Le commerce est politique [Quête Event global, P. 3]

Ça ne marchait qu’à peine… Ryan était livide, la bouche entrouverte, un fin filet de sang coulant de sa bouche après qu’il ait toussé. Rhonn serra les dents, forçant autant qu’il le peut, mais il ne put qu’à peine mieux l’aider à respirer. La colère était très forte, l’empêchant de parfaitement se concentrer… Il parvenait à se contenir, tant bien que mal, mais pas à être suffisamment serein pour mieux s’y prendre et apporter des soins plus efficaces ! Il serra encore plus les dents à la diatribe de l’amiral, pour une fois bien d’accord avec lui… Il fit de son mieux mais le mieux n’était pas assez. Déplacer Ryan fut avec beaucoup de précautions et tout du long, il resta auprès de lui, avec ce qu’il pouvait faire… Son cousin lâcha un bref gémissement, très faible, en étant allongé sur un brancard, dans la navette, alors que la rampe se refermaient dans un sifflement. Le Chiss se recula de deux pas, les poings serrés, conscient que l’équipe médicale pourra faire bien mieux que lui… Se contenir… Ne pas laisser la colère… Il ferma les yeux, en inspirant lentement. Se contenir…

Il lança un très bref regard, ensuite, vers les deux amiraux, plongés en pleine discussion tactique, puis le reporta sur Ryan et sur l’enfant. S’il parvenait lentement à chasser les sentiments les plus négatifs, la pression, elle, n’était pas descendue pour autant. Encore moins l’envie de vengeance. Il pouvait en encaisser beaucoup, voire même ne rien dire si on venait lui chercher des noises, mais quiconque s’en prenait à un membre de sa famille… Il écouta vaguement la discussion des deux militaires, un soupir au bord des lèvres. Il était… Difficile de ne pas en vouloir à ce peuple en même temps… La navette parvint assez vite sur le Chimaera et il suivit du regard les infirmiers, partant avec Ryan vers leur hôpital interne. Bouleversé en sentant la vie si fragile, désormais, en lui… L’amirale Chiss était repartie avec l’enfant et le lieutenant. Quant à l’amiral des Humains, il lui demanda de le suivre. Jusqu’à la passerelle. Toujours agité, Rhonn ne se soucia pas, cette fois-ci, d’être entouré de militaires. Bien au contraire, si jamais ça pouvait aider, in fine, à abattre la cible…

Il inspira à nouveau pour se calmer, bien droit, détendant légèrement les poings. S’ouvrant autant que possible à la Grande Présence et demeurant autant que possible hors du champs d’action des bestioles, repérées, pour ce qu’il avait à faire. Chacun son travail. La passerelle s’agitait, l’amiral s’était installé dans un large siège, les hommes et femmes s’activaient et beaucoup de voyants clignotaient en tous sens. Il chassa toutes ces distractions loin de lui, les yeux grands ouverts et braqués vers l’espace, mais son esprit n’était plus autant focalisé sur le réel.

"Vous voyez, Rhonn, la Guilde des Navigateurs pensent que des étrangers ne peuvent percer leurs secrets. Mais j'ai pu étudier l'un d'entre eux et pu apprendre certains choses à leur sujet. Par exemple, j'ai fais déployer les chasseurs, ainsi que le Steadfast, à la distance, par rapport à la gravité planétaire- à laquelle ils entrent habituellement en hyperespace. Mais imaginons un instant que cette distance ne soit pas celle à laquelle ils peuvent le faire. Et qu'ils pensent que je ne sois pas en mesure de le savoir, comme le prouve notre déploiement qui se trouve, par pur hasard sûrement, non seulement avant leur distance de saut officielle mais à peu près à celles qu'ils comptent utiliser aujourd'hui. A votre avis, quel serait le cap qu'ils prendraient ?"

"Je tenterai de le deviner si je ne peux pas le savoir," murmura-t-il. "C’est vous l’expert, en tactique militaire."

Il n’était pas d’humeur… Mais la Grande Présence brillait de toute sa puissance et pour la première fois depuis très longtemps, il s’y plongeait comme il le faisait rarement, autant qu’il le puisse, autant qu’il pouvait le faire après autant d’années d’entraînement. Il ne lui fallut que peu de temps pour repérer deux choses. La première, des combats au sol. La force obscure de ce peuple, tombé sur ce qui devait être une poignée de mercenaires et de chasseurs de primes. Ils n’avaient pas du tout traîné à les trouver et leur tomber dessus… Peu importe, ce côté-là… La force mauvaise et les intentions de tuer résonnaient comme un écho, plus loin encore. Un vaisseau, commençant à s’éloigner.

"Il y a au moins un chasseur de primes, en bas, peut-être plus, les Golswar leur sont tombés dessus," reprit-il, toujours focalisé sur l’espace et la Grande Présence. "Deux navigateurs, dans un petite navette. Ils vont essayer de fuir. Elle ne décolle qu’à peine de la planète."

Il ne la voyait pas, ne faisant que percevoir les intentions meurtrières mais aussi la panique… Il revint brusquement à la réalité puis vint près des écrans, poussant un peu l’un des hommes pour indiquer lui-même l’endroit où il avait perçu ces hommes. En revanche, pour leurs tueurs, il y avait des chances que ça soit déjà trop tard…

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12 : soin, Se contenir : 10 ; Sentir les gars : 3 ; Combats : 5 et 6, réaction du vaisseau : 9

S’il y avait combat, il sera sans nul doute très court… Étant donné les forces en place. L’amirale lui avait dit de rester près de l’enfant, avant qu’elle ne parte rejoindre la passerelle. Eli attendit un moment dehors, qu’il soit examiné par les médecins, avant de pouvoir le rejoindre. Le pauvre gamin était perdu et terrifié, évidemment… Il plaça une chaise près du lit où on l’avait installé, avec un sourire rassurant. Ce qui s’était passé en sortant de la réunion avait certainement dû le choquer, en plus de tout le reste. Après tout, il n’avait que neuf ans et n’avait sûrement pas dû vivre de situations pareilles avant, dans son époque. Eli ignorait encore si Ryan allait s’en sortir ou non… Son état était grave, mais peut-être qu’en ayant réagi aussitôt, il avait encore une chance. Il commença d’abord par rassurer le petit sur ça, indiquant que le navigateur avait été pris en charge.

"Je vais t’expliquer tout ce que je peux, pour ce qui t’es arrivé," ajouta-t-il en Basic, toujours, ayant bien vu que c’était la seule langue que le petit comprenait. "Tout d’abord, rassure-toi, tu ne risques rien, avec nous, ce qui tu as subi est aussi arrivé à d’autres Jedi. Il y a un problème assez vaste avec la Force."

Si seulement ils en avaient un, de Jedi, sous la main, pouvant expliquer bien mieux que lui… Mais soit… Il commença par le début, cette affaire de failles, s’efforçant en même temps qu’il parlait de fournir des éléments et des preuves, sur son questis. Pour le coup, c’était dur à avaler et d’autant plus choquant pour un enfant… Il risquait de paniquer, ne pas y croire, avoir si peur… Son univers entier allait s’écrouler, n’importe qui le prendrait extrêmement mal. Il prit le temps pour cette discussion, espérant ne pas dire de bêtises et être assez clair… Dans le même temps, qui d’autre aurait pu s’en charger… L’amirale Ar’Alani était douée avec les jeunes mais ne savait pas grand-chose des failles ou des Jedi. Vah’nya n’en savait rien non plus. Thrawn était plus au courant, mais Eli craignait qu’il ne soit un peu trop abrupt, malgré lui, avec le petit. Et de toute façon, Nuru avait clairement plus peur de son propre peuple que de lui.

Pour le moment, il laissait de côté la situation, confiant en les autres pour s’en charger. Ce qui comptait, de son coté, c’était d’essayer de rassurer le petit. Il lui parlait des failles et de ce qui était arrivé, s’efforçait de lui donner des preuves, mais quant à lui parler de ce qui s’était passé ensuite… Il avait dit que la République n’était plus, qu’un Empire était en place, que diverses factions comme les Jedi, la Coalition et ainsi de suite le combattaient, mais n’avait pas encore abordé le sujet très épineux du massacre de l’Ordre. Est-ce que ça ne risquait pas de faire trop d’un seul coup… ? Ce n’était qu’un enfant… Et un enfant qui en avait déjà encaissé beaucoup trop en une seule fois, avec ça, malgré son âge. Il ferait mieux de le laisser digérer ça, avant d’aborder la suite. Traumatiser un garçon de neuf ou dix ans, il n’était pas très sûr lui-même de son âge, ce n’était pas ce qu’il avait envie de faire.

Devait-il déjà lui dire, d’ailleurs, qu’une « version » de lui, plus âgé, était passée par cette époque ou pour ça, mieux valait attendre un peu ? Il hésita, puis se dit qu’il pourra, de toute manière, poursuivre durant le trajet du retour, une fois l’affaire sur cette planète terminée. Là encore, c’était un enfant, pas un adulte, il ne pouvait tout encaisser d’un seul coup. Il remonta la couverture sur lui, le bordant au passage, pensant que ça pouvait aussi l’aider à se rassurer. La chaleur, le confort, c’était l’idéal, pour ça.

"Je comprends que ça te fasse un choc, en plus, de découvrir ton peuple natal," lui sourit-il en lui caressant les cheveux. "Tu as été perdu si longtemps et les Jedi ont été ta famille depuis lors. Tout le monde va parfaitement le comprendre. Tu ne seras pas laissé à l’abandon, on prendra le temps de t’expliquer autre chose, au fur et à mesure, pour que tu comprennes bien où tu es arrivé. En attendant, essaye de te reposer… Est-ce que tu veux que je reste près de toi ?"

Même s’il sera surveillé, dans tous les cas, il n’avait peut-être pas envie de rester tout seul à ressasser dans son lit. Tant qu’Eli n’avait pas reçu de nouvel ordre ou que son prochain quart ne commence, il pouvait rester à lui tenir la main, si ça pouvait le réconforter.

Pas envie de se laisser examiner, ils lui faisaient peur, ils ne comprenaient pas un mot de ce qu’ils pouvaient lui raconter… Ses faibles tentatives pour se débattre furent malheureusement vite arrêtées, par l’un des médecins, qui se contenta de le tenir contre lui, par derrière, sans forcer, pendant que son collègue lui prenait sa tension, écoutait son souffle et son cœur, puis examinait s’il pouvait bien bouger et voir. Ils le laissèrent après ça, dans un des lits de l’infirmerie, où il fut rejoint par monsieur Vanto. Il lui donna d’abord quelques nouvelles puis… Il… Pouvait tout lui dire ? C’est vrai ?? Enfin ! Mais il ravala très vite son soulagement, en l’entendant dire que la Force elle-même avait un problème et que plein de Jedi étaient touchés…

Et la suite fut… Fut… C’est… Il eut l’impression de littéralement se liquéfier, peu à peu… Les paroles glissaient sur lui, ce qui lui montrait en ajoutait encore et encore… Il refusa évidemment d’y croire, tout d’abord, incapable d’accepter que ça puisse être autre chose qu’une énorme blague… Puis il vit ce qu’était devenu le Temple Jedi, sur Coruscant, sans que le lieutenant ne lui dise où étaient partis tous les membres de l’Ordre, d’ailleurs, juste qu’il y avait eu la guerre. Le stress, la peur et la panique montaient chaque seconde un peu plus, malgré tous ses efforts pour garder son sang-froid, comme on le lui avait appris au Temple. Les mots coincés dans la gorge, avec une forte envie de pleurer… Ou de crier… Il ne savait plus quoi dire ou penser… C’était beaucoup trop d’un seul coup !

Il commença malgré tout à pleurer, même avec tous les efforts fournis, roulé en boule sous les draps, les yeux fixés sur le lieutenant, qui lui caressait les cheveux. La voix toujours bloquée, trop occupé à tenter de digérer tout ça… Il ne pourrait pas se reposer, pas comme ça, le choc était trop brutal et il se sentait incapable de fermer les yeux et dormir. Mais parler… Il ne saurait pas exprimer pas que ce soit, pas comme ça, pas maintenant, c’était trop tôt. A la place, il prit la main que lui tendait le soldat et s’y agrippa comme un doudou, en la serrant contre lui. S’il voulait bien rester un peu, s’il pouvait, aussi… Oui, bien sûr, que ça pourrait aider… En attendant d’arrêter de pleurer…

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Garder son calme, 14

"Il y a au moins un chasseur de primes, en bas, peut-être plus, les Golswar leur sont tombés dessus," dit Rhonn, concentré. "Deux navigateurs, dans un petite navette. Ils vont essayer de fuir. Elle ne décolle qu’à peine de la planète.

Thrawn traduisit, laissant à Faro le soin de gérer la poursuite radar du vaisseau des Navigateurs. Lui utilisa le système de communication, pendant que Rhonn se déplaçait dans la fosse pour indiquer sur l'écran de détection où se trouverait l'appareil recherché, attitude qui sembla exaspérer Faro mais elle ne dit rien et tâcha de passer outre. Le chiss lui alluma un canal de discussion avec les Golswar.

"Ici le grand amiral. J'aimerais que vous rappeliez à vos soldats que j'escompte que vous me livriez des prisonniers vivants. Je serais très contrarié si vous n'avez que des cadavres à me livrer," dit-il d'une voix où n'importe qui pouvait sentir une colère froide et autoritaire.

Il coupa la communication, sans attendre de réponse, reprenant sa voix claire et calme pour donner des instructions,. Puis il se tourna vers Rhonn, s'exprimant dans leur langue natale.

"Vous savez, il ne s'agit nullement de deviner. Ceux qui cherchent à "deviner" ce que fait leur opposant ne font que s'en remettre entièrement au hasard. Il n'est pas dans mes habitudes d'agir ainsi." Pendant qu'il parlait, le Chimaera manoeuvrait doucement, pivotant sans bouger de sa position. "Par exemple, on pourrait croire qu'avec leur responsabilité et de voyager, les Navigateurs recevraient un minimum de formation en combat spatial. Hors, la plupart y sont totalement inapte, estimant que cela ne relève pas de leur responsabilité. Ceci, en est la preuve."

Il montra son écran holographique, qui donnait un aperçu en tant réel de la situation orbitale, le point de la navette identifiée par Rhonn bien visible dessus. Elle fonçait dans la direction définie par Thrawn. . On pouvait voir des vaisseaux, probablement ceux de la défense Golswar, manoeuvrer pour essayer de l'intercepter, même si leurs chances semblaient bien faibles.

"Enfin, il est vrai aussi que personne n'a jamais vu de canon à ion dans le Chaos. Jusqu'à maintenant."

La navette filait tout droit, arrivant à portée de tir, le commodore Faro ordonna d'ouvrir le feu. Douze des vingt canons à ion du Chimaera obéirent, leur rayons d'énergies bleutés traversant l'espace. Neuf ratèrent leur cible, objet difficile à toucher à une telle distance. Mais trois des canonniers bien entraînés du Chimaera la touchèrent. La navette perdit immédiatement son accélération, son électronique paralysée par la salve, et ne put que dériver, pendant un cours instant comme les rayons tracteurs l'attrapèrent presque aussitôt.

"Envoyez la Cent quatre-vingt quinzième unité escorter nos futurs invités, commodore" ordonna le chiss. Lançant Faro envoyer ces douze Tie interceptor, pendant que le rayon attirait la navette, Thrawn fit ouvrir un canal vers els vaisseaux golswar, s'exprimant avec autorité et d'une voix lourde de menace. "Vaisseaux de défense Golswar, cet appareil comprend les individus ayant participé à l'attaque contre mon équipe. Ils sont donc mes prisonniers légitimes ! Faites demi-tour immédiatement."

Il n'y avait pas vraiment de bluff, cette fois-ci. Si le chiss ne comptait pas récupérer vivant les assaillants encore à la surface de la planète, il sera réellement contrarié si les golswar essayent de détruire ce vaisseau, alors qu'il n'a ni propulsion, ni communication, ni armement opérationnels. Thrawn espéra donc que leur bon sens commercial ET le besoin qu'ils ont de son aide les convaincra de laisser tomber, pour une fois. Sans attendre de réponse, une fois encore, il coupa la communication pour ordonner le retour des deux escadrilles qu'il avait préalablement fait déployer. Il ne contacta pas immédiatement Ar'alani.

Si jamais il devait y avoir bataille, il préférait que ce soit entre les Golswar et lui, sans y faire intervenir l'Ascendance chiss.

Rhonn haussa légèrement les sourcils, en revenant à sa place, peu convaincu que les Golswar acceptent de livrer les mercenaires en vie et encore moins que ça puisse les gêner en quoi que ce soit par la suite. Ça ne lui semblait pas le genre de peuple à accepter de revenir sur un contrat de cette importance pour un un détail si léger. Pour sa part, leur sort ne l’intéressait pas. Très bien, à présent, il ferait mieux de partir, la suite n’allait pas le concerner, ce n’est pas comme s’il pouvait faire quoi que ce soit d’utile dans un vaisseau militaire… Ou du moins, rien de plus que ce qui avait déjà été produit. Mais l’amiral reprit la conversation comme si de rien n’était, en Cheunh, au lieu de lui dire de s’en aller. Il n’avait peut-être pas l’habitude de s’en remettre au hasard, en revanche, il avait clairement celle d’agir en totale contradiction avec les normes. Et pour ce qui étaient des habitudes des Navigateurs, ça, c’était encore une autre affaire. Ryan avait appris très tôt à combattre, mais il l’avait fait, au début, par passion. Puis avait poursuivi pour préserver sa propre vie. Jamais la Guilde n’incitait ses membres à quoi que ce soit sur un tel sujet.

Il ne voyait pas vraiment non plus pourquoi l’amiral tenait à ce qu’il reste même maintenant et montrer l’évolution de la situation. Un tel vaisseau contre une navette, c’était couru d’avance. La première réflexion qu’il se fit fut sur la beauté fugace des rayons traversant l’espace et frappant leur cible, avant de revenir à la réalité. Comme si c’était le moment de penser à ça ! Au moins, il préférait ce genre de solutions que de tirer à vue et tout détruire… Car il s’était calmé. Il y à peine dix minutes, la mort de ces navigateurs ne l’aurait pas plus ému que celles de leurs tueurs. Il y eut, cependant, un moment de flottement… Il ressentait, à travers la Force, la fureur et la haine du peuple de commerçants, ils n’essayaient même pas de la cacher, dirigés également vers la navette à la dérive. L’amiral exigeait qu’ils les laissent… Rhonn commençait à douter. La force obscure était puissante, très puissante, attirant presque irrésistiblement à elle… Un peuple y succombant tout entier ne considérait plus les choses de la même façon.

Les vaisseaux n’attaquèrent pas directement, ils devaient sans doute communiquer avec leurs chefs au sol. La planète elle-même était… C’était… L’ermite finit par tressaillir, reculer encore un peu, se couper de ces sensations. Il nota à peine que les vaisseaux Golswar finirent par lentement se détourner, puis retourner vers leur monde, sans rien tenter d’autre. Malgré cet arrêt, rien n’était calme, sur ce monde. Les assaillants n’étaient pas encore morts, il en était quasiment certain… Tout comme il était certain qu’il aurait été bien mieux pour eux qu’ils soient tués sur le coup. Une grimace lui grignota les lèvres, alors qu’il faisait de son mieux pour se détacher complètement de ce qui se tramait et arracher le regard de ce monde. Par la Grande Présence comme pour le réel. Selon lui, c’était tout sauf le moment de prendre contact avec eux, ils étaient… Occupés… Pourvu que le petit garçon, sur le vaisseau Chiss, ne soit pas trop impacté, s’il parvenait également à le ressentir.

"Il faut éloigner l’enfant de ce monde au plus vite," reprit-il d’une voix plus tendue, en essuyant une légère goutte de sueur à la tempe. "J’ignore si vous le savez, mais il existe une pression plus noire, de la Grande Présence, qui peut fortement impacter la psyché des personnes y baignant, lorsqu’elle est trop importante. Le petit est épuisé et bouleversé, ça pourrait le blesser encore plus, émotionnellement parlant. Il y a des personnes qui peuvent en devenir folles, lorsque l’obscurité leur brise le cœur."

Il l’avait peut-être déjà constaté par lui-même, d’ailleurs. Rhonn ne parlait pas des monstres comme Plagueis, juste des personnes parfaitement ordinaires, qui suite à des coups trop violents de la vie, perdaient pieds et finissaient par être rongées jusqu’à l’os de douleurs psychiques intenses. Le petit garçon était actuellement dans un état terrible et il ne serait vraiment pas bon, pour lui, qu’il reste longtemps sous une telle influence.

"Il vaut mieux que j’aille attendre, pour voir Ryan. Je ne peux pas être utile ici… Vous acceptez de le redéposer sur son monde ? Il y a un petit hôpital, je pense… Je resterai là-bas pour aider à le protéger et le soigner. Si votre collègue de l’Ascendance veut ensuite bien prévenir les miens de surveiller les Yuan gui de Copero, ça serait l’idéal."

Eli s’assit plutôt sur le bord du lit, pour mieux tenir le petit dans ses bras et le câliner, lui caresser les cheveux et lui tenir la main, tant qu’il en avait besoin, alors qu’il pleurait doucement. Évidemment, c’était beaucoup trop, pour un enfant de son âge, comment pouvait-il bien encaisser ? Un instant plus tard, un des médecins s’approcha, d’un pas léger, pour venir voir où ça en était. Le lieutenant lui fit simplement un léger signe, de sa main libre, pour dire que ce n’était pas le moment de déranger le petit garçon encore un peu plus. Il s’écoula un long moment, avant que l’enfant ne finisse malgré tout par s’endormir. Sûrement plus à cause de la fatigue et du choc que grâce aux efforts pour tenter de le réconforter. Il se remit debout en douceur, pour ne pas le réveiller, puis le couvrit d’une couverture légère. Peu certain de ce qu’il pourrait bien faire de plus… Lui laisser de l’eau sur la table de chevet, le bouton d’intercom pour appeler quelqu’un…

"Il a pu s’endormir ?" demanda le médecin une fois le rideau entourant le box refermé.

"Pour le moment, oui. Il reste encore quelques choses à lui révéler, mais ça sera plus tard, le choc est encore… C’est important."

Le docteur lui-même avait visiblement du mal à comprendre la situation et tâcher de lui expliquer, à lui aussi, ce qu’étaient les failles et d’où venait le petit fut un nouvel exercice assez sportif. Encore beaucoup n’avaient, évidemment, jamais entendu parler de tout ça et le jeune père eut clairement l’impression que le docteur pensait qu’il se foutait de lui. Ainsi qu’il prenait plutôt mal le fait qu’un enfant de leur peuple puisse, malgré tout, avoir peur d’eux. C’était peut-être vexant ou improbable, à ses yeux, puisque la ressemblance physique crevait les yeux, mais c’était comme ça… Nuru ne se souvenait simplement plus de rien, de sa petite enfance, il était trop jeune, à ce moment-là ! Et il avait grandi entouré d’Humains et de représentants d’une multitude de peuples, sur Coruscant, dont celui de naissance n’avait jamais fait parti. Après tout ce qui lui était arrivé, évidemment qu’il avait peur.

"En résumé," soupira Eli en contenant son agacement, "revoir des personnes qui vous ressemblent ne suffit clairement pas pour vous dire, tout à coup, c’est formidable, j’ai retrouvé mes racines, je me sens bien et intégré. Il vient de perdre tous ceux qu’il considérait comme sa véritable famille, perdre son mentor, perdre son époque… Il a appris que ceux qu’il aimait se sont fait décimer, que la Force est malade, qu’il va lui-même mettre un temps de fou à s’en remettre, le tout après avoir passé des jours et des jours seul et perdu, avec un peuple inconnu, sans comprendre ce qui lui arrivait. Il a besoin de temps et lui en vouloir car il a peur de son peuple natal ne va vraiment pas aider, dans une telle situation."

"Qui pourra l’aider, pourtant, si ce n’est son propre peuple ? Il faudra bien qu’il se fasse à ce détail, car s’en est un ! On ne va pas tout de même pas renvoyer l’un des nôtres à des Humains."

"Et pourquoi pas, en attendant que ça aille mieux ? Ne serait-ce que sur Nirauan, il aurait à la fois un temps d’adaptation et pourrait, dans le même temps, se familiariser avec ses propres origines. Peu importe l’apparence physique, il a grandi majoritairement avec des Humains et donc avec leur mentalité. De toute manière, ce ne sera pas à nous d’en décider, in fine."

L’amirale en décidera, en prenant sûrement en compte l’avis du petit, quoi qu’il en soit. Il préférait couper court à ce débat, ça n’amènera à rien. Et dans l’attente que le petit se réveille, Eli voulait savoir où la situation en était… Le vaisseau n’avait déclenché aucun état d’alerte, aucun ordre de bataille, ça devait donc bien se dérouler. En tout cas, de leur côté. De celui de Thrawn, il restait un risque que ça finisse par grincer des dents avec les Golswar, on ne sait jamais.

Thrawn fit ce que lui demanda Rhonn, demandant à l'amirale Ar'alani de s'éloigner pour se placer en orbite de l'étoile, où le Chimaera pourra la rejoindre plus tard, mais pas uniquement dans l'intérêt du jeune Nuru. C'était aussi dans l'intérêt des chiss, car la présence du Steadfast sera vite oubliée, et des FID, car on se rappellera davantage du Chimaera.

Quand aux prisonniers, il ordonna qu'ils soient placés dans des cellules individuelles. Ils seront coupés de la Force, leur Grande Présence, par les nombreux ysalamiris du Chimaera, isolés et on tâchera de perturbé leur rythme, en apportant les repas à des intervalles irréguliers et en allumant/éteignant l'éclairage à des heures différentes. Cela les préparera pour quand le chiss aura le temps de les interroger.

Il dut gérer aussi l'installation d'un laboratoire de recherche temporaire, qu'il coupla à l'installation d'une garnison, utilisant le prétexte de l'agression dont Ryan fut victime pour pouvoir laisser une centaine de soldats afin de veiller sur la demi-douzaine de médecins, plus leurs assistants et quelques ingénieurs. Les Golswar ne furent pas ravi mais ils avaient besoin e cette aide donc ils firent avec. Thrawn confia le commandement de ce groupe à un colonel dont il connaissait le caractère strict mais qui était apprécié car il s'imposait les mêmes règles qu'aux hommes. En plus de leur laisser de quoi être autonome pendant six mois, il leur assura qu'un destroyer, et son escorte, ferait l'aller et retour tous les deux mois, pour le ravitaillement, relever le personnel mais aussi savoir comment avançait les recherches. Et, bien sur, afin de ramener une copie de celles-ci sur Nirauan.

Thrawn partagea les informations obtenues des Golswar avec Ar'alani, une fois qu'il l'eut rejoint en orbite de l'étoile locale. Une partie de la clientèle semblait se situer dans la périphérie proche de l'Ascendance et commandait principalement des armes et installations défensives plutôt que sur l'offensive, dans un rapport de quatre pour un. Si un tiers des technologies employées étaient connus de l'Ascendance, le reste ne l'était pas, non plus de l'Empire. De plus, visiblement, la moitié des commandes a été livrée, et est donc soit en place soit en cours d'installation chez les clients. Aux yeux du chiss, cela n'augurait rien de bon. C'était un potentiel fauteur de trouble qui installe une défense solide avant de débuter des hostilités. Et il ne cacha pas le fond de sa pensée à son ancienne supérieure, tout en sachant que le haut commandement des flottes chiss ne pourra pas enquêter à cause des politiciens. Il est déjà heureux qu'Ar'alani ait pu aller aussi loin mais il est évident qu'il sera difficile d'obtenir plus.

Thrawn obtint eut bonne idée de ces mondes, d'ailleurs, en prenant en compte les modifications demandées sur les armes et appareils afin que ces objets soient adaptés à la morphologie de ceux qui vont les utiliser. Il ajouta ces noms aux informations qu'il fourni à Ar'alani, ainsi que ces peuples étaient en conflit, en guerre froide au mieux, et qu'ils ne devraient pas passer des commandes ensembles. Les investigations futures n'apprendront guère plus, si ce n'est que ces peuples ne semblent plus se haïr les uns et les autres.

Après avoir récupéré le jeune Nuru, qui fut installé dans les quartiers voisins de ceux de Rhonn, pour que le jeune chiss ne soit pas davantage perturbé en étant coupé de la Force. Ainsi placé, il pourra être soigné pendant le trajet de retour, sans être dérangé par l'effet des Ysalamiris. Et Thrawn veilla à ce qu'il puisse avoir à sa disposition les informations sur les événements survenus durant ces dernières décennies, et la liste des jedi donc la présence est connue des FID.

Sur le long trajet, le grand amiral prit le temps d'interroger, individuellement, chacun des Navigateurs, apprenant certaines choses, comme le fait que cela fait maintenant une dizaine d'années qu'ils traquent Ryan, et la raison pour laquelle ce dernier était parti de la Guilde, ayant empêché une guerre en révélant que la Guilde avait accepté d'aider un peuple et ayant dedans un rôle militaire.
Ils apprirent aussi au chiss, qui s'assurera de le transmettre à son peuple, que de nombreux peuples sont en train de changer d'attitude, renonçant à la méfiance traditionnelle du Chaos, voir à l'hostilité, pour débuter des relations commerciales. Thrawn estima que c'était trop soudain, brutal, comme changement et, surtout, sur une trop grande étendue. Selon lui, cela n'a pu arrivé que sous l'impulsion d'une personne.

La question, maintenant, était de découvrir qui et quel était son but.

Mais avant d'enquêter là-dessus, Thrawn devait rentrer à Nirauan, en faisant deux détours : un pour déposer Rhonn et Ryan sur le monde des "anciens chiss", non sans leur donner un moyen de se faire identifier du Rancor, car Thrawn leur proposa à tous deux de rejoindre sa faction. Puis, il avait projeté de rendre visite à une vieille connaissance, tout en ramenant les trois navigateurs.[/i]