Martyrisé ou non, telle est la question

Ce n’était pas très grand mais ça sentait encore le neuf, et surtout, c’était calme. Pas de risque de déranger qui que ce soit, ici, ou juste de se fourrer dans les pattes des soldats. Tant mieux, même s’il aimait bien la vie, ici, il ne se sentirait tout de même pas très à l’aise de s’exercer dans une salle remplie de militaires. Il préférait les endroits plus restreints, plus calmes, comme ce qu’il avait pu connaître au Temple. Il avait pu méditer tranquillement, durant une bonne heure. Soulagé d’avoir pu renouer avec ce lien et anxieux, car c’était la première fois qu’il devait s’exercer seul et dans un cadre aussi différent. Quelque part, il se demandait si en préférant rester sur ce monde, il ne commettait pas un délit ou un crime… Une trahison, contre l’Ordre. Il n’avait jamais dit qu’il les quittait, officiellement… En fait, il ne leur avait pas dit qu’il était revenu des failles, tout court.

Il n’était toujours pas capable d’expliquer, de toute façon, pourquoi il rechignait à y retourner. Pourtant, il n’avait jamais rien eu à redire sur sa vie, sur Coruscant. Il y avait eu des amis, des cours intéressants, un entraînement physique et à la Force, de la tranquillité, une parfaite sécurité. Au fond, Nuru culpabilisait toujours un peu d‘être plus attiré par une vie de famille alors que c’était bien ça qu’il était censé oublier pour de bon, dans l’Ordre. Personne n’y avait ses parents. Et personne ne les cherchait. Parfois, il pensait à ce que maître Yoda leur disait, durant ses cours, sur l’attachement. Peut-être qu’il ne voulait juste pas s’avouer qu’il n’aimait pas cette idée et n’avait donc pas envie, à cause de ça, de revenir vers l’Ordre, maintenant qu’une seconde chance s’offrait à lui.

La partie « disparue » de sa vie l’affectait aussi. Son nouveau père adoptif avait mis du temps avant de lui avouer à demi-mots ce qui s’était réellement dit, quand il avait visité sa famille sur Naporar. Même si la vérité était blessante, Nuru préférait le savoir, comme ça, il ne sera pas trop déçu, s’il devait les croiser par accident un jour. Au moins, il savait à quoi ressemblait ses parents biologiques, grâce au pilote. Ça, c’était très important, il avait toujours souhaité savoir s’il pouvait, lui aussi, ressembler à quelqu’un. D’où il venait. Apparemment, sa mère avait été pilote de cargo et son père, commerçant. Ils s’étaient rencontrés pour le travail puis ils avaient monté ensemble une petite entreprise. C’est durant un de leurs courts voyages commerciaux qu’ils avaient été pris pour cible par on ne savait qui.

Ce qu’il ne savait toujours pas, c’est pourquoi il s’était retrouvé avec eux à ce moment-là et pas sur Naporar, avec le reste de sa famille. Lorsqu’il avait interrogé sa professeure là-dessus, elle lui avait dit que les parents emmenaient très rarement leurs enfants durant ce type de voyage, ils étaient gardés par les grands-parents ou d’autres membres de la famille. Précisément car ça pouvait être dangereux, la Flotte avait beau être attentive, elle ne pouvait avoir un œil partout. Vu la réaction de ladite famille récemment, le jeune garçon se demandait franchement si, même tout petit, son existence n’était pas une bonne nouvelle, pour eux. Il ravala ces pensées noires, avec un soupir, puis se releva, quittant sa posture méditative.

Deux autres personnes s’entraînaient, entre elles, dans la nouvelle salle, un peu plus loin. Il les observa un temps puis alla vers les râteliers et les guichets, pour jeter un œil aux fiches et aides que quelqu’un, sans doute un soldat, avait posé là. Il ne s’était encore jamais exercé sans un instructeur à côté, alors il ne savait pas vraiment par où commencer. Il commençait à fouiner là-dedans quand il sentit quelqu’un approcher puis retourna la tête. Assez surpris en découvrant l’amiral et donc en répondant à son salut avec un léger temps de retard. Le chef militaire lui demanda alors si tout se passait bien, avec un air qu’il avait du mal à déchiffrer.

"Oui ? Merci. Papa est revenu vivant alors ça va."

Et aussi pas mal agacé d’avoir encore terminé en prison alors qu’il n’avait, selon ses propres dire « rien fait, pour une fois ! ». Nuru avait eu une envie folle de soulever le « pour une fois » et savoir ce qu’il y avait derrière mais ce n’était pas trop le moment. Il comprenait mal, de toute façon, comment son père pouvait être plus énervé d’avoir été emprisonné qu’énervé qu’on ait voulu le tuer. Son sens des priorités était très douteux. Il retint une petite grimace, en y repensant, toujours troublé par ça.

"Mais, vous aussi, vous allez bien ? Vous avez déjà été martyrisé par votre peuple ?"

Les travaux venant d'être terminés, Thrawn avait décidé de venir jeter un oeil sur ce petit gymnase dédié aux civils de la base, afin qu'ils puissent se maintenir en forme mais aussi puisse un peu servir aux enfants, même si la quasi-totalité est encore bien trop jeune pour cela. L'endroit devait pouvoir accueillir sans gêne une dizaine d'individus mais pourra être agrandi à l'avenir s'il y a besoin, en creusant dans la roche comme ce fut le cas pour sa conception. Ce n'était actuellement pas nécessaire car il y avait trop peu de civils, en fait. Vuewimea, Syal, Simoor qui travaillait pour apprendre à enseigner à des enfants, et bien sur les enfants, dont le jeune Nuru était le seul assez âgé pour utiliser cette petite installation.

D'ailleurs, Thrawn avisa la présence du jeune chiss dans la pièce, ainsi que de deux soldats, qui étaient en arrêt pour cause de blessures et n'étaient pas censés s'entraîner, et avaient visiblement préféré venir ici plutôt que de se faire renvoyer de la salle d'entraînement par la vice-amirale Amara Tseen. Bien que cette affectation soit temporaire, le grand amiral en était satisfait car elle avait remis l'endroit à son juste usage et su "convaincre" les individus rétifs, comme Soontir Fel, à se reprendre en main. Dommage qu'il ai bientôt besoin d'elle pour des missions dans les Régions Inconnus, où son efficacité y sera autrement appréciable.

Il s'avança dans la pièce, allant vers l'enfant qui étudiait les fiches explicatives, en attendant qu'on installe un ordinateur dans ce but et que des droids dédiés à l'entraînement ne soit disponibles pour gérer les lieux, à moins qu'on ne trouve une personne pour s'occuper du poste.

"Bonjour, Nuru, comment vas-tu ?" Dit-il, en le tutoyant parce qu'il s'agit d'un enfant, non lié à la flotte, mais avec une voix se voulant douce afin de le mettre en confiance. Thrawn sait combien les jeunes sont parfois mal à l'aise avec les adultes.

"Oui ? Merci. Papa est revenu vivant alors ça va."

Mais il y avait quelque chose qui le tracassait, vu la tension qui envahit le corps du garçon. Probablement lié à ce qui était arrivé au capitaine Fel durant son voyage au sein de l'Ascendance Chiss. C'était en parti compréhensible vu que le séjour du pilote y avait été prolongé de presque un mois, en plus d'avoir failli s'y faire assassiner, mais cela avait été aussi surement instructif pour l'humain.

"Mais, vous aussi, vous allez bien ? Vous avez déjà été martyrisé par votre peuple ?"

Thrawn sourit avec amusement car il connaissait certaines personnes qui demanderaient qui a été vraiment martyrisés. Puis, il secoua négativement la tête, avant de répondre.

"Non, je n'ai pas été maltraité par mon peuple. Leurs réactions à mon égard étaient normales, et je m'y attendais. Mes actes n'étaient pas conformes à notre culture, même si c'était pour le bien de notre peuple, et ma condamnation légitime. De fait, l'ayant anticipé, j'ai même pu lui trouver une utilité, pour moi mais aussi pour tous les chiss."

Il lui montra les affiches, détaillant divers types d'exercices physiques dont quelques-uns à but martiaux.²

"Désires-tu que je t'aide pour ton entraînement ? Je suis de repos pour une heure. Et je pourrais en profiter pour répondre à tes autres questions."

Une certaine confusion envahit Nuru, à cette réponse, teintée d’amusement, alors qu’il réalisait à la fois qu’il avait mal posée sa question et qu’il ne comprenait pas non plus d’où venait la réponse, de quelle condamnation il était question. Encore moins pourquoi des actes non conformes à une culture pouvaient être condamnables, tant qu’il n’y avait eu ni délit, ni crime. On lui avait déjà dit qu’il fallait réfléchir avant de poser ses questions, en plus, sinon on avait du mal à le comprendre. Enfin, c’était la responsable de la bibliothèque qui lui avait dit ça en plus… Sec. Ça avait fait rire maître Skaa, un peu plus tard, quand il lui avait raconté ça. Lui disait toujours qu’il n’y avait pas de demande idiote, juste des réponses stupides. Mais quand on arrivait pas à bien demander, comment on pouvait comprendre ?

"Désires-tu que je t'aide pour ton entraînement ? Je suis de repos pour une heure. Et je pourrais en profiter pour répondre à tes autres questions."

"Ce n’est pas ça," reprit-il tout en essayant de se remettre les idées en place et dans le bon ordre. "Il y a madame Vuewimea qui m’a expliqué comment fonctionnait les adoptions, chez votre peuple. Parce que je lui ai demandé comment ça se passait quand on avait une famille normale, puis qu’on ne l’avait plus et que, heu…"

Il s’interrompit un bref instant, pour essayer de réfléchir à comment tourner ça pour que ça soit plus clair. Enfin, pour lui, c’était très clair, il voulait juste s’exprimer plus simplement. Souvent, il se disait que ça serait plus simple, si les gens pouvaient juste lire dans la tête des autres ce qu’ils voulaient vraiment exprimer et comment ils pensaient, pour que tout le monde arrive à bien se comprendre. Il n’y aurait peut-être plus de guerre, comme ça ? Si tout le monde se connaissait et se comprenait bien ? Une idée qu’il n’avait encore osé lancer à personne d’autre que son maître. Qui s’était juste contenté d’un sourire attendri et lui avait frotté les cheveux, sans vraiment répondre.

"Quand il y a ce genre de système-là, les gens sont considérés comme des objets qu’on déplace et prend suivant les besoins, non ? Pourquoi c’est fait comme ça ? Et pourquoi une personne qui a déjà une famille devrait la perdre pour être prise dans une autre, comment elle fait, si ça ne se passe pas bien dans la nouvelle ? Et si ça fait autant de compétition ou de rivalité entre les familles, ou entre les clans, ça n’apporte pas de problèmes pour tout le monde ? Vous n’avez pas peur des guerres civiles ? Et pourquoi dans une famille plus classique, des fois il y a un manque de… Enfin, non, rien. Vous avez été condamné parce que vous ne suiviez pas ce système ?"

Il en avait totalement oublié, dans l’affaire, la fiche d’entraînement qu’il tenait encore entre les mains, bien plus curieux d’avoir des réponses précises sur tout cela. Au fond, il voulait vraiment comprendre ce peuple, cette vie qu’il aurait dû suivre si sa vie n’avait pas tournée comme ça, mais ça l’effrayait. Il trouvait ça malsain, bizarre… Et s’en voulait de penser comme ça, car il se disait que c’était peut-être parce que sa famille biologique l’avait pressenti qu’elle ne voulait pas le voir.

"Ce n’est pas ça," reprit-il tout en essayant de se remettre les idées en place et dans le bon ordre. "Il y a madame Vuewimea qui m’a expliqué comment fonctionnait les adoptions, chez votre peuple. Parce que je lui ai demandé comment ça se passait quand on avait une famille normale, puis qu’on ne l’avait plus et que, heu…

Quand il y a ce genre de système-là, les gens sont considérés comme des objets qu’on déplace et prend suivant les besoins, non ? Pourquoi c’est fait comme ça ? Et pourquoi une personne qui a déjà une famille devrait la perdre pour être prise dans une autre, comment elle fait, si ça ne se passe pas bien dans la nouvelle ? Et si ça fait autant de compétition ou de rivalité entre les familles, ou entre les clans, ça n’apporte pas de problèmes pour tout le monde ? Vous n’avez pas peur des guerres civiles ? Et pourquoi dans une famille plus classique, des fois il y a un manque de… Enfin, non, rien. Vous avez été condamné parce que vous ne suiviez pas ce système ?""

Voilà des questions bien simples pour un sujet si complexe, ce qui amusa grandement le chiss. Il faut dire que peu de membre de leur peuple envisage cela ainsi. Pour tous, c'est une chose naturelle, qui aide au développement des individus, sauf ceux né-de-sang qui s'estiment souvent au-delà de cela, n'ayant rien à prouver. Le grand amiral s'installa sur un banc et fit signe au jeune chiss de faire de même.

"Il y a plusieurs choses que tu dois savoir. Les adoptions, même d'enfant, ce font avec l'accord de la personne. Une Famille ne peut pas désigner quelqu'un et proclamer qu'il est dorénavant des siens. Donc non, les individus ne sont pas des objets. Quand au but, il est multiple. Tout d'abord, il permet à une Famille de s'agrandir et d'éviter des mariages entre personnes trop proches, ce qui était le but premier car à une époque, les familles évitaient de se mélanger."

C'était un fait connu et enseigné. Il n'était pas bon que des frères, soeurs, cousins se marient entre eux. L'histoire avait plus que démontré les conséquences néfastes de ce genre de chose, au moins chez les mammifères. Ainsi, intégrer des membres par adoption permettait à une Famille de se perpétuer sans craindre cela et sans devoir nouer des alliances avec une autre, ce qui serait ramener de la politique dans ce genre de phénomènes.

"Aujourd'hui, cela sert surtout à agrandir l'influence politique, m'a-t-on dit, en intégrant des personnes reconnues. Un artiste devenant célèbre, et qui n'est membre d'aucune des grandes familles, pourrait ainsi recevoir des propositions de plusieurs qui souhaitent associer leur nom à cet individu. Enfin, il y a aussi des avantages au niveau personnel. D'abord parce qu'en intégrant une famille plus influentes, puissantes, on peut espérer recevoir davantage de soutien de celle-ci."

Cela dit, ce n'est  pas nécessairement une certitude. Thrawn n'avait pas eu le moindre soutien, par exemple, lors de son dernier procès, de la part des Mitth. Pas plus lors du premier, d'ailleurs. Non, il s'en était souvent sorti, surtout grâce à l'aide d'amis comme Ar'lani, de mentor comme le général Ba'kif, ou bien de Thrass la dernière personne qu'il considérait comme sa famille, jusqu'à peu. Non, sa loyauté n'allait pas aux Mitth mais à l'Ascendance toute entière.

"Enfin, le dernier aspect est l'émulation. Un chiss désireux d'intégrer une autre Famille se doit de donner le meilleur, afin de se faire remarquer. De même, s'il veut s'élever dans cette famille, il doit prouver le mériter." Il sourit un peu. "Comme tu le vois, une chose simple peut se révéler très complexe quand no l'étudie de plus près. Un peu comme un exercice physique. Par exemple, pourrais-tu me dire quels seraient ceux de celui dont tu tiens la notice ?"

Il s’assit doucement, toujours un peu intimidé mais aussi attentif, car il avait envie de connaître les réponses. Un point « faible », en quelque sorte, il ne suffisait jamais de grand-chose pour capter son attention, en piquant sa curiosité. Et bien que ce soit un trait de caractère souvent encouragé, son maître l’avait tout de même mis plusieurs fois en garde, lui disait de faire attention avec ceux qu’il rencontrait. Nuru ne sentait pas en danger ici, cela dit. Il ne pensait pas que le militaire face à lui puisse avoir de mauvaises intentions ou penser à lui faire du mal et en plus, papa et maman n’étaient pas très loin. A cette heure-là, son père devait être en train de s’entraîner, entraîner les autres ou encore autre chose, dans son métier, il ne savait pas trop. Et sa mère était employée dans l’administration de la base. Durant ce temps, Anya était gardée à la nursery.

Il fut déjà content d’entendre qu’au moins, il fallait l’accord de toutes les parties, avant une adoption, même pour les enfants, car il s’était imaginé des sortes de… Eh bien, de kidnappings, finalement, en quelque sorte, ou bien d’adoptions forcées, ce genre de choses ! Par contre, il ne voyait pas très bien en quoi, sans ce système, ça obligerait les gens à se marier uniquement avec d’autres personnes du même clan et pas d’autres. Mais ce but-là avait changé, pour être politique, alors ? Nuru fit une petite moue, fronçant le nez. A ses yeux, c’était quand même un système très froid, d’adopter des gens pour de l’influence politique supplémentaire ou pour plus de reconnaissances et c’était bien à cause de ça qu’il avait l’impression que les gens étaient objectifiés. Ou du moins, utilisés à des fins manipulatrices.

"Enfin, il y a aussi des avantages au niveau personnel. D'abord parce qu'en intégrant une famille plus influente, puissante, on peut espérer recevoir davantage de soutien de celle-ci."

Donc on pouvait laisser tomber volontairement sa famille de naissance juste pour pouvoir profiter de l’influence d’une autre plus puissante pour arriver à ses fins ? C’était… Glaçant, comme calcul… Où était la loyauté familiale, là-dedans ? Envers ceux qui vous avaient élevé, soutenu et tout ? Il se mordilla les lèvres, pour ne rien dire, surtout pas lâcher ce qu’il en pensait vraiment car ça serait mal de juger une culture qui n’était pas la sienne. Et si, en plus, quand on entrait dans un autre clan, il fallait mériter d’y rester… Ce n’était pas du tout des familles, pour lui, le système lui semblait bien trop froid et cru pour être qualifié comme tel. Toute cette explication lui laissait un sentiment de profond malaise… Il comprenait d’autant plus le gouffre écrasant créé entre ce qu’il avait vécu et ce que vivait son peuple natal. Surtout, il comprenait à quel point il ne pourra plus jamais s’y intégrer.

"Comme tu le vois, une chose simple peut se révéler très complexe quand on l'étudie de plus près. Un peu comme un exercice physique. Par exemple, pourrais-tu me dire quels seraient ceux de celui dont tu tiens la notice ?"

Le petit garçon cligna légèrement des yeux, revenant à la réalité pour reposer le regard sur les fiches, oubliées durant un temps. Un peu confus car plus il essayait de comprendre ses racines, plus il avait le sentiment de les voir s’éloigner dans un épais brouillard, inaccessibles. Le rêve secret, entretenu depuis longtemps, de se lier un jour et à nouveau à ce qui avait été perdu se faisait réduire peu à peu en miettes, lui donnant mal au cœur.

"Renforcer son souffle, là," répondit-il en tentant de chasser tout le reste de sa tête. "Et celui-ci, c’est pour la coordination et l’endurance, on le faisait souvent avec nos premiers professeurs, sur Coruscant. Une fois, l’année dern… Enfin, il y a… Trente ans… ? Heu, non, ça fait… Vingt-quatre ans ? Enfin, on l’avait fait avec maître Yoda, on avait tous les yeux bandés et il fallait se servir de la Force pour réussir à se coordonner les uns avec les autres. Celui-ci aussi, je le faisais, avec maître Skaa. Pour travailler la rapidité et l’anticipation."

Repenser aux moments passés à s’entraîner ou discuter avec son maître le réconfortait infiniment plus que repenser au sujet précédent. Bien que ça continue de lui donner un sentiment bizarre, quand il pensait qu’il devrait être âgé de plus de trente ans, aujourd’hui même. Papa avait pu lui confirmer, pendant son voyage, que Nuru était bien né en l’an -33. Donc qu’il aurait dû avoir trente-cinq ans cette année. Son maître l’avait choisi comme apprenti en -24.

"Et ça, je ne sais pas, je ne pouvais pas les faire, maître Skaa disait que j’étais encore trop petit et pas assez entraîné," ajouta-t-il avec une moue prononcée, en levant la dernière des fiches du petit paquet. "Et qu’il ne faut pas vouloir grandir trop vite. Et qu’il faut toujours penser à la diplomatie avant de penser au combat, de toute façon. Mais il y en a qui étaient des spécialistes de la diplomatie et qui ne sont jamais revenus. Ils sont partis vers des régions très loin, puis ils ont disparu. Et d’autres qui sont parti, enfin, qui doivent partir… Qui ont dû le faire, je pense. Il y avait un très gros projet qui devait s’en aller vers des endroits très très loin. Avec des membres de l’Ordre. C’était fait par un vieux maître mais nos professeurs disaient que ça risquait de mal finir. La responsable de bibliothèque ne l’aimait pas trop parce qu’il était trop agressif, qu’elle disait. Et en plus, je l’ai entendu dire qu’il manipulait ses élèves."

C’est à ce moment qu’il se rendit compte qu’il avait divagué, comme souvent, en oubliant la question initiale, puis sentit ses joues s’empourprer doucement.

"Comment on reconnaît les manipulateurs ?"

"Renforcer son souffle, là. Et celui-ci, c’est pour la coordination et l’endurance, on le faisait souvent avec nos premiers professeurs, sur Coruscant. Une fois, l’année dern… Enfin, il y a… Trente ans… ? Heu, non, ça fait… Vingt-quatre ans ? Enfin, on l’avait fait avec maître Yoda, on avait tous les yeux bandés et il fallait se servir de la Force pour réussir à se coordonner les uns avec les autres. Celui-ci aussi, je le faisais, avec maître Skaa. Pour travailler la rapidité et l’anticipation."

Thrawn hocha la tête, souriant un peu pour montrer son approbation aux bonnes réponses du jeune chiss.

"Et ça, je ne sais pas, je ne pouvais pas les faire, maître Skaa disait que j’étais encore trop petit et pas assez entraîné. Et qu’il ne faut pas vouloir grandir trop vite. Et qu’il faut toujours penser à la diplomatie avant de penser au combat, de toute façon. Mais il y en a qui étaient des spécialistes de la diplomatie et qui ne sont jamais revenus. Ils sont partis vers des régions très loin, puis ils ont disparu. Et d’autres qui sont parti, enfin, qui doivent partir… Qui ont dû le faire, je pense. Il y avait un très gros projet qui devait s’en aller vers des endroits très très loin. Avec des membres de l’Ordre. C’était fait par un vieux maître mais nos professeurs disaient que ça risquait de mal finir. La responsable de bibliothèque ne l’aimait pas trop parce qu’il était trop agressif, qu’elle disait. Et en plus, je l’ai entendu dire qu’il manipulait ses élèves. Comment on reconnaît les manipulateurs ?"

"Par hasard, ce vieux maître ne s'appelait-il pas Jorus C'Baoth ?" Demanda Thrawn, pour avoi confirmation que cette expédition était bien celle qu'il avait en tête, et dont il ne connaissant que trop bien le sort. Après avoir reçu confirmation, ou infirmation, à sa question, il s'attaqua à répondre à celle de Nuru.

"Reconnaître un manipulateur est une chose qui vient surtout avec l'expérience. Il y a différente façon de tromper quelqu'un, sans le montrer. Nombre de politiciens le font fréquemment, par exemple, mais aussi des négociants, qui peuvent te manipuler pour te faire acheter quelque chose dont tu n'as pas réellement besoin, à un prix élevé en plus. Pour certains, l'art militaire est aussi une forme de manipulation : le but étant d'amener les autres à agir comme tu le souhaites. Mais, souvent, le manipulateur se remarque car il joue sur les sentiments de sa cible. Il tente de le mettre en confiance, ou en colère. Son but étant que sa victime agisse en fonction de ses sentiments, ou de ceux que lui inspire le manipulateur, afin de ne pas réfléchir réellement à ce qu'il fait, sinon la victime se rendrait compte qu'il n'agit pas en fonction de ses choix mais de ceux du manipulateur."

Thrawn disait cela, sachant très bien faire parti de ce genre d'individus, capable de manipuler ses adversaires pour leur faire accomplir ce qu'il voulait, et ainsi les vaincre aisément. Cela demandait du travail, toutefois, et ne se faisait pas simplement : il fallait d'abord comprendre l'autre et ce n'était pas toujours si évident. Une société est souvent plus facile à comprendre qu'un individu. La différence avec d'autres manipulateurs, était que Thrawn ne le faisait jamais pour son profit personnel mais pour les autres, de son point de vue.

"L'expérience t'aidera à déterminer si une personne est un manipulateur ou non. Réfléchir avant d'agir sur les conseils de quelqu'un reste la meilleure façon d'éviter de se faire manipuler."

"Par hasard, ce vieux maître ne s'appelait-il pas Jorus C'Baoth ?"

"Si."

Enfin, normalement, c’était bien ça mais il ne se rappelait plus trop. Ce n’était que des brides de conversations et il y en a certaines qu’il n’aurait pas dû écouter. Alors… Il retint cette réflexion, écoutant plutôt la réponse de l’amiral. L’expérience, ça ne devait pas tout faire… Si ? Une petite moue lui vint, il entendait si souvent cette réponse qu’il finissait par se demander si ce n’était pas un truc d’adulte pour étouffer les questions des plus jeunes. Mais cette fois, l’adulte en question poursuivit, sans se contenter d’une fin de non-recevoir. Le commerce, c’était de la manipulation … ? Mais comment c’était possible, si le prix était déjà affiché à l’avance ? Ou il ne comprenait pas. Et comment on pouvait acheter quelque chose si on n’en avait pas besoin ? Personne ne faisait ça ! Si ?

"Pour certains, l'art militaire est aussi une forme de manipulation : le but étant d'amener les autres à agir comme tu le souhaites. Mais, souvent, le manipulateur se remarque car il joue sur les sentiments de sa cible. Il tente de le mettre en confiance, ou en colère. Son but étant que sa victime agisse en fonction de ses sentiments, ou de ceux que lui inspire le manipulateur, afin de ne pas réfléchir réellement à ce qu'il fait, sinon la victime se rendrait compte qu'il n'agit pas en fonction de ses choix mais de ceux du manipulateur. L'expérience t'aidera à déterminer si une personne est un manipulateur ou non. Réfléchir avant d'agir sur les conseils de quelqu'un reste la meilleure façon d'éviter de se faire manipuler."

Il plissa un peu le nez, essayant de comprendre, avec ça, comment et pourquoi le vieux maître aurait réussi à manipuler ses élèves. Car ils apprenaient tous, justement, à ne pas laisser leurs émotions les gouverner et à s’en méfier, ou au moins, les maîtriser. Normalement, il n’aurait pas dû y arriver ou les autres maîtres l’auraient vu, non ?

"Mais on doit suivre les conseils de son maître et lui faire complètement confiance. Ce n’est pas censé être quelqu’un qui vous veut du mal…"

Une réflexion marmonnée, plus pour lui-même, alors qu’il reposait le regard sur les fiches. Il n’avait jamais entendu parler d’un maître d’une telle façon, avant, ou bien, il ne l’avait pas entendu. Tous les élèves qu’il voyait, avec leurs mentors, avaient l’air confiants. Il se demandait ce qui était arrivé à ce projet, s’ils étaient vraiment partis et où ils étaient, tous, aujourd’hui ! Des questions s’ajoutant à une liste déjà longue.

"Ils sont vraiment partis, tous ? Et ils sont où, aujourd’hui ? Le projet a marché ? Ça fait, heu… Trente ans, à peu près, donc on devrait en savoir plus, maintenant ? Non ? Ou ils ne reviendront pas ? Vous les avez déjà vu ? Maître C’Baoth, c’est un grand type tout sec, avec une longue barbe et un air jamais content, qui marche toujours très vite. Maître Skaa disait que c’était un ami du chancelier Palpat… Enfin, de l’Empereur, maintenant. Il avait aussi une apprentie, qui était grande, déjà. Et est-ce que j’ai le droit de vous poser plus de questions sur votre peuple ? Pourquoi il y en a qui ont voulu tuer papa ?"

"Mais on doit suivre les conseils de son maître et lui faire complètement confiance. Ce n’est pas censé être quelqu’un qui vous veut du mal…"

"On peut faire du mal en pensant faire du bien, Nuru. Maître C'Baoth estimait que ses choix étaient les meilleurs, sans jamais se remettre en question. Il pensait avoir toujours raison et il ne comprenait pas que les autres puissent douter de lui et proposer un autre point de vue que le sien.. Il n'était pas manipulateur ou tyrannique par envie de faire le mal mais par arrogance."

C'est ce qu'essaya Thrawn d'expliquer à son jeune interlocuteur. Oui, des gens peuvent agir en pensant bien faire, mais oubliant de réfléchir aux conséquences à plus long terme. C'est comme installer un barrage pour empêcher une rivière d'inonder ls champs et pouvoir faire davantage de récolte, oubliant que le limon fertilise les terres, ce qui appauvri les futures récoltes et crée une famine. C'est pour cela qu'il faut prendre le temps de réfléchir et savoir se remettre en cause. Thrawn écoutait toujours les critiques et les étudiaient avant de les rejeter ou de les accepter.

"Ils sont vraiment partis, tous ? Et ils sont où, aujourd’hui ? Le projet a marché ? Ça fait, heu… Trente ans, à peu près, donc on devrait en savoir plus, maintenant ? Non ? Ou ils ne reviendront pas ? Vous les avez déjà vu ? Maître C’Baoth, c’est un grand type tout sec, avec une longue barbe et un air jamais content, qui marche toujours très vite. Maître Skaa disait que c’était un ami du chancelier Palpat… Enfin, de l’Empereur, maintenant. Il avait aussi une apprentie, qui était grande, déjà. Et est-ce que j’ai le droit de vous poser plus de questions sur votre peuple ? Pourquoi il y en a qui ont voulu tuer papa ?"

"Oui, tu peux me poser tes questions, quand je suis disponible comme maintenant, tout comme tu le fait avec Vuewimea," le rassura Thraw. "Concernant l'attaque subie par ton père, il y a plusieurs raisons donc je ne peux te répondre car je n'ai pas de certitude absolument sur laquelle est la bonne."

Cela pouvait être une simple attaque anti-humain, anti-FID, tout comme une action contre lui, Thrawn, en pensant que Soontir Fel était en mission secrète pour son compte. Thrawn n'en était pas totalement sur mais il se doutait fortement de l'identité des responsables, par contre. Il regrettait de ne pouvoir agir directement contre eux mais faisait confiance à son frère pour s'en occuper.

"Pour revenr à maître C'Baoth, il avait une apprentie, oui : Lorana Jinzler. Tout comme toi, elle a été attirée à notre époque par une faille. Elle a épousée mon frère, Thrass, qui est aussi revenu grâce aux failles. Elle vit au sein de l'Ascendance chiss avec leurs enfants. Si tu le souhaites, je peux lui faire parvenir un message de ta part ou lui demander de venir te voir."


Ce ne serait pas difficile, juste un peu long, vu la distance. Et il était plus prudent d'envoyer les messages en courrier, à bord du Rancor, que via des communications longues disances, qui peuvent être interceptée, surtout parce qu'elle doivent être relayées et qu'il n'y a aucun relais "neutre" entre l'Ascendance et Nirauan. Thrawn préférait laisser celles-ci pour les cas d'urgence, donc.

"Concernant le Vol vers l'Infini, il n'a pu atteindre ses objectifs. Le vaisseau est arrivé aux frontières de l'Ascendance, là où j'étais en poste. Maître C'Baoth voulu absolument traverser notre territoire, malgré mes avertissements et mon interdiction, car nous ne pouvons laisser un vaisseau de guerre si puissant faire cela, et sans écouter la proposition de Lorana de contourner l'Ascendance," ce qui aurait été le meilleur choix pour tout le monde, en vrai. "Il y avait, en plus, un peuple nomade pillard dans la région, les Vagaaris. Nous nous sommes retrouvés dans une bataille à trois parties, entre les Vagaaris, moi et C'Baoth. Le vol vers l'Infini paya un lourd tribut/"

Cela avait été un échec, pour Thrawn. Certes, les vagaaris avaient été vaincu et chassé mais l'objectif de Thrawn avait été de les détruire complètement, ce qu'il n'avait pu faire, comme Doriana avait lancé les chasseurs droids reconvertis sur le vol vers l'infini, pour lui sauver la vie. Thrawn en parlait avec un peu de regret dans sa voix, et de tristesse aussi.

"Après la bataille, je suis monté à bord, avec ma supérieure, l'amiral Ar'Alani, et mon frère. On découvrit que Lorana était encore en vie, mais pas C'Baoth. Thrass et elle durent déplacer le vaisseau, à eux deux. Ils trouvèrent une planète pour le "poser"," ce qui avait été un crash volontaire, plutôt. "Mais pour sauver la vie des derniers colons présents à bord, ils durent sacrifier la leur dans cette action. J'imagine que c'est leur sacrifice commun qui a su autant les rapprocher. Il y a quelques années, nous avons retrouvé l'épave et installer les colons survivants et leurs descendants sur un monde plus accueillant."

Il sourit doucement au jeune chiss, terminant le résumé de cette histoire par ces deux notes positives.

Plusieurs raisons possibles, c’était ce que papa lui avait répondu, lui aussi, vague sur le sujet. De quoi raviver une certaine frustration, parce qu’il ne comprenait pas pourquoi on ne pouvait pas dire laquelle était la bonne. Il y avait bien eu une enquête, non… ? Non ? Et les enquêtes, ça servait à savoir la vérité ! Il avait du mal à suivre cette histoire, on ne lui en avait pas dit grand-chose et de toute façon, soit on lui répondait que personne ne savait, soit qu’il n’avait pas à s’en occuper car il était trop petit. C’est ce qui le perturbait le plus, car c’était la première fois qu’on le traitait comme un… Eh bien, comme un enfant de son âge, finalement. Au Temple, jamais son maître ne lui aurait dit ça, bien au contraire. Alors qu’ici, les adultes à qui il parlait tiraient une drôle de tête lorsqu’il parlait de ses différents entraînements ou qu’il fallait être prêt à combattre, s’il le fallait, à dix ou onze ans, dans une mission.

"Pour revenir à maître C'Baoth, il avait une apprentie, oui : Lorana Jinzler. Tout comme toi, elle a été attirée à notre époque par une faille. Elle a épousée mon frère, Thrass, qui est aussi revenu grâce aux failles. Elle vit au sein de l'Ascendance chiss avec leurs enfants. Si tu le souhaites, je peux lui faire parvenir un message de ta part ou lui demander de venir te voir."

Hein ?? Il écarquilla les yeux, la bouche légèrement ouverte, en le regardant, pour voir s’il plaisantait. Elle était revenue mais avait quitté l’Ordre et s’était mariée ?? Vraiment ?? Mais alors… Donc c’était… Le soulagement l’envahi tout entier, en comprenant qu’il n’était pas le seul à ne pas être revenu vers son ancienne vie, qu’ils avaient le droit de faire autre chose et même de changer complètement d’existence. Que ce n’était pas si anormal que ça ! Par contre, ça voulait donc dire qu’elle avait été tuée durant cette mission.Ce que confirma l’amiral dans la foulée, expliquant ce qui s’était passé. C’était… Horrible, comme fin. Pour tous ceux partis avec cette mission. Les civils comme les Jedi. Dans ces circonstances, avoir pu retrouver quelques survivants, c’était déjà un petit miracle. Surtout autant d’années après.

"Donc on a le droit de pas rester dans l’Ordre en revenant ici… Je pensais que c’était mal. Ou bizarre. Ou dangereux. Même pour s’entraîner comme il faut. Quand j’en ai parlé à Ryan, il ne savait pas que plein de gens différenciaient comme ça les pouvoirs de la Force, avec l’obscurité et la lumière, il n’a jamais appris ça. Il trouve qu’on se prenait la tête, sur tous ces mondes, même s’il comprenait pourquoi, quand je lui ai parlé de ce qu’on a appris en cours d’Histoire, sur l’Ordre."

De son côté, c’était l’inverse, il avait du mal à comprendre qu’on puisse aborder un tel entraînement sans se préoccuper, ni même connaître, ces deux facettes. Naviguer de l’une à l’autre sans plus se poser de question. Quel était le type d’entraînement suivi, pour ne pas perdre l’équilibre ? Car c’était bien l’équilibre, qu’il percevait chez son nouveau professeur. En revanche, impossible encore de comprendre comment il arrivait. Et le fait que le professeur en question n’en ait aucune idée lui-même, tant ça lui était naturel, n’aidait pas du tout.

"Ce sont eux, mes parents biologiques," dit-il en lui montrant la photo, imprimée sur un papier glacé, tout à coup, changeait complètement de sujet. "C’est mon grand-père qui l’a jeté à Soontir. Qui lui a donné, je veux dire."

Le couple, enlacé, posait devant le petit cargo qu’ils utilisaient pour leur commerce, souriants, face au photographe. Jeunes, visiblement, confiants. Sa mère était enceinte de lui, sur ce cliché. Il aimait beaucoup cette photo, elle compensait un peu le regret de n’avoir conservé aucun souvenir. Et en même temps, elle ravivait des émotions contraires.

"Pourquoi j’étais avec eux, quand c’est arrivé ? Les Chiss, dans la base, ils disent que les tous petits sont gardés par leurs oncles ou grands-parents, quand les parents partent pour quelques jours, pour leur travail, comme ça. Car c’est dangereux, même en restant dans les frontières, il peut arriver n’importe quoi et la Flotte ne peut pas avoir l’œil partout. Pourquoi la mienne ne l’a pas fait ? Est-ce qu’ils voulaient déjà que je disparaisse ? C’est pour ça qu’ils ont aussi mal réagi devant papa ? Pourquoi ils ne m’ont pas cherché ? Comment, après… Qui a pu me retrouver et emmener aussi loin ?"

Nuru s’était attendu à peu près à tout sauf à ce genre de réponse. Ce peuple pensait que la Force était une maladie ?? C’était pour ça, alors, que lorsque sa famille avait appris ce qui s’était passé, elle ne… Oh… Un petit frisson lui remonta dans le dos, laissant un goût amer en bouche. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’il apprenait qu’un peuple ou un autre rejetait ce genre de dons ou les voyait comme un danger pur et simple, mais en étant concerné personnellement, ça prenait tout de suite une autre allure. Il rebaissa les yeux sur la photo, en se demandant comment ses parents avaient compris ce qu’il était. Si eux aussi avaient été sensibles à la Force. Et si oui, avaient-ils senti venir le danger, avant d’être attaqués ? Pourquoi n’avaient pas pu s’échapper dans une capsule de sauvetage, eux aussi ?

"Mais tout notre peuple ne pense pas ainsi, aujourd'hui. Et, au final, n'es-tu pas heureux avec le capitaine Fel et sa famille ?"

"Si," souffla-t-il en le regardant, serrant la photo entre ses mains. "Mais je voulais savoir aussi car avant, je n’avais jamais vu quelqu’un qui me ressemblait. Et même pour ceux qui étaient arrivés bébés au temple, ils connaissaient au moins leur planète de naissance et où elle se situait. Alors que moi, quand on en parlait entre nous, j’étais comme maître Yoda, avec juste un, voire deux, représentants au temple, maximum. L’espèce bizarre sortie d’on ne sait où dans la galaxie. Enfin, il y a des Humains qui avaient des histoires, je crois sur votre peuple, je ne sais plus trop. J’en ai entendu parler seulement ici."

Maître Yoda n’avait qu’une compatriote, il trouvait ça très triste aussi. Enfin, aujourd’hui, elle devait être décédée… Est-ce que maître Yoda aussi était décédé ? Après tout, il était déjà très âgé. Soit il n’avait pas survécu à la purge, soit il était mort de vieillesse entre-temps, dur de le savoir. Il faudrait retourner au Temple, pour ça, mais il n’avait toujours pas envie de le faire.

"Ryan est vraiment Humain ?" lança-t-il ensuite, sans réfléchir avant, le nez légèrement froncé. "Il n’y ressemble pas tant que ça et il ne… Enfin… Il n’a pas vraiment une aura d’Humain non plus, quand je l’observe. Quand je médite avec lui et qu’il s’ouvre un peu, j’ai l’impression qu’il est… Je sais pas… Il a un truc différent. Et en plus, il a un accent bizarre, comme s’il retenait des mots ou je ne sais pas trop quoi. Si ça se trouve, il a attrapé une maladie et il ne le sait pas encore. Un peu comme Sion. Mais lui, il me fait peur, on dirait qu’ils sont deux dans sa tête. Même le général est normal, à côté d’eux."

Impossible de ne pas laisser transparaître un ébahissement profond, d’ailleurs, car jusque là, il s’était toujours dit qu’on ne pouvait trouver pire. Et pourtant ! Le Sith grand-brûlé-immortel lui collait une peur immense. Et plein de monde l’avait déjà vu parler dans le vide, à quelqu’un qui n’existait pas !

"Et comment il a survécu à l’explosion d’une planète…" marmonna-t-il plus bas, incapable de comprendre une situation pareille.

"Si mais je voulais savoir aussi car avant, je n’avais jamais vu quelqu’un qui me ressemblait. Et même pour ceux qui étaient arrivés bébés au temple, ils connaissaient au moins leur planète de naissance et où elle se situait. Alors que moi, quand on en parlait entre nous, j’étais comme maître Yoda, avec juste un, voire deux, représentants au temple, maximum. L’espèce bizarre sortie d’on ne sait où dans la galaxie. Enfin, il y a des Humains qui avaient des histoires, je crois sur votre peuple, je ne sais plus trop. J’en ai entendu parler seulement ici."

Thrawn hocha la tête, car c'était logique.La dernière fois que l'Ascendane est venu dans les Régions Intérieures, c'était au temps du conflit entre l'Empire sith et la République, il y a plus de trois millénaires et demi. Peut-être y a-t-il eu des expéditions dans ce qui est appelé l'Espace Sauvage, entretemps, mais cela ne doit pas être plus. Et bien des choses peuvent être oubliés durant trois milles ans, même dans les archives les plus sérieuses. Par exemple, nombre de chiss ignorent les événements ayant causé la Grande Catastrophe, il y a cinq milles ans, sur Csilla.

"Ryan est vraiment Humain ? Il n’y ressemble pas tant que ça et il ne… Enfin… Il n’a pas vraiment une aura d’Humain non plus, quand je l’observe. Quand je médite avec lui et qu’il s’ouvre un peu, j’ai l’impression qu’il est… Je sais pas… Il a un truc différent. Et en plus, il a un accent bizarre, comme s’il retenait des mots ou je ne sais pas trop quoi. Si ça se trouve, il a attrapé une maladie et il ne le sait pas encore. Un peu comme Sion. Mais lui, il me fait peur, on dirait qu’ils sont deux dans sa tête. Même le général est normal, à côté d’eux. Et comment il a survécu à l’explosion d’une planète…"

"Peut-être devrais-tu prendre le temps de le lui demander lui-même. Ryan est quelqu'un de plus ouvert qu'il n'y paraît et il apprécierait peut-être même de te parler de son monde, ou de ceux qu'il a pu voir."

Thrawn ne voyait pas de soucis avec le navigateur. Enfin, ce dernier avait encore un peu de mal avec le protocole des FID, et surtout avec le grand amiral qu'il n'arrivait pas à comprendre ainsi que Skywalker, justement. Thrawn en avait un peu discuté avec lui et lui avait certifié que, non, il n'était pas obligé d'apprendre à manier un sabrelaser, même si tout expérience peu être bonne à prendre. Après tout, Ryan ne faisait pas parti de la section spéciale du général humain. Ses compétences étant axés sur le "pilotage en hyperpropulsion", concept inédit pour l'Empire car utile uniquement au sein du Chaos, son rôle était primordial à l'intérieur des Régions Inconnues, endroit où la section Bellator n'ira pas systématiquement : Thrawn aura aussi besoin d'eux contre Palpatine, ainsi que contre Vitiate qui agit certainement aussi à l'intérieur de l'Empire.

"Pour l'agent Sion, j'ignore aussi comment il a fait pour survivre. Des jedi, les maîtres Meetra Surik, Atton Rand et dame Kreia ont signifié l'avoir connu mais l'époque d'où ils viennent est très éloignées, et j'ignore tout de cette histoire. Je peux seulement supposé que la maîtrise de la Force de Sion est la raison de sa survie, surtout au vu de ses nombreuses cicatrices."

Thrawn devait bien admettre in peto qu'il n'avait jamais croisé quelqu'un qui ait été aussi gravement blessé. Même le général Skywalker semble être dans une bonne santé quand on les compare. C'était comme un cadavre vivant, de par son aspect intérieur. Par contre, au niveau intérieur, il était plutôt colérique, comme une tempête renformée sur elle-même, bien que par moment elle soit comme apaisée. Souvent en présence du lieutenant Kravhenn d'ailleurs.

"Tu peux avoir peur, c'est compréhensible, surtout pour un enfant de ton âge. La peur est une chose importante, si tu sais lui résister. Même moi, il m'arrive de la ressentir mais je ne la laisse jamais dicter mes actes."

Est-ce que Thrawn et Yularen ont pu avoir des informations sur Sion sans passer par les jedi (sur 3 ou moins)
)> , non

Nuru lâcha une légère moue, pas très convaincu. Le navigateur ne parlait pas beaucoup, de base et il ne voyait pas comment aborder le sujet, de toute façon. Peut-être que si une occasion se présentait, il pourra essayer, de… Puis peut-être qu’il n’apprécierait pas du tout d’en discuter ? En tout cas, lui, ça allait encore, malgré tout, il restait gentil et patient, quand il expliquait ses leçons. Mais ce Sion, c’était… Différent. Le jeune garçon fut assez surpris d’entendre que même le chef de la base ignorait comment il avait pu survivre, pensant juste que ça devait être grâce à sa maîtrise de la Force. Il avait beau chercher, jamais, au temple, on ne lui avait déjà parlé de quelqu’un ayant subi des blessures aussi graves et y ayant survécu, surtout ! Et pourtant, un type capable de faire ça, il devrait être tellement connu qu’on devrait dénicher son histoire facilement.

"Tu peux avoir peur, c'est compréhensible, surtout pour un enfant de ton âge. La peur est une chose importante, si tu sais lui résister. Même moi, il m'arrive de la ressentir mais je ne la laisse jamais dicter mes actes."

"Oui mais vous et les autres, vous avez peur de trucs bizarres et pas de ce qui devrait vraiment faire peur, si c’était logique. Même ici, je m’entraînais à grimper et il y a un homme qui est arrivé et qui a peur tout à coup, je sais pas trop pourquoi, il s’est précipité comme si j’allais tomber. En plus, il a dit que j’étais petit ! C’est pas vrai, d’abord, j’ai grandi depuis l’année dernière, je fais un mètre vingt-huit, maintenant."

Même un des docteurs, lorsqu’il était encore à l’infirmerie, peu après son arrivée, lui avait dit qu’il était petit, pour son âge. Ce qui outrait toujours autant Nuru car ce n’était pas de sa faute, ça ! Et puis, il allait grandir ! Quand il aura plus, heu… Quand il aura onze ou douze ans, il allait plus grandir comme tout le monde, non ? Bref. Le temps filait et il devra justement rejoindre Ryan, pour la suite. Cette discussion lui avait fait du bien, ça avait permis d’apaiser sur pas mal de sujets… Et de comprendre, aussi, mieux son peuple et sa culture. Peut-être qu’il parviendra à y aller, lui-même, un jour… Bon, pas tout de suite. Ou en tout cas, pas tout seul et pas dans un coin où il risquait de croiser sa famille biologique. Mais il aimerait bien voir un autre monde et se rendre compte de ce que ça représentait. Ça rendrait la situation… Réelle, finalement.

"Quand les bébés seront nés, je pourrais venir les voir ?"

Il savait désormais que c’était lui, leur père, alors autant lui poser directement la question, puisqu’il était là ! Nuru aimait bien les tous-petits, ils étaient super attachants et encore plus peu de temps après la naissance. Mais quand leur maman sera reposée, aussi, bien sûr.