de Défense et d'Expansion, notamment pendant les crises Nikardun. Tout ce qu'il nous manque serait un guide fiable ou, au moins, l'emplacement du monde Golswar. Au pire, nous pourrons faire appel aux Navigateurs. Toutefois je m'intéresse beaucoup à l'art et aux énigmes. Je serais disposé à acheter des œuvres Golswar ou Brical que vous auriez, ou même des objets technologiques. Peut-être pourrais-je ainsi discerner si ces deux peuples n'en faisaient qu'un jadis."

Il s’intéressait à l’art ? Rhonn le fixa d’un regard neuf, tout à coup, plus intrigué. Les personnes appréciant ce domaine étaient rares, du moins, celles le clamant ouvertement. Il ne se serait pas attendu à ça de la part d’un militaire, par ailleurs… Enfin… Ils se préparèrent rapidement pour sortir et se rendre au musée. Tout en marchant, Rhonn laissait son regard dériver sur la ville et ses habitants, se sentant plus… Apaisé, ici. Plus en sécurité, bien que ça soit un sentiment ardu à expliquer. Pour autant, il ne viendrait pas vivre pour de bon. Le musée fut vite en vue, d’une forme élégante mais inhabituelle, pour lui. Haman prit les devants, à l’accueil, tandis que Rhonn s’avançait d’un pas lent vers une statue, réplique d’une autre plus ancienne et en plus mauvais état… Il aurait apprécié vivre à cette époque, où il aurait été plus facile d’apprendre la confiance personnelle et se sentir plus fort. Avoir le luxe de mener une vie de paix sans pour autant être forcé de se cacher, car vous pouviez faire face à toutes les situations. Il se savait très peu apte à ça et c’était ce qui le troublait le plus. Peu de temps après, il sentit s’approcher le petit humain, dans son dos, tournant légèrement la tête à la question qu’il posa.

"Un ami du clan," répondit-il d’un ton neutre. "Il y a un peu plus de trois milles ans, qui avait aidé notre peuple à faire face à des difficultés extérieures."

Haman s’approcha aussi pour les saluer, avant qu’il ne reparte à son travail. Quant à la réceptionniste et guide, elle les invita à la suivre avec un sourie lumineux. Elle leur fit contourner le grand escaliers menant aux étages supérieurs puis dans une série de couloirs, recouverts de fins tableaux et parfois, d’animaux empaillés, dans les murs et derrière des vitrines éclairées. Le musée mettait en place un doux jeu de lumière afin de mettre en valeur les œuvres, c’était très joli. La jeune dame les guida jusqu’à une salle en quinconce, où étaient exposées des vases, des pièces anciennes, ainsi que quelques outils. Sur le mur du fond, des statues brisées étaient posées sur une petite estrade, derrière des vitrines.

"Les Brical sont un peuple insectoïde encore primitif, évoluant et agissant comme des animaux," expliqua la guide, sans se départir de son sourire. "Cependant, les observations menées sur leurs lieux de vie et structure montrent un esprit collectif très organisé et structuré. Voici le peu que nous avons récupérer, de leurs œuvres. Nous n’avons pas d’artefacts appartenant au peuple Golswar, en revanche, nous pourrions chercher des exemples des commandes réalisées pour leurs clients, si vous souhaitez les observer. Quant à acheter certaines pièces, je dois tout d’abord en parler avec le conservateur. Je reviendrai vers vous, en attendant, vous pouvez faire le tour du musée comme vous l’entendez. Vous pouvez utiliser ces petits boutons pour choisir un descriptif audio dans la langue de votre choix."

Elle les laissa sur ses entrefaites, repartant d’un pas tranquille. Le musée était encore peu fréquenté, à cette heure, dirait-on. Rhonn laissa les deux autres et leur garde du corps vadrouiller dans la pièce et observer les objets. Peut-être aurait-il dû accompagner Haman, plutôt… Perdu dans ses pensées, il se mit à méditer tout en marchant et en observant les différentes œuvres. Dans cette salle puis dans le reste du musée… Il finit par s’interroger vite, néanmoins, en voyant le temps et la passion que l’amiral accordait à chaque pièce. De temps en temps, il lui posait quelques questions, voulant être parfaitement sûr d’identifier le peuple représenté dans tel et tel espace du musée. Les minutes défilèrent, puis les heures… Puis cela allait, plus Rhonn se demandait si le jeune Humain n’allait pas piquer du nez, en s’asseyant dans un coin. L’ermite, intrigué, observa un moment l’amiral, posté plus loin près d’une vitrine, plongeant le nez vers une assiette creuse couverte de motifs… Puis il revint à la hauteur du lieutenant, avec un léger signe de tête en direction de son ami.

"Ça lui prend souvent ?"

"Oui, à la première occasion… On en a pour la journée. Voire la nuit, si ça reste ouvert."

"Oh… Non, je pense que ça doit fermer. Soit, j’irai nous chercher des sandwichs, tout à l’heure."

La guide revint les trouver, pour annoncer tout d’abord que le directeur du musée refusait de vendre, prêter ou donner des pièces du musée à des particuliers. Les prêts ne se pouvaient se faire qu’avec des associations, d’autres musées ou lors de découvertes scolaires. Elle ajouta ensuite qu’ils n’avaient malheureusement pas d’exemples, sous la main, de productions réalisées par les Golswar. Elle leur souhaita de nouveau une bonne visite puis repartit.

"Dommage, mais prévisible. Je vais aller prendre de quoi déjeuner."

Il avait vu des commerces alimentaires, dans la rue, près du musée. Il faudra simplement sortir le temps de déjeuner ou aller dans la cour intérieure, comme d’autres. S’ils en étaient là jusqu’à ce soir, après tout, il était temps de reprendre des forces.

Haman leur proposant de les conduire au musée, Thrawn se leva pour le suivre, au côté d'Eli et Rhonn, suivit par Rukh. Tout en marchant vers le bâtiment, il étudia un peu les maisons de la cité, l'agencement de celle-ci, qui en révèle toujours un peu sur ceux qui l'ont construit et y habitent. Puis, il s'arrêta devant la grande statue, qu'il reconnu comme identique à celle présente dans les holo-image rapportées par Eli et Lorana, bien que la tête soit en place ici.

"Qui est-ce ?" Questionna Eli.

"Un ami du clan, il y a un peu plus de trois milles ans, qui avait aidé notre peuple à faire face à des difficultés extérieures." Répondit Rhonn.

"Etait avant, pendant ou après le conflit dans les Régions Intérieures ?" Voulu savoir le grand amiral, parlant du conflit entre les sith et les jedi, auquel le peuple chiss participa, tout en préservant la sécurité de ses propres frontières.

Le temps que Rhonn puisse répondre, Haman les rejoignit pour les saluer, avant de repartir pour son travail.

La réceptionniste du musée, qui servait aussi de guide, les conduisit ensuite au dernier étage, dans une pièce intéressante par sa disposition. Sur le chemin, le chiss avait pris l'ysalamiri dans ses bras et le caressait distraitement en étudiant les quelques oeuvres disposées ici.

"Les Brical sont un peuple insectoïde encore primitif, évoluant et agissant comme des animaux," expliqua la guide, sans se départir de son sourire. "Cependant, les observations menées sur leurs lieux de vie et structure montrent un esprit collectif très organisé et structuré. Voici le peu que nous avons récupérer, de leurs œuvres. Nous n’avons pas d’artefacts appartenant au peuple Golswar, en revanche, nous pourrions chercher des exemples des commandes réalisées pour leurs clients, si vous souhaitez les observer. Quant à acheter certaines pièces, je dois tout d’abord en parler avec le conservateur. Je reviendrai vers vous, en attendant, vous pouvez faire le tour du musée comme vous l’entendez. Vous pouvez utiliser ces petits boutons pour choisir un descriptif audio dans la langue de votre choix."

"Je vous remercie, madame. Je vais refuser votre offre, toutefois. Des commandes personnelles sont moins instructives que des oeuvres faites pour eux."

Thrawn la remercia de son aide, pour se consacrer à l'étude minutieuse des objets. Après plusieurs minutes, il donna quelques indications pour Eli, tâchant à sa manière habituelle de lui faire comprendre le caractère agressif des Brical, et l'importance que ce type de comportement a pour eux. Si cela surprit Rhonn, Thrawn n'expliqua en rien comment il pouvait le voir. Il le voyait, c'est tout, et savait bien que els autres ne pouvaient comprendre.

Ayant vu, après une heure, tout ce qu'il y avait à voir dans la pièce, et prit quelques holophotos pour ses archives personnelles, il se décida à visiter le reste du musée. Le chiss prenait son temps, tranquillement. Après tout, leur petite expédition pourrait aussi tomber sur des membres de ces espèces. Par moment, il posait certaines questions à Rhonn, s'il connaissait les races concernées et pouvait l'aider à confirmer certaines hypothèses. A d'autres moments, il déposait une petite énigme pour Eli, et pour Rhonn aussi. Il est toujours bon de garder son esprit alerte et de travailler son sens de l'observation et de l'analyse. Il utilisait aussi les descriptifs audios mais toujours après avoir étudier les oeuvres, comme pour recceuillir quelques informations de plus et confirmer certains détails.

La guide revint, pour expliquer que le directeur refusait de vendre quoi que ce soit. Il n'acceptait même de ne "prêter" que pour des associations ou des musées et oeuvres scolaires.

"Dommage, mais prévisible. Je vais aller prendre de quoi déjeuner."

"Oui, on peut voir en effet combien les habitants de ce monde aime à préserver leurs possessions. Nous vous attendrons dans la cour centrale, Rhonn."

Pendant que l'ermite s'éloigna vers la sortie, Thrawn passa dans la pièce suivante mais y resta peu de temps, comparée aux autres pièces. Il se contenta, en explication pour Eli, de lui montrer l'uniforme exposé, il était similaire à celui d'un certain lieutenant représenté dans une fresque, tout en disant.

"Il n'y a rien à apprendre ici, sur ce qui nous attend. Même si certains musées de l'Ascendance donneraient chers pour avoir certains de ces objets."

Après quelques holophotos, le chiss sortit pour aller dans la cour intérieure du musée, qui ressemblait à un petit jardin, avec des bancs et une fontaine naturelle en apparence. Un endroit calme où l'on peut discuter d'art en toute tranquillité. Il choisit un endroit qui semblait moins fréquenté que d'autres et y attendit le retour de Rhonn, prenant la part qui lui fu tendue sans hésiter.

"Vous savez, c'est toujours agréable de pouvoir découvrir ce genre d'oeuvres. C'est une plaisir que mon métier ne me permet de faire que rarement maintenant. Et même trouver du temps visiter simplement des lieux et des vaisseaux devient presque difficile à trouver. La dernière fois que j'ai pu le faire, c'était sur un vaisseau qui servait de laboratoire à un savant fou. Un vrai, pas un de roman. Pensez donc : c'est celui qui a conçu le virus pandémique. Eli fut même son prisonnier, heureusement brièvement avant que mes hommes ne le libèrent, et capturent le savant fou à l'occasion," disait Thrawn distraitement, tout en mangeant et en regardant la fontaine. "C'était un sith qui connaissait une méthode pour posséder les corps des autres. Je ne pouvais prendre le risque de le confier à celui que je servais alors, car il y avait un risque fort qu'il ne prenne les bonnes mesures pour le garder en détention, aussi l'ai-je confié à l'Ascendance, qui avait des raisons de le garder en prison vu que notre peuple fut victime aussi de son virus."

thrawn termina son sandwich, tranquillement, comme si c'était une conversation banale.

"Il y a plusieurs mois de cela, avant la crise actuelle, on m'informa qu'il était mort. Je me suis douté qu'il y avait plus de chance que les mesures de précautions que j'avais conseillé n'ont pas été respectée et que le sith fou ait pu s'évader, en changeant de corps une nouvelle fois, certainement celui d'un chiss."

Thrawn tourna la tête vers Rhonn, sa voix devenant subitement moins anodine et plus sérieuse.

"Il s'appelait Plagueis."

Il n'en dit pas plus. La demande d'explication était implicite, et la légère froideur signalait que le chiss n'accepterait pas d'excuse du genre "je ne peux rien dire".

"Oui, on peut voir en effet combien les habitants de ce monde aiment à préserver leurs possessions. Nous vous attendrons dans la cour centrale, Rhonn."

Il lui adressa un léger signe de tête pour dire merci, avançant presque automatiquement vers la pièce suivante. La toute première, il ne s’était pas méfié… Grossière erreur… Les fois suivantes, comme ici, il s’était fait aussitôt une raison. Même si on pouvait y apprendre des choses et qu’il y avait parfois de de quoi s’amuser, ça devenait vite lassant, très long, trop long, de quoi vous assommer un seul instant. Il en avait parlé une fois à Vah’nya, au détour d’une conversation. L’amirale les avait surpris, avait légèrement soupiré puis ajouté qu’elle n’avait commise cette erreur-là qu’une seule fois. Dans la nouvelle pièce, cette fois, étaient exposées les objets ramenés de l’Ascendance… Donc ils les avaient tout de même gardés… En ne repérant rien en ville, Eli s’était dit qu’ils s’étaient débarrassés de tout. Il hocha simplement la tête à l’uniforme que pointa Thrawn, l’ayant déjà reconnu. C’était celui de leur « ami » des ruines. Donc ça voulait dire qu’un des autres militaires représentés avait survécu à l’attaque et avait suivi les autres jusqu’ici.

"Il n'y a rien à apprendre ici, sur ce qui nous attend. Même si certains musées de l'Ascendance donneraient chers pour avoir certains de ces objets."

Il eut un très maigre sourire, se doutant que pou aucun prix, même s’il y avait une prise de contact, ce peuple n’accepterait de vendre quoi que ce soit aux Chiss. Ils pourraient sans doute y offrir la valeur de leur planète que ça n’y changerait rien. Il attendit que Thrawn puisse prendre les clichés qu’il voulait, puis ils se rendirent dans la cour extérieure, centrale. Quelques autres visiteurs s’y étaient installés aussi, la plupart en famille, de plus rares seuls. Une bonne partie était « humaine », les autres appartenaient à des peuples qu’il ne saurait pas identifier. Il n’en vit qu’un qui avait réellement les yeux d’un Chiss, avec la peau très pâle, mais il passa très vite, pour retourner à l’intérieur. Rhonn revint assez vite, avec ce qu’il avait trouvé pour déjeuner. Rukh se tenait toujours en bonne place, surveillant les allées et venues. Quoi que personne ne leur prêtait attention.

Ce fut le moment que choisit Thrawn pour reprendre le sujet Plagueis. Le Sith fou s’était évadé il y a longtemps et l’était resté longtemps également… Il aurait pu avoir l’occasion de se balader à peu près n’importe où, dans le Chaos. Et d’y faire tout ce qu’il voulait… Mais est-ce que Rhonn allait leur répondre malgré tout… Il y avait, en tout cas, forcément un des membres de sa famille qui avait croisé ce Sith, tôt ou tard, pour qu’il en connaisse le nom. Restait à savoir comment ça s’était passé et comment ils avaient fait pour que rien de trop grave ne se passe. Enfin, rien de trop grave, il n’en savait rien, il ne faisait que le supposer… Parce que Haman en avait parlé d’un ton… Comment dire… Comme d’un ennui conséquent, mais sans terreur ou dégoût. Il se contenta d’attendre, sans rien dire. Songeant que toute une vie ne sera sans doute pas suffisante pour découvrir tout ce que ce taré avait bien pu accomplir, comme horreurs, le temps qu’il s’était promené libre dans le Chaos.

Brève pause… Reenz aussi était venu ici et lui avait raconté que ce jardin servait de lieu de rencontre et de déjeuner même pour ceux ne venant pas forcément visiter. Un petit accès, sous un tunnel de pierre, permettait aux visiteurs de venir s’y installer sans passer par les entrées du musée. Il s’assit dans l’herbe, après avoir tendus des sandwichs au trois autres. Rukh mangeait la même chose qu’eux… ? Il ne s’en plaint pas, en tout cas. Curieuse espèce… Mais il existait tant d’espèces différentes, à travers la galaxie… Le militaire enchaîna la conversation sur un ton distrait, alors que Rhonn avait un mauvais pressentiment. Comptait-il lui reprocher quelque chose ? Il se mit à discuter sur le savant fou créateur de la pandémie, ayant également touché les leurs… Oh joie… Rhonn retint de justesse un soupir, n’ayant pas la moindre envie d’aborder ce type de sujets, d’autant plus dans un endroit pareil. Il savait que ce type pouvait en contrôler d’autres… Ou les contrôler sans voler leurs corps… Il y en avait un, ici, que beaucoup regrettaient de ne pas avoir liquidé, tant qu’il était encore temps…

"Il y a plusieurs mois de cela, avant la crise actuelle, on m'informa qu'il était mort. Je me suis douté qu'il y avait plus de chance que les mesures de précautions que j'avais conseillé n'ont pas été respectée et que le sith fou ait pu s'évader, en changeant de corps une nouvelle fois, certainement celui d'un chiss. Il s'appelait Plagueis."

Il ne comptait pas lâcher l’affaire, c’est ça… ? Ils étaient sur l’une des rares planètes à peu près calmes de ces régions galactiques, sans ennemis immédiats à proximité, au sein d’un lieu destiné à la culture et au repos, et lui tenait à parler d’un dingue, à propos d’une histoire pourtant passée depuis longtemps ? Les militaires… Il ne pourra pas apprendre où ce type s’était enfui, la seule certitude, c’est qu’il était loin. Aucun effort n’avait permis de retracer son aura puante sur les autres planètes du secteur. Les recherches s’en étaient tenues là, aucune personne, sur ce monde, n’avait voulu engager une traque plus loin encore, complètement à l’aveuglette. Le Chaos était immense, comment retrouver une personne là-dedans sans disposer de dons particuliers facilitant cette traque ? L’aura immonde ce et être infect, telle qu’on lui avait décrite, n’était néanmoins pas assez imposante pour la capter de loin, dans la Grande Présence.

"N’espérez aucune piste pour le retrouver à partir de ce monde. Ils ont essayé mais il est parti depuis longtemps."

Son bref passage sur ce monde n’avait pu qu’être repéré immédiatement. Avec le corps qu’il avait volé et celui qui l’accompagnait… De quoi alerter immédiatement celles et ceux surveillant leur monde. Sans compter que cette aura particulière avait aussitôt attiré l’attention de ceux pouvant la sentir. Néanmoins, tout ça était passé et il ne voyait pas pourquoi l’amiral venait sur ce sujet. A quoi bon ? Ce sale type avait disparu, de toute façon. Parti on ne savait où, pour réaliser on ne savait quoi… Enfin, ils étaient nombreux à le soupçonner d’avoir un lien avec les problèmes actuels. Mais personne n’avait la moindre preuve.

"Il n’a fait qu’un bref passage ici," reprit-il en sentant que le soldat risquait de le cuisiner, s’il ne lui donnait pas quelques détails. "Il avait le corps d’un des nôtres et était accompagné par le pilote, dont la Flotte de Défense avait alerté sur la soudaine disparition. C’est sur lui que Ryan est tombé en premier. Il a raconté qu’il était dans un état second, comme drogué, qu’il avait la langue tranchée. Avec d’autres marques de… Disons, d’expériences. Plagueis est reparti avec lui, le combat a tourné court. Nous n’avons pas signalé à la Flotte ce qu’était devenu ce pilote, pour ne pas compromettre les habitants de cette planète. Ryan est surtout navré de ne pas l’avoir achevé directement."

Lui aussi espérait vivement que ce pilote soit mort. Mieux valait ça que rester des mois ou des années en compagnie de ce fou. Lorsque Reenz était revenu avec cette histoire, ils s’étaient réunis en famille, dans l’Ascendance, pour en discuter. Ils avaient cherché à savoir qui était l’homme que cet être avait possédé, parmi les personnes disparues de l’Ascendance. Il y en avait toujours, après tout, dont la plupart se perdaient lors d’expéditions à la surface de Csilla ou lors de simples randonnées, sur d’autres planètes. Sans photo, avec une simple description, ils n’avaient pu encore mettre un nom sur la victime.

"N’espérez aucune piste pour le retrouver à partir de ce monde. Ils ont essayé mais il est parti depuis longtemps. Il n’a fait qu’un bref passage ici. Il avait le corps d’un des nôtres et était accompagné par le pilote, dont la Flotte de Défense avait alerté sur la soudaine disparition. C’est sur lui que Ryan est tombé en premier. Il a raconté qu’il était dans un état second, comme drogué, qu’il avait la langue tranchée. Avec d’autres marques de… Disons, d’expériences. Plagueis est reparti avec lui, le combat a tourné court. Nous n’avons pas signalé à la Flotte ce qu’était devenu ce pilote, pour ne pas compromettre les habitants de cette planète. Ryan est surtout navré de ne pas l’avoir achevé directement."

Donc il y avait, parmi les habitants de ce monde, un homme capable de combattre un Sith s’il s’en présentait un et qui n’avait pas hésité à foncer sur celui-ci, malgré son aura... La même question se posait, qui avait entraîné ce type ? Un fantôme aussi ou bien il y avait-il, sur la planète, une autre personne capable de prendre en charge les individus sensibles ? Ici ou ailleurs, sur un autre monde ? Après, est-ce que ce pauvre pilote aurait encore pu être soigné, c’était une autre question… Tout dépendait de ce qu’il avait subi, entre les mains du fou. Mais il aurait fallu tenter ! Ce serait le minimum, tout de même. Pourvu qu’aujourd’hui, lui aussi soit mort et pas laissé quelque part à l’abandon, l’esprit brisé…

"Je comprends très bien cela. J'ai pu, une fois, le faire. Mais je ne traque pas Plagueis, je cherche surtout à découvrir les endroits où il s'est rendu. De fait, il est -au moins actuellement- mort. Une source fiable me l'a assuré. C'est d'ailleurs lui qui est à l'origine de ce qui trouble la Grande Présence. Même mort, il faut qu'il continue à empoisonner la vie des gens. Mais si jamais il reprend contact ou même ne fait que passer, s'il est recraché par une de ces Failles, je vous remercie d'avance de me le faire savoir. Bien, je vais retourner visiter ce musée. Il est très instructif."

Même mort, oui… Eli retint un soupir, terminant vite fait de boire avant de se relever. Tout l’après-midi restant fut consacré au musée, jusqu’à l’heure de fermeture… Il en avait la tête pleine, en rentrant sur le vaisseau de l’amirale. Première des choses, faire un rapport oral. A peine avait-il prononcé les mots « Nous avons fini dans un musée » que l’amirale avait levé les yeux au ciel, soupirant elle aussi, puis fait un vague signe de la main, pour faire passer cette partie-là. Il parla surtout de cette planète et de ses habitants, en particulier. Ils ne semblaient pas présenter une quelconque menace, pour l’Ascendance… Du moins, de son point de vue. Ils n’avaient pas une grande armée, les communautés vivaient en se côtoyant sans trop de heurts et étaient repliées sur elle-même, loin des troubles galactiques. De ce côté-là, tout allait bien, finalement, il n’y avait pas de raison de s’inquiéter.

Mentionner le sort du pilote fut déjà plus délicat. Il avait dû subir des horreurs, entre les mains de Plagueis… L’amirale également marmonna qu’elle aurait préféré que cet homme soit tué, s’il n’était alors pas possible de le capturer. Son sort définitif demeurait inconnu, néanmoins… Personne ne savait où Plagueis avait été tué et donc ce qu’il était advenu de sa victime, à ce moment-là. Cependant, s’il avait eu l’esprit détruire par le fou, comment espérer qu’il ait survécu, une fois seul et perdu ? Les recherches allaient se poursuivre, jusqu’à soit avoir la chance de le retrouver, soit avoir la certitude de son décès. Quant à celui dont Plagueis avait pris le corps, son identité n’était pas encore confirmée. Bien que des pites actuelles eussent besoin d’être explorées plus en profondeur.

Dès le lendemain, Eli appris avec une certaine surprise qu’un guide s‘était déjà déclaré et qu’il s’agissait du type ayant foncé combattre Plagueis. Le seul « assez idiot pour partir avec vous », selon le message d’Haman. Charmant… Bon, au moins, ça avait été très rapide… Il ne devrait sans doute pas s’étonner que ce soit ce gars-là qui se soit manifesté. Qui s’amusait à se jeter seul sur Plagueis pour le combattre ne devrait pas être bien gêné à l’idée de partir à l’encontre d’un peuple de marchands rongé par le côté obscur…

Ryan :

Spoiler:

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Il n’avait pas dormi de la nuit, trop occupé à parler, d’abord avec Haman et sa famille, ensuite, avec Ryan venu les rejoindre. Ce matin, c’était avec la petite navette de ce dernier qu’ils étaient censés repartir vers l’immense vaisseau militaire. Au moins, sa présence ne choquait pas son cousin, pas plus que celle du vaisseau Chiss, lorsqu’il l’avait apprise. Il devait bien être le seul, ici, Haman aurait protesté vivement… Il était tôt et ils s’apprêtaient à partir. Haman s’était chargé d’envoyer le message, comme quoi il avait déjà trouvé un guide. Un guide qui finissait de charger un sac dans sa navette, des armes et aussi de quoi réparer la navette, au cas où. Même s’il devait grimper sur un vaisseau parfaitement armé, il préférait ne jamais partir sans ce minimum, visiblement. Comme ce long bâton électrique, porté dans le dos avec un léger harnais. Rhonn y jeta un œil, en grimpant avec lui, alors que la rampe se refermait en grinçant légèrement.

"C’est ce que tu as utilisé, pour combattre le fou ?"

"Non, surtout mes pouvoirs, il avait un sabre. Sinon, les gars là-haut, ils vont se détendre du premier coup ou il faudra rester muet et sans mouvements brusques, le temps que ça aille mieux ?"

"Je n’en sais rien… Je ne pense pas qu’ils aient confiance d’emblée. Ils ne te connaissent pas et ne t’ont pas vu non plus travailler."

"Il y a des moments où il n’y a pas le choix, comme dit dans la guilde. On verra bien… Assis-toi donc. Tu leur as dit, pour le gamin qui était avec le possédé ?"

"Oui…"

"J’aurai eu juste le temps de lui briser la nuque, avant que le malade débarque," grinça Ryan en secouant la tête, puis en mettant les gaz. "Ou de lui coller un tir dans la tête, peu importe, tant que c’était rapide."

"Il y en aurait sans doute eu pour te reprocher de l’avoir tué, malgré les circonstances. Pas certains soldats, mais parmi les politiciens…"

Ryan haussa les épaules, avec une légère moue. Pour ce qu’il en pensait, des politiciens… Le trajet jusqu’au vaisseau militaire fut rapide et en le voyant de plus près, son acolyte eut un sourire appréciateur, déclarant que ça sera parfait, pour voyager dans ces douces contrées. Il faut dire que lui avait pris l’habitude non seulement de voyager seul mais aussi avec cette seule navette, à peine armée. La prudence, chez certains, n’était rien d’autre qu’un vague concept abstrait… A leur arrivée, Ryan débuta par réflexe un salut à la manière de leur monde puis stoppa en plein milieu, avant de plutôt tendre la main à l’amiral, visiblement peu certain de comment on saluait, ici. Ce n’était pas si important, aux yeux de Rhonn, le contexte était très particulier et ils n’imposaient pas de longues cérémonies aux non-Chiss. Son cousin avait beau avoir les yeux d’un beau rouge sang, il n’était pas considéré comme tel. Bien qu’il soit pourtant le seul de la communauté à avoir un ancêtre Chiss beaucoup plus proche que tous les autres.

"Ravi de vous rencontrer," lança-t-il dans un Cheuhn actuel et impeccable, contrairement à Haman. "Donc c’est vous, le second exilé ? Je me nomme Ryan et je suis le seul assez idiot pour avoir accepté de venir. Le trajet devrait durer un peu moins d’une semaine, si tout va bien et s’il n’y a pas d’ennuis en cours de route."

Rhonn leva légèrement les yeux au ciel, sur le côté, soupir aux lèvres. Tu parles d’une entrée en matière…

Thrawn était présent dans la baie d'accostage où devait arriver leur second guide, accompagné du premier. C'était celle réservée à son usage personnel, où a des invités de maque tel un autre grand amiral, un moff ou quelqu'un de plus haut grade, enfin avant qu'il ait été forcé de se mutiner. Il n'y avait maintenant plus tellement de monde pour ce genre de chose protocolaire. Et bien sur, le chiss n'avait pas précisé cela à Rhonn, pour éviter de l'embarrasser.

Quand le duo descendit de la navette "rustique" de Thrawn, il nota que les yeux du nouveau venu était un peu plus "chiss" que ceux de Haman, plus intense. Comme s'il était plus "proche" que les autres. Ce qui était possible, si d'autres comme Rhonn gardait un contact avec cette communauté exilé volontairement.

"Ravi de vous rencontrer. Donc c’est vous, le second exilé ? Je me nomme Ryan et je suis le seul assez idiot pour avoir accepté de venir. Le trajet devrait durer un peu moins d’une semaine, si tout va bien et s’il n’y a pas d’ennuis en cours de route."

"Je suis Thrawn, en effet exilé et grand amiral dans la galaxie intérieure," dit-il avec un léger sourire amusé, serrant la main qu'on lui tendit. Le protocole a son importance et le chiss savait le respecter, mais il n'en appréciait pas moins son absence car il trouvait celui de son peuple assez lourd, et ce avant même son exil. "Quand j'étais capitaine de la Flotte de Défense et d'Expansion, j'ai eu affaire à la guilde des navigateurs. J'ai donc une bonne idée de la façon dont on voyage avec un navigateur connecté à la Grande Présence. J'ai d'ailleurs fait préparer un post de pilotage à votre intention, dont je vous en expliquerais les commandes. Pour vos phases de repos, vous partagerez els quartiers de Rhonn, qui sont proches de la passerelle. Et je tâcherais d'être présent pendant vos quart, si vous ne savez pas parler Sy Bisti."

Après cet accueil cordial, le grand amiral conduisit Ryan sur la passerelle et lui expliqua les commandes du grand vaisseau, ce qui prit une bonne demi-heure pour s'assurer qu'il comprenne bien les commandes et les mots inscrits, en basic hélas. Il confia à Ryan un datapad, celui utilisé par les officiers et soldats FID désireux d'apprendre le Sy Bisti et le minissiat et leur servant de dictionnaire avec le basic. S'ils parlent l'une ou l'autre de ces langues, ils pourront l'utiliser pour discuter avec le personnel humain.




Le voyage, au final, dura le temps estimé par leur guide-pilote. Le Chimaera -et le Steadfast qui le suivait comme son ombre- n'eut aucune mauvaise rencontre. Probablement que les peuples croisés aient été intimidé par la taille du destroyer, par ces nombreuses batteries visibles, ou bien qu'ils n'aient pas estimé avoir les effectifs nécessaires pour le vaincre. Le principal fut que rien ne retarda le voyage et les deux vaisseaux purent atteindre leur destination.

Thrawn obtint rapidement une conversation, à trois, avec un responsable Gloswar et l'amiral Ar'alani. Ils furent autorisés à descendre à terre. Thrawn fit donc réunir une petite équipe de sécurité, dont Rhonn et Ryan purent participer s'ils le désiraient, se doutant que son amie viendrait avec Eli de son côté.

L'accueil de ce peuple insectoïde fut simple mais respectueux, avec en outre la surprise qu'ils aient un enfant chiss avec eu, un jeune que le grand amiral identifia immédiatement grâce au bracelet qu'il portait, et qu'il avait vu au poignet du capitaine Fel. Il remercia son interlocuteur, confirmant que le jeune Nuru était avec eux, en minissiat que parlent les Golswar. Puis, quand le jeune chiss arriva à leur hauteur, il changea de langue pour s'exprimer en basique.

"Je suis Thrawn," lui dit-il avant de présenter les autres personnes importantes présentes. "Je comprend que tu sois perturbé, jeune Nuru, et nous t'expliqueront ce qui t'es arrivé. En attendant, puis-je te demander de rester au côté du lieutenant Eli'van'to ?"

Il se tourna ensuite vers le négociant Golswar, reprenant dans la langue utilisée pour discuter avec eux, faisant signe à un soldat en armure blanche de porter le jeune chiss pour qu'il soit amené à Eli. Thrawn estimait qu'il serait plus à l'aise avec lui qu'avec des chiss ou les deux stormtroopers qui l'accompagnent ou Rukh.

"Nous sommes venus à vous pour acheter des informations. Cela fait-il parti des choses disponible à la vente au sein de votre peuple ? Avez vous des restrictions, si c'est le cas, en la matière ?"

Secoué de petits tremblements… Nuru ouvrit péniblement les yeux. Il ne vit pas grand-chose, d’abord, c’était très flou… Allongé sur le côté, recroquevillé, sous une couverture, des tous petits tubes dans le nez… Il se sentait très mal et affaibli… Où était son maître… Il bougea comme il put, réalisant lentement qu’il était dans une sorte de… Un… Un berceau ? Quoi… ? On dirait vraiment un berceau ! Où était-il… Il n’arrivait pas à se relever… D’un seul coup, il y eut du mouvement, par-dessus le rebord du berceau et un, un, un… Un être insectoïde terrifiant le regardait… Nuru déglutit, se croyant kidnappé, persuadé que ce truc allait vouloir le dévorer. Il essaya vainement de bouger, puis réalisa à ce moment-là que le truc au-dessus de lui tendait… une peluche.

« Ka’las vora ? »

Hein… ? Il prit la peluche sans réfléchir, du bout des doigts, puis l’être insectoïde fit toute une série de sons en cliquetis, avant de s’en aller. Que, quoi ?! Il regarda le doudou, fait avec des tissus colorés, sans plus rien comprendre à sa vie. Où était maître Skaa ?! Où était-il lui-même ?! Il laissa retomber la tête contre le matelas sous lui, sa vue s’adaptant lentement, alors que la fatigue l’écrasait comme un étau. Au-dessus de tête, un plafond étrange, fait avec une matière qu’il ne reconnaissait pas. Quelques tuyaux en plus, des lumières… Il finit par prendre conscience qu’il était dans une grande salle, remplie de beaucoup d’autres couffins, d’où s’échappaient d’autres cliquetis et bruits.

D’autres êtres, comme celui qui s’était penché sur lui, passaient de l’un à l’autre des berceaux. Ça devait être un cauchemar… Il parvint à tirer sur les fils dans le nez, après de longues minutes à batailler, quasiment incapable de bouger. La Force répondait si mal… Il finit par devoir laisser tomber toute tentative d’autres mouvements, sa tête lui tournait bien trop. Il ne s’écoula qu’une dizaine de minutes avant que l’être ne revienne, avec des cliquetis joyeux, pour venir l’examiner. Incapable de se défendre, Nuru fut contraint de se laisser manipuler, réalisant vite que ce truc ne semblait pas lui vouloir le moindre mal. C’était… déjà une bonne nouvelle… Mais impossible de comprendre comment il avait bien pu arriver ici…

Les jours suivants furent très pénibles… Moralement et physiquement. Ce peuple d’insectes s’occupait de lui, dans cette sorte de nurseries, avec bienveillance, bien qu’il ne comprît pas du tout pourquoi. Il ne connaissait pas leur langue et eux semblaient partir du principe que toutes les paroles qu’il tentait étaient des gazouillis de bébé, réagissant à chaque fois en voulant jouer avec lui. Il finit par laisser tomber, essayant de se résigner. Dès que ça ira mieux, physiquement parlant, il devra tout tenter pour sortir d’ici… Et retrouver son maître… Et comprendre ce qui avait bien pu se passer… Juguler la peur était difficile, quand bien même il voyait que ce peuple ne lui voulait pas de mal…

Ce fut un de ces jours sans fin qu’un, ou une, il ne savait pas trop, nourrice de la nurserie vint tout à coup l’envelopper à moitié dans une couverture puis le soulever dans ses bras. Qu’est-ce que… Il grimaça légèrement lorsqu’il ou elle sortit avec lui, à cause de la lumière soudaine, tant celle où il avait passé tout son temps était tamisée. Toujours amaigri et affaibli, il ne pouvait pas sauter à terre et courir. Le trajet fut court, jusqu’à arriver à des… Trop dans les vapes pour exprimer la moindre surprise, le choc était pourtant bien présent. Il… Il n’avait jamais vu qui que ce soit lui ressemblant physiquement… Il était sûr de n’avoir jamais vu cet homme, ni tous les autres ! La nourrice l’aida à se tenir debout, quoi qu’avec difficulté.

« Je comprends que tu sois perturbé, jeune Nuru, et nous t'expliqueront ce qui t'es arrivé. En attendant, puis-je te demander de rester au côté du lieutenant Eli'van'to ? »

D’où… D’où il connaissait son nom… Un type en armure vint le prendre, puis le fourra contre un autre homme, humain, lui. Même s’il ne connaissait pas non plus, retrouver un humain le rassura un peu. Lieutenant, donc… Mais dire « Perturbé », le mot était si faible… Il passa les bras autour de la taille du soldat puis fourra la tête contre lui, en tremblant de tous ses membres, comme s’il s’agissait du dernier appui possible avant de mourir.

Il y avait certaines personnes, lorsqu’on partait en missions avec elles, vous incitant à vous attendre à tout. Mais là, il n’aurait pu imaginer que ça puisse arriver, encore plus dans un endroit pareil ! Eli avait déjà brièvement rencontré le petit, quoi qu’il était alors plus âgé, le retrouver ici et dans un état pareil… Depuis quand était-il ici ?! Il avait l’air vraiment… Il réceptionna le petit avec appréhension, voulant voir s’il était blessé et où, mais n’en eut pas le temps. Le petit se fourra aussitôt contre lui, l’encerclant de ses bras, en tremblant de tous ses membres. Moh… Eli se pencha aussitôt pour lui rendre son câlin et le rassurer. Des dizaines de questions se pressaient en lui mais là, ce n’était vraiment pas le moment de les poser… Le capitaine Golswar les invitait à le suivre, déjà. Bon…

"Ne t’inquiète pas," murmura-t-il.

Il doutait que le petit puisse les suivre longtemps, dans cet état… Il passa donc un bras dans son dos, l’autre sous ses jambes, pour le soulever dans ses bras et le porter ainsi. Comme il le faisait avec ses propres fils, finalement. Nuru tremblait si fort… On les emmena dans une sorte de salle de réunion, au milieu d’une certaine agitation globale, à laquelle il ne prêta, cette fois, pas une grande attention. Occupé à s’assurer que le petit n’ait pas mal et le moins peur possible. Le pauvre devait être complètement perdu… Eli doutait que que quiconque lui ait parlé des failles, ici… Ce n’est qu’une fois assis qu’il le cala plus confortablement contre lui, en l’entourant de ses bras, une main à lui caresser doucement les cheveux pour le rassurer. Le capitaine les fixaient, tour à tour, puis finit par s’arrêter spécifiquement sur les Chiss présents. Ses gros yeux tout à coup plissés.

"De quelle espèce êtes-vous ? Aucun commerce avant…"

Cette ignorance était réciproque… Sur le Steadfast, aucun des officiers à qui il avait pu en parler ne connaissait ce peuple. Le lieutenant avait passé une partie du voyage à fouiller les archives et diverses données, dans l’espoir d’y trouver quoi que ce soit, ne serait-ce que sur ce système, mais rien… Visiblement, l’Ascendance n’avait jamais rien eu à faire de ce côté du Chaos ou dans de telles profondeurs… Ni guerre, ni commerce, ni recherches d’informations, rien. Pas la peine de se demander pourquoi le peuple de Rhonn s’était installé dans ce type de contrées. Il demeura silencieux, se contentant d’observer et écouter, tout en câlinant le petit garçon, installé sur ses genoux. Une situation complètement improbable, mais bon… Avec certains, l’habitude était là depuis longtemps.

« Je suis Thrawn, en effet exilé et grand amiral dans la galaxie intérieure. Quand j'étais capitaine de la Flotte de Défense et d'Expansion, j'ai eu affaire à la guilde des navigateurs. J'ai donc une bonne idée de la façon dont on voyage avec un navigateur connecté à la Grande Présence. J'ai d'ailleurs fait préparer un poste de pilotage à votre intention, dont je vous en expliquerais les commandes. Pour vos phases de repos, vous partagerez les quartiers de Rhonn, qui sont proches de la passerelle. Et je tâcherais d'être présent pendant vos quarts, si vous ne savez pas parler Sy Bisti. »

« Merci ! »

Il était agréablement surpris que ce gars accepte directement de le laisser piloter, alors qu’il n’avait même pas pu lui parler de son travail passé à la Guilde. Ça sera bien plus pratique que d’indiquer à chaque fois où faire les petits sauts et surtout, plus rapide. Il le suivit vers la passerelle, à la fois curieux et très gêné, car la Grande Présence manquait… Cela dit, la curiosité l’emporta assez vite, car il n’avait eu que très rarement l’occasion de piloter des vaisseaux aussi gros. Une fois tout expliqué, il lui donna même un datapad, contenant les langues commerciales qu’ils utilisaient pas mal. Ryan parlait le Minnisiat mais pour le Basic ou le Sy Bisti… Bon, en une pauvre petite semaine, aucune chance d’apprendre autre chose que bonjour, au revoir, merci, comment allez-vous ce matin et où sont les toilettes. Bah, après tout, ce n’était que pour un temps. Il le remercia de son accueil, absolument pas gêné, pour sa part, de se retrouver d’un coup au milieu de soldats. Surtout, ce n’était pas pour très longtemps alors à quoi bon s’en préoccuper.

Le voyage en lui-même fut serein, surtout qu’on le laissait en plus s’entraîner dans un des dojos durant les moments de libre. La bête se pilotait facilement, quoi qu’il la trouvait forcément moins souple que bien d’autres.Par contre, les Humains ici n’étaient pas drôles, une bonne partie l’évitait, comme s’ils n’avaient pas le droit de parler aux étrangers. Ou bien c’était une sorte de snobisme car il n’était pas lui-même un soldat ? Allez savoir ! Au moins, ceux de la passerelle discutaient un peu plus, à l’occasion. Le sixième jour marqua la fin du voyage et l’arrivée dans le système des Golswar. Ce n’est que là que Ryan perdit sa bonne humeur usuelle. Ce n’était pas un système agréable, il était très pesant et pouvait vite devenir dangereux. La Grande Présence était sombre, ici… Il ignorait pourquoi, il semblait que ça avait toujours été ainsi. Le peuple d’insectes géants ne fit, bien sûr, pas de difficultés pour les recevoir. Tout client potentiel était bon à prendre. Cette fois, Ryan, comme Rhonn, tâchèrent de marcher assez à l’écart de l’amiral, pour se tenir prêts à réagir en cas de besoin.

La première surprise, une fois arrivés sur la planète et devant le comité d’accueil mené par un de leurs capitaines, fut de les voir amener, comme un paquet, un petit gamin de l’Ascendance. Que l’homme identifia immédiatement comme sensitif. Oh, bon sang… Le petit fut confié au jeune soldat Humain, alors qu’il échangeait un bref regard avec Rhonn. Se demandant si ce peuple n’aurait pas tenté quelque chose, comme expérience, sur l’enfant… Il semblait aller bien, hormis la fatigue extrême et la peur, visiblement.

« Nous sommes venus à vous pour acheter des informations. Cela fait-il parti des choses disponible à la vente au sein de votre peuple ? Avez vous des restrictions, si c'est le cas, en la matière ? »

« Tout est à vendre, sous conditions, » répondit le capitaine dans un Minnisiat impeccable mais avec une voix très rauque et hachée. « Veuillez nous suivre. »

Les bâtiments ne semblaient avoir aucune logique, tous différents, passant d’ensembles ronds et fins à d’autres très angulaires et pourvus de piques. Le peuple s’activait vivement, à l’extérieur comme à l’intérieur, dirait-on, marchant à la fois sur leurs deux pattes et sur tous leurs membres, lorsqu’ils grimpaient sur les murs. Leur guide les emmena dans une sorte de grande salle légèrement décorée, aussi insensée que tout le reste, où il les invita à s’asseoir autour d’une table déformée. Au moins plate, sur le dessus, équipée d’un ordinateur pour le capitaine.

« De quelle espèce êtes-vous ? » siffla-t-il en s’installant et en fixant les Chiss. « Aucun commerce avant… »

Il avait l’air de connaître l’espèce Humaine, en revanche, car il ne posa aucune question au lieutenant, après l’avoir jaugé du regard. Il resta silencieux, le temps que les soldats répondent puis exposent la raison de leur venue et le type d’informations qu’ils recherchaient. Durant ce temps, Ryan s’occupa de sonder doucement l’enfant, discrètement, cherchant à déterminer s’il pouvait être blessé ou avait été « utilisé » pour certaines choses… Pas grand-chose n’en ressortit, mis à part un état de faiblesse extrême.

« Des informations, nous vendons. Le prix, notre prix, nous voulons un remède… Une épidémie gangrène nos petits. La Grande Préseeeence ne nous permet pas de soigner. Des scientifiques, vous avez ? »

Ryan sourcilla légèrement, puis lança un regard en biais vers Rhonn. Soigner, ça se faisait, mais seule une poignée pouvait guérir facilement grâce à la Grande Présence. Et ces derniers temps, elle était… Toute particulièrement perturbée…

« Pardon, » se permit-il d’intervenir, « vous ne pouvez pas vous en charger à cause de vos facilités naturelles ou à cause des troubles actuels ? Est-ce que cette infection est en lien avec les troubles ? »

« Nous ne négocions pas avec vous, traître. »

« Oh, moi, pour ce que j’en dis, » grinça-t-il. « C’est juste important de le savoir, pour mieux soigner vos petits. »

Rester diplomate, surtout… Rhonn lui avait posé une main sur le bras, assis à côté de lui, en signe d’apaisement. Le capitaine s’était retourné vers les deux amiraux, la voix bien plus grognon.

« Pouvez-vous payer ce priiix ? »

Thrawn avait perçu la légère désapprobation d'Ar'alani dans sa façon cavalière de s'occuper du jeune Nuru mais ce fut bref, car elle savait comme lui qu'Eli était le meilleur choix pour s'occuper du garçon. Ce qu'il prouva d'ailleurs, en portant le petit chiss et le gardant près de lui dans la salle de négociation.

Thrawn avait profité de la petite promenade, bien sur, pour en apprendre davantage sur les Golswar, de même que l'étude de la table, doté d'un unique ordinateur, placé adroitement pour que seul le négociateur local puisse l'utiliser.

"De quelle espèce êtes-vous ? Aucun commerce avant…"

"Tout est négociable, n'est-ce pas ?" Répondit le chiss, avant d'ajouter, "Mais je vais considéré qu'il s'agit du prix pour avoir obtenu cet entretien. Je suis un chiss mais je ne représente pas mon peuple."

Il estimait que cette réponse conviendrait à son interlocuteur, tout en lui signalant explicitement qu'il avait bien compris que tout avait un prix, y compris les réponses que peuvent poser les Golwars. Mais aussi qu'il n'était pas du genre à se laisser intimider ou marcher sur les pieds. Que les "dites nous ce que nous voulons savoir où sinon..." ne marcherons pas sur lui.

« Des informations, nous vendons. Le prix, notre prix, nous voulons un remède… Une épidémie gangrène nos petits. La Grande Préseeeence ne nous permet pas de soigner. Des scientifiques, vous avez ? »

« Pardon, » se permit d’intervenir Ryan, « vous ne pouvez pas vous en charger à cause de vos facilités naturelles ou à cause des troubles actuels ? Est-ce que cette infection est en lien avec les troubles ? »

« Nous ne négocions pas avec vous, traître. »

« Oh, moi, pour ce que j’en dis. C’est juste important de le savoir, pour mieux soigner vos petits. »

« Pouvez-vous payer ce priiix ? »

Thrawn n'avait, comme les autres, rien raté de cet échange, et compris probablement plus qu'Eli. Après tout, l'humain, ne devait pas savoir grand chose de la Guilde des Navigateurs. Mais ce n'était pas le moment d'en discuter avec Ryan. Il y a des informations qui ne se divulguent pas devant des tiers.

"Mon vaisseau dispose d'un hôpital et de personnel compétent. Il est possible, en effet, que l'on puisse vous aider à trouver un remède sur cette épidémie qui menace vos enfants."

Aménager des salles d'analyse sur son vaisseau ne datait pas d'aujourd'hui. Thrawn l'avait déjà fait, jadis, sur le Springhawk. Devenu capitaine, puis amiral, de l'Empire lui avait permis de faire de même. Avec la Pandémie, il avait fait installer un petit laboratoire supplémentaire pour étudier les virus aussi, une menace prenant davantage d'ampleur à cause du muun. Le Chimaera est donc tout à fait à même de découvrir un remède à l'épidémie sévissant sur ce monde.

"Si nous sommes capables d'arriver à un accord sur ce que nous obtenons en échange, bien sur," ajouta le grand amiral, après quelques secondes de silence. "Ce que nous voudrions avoir comme information, c'est la liste de ceux étant venu vous voir et ce qui vous a été commandé récemment."

Il donna une référence temporelle, à l'échelle planétaire locale. Car s'il avait demandé ces informations sur les trois derniers mois, leur interlocuteur n'aurait pas nécessairement compris la même durée temporelle. La leur donner en fonction de la rotation de leur monde est une meilleure façon de le percevoir. Thrawn avait aussi tenu à différencier "client" et "commande", afin de permettre aux Golswars de ne pas les lier, si jamais ils voulaient préserver le secret commercial. Le chiss ignorait encore si ce peuple avait ou non une telle coutume mais comme c'était le cas, généralement, sur les espèces mettant en avant les relations de ce type, c'était plus prudent.

"Ne t’inquiète pas."

Il ne pouvait pas ne… Il eut un léger mouvement de surprise, lorsque le soldat se pencha puis le souleva souplement, pour le porter. Puis s’accrocha doucement à un pan de son uniforme, en se retenant avec peine de poser les milliers de questions lui rongeant l’esprit… Il ne connaissait personne, était très perturbé de se retrouver d’un seul face à des personnes appartenant visiblement à son peuple natal, ne reconnaissait pas le style d’armure des soldats… Le seul autre humain visible, comme il ne savait pas pour ceux en armure, c’était un homme qui avait les yeux d’un rouge perçant, donc peut-être pas si humain que ça…

Tout ce beau monde suivit le peuple insecte dans une sorte de grande salle de réunion, avec de quoi s’installer. Le lieutenant s’assit avec lui puis le cala mieux, avant de le serrer doucement contre lui et lui caresser doucement les cheveux. Nuru se cala du mieux possible contre lui, posant la tête contre ses épaules, le souffle raide mais au moins, il se sentait un peu plus en sécurité dans ses bras. Il ne comprenait pas non plus pourquoi on l’avait emmené avec eux alors que… Enfin, on dirait une réunion et… Il devrait peut-être essayer de s’en aller ? Il bougea légèrement les jambes, la faiblesse ressentie lui rappelant qu’il n’ira sans doute pas très loin.

Ils discutaient mais Nuru ne comprenait pas cette langue. De toute façon, pour ce qu’il pouvait faire en ce moment… A demi-comateux, il tenta de méditer. Difficilement car la nausée le rattrapa à vitesse grand V. Et surtout, il sentit comme une pique… Un sentiment de malaise, un… danger ? Rouvrant vite les yeux, il regarda autour de lui, croisa le regard de l’humain pas vraiment-humain-aux-yeux-rouges, assis à côté d’eux. C’était lui qui était… Il tendit faiblement la main, aussi discrètement que possible, pour attraper un pan de la manche de l’homme et tirer dessus. Pour le prévenir. Mais il avait l’air déjà au courant. Même si Nuru n’avait absolument aucune idée de ce qui se tramait, il avait un mauvais pressentiment.

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Sentir une menace approcher : 4 + malus de 2. Indics mj mises.

« Mon vaisseau dispose d'un hôpital et de personnel compétent. Il est possible, en effet, que l'on puisse vous aider à trouver un remède sur cette épidémie qui menace vos enfants. Si nous sommes capables d'arriver à un accord sur ce que nous obtenons en échange, bien sûr. Ce que nous voudrions avoir comme information, c'est la liste de ceux étant venu vous voir et ce qui vous a été commandé récemment. »

Le capitaine sembla réfléchir, tandis que l’amiral ajoutait une durée plus précise, pour sa demande. Tant qu’ils ne demandaient pas autre chose, comme prix à payer… On aurait pu s’attendre à pire… Mais il faudrait tout de même, si un accord était trouvé, que ce peuple leur donne plus d’indication sur l’origine de cette épidémie, si elle était connue, répondre à plus de questions. Il ferma un instant les yeux, son esprit dérivant avec légèreté dans la Grande Présence, en alerte… Jusqu’à ressentir une approche au loin… Ah, évidemment… Ils ne perdaient jamais beaucoup de temps, ceux-là, ils avaient dû tous se passer le mot pour que ceux le plus proche s’en mêlent… Il rouvrit les yeux, lèvres pincées, puis tourna la tête lorsque le petit garçon, dans les bras de son protecteur du jour, lui tira doucement la main avec un regard inquiet. Eh bien, si ses ex-amis cachaient aussi mal leurs intentions et qu’un enfant puisse le ressentir aussi… Il lui frotta doucement les cheveux avec un sourire se voulant rassurer. Là, tout va bien, ils n’allaient pas débarquer dans les cinq minutes.

« Nous allons délibéreeeer avec tous les capitaines et notre reine, » annonça leur interlocuteur en se levant.

Il leur lança dans la foulée qu’on allait leur apporter de quoi les rafraîchir, s’ils le désiraient, puis quitta la salle avec ses conseillers. Ryan, durant ce temps, tentait d’estimer le temps que ses ex-confrères allaient mettre à arriver mais c’était difficile… Pour ne pas dire impossible. Ils étaient proches, ça oui, mais pas sur le point d’atterrir, à son avis. Oh, bon, soit, ce ne sera pas la première fois. Il avait toujours son arme fétiche avec lui, un blaster sur le côté, ainsi que ses pouvoirs, qu’il ne cessait d’entraîner. Restant assis sans trop faire attention aux autres, il vérifia la charge de son bâton électrique, que son arme plus conventionnelle était à portée de mains, le tout assez détendu. Rhonn, lui, ne l’était pas, ça se ressentait. Ni le petit. Bon, du calme, ils avaient encore un peu de temps et de toute façon, ça ne concernait que lui, bien évidemment. Les Golswar auront même certainement le temps d’achever leurs délibérations et venir entamer la suite des négociations.

« Tu auras besoin d’aide ? » murmura Rhonn, très bas.

« Non, et même si c’était le cas, je te rappelle que tu es toujours soumis aux lois de l’Ascendance, ce combat-là ne te regarde pas. Ils ne sont pas si proches, je pense. Ne t’inquiète pas aussi, petit, » ajouta-t-il un ton plus haut.

Il lui avait parlé en Sy Bisti mais n’était pas certain que le gamin connût cette langue. Sinon, quelqu’un pourrait bien lui traduire ça. Terrible, ça, on ne pouvait jamais faire un seul voyage hyper en paix.

« Moi, je ne le suis pas. Tant que vous travaillez pour moi, vous serez sous ma protection, Ryan, même contre la Guilde des Navigateurs. »

Ryan tressaillit légèrement puis adressa un sourire contrit à l’amiral, en disant qu’il pouvait s’en débrouiller seul, même s’il doutait que ça lui fasse le moindre effet. Les soldats changeaient rarement d’avis, sur ce genre de trucs. Pourtant, c’était la simple vérité, l’ex-navigateur pouvait se débrouiller et n’avait pas spécialement besoin de protection. Tant que la Guilde ne se ramenait pas en surnombre, après tout. Enfin, ce n’était pas le moment de lancer le débat. Il n’ajouta donc rien de plus, attendant comme les autres que ce charmant peuple revienne. Il s’écoula une petite vingtaine de minutes seulement, avant que le capitaine ne refasse son entrée, accompagné d’un nouveau membre de son peuple portant un petite datapad avec lui. Un interlocuteur que le capitaine ne prit même pas la peine de présenter, avant de se rasseoir avec lui.

« Notre Reine accepte la contrepartie sous réseeeerve que vous signez un contrat vous imposant de ne pas divulguer ces informations à ces concurrents. »

Le nouveau venu afficha dans la foulée la liste des concurrents en question et prit le soin de les nommer un peu par un, à chaque fois en utilisant les deux langues commerciales les plus courantes. Si ce contrat était accepté, il resterait à voir les conditions. Comment seront fournies les informations voulues et sous quelle forme, puis comment sera donnée l’aide pour soigner l’épidémie. Sans compter que certaines d’entre elles pourraient n’être données qu’une fois l’épidémie résorbée… Il resta parfaitement silencieux, pour cette partie, les bras croisés. Ça concernait avant tout les militaires.

Thrawn laissa donc le représentant Golswar s'éloigner pour donner les réponses et demandes de leurs invités. Pendant qu'Ar'alani profitait de ce moment pour venir s'assurer que Nuru aille bien et lui pose quelques questions, traduites par Eli, sur le ton réconfortant qu'elle savait utiliser avec certains jeunes enseignes ou auprès des jeunes navigatrices. Elle était meilleur que lui pour ce genre de chose, après tout, et c'était pour cela qu'il avait toujours su qu'elle arriverait jeune à un si haut grade. Elle était une excellente stratège, un très bon chef. Thrawn ne le lui avait jamais dit mais il estimait qu'un jour, on lui proposera de diriger la Flotte de Défense et d'Expansion.

Lui se permit d'intervenir dans la discussion entre les deux "non-affiliés" de leur petite délégation.

" Tu auras besoin d’aide ? "

"Non, et même si c’était le cas, je te rappelle que tu es toujours soumis aux lois de l’Ascendance, ce combat-là ne te regarde pas. Ils ne sont pas si proches, je pense. Ne t’inquiète pas aussi, petit."

"Moi, je ne le suis pas. Tant que vous travaillez pour moi, vous serez sous ma protection, Ryan, même contre la Guilde des Navigateurs."

Il ignora le regard que lui lanca Ar'alani, parce que c'était vrai. Thrawn avait été exilé par les politiciens chiss. Cela voulait aussi dire qu'il n'était plus tenu par les lois et règles de l'Ascendance. Cela lui convenait donc parfaitement. Lui qui n'avait jamais recherché la gratitude de son peuple, sa reconnaissance, la gloire, dont la seule ambition avait été de protéger son peuple, se faire exiler n'avait pas été, au final, un si grand mal.

Il répondit au sourire contrit de Ryan par celui d'une personne sachant parfaitement ce qu'il fait, avec ce petit "je sais une chose importante". C'était le cas et ça fera peut-être réfléchir l'ex-navigateur sur ce que Thrawn pouvait savoir de la Guilde. Faire réfléchir les autres était quelque chose que le chiss appréciait de faire. Cela leur permettait de développer leurs talents et d'aiguiser leur esprit.

« Notre Reine accepte la contrepartie sous réseeeerve que vous signez un contrat vous imposant de ne pas divulguer ces informations à ces concurrents. »

"Cela va de soi. Et je ne compte pas utiliser ces informations sauf si elles représentent une menace pour moi ou les miens," répondit Thrawn au nouveau venu, qui n'était visiblement pas un militaire golswar, au contraire du capitaine qui semblait moyennement ravi de sa présence. "Créer un remède demandera du temps, je le sais d'expérience, et je peux installer une équipe médicale avec le matériel nécessaire sur votre monde, afin qu'ils travaillent, en commun avec vos soigneurs, pour créer ce remède. Toutefois, moi, je ne peux rester tout ce temps. C'est pour cela que je souhaiterais avoir accès à l'entièreté de la liste, avant mon départ mais, bien sur, après l'installation de ce laboratoire de recherche."

Thrawn lança sa proposition, incertain de la réaction de ses interlocuteurs. Il regardait les deux, curieux de voir leur différence de réaction, d'attitude, à ce qu'il disait. Cela lui semblait, pour l'installation d'une équipe médicale, le meilleur compromis. Il faudra, bien sur, qu'il fasse venir un vaisseau pour les ramener, un destroyer au minimum, vu la dangerosité du voyage, mais il ne pouvait faire plus. Créer un remède à une pandémie, possiblement concoctée par Plagueis en plus, prendrait plusieurs mois et Thrawn, comme le Chimaera, ne peut se permettre de stationner ici sur une si longue période.

Une épidémie… Pourquoi, de tous les problèmes possibles, pourquoi fallait-il que ça soit une épidémie… Et avait-elle été causée par Plagueis ou… ? Bon, il ne pouvait pas être responsable de tous les maux de la galaxie, c’est vrai. Mais à compter du moment où il s’était promené dans les parages et que le mot épidémie était lâchée, comment ne pas le soupçonner ? Ryan intervint dans la foulée justement pour demander si ça pouvait être en lien avec ce genre de soucis, puis se fit vertement rembarrer par le capitaine. Qu’est-ce qu’il leur avait fait… ? Et s’il y avait un problème avec ce peuple, il n’aurait pas pu en parler avant de descendre ici ? Il resta silencieux, perplexe, mais ce n’était pas le moment de l’interroger là-dessus. La discussion se poursuivait lorsque Nuru bougea tout à coup, tendant faiblement la main pour tirer la manche de Ryan, avec un air inquiet. Que…

Il tourna rapidement la tête vers la porte, rien de suspect pour le moment. Mais les personnes comme Nuru pouvaient sentir approcher sur une longue distance. Les Golswar se retirèrent un moment pour délibérer entre eux, les laissant dans la pièce. Durant ce temps, Ryan se mit tranquillement à vérifier l’état de ses armes, comme si de rien n’était. Il fallait s’attendre à ce qu’un vaisseau armé jusqu’aux dents débarque avec des mercenaires voulant l’exterminer, c’est ça ? L’amirale profita de ce laps de temps pour venir voir Nuru, savoir comment il se sentait. Il fit la traduction, mais même sans ça, elle aurait vu très facilement que le jeune garçon était très angoissé, perdu et surtout, complètement épuisé… Il tremblait toujours et Eli s’inquiétait pour lui, il aurait mieux valu le faire raccompagner aussitôt sur l’un des vaisseaux. Au moins pour le faire examiner.

Il y en avait, un tout cas, un autre qui risquait bien d’avoir besoin d’un infirmier d’ici quelques temps. Thrawn savait ce qui le menaçait, tiens ? Eli avait entendu parler de la Guilde, enfin, assez vaguement, il n’avait jamais eu affaire à eux et ne les avait pas croisé non plus. Qu’est-ce que Ryan avait bien pu faire contre eux pour se faire pourchasser et même être considéré ainsi par d’autres peuples ? Là encore, ce n’était pas le moment de creuser le sujet. Leurs hôtes revinrent bientôt, avec un nouvel arrivé, pour reprendre les négociations. Le nouveau venu finit par se présenter, comme responsable des contrats lourds, comme il le nomma. Son accent était bien moins prononcé que celui du capitaine, c’était… Comment dire… On pouvait sentir la fluidité subtile dans le langage, chez ceux voyageant beaucoup et habitués à parler plusieurs langues. Eli savait repérer ce genre de choses assez aisément.

"L’identité de chaque client sera parfaitement préservée, bien que notre Reine accepte que vous sachiez la liste des commandes récentes. Il en est de notre devoir de confidentialité. Nous ne pouvons donner la liste des mondes commanditaires et le nom des acquéreurs. Nous acceptons de vous fournir cette liste entière, après la mise en marche des recherches."

"De plus," siffla le capitaine d’un ton soudain bien plus hargneux, "justice devra être faite contre ceuuuuux ayant blessé, jeté puis abandonné le nouveau-né chez nous. Nous comptons sur vouuuus pour châtier les coupables."

Quel nouveau-n… Oh, oui, d’accord. Ils tenaient vraiment aux enfants et à leur protection. Le jeune homme avait légèrement resserré son étreinte sur l’enfant, par réflexe, bien qu’il soit sans doute celui risquant le moins, sur cette planète. Les bébés de ce peuple devaient faire à peu près la même taille de Nuru, pour qu’ils pensent avoir affaire à un enfant si jeune. Si le capitaine Golswar demeurait le visage très serré et fermé, le commercial, lui, s’était mis à adresser un large sourire au petit garçon, changeant radicalement d’attitude dès qu’il le regardait. Bizarre, il semblait se méfier des Chiss, mais un petit de leur espèce ne lui posait visiblement aucun souci. Il retrouva tout son sérieux en se mettant à taper les contrats et prévenir ses interlocuteurs qu’ils devront relire, donner des annotations si besoin est, avant qu’ils ne signent.

Il n’avait pas l’air inquiet, lui… Alors qu’un danger approchait réellement… Les êtres insectes sortirent, tout à coup. Puis la dame soldat de son peuple s’approcha et s’accroupit près de la chaise. Ce fut le lieutenant qui lui traduisit les questions, elle voulait savoir comment il allait et depuis combien de temps il s’était retrouvé ici. Et ce qui s’était passé avant ça. Elle n’était pas brusque, comme le soldat qui le tenait dans ses bras depuis le début. Il répondit comme il put, mais il ne comprenait toujours pas comment il avait bien ou arriver ici ! Et personne ne pouvait lui dire où était son maître. L’amirale repartit ensuite, quand ce peuple revint et que la discussion reprit son cours. Il ferait peut-être mieux de ne pas chercher à comprendre, pour le moment… En tout cas, l’homme-insecte nouvellement arrivé lui souriait beaucoup à lui mais pas aux autres.

La discussion dura encore un moment, ils parlaient de tas de trucs où il ne comprenait pas la langue employée et signaient aussi des machins… Il finit par somnoler, bien malgré lui et malgré le danger toujours ressenti et s’approchant. Trop épuisé. Ce n’est que lorsque le lieutenant bougea qu’il se réveilla un peu, puis voulut tenter de marcher. Avec des résultats… Aléatoires. Il y avait un… Problème… Une tension très présente… Les hommes-insectes les accompagnèrent tous à la sortie de la salle, puis dans le couloir, jusqu’à un grand hall menant à la sortie, tout en discutant, puis échangeant ce qui devait être des salutations. Nuru leva le nez vers le ciel, une main devant les yeux plissés, pour se protéger du soleil. Il avait comme un mauvais pressentiment. L’adulte à moitié humain, Ryan, en avait un aussi, on dirait. Une main posée contre son arme, il scrutait les environs.

Il n’y eut le temps de faire que quelques mètres et s’éloigner du bâtiment avant qu’un fracas retentisse soudainement et que Ryan s’écroula, auprès d’eux, avec un bref souffle de douleur et de surprise. Le torse transpercé. Il sursauta violemment mais n’eut pas le temps de réagir, soulevé par la taille vivement par il ne savait qui et ce fut la confusion. Un des soldats en blanc s’était précipité vers l’homme à terre, les autres s’étaient mis à couverts, il avait du mal à voir ce qui se passait. Tout alla très vite… Le… L’être bizarre costaud était déjà parti, en direction de là où avait été tiré le coup de feu. Nuru commença à peine à réaliser ce qui venait de se produire, choqué. C’était la première fois qu’il voyait une scène pareille… Il… Il était mort ?!

"Il est mort ??" bafouilla-t-il en Basic, en retournant la tête vers le le lieutenant.

Un autre des soldats répondit dans la même langue que non, mais que c’était très grave. Nuru n’eut pas le temps de se remettre debout ou de pouvoir marcher, et de toute façon, il n’en eut même pas l’occasion, partir vers la navette se fit au pas de charge. Il pouvait entendre Ryan respirer, ce qui le soulagea sur le coup, mais c’était difficilement… Comme des râles… Comme s’il allait vraiment mourir avant de… L’autre grand Chiss barbu restait près de lui et appliquait une main contre la lumière, d’où émanait une douce lumière blanche. C’était un maître ? Il ne semblait pas pouvoir beaucoup l’aider mais au moins, son ami respira un petit mieux, après coup. Il restait toujours dans les bras du lieutenant, sans oser dire un mot ou juste faire un geste… Tout allait trop vite et… A leur arrivée, une équipe médicale attendait déjà, pour emmener le blessé.

Est-ce qu’il allait survivre… La pression semblait redescendre, mais… Mais… Il s’accrocha aussi fort qu’il le put à son protecteur du jour, même lorsqu’il l’emmena de nouveau dans une navette, avec l’amirale. Pour rejoindre un autre vaisseau… Rempli de gens comme lui… Il déglutit puis fourra le nez contre la nuque du lieutenant Vanto, les yeux fermés.

Thrawn ne prit par en compte la demande concernant le fait de "châtier le responsable de l'état du nouveau-né", parce qu'il n'allait tout de même pas punir la Force, si tant est que cela soit possible. Cette phrase lui fit se poser, plutôt, une autre question. Et si cette épidémie n'avait aps un lieu avec ce que subissait la Force ? Si ces "malades" n'étaient tout simplement pas victime de cette affaiblissement subit par les sensitifs ? C'était une possibilité à ne pas écarter, et qui devra être prise en compte par les scientifiques qui étudieront la maladie des Golswar.

Quand à cette préservation de la confidentialité des clients, même si c'était logique et attendu, cela ne satisfaisait pas vraiment le chiss. Mais il trouverait bien nu moyen d'obtenir cette information-là aussi. Avoir obtenu au moins la liste des commandes -malgré ce même "secret professionnel"- était déjà un bon premier pas et la preuve que les Golswar estimaient leur situation très cruciale. Cela fait donc un point sur lequel appuyer, si besoin.

"Très bien. De notre côté, une fois la laboratoire de recherche installé, nous débuterons les recherches dès que possible, et espérons la remise de cette liste immédiatement après. Nous avons un accord."

La discussion étant visiblement terminée, le chiss se leva, le groupe se préparant pour regagner la plateforme d'atterrissage. De fait, la Guilde ds Navigateurs n'avait pas eu l'air d'avoir envie de réfléchir à qui ils s'en prenaient, probablement car Ryan devait leur avoir échappé depuis si longtemps, que leur tueur tira sur sa cible dès que le groupe, et leur guide golswar, sorti du bâtiment, touchant Ryan.

La réaction de chacun fut instantanée, fait par des réflexes aiguisés. Thrawn se pencha vers Ryan, pour poser les mains sur la blessure et empêcher que le sang ne s'échappe. Ar'alani aida Eli à mettre Nuru à l'abri. Les soldats pointaient leurs fusils dans la direction d'où venait le tireur, l'un d'eux pestant dans son micro de ne pas avoir une assez bonne vision pour tirer. Rukh, lui, s'élança aussitôt. Comme Rhonn vint prendre la place de Thrawn, semblant utiliser ses pouvoirs pour soigner son ami, ce dernier se redressa, sortant son comlink, tout en s'adressant au capitaine Golswar.

"Est-ce ainsi que vous assurez la sécurité de vos clients, capitaine ? Si c'est le cas, peut-être que nous nous sommes trompés sur les compétences de votre peuple et que nous devrions chercher ces informations ailleurs. Peut-être auprès de ceux qui ont agressé notre navigateur. Ils ont l'air capable de percer vos défenses si facilement." Thrawn se montrait un peu sarcastique et sa voix était vibrante d'indignation et de colère. "Pour l'heure, je vais remonter sur mon vaisseau et suivant le fait que mon navigateur survive ou que vous nous livriez le coupable ou son vaisseau indemne, je déciderais si l'accord que nous avons passé est encore valable."

Puis, sur le même ton, il donna quelques ordres brefs au commodore Faro, refusant de répondre à leur hôte. Rukh le contacta, pour dire avoir repérer l'odeur du tireur, étant sur le lieu du tir, et qu'il débutait la traque, ce à quoi le chiss lui précisa bien vouloir un prisonnier à interroger. Le noghri peut parfois se laisser emporter par le plaisir du combat et oublier de se retenir.

Dès que Rhonn signala qu'ils pouvaient déplacer Ryan "sans trop de risque", il l'aida à le porter, laissant les soldats surveiller leurs arrières. Arrivés sur la plateforme, une équipe médicale vint prendre en charge le blessé, pendant que deux personnes amenaient un second brancard à répulseurs pour Nuru. Cela soulagerait un peu Eli. Un signe manifeste de l'inquiétude du chiss, de son manque de confiance envers la sécurité des golswars, était représenté par ces deux binômes patrouillant au-dessus de la plateforme, ces chasseurs venus escorter la navette, alors qu'ils n'étaient pas là quand ils étaient arrivés.

Une fois à bord, la rampe relevé, Thrawn laissa tomber son attitude énervée, ses épaules se rabaissant pour redevenir comme avant.

"Expliquez-vous, Thrawn," lui demanda Ar'alani en cheuhn.

"Je vous l'ai dis, amiral. Les peuples de ce monde respecte la force des autres. Traiter les Golswar comme je l'ai c'est leur dire que je les trouve faibles, indignes d'intérêt et le montrer. J'espère ainsi les pousser à nous aider à capturer les agresseurs de Ryan, afin qu'ils puissent non seulement nous rassurer mais aussi le faire auprès de tous leurs clients actuellement présents. Après tout, comme ils l'ont dit, ils ont des concurrents et ils ne voudront pas voir leur clientèle aller chez eux."

"Ils agiraient même contre la guilde des navigateurs ?"

"Bien sur, surtout que la Guilde refusera de reconnaître être à l'origine de cette attaque, même si tous ceux au courant du passé de Ryan le devineront. Les Golswar ont davantage besoin que leurs clients sachent être en sécurité sur ce monde  que des navigateurs, sans parler qu'ils ont besoin de notre aide pour soigner cette pandémie."

Ar'alani hocha la tête, devant la tentative de bluff de son ami auprès des golswar. "Cela nous profitera-t-il pour obtenir davantage d'informations ?

"Je l'espère même si les chances sont faibles et dépendent de l'aide qu'ils nous apporteront. En attendant, j'aimerais que vous déplaciez le steadfast, une fois à son bord, amiral," Il lui expliqua ensuite un plan, pour piéger leurs nouvelles proies

Une fois sur le Chimaera, qui était passé en alerte rouge, une douzaine de chasseurs circulant autour de lui, Thrawn regagna la passerelle. Eli, Nuru et Ar'alani avaient rejoint l'autre vaisseau et Ryan avait été emmené à l'infirmerie la plus proche pour y être installé dans une cuve à bacta. Come Rhonn ne pourrait l'y aider, à cause des ysalamiris, Thrawn l'avait invité à venir avec lui.

"Bien, voyons si nous pouvons identifier leur vaisseau maintenant. Commodore, Avez-vous informeé les gloswar qu'afin d'éviter à avoir à tirer sur leurs autres clients, nous souhaitions qu'ils interdisent tout départ ?."

"Oui, amiral. Voici les données que vous avez demandé."

"Bien, voyons si nous pouvons tendre un filet, maintenant."

Thrawn sourit puis indiqua trois positions où envoyer des demi-escadrilles de chasseurs puis vers où pointer chacune des batteries  du destroyer. Puis, assis sur son siège de commandement, il regarda les données sur les vaisseaux arrivés après le Chimaera, dans lequel devait se trouver potentiellement celui de l'assassin.

"Vous voyez, Rhonn, la Guilde des Navigateurs pensent que des étrangers ne peuvent percer leurs secrets. Mais j'ai pu étudier l'un d'entre eux et pu apprendre certains choses à leur sujet. Par exemple, j'ai fais déployer les chasseurs, ainsi que le Steadfast, à la distance, par rapport à la gravité planétaire- à laquelle ils entrent habituellement en hyperespace." Il fit défiler tranquillement les informations sur son écran personnel. "Mais imaginons un instant que cette distance ne soit pas celle à laquelle ils peuvent le faire. Et qu'ils pensent que je ne sois pas en mesure de le savoir, comme le prouve notre déploiement qui se trouve, par pur hasard surement, non seulement avant leur distance de saut officielle mais à peu près à celles qu'ils comptent utiliser aujourd'hui. A votre avis, quel serait le cap qu'ils prendraient ?"

Le grand amiral tourna sa tête vers Rhonn en le regardant, ainsi que Faro, en lui parlant en Sy Bisti. Elle compris aussitôt ce que voulait dire le chiss, et pourquoi il avait fait braquer les canons  à ions dans ces différentes positions. Ainsi, ils couvraient chacun des  points "faibles" du dispositif de l'amiral, surtout que les peuples des régions inconnus ne connaissaient pas -encore- ces armes, de ce que lui avait dit Thrawn. Le vrai "filet" était donc le Chimaera qui ne s'était pas déplacé et non les chasseurs ou le Steadfast, qui n'étaient là que pour orienter les intrus sur des caps les mettant hors de portée des batteries du destroyer.

Repérer le tireur ?
)> Soldats 7
)> Rukh 1
)> Thrawn 19
)> Ar'alani 7

Les soldats ont-ils un bon angle de tir ?
)> non
Si oui, tir (difficile)

Traque pour Rukh
)> 15