Profiter d’un temps de repos pour le passer avec ses enfants, en l’occurrence avec sa fille car Nuru était en cours, c’était un de ces temps privilégié très apprécié. Surtout depuis son retour. La petite de quatre mois était installé sur un vaste matelas fin, par terre, où les personnes avaient l’habitude de s’asseoir pour lire ou discuter en petits groupes, dans cette partie du salon, dans la zone civile. A cette heure, il n’y avait pas grand monde, ce qui lui convenait assez. Voir sa fille tenter de se retourner sur le ventre, puis sur le dos, jouer avec les peluches qu’il lui tendait, cela lui remontait un peu le moral. Pour l’heure, sourire était… Compliqué. Il n’avait bien sûr rien mentionné de ça dans son rapport, se contentant de mettre comment l’opération s’était déroulée et les résultats, point final. Le reste, ça ne concernait que sa famille et lui-même. Qui s’en soucierait ici, de toute façon.

Anya, de nouveau retournée sur le dos, tentait à présent d’attraper ses orteils, à deux mains, tombant parfois sur le côté avant de recommencer. Les bébés étaient si souples, à cet âge ! Il se concentrait le plus possible sur elle, pour ne pas penser au reste et garder un air normal. Le plus possible, en tout cas. Jafre avait repéré un truc, quand ils s’étaient parlé tout à l’heure, par contre, il n’avait pas insisté. Heureusement. Il avait toujours eu du tact, pour ça. Peut-être qu’il lui dira, plus tard, quand ils seront seuls à seuls, hors travail… Il avait juste besoin d’un peu de temps, pour faire son deuil, accepter la situation… Et accepter qu’il ne pourra sans doute jamais comprendre ce qui s’était réellement passé, avant et durant le crash. Pour le moment, c’était le plus dur à surmonter, il pourrait plus facilement s’en remettre si au moins, il savait ce qui s’était passé.

En attendant, assis en tailleurs près de sa fille, à jouer avec elle, il s’efforçait de ne penser qu’au moment présent. Le bruit de la porte lui fit relever la tête, pour voir approcher l’Agent Scourge. Ah tiens, Nuru lui avait raconté qu’il l’avait croisé, durant son absence. Soontir lui fit un signe de main pour le saluer, voyant seulement là qu’il portait son propre enfant avec lui. Un air neutre, donc, garder un air neutre, ne pas montrer qu’il se sentait déprimé. Déjà que Jafre l’avait grillé, ce n’était pas la peine que d’autres le voient. Quoi que là, ça ira bien, ils ne se connaissaient pas, après tout, il n’y avait que les proches qui étaient capables de voir aussitôt si vous vous comportiez différemment ou si vous aviez l’air bizarre.

"Venu aussi faire profiter d’une pause jeu à votre fils ? Comment s’appelle-t-il ?" lança-t-il en s’obligeant à garder son ton habituel.

Durant ce temps, Anya était parvenue à agripper ses propres pieds et gazouillait comme un oiseau. Il lui caressa les cheveux avec un sourire d’encouragement, attendri, comme toujours, par cette petite bouille. Au moins, pour elle et pour Nuru, il comptait bien être le meilleur papa possible. Ils auront ce que lui n’avait pas eu.

Comme lui, mouais, enfin, un peu. Ça se voyait… ? Non, quand même pas ! Déjà, il s’était passé de l’eau sur la figure puis il avait sourit comme d’habitude, alors hein ! Bref. Donc voilà le fameux nouvel agent que son fils avait croisé, « entier », comme il avait précisé. C’est vrai que c’était une denrée rare, parmi les Sith connus en ce moment ou du moins, ceux dont ils entendaient le plus parler, en plus de ceux vivant ici. Il devait bien y en avoir d’autres, venus de ces failles, qui étaient eux aussi en bonne forme. Il eut un sourire attendri pour le garçonnet que son père déposa doucement près de sa fille, sans doute âgé de deux ou trois mois de plus, à peine. La petite avait déjà tendu un bras pour tenter de le toucher, curieuse comme tout et essayant de toute façon de bouger ou attraper tout ce qui passait à portée, ces derniers temps. Depuis qu’elle avait découvert qu’elle avait des mains, des pieds et pouvait s’en servir pour bouger, somme toute.

"Sinon ce brave petit guerrier se nomme Niyikir ! Et je ne crois pas vous avoir déjà croisé dans le coin, je suis Lord Scourge, mais appelez moi simplement Scourge, pas besoin de s'embêter par ici pour le titre. Je me suis joint aux FID il y a peu de temps, en grande partie pour protéger ce petit bout. Et vous alors ?"

"Soontir Fel," se présenta-t-il en lui tendant la main pour la serrer, avec un sourire se voulant habituel. "Et ma petite s’appelle Anya. Vous avez déjà croisé mon fils aîné, Nuru, il m’a parlé de vous quand je suis rentré. Désolé s’il vous a assommé de questions, d’ailleurs, il est du genre curieux."

Les deux bébés faisaient déjà bien moins de formalité, à se tapoter l’un l’autre, en émettant des petits bruits et sons comme s’ils découvraient leur langue. Il frotta doucement la dos de sa fille, quand elle parvint à se retourner sur le ventre, puis entreprit de mâchouiller avec application l’oreille de son lapin en peluche. Tout le temps qu’il pouvait passer avec ses enfants et sa femme était bon à prendre, surtout en ce moment.

"C’est comme ça que je vous ai reconnu quad vous êtes entré, d’ailleurs," reprit-il en lui adressant un faible sourire. "Vous être le seul du coin à ressembler à ça. Vous vous êtes retrouvé dans la section du général Skywalker, je présume ? Il est parti il y a peu dans une opération militaire, Sion aussi. Enfin, Bolhas. Vous verrez qu’il est un peu, hum, spécial, comme type. Vous n’avez pas de problème, vous ? Genre, vous coincer dans la Force, parler aux morts, voir son propre fantôme, être le joujou d’un sorcier Sith, ce genre de choses ?"

Soontir était plutôt curieux de découvrir quel type de Sith ils avaient reçu, cette fois… Et de quel genre de drames il traînait et qui le conditionnait dans des affaires complètement hallucinantes. A ses yeux, un Sith « normal », ça n’existait pas. Un homme ou une femme n’étant pas impluvium dans des affaires improbables, vivant en paix, pouvant mourir aussi en paix, se contentant de faire sa vie sans rechercher le pouvoir, la puissance ou la domination sur son entourage et ses subordonnées. Ou si ça existait, il aimerait vraiment en rencontrer un.

Les simples mortels qu’ils étaient voyaient effectivement tout ça comme très problématique, même s’il fallait s’y faire ! C’était bien pour ça qu’il posait la question car autant savoir tout de suite à quoi s’attendre. Peut-être qu’il ne réalisait qu’il y avait déjà beaucoup de rumeurs sur son dos et pas forcément des plus tendres, car les types comme lui, les adeptes de la Force et les Sith plus encore, n’attiraient pas franchement la sympathie, dans la base. Et ce n’était pas plus mal qu’ils soient rassemblés entre eux, dans une section « à part », pour éviter les conflits, les peurs diverses ou juste les incompréhensions. Au moins, ce gars-là répondit plutôt franchement, arrachant un sourire à Soontir. Encore un qui avait vécu tant d’histoires sordides, c’était récurrent, chez les Sith, on dirait. Il n’y en avait pas un seul qui avait eu une vie normale ? Au moins, ici, son fils aura plus de chance, ce monde ne possédait pas de coins particulièrement dangereux, tant qu’on ne sautait pas dans les ravins sans parachute, évidemment.

"Si votre fils vous a parlé de moi vous avez peut-être pu déjà lire entre quelques lignes que j'ai réussi à édulcorer à mon sujet ? Ce qui est moins évident par contre s'il vous a dit en rapport avec mon âge, des Empereurs et de qui est la mère de mon enfant, c'est qu'effectivement pour un Sith n'ayant pas de blessure physique, cela implique en vérité d'autres aspect assez terribles pour un enfant que je ne lui ai pas du tout parlé. Nos bébés ici présents sont encore à des années lumières de cette compréhension, je peux vous en parler en toute honnêteté."

Il hocha simplement la tête, sur le moment, ayant bien sûr compris qu’il ne lui avait pas tout raconter. Les blessures physiques étaient une choses, les blessures de l’âme en étaient une autre. Et puisque les Sith semblaient définitivement incapables de passer une existence sereine… Encore moins en grandissant dans des endroits pareils. Il était toutefois content et soulagé que le grand rouge ait songé, sur le moment, à ne pas assommer le petit garçon de détails. Mais la tournure que prit soudainement cette conversation le surprit un peu plus. Causant, pour un Sith, et si en plus… Franchement, que ce soit les Sith ou les Jedi, c’était la norme, de les jeter dans toutes sortes de situations complexes sans jamais leur demander leurs avis ? Et pourquoi avaient-ils tous ce don exceptionnel pour s’attirer des ennuis toujours plus gros qu’eux ?

"Les Jedi passés par ici ont pu nous en dresser un portrait plutôt complet," répondit-il en préférant encore ne pas relever le reste et la pitié qui commençait à monter. "Le général Skywalker l’avait croisé il y a quelques temps. Enfin, croisé, il l’a cherché puis lui a foncé dessus pour l’attaquer, autant dire que ça s’était mal terminé. Gérer les types comme ça, maintenant et à l’avenir, c’est devenu autant le boulot de votre nouvelle section que celui des Jedi. Nous autres, simples mortels, ne pourront que vous épauler."

Il lui adressa un nouveau sourire, cette fois mêlant résignation et peine, pour lui, car il savait déjà que non seulement ce sera une tâche effroyable mais aussi qu’ils allaient y passer un temps considérable. Ne serait-ce que parce qu’on ignorait où ce trouvait ce foutu Sith. Pas plus que Plagueis.

"Au moins, entre anciens exécutants de masse, vous devriez vous entendre avec les deux autres," reprit-il en songeant que ça ne ferait pas de mal à Vader, au passage, de discuter avec plus de personnes capables de le comprendre. "Si jamais on vous cherche des poux à cause de vos origines ou vos pouvoirs, contentez-vous de le signaler, ce sera réglé d’une manière adaptée et officielle. Ou venir me le dire, directement, j’ai pris l’habitude pour ça."

Ce qui lui fit penser qu’il avait appris, juste à son retour, la petite « altercation » entre ce *** de général contre Ryan et le lieutenant… Heureusement, cette fois, c’était réglé pour de bon ! Mais bref, les affaires comme ça, plusieurs venaient déjà le voir pour lui en parler, alors une de plus ou de moins, soit. Même si en ce moment, il n’avait plus le cœur à s’énerver, même pour ça.

"Vous êtes traumatisé ?"