La nuit tombait peu à peu sur les nombreux toits et balcons des hautes tours de Coruscant dominées uniquement par la majesté du Palais Impérial, dont l’ombre se traçait encore facilement sur l’horizon. La vue offerte était magnifique, le ciel orangé venait doucement s’assombrir, alors que le soleil disparaissait enfin pour quelques heures. C’était à ce moment-là que l’on se rendait vraiment compte de la majesté de la capitale galactique, lorsque la vie ordinaire de la journée laissait place aux nuits illuminées et enflammées. Lorsque les files de véhicules disparaissaient dans la noirceur, évincés par les affiches publicitaires, les lumières vivaces et la musique électrique des riches boites de nuit. Aucune ambiance de cantina à travers la galaxie ne pouvait égaler la magnificence des nuits de Coruscant. Une coupe à la main, Shira contempla encore un peu cette vue sublime avant de se résigner à faire volte-face, et poser son regard sur la foule qui se déhanchait sans réfléchir au milieu des lumières vives et de la musique électrique. Sans pareille, avec ce qu’elle avait vécu il y a peu, sur Taris. Mais sans égal, avec la sublime soirée, puis nuit qu’elle avait passé en charmante compagnie.  

Il était fascinant de pouvoir observer de cette manière, en si peu de temps, les deux facettes de la vie de la haute société Coruscantie. Shira avait grandi dans ce monde, à quelques lieux de là, entre les murs d’un Palais qui disparaissait enfin dans la pénombre. Ses « parents biologiques » ne l’avaient pas empêché de vivre cette vie. Ils l’avaient incité, à leur manière, et l’Empereur avait su la modérer, la conseiller, l’entrainer à se glisser dans ce moule avec une extrême facilité. Laisser tomber l’uniforme de la Major du BRI pour une robe de soirée courte, serrée, raffinée le temps d’un soir ne rencontrait pas la moindre contrariété. Une touche de maquillage un peu plus appuyée et prononcée que la normale suffisait à gommer suffisamment les traits les plus remarquables du visage. Elle balaya la foule d’un regard inquisiteur, et passa sa main dans sa chevelure ramenée par-dessus son épaule. Gilric était un homme formidable, charmant, attentionné. Il était temps de découvrir de première main si le jeune frangin, Hyun, était aussi naïf et influençable qu’il ne l’avait laissé paraître ou si d’autre moyens de pression s’avèreraient nécessaires. Sa participation à leur plan, en revanche, était indispensable. De gré ou de force, il servirait leurs intérêts.

Shira finit par s’avancer vers la foule, pour poser sa coupe vide sur le rebord de la table de trois jeunes hommes déjà bien cuits alors que la soirée, elle, ne faisait réellement que commencer. Hyun se trouvait à l’intérieur, au comptoir du bar. Shira l’avait croisé en rentrant, et s’était assurée depuis lors d’avoir une vue sur lui. Soit directement, soit par l’intermédiaire d’un des nombreux miroirs qui reflétaient les lumières vivaces de la piste de danse. Elle l’y avait déjà vu plusieurs fois, au cours des derniers jours, pour vérifier qu’il était bien un habitué, et pour observer son entourage. Jauger les allées et venues, les contacts… Mis à part un ou deux individus qui étaient venus l’aborder lors de la dernière soirée, Hyun restait plutôt solitaire. Il s’agissait peut-être des types qui l’avaient embarqué dans cette affaire de trafic de carburant qu’il fallait exploiter. Elle attendait encore le retour du BRI sur ce sujet, mais elle pourrait peut-être gagner du temps en obtenant elle-même l’information. Le piège, en lui-même, était déjà posé. Il restait simplement à en définir les derniers détails.

La rousse se faufila entre les groupes dansants, chassant les mains baladeuses qui venaient, volontairement ou non, se glisser un peu trop près d’elle à son goût. Elle finit par se glisser à l’intérieur, le claquement régulier de ses hauts talons étouffés par le brouhaha ambiant mélangé à la musique. Quelques sourires, en se glissant encore entre les tables, puis un refus poli lorsqu’un jeune homme charmant, blond, lui proposa d’aller danser. Son objectif était en vue, et ce n’était pas un homme imbibé de brandy qui allait l’en faire dévier. Elle se glissa doucement, sur un des tabourets du comptoir, sur la gauche de sa cible, en posant son petit sac à main sur le rebord. Elle lui offrit un bref mais large sourire, avant d’attirer l’attention du barman. Ce dernier lui fit signe de la main de patienter, qu’il finissait un client et qu’il viendrait ensuite. Shira inclina la tête, patienta un bref instant en silence, avant de finalement pivoter de côté, pour faire face au cadet des Zuntel.

« Vous me faîtes de la peine, à passer votre soirée en solitaire. »

Elle sourit à nouveau, en prenant une grande inspiration, puis en venant volontairement laisser glisser une main sur sa longue chevelure rousse. Il était élégant, bien plus que la plupart des étudiants qui se trémoussaient là-dehors. Il avait quelques traits, qui lui rappelait ce cher Gilric… Mais sa posture, son attitude… Il était bien différent.

« Je m’appelle Mara, » reprit-elle, en inclinant la tête sur le côté, avisant le barman qui venait finalement dans leur direction. « Je peux t’offrir un verre ? »

Plus de la moitié de la promotion s’était rassemblée, ce soir, pour fêter la fin des examens. Hyun stoppa une nouvelle fois au bar, après avoir achevé une longue danse avec une camarade de promotion, pour souffler un peu. Même pour lui, cet enchaînement faisait beaucoup, il ne savait plus où donner de la tête, ces derniers temps : Il se tourna juste pour voir où était passé Richam, déjà peu à l’aise qu’il soit venu participer à cette soirée alors qu’autant d’étudiants, comme lui, s’y trouvaient. Les autres ne savaient pas qui il était et le jeune homme n’aimait pas le voir trop traîner auprès d’autres jeunes. Il savait ce dont il était capable ! Pour les affaires, c’était bien, mais pour d’autres styles d’affaires, l’alcool aidant, ça pouvait vite déraper. Il finit par le repérer plus loin, à discuter avec son acolyte, dans une des alcôves. Eh bien, c’était déjà ça ! De tous les types douteux avec qui il avait déjà travaillé, celui-ci était l’un des plus dangereux. Il commençait déjà à regretter, mais bon, trop tard pour se retirer de tout ça.

Il vida son verre puis se frotta un peu le visage, inspirant à fond, pour retrouver des forces. Entre les examens, les rendez-vous et activités qu’il avait dû mener en parallèle dans cette nouvelle affaire et sa famille qui lui prenait sérieusement la tête, en ce moment, il n’en pouvait plus. C’était le moment de décompresser un peu ! C’est juste à ce moment que son padd vibra légèrement, pour afficher ensuite un message de sa grande sœur. Qui lui demandait où il était encore fourré et s’il comptait rentrer, pour une fois, à l’heure et sobre. Oh, ça va ! Il pianota rapidement qu’elle serait bien gentille de le lâcher, ne serait-ce que deux minutes, que les examens étaient terminés et qu’il avait bien le droit de se détendre. La réponse assassine de son aînée ne se fit pas entendre et la seconde suivante, ce fut un de ses grands frères qui s’y mis à son tour. Ils s’étaient retrouvés à la maison familiale juste pour pouvoir lui râler dessus en chœur ?! Il coupa vite court à ce cirque, sans dire où il était. Ça va bien deux minutes, quoi !

« Vous me faîtes de la peine, à passer votre soirée en solitaire. »

Il sursauta, manquant de faire tomber le verre vide sur le comptoir puis retourna vivement la tête. Une femme, qui devait avoir à peu près le même âge que lui, était assise juste à côté, tournée vers lui avec un grand sourire. Comment ne l’avait-il même pas vue arriver ?! Il lui rendit son sourire, son cœur commençant juste à se remettre du sursaut et de la petite pointe d’adrénaline qui avait suivie. Il remit machinalement le pli de sa veste de soirée en place, un réflexe, désormais. On lui avait tant répété et fait apprendre l’importance de soigner son apparence et faire attention à tous les détails… Bon, il n’y était pas spécialement doué quand même. Le minimum était là, au moins ! Toujours faire attention aux moindres petits détails, ça l’ennuyait profondément… Attention à ceci, à cela, toujours, toujours, toujours ! Qu’est-ce que pouvait bien faire, en plus, ce n’est pas comme s’il allait mener d’importantes affaires avec les grands de ce monde, plus tard.

« Je m’appelle Mara. Je peux t’offrir un verre ? »

« Ce serait avec joie. Je m’appelle Hyun Zuntel, ravi de te rencontrer. »

Son sourire lui était revenu, après ce bref moment d’égarement. Il fallait qu’en plus de ce qui lui trottait dans la tête en ce moment, ce n’était pas tous les jours qu’une femme vienne prendre d’elle-même la peine de lui parler ! Bon, il faut dire aussi qu’il n’avait jamais réussi à être charmeur ou juste intéressant et qu’il n’avait pas beaucoup essayé non plus. Il avait plus de talent pour tomber sur des personnes louches et… Enfin, bon, bref. Il lança de nouveau un regard vers la salle, une fois la commande des verres prises, pour voir où en était Richam. Il ne semblait pas avoir bouger. Plus Hyun y réfléchissait – mieux valait tard que jamais – plus il prenait peur et commençait à réfléchir aux moyens de se retirer. Oui, il aurait dû le faire bien avant. Il retourna la tête vers Mara, un sourire aux lèvres, lorsque le barman servit les deux verres.

« Je ne pense pas vous avoir déjà vu à l’université, ou peut-être êtes-vous dans une autre sélection ? » demanda-t-il après avoir trinqué. « Que me vaut cet honneur, juste la pitié de me voir finir un verre seul ? »

« Ce serait avec joie. Je m’appelle Hyun Zuntel, ravi de te rencontrer. »

« Le plaisir est pour moi, » rétorqua-t-elle, avec un grand sourire, en s’appuyant légèrement sur le comptoir du bar.

Il fallait savoir être polie, ouverte, lorsque l’on se trouvait dans un lieu comme celui-ci où personne, ou presque, ne savait qui vous étiez et vous traitait comme un invité des plus ordinaires. Elle était parfaitement à l’aise dans ce genre d’endroits, y ayant passer quelques moments agréables, il n’y a pas si longtemps que cela. Shira n’avait pas eu une vie étudiante tout à fait normale, sa formation secrète auprès de son maitre requérant beaucoup de son temps, mais elle n’avait pas manqué de profiter de ce genre d’instants pour autant. Au fond, il ne restait qu’une proie supplémentaire, un outil, un pion à convaincre de se laisser utiliser, sans plus. Mais encore fallait-il parvenir à le saisir entre ses griffes, pour commencer. Selon son frangin, ce charmant Gilric, ce ne serait pas très compliqué. En analysant la véritable vie de sa cible, son entourage, Shira s’attendait à ce que ce ne soit pas aussi simple.

« Je ne pense pas vous avoir déjà vu à l’université, ou peut-être êtes-vous dans une autre sélection ?  Que me vaut cet honneur, juste la pitié de me voir finir un verre seul ? »

« Non, non, » dit-elle, riant légèrement, puis boire une gorgée du cocktail apporté par le barman, après avoir trinqué. Elle prit le temps d’apprécier le goût fruité, sucré, à son palais, avant d’avaler. « J’ai vu ton ami partir dans son coin, je me suis dis que c’était le bon moment. »

Nouveau sourire, plus complice.

Un ami qu’elle avisa du regard, en pivotant très légèrement, pour faire comprendre de qui elle parlait. Cet ami, dont elle n’était pas parvenue à obtenir la moindre information sur sa vie, et dont elle ne connaissait même pas l’identité. Même les fichiers du BRI et du BSI n’avaient rien eu à lui offrir. C’était comme si cet homme n’existait tout simplement pas, ou qu’elle avait mal indexé ses recherches. Etait-il un complice dans le futur trafic de sa proie ? Ou bien était-ce celui qui l’avait embarqué dans cette affaire ? Et dans ce cas précis, pour quelles raisons ? Était-ce un simple opportuniste qui voyait en le cadet Zuntel un bouc émissaire potentiel, au cas où le plan tournerait mal ? Ou bien avait-il une raison de le cibler particulièrement, en profitant de sa naïveté, et de son caractère rebelle ? Pour qui travaillait-il, si tel devait être le cas ?  Les inconnues étaient bien nombreuses, de quoi rendre cette étape de sa mission croustillante. Malgré qu’il soit extrêmement séduisant et charmant, son aîné s’était révélé être un défi plutôt décevant. Elle s’était attendue à devoir manœuvrer plus qu’elle n’avait eu à le faire.

Shira avait un plan, mais ne savait pas encore dans quelle mesure il était réalisable en l’état. Il fallait d’abord s’assurer que cet homme qui gravitait autour de Hyun ne poserait pas de problèmes, ou s’il pouvait être utilisé comme levier pour lui faciliter la tâche. Au fond, elle s’attendait à ce qu’il ne résiste pas à ce premier lever de verres, parce que c’était ce qui se passait habituellement. Son regard bascula de nouveau assez vite sur le cadet Zuntel, en prenant soin de le dévisager plus que nécessaire, un sourire poli, ouvert, aux lèvres.


« Du reste, je m’en serais souvenu si nous nous étions déjà vu. J’ai été diplômée il y a peu, dans une autre université. Je suis pilote. Et vous, vous étudiez quoi ? » Elle fit mine de se redresser un peu, pour laisser couler son regard sur la tenue du jeune homme, puis posa son verre sur le rebord du comptoir. « Mh.. Au premier coup d’œil, je dirais la politique. Je me trompe ? »

Elle le regarda avec expectative, comme s’il s’agissait d’un jeu. Un jeu dont elle connaissait déjà les réponses, du moment qu’il s’agissait de Hyun Zuntel. Concernant l’autre, cela restait à voir, autour d’un bon verre, il pouvait lui en dire plus. La concernant, il n’y avait qu’une seule académie de pilotage sur Coruscant. Militaire ; Royale. Cette même académie dont elle était sortie haut la main, avant de rejoindre le BRI. Elle reprit son verre en main, pour profiter du sucré de la boisson, sans vraiment quitter sa proie des yeux.

« J’ai entendu dehors que les examens se sont bien passés ? »

« Non, non. J’ai vu ton ami partir dans son coin, je me suis dis que c’était le bon moment. »

« Oh ? »

C’était bien la première fois que ça lui arrivait, ça, une femme prenant les devants pour offrir un verre, c’était plutôt l’inverse, d’habitude ! Il lui rendit son sourire, autant surpris qu’amusé par cette situation. Et, au fond, un peu soulagé, car ça lui permettait de garder à distance son « ami » pour un temps, au moins cette soirée. Il avala à son tour une gorgée du cocktail juste servi et qui, bien que ce n’était pas si fort, suffit à hausser encore un peu la température de son corps car il avait déjà bu avant. C’était également une occasion de repousser les soucis, durant un moment, après tout. Elle était vraiment mignonne, cette femme, avec sa cascade de boucles rousses tombant en douceur sur ses épaules. Mais un regard intense, très différent… Légèrement perturbant. Plus que ne l’avait la plupart des femmes qu’il côtoyait d’habitude. Bah, ça devait être l’alcool qui lui montait à la tête, ça vous donnait des idées bizarres. La fatigue aidant, il se montait facilement la tête. Par contre, ça marchait, Richam ne revenait plus, restant dans les parages et lançant parfois de très brefs regards vers eux. Setar, quant à lui, tournait déjà dans le flot des plus jeunes étudiants. Oh, bon sang… Il reprit une longue gorgée, mal à l’aise et ne sachant pas vraiment comment réagir.

« Du reste, je m’en serais souvenu si nous nous étions déjà vu. J’ai été diplômée il y a peu, dans une autre université. Je suis pilote. Et vous, vous étudiez quoi ? Mh.. Au premier coup d’œil, je dirais la politique. Je me trompe ? »

« Dans un certain sens, oui, j’ai dû apprendre un peu de politique. Mais je suis étudiant dans la branche diplomatique. »

Pilote, ce n’était absolument pas le métier auquel il se serait attendu ! Il faut dire aussi qu’il n’y avait pas beaucoup de femmes, à l’académie royale. Les places étaient chères à obtenir, dans le sens où beaucoup de familles riches s’arrangeaient pour y réserver des places pour leurs rejetons, coupant souvent des opportunités à d’autres jeunes, pourtant talentueux, mais pas issus des bons milieux. Ça marchait comme ça dans plein d’académies et universités de prestige, sur Coruscant.

« J’ai entendu dehors que les examens se sont bien passés ? »

« Oui, je… »

Il s’interrompit lorsque son padd posé sur le comptoir à côté de lui vibra, une fois de plus, pour afficher une nouvelle notification d’une de ses sœurs. Il leva les yeux au ciel et le coupa pour de bon, cette fois, avant de le ranger dans son sac. Qu’est-ce que sa famille avait du mal à comprendre, lorsqu’il leur répondait que ce n’était pas le moment ?!

« Navré, j’ai deux sœurs et deux frères. Certains d’entre eux vivent sur Coruscant et ça les agace que je vienne ici faire la fête. »

Pourquoi est-ce qu’il lui racontait ça, d’ailleurs… Ce n’est pas comme si ça risquait d’intéresser qui que ce soit ! Tant que Mira ne débarquait pas ici, évidemment… Elle était celle, de sa fratrie, dont il se méfiait le plus. Il ne savait pas comment elle s’y prenait mais elle parvenait toujours à savoir où il se trouvait et n’hésitait pas à venir le chercher par la peau du cou, lorsqu’il sortait dans des bars, des boîtes de nuit ou même des lieux culturels plus tranquilles, le soir. Tout ça parce qu’elle voulait l’empêcher de traîner avec des gens louches ou s’attirer encore des ennuis… Bon, cette fois, elle avait raison. Il lança un nouveau regard en biais vers Setar, installé à boire avec trois étudiants autour d’une petite table. Richam n’était pas très loin non plus, placé comme un serpent prêt à mordre.

« Donc oui, sinon, les examens se sont très bien passés ! On commence à préparer les futures affectations, selon les places obtenues, ça devient enfin sérieux. Surtout en ce moment, de nouvelles missions se sont dégagées, à cause de tout ce qui se passe, il va y avoir pas mal de travail dans la Bordure Médiane. Peut-être la Bordure Extérieure, mais ce sera des diplomates plus âgés et expérimentés qui iront, sans doute. On doit se faire la main, comme ils disent, sur des mondes sous influence impériale ou parfaitement contrôlés. Et toi, déjà partie en mission sur des mondes plus dangereux ou ils envoient d’abord les jeunes pilotes sur des trucs plus contrôlés ? »

Shira essaye de ne pas trop s’amuser de sa réaction, se contentant d’un large sourire, avant de baisser légèrement la tête vers sa boisson. Il en fallait si peu pour le surprendre, et le mettre dans tous ses états que ça en devenait mignon. Il faut dire qu’il était plutôt agréable à regarder, bien qu’il n’eût la prestance et l’assurance de son aîné. Ce cher Gilric, avec qui elle avait passé un moment formidable, et qui lui tardait de retrouver, pour pouvoir accomplir le reste de sa mission. Elle devait néanmoins en passer par là, et si charmer le jeune frère était la solution la plus simple pour le manipuler et lui offrir le tiquet d’entrée tant convoité dans le cercle du gouverneur de Taris, Shira n’aurait aucun scrupule à le faire. Encore moins maintenant que l’alcool commençait à doucement la réchauffer. Il n’était pas question de se laisser emporter pour autant, aussi était-il nécessaire de garder le contrôle. Il était simplement plus facile de donner le change, avec un regard vers Hyun quelque peu plus débridé. Un petit rire amusé, aussi, lorsqu’il corrigea sa fausse supposition, quant aux études qu’il poursuivait.

Son regard dériva ensuite vers la foule, intriguée de voir le jeune Zuntel jeter autant de regards vers ses soi-disant « amis ».  Il était facile pour Shira de deviner que ce n’était très probablement pas le cas. Des associés, alors ? Pour cette histoire de trafic de carburant ? Ce serait plus logique, quoi que plus risqué. Et vu l’insistance qu’avait Hyun, il devait être passablement anxieux de les savoir dans les parages. Intéressant. C’était peut-être là une des ouvertures qu’elle attendait. S’ils étaient bels et biens impliqués, il serait plus aisé de leur faire porter le chapeau si ce petit trafic devait mal tourner. Si cette affaire venait jusqu’aux oreilles du BSI, ou même du BRI, que Zuntel était exposé, cela offrirait l’opportunité à Gilric de venir supplier le gouverneur d’utiliser ses ficelles pour sauver son frangin autant que son amie en échange de son implication dans ses affaires mafieuses. Oui, cette idée n’était pas mauvaise. Tout comme la présence de Hyun, qu’elle afficha en venant doucement décaler son tabouret dans sa direction, de quelques centimètres. C’est à cet instant que le pad se mit à vibrer, et qu’elle se redressa quelque peu, intrigué, en le voyant tourner l’appareil vers lui, avec prudence. Puis de le voir lever les yeux au ciel d’irritation avant de retourner le pad éteint, frustré.

« Navré, j’ai deux sœurs et deux frères. Certains d’entre eux vivent sur Coruscant et ça les agace que je vienne ici faire la fête.  »

« Je sais ce que c’est, mes parents sont pareils, » répondit-elle sans réfléchir, méthodiquement, en pilote automatique sur ce coup-là. « Ils s’étonnent après que je les ignorent. »

Elle essaya de lui offrir un sourire encourageant, avant d’hausser légèrement les épaules puis de boire une nouvelle gorgée de son cocktail. Elle savait déjà tout ça, grâce à Gilric. C’était sans doute pour cela qu’elle avait répondu ça, sans vraiment réfléchir. Pour le mettre en confiance, en lui faisant miroiter le fait qu’elle n’était pas si différente, finalement. Le mettre en confiance, calmer son anxiété. Voilà sur quoi il était nécessaire de travailler. Le reste, sa légende, Shira s’en occuperait plus tard, pour que tout soit conforme, et qu’il ne se méfie de rien.

« Donc oui, sinon, les examens se sont très bien passés ! On commence à préparer les futures affectations, selon les places obtenues, ça devient enfin sérieux. Surtout en ce moment, de nouvelles missions se sont dégagées, à cause de tout ce qui se passe, il va y avoir pas mal de travail dans la Bordure Médiane. »

« C’est vrai. » fit-elle, hochant de la tête.

« Peut-être la Bordure Extérieure, mais ce sera des diplomates plus âgés et expérimentés qui iront, sans doute. On doit se faire la main, comme ils disent, sur des mondes sous influence impériale ou parfaitement contrôlés. Et toi, déjà partie en mission sur des mondes plus dangereux ou ils envoient d’abord les jeunes pilotes sur des trucs plus contrôlés ? »

L’ayant amené à poser cette question, le sourire de Shira se transforma en une petite grimace contrite, comme s’il venait de toucher une corde sensible. Elle posa son regard sur son verre à moitié vide, l’air songeuse, poussa un bref soupir, avant de le regarder à nouveau.

« C’est, plus compliqué que ça. Normalement, les affectations se font au mérite, ou en fonction de qui connait qui, » reprit-elle en tentant de ne pas paraître trop amère dans son propos. « Avec mes résultats, j’aurais pu aller dans la Bordure Extérieure, là où la guerre se mène vraiment. Mais parce que je ne suis pas née avec une grosse paire, il semblerait que je ne sois pas mieux placée pour faire autre chose qu’escorter des convois sans importance, entre Corellia et Coruscant. »

Elle ponctua par un haussement d’épaules, comme s’il s’agissait d’une fatalité contre laquelle elle ne pouvait lutter. Avec ça, elle prit une dernière gorgée de son cocktail qui ne fit rien pour calmer chez elle la hausse de température.

« Parfois, j’ai envie de leur rendre leur monnaie de leur pièce.. » dit-elle, avant que son visage ne s’embellisse à nouveau d’un sourire plus prometteur. « Bref. Ca te dirais d’aller danser ? »

Il ne refusa pas, comme elle l’avait espéré, et elle n’hésita pas cette fois à laisser sa main glisser sur le comptoir pour se saisir de la sienne et l’entraîner vers la piste de danse où se dandinait déjà la majorité des personnes présentes à cette soirée. Ils se joignirent aux autres, sous le rythme d’une musique plus lancinante, presque sensuelle, qui changeait des rythmes plus électro qui précédait la playlist. De quoi laisser à Shira l’opportunité de se rapprocher plus que de raison, et même d’effleurer le dos du jeune Hyun qui lui paraissait encore bien trop anxieux, avec le regard parfois fuyant, pour vérifier si ses « amis » étaient toujours là. Elle ne tenta rien de plus, il ne fallait pas aller trop vite, se montrer trop brusque, l’inquiéter plus que de raison. Elle attendit la fin de la première danse, alors que la musique revenait à un rythme plus entraînant, pour finalement poser la question, calmement, avec un air satisfait, mais un peu inquiet :

« Qu’est-ce qu’il y a ?» Elle fit mine, brièvement, de tourner le regard vers un des associés de Hyun. « Tu as un problème avec tes amis ? Tu n'arrêtes pas de les regarder; comme si tu craignais quelques chose… »

Aaah, quand le sexisme de l’armée se mêlait aux affaires de réseau et de relations… Normal que ça l’écœurait ! Évidemment, il aurait dû s’en douter avant même de poser la question… Mais qu’y faire ? Elle-même avait l’air fataliste et lui non plus ne voyait pas quoi lui dire. Garder espoir ? C’était idiot. Surtout que tout dépendait sur qui on tombait, avec qui on pouvait se lier ou même corrompre, pour certains. La Flotte était connue, pour ça, autant que le milieu de la politique. Malheureusement. Il termina rapidement son verre, puis accepta sa proposition d’aller danser. Une fois sur la piste, il se concentra un moment sur la danse, pour retrouver les bons gestes et attitudes pour celle-ci. Mais bien vite, son attention fut de nouveau happée, en partie, par ses deux acolytes. Richam continuait de les observer en coin, mine de rien, un verre en main, accoudé à une table haute. Mais où était passé l’autre fou… ? Il ne le voyait plus du tout, dans la salle… Son cœur s’emballa et il faillit marcher sur les pieds de sa partenaire, à moins d’une minute de la fin de cette première danse. Et s’en voulut presque aussitôt parce qu’elle sembla remarquer Richam à son tour, lui lançant un très bref regard.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as un problème avec tes amis ? Tu n'arrêtes pas de les regarder; comme si tu craignais quelques chose… »

« Non, non, c’est… Ce ne sont pas mes amis, je les connais car j’ai travaillé avec eux, c’est tout. Je me demande juste si Setar va… Avec les jeunes étudiants ou les étudiantes, il peut avoir des attitudes très… Tu vois… »

Il avait beau regarder partout, cette fois plus franchement, l’homme avait disparu pour de bon. Comme un des étudiants qu’il connaissait, d’ailleurs. Hyun se dit aussitôt que ce sale type avait dû l’embarquer, mais où ? Ça pouvait tout aussi bien être dans des recoins sombres de la boîte de nuit, sur deux étages, que dans la rue, ou un autre endroit tranquille, là où personne ne les verra. Que pouvait-il faire ? Il y avait bien des patrouilles, mais les prévenir reviendrait à jeter de la lumière sur eux tous et donc avoir de très gros ennuis. Sans compter les représailles ! S’il cherchait seul ? Même en les retrouvant, il ne savait pas se battre et… La dernière fois s’était extrêmement mal terminé… Un frisson le secoua, en y repensant. Deux mois étaient déjà passé, mais l’écœurement, la honte, la culpabilité et le traumatisme ne s’étaient pas effacés. Impossible d’en parler à qui que ce soit.

« Je dois me faire des idées, » se força-t-il à sourire. « Désolé, tu dois me trouver pénible. Que dirais-tu plutôt d’aller boire un verre ailleurs ou sortir sur les terrasses, pour être plus tranquilles ? Ou aussi d’aller au parc de Shnagri, ce n’est pas très loin. »

C’était un des rares parcs de Coruscant et la nuit, il était illuminé d’une longue séries de lampions à la lumière douce, parcourant des petits chemins entre les parterres de fleurs, les arbres et les bosquets bien taillés. Récemment, pour diminuer la fréquentation du lieu, jugée trop importante et dégradant ce coin de verdure, l’entrée avait été rendue payante. Un scandale immense, pour une bonne partie de la population, jugeant effarant qu’on fasse payer l’un des rares endroits de la planète où il était encore possible de trouver un environnement naturel. Mais rien n’avait pu faire revenir en arrière les propriétaires du parc, arguant que cette baisse drastique de fréquentation préservait la beauté du parc, sans compter que ces nouvelles entrées d’argent aidaient à son entretien. Surtout, Hyun pensait que Richam ne les suivra pas là-bas. Il ne voudra pas payer l’entrée, assez élevée, simplement pour le garder à l’œil.

Anxieux n’était pas vraiment le bon terme pour le décrire. Terrifié était peut-être juste un peu trop fort. Malgré sa présence, malgré la musique entrainante, il ne cessait de jeter des regards inquiets à gauche et à droite, en direction de ces deux types, sur lesquels elle ne savait pas grand-chose. Le gros point d’interrogation, qui trainait sur le chemin de l’accomplissement de son objectif ici, sur Coruscant. Il était si discret qu’elle avait dû retirer son pied de justesse, pour éviter qu’il ne l’écrase. Elle aussi les observait, de façon nettement plus discrète ; en profitant des mouvements de leur danse, ou en laissant couler brièvement son regard de droite à gauche. A priori, ils n’étaient pas plus nombreux que deux. L’un sirotant son verre. L’autre étant parti, quelques instants plus tôt, en direction des toilettes, et de la sortie, accessoirement. Ce qu’il était bien allé faire lui importer, pour le moment. Elle avait besoin d’ne apprendre plus. Ces deux gars là étaient probablement de mèche avec Hyun dans cette affaire de trafic qu’elle souhaiter exploiter. Et sans mauvais égard pour son partenaire de danse, il semblait clair que ce n’était pas lui le leader de la bande. Sans doute était-ce ce type, accoudé à la table, qui faisait mine de ne pas les surveiller.

« Non, non, c’est… Ce ne sont pas mes amis, je les connais car j’ai travaillé avec eux, c’est tout. Je me demande juste si Setar va… Avec les jeunes étudiants ou les étudiantes, il peut avoir des attitudes très… Tu vois… »

« Oh ? » lâcha-t-elle, feintant en partie sa surprise, son regard fuyant vers le couloir où elle avait vu ce type s’éclipser.

Elle se pinça la lèvre, le regard soudainement moins sensuel. Ok. Donc lui, c’était l’exécutant brutal, et sans moral. Compris. Pour le coup, elle était un peu agacée, et dégoûtée ; mais rien de quoi la détourner de son objectif principal. Mais si cette affaire pouvait l’aider à l’emballer définitivement et le glisser dans sa poche, elle n’allait pas cracher dessus. Une part d’elle avait envie de poser une main sur son épaule, comme pour faire passer le message qu’elle comprenait, et compatissait. Mais ce serait peut-être trop, ou mal interprété, vu le contexte. La situation générale cependant, vis-à-vis du trio, commençait enfin à s’éclairer. Il restait à savoir quel était réellement le pedigree de ces deux types. Peut-être même qu’ils bossaient déjà pour un contact du gouverneur de Taris, ce qui lui simplifierait grandement les choses. Hyun, en tout cas, ne semblait pas posséder de talents particulièrement utiles dans du trafic de carburants, donc peut-être était-il utilisé pour son nom. Peut-être était-il déjà sur le point de se faire piéger…

« Je dois me faire des idées. Désolé, tu dois me trouver pénible. Que dirais-tu plutôt d’aller boire un verre ailleurs ou sortir sur les terrasses, pour être plus tranquilles ? Ou aussi d’aller au parc de Shnagri, ce n’est pas très loin. »

« Ce n’est rien, je comprends. » rétorqua-t-elle, en lui souriant gentiment, après s’être penchée en avant pour qu’il puisse l’entendre par-dessus la musique. Fausser la compréhension, développer l’attachement. Faire croire qu’il existait un lien naturel, finalement. « On peut sortir, si ça peut te fais du bien. Mais pas plus loin que Shnagri, ou ces talons auront raison de ma peau ! »

Shira eut un léger rire, en essayant de détendre un peu l’atmosphère. Puis elle lui prit la main, pour le guider vers l’extérieur, avec l’idée de faire croire que l’initiative était d’elle, et non de lui, pour leur surveillant. S’enfoncer dans le couloir, en tendant l’oreille en passant près des toilettes. Pas de bruits suspects, ni de cris. Setar ne devait pas être là, où alors il avait pris ses précautions. Ils descendirent quelques marches d’escaliers, avant d’arriver devant le videur. Ce n’est qu’une fois seuls dans le turboascenseur qu’elle lui serra un peu plus fortement la main, pour le regarder droit dans les yeux. Derrière elle, les spots lumineux de la cabine mettaient en valeur sa silhouette contre les tons sombres de la nuit de Coruscant. Elle l’observa d’un air inquiet pour lui, compatissant.

« Ce Setar, et son collègue. Qui sont-ils ? Qu’est-ce qu’ils te veulent ? Tu as besoin d’aide ? Je peux peut-être t’aider, s’il le faut. »

« Ce n’est rien, je comprends. On peut sortir, si ça peut te fais du bien. Mais pas plus loin que Shnagri, ou ces talons auront raison de ma peau ! »

Il eut un bref sourire, puis sursauta légèrement lorsqu’elle lui prit la main et l’entraîna d’elle-même vers la sortie. Il fallut moins d’une minute pour quitter l’immense pièce où résonnait la fête, sous le regard suspicieux de Richam, puis de s’enfoncer dans les couloirs, jusqu’à l’ascenseur. Elle ne lui lâcha pas la main, bizarrement, tandis qu’ils entamaient la descente. Voire la resserra. Le regard intense. C’était… Presque gênant… Non pas qu’il ne la trouvait pas agréable, même très jolie, mais… Ce n’était plus une situation où il se sentait très à l’aise, dorénavant, avec qui que ce soit. Surtout seule à seul. Un sentiment qui se renforça lorsqu’elle lui demanda s’il avait des problèmes. Ah, là… Il commença par secouer un peu la tête, se passant sa main libre dans ses cheveux. Il ne pouvait pas trop en dire sans se compromettre lui-même… Ou avoir encore plus d’ennuis ! Dans le même temps, il en avait plus qu’assez et ne savait pas comment se tirer de cette situation. Essayer d’en parler sans en parler ? Ça s’annonçait périlleux.

« Ce sont des collègues de circonstance, avec qui je travaille pour une affaire, » finit-il par répondre après avoir pas mal hésité. « Tout ne s’est pas passé exactement comme prévu, ils sont… Enfin… Ils peuvent tremper dans des affaires plus louches ou moins avouables. Je ne sais pas comment laisser tomber tout ça sans que ça n’empire la situation et je ne compte pas non plus y impliquer encore plus de personnes. Pas des amis et encore moins ma famille. »

Même si cette dernière était effectivement assez influente et puissante pour couvrir ses membres d’à peu près tout, sauf peut-être un meurtre pur et simple, il ne voulait pas leur en parler. Son désir d’indépendance et sa fierté l’en empêchait, même si c’était complètement idiot. Ils parvinrent au rez-de-chaussée juste à ce moment-là, les laissant dans les rues animées de ce niveau. Aussitôt, il s’éloigna, avec Mara toujours à ses côtés, soulagé d’être dehors.

« Je vais me débrouiller, » assura-t-il avec un ton se voulant plus confiant. « Setar est un sale type, il trempe dans des milieux malsains, sur d’autres mondes de la Bordure Extérieure. Je ne sais pas trop d’où il vient. Mais Richam, lui, est Coruscantii et protégé par ses relations. Il pourrait se rendre coupable d’à peu près tout ce qu’il veut et s’en sortirait quand même, j’en suis certain, je connais assez bien ce type de rouages pour l’affirmer. Bref, il vaut mieux que tu ne te préoccupes pas de tout ça, tu sais. C’est un milieu de serpents. »

A le regarder droit dans les yeux, la situation le rendait mal à l’aise. La proximité le gênait, peut-être plus que les questions qu’elle venait de lui poser. Shira hésita une seconde à maintenir la distance, pour profiter de la situation et lui soutirer les informations manquantes au sujet des deux types qui l’accompagnaient dans ce trafic, mais finit par reculer et lui libérer la main, pour le laisser respirer. Il avait un petit côté mignon, presque innocent, à secouer la tête de la sorte, en passant sa main dans les cheveux. Clairement gêné, pris la main dans le sac. Elle essaya de paraître compréhensive, alors que l’ascenseur filait toujours vers la surface. Elle avait besoin qu’il poursuive dans ces affaires douteuses, pour pouvoir plus aisément le piéger. Grâce aux missives interceptées de ce cher Gilric, les protecteurs d’Avantyl sur Coruscant étaient connus. Shira avait juste besoin que son nom apparaisse sur leurs listes, en face d’une ou plusieurs affaires compromettantes, pour attirer leur attention et laisser la machine faire son travail : remonter l’information via les contacts encore inconnus d’Avantyl, jusqu’au bureau du gouverneur. Il fallait néanmoins que Hyun leur soit utile, pour que le gouverneur décide de le faire chanter, pour qu’il travaille pour lui. Et dans le même temps, pour faire pression sur Gilric.

Elle, devait juste trouver le moyen de s’accrocher au cadet pour faire le voyage à son bras. En somme, faire partie du coup, après avoir gagné la confiance du jeune Zuntel. Qu’il pense qu’elle seule pouvait le protéger, contre les individus comme Setar et Richam.

« Ce sont des collègues de circonstance, avec qui je travaille pour une affaire, » finit-il par répondre, après un long moment de silence. « Tout ne s’est pas passé exactement comme prévu, ils sont… Enfin… Ils peuvent tremper dans des affaires plus louches ou moins avouables. Je ne sais pas comment laisser tomber tout ça sans que ça n’empire la situation et je ne compte pas non plus y impliquer encore plus de personnes. Pas des amis et encore moins ma famille. »

Intérieurement, Shira grimaça. Qu’il songe à laisser tomber n’était pas une bonne chose. Elle avait besoin qu’il continue, au contraire. Et que cela finisse par impliquer Gilric…

En apparence, elle parut songeuse et se mordit les lèvres en venant croiser ses bras sous sa poitrine. Elle ne pouvait pas annoncer comme ça qu’elle était partante pour l’aider, quelle que soit l’affaire en question. Il fallait qu’elle lui fasse cracher le morceau, d’une façon ou d’une autre. Puis lui faire changer d’avis, à son sujet. Peut-être que casser les deux jambes de ses « collègues de circonstances » pourrait faire l’affaire… Mh, elle y songeait plus fortement. Vu comme les deux types le surveillait, c’est que le compte à rebours lancé, l’acheteur peut-être même déjà trouvé… D’un autre côté, elle se demandait s’il ne serait pas plus simple de juste jouer sur sa fierté, en lui annonçant qu’elle travaillait pour l’Empire, et que l’offre qu’elle lui proposait lui permettrait de se tailler une réputation sans égale. Mh, non, ça ne fonctionnerait pas. Il n’aurait pas de raisons de quitter Coruscant, et encore moins envie de s’impliquer dans des affaires avec son frère, sans y être contraint.

L’ascenseur finit par s’immobiliser, la sortant de ses pensées lorsque les portes coulissèrent sur une des nombreuses passerelles qui striaient l’horizon. Ce fut lui, cette fois-ci, qui prit l’initiative de sortir, et de l’inciter à le suivre. Ensemble, ils se mirent à marcher, plus tranquillement, vers le parc de Shnagri.

« Je vais me débrouiller, » assura-t-il avec un ton se voulant plus confiant, mais qui ne la convaincrait pas. Elle en doutait fortement. Ces types avaient dû le violenter, d’une façon ou d’une autre. « Setar est un sale type, il trempe dans des milieux malsains, sur d’autres mondes de la Bordure Extérieure. Je ne sais pas trop d’où il vient. Mais Richam, lui, est Coruscantii et protégé par ses relations. Il pourrait se rendre coupable d’à peu près tout ce qu’il veut et s’en sortirait quand même, j’en suis certain, je connais assez bien ce type de rouages pour l’affirmer. Bref, il vaut mieux que tu ne te préoccupes pas de tout ça, tu sais. C’est un milieu de serpents. »

Elle hocha doucement la tête, regardant doucement devant elle, alors qu’ils marchaient côte à côte. Voilà des informations intéressantes. Ce Richam était donc quelqu’un de bien placé, ou qui disposait d’amis influents. En apprendre plus sur lui serait assez simple. Des deux, Setar était celui qui attisait le plus sa curiosité, de part le mystère qui l’entourait.

« La Marine Impériale est un nid à serpents, elle aussi, » glissa-t-elle doucement, en inclinant la tête vers Hyun, le regard plus dur, le visage plus ferme. Elle n’allait pas se laisser mettre de côté aussi facilement. Elle s’arrêta d’un coup, alors que se dessinait devant eux les approches du parc, l’attrapant par le bras. « Tu ne t’en sortiras pas tout seul, et tu le sais bien. La façon dont tu parles de ces types… Ils t’ont déjà fait quelque chose, c’est ça ? »

Shira lui libéra le bras, visiblement plus compréhensive, un sourire fin aux lèvres le ton plus doux et protecteur. Qu’il ait été violenté, ou juste secoué lui serait bien utile ; une plaie béante sur laquelle appuyer, pour gagner sa confiance.

« Cette affaire… ce ne doit pas être du propre. De quoi s’agit-il ? » finit-elle par lui demander, en lui prenant les deux mains du bout des siennes. « Ecoutes. Je suis militaire, je le sais, ça n’inspire pas nécessairement la confiance. Mais je ne te balancerais pas, si c’est ce qui t’inquiètes. J’ai mes propres griefs vis-à-vis de l’institution et je ne tiens pas à être interrogée par le BSI. Je préfère encore affronter ces deux types, s’il le faut. »

« La Marine Impériale est un nid à serpents, elle aussi. »

Plus que la politique et tout ce qui touchait aux milieux douteux et la pègre ? Il en doutait quand même mais ne répondit rien, en haussant juste les épaules. Le pire est qu’il le savait avant de commencer à s’y impliquer. Il ravala difficilement sa salive, puis sursauta lorsqu’elle stoppa d’un coup en le tirant par le bras, alors qu’ils arrivaient juste à l‘entrée du parc. Qu’est-ce qu’il y a, elle avait vu quelques chose ?! Aucun des deux hommes ne semblait être dans le coin ou… Ah, non… Il retint une grimace, alors qu’elle le relâchait, n’osant répondre franchement à cette question-là. Une part de lui voulait encore s’en tirer sans aucune aide extérieure, par simple fierté et aussi par peur, mais il le savait, oui, que ça deviendra très compliqué… Il avait déjà été tenté plusieurs fois d’en parler, mais à qui ? Sa famille ? Il n’avait plus de lien fort avec eux, sauf peut-être avec sa mère, qui l’aimait encore. Mais il… Enfin… Au fond, il n’était pas sûr de pouvoir leur faire encore confiance. Le fanatisme de ses frères et sœurs pour les règles impériales le repoussait. Même si l’Empire décidait, un jour, de faire exploser Corellia ou une autre planète du Noyau, sa famille l’accepterait sans sourciller. Pas lui.

« Écoutes. Je suis militaire, je le sais, ça n’inspire pas nécessairement la confiance. Mais je ne te balancerais pas, si c’est ce qui t’inquiètes. J’ai mes propres griefs vis-à-vis de l’institution et je ne tiens pas à être interrogée par le BSI. Je préfère encore affronter ces deux types, s’il le faut. »

Pourquoi accepterait-elle de l’aider, comme ça, alors qu’ils venaient à peine de se rencontrer, qu’elle ne savait strictement rien de lui et qu’elle pourrait aussi avoir des ennuis au passage… Surtout si elle avait elle-même des ennuis, ça ne ferait que les aggraver ! Il lui proposa d’abord d’aller s’asseoir, sur un des bancs de pierre de la place, à côté du parc. Peu de badauds, à cette heure, il suffisait de choisir un coin où ils pourront voir facilement venir les gens et s’assurer que personne ne puisse les écouter. Une fois assis, il essaya de se détendre un peu, vraiment. Les effets de l’alcool commençaient doucement à se dissiper, il n’avait pas assez bu pour que cela dure toute la nuit. Néanmoins, il n’avait pas, pour autant, tout ses réflexes habituels. Pas encore.

« Si tu as aussi des ennuis, ce n’est vraiment pas la peine d’en rajouter, » soupira-t-il en prenant, dans son sac, deux autres bouteilles achetées plus tôt, dans la soirée.

Il lui en tendit une, si le cœur lui en disait. Pour sa part, il préférait encore continuer à boire que de laisser les souvenirs remonter. Lorsqu’il n’était pas plongé dans ses études, ça revenait trop facilement, il devait avoir une « barrière » contre ça.

« Normalement, tout sera bientôt terminé, en plus… Je dois bientôt partir avec eux, rencontrer un client, ça devrait… Bien se passer. Ça ne se remarquera pas, tous les étudiants partent, pendant une période, après les examens, après tout. Je n’ai juste pas dit la vérité sur la destination, à ma famille. Le client attendra sur Nal Hutta. »

Il soupira un peu, avant de boire. Le client en question était un très bon « ami » de Setar et n’était pas du genre à laisser passer une bonne affaire, encore moins être tendre avec ceux engagés tentant de se défiler ou lui faire faux bond. C’est sur le tard que Hyun avait compris que ce trafic allait les mener tout droit dans le Cartel des Hutt et c’est là qu’il avait pris peur.

« Je ne vois pas ce que tu pourrais faire, de toute façon, » grimaça-t-il. « Je sais que l’empire commerce vaguement, parfois, avec les Hutt, mais l’armée n’y va pas. »

« Si tu as aussi des ennuis, ce n’est vraiment pas la peine d’en rajouter »

« Ce n’est pas ce que je voulais dire… » rétorqua-t-elle aussitôt, en retenant une grimace de justesse.

Elle y était allée un peu trop fort, en pensant qu’il plierait, pas qu’il lèverait le bouclier haut et fort. Assise, elle secoua doucement la tête, tout en réfléchissant à comment récupérer cette situation qui lui échappait. Le doute revenait, sur l’approche qu’elle avait choisie, le concernant. Elle accepta la bouteille tendue, incertaine. Le pousser un peu plus n’amènerait rien d’utile. Il fallait tempérer, évaluer la situation, obtenir plus d’informations et définir la meilleure manière d’agir. L’objectif restait le même :  l’amener à le compromettre pour que les amis d’Avantyl au BSI ou au BRI vienne l’utiliser contre son frère. Cette étape-là restait facile à accomplir, d’un claquement de doigt. Il fallait juste qu’elle trouve le moyen d’entrer dans la combine, tout en ayant gagné suffisamment sa confiance pour qu’il l’embarque avec lui sur Taris. L’amener à penser qu’elle pouvait le protéger, en tant qu’amie et ou associée lui semblait le plus simple à accomplir. Mais à moins de forcer brutalement le sort, ce genre de choses prenait généralement du temps. Du temps qu’elle n’avait pas, si elle souhaitait exploiter l’ouverture que Hyun lui permettrait d’obtenir. Il était la clé, elle ne pouvait le perdre.

« Ecoutes, » finit-elle par reprendre, après avoir bu une gorgée de la boisson, le goût de l’alcool encore bien présent. « Je ne voulais pas paraître oppressante. Tu es plutôt mignon, tu avais l’air de pas être à l’aise… Je voulais simplement t’aider. Je suis comme ça, c'est plus fort que moi. »

Elle lui sourit, en haussant légèrement les épaules. Nouvelle stratégie, nouvelle approche. Elle l’avait trouvé coincé et avait voulu en savoir plus sur lui ; il lui avait parlé de ses problèmes, elle avait vu par elle-même ses « associés » et n’avait pas pu résister à l’envie de l’aider. Parce qu’elle était comme ça, qu’elle pensait aux autres, surtout lorsqu’ils paraissaient mignons, et sympathique. Elle allait rajouter qu’elle n’avait pas « encore » d’ennuis avec qui que ce soit, lorsqu’il se mit enfin à parler. A en dire plus, beaucoup plus. De ce qu’il était sensé faire avec ces types, du fait qu’il comptait profiter de cette période propice pour s’éclipser et accomplir son méfait. Sans grande conviction, cependant, là encore. Il doutait beaucoup, pour quelque chose qui « devait bien se passer. » Surtout chez les Hutts. Nar Shaddaa n’était pas vraiment réputé pour sa culture raffinée et sa moralité. Trafiquer avec les cartels n'était pas vraiment ce qu’elle appelait une « petite affaire. » Elle comprenait mieux pourquoi il ne se sentait pas le courage de se défiler. Ce qui le faisait finissait souvent six-pieds sous terre, en parfaite harmonie avec le durabéton.  

« Je ne vois pas ce que tu pourrais faire, de toute façon. Je sais que l’empire commerce vaguement, parfois, avec les Hutt, mais l’armée n’y va pas. »

Ça, c’était un fait, bien que la réalité fût toute autre. Avant la Pandémie, avant ce qui arrivait en ce moment, l’Empire aurait pu rouler sur les Hutts sans se forcer. Il n’avait simplement pas vu l’intérêt de dépenser tant de moyens, alors que le Cartel était prêt à payer pour qu’on lui foute la paix. Il était vrai, en revanche, qu’elle n’avait en l’état rien à y faire. Shira but une nouvelle gorgée, avalant lentement avant de se laisser aller contre le banc.

« Comme ça, je ne saurais te dire. Tu ne peux pas reculer, dans tous les cas. Les Hutts… Ils ne s’arrêteront pas parce que tu as un nom dans l’Empire. » reprit-elle, feintant d’être penaude, en se penchant de nouveau en avant. « Ils s’en prendront à toi. Et s’ils n’y parviennent pas, à ceux qui comptent pour toi. »

Shira poussa un soupir, lui offrant un regard compatissant. Un peu appuyé, aussi. Une part d’elle avait envie de lui dire qu’elle pouvait s’occuper de ça sans problèmes, mais elle ne le pouvait pas. Son esprit vagabondait déjà entre les différentes manières de briser les parties de Setar, et de noyer Richam dans la cuvette des chiottes du club laissé derrière eux. Ce serait si simple. Les Hutts ne viendraient pas la chercher, si personne n’était là pour la pointer du doigt. Mais elle devait jouer la comédie. Prendre son temps. Être « subtile ».

Nouvelle gorgée, l’alcool commençant à doucement faire son effet. Contrôlable. La Force aidait d’elle-même, naturellement. Et même sans elle, elle avait tellement été entrainée à combattre ses effets qu’elle n’y avait rien à craindre

« En comparaison, mes « problèmes » paraissent bien anecdotiques… Je n’ai pas d’ennuis avec qui que ce soit, pour le moment. Si j’étais si enthousiaste à l’idée de t’aider, c’est parce que je n’ai pas l’impression d’être prise au sérieux dans l’armée. En tant que femme, ma perspective de carrière est proche du néant. Je m’en rends compte, maintenant, et ça me rend folle. J’ai besoin d’action. De voyager. Là... Là j’ai juste… J’ai juste envie de les envoyer chier. » Elle haussa les épaules, lui lança un regard en biais, avant de pousser un profond soupir. « Mais les Hutts, ça c’est autre chose. Enfin, d’après ce que tu m’en as dit. Je ne sais pas trop. C’est quoi, exactement, ton affaire ? »

« Comme ça, je ne saurais te dire. Tu ne peux pas reculer, dans tous les cas. Les Hutts… Ils ne s’arrêteront pas parce que tu as un nom dans l’Empire. Ils s’en prendront à toi. Et s’ils n’y parviennent pas, à ceux qui comptent pour toi. »

Ouais, ouais… Voilà bien le problème. Il but une plus longue gorgée, un peu vite, avala légèrement de travers et toussa. La chaleur se diffusa doucement sur ses joues, tandis qu’il s’appuya contre l’arrière du banc. Il se frotta les yeux, un peu embrumé par l’alcool. Ce soir, entre la soirée dans la boîte et ici, avec Mara, il avait bu plus que de coutume, sans doute trop pour son propre bien. Il retourna la tête vers elle lorsqu’elle expliqua plus en détails pourquoi elle avait tenu à l’aider. C’est vrai, il n’avait plus repensé à ça… Le sexisme crasse en agaçait plus d’une et il avait déjà entendu ce genre de discours. Il se frotta encore les yeux, la lassitude lui tombant dessus comme une masse, comme toujours lorsqu’il plongeait le nez trop loin dans ce genre de boissons. Fatigue, idées moroses, perte de confiance, le schéma se répétait sans cesse. Il poursuivit quand même, tout en sachant que ce n’était pas la meilleure idée qui soi. Peu importe, il prendra un taxi, pour rentrer chez lui.

« Mais les Hutts, ça c’est autre chose. Enfin, d’après ce que tu m’en as dit. Je ne sais pas trop. C’est quoi, exactement, ton affaire ? »

« Comme bien d’autres, » marmonna-t-il. « Tu dois savoir aussi que l’Empire vole ou réquisitionne beaucoup de ressources, au détriment de tous les autres. Le client de Richam a besoin de carburants pour ses usines et est prêt à payer le prix fort pour ça. Les stocks seront pris dans les raffineries de Coruscant puis emmenés sur Nal Hutta. Lui trouve les clients et s’occupe de la logistique, je dois utiliser mon réseau pour obtenir des stocks et Setar, il… C’est le gros bras. »

Il termina la bouteille puis la lança dans un recycleur, pas très loin des bancs. Plus dans les vapes, à présent. Dans son état normal, jamais il n’en aurait parlé, aussi facilement… Il se laissait aller, c’est le cas de le dire. L’envie que tout s’arrête, se sortir de là, d’une manière ou d’une autre. Des histoires comme la sienne, il en arrivait des centaines, sans doute des milliers, sur Coruscant et d’autres mondes du Noyau, tous les jours. La ville-monde était bien trop énorme pour que les autorités puissent se charger de tout, les trafics pullulaient, aucun régime ne pouvait avoir les effectifs et la force nécessaire pour stopper ça.

« Ma famille ne sait rien, » murmura-t-il un ton plus bas. « Ils me jetteraient dans les bras du BSI directement, en l’apprenant. Ça va trop loin, cette fois. Ils sont complètement fanatisés, ils… J’ai même un de mes frères qui s’est fourré dans le COMPORN, plus jeune. Aujourd’hui, tu as l’impression, en le voyant, que transgresser une seule règle du Code Impérial le tuerait sur place. Il n’est amoureux que de son travail. Je ne sais pas, c’est… Je voulais juste éviter de devenir comme lui. »

« Tu dois savoir aussi que l’Empire vole ou réquisitionne beaucoup de ressources, au détriment de tous les autres. »

Shira fit un effort pour ne pas lever les yeux au ciel, devant pareille ineptie. L’Empire ne ne pillait nullement les ressources de qui que ce soit, et ne se réduisait certainement pas au vol de bas étage comme pouvait le faire les rebelles, les pirates, ou les traitres comme Avantyl. Il ne faisait que prendre ce qui lui appartenait de droit, et ce à travers toute la galaxie connue. Car il l’avait pacifié il y a déjà des années de cela, et se devait de régner sans partage pour ne pas réitérer les erreurs du passé. Elle comprenait mieux à présent pourquoi Gilric méprisait à ce point son frère. Il était misérable, parfaitement méprisable. A le voir ainsi avachi ainsi contre le banc, il était la parfaite représentation de la décadence. Hélas, il était aussi la clé dont lui avait parlé ce cher Zuntel sur Taris, si bien qu’elle ne pouvait simplement pas le laisser là tel un vulgaire déchet. Au moins était-il effectivement très réceptif à ce qu’on lui racontait. Parfaitement au bout du trou. Presque pitoyable… Elle continua de boire malgré tout, pour donner le change, en faisant attention à ne pas se laisser emporter par l’alcool.

« Le client de Richam a besoin de carburants pour ses usines et est prêt à payer le prix fort pour ça. Les stocks seront pris dans les raffineries de Coruscant puis emmenés sur Nal Hutta. Lui trouve les clients et s’occupe de la logistique, je dois utiliser mon réseau pour obtenir des stocks et Setar, il… C’est le gros bras. »

Elle inclina la tête de côté, très légèrement. Cela devenait beaucoup plus clair, et tombait sous le sens. Richam semblait le plus « détendu » du trio, clairement le genre de type à mener la danse. Ce Setar ne savait pas se tenir, et ne pouvait être que celui qui maintenait Hyun sous pression, à sa façon. Il suffisait de le regarder, étalé à picoler sans savoir s’arrêter, à regarder tout autour de lui en permanence, pour comprendre qu’il avait été violenté, agressé, voir humilié. Shira jeta elle-même un coup d’œil aux alentours, un peu plus appuyé, en se demandant si Setar n’était pas justement dans le coin, à les épier. Ce ne serait pas surprenant, et il faudrait s’en méfier. Puis elle se refocalisa sur Hyun, sans plus vraiment savoir comment s’y prendre, pour accomplir ce pourquoi elle l’avait approché. A la différence de Taris et de Gilric, le plan ne s’était pas du tout déroulé comme prévu. L’affaire dans laquelle il mouillait pourrait suffire à le faire arrêter sans la moindre difficulté. Il serait tout aussi simple de faire en sorte que l’information arrive aux oreilles des complices d’Avantyl au BSI.

Cette étape était déjà acquise. Il manquait l’accroche, une raison pour elle d’être embarquée dans toute cette histoire. Elle avait pensé pouvoir attirer son attention suffisamment, obtenir des informations intéressantes qui aurait suscité son intérêt ou celui de ses complices. Cette idée était tombée à l’eau dès le début, et n’aurait sans doute jamais vraiment fonctionné. Pas alors que Richam avait de l’influence sur Coruscant, ce sur quoi elle devrait se renseigner, et que Hyun utilisait déjà ses contacts pour faciliter leurs méfaits. Ils avaient sans doute déjà un pilote, également, pour effectuer le transport. Il y avait bien une solution, bien qu’elle n’en ait pas très envie. Mais il commençait déjà à se confier à elle, ce qui était un signe qu’elle était remontée dans son estime. Continuer sur cette voie la rebutait. Le garçon, bien que mignon, de par ses idéaux la rebutait.

« Ma famille ne sait rien. Ils me jetteraient dans les bras du BSI directement, en l’apprenant. Ça va trop loin, cette fois. Ils sont complètement fanatisés, ils… J’ai même un de mes frères qui s’est fourré dans le COMPORN, plus jeune. Aujourd’hui, tu as l’impression, en le voyant, que transgresser une seule règle du Code Impérial le tuerait sur place. Il n’est amoureux que de son travail. Je ne sais pas, c’est… Je voulais juste éviter de devenir comme lui. »

« Je dirais que c’est plutôt réussi, » rétorqua-t-elle, en posant délicatement sa main sur la sienne, s’étant faite une raison. Gilric la pardonnerait, elle en était certaine. Elle le vit se tendre tout à coup, comme elle l’avait crainte. Elle lui sourit, feintant une forme de naïveté, d’envoutement. « Je veux dire, tu n’as rien du COMPORN, ni rien des militaires que j’ai pu côtoyé, rassures-toi. En fait, tu es bien différent de tous ces gens et ça me plait énormément. »

Shira lutta contre son dégoût intérieur, son sourire se faisant plus sincère, sa main venant glisser sur sa cuisse alors qu’elle venait se porter un peu plus contre lui, faisant fit de sa gêne et de la panique croissant en lui. Elle glissa sur la vague dans la Force, profitant de son état de faiblesse pour toucher son esprit. Désormais prête à aller jusqu’au bout dans l’accomplissement de ses objectifs, sa répugnance neutralisée par son devoir.

« Je suis un peu comme toi, finalement. J’ai envie de respirer. Tu sais que tu peux avoir confiance, » reprit-elle, restant au contact, un peu plus insistante, tout en appuyant sur son esprit, laissant la suggestion s’imprégner. Il pouvait tout lui dire, elle ne répèterait rien. Il savait qu’il pouvait lui faire confiance, se retourner vers elle en cas de problème. Qu’il pouvait se détendre, qu’elle ne lui ferait rien de mal. Y laissant au creux de son esprit qu’elle pouvait l’aider à résoudre ses problèmes, sans qu’il ne cherche trop pourquoi. Que si jamais les ennuis venait le retrouver, il pouvait compter sur elle. Elle poussa la situation jusqu’à déposer un baiser au coin de ses lèvres, prometteur, avant de le laisser déverser ce qu’il pouvait bien savoir. Puis de rajouter, également, comme une dernière promesse : « Je pourrais t’aider à te libérer de Setar également, si tu veux. Au moment de récupérer le carburant, par exemple. Ça t’éviterait d’aller là-bas, chez les Hutts. »

Et de se faire chopper sur le fait, avec lui et les autres...

Il tressaillit, lorsqu’elle posa une main sur la sienne, en répondant, initiant un petit mouvement de recul. Désolé, il ne… Il n’était franchement pas très à l’aise, même s’il la trouvait très mignonne et sympathique, il n’avait pas la moindre envie de… Hein ? Il commença surtout à paniquer, lorsqu’elle s’approcha plus, bafouillant une réponse incompréhensible. Détends-toi ! Elle n’allait pas lui faire de mal, elle… Il savait qu’elle ne lui voulait pas de mal, il pouvait… Respirant doucement, le plus tranquillement possible, il s’énuméra toutes les raisons rationnelles pouvant inciter à se détendre, son cœur cessant peu à peu de battre bien trop vite pour son propre bien. Il ne savait pas vraiment pourquoi mais elle lui inspirait assez confiance pour qu’il parvienne à se détendre un peu. Il tressaillit malgré tout lorsqu’elle déposa un rapide baiser sur le coin des lèvres, avant de se reprendre. Entrevoir une porte de sortie était déjà si tentant, mais il ne… Pouvait-il… ? Il tourna la tête vers elle, rongé par une envie de plus en plus forte de laisser faire, la laisser l’aider si elle pouvait, car il savait qu’il ne trouvera aucune autre main tendue.

« Je pourrais t’aider à te libérer de Setar également, si tu veux. Au moment de récupérer le carburant, par exemple. Ça t’éviterait d’aller là-bas, chez les Hutts. »

Ce fut cette proposition-là qui provoqua le déclic final, dans son esprit. Même s’il ne voulait pas qu’elle aussi se retrouve empêtrée dans de graves ennuis, il ne pouvait non plus laisser passer une chance d’enfin être débarrassé de ce sale type. Il lança un nouveau regard autour d’eux, sans rien apercevoir de particulier. Qu’il soit là ou non, en tout cas, il n’était pas à portée, semble-t-il… Sans doute devait-il trouver pénible, s’il observait, cette « amourette » entre deux jeunes gens. Quand même, à l’heure actuelle, que Hyun pensait à tout sauf à ce genre de scénarios…

« S’il y a une possibilité qu’il… Bon, écoute… »

Il prit une grande inspiration, regarda une fois de plus aux alentours, puis baissa considérablement la voix pour lui parler du plan. Lui dire quelle raffinerie était visée et sa localisation, comment cela devait se dérouler… C’était très simple, un des responsables de production avait été corrompu et leur permettait de détourner discrètement, peu à peu, le carburant produit. Celui-ci était ensuite stocké dans un entrepôt non loin, avec une plateforme leur permettant de l’embarquer avec rapidité dans un cargo et quitter la planète. Ils avaient rendez-vous la semaine suivante, pour cette opération, où il devait être normalement seul avec Setar. Leur « chef » d’équipe ne quittait presque jamais Coruscant, de son côté, occupé à tout gérer et tenir les comptes, comme les langues. C’était déjà la troisième opération de ce genre… Bien que ça ne soit pas un gros vol de carburant, celui-ci, ajouté à tous les autres petits larcins commis, permettaient finalement aux Hutts et d’autres organisations de mettre la main sur de gros volumes.

« Voilà les coordonnées exactes, » précisa-t-il en lui montrant sur sa tablette. « Il n’y a que rarement des patrouilles, dans le secteur, c’est uniquement industriel et peu éloigné de la surface, pour des raisons pratiques. Que penses-tu pouvoir faire de Setar ? »

Oui, il n’y avait pas vraiment de doutes, ces types lui avait fait subir des choses qu’elle ne pouvait que trop facilement imaginer. Bien que cela ne la touchait pas vraiment, bien évidemment. Elle n’avait aucune réelle compassion pour ce déchet qui dénigrait l’Empire qui lui avait donné une cuillère en argent dans la bouche, et qui reniait ainsi sa famille. A titre de comparaison, son frère était un modèle à suivre, un véritable exemple qui faisait honneur à l’institution qu’il servait. De tout cela cependant, Shira se devait d’en faire abstraction. Il lui fallait maintenir l’apparence, lui instiller confiance pour que sa petite proie aille se faire dévorer bien gentiment par le prédateur dont l’Empereur lui avait demandé de préparer le cercueil. A lui, ainsi qu’à toute sa clique de salopards de traitres. Nul doute qu’elle trouverait également une tombe pour le jeune Zuntel, comme le lui avait demandé Gilric. Cela ne serait qu’une formalité, le moment venu. Pour l’instant, il lui fallait continuer de jouer la comédie, celle de la jeune rousse charmée et quelque peu embrumée par l’alcool.  Elle était proche du but, ce n’était e moment de se relâcher.

Elle ressentit un profond soulagement lorsqu’il se mit d’abord à hésiter, puis à tout déballer après qu’elle eut évoquer la possibilité d’éloigner Setar de lui de façon définitive. Ce qui n’était par ailleurs pas une fausse promesse. Elle ne ressentirait absolument aucun remord à lui tordre le cou, ou à le faire disparaître dans un caniveau. Puis elle comptait bien éloigner Hyun définitivement de Coruscant, ce qui aurait les mêmes débouchée s’il se trouvait qu’elle ne pouvait pas simplement le buter. Shira continua de sourire sobrement, feintant la fille conquise alors qu’il expliquait la manière dont ils exfiltraient en cachette le carburant des raffineries hors de Coruscant. La corruption d’un membre du personnel n’était pas une surprise, le contraire l’aurait bien plus étonnée. La méthode était plutôt habile. Faire sortir le carburant en petite quantité, sans doute en trafiquant le manifeste de la raffinerie ou du dépôt devrait leur permettre de continuer ce petit trafic encore longtemps si personne n’intervenait pour y mettre un terme. Officiellement, le client était un Hutt mais rien ne garantissait que le chargement ne fût pas ensuite revendu à un prix plus fort à d’autres parties comme ces salopards de rebelles, ou d’autres coalitions en formation.

« C’est malin… » finit-elle par dire, en s’écartant à peine de Hyun, désireuse de maintenir cette pression à la fois mentale et psychologique. Elle n’avait absolument aucun remord à appuyer de la sorte sur sa plaie béante. « Je vais réfléchir à un moyen, ne t’en fais pas. »

« Voilà les coordonnées exactes. Il n’y a que rarement des patrouilles, dans le secteur, c’est uniquement industriel et peu éloigné de la surface, pour des raisons pratiques. Que penses-tu pouvoir faire de Setar ? »

Oh, il y en aurait soudainement plus, il n’avait pas à s’en faire pour cela. Elle ferait le nécessaire pour que les bons agents du BSI leur tombe tous dessus, le moment venu. Allons, ils ne pouvaient pas organiser une telle fête sans y inviter du monde ! Puis ils seraient tous coffrés, et les petits tuyaux d’Avantyl feraient le reste. Bien sûr, elle enverra un message à ce charmant Gilric pour l’informer de quand tout cela allait se produire, pour qu’il ne soit pas totalement pris au dépourvu, et qu’il puisse leur servir de garantie, au cas où tout ne se déroulerait pas exactement comme prévu. Concernant Setar, en revanche, elle avait déjà une bonne idée en tête de la manière dont elle souhaitait le voir tomber du haut d’une des cheminées de la raffinerie, ou un des grands espaces de stockage du carburant. C’était beaucoup plus raffiné que de simplement lui éclater la figure avec un blaster. Elle devait, cependant, faire avec les désidératas du déchet et le rôle qu’elle devait également tenir, vis-à-vis de lui. Il ne faudrait pas qu’il lui fasse faux bon parce qu’elle aurait été un peu trop… expéditive.

« Cela dépend de toi, de ce que tu es prêt à accepter pour qu’il te foutes la paix, à toi, et à tes proches. » rétorqua-t-elle, en se repenchant un peu plus contre lui, la main posée contre so genoux se faisant un peu plu appuyée dans ses lentes caresses. « Même s’il n’y a qu’une seule manière de le garantir indéfiniment… »

Elle se devait de le sous-entendre, sans le suggérer ouvertement. Tuer Setar règlerait définitivement tous ses problèmes. Le dégoût qu’elle avait pour cet homme, et son envie de protéger Hyun devrait suffire à faire passer l’idée qu’elle était prête à cela, si c’était pour écarter définitivement une raclure comme cet homme.

« Tu vas devoir y retourner ? A la soirée, pour leur parler ? » dit-elle tout à coup à voix basse, pour détourner le sujet avant qu’il n’y songe de trop, appuyant doucement sur ses pensées tout en jouant avec ses propres émotions pour juguler sa révulsion pour sa morale et le fixer d’un regard pétillant et prometteur, « Ou tu veux que l’on s’en éloigne le plus possible ? Que l’on fasse autre chose ? »

L’idée le… Tentait terriblement, c’est vrai… Une bonne part de lui criait, hurlait, suppliait, pour que cette solution-là arrive, pour que ce type disparaisse, une bonne fois pour toute, à jamais… Il regarda longuement Mara, lèvres pincées. Jamais, avec qui que ce soit, il n’aurait songé à une solution pareille ! Surtout de cette manière, dans l’ombre, sans procès, sans… Pourtant, il restait une petit part de lui révulsée à cette idée. Ce n’était pas correct, malgré tout. La justice impériale était là, pour ce genre de cas, c’était elle qui devait s’en occuper. Les exécutions sommaires, dans un coin, ce n’était que refuser le travail effectué par l’Empire. Hyun avait beau de moins en moins apprécier leur gouvernement, ce n’était pas pour ça qu’il se sentait déjà prêt à tout renier. Non, non, il devait… Il devait juste le faire arrêter, c’est tout. Une question qui s’écarta lentement de son esprit, lorsque Mara lui demanda s’il ne devrait pas y retourner. A la fête ? Il ne savait pas trop.

« Ou tu veux que l’on s’en éloigne le plus possible ? Que l’on fasse autre chose ? »

« Leur parler, je… Ça ne sert pas à grand-chose, tout est déjà prévu. »

Il reposa sa main sur celle de la jeune femme, posée contre lui, pour arrêter le mouvement. Même légères, ces caresses le mettaient toujours profondément mal à l’aise. Bien qu’il se sente en confiance, avec elle, qu’il pensait qu’elle ne lui fera pas de mal. Navré, ce n’était pas contre elle, vraiment ! C’est juste que… Bon, c’était comme ça, quoi. Il finit par lui dire que ça serait sans doute mieux que Setar soit emprisonné, d’une manière ou d’une autre. Entre l’envie dévorante de le voir disparaître et passer à l’acte, pour de bon, il existait un gouffre qu’il n’était pas encore prêt à franchir. Tout simplement car il ne l’avait jamais fait, n’avait pas non plus été entraîné pour et se voyait mal agir aussi froidement…. Sur un coup de colère, peut-être réagirait-il différemment ! Mais pas ainsi.

« Je ne suis pas un assassin, » se sent-il obligé de se justifier, alors que le rouge venait doucement colorer ses joues. « Ni un soldat. Je sais que ça sera plus compliqué, si jamais il ne… Mais je ne me sens pas capable de le tuer moi-même. De toute façon, physiquement parlant, il peut largement l’emporter sur moi, en combat. Il a déj… Enfin, bref, je ne serai pas capable de le tuer. Ça m’arrangerait s’il se tuait seul, plutôt, mais bon, on peut toujours rêver… Peut-être l’assommer et l’envoyer seul vers sa destination, sans le carburant. Les Hutts pourraient s’en charger, s’ils voyaient ça. Je ne sais pas trop. Il reste du temps pour y réfléchir. »

Une petite semaine… En soi, c’était peu et énorme à la fois. Il se leva d’un coup, l’esprit toujours embrumé à cause de l’alcool, avec une envie pressante de bouger. Mara pouvait s’en tenir là, si elle le souhaitait, ils se reverront lors du rendez-vous convenu. Mais si elle avait envie de venir marcher, dans le parc, ils pourraient y passer un moment plus tranquille. C’était bien comme elle en avait envie ! Avant d’en arriver au jour promis.

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Dé : Tuer Setar (Lumière, nop).

Intérieurement, Shira poussa un ouf de soulagement à voir Hyun repousser gentiment ses avances. Devoir transformer au lit était la pire des choses qu’elle aurait été forcée de faire. Ce Zuntel était un déchet, en rester là lui suffisait parfaitement. Elle n’aurait pas à simuler quoi que ce soit, plus tard, et pourrait plus facilement profiter de ses soirées avec Gilric, en secret. Tout ceci resterait une distraction utile, qui lui avait permis d’obtenir ce qu’elle souhaitait : elle avait tissé sa toile autour de son pion, de sorte à ce qu’il se sente rassuré par sa présence, attaché à elle, et avait obtenu la localisation du dépôt de carburant ainsi que l’heure à laquelle ils comptaient passer à l’acte. Ça, et l’approbation du déchet pour passer à l’acte et le « sortir » du piège que Setar avait refermé autour de lui. Ce type finirait comme il finirait, elle n’en avait bien rien à faire. Que Hyun ne se sente pas de le faire tuer, c’était son problème. Ce qu’il ne comprenait pas, c’était que le simple fait de le faire arrêter par le BSI, même par des salopards de traitres, ne changerait pas grand-chose à son sort : il serait interrogé, torturé, et finirait peut-être ses jours heureux dans une petite cellule d’une prison paumée. Il avait plus de chance de finir exécuté.

« Ça m’arrangerait s’il se tuait seul, plutôt, mais bon, on peut toujours rêver… Peut-être l’assommer et l’envoyer seul vers sa destination, sans le carburant. Les Hutts pourraient s’en charger, s’ils voyaient ça. Je ne sais pas trop. Il reste du temps pour y réfléchir. »

« On trouvera une solution. Tout ça sera bientôt terminé, » fit-elle, en se redressant à son tour, maudissant au passage ces chaussures fort inconfortables. Heureusement qu’il ne souhaitait pas l’inviter à poursuivre leur ballade, ou plutôt, ne l’interdit pas d’en rester là.

Elle lui expliqua qu’elle comprenait ses réticences, gentiment, avant de lui dire qu’elle allait plutôt rentrer, pour réfléchir à comment le sortir de son pétrin. Un salut aimable, loin des avances qu’elle avait pu faire, et elle se retira. Ou plutôt, feinta de le faire. Elle s’éloigna, disparût de son champ de vision, mais resta malgré tout dans les environs pour le surveiller ; Et découvrir par la même occasion que ses chers collègues ne lui faisaient nullement confiance, au point d’envoyer la brute le prendre en filature… Ces types étaient si prévisibles, qu’elle se mit à observer et prendre la brute à son propre jeu pendant un temps pour vérifier qu’il ne tenterait rien contre Hyun.

Une fois cela assuré, elle prit soin de revenir doucement vers la boite de nuit pour mettre à exécution la suite de son plan. Elle observa un temps les allers et venues, avant de jeter son dévolu sur un type louche Probablement un dealer qui semblait zieuter un peu partout, et qui ferait parfaitement l’affaire pour ce qu’elle avait prévu. D’une poussée dans la Force, elle glissa dans son esprit le besoin impérieux d’aller retrouver Richam à l’étage après avoir décrit l’individu en détail, pour lui dire que la rouquine qu’il avait entendit la rouquine qui trainait avec le petit Hyun discuter de comment ils allaient les doubler lors de la récupération du prochain « chargement ». Une fois le type partit à toute vitesse dans les escaliers menant à la boite de nuit, Shira mit fin à sa petite escapade nocturne, non sans avoir envoyé un message à des contacts fiables pour qu’ils fassent surveiller Hyun, et s’assurent qu’ils ne lui arrivent rien de fâcheux en attendant le jour du vol.




Une semaine plus tard.

Du haut d’un des pipelines qui couraient le long de la zone, Shira observait Richam et Setar avec sa paire d’électrojumelles. Hyun n’était pas loin d’eux, à regarder autour de façon bien peu discrète, mais ne constituait pas l’intérêt premier de la rousse en cet instant. Forcément, et elle s’y était attendue, le duo avait fait renforcer la sécurité, maintenant qu’ils étaient au courant que l’on allait tenter quelque chose contre eux. Discrets, les quelques hommes de main étaient répartis à des endroits plus ou moins stratégiques, en embuscade. Ils ne représentaient pas un grand danger pour elle, de toute façon. Elle s’inquiétait un peu plus des sbires que les types du BSI allaient envoyer pour régler cette affaire, et qui ne semblaient pas pointer le bout de leurs nez. Du moins, c’était ce qu’indiquait son petit scanner, posé à côté d’elle. Elle avait laissé des messages anonymes aux responsables qui avaient étouffés les avertissements de Richam concernant les actions d’Avantyl sur Taris, les informant que le petit Zuntel et ses partenaires s’apprêtaient à commettre leur méfait. Pour s’assurer qu’ils marcheraient dans le piège, elle avait même approché l’un d’entre eux ces derniers jours, pour lui suggérer qu’agir était dans l’intérêt de leurs associés.

Le scanner se mit finalement à s’agiter, signe qu’il était temps d’agir. Shira laissa tomber sa paire de jumelles à même le sol, avant de briser le scanner et laisser ses accessoires derrière elle. Ne gardant que ses faux papiers et codes, elle descendit de son perchoir et se faufila rapidement mais discrètement jusqu’au site situé non loin. Là, elle prit soin de neutraliser un à un les sbires embauchés par Richam ; en silence, sans prendre le risque de les laisser en vie. Puis elle s’avança vers la plateforme, en prenant soin de raser les barils pour se rapprocher des autres. Là, elle croisa le regard de Hyun, et lui fit signe du doigts de ne surtout rien dire. Dégainant son blaster du holster qu’elle avait à la cuisse par-dessus son pantalon, elle surgit tout à coup de derrière une caisse pour décocher deux tirs paralysants à bouts portants sur Setar et Richam, dont les corps s’écroulèrent comme des sacs sur le sol de la plateforme.

« Ca va, Hyun ? Tu n’as rien ? » lâcha-t-elle à l’égard de Zuntel en faisant le tour de la caisse, son arme pointée vers les corps assommés de Setar de de Richam. « J’ai vu qu’ils avaient engagés des gars. Ils s’attendaient à ce que je débarque ou quoi ? »

Là, Shira donna un coup de pied contre les jambes des deux commanditaires pour s’assurer qu’ils étaient hors-jeu pour un temps. Ce n’était pas prévu que ça se passe aussi bien aussi vite. La situation ne l’arrangeait pas vraiment, ayant compté sur Richam pour balancer aux types du BSI qu’elle aussi était dans le coup… Bon, elle allait trouver autre chose, ils n’allaient pas tarder. Elle pouvait toujours tenter de flouer leurs esprits pour qu’ils ne les séparent pas.

« Bon, euh, tu es vraiment sûr que tu ne veux pas t’en débarrasser tout de suite ? » demanda-t-elle une fois de plus à Hyun, en se tournant à nouveau vers lui, cette fois-ci pour gagner du temps et rien d’autre. « Sinon on les jettent dans le vaisseau, et on les envoient chez les Hutts sans le chargement. Qui sait ce qui leur arrivera ensuite. Mais si jamais ils venaient à revenir, alors je serais toujours là pour t’aider, d’accord ? … Alors, on fait quoi ? »

Elle était prête à faire ce qu’il choisirait, ça n’avait de toute façon aucune importance. Ils allaient se faire serrer à tout instant, de toute façon. Conformément au plan.


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Lancer de dés
Tirs sur Setar et Richam : 4 (-5 selon Scourge).

La bataille est très vite terminée, laissant Hyun aussi choqué que secoué. Mais son sentiment change, en voyant Setar inconscient, paralysé au sol… Assez pour se décider, pour enfin changer d’avis et se décider, sous le coup du stress et de l’adrénaline, à enfin vous demander de vous débarrasser de lui. A jamais, pour de bon. Bien sûr, pour vous, ce n’est plus qu’une simple formalité, bien plus ce qui s’apprête à suivre, car les agents du BSI ne tardent plus à vous tomber violemment dessus.

Huyn et vous êtes très vite séparés, dans l’affaire. Un simple détail, pour le moment, car le plan fonctionne tel que prévu. Il ne vous reste désormais plus qu’à enclencher la suite des opération, sur taris elle-même, y mener enfin le ménage tant désiré par l’Empereur.