"Le capitaine Fel doit arriver d’ici peu de temps, vice-amirale," marmonna l’adjoint de celui qu’elle remplaçait, tout en lui tendant une clé contenant les derniers rapports attendus.

"Dommage qu’il soit déjà de retour, ça nous faisait des vacances," soupira légèrement Amara, avec une moue blasée, en insérant la clé. "Plus de nouvelles, sur qui a tenté de les empoisonner ?"

"Pas vraiment, l’enquête n’a rien donné et le type responsable n’a pas pu être identifié formellement. Sans doute avait-il donné le mauvais nom. Mais au moins, ça n’a pas été une catastrophe diplomatique, cette fois, rien qui ne puisse remettre en cause nos accords avec l’Empire Chiss."

"Si ça avait été le cas, il aurait eu plus que des ennuis, au retour… Cet imbécile cause des problèmes partout où il se rend, c’est invraisemblable. Il est certain qu’il va en créer encore, s’il a demandé un rendez-vous ici."

Si le colonel normalement en charge du secteur n’était pas hospitalisé, elle n’aurait pas eu besoin non plus de s’occuper de gérer son travail et donc cette rencontre à sa place. Il fallait néanmoins bien s’occuper, le temps que leur vaisseau en termine avec ses réparations. Les incursions dans les régions Inconnues causaient fréquemment des dégâts et les rencontres, ainsi que les escarmouches, avec de nombreux peuples inconnus ralentissaient souvent les défenses. Le temps de se réadapter à chaque fois. Peu à peu, ils amassaient plus d’informations et de données, cependant, ce n’était pas assez rapide à son goût. Elle passa en revue avec rapidité les derniers résultats, sur les entraînements des officiers et des sous-officiers. Des évaluation régulières étaient menées, à la fois pour s’assurer du bon déroulé des opérations que pour garder un œil sur le parcours de chacun, déceler les points forts et les points faibles, pour réajuster sans cesse la stratégie globale. Étant donné que leur « invité » sera bientôt présent devant elle, elle ouvrit le dossier associé à son nom, pour s’y intéresser de plus près.

"Que pensez-vous de son niveau, major Etsar ?"

"Il est très doué en pilotage, c’est indéniable, ainsi que pour motiver les personnes sous ses ordres et les entraîner où il souhaite. C’est un bon instructeur et il parvient à rester très proches de ses subordonnées. C’est également une terrible tête brûlée, incapable de toute prudence et qui a beaucoup trop de mal avec le respect des règles. Il est aussi mauvais en combat au corps à corps qu’il est doué aux commandes d’un chasseur."

Mmh… Elle hocha la tête et lui demanda ensuite de bien vouloir faire entrer le capitaine, l’heure était venue. Les salutations furent brèves, lorsqu’il entra dans le bureau et referma derrière lui, avant qu’elle ne lui dise de s’asseoir. Pourquoi était-il venu, cette question l’intriguait, honnêtement. Après tout, le colonel habituellement en poste ici avait déjà signalé en avoir assez qu’il « ajoute » parfois des programmes d’entraînement non officiels dans les simulateurs. Ou encore qu’il créé des exercices improbables avec ses élèves dans les dojos, les transformant parfois en véritables chantiers, le temps d’un après-midi. Les Corelliens étaient incapables de se tenir correctement, en voilà un nouvel exemple. Elle trouvait déjà extraordinaire, au fond, qu’il n’ait pas encore trouvé le moyen d’enflammer la base toute entière ou de la faire exploser… Au moins avaient-ils la chance que ce type de ne soit pas un de ces « forceux » ou pires catastrophes encore auraient pu survenir.

"J’ose espérer que vous avez demandé cet entretien, capitaine Fel, pour vous engager à respecter le règlement militaire. Et à ne plus forcer vos programmes douteux sur les simulateurs."

Pure remarque rhétorique, elle savait déjà qu’il ne pourrait tenir pareil engagement ou ne serait-ce que tenter de le faire. A ses yeux, ce n’était qu’un imbécile. Un imbécile compétent dans certains domaines et pouvant être utile à cette armée, soit, mais un imbécile tout de même. Un naïf qui ne cessait de se fourrer dans les ennuis et qui restera sûrement ainsi jusqu’à la fin de ses jours. Elle ne serait pas étonnée que ça aille bien plus loin, tôt ou tard. Il avait d’ailleurs bien de la veine d’être utile, car s’il n’était qu’un vulgaire idiot sans talent, il aurait été renvoyé il y a longtemps déjà.

Tiens, ce n’était pas le colonel Joffre… Hum, pas forcément une bonne nouvelle, ça, s’il avait su avant qu’il était absent, Soontir n’aurait pas déposé sa demande rendez-vous sitôt rentré. Il connaissait déjà la vice-amirale, pour l’avoir croisé à de rares occasions. De simples salutations formelles. Mais il connaissait sa réputation. Il s’assit tout de même tranquillement, une fois les saluts posés, en essayant de conserver un air parfaitement neutre. Cette femme n’était pas très… Agréable, d’une manière générale. A voir si c’était des rumeurs ou non, maintenant ! Il n’avait jamais servi sous ses ordres, même indirectement, il savait juste qu’elle conduisait des missions dans le Chaos, avec son équipage. Pour y faire quoi, ça, aucune idée, mais ça ne l’intéressait pas vraiment. Arf, franchement, il aurait vraiment préféré que ça soit le colonel, face à lui, il était plus, comment dire… Plus aimable.

"J’ose espérer que vous avez demandé cet entretien, capitaine Fel, pour vous engager à respecter le règlement militaire. Et à ne plus forcer vos programmes douteux sur les simulateurs."

Oh, ça va, il ne l’avait plus fait depuis au moins deux mois ! Bien avant son départ dans l’Ascendance, quoi, ça remontait, tout de même ! Il ouvrit la bouche, faillit répondre ça, puis la referma à la toute dernière seconde. Plus très sûr que ça soit une bonne idée. Que lui avait dit le lieutenant-colonel, déjà, pour savoir quoi dire au bon moment ? Qu’il devait… Ah, mais si, juste ne pas répondre trop vite et réfléchir avant. « Tout simplement ». Comme si c’était aussi simple, une fois devant le fait accompli.

"Soyez assurée, vice-amirale Tseen, que je fais toujours au mieux pour respecter le règlement."

Il était sûr qu’elle ne le croyait pas, mais bon… Il ne pouvait pas en vouloir à ceux qui pensaient ça, pour être parfaitement honnête. Mais que pourrait-il répondre d’autre ! Dire frontalement qu’il avait simplement du mal à rester parfaitement discipliné ? Il avait machinalement secoué un peu les mains, devant lui, comme à chaque fois qu’il sentait que la discussion pourrait déraper sur un terrain plus ou moins… Épuisant. C’est que ça venait toujours vite, ces trucs-là ! Avec certains officiers bien plus qu’avec d’autres, au passage, mais soit.

"Je venais vous voir à propos du règlement, justement," poursuivit-il avec une légère appréhension, sachant très bien que la transition risquait de la faire grincer des dents. "Voyez-vous, mon fils a déjà neuf ans, bientôt dix, ma fille aura un an d’ici quelques mois… Je souhaiterai pouvoir leur apprendre à piloter, sur simulateur. Bon, normalement, on le fait avec un véritable vaisseau, lorsqu’ils sont tout petit, sur Corellia. Mais ici, étant donné la situation… Je sais que ce sont déjà des civils, mais même pour eux, plus jeunes ils apprendront et mieux ce sera, surtout si la base se fait attaquer un jour. Pour des enfants, à cet âge, l’apprentissage se fait beaucoup mieux et plus rapidement qu’une fois arrivé à l’âge adulte. Par exemple, pour moi, mon père a commencé à m’enseigner tout cela lorsque j’avais deux ou trois ans."

Nuru était déjà grand, lui, bien assez pour s’asseoir dans un chasseur et apprendre à s’en servir ! Bon, au pire, il faudra rehausser un peu l’assise ou… S’arranger, finalement, mais ça pouvait très bien se faire.

Il devait bien avoir failli lui répondre une énormité, avant de lui sortir cela, cela se sentait à son air… Au moins avait-il enfin appris à s’en empêcher, même si c’était au dernier instant. Ne pas crier victoire immédiatement, toutefois, elle attendait toujours de savoir la raison de sa venue… Et ça ne tarda guère. Ses sourcils se froncèrent, d’abord légèrement puis plus durement, lorsqu’elle sut où il voulait en venir, en parlant – encore – de ses gamins. Hésitant entre l’exaspération, la simple colère ou être tant blasée qu’elle ne s’en remettra sans doute jamais. Cet imbécile réalisait-il seulement la portée de ce qu’il disait ?! Elle retint un soupir, se renfonçant dans son siège, les bras posés contre les accoudoirs. Celle-là, personne ne l’avait encore jamais tentée, cependant, elle ne pourrait prétendre être surprise qu’il soit le premier à le faire. Il y avait certes un secteur civil, sur Nirauan, mais toutes les installations militaires n’avaient rien d’une garderie ! Les mioches n’avaient absolument rien à faire dans le secteur militaire de la base, où que ce soit et peu importe qui les y conduisait.

"Pour des enfants, à cet âge, l’apprentissage se fait beaucoup mieux et plus rapidement qu’une fois arrivé à l’âge adulte. Par exemple, pour moi, mon père a commencé à m’enseigner tout cela lorsque j’avais deux ou trois ans."

Mmh, elle se nota mentalement de vérifier si tous les Corelliens avaient ce genre d’habitudes avec leurs morveux ou s’il ne s’agissait que d’une pratique isolée, de cette famille en particulier. Pour sa part, venant d’Obroa-Skai, elle n’avait jamais entendu parler de tels entraînements sur les mondes civilisés de la galaxie. Ce genre de pratiques était surtout fréquente dans les planètes bourbier de la Bordure Extérieure, comme celles dirigées par les Hutts, entre autres, où on ne trouvait aucune école digne de ce nom.

"Je me moque bien de savoir quel âge ont vos gamins, capitaine Fel, ils n’ont rien à faire dans le secteur militaire de la base," grinça-t-elle en croisant les bras, exaspérée. "Ce ne sont pas des cours de recréation ni des garderies, nous y avons tous un travail à faire et personne ne doit être ralenti par les bêtises d’un mioche, surtout en bas âge. Si la base doit être attaquée, c’est à nous, soldats, de protéger les civils. Certainement pas de les laisser combattre à nos côtés. Compris ?!"

Même si le gosse qu’il avait adopté était un ancien élève des Jedi, si telle situation devait arriver, il sera fichu à l’abri au même titre que les autres. Il n’était pas question de laisser un gamin de neuf ou dix ans prendre une arme et le laisser combattre auprès de personnes deux fois plus grandes que lui. En ce qui concernait les simulateurs, c’était la même chose, ces appareils étaient de l’équipement militaire, pas des jouets, point. Il ne possédaient pas d’appareils plus petits, pouvant servir aux civils le voulant, encore moins de navettes et vaisseaux pouvant être dédié à ce type d’entraînement.

"Vous, en revanche, avez tout à faire dans ce secteur. Cela étant, nous ne vous y voyons pas aussi souvent qu’il le faudrait. Les résultats de vos dernières évaluations, en ce qui concerne vos aptitudes au corps à corps, sont catastrophiques, une fois de plus. Qu’avez-vous à dire là-dessus ?"

"Je me moque bien de savoir quel âge ont vos gamins, capitaine Fel, ils n’ont rien à faire dans le secteur militaire de la base. Ce ne sont pas des cours de recréation ni des garderies, nous y avons tous un travail à faire et personne ne doit être ralenti par les bêtises d’un mioche, surtout en bas âge. Si la base doit être attaquée, c’est à nous, soldats, de protéger les civils. Certainement pas de les laisser combattre à nos côtés. Compris ?!"

"Compris."

Il se retint de demander si ça passait, alors, si on pouvait installer un simulateur d’un modèle plus petit, dans la zone réservée aux civils, par exemple… Ce n’était pas le moment pour en discuter ou débattre, vu son air. Franchement, il y a plein qui réagissaient comme ça, dès qu’on parlait de pouvoir entraîner les enfants. Peut-être qu’il avait été trop ou mal habitué, mais tout de même ! Nuru avait grandit dans l’ordre Jedi, en plus de ça, il avait déjà débuté de tels entraînements dès la petite enfance, il avait déjà commencé à intégrer les règles des combats et comment se défendre. Ce n’était que la suite logique des choses, non ? Il était un civil, ici, ou du moins, considéré comme tel. Mais il n’avait pas eu une existence faisant qu’il pouvait vraiment l’être. Bon, bon, il faudra voir ce qui sera possible ou non, dans le secteur civil, pour ce genre de choses.

"Vous, en revanche, avez tout à faire dans ce secteur. Cela étant, nous ne vous y voyons pas aussi souvent qu’il le faudrait. Les résultats de vos dernières évaluations, en ce qui concerne vos aptitudes au corps à corps, sont catastrophiques, une fois de plus. Qu’avez-vous à dire là-dessus ?"

"Eeeeh bien…"

Il se racla légèrement la gorge, assez gêné, en essayant de trouver la plus douce manière possible de tourner sa réponse, pour ne que ça ne finisse pas par un massacre. Il n’était pourtant pas en mauvaise condition physique ! Pour tenir le choc, durant les combats, ou même en pilotage normal, il fallait être en forme, ce n’était pas négociable.

"J’ai dû suivre des cours sur le sujet, à l’académie," commença-t-il en essayant de sourire. "Il y a… Dix ans. Hum, sinon, depuis, je me suis surtout entraîné pour mieux tenir mon poste et m’y améliorer, je n’ai jamais forcément pensé aux autres compétences possibles, ni à plus les exercer. Étant donné que j’en n’ai jamais vraiment eu besoin."

Du moins, jusqu’alors, ça ne signifiait pas que ça ne pouvait pas évoluer drastiquement. Il suffisait de se retrouver en difficulté dans une mission et de ne pas pouvoir retrouver un terrain plus sûr et familier. Tout ça, il le savait, il n’avait simplement jamais pris le soin de s’y mettre sérieusement. Un peu comme la diplomatie et tous ces trucs-là…

"Mais je ne suis que pilote, cela dit, c’est vraiment important ?"

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Temps consacré à cet entraînement : 16

Il ne pouvait pas se dépêcher un peu ?! C’était infernal, ces personnes incapables de répondre vite et franchement à une question ! Tout ça pour avouer qu’il n’avait jamais fait le moindre effort sur les compétences autres que celles qu’on exigeait initialement de lui, depuis son départ de l’académie militaire. Affligeant… Beaucoup de personnes avaient cette mentalité, une fois que plus personne n’était derrière elles pour les surveiller, au sein de l’Empire. Mais ici, les affaires étaient bien différentes et elle exigeait infiniment plus de rigueur, de la part de tout le personnel militaire, qu’il parte ou non en mission extérieure ! Il ne comprenait donc pas que si tous voulaient s’en sortir, malgré leur nombre et leur position, face à autant de menaces puissantes tout autour d’eux, personne ne devait se contenter du minimum ?! Pourquoi n’arrivait-il pas à comprendre d’emblée une telle évidence, ça la dépassait… Elle lâcha un soupir blasé, en se frottant un peu la tempe, avant de reprendre sa position. Mais quel imbécile, comment pouvait-on en arriver à ce point-là.

"Mais je ne suis que pilote, cela dit, c’est vraiment important ?"

"Décidément, vous ne comprenez rien, capitaine," grogna-t-elle, avant de prendre une légère inspiration.

Se détendre, sinon elle allait bien finir par le dévorer sur place… Inspirer doucement, expirer, se retenir de l’envie de l’assommer ici… Même les gens les plus stupides pouvaient être éduqués et entraînés, à force de temps et de patience, lui comme d’autres. C’était très exaspérant, au début, mais ça pouvait se faire. Si elle croyait farouchement que tous les soldats présents ici pouvaient changer en bien et devenir des corps forts de l’armée, il y avait des cas plus pénibles que d’autres.

"Je suppose qu’il ne vous aura peut-être pas échappé que cette armée n’est pas aussi nombreuse que d’autres et que son développement est encore en cours. Le tout en vivant dans un secteur galactique dangereux, entouré d’ennemis puissants, dont la plupart sont encore très mal connus. Jusque là, vous êtes capable de suivre ?!"

Qu’il le dise dès maintenant ! Elle marqua une brève pause, le temps qu’il le confirme, car elle ne comptait pas le lui ré-expliquer une seconde fois. Il était officier et devrait donc déjà être en mesure de comprendre tout cela. Il était plus que temps qu’il fasse preuve de bien plus de sérieux !

"Dans un tel contexte, chaque personne compte, chaque personne doit développer ses qualités et compétences à leur paroxysme, dans sa propre spécialité et dans d’autres. Il est vital que chaque élément de l’armée représente un atout précieux, sur lequel tous peuvent compter. C’est pour cela que le programme est si chargé et qu’il est obligatoire que tout le monde poursuive un entraînement drastique, dans plusieurs domaines. De plus, vous pourrez parfaitement vous retrouver, un jour, dans une situation où connaître ces autres compétences pourra vous sauver la mise ou celle de vos coéquipiers. Enfin, en tant qu’officier, il est non seulement de votre devoir d’être plus performant dans de multiples domaines, pour le bien de vos subordonnés, mais aussi de montrer l’exemple à suivre. La légèreté avec laquelle vous prenez tout cela est inacceptable !"

La vice-amirale le fusilla du regard, toujours les bras croisés. De la part d’un jeune soldat, à peine engagé, au bas de l’échelle, elle n’aurait pas été si dure. Les débuts étant ce qu’ils étaient. Mais de la part d’un capitaine, elle ne pouvait tolérer une attitude aussi lamentable.

"En un sens, cela tombe bien," sourit-elle avec un air mauvais. "Le colonel Joffre étant indisposé actuellement, je tiens son poste et cela laisse plus de temps libre que je n’en dispose habituellement. Je vais me charger de vous faire rattraper votre retard. Allez enfiler une tenue d’entraînement plus adaptée, je vous retrouve dans le dojo numéro sept dans cinq minutes. Vous n’avez pas intérêt à être en retard…"

"Décidément, vous ne comprenez rien, capitaine. Je suppose qu’il ne vous aura peut-être pas échappé que cette armée n’est pas aussi nombreuse que d’autres et que son développement est encore en cours. Le tout en vivant dans un secteur galactique dangereux, entouré d’ennemis puissants, dont la plupart sont encore très mal connus. Jusque là, vous êtes capable de suivre ?!

Il y avait des moments où il valait mieux se taire et c’était un de ceux-là… Il hocha très vite la tête pour confirmer qu’il avait très bien compris cela, bien entendu, sans soucis, mais n’ajouta rien de plus, gardant la bouche bien close. En ce moment, il avait l’impression de s’attirer des ennuis dès qu’il engageait la moindre conversation, peu importe avec qui… Habituel, diraient les mauvaises langues. Il se tut tout autant face à ce qu’elle débita, crispé, comprenant par contre mieux ce qu’elle voulait dire. Vu comme cela, effectivement… Il n’y avait pas songé… Il y avait un manque certain d’habitude, à réfléchir de cette manière… Il pouvait faire plus d’efforts, oui, comme pour la diplomatie et apprendre à être plus responsable. Ce n’est pas qu’il refusait de s’y mettre, c’est juste qu’il avait un peu de mal à se dire qu’il pouvait faire mieux sur des compétences aussi éloignées du pilotage !

"De plus, vous pourrez parfaitement vous retrouver, un jour, dans une situation où connaître ces autres compétences pourra vous sauver la mise ou celle de vos coéquipiers. Enfin, en tant qu’officier, il est non seulement de votre devoir d’être plus performant dans de multiples domaines, pour le bien de vos subordonnés, mais aussi de montrer l’exemple à suivre. La légèreté avec laquelle vous prenez tout cela est inacceptable !"

Oui, oui, d’accord, il avait compris, il était un imbécile ! Ce n’était pas non plus une fatalité ! Même si se mettre dans la tête qu’il pouvait faire autre chose que ses missions habituelles, c’était dur, il essayait quand même !

"En un sens, cela tombe bien. Le colonel Joffre étant indisposé actuellement, je tiens son poste et cela laisse plus de temps libre que je n’en dispose habituellement. Je vais me charger de vous faire rattraper votre retard. Allez enfiler une tenue d’entraînement plus adaptée, je vous retrouve dans le dojo numéro sept dans cinq minutes. Vous n’avez pas intérêt à être en retard…"

"T… Très bien."

Alors ça, par contre, ce n’était absolument pas prévu au programme… Surtout pas avec elle… Il ne perdit pas de temps quand même, sachant très bien ce qui l’attendait en cas d’erreur. Une fois arrivé dans le dojo, il ne put s’empêcher d’avoir un peu peur. Ce n’était pas du tout son champ de compétence, il se savait nul en combat, que ça soit à mains nues, avec des bâtons ou même à pieds avec une arme. On lui demandait juste de savoir piloter et c’est tout, dans l’Empire ! Alors ici, qu’on lui demande tout à coup bien plus, c’était angoissant, dans le fond. La vice-amirale comptait d’abord voir où il en était… Elle n’allait pas être déçue. Il se mit en place, en essayant d’ignorer les quelques regards curieux jetés en biais par les personnes autour d’eux. Puis se lança. Aussi sérieusement que possible. Tenant, quoi… Au moins cinq bonnes minutes, avant de finir écrasé par terre.

Il fit appel à tous ses souvenirs de ce genre de cours, datant de l’académie, pour tenter de tenir le choc. Si son honneur fut à peu près sauf, l’entraînement global fut très… compliqué. Il se fit avoir un nombre incalculable de fois et avait franchement du mal à appliquer les gestes qu’elle décrivait ou montrait. L’entraînement dura deux heures… Deux heures affreusement longues où il fit ce qu’il put. Deux heures où il finit plus épuisé que jamais, en ayant mal partout. Il se redressait doucement lorsqu’elle lança qu’à compter de ce jour, ça sera deux heures par jour. Par jour ?! Quoi ?! Un instant, il resta coi, la bouche grande ouverte, prêt à lui dire qu’elle ne pouvait quand même pas caser deux heures comme ça dans son emploi du temps, qui devait déjà être trop chargé… Avant de se rappeler de ce qu’elle avait sorti plus tôt.

"Enfin… Vous-même ? Je ne dois pas simplement passer par les instructeurs habituels ?"

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Dés, 12, se défendre, Comment ça va se passer : 8

Il y avait toujours du monde, dans les différents dojos, quelle que soit l’heure, car sur une garde, chacun avait toujours des moments pour s’entraîner, que ça soit en profitant d’un creux ou des séances déjà prévues. Bien que disposant d’un espace privé à côté de son bureau pour s’entraîner, un des privilèges de son grade, Amara préférait user de ces espaces, sur son vaisseau comme dans la base. D’une part, cela lui permettait de garder un œil sur le niveau global, d’autre part, de rester assez proche de ses hommes. Une fois le capitaine arrivé face à elle, elle commença par évaluer sa démarche, la position qu’il prit tout d’abord, avant de lâcher un soupir. Effectivement, même s’il ne le lui avait pas avoué, elle aurait pu deviner sans aucune peine que ses séances d’entraînement remontaient toutes à très loin. Et ça se confirma, car lorsqu’elle attaqua franchement, pour jauger sa réaction, il tint environ cinq minutes, avant de finir par terre. Eh bien, il y allait y avoir un sacré boulot à réaliser…

Au moins, il fit des efforts, les deux heures suivantes, capable d’écouter et de mettre en pratique certains conseils. Ce n’était pas glorieux mais c’était déjà cela. Amara lui décrit et montra certains gestes de bases, qu’il avait visiblement oublié depuis longtemps, puis voyant que ça ne suffisait pas, se décida à tout reprendre depuis le début, comme s’il n’avait jamais fichu un orteil dans un dojo, de toute son existence. Si elle ne prêtait guère attention à ceux les entourant, ils avaient tous toutefois un très grand intérêt à ne pas la ramener et encore moins à rire… Le premier qu’elle surprendrait à se moquer en prendrait à son tour vertement pour son grade. Une fois cette première séance terminée, elle lui laissa vingt secondes pour reprendre son souffle, avant de lui annoncer que désormais, il devra revenir pour une séance, chaque jour, pour deux heures. Et qu’il cesse de faire une tête pareille ! Il avait bien dû remarquer son état actuel !

"Enfin… Vous-même ? Je ne dois pas simplement passer par les instructeurs habituels ?"

"Bien sûr que si, pour ce qui concerne les exercices de tir, la diplomatie, les sciences sociales, les langues et tout ce qui s’ensuit," grinça-telle en levant les yeux au ciel, pensant pourtant cela évident. "Il me semble que vous êtes déjà censé connaître le programme d’entraînement concernant les officiers."

S’il était moins idiot ou naïf qu’elle le songeait, il devrait se douter qu’elle vérifiera également s’il se rendait bien dans tous les cours prévus, par rapport à son grade. Bien sûr qu’il s’agissait d’un programme chargé, cependant, pour tout agent posté dans cette base, il était essentiel d’en profiter, comme elle le lui avait déjà expliqué plus tôt.

"Je vous attend donc demain, à la même heure, pour la partie nous concernant. D’ici là, je vous conseille de bien réfléchir à ce qui est attendu de vous et plus particulièrement à ce qui vous attend, s’il vous prenait l’envie de garder une attitude aussi déplorable."

A lui de voir, désormais, il aura été prévenu ! Elle le planta là et partir en direction des vestiaires des femmes, afin de prendre une douche rapide et remettre son uniforme. Il restait à savoir en combien de de temps il parviendra à se fourrer plus de plomb dans le crâne…