Certains séances d’entraînement étaient plus longues que d’autres, plus harassantes également, donc plus profitable à ses yeux. Ce qui arrivait récemment ne vous fournissait qu’une raison de plus de vous entraîner plus encore. Ryan sortit de la douche et se sécha doucement, en observant son propre reflet, avec un air sombre. Le message reçu de Rhonn lui avait laissé un goût particulièrement amer… Cette nouvelle affaire infecte l’avait mis très en colère et lui avait donné envie, pour la première fois depuis des années, de repartir là-bas, de se mêler aux recherches, aider à protéger… Il s’en était empêché avec difficulté, sachant bien qu’il n’avait aucune chance de se fondre discrètement dans le décor et que de toute manière, sa présence pourrait empirer la situation. Pourtant, jamais il n’avait eu autant le désir de briser ce retrait imposé et s’impliquer pour de bon. Parce qu’il en avait assez, qu’on ne pouvait plus laisser cette troupe de rats vivre plus longtemps, qu’ils avaient déjà eu bien trop souvent l’occasion de faire du mal. Il s’habilla plus rapidement, les mains légèrement tremblantes tant la colère le secouait encore.

Toute sa vie, depuis son exil, il s’était dit qu’il ne reviendra jamais au sein du peuple de sa mère, que ces deux pauvres petites années emprisonnées dans le secret ne valaient plus rien, qu’il avait été pris sous l’aile d’un autre clan, d’une autre planète, que les choses étaient parfaites ainsi et que ce début de vie n’avait aucune espèce d’importance. Quarante-deux années s’étaient écoulées sans qu’il ne ressente jamais le besoin de s’intéresser à cette origine, encore moins envie d’y remettre les pieds. La remise en cause soudaine de cette conviction lui tordait le ventre, c’est le moins qu’on puisse dire. Il devait se répéter que c’était impossible, de toute façon, fin de l’histoire. C’est d’un pas lourd qu’il ressortit de la pièce, gardant son trouble derrière un visage neutre et fermé, comme à son habitude. Au sein de la Guilde, on apprenait très vite à cacher ses ressentis. Du moins, ceux qui s’y mettaient, car certains de ses anciens confrères étaient si peu aptes à ça que ça en devenait ridicule.

Ryan stoppa à une intersection, car un petit groupe de trois Chiss allait passer, tout en discutant. Il les laissa avancer plus loin, dans une autre traverse, avant de poursuivre sa route. S’il évitait de les croiser en temps normal, afin d’éviter que certains ne se posent des questions, il le faisait encore plus depuis quelques temps, car ça ne l’aidait pas à calmer l’envie hurlante de sauter dans le premier vaisseau venu et foncer rejoindre Rhonn, pour aller combattre sur place les parasites et kidnappeurs. Celle qu’il rejoignit, pour le moment, ce fut le lieutenant. Qui s’était changée et douchée elle aussi, entre-temps, au vu de ses cheveux mouillés. Ils avaient passé des heures à s’exercer, aujourd’hui. Dans cette petite salle annexe au hangar principal, une partie servait de réserve pour les petites pièces, servant à la section Bellator en cas de réparations ponctuelles, le reste était dédié à leurs entraînements « mentaux ». La méditation, quelques pouvoirs de la Grande Présence… Il était plus confortable de travailler ici que dans les salles d’entraînement, à la vue de tous.

« J’ai demandé au passage si le départ pour Kamino était confirmé, » lança-t-il en refermant la porte, à l’attention de sa collègue. « Le général part d’ici trois jours, Sion doit l’accompagner. »

Ryan avait fait un bref arrêt pour demander ça, avant d’aller se rafraîchir dans sa cabine rapidement et venir ici. A ses yeux, ce n’était pas trop tôt, il comprenait d’ailleurs mal pourquoi le général avait attendu autant d’années avant de se décider.

« Une fois qu’il sera remis, il est probable que nous repartions vers le Chaos et sans doute cette coalition impériale. Je n’aime pas ça du tout. Quand est-ce que cela va nous exploser à la figure, c’est toute la question. »

Pessimiste, peut-être, peut-être pas, il avait en tout cas de bonnes raisons de l’être, sur une telle affaire, quoi qu’on en dise. Celle-ci et d’autres, d’ailleurs, le Chaos n’avait jamais si bien porté son nom. Il secoua légèrement la tête, avec un soupir, n’ayant qu’un bref sourire attendri arraché par l’attitude du renard blanc, avec sa maîtresse. Puis il mit sa propre gamelle à réchauffer, après avoir posé le petit sac contenant de l’eau et le repas du soir à côté. Ryan tentait de  garder les idées claires et demeurer serein… De penser à autre chose. Le sentiment d’impuissance était particulièrement difficile à supporter. Sans compter que même s’il pouvait aller sur place, que pourrait-il faire, concrètement ? Ce n’est pas comme s’il avait le moindre talent d’enquêteur. Ou de quoi que ce soit d’utile pour ce genre d’histoire, en réalité. Il savait naviguer, combattre et user de certains pouvoirs, la belle affaire, quand on avait besoin de retrouver des personnes disparues ! Et puis quoi, ensuite, comment empêcher que ça puisse se reproduire ? Ils ne cessaient de fuir et se cacher, car le système était si lourd, contre eux… Il ne voyait pas comment faire évoluer tout ça.

« Ou alors, il y a une raison, mais je n’ai pas compris. Je ne connais pas grand-chose à la politique. Pourquoi êtes-vous aussi persuadé de tout ça ? »

« Les alliances d’un tel type ont systématiquement précédé des guerres, dans le Chaos, » lança-t-il en récupérant son plat puis un siège. « Surtout dans ce genre de circonstances. Ces trois peuples se combattaient depuis des siècles et tout à coup, parviendraient à une alliance en moins d’un mois, à un tel point, alors que ni leurs chefs ni les conflits passés entre eux n’auraient évolué ? Ça n’a pas de sens. Les cibles potentielles sont évidentes, les plus proches étant l’Ascendance et nous. Maintenant, pourquoi… C’est peut-être pour garder les personnes concentrées sur ce conflit et pas sur autre chose. Ce ne serait pas la première fois que ça arrive, plusieurs peuples, dans le Chaos, ont déjà fait ça. »

Ailleurs aussi, sans doute, dans les régions « connues », il n’en doutait pas une seconde. C’était un stratagème tellement simple et pourtant si efficace. Qui avait beau être commun, il gardait toute son efficacité car il était souvent impossible de l’éviter. Fort heureusement, il ne pouvait pas être si souvent utilisé. Les moyens demandés pour l’employer étaient si énormes que seul certains pouvaient se le permettre.

« De toute manière, les frontières sont surveillées et les patrouilles très régulières. Ce sont surtout à celles-ci que je participe. Pour ce que j’en sais, peu d’informations supplémentaires sont accessibles. La seule certitude est qu’il nous faut nous préparer à la guerre. »

Il haussa vaguement les épaules, tout en parlant, à la fois habitué et blasé. C’était comme ça, dans le Chaos, sa collègue s’y fera très vite. Tout le monde s’angoissait bien plus vite des alliances et accords de paix que des tendances isolationnistes ou envies militaires.

« Vous devrez faire plus attention, une fois sur le terrain, que de coutume. Ce qui vous est arrivé suite à la rencontre avec ce renard n’a rien d’ordinaire. Ne serait-ce que rentrer ainsi sans blessure dans une nuage de sorcellerie et agir ensuite de cette façon… Ce type de perturbations, avec la Grande Présence, ne doit jamais être sous-estimé. Qu’est-ce qui vous a pris, sur le moment ? Avez-vous ressenti une attirance venue de nulle part, un sentiment étranger, quelque chose ? »

Mmh, une autre approche, certes, mais cette approche, n’importe qui aurait émis des doutes sur l’instinct de survie de la personne la choisissant. Il lâcha un petit soupir et secoua la tête, avant d’attaquer son propre repas. Il n’avait encore jamais rencontré quelqu’un devenir tout à coup lié à la Grande Présence à l’âge adulte, ni même petit, cela venait à la naissance ! Certes, certaines légendes parlaient de pouvoirs obscurs, pouvant attaché une personne contre son gré à cette puissance, sans qu’elle ne puisse s’y opposer, quel que soit son âge… Mais était-ce le cas avec cette sorcellerie ? Ou la lieutenant avait-elle été victime d’un tout autre artifice en la matière ? L’artefact arraché au renard n’avait pas permis d’en déterminer grand-chose, apparemment. Il n’avait pas non plus l’impression que ça perturbait beaucoup de monde, ici. Pourtant, qu’une de leurs collègues ait été victime de sorcellerie Sith, sans qu’on ne connaisse encore toutes les implications, ça devrait en alarmer plus d’un.

« Et des sentiments étrangers, heu… Sur le moment, dans le nuage, oui, puis quand il s’est dissipé. Un souffle glacé, surtout. Vous pensez que ça puisse avoir des conséquences cachées ? »

« Pour le moment, je l’ignore. Mais je le crains. C’est pour cela que vous devez demeurer prudente et faire aussitôt part de toute anomalie. »

Il se renfonça dans sa chaise avec un petit soupir, en se disant que ces pouvoirs, de toute manière, étaient si souvent une source d’ennuis terrible. Ils vous amenaient des complications dès la naissance, une fois de plus… Et toujours avec le même Clan. Ou presque. Ryan se frotta les yeux, dépité en y pensant. Même en ne cessant d’y repenser, il ne voyait toujours pas quoi faire. Mis à part y retourner et… Oui, non, mauvaise idée. Pour le coup, mis à part sa propre famille, biologique, les seuls le connaissant là-bas était justement l’association, retourner là-bas serait se promener avec une cible sur le front. Ils devaient toujours avoir des listes ou… Bah, de toute manière, leurs méthodes étaient aussi anciennes que très bien rodées… Sans compter qu’ils ciblaient aussi les personnes « suspectées » d’avoir ces pouvoirs. Il n’y avait pas toujours de preuves formelles, très loin de là. Mieux valait prévenir que guérir, hein… ? Tss…

Plongé dans ses pensées, il tourna la tête trois secondes vers la porte avant qu’elle ne s’ouvre, pour laisser entrer le général Volodir. Ryan se redressa doucement, se doutant que sa collègue dû le faire ici, car tous les deux connaissaient la réputation de ce type et qu’il débarque soudainement dans cette salle ne pouvait pas signifier quelque chose de bon. Il le salua tout de même, évidemment, bien qu’il voudrait lui demander aussitôt s’il s’était perdu. C’était connu, après tout, que les membres de leurs section se réunissaient informellement ici, qu’il n’y avait rien pour tenir une réunion de travail avec d’autres et donc qu’un général FID, hormis Skywalker, n’avait aucune raison particulière d’y mettre les pieds. Il ouvrait la bouche pour demander à ce type s’il cherchait quelqu’un, ou quelque chose, quand le général pointa le renard dormant roulé en boule à côté de sa maîtresse, en lâchant « C’est quoi, ça ! ». Ryan haussa lentement les sourcils, sentant déjà que cette conversation allait le fatiguer.

« Un renard ? »

« Merci, le métis, je le vois bien, ce que je demande, c’est ce qu’il fout ici ! Les animaux n’ont rien à faire dans cette partie de la base, ce n’est pas un zoo ! Vous vous rendez compte à quel point cela peut gêner tout le monde ?! »

Ne pas relever, ne pas relever, ne pas relever… Il inspira doucement puis fit un très bref signe de la main à la lieutenant pour qu’elle laisse tomber, va, ça ne valait pas la peine de s’énerver pour si peu.

« Votre section est bel et bien celle des dégénérés, alors, la rumeur était vrai. Entre les détraqués et mutilés qui la composent, des animaux inutiles, des moitié d’humains à peine plus intelligents que des animaux et des… Pfft, des femmes, maintenant, on laisse des femmes occuper ces postes alors que vous avez toutes plus urgents à faire ?! »

Quelle était la manière polie de foutre un général dehors… ? Sans utiliser la violence. Il finit par se rasseoir, en reprenant son repas, tout en tapotant le bord de la gamelle avec la fourchette, agacé.

« Et vous, vous en faites, des enfants, pour repeupler ? J’espère que non, transmettre vos gènes ne serait pas un cadeau à cette galaxie. »

Il avait perdu son sang-froid… Ryan regretta instantanément son geste, en voyant le sang couler, reculant d’un pas alors que le général criait et sortait en trombe. Il n’aurait pas dû le… Quand les autres arrivèrent dans la pièce, il ne réagit même pas, essayant juste de dire au lieutenant de ne pas s’en mêler, car elle risquait d’avoir des problèmes elle auss… Bon, trop tard… Il ne fit qu’un bref mouvement de sec quand des soldats voulut le tirer par le bras, répondant d’un ton glacial que c’est bon, il pouvait marcher tout seul. Ils furent emmenés jusque dans le quartier disciplinaire, puis poussés tous les deux dans une cellule sous les insultes du général. Sa collègue était furieuse, lui ne redescendait qu’à peine. Une soirée qui se finissait très bien… S’appuyant contre le mur derrière lui, il inspira profondément, les dents serrées. On se calme… On se calme… Il avait l’habitude des situations tendues, pourtant, mais celle-ci était différente. C’était entièrement de sa faute, il ne devait pas réagir, il savait pourtant que ça n’apporterait que des problèmes.

« Quoi qu’ils en disent, bravo pour l’avoir frappé. Ce n’est qu’une sale ordure raciste. »

« Je n’aurai pas dû quand même. »

S’ils se faisaient virer tous les deux à cause de ça… Peut-être qu’elle pourra retourner sur son monde natal et y travailler, de son côté, refaire une fois de plus sa vie. En espérant qu’elle ne lui en veuille pas trop à cause de cela. Quant à lui… Rentrer chez lui aussi, en essayant d’éviter la Guilde, encore, sur son passage. Ça aura été rapide, tiens, comme changement de vie… Ce n’était pas tant l’agression raciste, qui l’avait le plus énervé, il se moquait du mépris ou autre. Non, ce qui l’avait fait craquer, c’était cette rage insistante sur son statut de « demi », du métissage, comme s’il s’agissait de la pire des tares. Le navigateur n’avait jamais accepté d’être une « moitié de », comme disaient certains en ricanant, dans la Guilde ou chez ses anciens clients. Il ne pouvait pas le cacher, ça l’avait toujours profondément gêné et il supporterait mal d’être ciblé à cause de ça, ce n’était que jeter du sel sur la plaie. Pour autant, frapper ce type avait été une erreur. Il s’assit à son tour, consterné par sa propre action. Et surtout, essayant d’oublier ce déferlement sauvage, appuyant comme une brûlure sur des origines qu’il voulait oublier.

Le général prit le temps de s’essuyer le sang du visage, encore furieux, même après que les deux aient été enfermés. S’il pouvait tolérer… Plus ou moins tolérer la présence de femmes dans l’armée alors que toutes devraient déjà s’efforcer de faire le plus d’enfants possible, comme il était de leur devoir, il ne supportait pas pour autant qu’elles osent se rebeller. De base, il estimait qu’aucune femme n’avait quoi que ce soit à faire dans une armée, ce n’était évidemment pas leur place ! Elles devraient toutes rester à l’écart de ce genre de métiers, travailler dans n’importe quoi d’autre mais pas ça ! Ici, mais ici… C’était n’importe quoi… Non seulement de simples femmes occupaient des postes importants mais pire encore, la personne en charge de la crèche et de l’école était un homme ! Où voyait-on ça ! Et cette ridicule petite lieutenant… Une bouseuse pure et simple de l’Espace Sauvage, tout juste bonne à servir pour procréer comme toutes les autres *** de son espèce, voilà ce qu’elle était !

Le demi-sauvage lui donnait encore plus envie de vomir… Un métis, la pire des ordures à ses yeux, encore plus lorsqu’il souillait du sang humain. Ce genre de rats ne devrait même pas avoir le droit de vivre, à ses yeux, il faudrait les noyer dès la naissance et se débarrasser au passage des parents, afin qu’ils n’aient jamais l’idée de mettre une autre ordure au monde ! Et ce déchet avait osé le frapper ! Il allait le lui faire payer ! Et de la manière la plus douloureuse possible, il n’était pas question de laisser passer ça, pas question qu’un rat de sa demi-espèce continue de vivre dans cette galaxie, pas après ce qui s’était passé. Il jeta le mouchoir plein de sang, ignorant complètement la douleur tant il était en colère et ayant vécu pire par le passé, de toute manière. Il pouvait supporter certaines choses, pour que l’Empire ne soit plus dirigé par un homme possédant ces pouvoirs de pur dégénéré,  mais il y avait des limites. La présence d’un type à la fois demi-sang, détraqué par ces pouvoirs et issu d’une région galactique aussi pourrie et arriérée… Il cumulait tout ce que le général haïssait le plus !

Tiens, parlant de bouseux d’aliens issu de régions arriérés, regardez donc qui voilà… L’alien en chef, rien que ça, ô joie, il avait tant rêvé de le croiser, juste après s’être farci le demi-sang de fond de caniveau. C’était si terrible d’avoir à suivre ce truc pour espérer être débarrassé du sorcier incapable un jour… Volodir ne lui accordait pas la moindre once de respect, se forçant à le suivre uniquement pour cette guerre, pour ne plus avoir ces pourritures de sensitifs à la tête de la galaxie.

« Grand amiral, » se força-t-il tout de même à le saluer, bien qu’il mourrait d’envie de lui cracher plutôt à la figure.

Au moins, ce n’était « qu’un alien », pas une saleté comme le métis-sensitif. Ce qui signifiait qu’il ne rêvait pas de le voir mort, juste de ne plus avoir à le croiser une fois l’Empire changé en profondeur. Contrairement au sous-déchet…

Le général ne put retenir que de justesse un reniflement de mépris. Il n’avait donc aucun véritable travail à mener, dans cette base, ce sous-type, pour avoir le temps de se promener ici même ? Et d’aucun se demandait pourquoi les affaires ne progressaient pas plus rapidement, l’une des raisons se trouvait justement sous ses yeux. Qu’avait-il besoin de se déplacer en personne alors qu’il lui aurait suffit de lire les rapports du jour ? Oh, bien sûr, il est vrai qu’il ne pourrait pas comprendre à quel point voir un demi-sang était écœurant et lui donnait profondément envie de vomir ! Ni comprendre que rien n’allait dans cette base, que des métis n’étaient que des traîtres en puissance, que des femmes n’avaient rien à foutre dans une armée et devraient se contenter de pondre des mômes, que les animaux devraient être jetés dehors et que les monstres de foire étaient de simples bombes en sursis !

« Vérifier en personne si la rumeur était vraie, que cette section comportait bien des nuisibles, des bêtes de foire, des saletés de métis, des… »

La haine l’étouffa presque, sur la fin de sa phrase, l’empêchant de la terminer mais tout le cœur y était. Derrière, Ryan venait de se frapper la tête du plat de la main, avec un soupir exaspéré. Le général se retourna brusquement pour lui lancer de la fermer, ajoutant qu’il devrait déjà être bien heureux d’avoir le droit de vivre, puis se retourna tout aussi brusquement vers le grand amiral.

« Mais vous ne pouvez sûrement pas comprendre le problème, visiblement, vous n’êtes qu’un alien. Ce ne peut être que pour ça qu’une telle aberration existe ! Et que vous laissez ces machins-là vivre ! »

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Dés, obscurité + 18

C’était de pire en pire. Et la haine, la haine, la haine… Il la voyait presque, tant ce type en était chargé, l’aura alourdie et dure, répandant le tout comme la peste autour de lui. Il inspira doucement, puis se leva, pour mettre une certaine distance entre lui et ce type, bien que ça ne serve pas à grand-chose étant donné la taille de la cellule. Se détendre… Respirer tranquillement… Recevoir des reproches ou une sanction pour ce qu’il avait fait ne lui posait aucune question, plus inquiet par rapport à la facilité avec laquelle il perdait son sang-froid, depuis quelques temps. Il chercha donc une manière polie de répondre à l’amiral, plus… Posé, par rapport à ce qui s’était passé, une réponse n’incluant pas le ramassis d’insultes haineuses du tas. Puis fut coupé dans son élan par la réplique enflammée par la haine du général. Ryan ne put s’empêcher de se frapper le visage du plat de la main, blasé, sans même relever le cri exaspéré de l’imbécile, crachant qu’il devait s’estimer heureux d’être toujours en vie. Pour la version édulcorée de l’histoire, il pouvait déjà se gratter, semble-t-il.

Il fut tout aussi blasé lorsque ce type cracha, cette fois, à l’amiral, qu’il ne pouvait rien comprendre car il n’était « qu’un alien ». D’accord, au moins, les opinions du monsieur ne pouvait être plus claires… Il ferma doucement les yeux, l’espace d’un bref instant, des yeux qu’il détestait secrètement, brûlant rappel d’origines pesantes, le temps de retenir un soupir. Le lieutenant, de son côté, peinait à rester calme mais parvint au moins à faire un résumé concis de la situation, comme demandé. Misogynie, c’est le moins qu’on puisse dire… Il avait l’impression que beaucoup d’Humains avaient de gros problèmes avec la place des femmes, dans leurs sociétés, quoi que ce variait énormément d’un peuple à l’autre. D’accord, la pandémie avait porté un très grand coup, d’accord, seules les femmes pouvaient porter les enfants, mais de là à leur porter un tel mépris et vouloir diriger à ce point le cours de leurs vies, il ne comprenait pas.

« C’est moi qui lui ai brisé le nez, » précisa-t-il comme le lieutenant ne le faisait pas. « J’en suis navré. »

Pour le coup, c’était sincère, il regrettait réellement d’avoir cédé à la violence. Cependant, il admettait également ignorer s’il pourra se retenir, face à ce type, si d’aventure une nouvelle altercation du même acabit devait se présenter. Mais du calme.

« Comme le dit le lieutenant, l’incident a eu lieu lors d’une visite où monsieur s’interrogeait sur la présence d’une femme dans l’armée et de… D’autres individus. Voilà tout. »

Il préférait ne pas répéter le tombeau d’insultes qui avait suivi, c’était inutile. En particulier pour ne pas s’énerver de nouveau.