For you

La chaise grinça légèrement, lorsque Sion se remit sur le côté, le bras posé contre le rebord du petit bureau, l’air blasé, face à l’air tout aussi blasé qu’inquiet de l’infirmier assis en face de lui. On lui avait conseillé de poser ce genre de questions à quelqu’un qui s’y connaissait, donc un type qui avait étudié la médecine, ça convenait, non ? Le pilote, sur le trajet du retour, avait fini par l’épuiser, à force de lui répéter que ce n’était pas normal et qu’il devait régler ça avec un professionnel. Les gens s’angoissaient tellement pour rien… Tout ça car Sion avait mangé vite fait des espèces de racines bizarres, car il avait eu faim, et que le pilote, voyant ça, était devenu livide et avait agi comme s’il y avait danger de mort.

"En fait," reprit l’infirmier avec une bonne inspiration, "même si ça ne vous fait rien, c’est important d’apprendre à différencier ce qui est comestible ou non. Que vous sachiez quoi donner à un collègue en cas de besoin ou pour vous-même, si jamais votre, heu… Votre constitution évolue un jour."

"Mouais, ça ne change pas grand-chose."

"Pour vous, peut-être, mais apprenez-le au moins pour les autres. Et puis, qui sait, peut-être que ré-apprendre tout ça vous aidera à vous rappeler de votre passé ?"

L’infirmier se pencha et se mit à fouiller dans des tas de dossiers, dans une petite armoire près du bureau, puis finit par tirer un livre poussiéreux, qu’il lui tendit, en disant qu’ils avaient toujours ça, pour commencer. Une encyclopédie des aliments. Il la feuilleta un peu, alors que son interlocuteur insistait sur l’importance d’apprendre de nouveaux tous ces aspects de la vie, pour, à terme, mieux la maîtriser et retrouver ses esprits. Tout ça n’avait plus de sens, pour lui… Rien de ce qu’il mangeait n’avait de goût, peu importe que ça soit vivant ou mort, que ça bouge ou pas, que ça soit cuit ou non. Il ne sentait plus aucune odeur non plus. Ces deux sens si basiques n’étaient jamais revenus, malgré la « vie » circulant de nouveau, même si faiblement, en lui. Il était aussi resté borgne, au passage. Le goût, l’odorat, la vue… Des capacités amputées entièrement ou à moitié.

Son sens du toucher était lui aussi quasiment inexistant. Il sentait qu’il effleurait ou touchait quelque chose, en revanche, plus aucun ressenti du froid, du chaud, de la rugosité ou la douceur, rien. L’ouïe était le seul des cinq sens à avoir survécu. Tout ça ne l’incitait pas à « redécouvrir » la vie. Car cette vie était fade. Il garda quand même l’encyclopédie et repartit avec, pour la poser, pour l’instant, dans le petit meuble à côté de son lit. Parfaitement fait, d’ailleurs, même un peu poussiéreux, car il ne l’avait jamais utilisé. S’y installer pour dormir lui semblait aussi vide de sens que tout le reste. Il ressortait juste de la chambre lorsqu’il tomba nez à nez sur son image, enfin, sur Jacolev, debout juste devant lui, à le fixer… Sion s’immobilisa à son tour et le regarda. Ils restèrent comme sans rien dire ni faire, l’un comme l’autre, dans un silence de mort. Parfois, quelques hommes passaient, dans le couloir, en leur jetant des regards étranges.

"Pourquoi me suis-tu ?"

Son fantôme ne lui répondit pas et continua simplement le fixer. Il s’écoula encore quelques minutes avant qu’un autre type, plus haut gradé cette fois, un carton dans les bras, ne s’arrête et lui demande pourquoi il restait planté là à fixer un mur vide, sans bouger. Un mur… ? Sion cligna lentement de l’œil, puis recula, avant de regarder autour de lui. Il ne regardait pas le mur, il regardait son lui du passé !

"Je le regarde, lui !" s’écria-t-il en pointa Jacolev. "Ça ne se voit pas ?!"

"Mmh… Sans doute. Vous devriez aller vous reposer."

"J’ai déjà dormi il y a trois jours !"

"Ah, très bien, dans ce cas, juste vous asseoir dans une salle de repos ? Ce serait toujours mieux que rester ici en étant… Enfin, mieux."

Sion ne l’écoutait déjà plus, tout occupé qu’il était à tendre la main vers Jacolev pour tenter de lui toucher le visage. Il l’atteignit mais ses doigts s’enfoncèrent dans du vide, aucune sensation, si ce n’est le néant absolu. Il repartit comme un automate, sans écouter l’officier derrière qui lançait il ne savait quoi. Il comptait plutôt la chercher, elle, pour lui donner le petit paquet. Après vingt minutes à errer dans toute la base, il la trouva à la sortie d’un entraînement collectif de pilotes, alors qu’elle se lançait, comme les autres, sur la maintenance de son chasseur. D’après les discussions entendues au passage, ils s’occupaient de ça avant de partir dîner. Il s’approcha, toujours en compagnie de Jacolev, marchant à ses côtés tranquillement.

"C’est pour toi," lança-t-il sans préambule, en lui donnant le paquet contenant le collier.

Le tutoiement lui était venu soudainement et il s’attendait à ce qu’elle fasse aussi naturellement de même, sans se poser la question. Après tout, il lui avait déjà dit qui il était. Sion tressaillit violemment quand Jacolev s’appuya tout à coup contre lui, de tout son poids, toujours sans un mot.

----
État mental : 16

L’humeur revenait au beau fixe, ces derniers temps, beaucoup étaient soulagés de voir que l’air redevenait peu à peu respirable et que dans certains secteurs galactiques, la situation était même revenue à la normale ! Pas partout, malheureusement, mais l’espoir était permis. Bon, le pendant affreux allant avec, c’était d’avoir appris par le général le retour du fou dans leur réalité. Beaucoup de conversations tournaient autour de ça, alors qu’ils quittaient leur entraînement, entre jeunes pilotes, parlant avec animation de ce qui risquait d’arriver, avec ce type dans les parages. Puis ils durent remettre ça à plus tard, quand leur instructeur lança tout à coup dans leur dos que ce n’était pas encore le moment de traîner, il leur restait du travail avant la véritable pause du soir. Oui, oui, ils y allaient ! Elle reprit son sac puis se dirigea vers son appareil, espérant qu’ils puissent passer au moins un mois ou deux avant de nouveaux problèmes à grande échelle. Rien que ça, ce serait déjà bien ! Et peut-être que le fou allait être arrêté rapidement, à présent qu’il pouvait être repéré à l’odeur.

Enfin, pour le moment, elle se soucia de la maintenance habituelle de son chasseur. Comme après chaque entraînement. C’était autant une manière de veiller à ce que tout se passe bien que leur apprendre à prendre soin du matériel. On leur apprenait également les réparations d’urgence à faire, pour le cas où ils devraient être seuls dans un environnement plus ou moins hostile, en attendant les renforts. Une matière difficile, à ses yeux… Apsara n’était pas une grande admiratrice de mécanique ou de tout ce qui s’y apparentait, les cours là-dessus étaient plus pénibles que les autres. Plongée dans son travail et le nez sur les fiches remplies de notes sur le sujet, elle ne remarqua Jacolev approcher qu’avec un temps de retard. Elle pensa aussitôt qu’il y avait déjà eu un autre problème… Lorsqu’il arriva à sa hauteur, elle s’apprêta à le saluer mais lui donna soudainement un petit paquet, la coupant dans son élan. Les interactions sociales et lui, ce n’était pas encore ça, dirait-on. Depuis quand la tutoyait-il, en plus ?

"Vous all… Tu vas bien ?" demanda-t-elle avec inquiétude, en le voyant brusquement tressaillir.

Enfin, elle savait qu’il n’allait pas très bien de base, par contre, aujourd’hui, ça semblait pire que d’habitude. Elle défit le paquet puis écarquilla les yeux de surprise, en découvrant un élégant pendentif à l’intérieur. En forme de goutte d’eau et différentes teintes de bleus, une chaînette blanche et un support formant une vague argentée. Mais pourquoi est-ce qu’il… Quoi ? Elle lança d’abord un « Merci » en bafouillant légèrement, sans pouvoir cacher sa confusion. Ça tombait comme un cheveu sur la soupe, ça ! Où avait-il trouvé ce collier, il ne l’avait tout de même pas acheté alors qu’il en était en pleine mission avec le général… Si ?

"C’est très gentil, par contre, pourquoi tu… Qu’est-ce que j’ai fait ?"

Même avec la meilleure volonté du monde, elle n’arrivait pas à comprendre ! Ils se connaissaient un peu mieux, maintenant, d’accord, mais tout de même ! En plus, la dernière fois qu’ils s’étaient parlé, il avait fini immobile, assis par terre, en mode cadavre, sans respirer. Pendant plusieurs heures ! Sans compter qu’il était si peu sociable qu’elle se demandait même comment il avait pu découvrir que les gens pouvaient se faire des cadeaux entre eux. Il savait qu’il fallait une raison, pour ça, d’ailleurs ?

"Vous all… Tu vas bien ?"

"Oui ?"

Quoi ? C’était quoi, la question ? Elle en avait posé une en même temps que son double fantomatique et il n’avait pas très bien suivi l’affaire. Enfin, peu importe. Et pourquoi lui disait-elle merci, d’ailleurs, en tirant une tête pareille ? Il commença par la regarder de haut en bas puis lorsque ses yeux tombèrent sur le collier qu’elle tenait, avec le papier kraft, se souvint qu’il venait tout juste de lui offrir. Ah, donc, c’est bon, ça lui plaisait ? Vader avait eu une bonne idée, alors, il devra penser à le lui dire. Il remarqua à cet instant que quelques uns, tout autour, leur lançaient des regards bizarres, à Jacolev et lui. Quoi encore ?! Ils n’avaient jamais vu de fantôme ?! Il s’efforça de les ignorer, reportant plutôt le regard sur elle. Jacolev, toujours appuyé sur lui, soupira un peu et lui glissa à l’oreille qu’il devrait s’apaiser. Sion lui marmonna une brève insulte, exaspéré. Il était déjà parfaitement apaisé !

"C’est très gentil, par contre, pourquoi tu… Qu’est-ce que j’ai fait ?"

"Il faut avoir fait quelque chose avant ?"

Mais ça, Vader ne lui avait pas dit ! Pourquoi est-ce qu’il ne lui avait pas dit ?! Son double se mit à ricaner, sur un ton très étouffé, avant que Sion ne fasse un brusque mouvement de la main pour, d’une part, le dégager de son épaule, d’autre part, le faire partir plus loin, qu’il le lâche un peu ! Ça allait bien deux minutes, cette histoire ! Une fois plus tranquille, il se tint plus droit devant la jeune femme, agacé car le fantôme revenait déjà en sifflotant. C’est qu’il se foutait de lui en plus…

"Tu es une femme," déclara-t-il comme si elle n’était pas déjà au courant. "Donc j’ai demandé à Vader ce qui était bien d’offrir à une femme. Pour essayer de repartir d’un bon pied, tu vois, comme on devra travailler ensemble, tôt ou tard. Comme tu fais partie de la même unité et que tu es sensitive. Tu en fais ce que tu veux, maintenant, je ne sais pas ce qui convient aux femmes. De ce que je me souviens, je n’en ai connu vraiment que deux. Une vieille que je veux tuer et une jeune qui m’a tué. Mais toi, je ne veux pas te tuer. Et lui non plus, tu vois ? Mais il râle quand je menace les imbéciles qui ne veulent pas coopérer."

Jacolev leva les yeux au ciel, avec un fort soupir, quand Sion le désigna de la main. Qu’il ose affirmer le contraire !

"Ce serait quand même mieux que tu apprennes à te battre au sabre et bien plus avec la Force… Sinon, tu resteras une proie."

"Il faut avoir fait quelque chose avant ?"

"En général, oui."

Elle recula d’un pas, mine de rien, en rangeant le collier dans une poche intérieure de sa veste, alors que lui s’agitait et repoussait quelque chose qu’elle ne pouvait voir. Il allait de moins en moins bien… Reprenant ses outils en main et revenant à la maintenance de son appareil, Apsara finit par se demander si ce qui le poursuivait n’était pas encore son « lui fantôme ». Comme la dernière fois, dans la salle d’entraînement ? Il était possédé, finalement ? Ou juste malade. Dès qu’il termina de s’agiter dans le vide, il se redressa puis lui lâcha platement qu’elle était une femme. Ah, heu, oui, merci, elle avait cru remarquer ça depuis longtemps. Quel rapport avec le reste ? En l’entendant balancer qu’il avait parlé de ça avec le général, elle faillit vriller avec son outil et se blesser au passage, surprise. Déjà, qu’on parle d’elle pour un tel sujet, c’était bizarre, mais si en plus, c’était littéralement deux Sith qui le faisaient ! Mais d’accord, d’accord, ça partait d’une bonne intention.

"Tu en fais ce que tu veux, maintenant, je ne sais pas ce qui convient aux femmes. De ce que je me souviens, je n’en ai connu vraiment que deux. Une vieille que je veux tuer et une jeune qui m’a tué. Mais toi, je ne veux pas te tuer. Et lui non plus, tu vois ? Mais il râle quand je menace les imbéciles qui ne veulent pas coopérer."

Oui, oui, oui, elle « voyait » bien, oui… C’était une façon d’affirmer qu’il ne la détestait pas, lorsqu’il disait ne pas vouloir la tuer ? Drôle de manière, mais bon, ça restait un Sith, alors pourquoi pas. Elle parvint à retenir une petite moue, concentrée sur son travail, alors qu’il désignait le vide à côté de lui. Il devait bel et bien voir son fantôme, à tous les coups. Qui pourrait l’aider à faire la paix avec ça… ? Il y avait des spécialistes en psychologie de Sith à double-personnalité, chez les Jedi ?

"Ce serait quand même mieux que tu apprennes à te battre au sabre et bien plus avec la Force… Sinon, tu resteras une proie."

"Je n’ai pas de sabre," souligna-t-elle en enclenchant le dernier scan, pour les réglages et la vérification. "Donc m’entraîner avec… Et non, avant que tu le redemandes, je ne vais pas prendre le tien pour m’exercer sur toi en te découpant des morceaux, ça ne se fait pas. Même si ça repousse ! Sinon, oui, je m‘entraîné déjà pour ça, ne t’inquiète pas."

Elle referma le clapet protégeant le panneau électrique de l’appareil, puis commença à ranger son poste de travail. Les autres avaient déjà quasiment tous terminés, cette partie du hangar se vidait peu à peu. L’équipe pour le quart de nuit allait bientôt prendre la place.

"C’est ton double qui traîne avec toi, encore ? Tu n’as pas la possibilité de fusionner avec lui ? Après tout, c’est toi. Enfin, c’était toi. Peut-être que tu peux le redevenir."

"Je n’ai pas de sabre. Donc m’entraîner avec… Et non, avant que tu le redemandes, je ne vais pas prendre le tien pour m’exercer sur toi en te découpant des morceaux, ça ne se fait pas. Même si ça repousse ! Sinon, oui, je m‘entraîne déjà pour ça, ne t’inquiète pas."

Grmmbl… Il referma la bouche, puis haussa les épaules. Très bien, il allait lui en fabriquer un, juste pour elle, dans ce cas ! Il l’avait déjà fait et pouvait parfaitement le refaire, ça ne prendra pas des mois… Et elle sera armée, elle pourra apprendre à mieux se défendre. La mémoire des éléments nécessaires pour construire un sabre lui était demeurée en mémoire, car elle datait d’après sa non-vie. Il l’observa, de haut en bas, essayant de juger à quoi devrait ressembler la garde. Alors qu’elle rangeait son matériel. Mmh… Y penser pour quelqu’un d’autre, c’était bizarre. En même temps, il détestait la voir partir en mission si peu armée ! Jacolev approuva d’un signe de tête cette pensée, sans faire de commentaires, cette fois.

"C’est ton double qui traîne avec toi, encore ? Tu n’as pas la possibilité de fusionner avec lui ? Après tout, c’est toi. Enfin, c’était toi. Peut-être que tu peux le redevenir."

Mmh ? Il la regarda, puis regarda Jacolev, puis de nouveau elle, avant d’encore tourner la tête vers son double. Qui le fixa de même, un rictus aux lèvres. Comment ça, le redevenir ?? Il tendit la main devant lui, Jacolev la prit tranquillement et ils restèrent là, une bonne minute, à se fixer, l’un et l’autre. Sion commençait à avoir mal au crâne… Ou ce qu’il en restait… Il cligna brusquement de l’œil puis recula d’un coup sec. Tout ça ne servait à rien !

"Il ne peut pas être moi, je ne suis plus lui, nous ne sommes plus un, un et un ne forment plus un tout si un est mort ou détaché, avec un en vivant une vie de mort !" lança-t-il à toute vitesse, en grognant à moitié. "Je suis un mort qui vit et lui un vivant qui ne veut plus, dans la mort et la vie, en plein écart avec la mort ! Je dois vivre avec la mort car il reste de la vie dans la mort et la mort dans la vie ! C’est parce que tu es vivante que tu ne peux pas fusionner avec une mort encore en vie, tu comprends ?!"

Son double fantômatique se frappa le visage du plat de la main en soupirant, sans que Sion ne lui prête la moindre attention. Il se sentait juste bizarre… Cette non-vie n’avait aucun sens, depuis qu’il y était arrivé, il ne savait toujours pas pourquoi il était resté ici et ce qu’il était censé y devenir. Il suivait juste le fil de l’eau, sans savoir ce qu’il était, qui il était, pourquoi et comment. Il n’y avait plus personne pour diriger sa vie à sa place et pire encore, plus aucun but à son existence. Les combats de son époque n’avaient plus de sens. On ne pouvait plus abattre les Jedi ou les Sith. Et les ennemis d’hier devenaient des alliés. Il était juste… épuisé. Les nerfs en boule.

"C’est quoi, le sens de la vie ?"

Ça devait bien être ça, étant donné ses réactions. Qu’il touchait ou essayait de toucher, dur à dire. Avant de reculer brusquement. Apsara pinça un peu les lèvres, puis jeta de brefs coup d’œil autour d’eux, attrapant quelques regards interloqués, des personnes à proximité. Les plus gentils d’entre eux devaient penser que Sion était juste occupé à une sorte d’entraînement avec ses « dons bizarres » et les moins optimistes qu’il était simplement schizophrène. En vraiiii… Ce qu’il lâcha en grognant comme un animal la laissa assez, hum… Perplexe, pour rester polie. Alors, alors… Heu… Elle sursauta à moitié lorsqu’il lui cria dessus pour savoir si elle comprenait, avant qu’il ne se calme un peu. Oh, ça va, hein ! S’il voulait qu’on le comprenne, qu’il commence déjà par accepter de voir un psychiatre ! Ou au moins un Jedi pouvant atteindre avec lui tous ces trucs d’esprit dans la Force et l’aider à ne plus voir son propre fantôme ! En ce qui la concernait, elle ne saurait dire s’il était juste taré ou si c’était à cause de sa précédente vie, de la Force, des Failles ou de tout ça en même temps.

"C’est quoi, le sens de la vie ?"

Hein ? Pourquoi, tout à coup, il passait sur… Apsara souffla un grand coup, se força à sourire pour ne pas afficher à la place une grimace désespérée. Ce n’était que le second Sith qu’elle croisait en personne, en ayant entendu évidemment beaucoup parler d’un autre en plus, mais tous les trois étaient brisés. Coïncidence ? Ah là là, Tal, Meetra et tous ceux qu’elle avait croisé au Temple ne rigolaient pas, quand ils avaient lancé que le Côté Obscur pouvait vous faire sacrément mal au cerveau ! Entre le volcan imprévisible et le schizophrène…

"Pourquoi la vie devrait-elle en avoir un ?" haussa-t-elle légèrement les épaules. "On naît par accident, on vite à grands coups de hasards, on meurt comme tout le monde, point. Quand on observe tout ce qui se passe, rien n’a jamais de sens, alors à quoi bon s’épuiser à en chercher un. Mais si peut te rassurer, tu peux toujours t’en fixer un, non ? Rien ne t’empêche de le choisir."

Elle lui fit signe de venir avec elle, ses affaires en main, prenant la direction du réfectoire. Peut-être que manger allait l’aider à le calmer… ? Ou au moins, en voyant des personnes normales, arriver à se calquer sur leurs attitudes et comportements, ça serait déjà un bon début. Son « fantôme » devait le suivre, toujours. Enfin, techniquement, ce n’en était pas, ça devait plutôt une sorte de trace de son passé, une réminiscence, qu’il n’arrivait pas à accepter. Si un psychiatre pouvait vous détacher de poursuivants imaginaires, pouvait-il vous détacher de votre propre vous ? Elle imaginait déjà la tête du seul diplômé en psychiatrie clinique de la base, lorsqu’il allait trouver ce cas-là. Les deux ou trois « simples » psychologues, eux, n’allaient pas être assez armés pour gérer ça.

"Tu peux aussi te fixer plusieurs buts. Recouvrer la mémoire complète, fusionner ou faire disparaître ton double, te focaliser sur un ennemi de cette époque, réapprendre à vivre et ainsi de suite. Ou encore autre chose. Tu as déjà dû choisir des objectifs et buts dans ta vie passée, non ?"

Elle poussa la porte du réfectoire, tout en parlant. L’écho des conversations venant les envelopper comme un lourd cocon, alors que la salle se remplissait peu à peu.

"Pourquoi la vie devrait-elle en avoir un ? On naît par accident, on vite à grands coups de hasards, on meurt comme tout le monde, point. Quand on observe tout ce qui se passe, rien n’a jamais de sens, alors à quoi bon s’épuiser à en chercher un. Mais si peut te rassurer, tu peux toujours t’en fixer un, non ? Rien ne t’empêche de le choisir."

Ce fut un sentiment très étrange, qui lui monta des tripes… Un sentiment là encore inconnu, très troublant, très gênant, qu’il mit plusieurs minutes à identifier, alors qu’elle repartait et qu’il la suivait comme un automate. Il finit enfin par comprendre. L’angoisse. Une terrible sensation de vide, lui tordant l’estomac, face à la seule idée que rien de tout cela ne pouvait avoir de sens ou de but. Que la Force ne leur destinait rien. Comment parvenait-elle à évoquer si légèrement une idée pareille ?! Ça, ça… Ça lui donnait mal au ventre, il refusait net d’envisager que ça puisse être le cas ! Et le choisir… le choisir ! Qui pourrait faire ça lui-même ? Qu’en était-il de leur destin, à tous ?! Ils devaient bien tous en avoir un, non ? … Non ? Il tourna la tête vers Jacolev, étrangement silencieux, depuis tout à l’heure.

"Tu peux aussi te fixer plusieurs buts. Recouvrer la mémoire complète, fusionner ou faire disparaître ton double, te focaliser sur un ennemi de cette époque, réapprendre à vivre et ainsi de suite. Ou encore autre chose. Tu as déjà dû choisir des objectifs et buts dans ta vie passée, non ?"

"Moi ? Non, je n’ai…"

Il s’interrompit, perdu. Jedi, il avait juste… Suivi le mouvement. Toute sa vie. D’abord dans l’apprentissage, puis dans la guerre. Après ce terrible combat, il avait bel et bien cru suivre ses propres objectifs, mais en réalité, il avait été manipulé de bout en bout. A la fois par la sorcière et par sa propre haine, sa recherche de vengeance. Une réalisation faite… Très récemment, pouvait-on dire. Grâce à une discussion avec Vader. Enfin, Anakin. Il s’efforça de revenir à la réalité, faisant comme elle, pour prendre un plateau et de quoi manger dessus, imitant tout car il ignorait encore ce qu’il était censé prendre ou non, au milieu de tout ça. Assis à table, il tenta de se rappeler du nom de ces trucs. Sans grand succès.

"Je n’ai jamais décidé seul ou tranquillement de mes buts. Je le pensais, un temps. Mais c’était une illusion."

Hors de question d’admettre que cette récente réalisation le blessait profondément. Il se sentait faible, inutile, encore plus enragé contre lui-même et humilié de s’être fait avoir de cette façon. C’était l’un des pires sentiments qui soit et le peu de fierté restant lui interdisait totalement d’en parler à qui que ce soit, fusse-t-il à elle. Il commença à manger ces trucs sans goût, informes, toujours aussi épuisé et refusant toujours autant de le montrer.

"Pourquoi ne pas avoir de but précis ne t’angoisse pas ? Tu ne crois pas au destin ?"

Comment ça, « non » ?? Même quand il était Jedi ? Elle soupira puis se décida à ne pas faire de commentaires, prenant plutôt un plateau et la queue du réfectoire. Une entrée d’œufs, puis poulet et purée, tout simplement, avec un fruit en guise de dessert. Comme toujours, elle repéra plusieurs mouvements de recul, dont quelques uns involontaires, lorsque Sion passa près d’eux. Comme pour le général, tiens… Beaucoup avaient encore peur et ce n’était pas qu’une question d’apparence. Elle craignit, un instant, qu’il le réalise et s’énerve, mais non, il n’y prêta aucune attention. Ils allèrent s’asseoir à une des dernières tables livres, à cette heure. Apsara attaquait les œufs lorsque son confrère lâcha qu’il n’avait jamais décidé seul de quoi que ce soit, qu’il l’avait cru par simple illusion. C’était… Pathétique, il n’y avait pas d’autre mot, il avait eu une vie vraiment misérable. Elle en éprouvait un mélange de peine et de pitié, autant que d’impuissance. Que dire, de toute façon ? Lorsqu’on avait un gâchis aussi monumental, face à soi, trouver les bons mots devenait très compliqué.

"Pourquoi ne pas avoir de but précis ne t’angoisse pas ? Tu ne crois pas au destin ?"

"Pas vraiment… Mais c’est différent, je n’ai pas grandi dans un Temple ni dans l’idée que la Force possédait une influence sur tout. La religion de de mon monde natal n’y pousse pas non plus. On ne peut pas être angoissé par une idée aussi abstraite, qui ne vous a jamais été insufflée. Bien au contraire, l’idée d’avoir réellement un destin pourrait m’angoisser. Car si c’est le cas, à quoi bon s’évertuer à régler des soucis ou prendre ses propres décisions, si tout est déjà écrit d’avance. Je trouve que c’est une chaîne. N’avoir aucun but défini peut apparaître comme une liberté trop effrayante mais ça n’en demeure pas moins une liberté."

Elle ne savait pas si elle était claire ou non, se contentant de dire les choses comme elle les pensait. Ces questions-là, elle y avait déjà réfléchi, à deux ou trois reprises, sans s’angoisser pour autant. De toute manière, qu’il y en ait, de destin, ou pas, comment le prouver ? A ce compte-là, autant ignorer la question. A voir s’il y parviendra aussi, rien n’était moins sûr.

"Sincèrement, tu devrais accepter de suivre des rendez-vous, avec le psychiatre de la base. Tu n’es pas obligé de lui parler de Jacolev, il y a déjà bien assez à faire avec tout le reste. Il ne te connaît pas et ne pourra pas de te juger."

Il avait bien fini par accepter de discuter et travailler avec le diététicien de la base, alors pourquoi pas poursuivre sur sa lancée ? C’est qu’il avait un nombre élevés de soucis sans rapports avec la Force, après tout.

Il n’avait jamais envisagé les choses de cette manière. Encore moins que les Jedi comme les Sith puissent vous brider sur ça. Surtout les Sith. Le côté obscur était censé vous libérer de vos chaînes. Toute sa vie défilait devant ses yeux, tout était remis en question… Et s’ils étaient vraiment tous enchaînés par ça depuis le début ? Les deux ordres ? Au grand complet ? Et si c’était pour ça qu’autant de personnes les jugeaient bizarres, effrayants ou carrément repoussants ? Il tourna le regard vers les autres soldats ou officiers occupés à manger et discuter, tout autour d’eux, détendus. Puis sur Apsara. Si elle arrivait à se sentir libre sans jamais s’être posée autant de question, alors c’était un vrai chemin ? Ou une illusion de plus ? Où était la vérité… ? Il rebaissa la tête sur le machin blanc et rond, dans son assiette, puis le piqua pour le manger. Ça n’avait aucun goût. Comme la vie.

"Sincèrement, tu devrais accepter de suivre des rendez-vous, avec le psychiatre de la base. Tu n’es pas obligé de lui parler de Jacolev, il y a déjà bien assez à faire avec tout le reste. Il ne te connaît pas et ne pourra pas te juger."

"Si tu le dis."

Il pouvait bien en accepter un, à la rigueur… Pour lui faire plaisir. Il aura au moins essayé.Car il n’avait aucune idée de ce qu’il pourrait bien raconter à ce type. Sa vie passée ? Il ne s’en souvenait que par petites brides et n’était même pas sûr de bien différencier ce qui était un souvenir réel d’un simple cauchemar ou une illusion. Sa vie actuelle ? Elle était déraillé, faite de combats extérieurs s’il y avait besoin à ces moments de non-vie étranges lorsqu’il se trouvait ici. Ses états d’âmes ? Pouvait-il seulement le comprendre, alors qu’absolument tout était lié à la Force et les ennuis allant avec elle. Il se sentant comme un simple fantôme, errant et tâtonnant pour trouver comment revivre. Étranger de son propre corps, présentant des signes et des symptômes oubliés depuis longtemps.

"Tu veux bien me parler de ta vie, sur ta planète, là où tu es née, avant tout ça ? C’est comment, une vie loin de l’Ordre et de la Force ? Avec quoi as-tu grandi ? Tu as toujours des parents ?"

Ces interrogations n’étaient pas qu’un moyen de repousser les siennes. Il avait envie de la connaître, savoir ce qu’elle aimait et ce qu’elle avait vécu, comme vie, avant d’arriver comme soldat ici. Il ignorait à quoi pouvait bien ressembler une vie normale, en réalité. Il n’avait connu que celle des errances et des combats. Tout le reste lui échappait.

Quel air convaincu, impressionnant ! Il faudra qu’il essaye, de toute façon, ne serait-ce qu’une fois ! En attendant, autant le laisser cogiter un peu sur le sujet, peut-être qu’il allait se décider tout seul. Elle posa la petite assiette d’entrée sur le côté puis débuta tranquillement le plat principal. Sion enchaîna tout à coup sur un sujet complèment différent, l’interrogeant sur son passé, sa vie « d’avant ». Ses parents, son enfance… Mais ça l’intéressait vraiment de le savoir ? C’est qu’elle avait eu une existence complètement banale ! Cmme tant d’autres, d’ailleurs, aucun problème particulier durant son enfance, une vie tranquille, telle l’écrasante majorité, d’ailleurs. Tant et si bien qu’elle ne vit pas tout de suite ce qu’elle pourrait bien lui raconter, tant ça lui semblait ordinaire. Il allait vite s’ennuyer, quoi, si elle se mettait à lui raconter sa vie.

"Je suis née sur Elendys, c’est une planète qui fait partie de la Coalition du Cygne, aujourd’hui," commença-t-elle en touillant un peu les légumes pour les incoporer au poisson. "Et j’y ai grandi, avec mes parents, je suis fille unique. Ils sont toujours en vie, ils continuent leurs activités commerciales et voyagent de monde en monde. Ils louent leurs services pour du transport de marchandises et livraisons."

Sa maman avait été gravement malade, durant la panédmie mais y avait heureusement survécu. Son papa y avait réchappé, par chance. Apsara avait toujours des contacts réguliers, bien que plus longs désormais à cause de sa situation professionnelle, avec eux. Ils s’inquiétaient de ça, d’ailleurs, n’aimant pas trop l’idée qu’elle fasse partie d’une armée. Enfin, comme tout parent, au final.

"Je ne vois pas trop quoi te raconter, car j’ai eu une jeunesse très simple et normale," poursuivit-elle tout en mangeant. "J’allais à l’école mais j’avais aussi, certaines années, beaucoup classe avec mes parents, pendant leurs voyages, car ils avaient plus de travail. Ils ne voulaient pas que je sois élevée par mes grands-parents, durant ce temps, car ils n’avaient pas envie que l’on soit séparés durant des mois. Mais c’était quand même une enfance… Eh bien, normale, quoi. Les leçons scolaires, des jeux avec ma famille ou d’autres enfants, découvrir d’autres mondes grâce à eux. Comme n’importe quel enfant."

Enfin, n’importe quel enfant ne faisant pas partie d’une communauté à tendances mystiques et ayant un cadre familial stable. Elle réfléchissait à ce qu’elle pourrait bien lui dire d’autre, tout en pensant qu’il devait trouver bizarre ou simplement très ennuyeux. Personnellement, elle jugeait ça comme une très grande chance, au lieu d’avoir grandi dans un Temple ou elle ne savait où encore.

"Tu regrettes de ne pas avoir eu ce genre de jeunesse ?"

Jamais entendu parler de cette planète avant. Jamais été dans la Coalition, même s’il avait vaguement compris ce que c’était et à quoi elle servait, il ne s’y était pas intéressé. Donc elle avait toujours une famille, en vie, elle aussi. C’est fou le nombre de gens qui en avaient, ici ! Plein avaient des parents, des frères, des sœurs, des oncles, des grands-parents, il y en avait même qui avaient des bébés. Plein de liens, avec plein de monde, plein de gens à qui s’attacher, sans même devenir fou. Il mangea, lui aussi, ces trucs sans goût, avalant sans mâcher, sans prendre son temps. Aucun intérêt, de toute façon. Il préférait la regarder. L’écouter. Il essayait de l’imaginer enfant, dans toutes ces situations. C’était ça, une vie normale ? Donc il fallait avoir une famille pour avoir une vie normale… ? Ou non ? A quoi ça servait, au final ?

"Tu regrettes de ne pas avoir eu ce genre de jeunesse ?"

"Je ne sais pas. Je ne m’en souviens plus."

Il avait dû grandir au Temple. Normalement. Puis y avait vécu. Sans doute. Jusqu’à la guerre et la mort. Il ne savait plus. En tournant la tête vers Jacolev, il le trouva perdu dans ses pensées. Silencieux. Sion termina plutôt sans faire attention le contenu informe de l’assiette, commençant ensuite machinalement à mordre et avaler un morceau de la fourchette elle-même, avant de réaliser que ce n’était pas censé être comestible. Il s’en rendit compte en croisant le regard effaré et interloqué d’un type au bout de leur table, qui s’était figé sur place, en le regardant faire. Quoi, encore, ça arrivait à tout le monde de se tromper ! Il laissa tomber l’ustensile sur le plateau et croisa les bras, en continuant de le regarder, elle, plutôt. Il la trouvait… Mignonne. Et fragile, aussi. Elle était vivante donc fragile. Elle pouvait saigner. Se briser des os. Suffoquer. Tomber malade.

"On n’avait pas de famille, je crois. Normalement. Il a y des nourrices et après, les dortoirs,et ainsi de suite."

C’est qui lui semblait le plus logique, pour gérer toute une bande de marmots avant qu’ils ne soient pas assez grands pour suivre leur maître dehors. Ou être virés. Ou se virer avec leurs maîtres dehors pour partir dans des guerres idiotes.

"Nous avons dû avoir un maître," réalisa-t-il tout à coup, en regardant Jacolev, haussant ce qui lui restait de sourcils grillés. "Avant l’explosion planétaire. Tu étais chevalier, non ? Donc tu as dû avoir un professeur avant. Qu’est-ce qu’il a pu devenir ?"

Rien ne remontait, ni une image, ni une sensation, des tréfonds perdus de sa mémoire. Impossible de se souvenir, que ça soit un homme, une femme, de quelle espèce, de quel âge, de quelle condition. Un inconnu, qui avait pourtant dû l’initier et le former, durant des années. A qui il aurait pu poser toutes ces questions. Rien ne lui revenait.

"Qui était-il ? Qu’est-il devenu ?"

—
Dés, encooooore un 19… xD

Rah là là, décidément, il n’y avait pas grand-chose à espérer de ce côté-là, il était complètement bloqué… A moins qu’il n’y arrive, avec l’aide d’un Jedi, un de ces jours ? Il avait l’air perdu, tout à coup, mangeant sans faire attention… Jusqu’à, d’ailleurs, manger un morceau de fourchette. Apsara parvint, quoi que d’extrême justesse, à ne pas réagir et poursuivre son propre déjeuner comme si de rien n’était. Ce qui ne fut pas le cas de leurs voisins de table, d’après ce qu’elle aperçut du coin de l’œil. Allons, rien de grave, surtout comparé au reste. Il ajouta qu’il n’avait pas de famille, simplement des nourrices, tout petit. Pas terrible, comme petite enfance, à ses yeux… Mais si vous n’aviez connu que ça, après tout, comment comparer ? C’était déjà bien, finalement, qu’il s’intéresse à d’autres styles de vie, peut-être que ça l’aidera à y voir plus clair et s’apaiser. Enfin… Avec beaucoup de temps.

"Nous avons dû avoir un maître. Avant l’explosion planétaire. Tu étais chevalier, non ? Donc tu as dû avoir un professeur avant. Qu’est-ce qu’il a pu devenir ? Qui était-il ? Qu’est-il devenu ?"

C’était à elle qu’il parlait ou à son double… ? C’est qu’elle ne savait plus, à force ! Et de toute façon, que pourrait-elle bien en savoir, de son côté ! Non seulement elle ne savait rien de l’Histoire de l’Ordre mais avec ça, il s’était tout de même écoulé plusieurs milliers d’années ! Déjà que certains pans d’Histoire avaient du mal à être conservés tels qu’ils s’étaient déroulés il y a seulement quelques siècles en arrière, sans compter les multiples manœuvres politiques ou militaires pour effacer ce qui les arrangeait ou le réécrire, alors il y a des millénaires…

"Honnêtement, je doute que tu puisses le découvrir un jour," dit-elle en tâchant de prendre une voix plus douce. "A moins de parvenir à débloquer ta mémoire et ton passé. Les archives Jedi ont malheureusement été détruites en grande partie, lors de la prise du Temple, de la Purge, sans même parler de tous les dommages causés, encore plus anciens, à ce genre d’informations. Tout cela s’est passé il y a si longtemps. Mais peut-être qu’un Jedi, de ton époque, pourrait s’en souvenir ? Si vous vous connaissiez lorsque tu étais encore dans leur camp."

Mis à part ce faible espoir ou bien celui qu’il retrouve ses souvenirs, elle ne voyait pas comment ce serait possible. D’ici là, il pouvait se concentrer sur les moyens de se rapprocher de son double, dans l’optique de fusionner avec lui ou au moins d’apprendre comment ne plus le voir en permanence ! Tout comme apprendre à manger, à dormir, à se sociabiliser… Le tout entre deux missions, effectuées pour leur base. Un sacré chantier, elle ne pensait pas que quiconque, ici, devait partir d’aussi loin.