Il y avait pas mal de problèmes techniques, aujourd’hui. C’était toujours comme ça, un matin, ça commençait, on pouvait être sûr que ça allait se poursuivre toute la foutue journée ! Heureusement que ça n’arrivait pas si souvent ! Il avait l’impression d’avoir perdu du temps et de l’énergie pour une série de trucs stupides, alors que d’autres travaux auraient pu être fait. Sans oublier cette mirifique paperasse maudite qui l’avait occupé le soir. Heureusement que la soirée s’annonçait mieux. Syal avait couché leur fille avant qu’il ne rentre, ça arrivait plus souvent qu’il ne le voudrait, mais il avait pu l’embrasser sur le front sans la réveiller. Puis une douche rapide, enfiler une chemise plus simple et laisser son uniforme sur le côté jusqu’au lendemain. En espérant que ça soit pas le même crique qu’aujourd’hui.

Il avait été chercher le petit Nuru à l’hôpital, de la base, pour qu’il vienne manger avec eux. Syal savait déjà tout ce qui s’était passé avec lui, enfin, la « version » de lui déjà venue, puis avait craqué assez vite sur la petite bouille du jeune garçon. Le pauvre n’était vraiment pas en forme… Oui, il y avait le problème avec la Force, mais il était surtout déprimé. Maintenant qu’il savait absolument tout ce qui s’était produit, ils avaient fini de tout lui raconter. Se remettre de ça, ce n’était pas encore gagné, surtout à son âge ! Il lui parlait tout en cuisinant, pour lui changer les idées. Syal terminait elle aussi de prendre sa douche et s’habiller, durant ce temps-là. Sa femme était épuisée, depuis la naissance d’Anya, forcément. Lorsqu’il était là, il s’efforçait de lui alléger les tâches de la maison au maximum.

Les placards de la cuisine étaient déjà recouverts en bonne partie de photos de leur fille et de son mariage avec Syal. Sur la porte, il avait mis des photos de ses amis, son unité, parfois de ses élèves pour celles prises après une mission réussie. Une famille agrandie, remplaçant depuis bien longtemps celle qu’il avait perdu. Syal non plus n’avait pas récupéré des souvenirs de sa propre famille, à part une simple photo de son frère. Ils ne s’étaient plus vus depuis un moment et Wedge était un peu agacé de leur départ brutal de l’Alliance Rebelle, pour venir ici. Il terminait juste de préparer le repas lorsqu’elle revint, en terminant de s’attacher ses longs cheveux blonds bouclés. Parfait ! Mettre, la table, servir, s’installer, encourager Nuru à bien manger, lui aussi, il avait besoin de reprendre des forces.

"Allez, bon appétit, j’ai mis tous mes talents de cuisinier en œuvre là-dedans !"

Il faillit tirer la langue à sa femme, lorsqu’elle ne put s’empêcher de lancer aussitôt un regard suspicieux au contenu de son assiette. Mais c’était très bon ! A la base, c’était une recette de gratin de légumes, avec des boulettes de viande, qu’il avait un peu modifié pour en relever le goût. Mais sans trop mettre d’épices, cette fois-ci, il savait que Syal n’en était pas aussi fan que lui. Nuru non plus, avec ça, il le lui avait demandé avant de commencer la préparation du repas. Dommage, il existait des milliers d’épices, à travers toute la galaxie, il avait bien envie de toute les essayer.

"Est-ce que tu arrives un peu plus à te reposer, maintenant, Nuru ? Ou au moins à t’occuper l’esprit, quand tu es à l’hôpital ? Tu voudrais que je t'emmène quelques trucs pour lire, étudier ou autre chose ?"

En arrivant ici, Nuru avait réalisé qu’il n’était littéralement jamais entré dans un appartement « classique », familial, normal. Ça n’avait pas l’air très grand mais c’était… Si simple. C’est peut-être ce qu’il avait dû connaître, tout-petit, mais impossible de s’en souvenir. Assis à table, les jambes coupées par la fatigue et le moral très bas, il échangeait peu de mots avec le capitaine, car il ne savait quoi dire. Il n’osait pas trop non plus. Renfermé sur lui-même, comme dans une coquille bien étroite, il en était encore à écouter et observer, sans savoir comment réagir ou quoi faire. Incapable de se remettre vite, physiquement parlant, encore moins moralement. Ça le gênait beaucoup et il s’en voulait de ne pas réussir à appliquer ce qu’on lui avait enseigné au Temple.

L’épuisement était écrasant, de corps et d’esprit. Même sur cette planète, en plus, il avait directement atterri à l’hôpital. Où on lui répétait que c’était normal, pour les gens comme lui, qu’il fallait prendre son temps et ne pas s’en faire. Sans compter tout ce qu’on lui avait avoué depuis… Il n’arrivait pas encore à s’en remettre et ne cessait de penser à la réaction de son maître s’il voyait ça. Il serait sûrement en colère ou déçu ! Il lui dirait de mieux gérer ses émotions, de méditer, se reprendre en main et s’entraîner plus. C‘était aussi sûrement ce que diraient les autres Jedi survivants ou ceux qui étaient « revenus », comme lui. Nuru craignait de les revoir, aujourd’hui, alors qu’il se trouvait dans cet état. Il avait peur qu’ils lui disent qu’il leur faisait honte.

Syal revint lorsque Soontir terminait de cuisiner. Tous les deux étaient très gentils, avec lui. C’était apaisant et changeait des longs moments où, seul dans son lit d’hôpital, il angoissait sur beaucoup de choses. Comme le lieutenant qui avait été très gentil aussi. C’était… Bête de le dire, mais pour le moment, il avait moins peur de se retrouver avec eux que face aux Jedi et aux erreurs qu’il ne cessait d’enchaîner depuis qu’il avait été projeté dans ce temps. Il n’y arrivait plus, c’est tout, canaliser et gérer ses émotions, ce n’était plus possible. Plus il essayait de verrouiller le trop-plein, puis ça lui explosait au nez. Son maître lui en voudrait sûrement…

"Est-ce que tu arrives un peu plus à te reposer, maintenant, Nuru ? Ou au moins à t’occuper l’esprit, quand tu es à l’hôpital ? Tu voudrais que je t'emmène quelques trucs pour lire, étudier ou autre chose ?"

Nuru n’osa répondre qu’il n’arrivait ni à se reposer, ni à s’occuper paisiblement. Qu’il essayait de se forcer à méditer alors que ça le rendait encore plus malade, histoire d’être enfin capable de gérer. Qu’il s’efforçait de retrouver le contrôle, alors que sa seule envie était de lâcher prise pour de bon, pleurer un long moment et respirer librement.

"Je n’arrive pas encore à retrouver des forces," murmura-t-il en commençant à picorer le gratin dans son assiette. "J’essaye vraiment, c’est promis. Le docteur n’a pas voulu que je reprenne un livre pour étudier, au moins, il dit qu’il faut d’abord prendre le temps de se reposer. De lire des trucs qui fatiguent moins, dormir, regarder des films…"

En résumé, ni travail, ni entraînement, même à faible dose, il lui avait clairement signifié que c’était hors de question. Même à petite dose ! Est-ce qu’essayer de méditer comptait comme un entraînement ? Il gardait le regard baissé sur son assiette, en mangeant doucement. C’était bon, oui, même s’il n’arrivait pas exactement quels légumes étaient là-dedans.

"Il y a une bibliothèque, ici ?"

"Je n’arrive pas encore à retrouver des forces. J’essaye vraiment, c’est promis. Le docteur n’a pas voulu que je reprenne un livre pour étudier, au moins, il dit qu’il faut d’abord prendre le temps de se reposer. De lire des trucs qui fatiguent moins, dormir, regarder des films…"

"Il veut que tu te laisses plus de temps," sourit doucement Syal.

Il échangea un bref regard avec elle, tandis que Nuru gardait le sien baissé. Ils en avaient déjà un peu parlé entre eux, de la difficulté du petit à accepter de se reposer ou même, tout bêtement, de se laisser aller. Comme s’il n’avait pas le droit de le faire ! Dévoiler des émotions, c’était plutôt basique, pourtant, mais il… Eh bien, il se retenait, c’était assez bizarre. Soontir commençait à se dire que le petit s’en voulait vraiment de ne pas « réussir » à retrouver des forces, alors qu’il n’y avait pourtant rien de plus normal que ça, à l’heure actuelle. Il avait pourtant bien le temps !

"Il y a une bibliothèque, ici ?"

"Oui, je te la montrerai demain, après le travail, si tu veux. Tu as encore bien le temps de te remettre à étudier, tu sais ! Personne, sur ceux touchés, ne s’est remis en un claquement de doigt. Cette maladie est infernale. Et tu as le droit d’être fatigué, d’en avoir marre, de pleurer si tu en as envie ou juste de ne pas vouloir rester seul. Hélas, on ne peut pas décider soi-même du moment où toutes nos forces vont revenir. Tu auras beau essayer, seul le temps et les soins aideront, pour tout ça. Et alors, comme on dit ! Personne ne va te faire une remarque là-dessus, ça serait même le contraire, tu en aurais si tu ne te reposais pas assez longtemps."

Il eut un léger rire, très bien placé pour le savoir. Ça lui était déjà arrivé, deux ou trois fois, de se blesser durant des entraînements ou des missions. Rien de très grave ou bien méchant, à chaque fois, pourtant, ça n’avait pas empêché les médecins de lui râler dessus s’il faisait trop de trucs interdits trop tôt ou qu’il se levait avant l’heure. On leur répétait que c’était stupide et que repartir sur le terrain avant d’être parfaitement remis revenait à se mettre en danger soi-même, voire à mettre en danger les autres. Ce dernier argument faisait généralement beaucoup plus mouche, chez beaucoup. Heureusement, la majeure partie de la base était quand même raisonnable. Soontir soupçonnait très fort l’existence d’une liste noire, non écrite, sur les patients difficiles, tenue par les médecins militaires. Ça expliquerait pourquoi ils menaçaient aussitôt certains hommes seulement, pour les faire se tenir tranquilles, dès qu’ils arrivaient devant eux, sur un brancard.

"Sinon, blague à part, tu n’es pas au temple et on n’a pas, ici, les mêmes règles sur les émotions et tous ces trucs-là. Donc si tu as envie de faire une crise de nerfs à cause du stress et de la fatigue, ne te prive pas. A ton âge, je ne vois pas qui sera surpris ou t’en voudras."

"Ou nous parler de ce qui ne va pas, plus simplement," ajouta Syal dans un léger soupir, en lui filant un coup de coude.

"Oui, c’est ce que je voulais dire !"

"Tu le dis très mal."

"Ah, peut-être. Bref, on n’est pas là pour te juger, ni qui que ce soit, d’ailleurs."

Là, c’était mieux comme ça ? Il lança un regard interrogateur à sa femme, tout en avalant de travers sa bouchée de gratin. Il improvisait, aussi ! Les enfants, il n’en côtoyait pas tous les jours non plus ! Avec leur fille aussi, il improvisait, après tout. C’est que ça s’apprenait en prenant son temps, ce genre de trucs.

"Oui, je te la montrerai demain, après le travail, si tu veux. Tu as encore bien le temps de te remettre à étudier, tu sais ! Personne, sur ceux touchés, ne s’est remis en un claquement de doigt. Cette maladie est infernale. Et tu as le droit d’être fatigué, d’en avoir marre, de pleurer si tu en as envie ou juste de ne pas vouloir rester seul. Hélas, on ne peut pas décider soi-même du moment où toutes nos forces vont revenir. Tu auras beau essayer, seul le temps et les soins aideront, pour tout ça. Et alors, comme on dit ! Personne ne va te faire une remarque là-dessus, ça serait même le contraire, tu en aurais si tu ne te reposais pas assez longtemps."

Il fit une petite moue, un peu vexé malgré tout car il voudrait bien pouvoir faire mieux. Il devrait faire mieux ! Mais c’est vrai qu’ici, on ne lui disait rien. Il avala avec un peu de peine, en cherchant quoi répondre, toussa avant de prendre de l’eau. Ce n’était pas juste une question de, de, de… Enfin, il… Ça changeait aussi les idées, quoi ! Il trouvait encore très bizarre qu’on lui dise qu’il avait le droit de pleurer, ou d’exprimer tout comme ça, ou de… Il ne trouvait pas ça très naturel. Il savait qu’il n’y avait pas les mêmes règles, oui, mais il n’était pas encore habitué.Et à faire des crises de nerfs, carrément, encore moins.

En les regardant, tous les deux, quand ils se répondaient, il se demandait aussi pourquoi on leur avait enseigné avec force à quel point l’attachement était un sujet sensible et même dangereux… Depuis tout petit, il avait appris ça. Sans voir le danger, ici, avec un couple en face de lui. Ils avaient l’air… Normaux… Gentils, à l’écoute, ils se souriaient en se parlant… Où était le mal ? Il ne comprenait pas ou bien, c’était les leçons sur l’amour et l’attachement qu’il avait mal compris. C’était ça, être dans une famille, alors ? Avec des gens qui s’aimaient mais qui n’avaient aucun devoirs entre eux comme un maître envers son élève ?

"Ah, peut-être. Bref, on n’est pas là pour te juger, ni qui que ce soit, d’ailleurs."

"Merci," sourit-il doucement.

Il en était à se repasser mentalement absolument tous les cours dont il se souvenait, sur ce sujet, pour essayer de comprendre ce qu’il aurait pu mal interpréter et savoir où il en était. Ce qu’il avait saisi, c’est que trop s’attacher pouvait vous faire trop de mal si vous perdiez un proche et que c’était ça qui pouvait vous briser l’esprit. Et que, heu… Il devait bien y avoir autre chose. Là encore, la gêne remonta. Les cours théoriques, ce n’était pas son point de fort, il avait tendance à s’endormir, quand les classes étaient trop longues. Maître Skaa lui avait souvent répété de faire attention, qu’il pouvait manquer de concentration. La tentation de jouer avec les autres Padawan de son âge était souvent plus fort que d’écouter tranquillement en cours.

"Mais vous êtes sûrs que j’ai le droit de rester ?" demanda-t-il ensuite avec une légère grimace. "C’est une base militaire et je ne peux pas y travailler comme les soldats. Vous êtes sûrs que vos chefs ne vont pas me jeter dehors ? Ou me dire d’aller dans l’Ascendance ? Je n’ai plus de famille, en plus, là-bas, si ça se trouve."

Allez, haut les cœurs, ça allait le faire, petit à petit ! Pour le moment, oui, c’était dur, mais Soontir était convaincu qu’à force de temps et de patience, ça allait beaucoup mieux se passer. Les moments comme ceux-là pouvaient pas mal aider, se retrouver autour d’un repas tout ce qu’il y a de plus classique, en toute tranquillité, c’était bon pour le moral, à son humble avis. A la question que lança le petit ensuite, il hocha vigoureusement la tête en répondant que c’était évident, qu’il aura le droit de rester ! Il existait une partie civile à la base, après tout ! Il y avait même des tous petits êtres tout à fait adorables pointant peu à peu le bout de leur petits nez. L’innocence à l’état pur, il fondait instantanément dès qu’il repensait à la si mignonne bouille de leur fille. Les enfants étaient vraiment son point faible, il n’arrivait jamais à rester stoïque devant eux.

"Je pense que tu dois toujours avoir de la famille, même si tes parents sont décédés," ajouta-t-il ensuite en y réfléchissant. "Si j’ai bien compris comment ça marche, avec la structure des noms dans ton peuple, ton nom est censé être Nuruodo. En cherchant qui porte le même, ça aiderait à retrouver des gens."

Il en était à se demander s’il y en avait pas déjà un, dans la base, qui portait le même nom, avant que ça ne fasse tout à coup « tilt » dans son cerveau. Leur grand chef, tout simplement ! Il pourra peut-être savoir qui étaient les oncles, tantes ou autres du petit. Soontir n’avait aucune idée de s’il pouvait lui-même être un cousin ou autre chose, mais bon, peu importe, c’était déjà un premier pas pour en apprendre plus.

"Il y a notre chef qui porte ce nom, déjà. L’amiral, que tu as déjà rencontré, chez les Golswar. Il a sans doute des informations en plus si ta famille, ou s’il ne sait pas, au moins dire à qui s’adresser, sur place. Si tout s’était bien passé, tu aurais dû avoir, aujourd’hui, dans les trente ans, peut-être un peu plus. Ce n’est pas assez vieux pour qu’on t’ait totalement oublié, malgré ta disparation, quand tu étais tout petit. Au contraire, même, je ne pense que ça arrive souvent, de perdre des enfants dans la nature."

En fait, plus il interagissait avec ce peuple, plus il se disait que cette histoire avait dû être un affront pu et simple. Ça signifiait que des pirates ou on ne savait qui étaient parvenus à s’en prendre à un vaisseau civil de l’Ascendance, sans que la Flotte n’ait pu réagir ou l’empêcher, avec en plus la preuve qu’un des membres de la famille présente à bord avait été éjectée dans un capsule, sans que cette dernière ne soit jamais retrouvée. Pour les Chiss avec qui il discutait souvent, le capitaine les imaginait mal bien réagir à ça. Se faire pulvériser une navette civile, juste comme ça, sans qu’on ne sache qui l’avait fait ni où était passé le seul survivant…

"Tu ne sera pas obligé de rester là-bas, si tu n’en as pas envie, en tout cas. Par contre, si tu veux tenter de revoir les tiens, ou au moins savoir qui ils sont, je pense que c’est possible. Tu voudras faire parvenir un message à l’amiral, sur tout ça, pour commencer ?"

C’est vrai que ça serait son nom de famille… Ça aussi, c’était un des trucs avec lequel il avait encore du mal. Ça touchait à son identité propre, l’intime, hors, il venait d’apprendre que non seulement la traduction avait été mal faite mais qu’en plus, la seule origine qu’il pensait encore avoir n’était pas la bonne. S’il préférait qu’on continue de l’appeler Nuru malgré tout, ce qui ne choquait personne parmi les Humains, ici, il s’inquiétait déjà de la réaction de son peuple natal en entendant ça. Et encore plus de sa famille, s‘il en avait encore une. La barrière de la langue sera déjà conséquente, ce ne serait pas encore plus ridicule, s’il se présentait avec une moitié de nom de famille ?

"Il y a notre chef qui porte ce nom, déjà. L’amiral, que tu as déjà rencontré, chez les Golswar. Il a sans doute des informations en plus sur ta famille, ou s’il ne sait pas, au moins dire à qui s’adresser, sur place. Si tout s’était bien passé, tu aurais dû avoir, aujourd’hui, dans les trente ans, peut-être un peu plus. Ce n’est pas assez vieux pour qu’on t’ait totalement oublié, malgré ta disparation, quand tu étais tout petit. Au contraire, même, je ne pense que ça arrive souvent, de perdre des enfants dans la nature."

Il devrait avoir trente-quatre ou trente-cinq ans, aujourd’hui, oui… Il déglutit avec un peu de peine, tout en mangeant. Pourquoi cette affaire-là n’aurait-elle pas été oubliée ? Trente ans, c’était long, bien assez pour que plus personne ne s’en souvienne ! Non ? Ça avait dû être comme… Un fait divers, non ? Des histoires de vaisseaux qui se faisaient attaquer et détruire, dont personne ne retrouvait la trace, ça arrivait souvent, dans la République… C’était toujours un malheur, mais mis à part les familles des victimes, qui s’en rappelait ? Il y avait tellement de mondes, tellement de peuples différents, tellement d’affaires en tous genres, que celle-ci passait dans le flot sans qu’on ne s’en soucie. C’était presque banal, malgré le drame.

Il ne savait pas trop si les trucs comme ça, c’était banal, pour les Chiss. Par contre, il se disait que pour une nation de cette taille, ça ne devait pas être quelque chose de très important. Un vaisseau civil attaqué ou détruit, ça devait quand même arriver plein de fois… Non ? Pour demander à l’amiral, heu… Il voyait les officiers comme des gens toujours très occupés, à faire plein de trucs, toujours partis dans des longs voyages pour aller combattre il ne savait où. Et se voyait donc très mal déranger pour une demande aussi privée. Ça ne se faisait pas.

"Je ne vais pas déranger pour ça," souffla-t-il en secouant la tête.

En plus, ils pourraient bien porter le même nom de famille par pure coïncidence, ça arrivait plein de fois chez les Humains. Il n’osait pas avouer que ça le… coinçait, en quelque sorte. Tout se mélangeait. A se freiner lui-même sur l’idée de trouver sa famille, car ça lui ferait trahir un peu plus les règles de l’Ordre Jedi. La honte d’avoir oublié leur langue, oublié son propre nom. La peur d’être ridicule ou rejeté. Ce sentiment d’être un étranger complet, face à un peuple qu’il ne parvenait pas encore à considérer comme le sien. La ressemblance physique était très loin de suffire… Sans compter qu’il faudrait qu’il aille seul là-bas, en voyage, pour partir à la rencontre de sa famille, si elle était retrouvée. Le tout alors qu’il ne savait dire que bonjour et au revoir en Cheunh, pour le moment.

"Mais, ce… Ce serait possible d’apprendre leur langue quand même, j’aurais le droit ?"

Il pensait que ce peuple allait le renvoyer bouler, sur ce sujet, puisqu’il n’avait plus grand-chose de commun avec eux. Même si c’était la ré-apprendre, quelque part, il avait dû forcément la comprendre, lorsqu’il n’avait que trois ou quatre ans. Le temps lui avait fait oublier, simplement.

Pas envie de déranger ? Il échangea un bref regard avec Syal, puis haussa les épaules. Bon, très bien. Il s’en chargera de son côté, dans ce cas, de faire parvenir un message au grand chef ou d’essayer de le rencontrer en face en face pour poser ses questions. En cas d’absence de réponse ou s’il se faisait rembarrer, ça ne le choquera pas et ne le blessera pas non plus, contrairement au petit, encore trop fragile en ce moment pour bien encaisser. Même si on lui reprochait encore de se mêler de ce qui ne le regardait pas, ça ne sera pas bien grave non plus ! Et si l’amiral répondait qu’il n’en savait rien, il pourra voir avec d’autres… Mmh… Le sergent Mozia faisait régulièrement l’aller-retour, avec le convoi, il pourrait faire passer le message. Ou au moins lui expliquer comment ça se passait, ce type de recherches, s’il existait une liste des clans recensés, ce genre de trucs.

"Mais, ce… Ce serait possible d’apprendre leur langue quand même, j’aurais le droit ?"

"Bien entendu," sourit Syal, même si elle eut du mal à dissimuler sa surprise pour une telle question. "Il y a déjà des cours Minnisiat et de Basic, de Sy Bisti également. Pas pour celle-ci mais ça ne devrait pas être très compliqué de trouver quelqu’un pour te l’enseigner."

"Totalement. D’ailleurs, j’en connais deux à qui ça ne ferait vraiment pas de mal d’apprendre à sortir le nez des soucis de leurs clans et à être plus pédagogues et ouverts. Sans compter que ça les ferait grandir."

Un sourire narquois vint étirer ses lèvres, en y pensant. Oui, vraiment, à eux aussi, ça les pousserait à sortir de leur zone de confort et se confronter à plus de difficultés, dans la vie. Il serait assez simple de leur caler des petites séances pour qu’ils puissent enseigner à Nuru, soit à tour de rôle, soit dans l’écriture et l’autre pour le langage oral, à voir. Sans oublier la culture Chiss et tout ce qui va avec. En plus de ça, ils seraient bien forcés de coopérer gentiment, une fois de plus, c’était important. Ils pourront aussi continuer de se familiariser eux-mêmes avec le Basic, en côtoyant le petit. Bien, il allait s’occuper de ça dès le lendemain. Ses élèves devaient tous apprendre, de toute façon, à gérer divers types de relations, avec les autres, tout en apprenant comment veiller sur les plus fragiles. Surtout, apprendre à toujours aider les plus fragiles ou prendre soin de ses propres subordonnés. Même si ça vous fichait vous-même dans la merde.

Il y en avait pas mal pour dire qu’il fallait avant tout obéir aux ordres, même si ça signifiait laissait tomber d’autres personnes sur le champ de bataille ou ne pas essayer de les aider ! Une conception ridicule du boulot d’un officier, selon lui, il estimait que c’était le devoir d’un chef de tout tenter, même si la dernière des tentatives possibles consistait à laisser partir une poignée d’hommes seulement. C’était toujours mieux que ne rien faire du tout ! C’était bel et bien cette vision-là qu’il fourrait dans le crâne de ses élèves. Il ne faudrait pas qu’ils pensent que c’est bien de suivre des ordres aveuglément sans avoir besoin de réfléchir à ce qu’on vous demandait. Ils ne devaient pas devenir de simples exécutants dénués de bon sens.

"Si tu ne te sens pas encore très à l’aise, ne t’en fais pas, je dérangerai les Chiss à ta place, pour obtenir des informations," sourit-il. "Puis si tu décides d’aller là-bas, un de ces jours, on trouvera avant quelqu’un de confiance pour t’accompagner."

Pour ça, malheureusement, il ne pourra pas trop l’aider. Il ne connaissait que quelques mots de leur langue, pour les avoir entendu assez souvent, dans la base, et ne pourrait évidemment pas se repérer sur place, n’y ayant jamais fichu un orteil. Au moins, dénicher une personne de confiance, il pourra sans doute faire.

"Bien entendu. Il y a déjà des cours Minnisiat et de Basic, de Sy Bisti également. Pas pour celle-ci mais ça ne devrait pas être très compliqué de trouver quelqu’un pour te l’enseigner."

"Totalement. D’ailleurs, j’en connais deux à qui ça ne ferait vraiment pas de mal d’apprendre à sortir le nez des soucis de leurs clans et à être plus pédagogues et ouverts. Sans compter que ça les ferait grandir."

Ah, qui ça ? Comment il pouvait déjà être aussi sûr que… Oh, bon, pour le moment, ce n’était pas la peine de poser trop de questions. En revanche, l’affirmation suivante le fit sursauter. Mais… Non, non, non ! Il ne fallait pas ! Il secoua vivement la tête, en répétant que ça ne servait à rien de déranger juste pour ça, vraiment, qu’il ne cherchait pas à savoir à ce point-là et que ce n’était pas si important. Et lorsqu’il lança qu’en plus, il pourrait s’attirer des ennuis à cause de ça, Syal fit tout à coup une drôle de moue. Un mélange très bizarre entre résignation et… Amusement ? Il ne comprit pas bien pourquoi et n’osa pas poser la question. Bref, voilà… Ce n’était vraiment pas la peine de… En plus, à cause de lui, alors non, merci, hein. Il reprit son souffle, toussant légèrement après cette petite tirade.

"En plus, je ne vois pas pourquoi d’autres Chiss se soucieraient de tout ça," marmonna-t-il en continuant à manger.

Il essayait de se rassurer un peu, mais bon… C’était vrai aussi… il ne sentait pas assez à l’aise pour partir comme ça à l’aventure en direction de l’Ascendance, avec quelqu’un de complètement inconnu. Pour le moment, il pouvait faire confiance en le lieutenant qui lui avait tout expliqué, en Soontir et Syal, et… C’était encore tout, pour le moment.

"Vous avez l’habitude, de vous attirer des ennuis ?"

Il commençait à se poser de sérieuses questions, sur le sujet… C’est qu’il avait l’air très… Heu… Un peu rebelle, sur les bords ? Pour un soldat, c’était très étonnant ! Mais son attitude criait qu’il pouvait avoir des comportements assez peu conformes, pour dire les choses gentiment.

Allons, allons, allons, pas la peine de paniquer ! Il n’allait pas le forcer à venir avec lui et ne lui demandait pas de s’obliger quand même à aller poser toutes ces questions ! Soontir lui lança un sourire rassurant, attendri en le voyant bafouiller ainsi et s’agiter. Allez, ce n’était pas bien grave et ça ne le gênait absolument pas de le faire. Dans le pire des cas, il aura juste à essuyer une engueulade en règle et quelques bricoles de plus. Il termina dans la foulée son gratin, puis coupa du pain, pour essuyer l’assiette. Ça manquait quand même un poil de sel, cette histoire, il devra y penser la prochaine fois. Pour un soir, en revanche, ce n’était pas mal. Assez léger, facile à digérer. Pourvu que leur fille aussi aime les légumes, en grandissant, d’ailleurs… Ils en mangeaient pas mal, si jamais ce n’était pas son truc, bonjour les crises, lorsqu’elle arrivera à l’âge de la diversification alimentaire.

"Vous avez l’habitude, de vous attirer des ennuis ?"

"Assez, oui," sourit-il en haussant les épaules, alors que Syal soupirait très fort. "Je suis adepte de ce mes collègues et supérieurs appellent des méthodes douteuses. Il m’arrive d’oublier des règles absurdes ou immorales, d’en contourner d’autres en cas de besoin. Ça m’a valu pas mal d’ennuis, au cours de ma carrière. C’est pour ça que j’avais été dégradé, par l’Empire. Je me demande pourquoi ils ne m’ont pas viré, d’ailleurs, tout court… Han s’est bien fait dégager, lui, alors qu’il était un excellent pilote. Ils ne s’occupaient pas de la perte de compétences."

Une légère moue perplexe le prit à cette pensée. Clairement, ils auraient pu et en avaient eu l’occasion à plusieurs reprises. Encore pire après avoir découvert que deux de ses anciens élèves étaient passés chez l’ennemi. Plusieurs fois, Soontir s’était demandé pourquoi ses supérieurs n’avaient pas demandé son expulsion pure et simple de la Marine, comme Han et d’autres. Il avait commis les mêmes insubordinations, les mêmes altercations avec quelques chefs… Il s’était mis à dos tout autant d’amiraux et autres officiers de tous poils. Même sur Nirauan, il savait que ça pouvait lui pendre au nez à n’importe quel moment. Il suffirait d’une situation un peu tendue, similaire à ce qu’il avait connu dans l’Empire ou dans l’Alliance Rebelle. Une menace qui ne l’incitait pas à changer d’attitude pour autant.

"Mais dis-toi que ce qui compte, ce ne sont pas les ennuis que tu risques mais bien l’évolution possible, in fine. Un peu comme ce qui est arrivé avec Nosig, récemment. Avoir pu aider une personne sous ta responsabilité, ou quelqu’un que tu apprécies, peu importe, c’est toujours plus important que perdre ton grade, ton poste, ton travail. Même chose pour cette affaire de racisme, l’autre fois. Avoir soi-même des ennuis en vaut la peine, si ça permet de régler une injustice. Et au final, quand j’étais dans l’armée impériale, ce sont les chefs les plus véreux et idiots qui m’ont offert une opportunité précieuse, sans le réaliser. N’importe quel problème te tombant dessus peux t’amener à une nouvelle voie à suivre."

Il y avait aussi un esprit de contradiction très fort, développé sur Corellia, qui lui avait appris cette mentalité. On se défendait comme on pouvait.

"Parfois, c’est même un tout petit élément, insignifiant, qui va t’engager sur une toute nouvelle fois. C’est parfois agaçant, mais bon, la vie serait bien fade sans ça."

"Assez, oui. Je suis adepte de ce mes collègues et supérieurs appellent des méthodes douteuses. Il m’arrive d’oublier des règles absurdes ou immorales, d’en contourner d’autres en cas de besoin. Ça m’a valu pas mal d’ennuis, au cours de ma carrière. C’est pour ça que j’avais été dégradé, par l’Empire. Je me demande pourquoi ils ne m’ont pas viré, d’ailleurs, tout court… Han s’est bien fait dégager, lui, alors qu’il était un excellent pilote. Ils ne s’occupaient pas de la perte de compétences."

"Ah…"

Et ça l’avait jamais dissuadé d’arrêter ou de… Enfin… Le capitaine répondit à cette question avant même qu’il ne la pose, comme s’il avait aussi l’habitude de se justifier sur ça. Avec cette explication-là, Nuru comprenait mieux. Ça se tenait, comme raisonnement… C’était bien ce que les Jedi avaient enseigné, durant tous ces cors, ce qu’ils répétaient souvent, une attitude qu’il pouvait déjà parfaitement comprendre. Mais qu’il ne pensait pas retrouver chez un soldat, en réalité, car eux étaient conditionnés eux aussi, à respecter les ordres et tout. Pas à les contredire allègrement comme ce capitaine le faisait. Il avait toujours pensé qu’il y aurait moins de possibilité de désobéir, finalement, que les soldats étaient plus… Heu, comment le dire… Moins prompts à utiliser des méthodes « douteuses », en fait.

"Parfois, c’est même un tout petit élément, insignifiant, qui va t’engager sur une toute nouvelle fois. C’est parfois agaçant, mais bon, la vie serait bien fade sans ça."

Le jeune garçon imaginait mal quel type d’élément insignifiant avait le pouvoir de changer radicalement votre vie. Il n’en dit rien, du coup, hochant juste un peu la tête sans répondre. Pour lui, un élément insignifiant, c’était apercevoir une scène au loin, entendre une conversation au détour d’un couloir ou entre deux personnes à côté de vous, ce genre de trucs. Autrement dit, il ne voyait vraiment pas comment de telles choses auraient le pouvoir de tout bousculer. Il les interrogea plutôt sur ce qui les avaient amené ici, sur Nirauan, en terminant de manger. Ils avaient bien été rebelles, avant, non ? Nuru ne voyait pas encore bien ce que faisait l’Alliance, il savait juste qu’ils voulaient aussi faire tomber Palpatine. C’est en les écoutant qu’il apprit que Syal avait encore un frère, engagé là-bas, aussi un pilote. Un ancien élève de son mari, en plus, ironie du sort.

"Ils sont alliés avec les Jedi, alors… ?" demanda-t-il, en hésitant un peu à poser plus de questions.

A quoi pouvait bien ressembler l’Ordre, aujourd’hui, ça… Nuru ne savait plus trop où il en était, s’il avait vraiment envie de le savoir et quoi faire de ces informations. Y retourner, comme ça, non, pas encore, du moins. Mais… Il aimerait au moins savoir ce que c’était devenu…

Syal se chargea d’expliquer au petit où ils avaient vécu avant, leur vie dans l’Alliance, son frère, encore là-bas, et ainsi de suite. La raison de leur départ était plutôt simple, malheureusement, beaucoup leur en voulaient encore, de ça ! Ce n’était vraiment pas difficile à comprendre, pourtant… L’Alliance était autant remplie de politiciens que de soldats, ça ralentissait le processus tout entier, ces conneries ! On ne devrait pas laisser des politiciens gérer entièrement seuls la guerre ! Qu’ils oient là en plus des hauts officiers, d’accord, quand on dirigeait une nation, mais de là à les laisser seuls aux manettes avec tout le bousin… Il fallait absolument que les deux parties travaillent ensemble, hors, l’Alliance n’avait pas capté ça. Ridicule ! Enfin bref, c’était du passé, tout ça, peu importe aujourd’hui.

"Ils sont alliés avec les Jedi, alors… ?"

"Les Rebelles ? Heu, oui, je pense, je ne sais pas trop ce qu’ils ont comme lien, entre eux. On ne les voyait pas des masses, quand on était encore là-bas. Sans compter qu’ils avaient un sacré problème relationnel avec Skywalker. J’imagine que ça soit être plus détendu, aujourd’hui."

Il se leva pour aller chercher le dessert et leur demanda ce qu’ils voulaient. Syal avait empilé les assiettes vides, sur la table, pour faire de la place. En revenant à table, Soontir expliqua à Nuru ce qu’il savait de l’Ordre Jedi actuel, bien que ça ne représente pas grand-chose. Il y avait sacrément longtemps qu’il n’avait pas croisé l’un des leurs, après tout ! Mais il put lui dire à peu près combien ils étaient, à quel genre de mission ils participaient et leur chef, heu… La dernière fois qu’il les avait rencontré, c’était Kenobi, ça avait peut-être changé depuis. Il s’excusa de ne pouvoir lui en dire beaucoup plus, avec un sourire compatissant, tout en épluchant le fruit. Ils n’avaient pas beaucoup de contacts avec l’Ordre, ici.

"La lieutenant Kravhenn a été s’entraîner chez eux, il n’y a pas très longtemps, elle pourra te donner plus d’informations," poursuivit-il après avoir avalé un morceau. "je te la montrerai, demain ou à un autre moment, si tu veux. Ou alors, tu peux aussi attendre que l’un d’entre eux revienne dans les parages, mais ça risque d’être très long. Tu voudrais les rencontrer ?"

"Les Rebelles ? Heu, oui, je pense, je ne sais pas trop ce qu’ils ont comme lien, entre eux. On ne les voyait pas des masses, quand on était encore là-bas. Sans compter qu’ils avaient un sacré problème relationnel avec Skywalker. J’imagine que ça soit être plus détendu, aujourd’hui."

Nuru eut envie de répondre que c’était toute la galaxie qui avait un problème relationnel avec Skywalker, avant de se souvenir que ce n’était pas le même Skywalker, chez les rebelles. Oups. Il referma la bouche, légèrement gêné, alors que le couple empilait les assiettes puis allait chercher un dessert. Le capitaine lui expliqua, ensuite ce qu’il savait de l’Ordre. Un seul nom familier, pour Nuru, celui de maître Kenobi. Les quelques autres cités ne lui disaient absolument rien. Il dit qu’il n’avait pas à s’excuser, de ne pas en savoir beaucoup. C’était normal, il ne vivait pas là-bas ! Et s’il n’y avait pas souvent de contacts, en plus… C’était déjà étrange qu’il y en ait, tout court. L’Ordre qu’il avait connu ne possédait aucun lien avec une organisation militaire… Même si ça avait changé ensuite, malheureusement.

"La lieutenant Kravhenn a été s’entraîner chez eux, il n’y a pas très longtemps, elle pourra te donner plus d’informations. Je te la montrerai, demain ou à un autre moment, si tu veux. Ou alors, tu peux aussi attendre que l’un d’entre eux revienne dans les parages, mais ça risque d’être très long. Tu voudrais les rencontrer ?"

Hum… C’était… Il secoua un peu la tête, en tentant de sourire. Plus tard, peut-être… Il marmonna qu’il n’était pas encore trop sûr et préférait attendre. Se remettre complètement prendra déjà assez de temps et il voulait être bien sûr de ne pas se tromper. Entre les nouvelles envies montantes sur ce qu’il voulait faire et les pressions, complètement personnelles, encore présentes pour revenir à ce qu’il avait connu… Tout ça était très brouillon. Il tenta quand même de l’expliquer au couple, bien qu’il se perdit assez dans ses déclarations et n’était donc pas sûr qu’ils comprennent. Pas si grave, il recommencera en ayant la tête reposée. Toujours est-il que pour le moment, revenir vers l’Ordre n’était pas une priorité.

"Les Rebelles veulent voir le retour de la République ?"

"C’est ça," confirma Syal en s’essuyant les mains, après avoir fini son fruit. "Sans doute pas telle qu’elle était autrefois, par contre, je ne saurais dire ce qu’en pense leur Conseil. Le régime impérial, en lui-même, n’est pas forcément plus mauvais, si une bonne personne en est à la tête, mais il est trop connoté pour la rébellion. Tout ça sera discuté plus sérieusement à la fin de la guerre, pendant le processus de reconstruction. Le jeu politique deviendra très rude."

"C’est violent, la politique ?"

"C’est… Hum… Parfois compliqué. Les bonnes intentions sont toujours difficiles à tenir, lorsque cela dépasse une certaine échelle."

Elle se lança dans ses explications, sur comment fonctionnait la politique et toutes les implications qui en découlaient. Très vite, Nuru sentit son cerveau fondre littéralement, tant il n’y comprenait rien du tout. Ce qu’il finit par lui dire. Désolé, c’était gentil d’essayer, mais là… Ça la dépassait complètement.

Non, pas encore ? Pas de soucis, ça sera à lui d’en décider, lorsqu’il se sentira prêt ! Il n’avait pas besoin de se justifier, même s’il tentait, ni lui ni Syal ne comptaient le forcer. Par contre, lorsque la conversation dériva sur la politique et les projets des rebelles là-dessus, comment ça fonctionnait et ce qui risquait d’advenir de la galaxie ensuite, Soontir eut soudain l’envie pressante de fuir cette table. Argh, pitié… Le petit aussi avait du mal à suivre, noyé comme lui. Il y avait quand même des trucs que le capitaine comprenait, dans le tas… Mais ça le gonflait. Il avait horreur des longs débats sur ce sujet et était agacé que des petites choses prennent autant d’heures de discussions. Heureusement, son épouse finit par voir qu’elle était la seule à vraiment se passionner pour le sujet et passa à autre chose. Merci !

Après le repas, ils continuèrent de discuter avec le petit et le réconforter, sur le canapé. Avant de devoir le ramener à l’hôpital, qu’il puisse se coucher. Soontir aurait bien aimé qu’il reste dormir chez eux, dans une chambre au calme, hélas, ils n’avaient pas assez de place. Il devra voir comment s’arranger, pour ça… Une fois, aussi, que les médecins accepteront que le petit ne soit plus autant sous surveillance médicale, lorsqu’il arrivera à marcher sans se fatiguer, qu’il aura repris un peu de poids ! D’ici là, il prit le soin de le border, dans son lit, l’embrassa sur le front pour lui souhaiter une bonne nuit, comme il le faisait avec sa propre fille, tous les soirs. Estimant que ce petit garçon méritait tout autant d’affection et d’attention que leur petit Anya. Un jour, ils pourront grandir côte à côte, qui sait, il allait voir comment arranger ça. Si le petit le voulait bien aussi.

"Dors bien, mon poussin. Fais de beaux rêves et à demain."

Il quitta la chambre et éteignit la lumière, au passage. Sur le chemin du retour, il se prit rêveusement à imaginer une grande famille, plein d’enfants autour d’eux, qu’ils pourraient aimer et faire grandir… Syal ne semblait pas contre l’idée, à son plus grand bonheur. Les enfants étaient autant son point faible que sa joie, il les adorait et voudrait tellement être papa d’une grande fratrie. Même s’ils devaient vivre dans la «partie « civile » d’une grande base militaire, ce n’était pas bien grave, ils seraient tous aimés et choyés au plus haut point. Malgré tous les ennuis possibles, personnels ou arrivant autour d’eux, l’avenir sera beau, en ayant une belle famille.