La salle en amphithéâtre était comble, l’agitation croissante, pas mal de crs, fait inhabituel pour une communauté pourtant si calme, d’ordinaire. Du moins, quand on ne venait pas trop l’asticoter. Naboo était pourtant très paisible, rares étaient les coups d’éclat de ce genre dans la sphère politique, plus particulièrement encore car il s’agissait de la planète natale de l’Empereur. Le Parlement était en ébullition, ce matin-là, les nouvelles lois passant peu à peu, décidées en petit comité quelques temps plus tôt, avaient l’art de soulever une communauté jusque là relativement épargnée par les ennuis de la galaxie. Le colonel venait d’entrer dans la salle, où la reine parlait aux parlementaires et tâchait de les apaiser. Exercice délicat, s’il est un… Beaucoup, dans ces rangs serrés de politiciens, dignitaires et diplomates, étaient des soutiens de la Rébellion, et tous savaient très bien qu’ils étaient maintenant dans le viseur de l’Empire, la peur se répandait, le tollé n’était pas loin. Le silence, cependant, tomba presque d’un coup lorsque les « uniformes blancs » s’avancèrent dans la salle. Réaction prévisible, il pouvait presque sentir la méfiance, le rejet et la peur de beaucoup, c’était si palpable.

Le colonel n’était pas venu sur cette planète pour s’y amuser mais pour deux raisons, la première étant la poursuite de la mission principale du BSI. Les rangs de la Marine nettoyés, ils s’en prenaient maintenant aux rangs d’une foule plus nombreuse, plus pernicieuse, plus fourbe et plus compliquée à attaquer. Leur intervention fut à la fois brève et claire. L’Empire ne comptait plus laisser les politiciens corrompus continuer impunément de pourrir de l’intérieur la vaste machine impériale et le BSI était là pour y veiller. Cette planète, comme tant d’autres, n’échappera guère au nettoyage. Le colonel indiqua d’un ton parfaitement neutre, voire froid, que ni les rangs hauts placés ni les relations sociales ne seront des freins pour son service. Ceux qui n’avaient rien à se reprocher n’avaient rien à perdre, ceux qui tenteront de fuir ou de dissimuler des informations en paieront le prix. Avant de quitter le Parlement, il se tourna vers la reine, la salua avec respect, puis sortit avec ses hommes. Une fois de plus, la chasse à la corruption était lancée. Et une fois de plus, il savait que ce ne sera qu’une goutte d’eau dans l’océan. S’il existait bien un mal difficile, voire impossible à éradiquer, c’était celui-ci.

Au-dehors, le soleil brillait presque durement sur la capitale. On y voyait plus d’uniformes impériaux et de stormtroopers sillonner la ville, et surtout, une présence bien plus accrue que de coutume du BSI. Leurs tuniques blanches n’étaient pas conçues pour passer au maximum inaperçues, bien au contraire, et leur présence ici signifiait qu’une fange de la population allait passer un très mauvais quart d’heure. L’organisme traînait derrière lui une réputation sinistre. Wullf stoppa à un des points de vue culminant de la ville, posant une main sur le balcon de pierre avec un léger soupir. La lutte anti-corruption était quotidienne, ils continuaient encore et encore, sans aucune fin. S’il croyait encore à la nécessité de ce travail, il croyait en revanche de moins en moins en qui donnait les ordres et en la nouvelle direction prise par l’Empire. Ces derniers mois, surtout, avaient été durs, et en se regardant dans une glace, le colonel avait le sentiment d’avoir vieilli de dix ans d’un seul coup. Il ne cessait de songer à la lubie de l’Empereur concernant la princesse, cette inquiétude lui pesait, le rendant amer et lointain.

Naboo elle-même était part de cette triste histoire. Il glissa doucement la main sur la pierre avant de reprendre son chemin et se rendre à la Bibliothèque royale, où il devait rencontrer un vieil allié. Sur le chemin, plongé dans ses pensées, il ne fit que peu attention à ceux qu’il croisait, restant indifférent aux regards méfiants ou effrayés qu’on pouvait lui jeter. La lassitude guidait pour le moment ses pas, il se sentait vieux et inutile, face à cet empire qui ne cessait de courir droit vers sa propre destruction, se sentant complètement désarmé, impuissant. Il traversa ainsi la bibliothèque, avant d’entrer dans une salle de lecture assez vaste et très belle, à l’image de la planète. Un vaste balcon était ouvert, avec de légers rideaux en voile dans des tons chauds, offrant beaucoup de lumière et une vue imprenable sur la ville. Quelques tableaux représentant des étapes de vie importantes pour la planète, ou les reines s’étant succédées, étaient accrochés au mur. Une salle où personne ne se trouvait, mis à part l’amiral Thrawn.

« – Bonjour, amiral. Vous semblez en forme. »

Il prit une pomme dans la corbeille au passage puis s’arrêta près du balcon, regardant un instant le tableau représentant la jeune reine Amidala, une peinture faite à la fin de son mandat de reine, selon ce qui était écrit dessous. Cette femme ignorait bien tous les soucis que causaient aujourd’hui son époux et surtout sa fille… Elle ignorait qu’elle avait pris part malgré elle à la naissance de nombreux troubles.

« – Le dernier site de notre ami scientifique commun a été détruit, ses collègues ont tous été arrêtés. J’ai fait lever la procédure d’alerte concernant votre assistant. Nous pouvons au moins tirer un trait sur cette histoire… Jusqu’à la prochaine, bien entendu. L’Empire ne va pas très bien. »

C’était bien là le problème, en ce qui concernait les Siths déjà présents dans cette époque, peu importe d’où ils venaient, de quelle époque ils étaient, ils ne pouvaient rien contrôler, n’avoir aucune assurance, ou même simplement aucune préparation ! Car ils n’avaient pas les informations nécessaires… Des informations pouvant être détenues par qui, aujourd’hui, où les trouver ? Peut-être dans les archives Jedis… Dont les propriétaires étaient actuellement leurs ennemis également. Ils tournaient en rond, vivant chaque jour avec le couperet au-dessus de la tête et la crainte que la lame tombe une seconde fois, aussi tranchante qu’elle avait pu l’être durant la pandémie ! Le colonel baissa les yeux sur la pomme qu’il tenait entre les mains, plus pour s’occuper que par faim. En s’asseyant, il reposa le fruit sur la table, regrettant de n’avoir pu profiter de la trêve, pendant la maladie, pour parler de tout cela avec les autres factions. En ayant été lui-même coincé au fond d’un lit d’hôpital, l’opération s’était révélée impossible. Une occasion manqué grave, à ses yeux, et plus encore avec ce qu’il avait appris récemment. La menace Sith, contre l’Empire, ne lui avait jamais apparu aussi élevée.

« – Puis-je savoir ce qui vous inquiète tant, colonel ? »

« – Vous le savez déjà très bien, ce n’est pas un sujet nouveau. Et ce n’est devenu plus grave que récemment. »

Récemment car il n’incluait pas la pandémie dedans. Cette maladie terrible avait surpris et terrorisé tout le monde, y compris les Siths, car si ces derniers étaient très certainement tous au courant des petits talents de leur confrère, le colonel doutait franchement qu’un seul d’entre eux ait pu se douter de l’ampleur du désastre qu’il pouvait causer. Par la suite, qu’on veuille intégrer plus en douceur des adeptes de la Force et du Côté Obscur dans la Marine et le fonctionnement de l’Empire en général, pourquoi pas, à la rigueur, sauf lorsque cela partait dans des directions dangereuses, et au final, autodestructrices ! Vader, seul, était instable émotionnellement, et s’il savait se faire respecter, il avait encore en lui une part incontrôlable, que même le colonel était capable de voir. Cette part, il l’avait vu grandir, s’épanouir comme un poison dans le cœur du jeune Anakin, durant la Guerre des Clones, aujourd’hui, elle couvait en lui en permanence. Il avait des qualités, bien sûr, mais toujours avec cette instabilité, ceux qui l’avaient souvent côtoyé, et qui y prêtaient attention, étaient capables de le percevoir.

Il ne savait pas comment aborder le sujet, ni comment jouer avec tous ces nouveaux paramètres sans faire de grosses erreurs. Autant il avait su vite et bien s’adapter en luttant aux côté des Jedis, autant il ne parvenait pas à trouver le bon pas avec les Siths. Vader, maintenant sa fille… Cela passait mal. Yularen, ne pouvant rester tranquillement assis pour le moment, se releva, marchant un peu vers le balcon ouvert. Ils avaient à bord le jeune homme, là-haut… Le colonel n’était pas encore passé à l’acte, c’était encore trop tôt, et il hésitait aussi sur la conduite à adopter. Une part de lui voulait être franche et honnête avec le petit, par souci d’efficacité et par volonté d’atténuer au maximum les dégâts, quand bien même juste y penser serait une trahison pure et simple. Une trahison envers l’Empereur, peut-être, pas envers l’Empire, cela dit. Amener plus de souplesse et de démocratie au sein du régime, un espoir qui s’éloignait chaque jour un peu plus. Après un long instant de silence, il se tourna à nouveau vers son interlocuteur. Il avait bien plus confiance en lui qu’en le Grand Amiral Declann, par ailleurs, il était déjà impliqué dans une part de cette histoire.

« – Des mesures ont été prises pour intégrer plus en douceur les adeptes de la Force dans la machine impériale. J’entends bien sûr par là ceux baignant dans le Côté Obscur, pas forcément des Siths, mais des sortes d’armes ou pantins. Et parmi eux, il y a des éléments moins contrôlables que d’autres. L’Empereur joue avec le feu, vous le savez aussi bien que moi. Il y a des sujets dont les personnes de confiance doivent être mises au courant. »

Il revint enfin s’asseoir, reprenant son calme et un rythme de respiration régulier. Au fond, c’était assez ironique. Les Jedis étaient leurs ennemis déclarés, ils étaient accusés de tous les maux possibles, ils étaient pourchassés, traqués, emprisonnés, et c’était pourtant bel et bien en eux que le colonel portait une partie de sa confiance. C’était en un jeune Jedi qu’il fondait son principal espoir du moment, pas seulement pour cette « petit » affaire, mais aussi pour la suite. Pour le futur. Pour éviter ou détruire des menaces sérieuses émanant des Siths. Il espérait secrètement, somme toute, qu’un nouvel Ordre Jedi soit fondé, afin de faire barrage aux fous furieux comme Plagueis.

« – Vous connaissez Anakin Skywalker. Il y a vingt ans, il avait épousé en secret la sénatrice de Naboo, et ancienne reine, Padmé Amidala. Il est connu maintenant qu’ils ont eu un fils, et que cet enfant est aujourd’hui un Jedi, pour l’histoire en bref. Mais ce n’était pas tout, Padmé avait donné naissance à deux enfants, des jumeaux. Le second enfant est une fille, Leia, adoptée par le vice-roi d’Alderaan, pendant que son frère était emmené sur Tatooine. Le problème est que ces deux gamins ont hérité de la même sensibilité à la Force que leur père. Et si Luke est relativement stable, sa sœur ne l’est plus du tout, depuis quelques mois. Or, elle a sombré à son tour. Si Vader est détruit, physiquement, cette femme, elle, est en pleine forme. L’Empereur l’entraîne en secret depuis des mois. Vous imaginez ce que cela peut donner, à terme ? »

« – Oui, je suis au courant de l'histoire de la famille des Skywalker, enfin de celle de ceux de notre présent. Concernant la princesse, je doute que l'Empereur veuille en faire une seconde Vador. Il sait qu'elle saurait, mieux que son père, gérer la politique et s'attirer les soutiens nécessaires pour organiser un coup d'état. Son but n'est nul autre que de diviser la rébellion pour la détruire de l'intérieur, étant incapable de la vaincre lui-même. »

Bien évidemment, que c’était pour cela, et c’était un plan qui pouvait parfaitement fonctionner. L’Alliance Rebelle ne pouvait que sortir brisée de cette affaire, éclatée en des dizaines de groupes, comme il y a plus de quinze ans de cela. Le Grand Moff en était ravi par avance, bien entendu, tout comme les rares personnes à être au courant de cette affaire. En un sens, c’était un très bon plan, personne ne pourra soupçonner la princesse d’Alderaan avant qu’il ne soit trop tard, d’autant plus qu’il restait des « révélations » à utiliser contre les rebelles. Le colonel soupira légèrement, tout en jetant un nouveau regard au portrait de Padmé Amidala. Elle devait s’en retourner de sa tombe, si elle pouvait assister à ça d’où elle était aujourd’hui… Son mari qui avait perdu la raison, c’était le cas de le dire, sa fille qui suivait le même chemin, et la smala toute entière qui n’était pas très nette. Un rictus ironique flotta un instant sur ses lèvres, vite effacé. L’Empire aussi pouvait vaciller, comme la Rébellion… Pour lui, les Siths étaient pour le moment l’ennemi principal, quoi qu’on en dise.

« – Ce qui me fait penser. Qu'est devenu Luke Skywalker ? J'ai entendu l'annonce de sa mort, sûrement suite à une trahison de sa sœur probablement, mais les ordres sont de capturer les jedi vivants, non de les tuer. »

« – Il est vivant, bien sûr. Sa sœur l’a effectivement trahi et vendu à leur père. J’aime beaucoup l’amour filial qui se dégage, chez eux. »

Un léger rire lui échappa, un rire sans joie et teinté d’une certaine lassitude. Il secoua un peu la tête, en se renfonçant contre le dossier du fauteuil. Il y en avait, pourtant, un certain amour, si on voulait aller par là, ils en avaient déjà eu des preuves par le passé. Tel que Vader, par exemple, qui s’était déjà révélé incapable de tuer son propre enfant. C’était là-dessus que Yularen comptait le plus, ainsi que sur le caractère du jeune garçon. S’il ressemblait au moins un tant soit peu à son père au même âge… Ou à sa mère, ce qui ne serait pas plus mal, on pourra avancer, construire quelque chose. Nouveau soupir… Si seulement la République avait su évoluer, avant qu’il ne soit trop tard. Avant que Palpatine ne devienne Chancelier.

« – Tarkin l’a gardé un temps prisonnier puis a fait liquider son oncle et sa tante. A croire qu’il fait tout son possible pour que le gamin se décide à suivre la voie des Jedis, comme sa sœur celle des Siths. C’est nous qui le gardons, à présent. Il est là-haut, drogué et assommé dans une cellule. Il y a des personnes, dans cet Empire, qui auront à jamais l’art et la manière de se créer seuls leurs propres ennemis. On aurait pu éviter ça. »

Ils savaient ce que l’enfant pouvait devenir et pourquoi. Or, jusqu’ici, ils avaient eu la chance incroyable que le petit ne soit pas plus décidé que ça à être vraiment un Jedi, même s’il était déjà membre de la rébellion. Or, coup sur coup, c’était l’Empire lui-même qui le poussait à se tourner complètement vers la Force et la voie de l’Ordre, fabriquant ainsi tout seul comme un grand un de ceux pouvant contribuer à le détruire. Bravo. Définitivement bravo ! Le colonel eut une petite grimace incroyablement blasée, en se demandant quelle sera la suite. Maintenant, on pouvait s’attendre au pire !

« – Quand je serais de retour sur le Chimaera, je vous ferais parvenir quelques ysalamiris. Cela vous sera toujours utile à l'avenir. Pour le reste, vous avez raison. Il y a une capacité innée chez les sith à se créer des adversaires et à accroître ce nombre sans arrêt. Après tout, leur propre code tend à cela, au final. »

Qu’importe, ce qui les poussait à agir ainsi, ce n’était qu’une manière de plus de signer soi-même son propre arrêt. Des Empires comme celui-ci, il y en avait eu d’autres, par la passé, tous étaient tombés, Yularen avait au moins pu se renseigner sur ce sujet… Des empires forts, voire plus que celui-ci, et qui pourtant s’étaient aussi effondrés face à une résistance active. Il n’y avait pas d’illusions à se faire, en poursuivant sur cette route, ce régime tombera lui aussi, le colonel en était certain. Et dans un sens, ce ne sera pas forcément plus mal, tant qu’il en sortait autre chose, République ou Empire, qui n’ait pas de Sith à sa tête. Peut-être tous n’étaient-ils pas ainsi, il n’en savait rien et ne voulait guère s’y intéresser plus. Bien plus que Palpatine ou Vader, c’était le nom « Plagueis » qui filait dans toutes les têtes, associé à l’ordre Sith, associé à la destruction, la maladie et la mort. Ah bon sang, penser au Muun lui donnait envie de vomir, n’importe qui était plus agréable que ce spectre ricanant. Jamais il ne comprendra pourquoi aucun autre Sith n’avait eu l’idée plus tôt de le tuer puis sceller corps et âme au plus profond d’une planète avec toutes les protections possibles.

« – En dehors de cela, quelles sont les nouvelles ? »

« – Je vous épargnerai les heures de discussion consacrées à la politique. »

Il savait ô combien cela pouvait assommer les soldats, il fallait en plus parfois beaucoup de paroles versées avant de parvenir au concret. Un petit sourire amusé flotta sur ses lèvres, l’espace d’un instant, pendant qu’il se frottait longuement les yeux, avec le vague espoir d’en chasser la fatigue. Lui-même n’aimait guère les politiciens, devant par contre les connaître et les comprendre, son chemin croisait les leurs en permanence, dans le cadre du travail… Comme ici même, sur Naboo, où ils venaient de débuter. Wullf redressa la tête, assez pensif tout à tout.

« –Un certain ménage a déjà été mené dans les rangs des soldats Impériaux, un autre débute dans les rangs des politiciens. Toujours la même lutte, contre la corruption, j’ignore si nous en verrons le bout un jour, mais au moins, les choses progressent. Fel a refait parler de lui, d’ailleurs, vous saviez ? Sur Corellia, toujours avec le même gamin Chiss. »

Et toujours en s’attirant des ennuis, bien entendu, ça ne l’étonnait même plus. De toute manière, les meilleurs pilotes étaient souvent aussi les plus suicidaires, il fallait en tenir une sacré couche pour accepter de voler, et surtout combattre, dans les fragiles TIE de l’Empire. Yularen n’avait par contre plus en tête si le pilote avait été arrêté ou non, tiens, il devra revérifier ça. Ces derniers temps, il avait eu autre chose en tête et n‘avait même pas pris la peine d’approfondir le sujet.

« – Je ne sais même plus s’il a finalement été capturé ou non… Il ne sera probablement pas exécuté sur le coup, l’Empire espère encore le récupérer, il ne partage pas réellement les idéaux de la rébellion. Il était normalement sous votre supervision, lors de sa désertion, n’est-ce pas ? »

« – Si c'est le cas, confiez-le moi. D'ailleurs, si vous trouvez d'autres soldats qui sont loyaux envers l'empire mais ont du mal avec les sith, n'hésitez pas non plus. Je les confierais à Parck et saurais à les rendre utile dans les Régions Inconnues. »

Le colonel avait souvenir que l’ex-sergent se trouvait bel et bien affecté à la septième Flotte, au moment de sa disparition, c’était lors peu de temps avant l’explosion de Manaan… Il avait pris son datapad pour vérifier cette donnée, et aussi se mettre une alerte pour s’assurer si Fel avait été capturé ou non, plus tard. Il allait d’abord réglé une petite affaire, puis s’occupera du cas de mister Soontir Fel. Ce dernier passera très certainement devant une Cour Martiale, cela dit, il était de coutume, dans la Marine, de laisser aux anciens responsables ou officiers supérieurs d’un déserteur d’avoir droit de regard ou de décision sur son sort, en cas de capture. Pas vraiment une règle, juste une sorte de tradition qu’on perpétuait depuis déjà au temps de la République. La seule différence était que les déserteurs, sous l’Empire, avaient généralement beaucoup moins de chances de survivre. Fel était, d’ailleurs, lui aussi un cas un peu particulier… Si Thrawn estimait pouvoir s’en servir, soit, le colonel lui faisait confiance là-dessus. Quant au reste, il n’y réagit pas. Ce sera du cas par cas, dorénavant. Le BSI n’avait pas tous les pouvoirs pour décider du sort de certains prisonniers, quand bien même ils pouvaient aider le destin.

« – Concernant les politiciens, je me demande s'il ne s'agit pas d'un stratagème de Palpatine pour se débarrasser de ceux qui sont contre l'Ordre Sith plus que de remplacer les incompétents et ceux qui sont réellement corrompus.. »

« – Non, les purges sont régulières, même si les plus importantes, comme celle-ci, sont rares. La dernière date d’avant votre arrivée dans l’Empire. Il faudra de toute façon du temps avant de mettre en place les nouvelles mesures, le Grand Moff Tarkin souhaite mieux dissocier les pouvoirs politiques et militaires, il en a assez de certaines histoires, dans la Bordure Extérieure. Notre brave confrère a changé, lui aussi, récemment. Il est devenu encore plus dur, je n’aurai pas cru cela possible. »

Ce n’était pas pour se moquer, le colonel était sincèrement étonné de voir ça. Tarkin n’avait jamais été un tendre, bien évidemment, pour autant, jamais il n’avait dégagé autant de froideur et d’insensibilité que ces derniers mois. Le changement n’avait pas été du tout brutal, de fait, presque personne ne l’avait noté, il fallait vraiment le voir ou lui parler souvent pour y prêter attention. Une âme, déjà si froide, qui s’était de plus en plus glacée.

« – C’est un détail, cela dit… je vérifierai le cas de Fel et vous l’enverrai, s’il a vraiment été capturé. Avec le petit, si possible. Entre nous, je préfère éviter autant que possible que le nouveau service d’Isard ait sous la main des gamins déjà bien entraînés à la Force. Il doit déjà savoir combattre, en plus de ça, avec la Guerre des Clones. »

Tout ce qui pouvait ralentir les Siths était bon à prendre, somme toute, et il n’était guère le seul à penser ainsi. Mais bref.

« – Qu’en est-il de votre avancée, dans l’Espace Sauvage ? »

« – Les préparatifs sont finis. J'ai commencé à inciter les mondes à venir participer à mes négociations pour leur intégration. Dans le même temps, je prépare des entraînements à plus grande échelle que d'ordinaire. J'ai le sentiment que nous pourrions être amenés à mener des batailles plus importantes que ne le présage l'Empereur. »

Mmh, possible, si on se fiait aux dernières informations reçues, sans oublier les menaces dont ils n’avaient pas encore clairement identifiés la source… Enfin, tant que des actions concrètes se mettaient en place, c’est ce qui importait. Sur le plan militaire, le plan politique, et aussi un plan plus… spécifique, allons-nous dire. Le colonel releva brièvement le regard de son datapad vers l’amiral quand il ajouta ne vouloir lancer aucun assaut avant un an, songeant que même si ce laps de temps en sera pas suffisant pour la plupart des mondes, il sera en revanche assez pour lancer certains projets plus officieux. Qu’il n’y ait, durant ce temps, pas de réels conflits à grande échelle dans l’Espace Sauvage ne pourra que les aider. Comme quoi, même si la situation pouvait empirer, il y avait toujours des points d’arrangement, volontaires ou non, les aidant. Ce qui lui amenait autre chose en tête… Il devra vérifier cela aussi toute à l’heure et prendre ses dispositions. Thrawn menait en ce moment une opération des plus intéressantes, par l’avenir, ce sera une base parfaite pour travailler. Il faudra cependant être très patient.

« – Cela occupera aussi une partie de la rébellion. Des nouvelles des Jedi ? »

« – Pas pour tous, certains ont disparu des radars… La Jedi Surik, par exemple, ne se fait pas remarquer. Idem pour la Jedi Jinzler et pour Nat Skywalker, ils ont disparu environ au même moment. Kenobi a été repéré dans l’Espace Sauvage puis a de nouveau disparu. Ceux dont on entend le plus parler, ce sont Luke Skywalker et Ezra Bridger. Quant à la petite qui était aussi recherchée il y a un moment, Feesa, on ignore ce qu’elle est devenue, depuis la pandémie. »

Cela dit, ça ne l’inquiétait pas, s’il y a bien une chose que le colonel avait apprit, en travaillant avec les Jedis, c’est qu’ils finissaient toujours par re-pointer le bout, tôt ou tard, il suffisait de patienter. Il fit rapidement une copie de l’état des lieux actuels et les informations qu’ils disposaient pour le moment sur les membres de l’ordre Jedi, puis mit le tout sur une petit datacarde cryptée, qu’il tendit à l’amiral Thrawn.

« – Il est plutôt compliqué de réunir des information sur les non-natifs de cette époque, mis à part ceux qui viennent d’un passé tout de même proche, comme Jinzler et Nuru. L’Empereur a pu nous en dire plus sur l’enfant, on sait qu’il a été récupéré à trois ou quatre ans dans une capsule de sauvetage, aux frontières des Régions Inconnues. Quant à Jinzler, elle était aussi partie vers les Régions Inconnues dans un projet de dingue, soutenu par le Jedi le plus cinglé qui soit à l’époque, mais bref, tout cela appartient au passé. Des informations sont peu à peu réunies sur tous ceux dont nous sommes sûrs de la présence dans cette époque. »

C’était évidemment plus facile pour les quelques noms qui avaient marqué leur Histoire à leur époque, d’autant plus avec ceux qui avaient eu la gentillesse de se présenter, lors de la pandémie. Surik avait certes eu l’intelligence de ne toucher que trois mots mais ça, ce n’était pas le cas de tout le monde. Prendre soin de dire qui on était, lorsque vos ennemis éternels se trouvaient dans la même pièce que vous, c’était parfaitement idiot. D’autant plus que les Jedis du passé avaient un grave handicap, en comparaison à ceux venus du futur. Ils ne pouvaient savoir les informations récoltées sur eux à leur époque et gardées depuis en archive, pour resservir aujourd’hui.

« – Qu’avez-vous obtenu comme informations, de votre côté ? »

« – D'une part, une jedi serait venue sur Odessen et a croisé le capitaine Calista, comme vous le savez. Plus intéressant, il semblerait que mon peuple ait retrouvé un vaisseau de l'ancienne république, appelé "Vol vers l'Infini". Il n'y aurait plus personne en vie dessus, maintenant. Je ne l'ai pas signalé car l'épave se trouve sur le territoire de l'Ascendance Chiss : ils n'accepteront pas la venue d'un vaisseau impérial à son niveau. »

Tiens donc… Voilà donc qui signait pour de bon la fin d’une Histoire débutée il y a plus de trente ans, une fin tragique, comme on pouvait s’y attendre, plus personne ne se faisait encore d’illusions. Leur amiral avait donc encore des contacts avec son peuple, exilé ou non, s’il avait pu apprendre cette histoire, peut-être avec la femme vue au bal ? Cela dit, c’était un détail, leurs voisins éloignés n’avaient jamais manifestés aucune intention de se frotter à l’Empire, que ce soit en bien ou en mal, bien au contraire. Si Yularen pensait bien que le vaisseau s’était écrasé depuis très longtemps, il trouvait en revanche curieux que ce qui restait du projet n’ait jamais été localisé beaucoup plus tôt, sur quel genre de monde désert ce projet de fous avait-il trouvé sa fin ? Et si par miracle, des personnes avaient pu survivre au crash, il ne doutait guère qu’elles n’aient pu tenir longtemps, perdues dans les Régions Inconnues, isolées de tout, sans aucun espoir d’en réchapper. Vous parlez d’une triste histoire… Il détestait de voir autant de vie gâchées pour rien. Une voile de tristesse vint un instant assombrir son regard, l’espace d’un court instant. Tant de personnes mortes… pour rien.

« – Je n'ai, par contre, trouvé aucune mention de cet appareil dans les bases de données. Sauriez-vous quelque chose à son sujet ? »

« – Toit ceux qui ont au moins quarante ans se souviendront ça, sur Coruscant, ça avait fait beaucoup de bruit, à l’époque. Une parfaite histoire de fous. Un vaisseau complètement démesuré, structuré autour d’une énorme partie centrales et de six vaisseaux autonomes autour, un genre de monstre obèse de l’espace où ont embarqué des milliers de personnes, des familles toutes entières, avec l’équipage et une poignée de Jedis. Leur trace s’est perdue quand ils sont parvenus aux Régions Inconnues. J’ignore qui ou quoi leur est tombé dessus mais ça a dû être violent. »

Le colonel s’interrompit un bref instant, les yeux fermés, deux doigts contre la tempe, avec un léger soupir. Il était couru d’avance, en tout cas à ses yeux, à cette époque, qu’aucun des passagers ayant embarqué dans ce monstre ne reviendra vivant. Au début, pourtant, les rapports reçus n’étaient pas mauvais. Jeune officier encore, Yularen en avait vu passer quelques uns, la Marine Républicaine s’était elle aussi beaucoup intéressée à ce projet.

« – C’était un maître jedi qui était à l’origine de ça… Je ne l’ai croisé qu’une fois ou deux, il ne donnait pas une bonne impression. Puissant, ça oui. Doué en politique, c’est indéniable. Mais aussi arrogant, très sûr de lui, autoritaire comme jamais, le cœur bien sombre, pour un Jedi. Un type infect… Tout le monde se doutait que ça allait mal se terminer. Avec le recul et ces… nouveaux éléments, j’en viens à me demander si ce Jedi en était encore vraiment un. En tout cas, il frôlait la psychopathie, lors de leur départ. »

Pas une mort qu’il allait pleurer ou regretter. Et la Force n’avait pas jugé ramené bon de ramener parmi eux ce cinglé, auquel cas ils le sauraient déjà, un très bon point pour elle. Un maigre sourire étira son visage fatigué à cette pensée, tandis qu’il refermait un peu les yeux.

« – Cela dit, ça n’a plus une réelle importance, cette affaire remonte à trente ans, et puisqu’il n’y a pas de survivant, autant la laisser au passé. Seule Jinzler, aujourd’hui, pourrait sans doute dire ce qui est arrivé, si elle n’est pas morte avant la fin du voyage. J’ai su plus tard qu’elle avait été envoyée là-bas pas seulement pour surveiller son maître mais aussi parce qu’elle est douée à comprendre les autres peuples, leurs cultures, qui ils sont. Un talent rare, de nos jours. Votre peuple a fait détruire ce qui restait du vaisseau ? »

« – Toit ceux qui ont au moins quarante ans se souviendront ça, sur Coruscant, ça avait fait beaucoup de bruit, à l’époque. Une parfaite histoire de fous. Un vaisseau complètement démesuré, structuré autour d’une énorme partie centrales et de six vaisseaux autonomes autour, un genre de monstre obèse de l’espace où ont embarqué des milliers de personnes, des familles toutes entières, avec l’équipage et une poignée de Jedis. Leur trace s’est perdue quand ils sont parvenus aux Régions Inconnues. J’ignore qui ou quoi leur est tombé dessus mais ça a dû être violent. »

i]Il est amusant que Thrawn, qui écoutait le colonel avec le plus grand sérieux, était tout à fait capable de lui expliquer ce qui était arrivé à cette expédition. Après, il ne pensait pas que "violent" soit adapté pour le décrire. Et puis, bon, c'était peut-être un peu tôt pour tout expliquer au BRI. Palpatine était tout à fait au courant de ce qui s'était passé, ce que Thrawn avait compris une fois que l'empereur ait annoncé être Darth Sidious.[/i]

« – C’était un maître jedi qui était à l’origine de ça… Je ne l’ai croisé qu’une fois ou deux, il ne donnait pas une bonne impression. Puissant, ça oui. Doué en politique, c’est indéniable. Mais aussi arrogant, très sûr de lui, autoritaire comme jamais, le cœur bien sombre, pour un Jedi. Un type infect… Tout le monde se doutait que ça allait mal se terminer. Avec le recul et ces… nouveaux éléments, j’en viens à me demander si ce Jedi en était encore vraiment un. En tout cas, il frôlait la psychopathie, lors de leur départ. »

Un fou, oui. Il a juste été dépassé par ses propres capacités. C'Baoth en est devenu à croire avoir la réponse à tout et être le seul digne de diriger. C'est un peu ce que certains ont cru au sujet du chiss, d'ailleurs. Lui-même trouvait ça absurde car il n'avait jamais eu l'intention de devenir un Suprême Leader ou un truc du même genre. Il n'avait jamais souhaité qu'une seule chose et agira dans ce but, au contraire du vieux maître jedi qui avait perdu ses buts.

« – Cela dit, ça n’a plus une réelle importance, cette affaire remonte à trente ans, et puisqu’il n’y a pas de survivant, autant la laisser au passé. Seule Jinzler, aujourd’hui, pourrait sans doute dire ce qui est arrivé, si elle n’est pas morte avant la fin du voyage. J’ai su plus tard qu’elle avait été envoyée là-bas pas seulement pour surveiller son maître mais aussi parce qu’elle est douée à comprendre les autres peuples, leurs cultures, qui ils sont. Un talent rare, de nos jours. Votre peuple a fait détruire ce qui restait du vaisseau ? »

"Non et je ne pense pas qu'il le fera. Ce vaisseau possède une technologie supérieur à une grande part des civilisations des Régions Inconnues."

Bon, les chiss la dépassait sur certains points mais pas tous. La flotte de défense allait surement étudier l'épave pour améliorer leurs savoirs, sans compter ce qu'un accord avec Thrawn pourrait leur apporter. Le reste des peuples, par contre, n'était pas si évolué. C'est grâce à cela qu'il a pu attirer les vagaaris dans son piège, par l'attrait d'une technologie si avancée qu'ils ne pourraient de vouloir se jeter dessus afin de pouvoir écraser tout le monde, y compris les redoutés chiss.

"Quand à ce que cette expédition a pu rencontrer, je dois admettre qu'on peut faire de curieuses rencontres dans les Régions Inconnues. Figurez vous que, moi-même quand j'avais une partie de notre frontière à protéger, je suis tombé sur un groupe de vaisseaux se proclamant de la "Fédération du Commerce". Leur chef était d'une rare arrogance et j'ai du détruire leur trois croiseurs, leur transport de chasseurs droïds, un de leurs gros vaisseaux ronds avec une passerelle en forme de boule, après avoir neutraliser tous ces chasseurs avant qu'ils ne se calment et capitulent. Je n'ai jamais entendu parler de cette fédération jusqu'à maintenant. On parle dans d'eux dans les archives que je commençais à lire, sauriez vous quelque chose dessus ?"

Il ne devait pas y avoir tant que cela de technologies supérieures à récupérer, même pour ce qu’on pouvait trouver dans les Régions Inconnues, il avait cru comprendre que les Chiss avaient déjà une technologie bien avancée, n’est-ce pas ? Enfin, qu’importe, leurs voisins éloignés ne se préoccupaient pas de l’Empire, après tout, et le colonel préférait encore savoir l’épave de ce fichu vaisseau le plus possible d’ici. Il se souvenait bien du départ du gros vaisseau, une fête avait même été organisée en son honneur, la moitié des personnes présentes très enthousiastes, l’autre moitié, dont il avait parti, convaincue qu’on ne reverra jamais aucune des personnes embarquées là-dessus. Ce n’était pas le seul projet de ce genre qui avait échoué et entraîné à la mort des milliers de personnes, hélas.

« – Quant à ce que cette expédition a pu rencontrer, je dois admettre qu'on peut faire de curieuses rencontres dans les Régions Inconnues. Figurez-vous que, moi-même quand j'avais une partie de notre frontière à protéger, je suis tombé sur un groupe de vaisseaux se proclamant de la "Fédération du Commerce". Leur chef était d'une rare arrogance et j'ai du détruire leur trois croiseurs, leur transport de chasseurs droïdes, un de leurs gros vaisseaux ronds avec une passerelle en forme de boule, après avoir neutralisé tous ces chasseurs avant qu'ils ne se calment et capitulent. Je n'ai jamais entendu parler de cette fédération depuis, sauriez-vous quelque chose, dessus ? »

« – Que fichaient-ils dans les RI, ceux-là… »

Ils n’en avaient pas eu assez, à empoisonner le reste de la galaxie, ils avaient tenté leur chance en poussant encore plus loin ? Visiblement, raté une fois encore, cette organisation avait définitivement été plus efficace dans le commerce et le négoce que dans l’art de la guerre. Un petit rire ironique lui échappa, alors qu’il pensait à toutes les fois où cette fameuse Fédération avait prouvé qu’elle avait de graves lacunes tactiques et surtout une très grande propension à ne savoir choisir les bons alliés. Ils s’étaient donc aussi cassé les dents contre les Chiss, comme ils s’étaient cassé les dents ici, sur Naboo, puis de multiples fois lors de la Guerre des Clones, avant d’en arriver à l’assaut final. Il avait fallu à Yularen beaucoup de recherches et de temps avant de découvrir qui avait mis un terme définitif aux espoirs de cette confédération. Ironie du sort, quand tu nous tiens.

« – Pour faire court, c’était un conglomérat d’entreprises et organisations commerciales, qui s’est développé et fait construire une armée entièrement automatisée, pour se défendre et appuyer ses intérêts, ils avaient aussi des représentants au Sénat. Une organisation devenue puissante et qui a eu les yeux plus gros que le ventre. Ils se sont alliés à la Confédération des Systèmes Indépendants, par la suite, ce qui a débouché à la Guerre des Clones. Ce sont eux que Wrath et sa clique ont maladroitement voulu copier. C’était curieux, comme approche, vouloir copier un système qui s’était fait manipuler de bout en bout… Et dont le vaisseau amiral en blocus de Naboo s’était fait exploser par un gamin de neuf ans. »

Le mépris et la colère se ressentaient encore, en parlant de cette triste époque. S’il avait, d’ordinaire, un certain respect pour ses ennemis, il n’avait jamais pu en avoir pour ceux-là. Leur combat avait peut-être eu une part de légitimité, mais sil s’étaient avant tout fait avoir par l’arrogance et plus encore par la cupidité. Wullf n’aimait guère replonger dans ce bain de boue, même en pensée, il avait vu trop d’hommes mourir pour rien, cette guerre avait été affreuse, certains souvenirs el marquaient toujours profondément. N’importe qui se souvenant de cette période, ou l’ayant bien connu, en saura le degré de violence.

« – De toute manière, la fédération a disparu avec la CSI, lors de la naissance de l’Empire. Le comte Dooku s’était fait liquider par Anakin, Kenobi s’était lui débarrassé du général Grievous. Je soupçonne Anakin d’avoir aussi mis fin aux jours des leaders de la CSI. Tout a pris fin lorsque les clones se sont retournés contre les Jedis pour les abattre et qu’Anakin, enfin Vador, s’est occupé de ceux qui restaient au Temple, adultes et enfants. Puis il y a eu la Grande Purge, certains officiers, comme Dodonna, que l’’Empire a voulu exécuter. Gilad n’y a échappé que parce qu’il n’avait pas mené d’opérations sur les mondes jugés sensibles. Beaucoup de bons officiers ont été tués ou se sont enfuis avant d’être pris pour cibles. »

Il y avait beaucoup de choses restées sans explication, durant les dernières années de la République et surtout durant la Guerre des Clones. En un certain sens, on ne pouvait pas reprocher aux mondes d’avoir suivi la CSI, les Séparatistes avaient parfaitement vu à quelle point la corruption de l’Empire était élevée, à quel point le pouvoir dérivait déjà. En revanche, pourquoi avoir choisi le chemin d’un tel conflit armé ? Contrairement à l’Empire, la République ne choisissait alors pas la voie des armes en priorité. Les négociations avaient pourtant toutes échouées si vite… Les sénateurs séparatistes, comme Mina Bonteri d’Onderon, avaient été pour la plupart assassinés, gonflant la guerre plus encore. Sans oublier cette armée de clones littéralement sortie de nulle part. Les politiciens travaillant à des actions pour la paix avaient aussi été pris pour cibles, à l’instar de Padmé Amidala. Partout, on aurait juré que quelqu’un soufflait peu à peu sur les braises, sous le voile de la corruption et de la lenteur du Sénat, jusqu’à en arriver à un conflit généralisé, le tout dans une République déjà vacillante. Et au regard des derniers événements… Il redressa un peu la tête quand l’amiral bougea tout à coup, allumant un petit objet noir qu’il déposa sur la table. Un perturbateur ? On dirait bien.

« – Je n'ai pas tout dit et ce qui va suivre n'est plus connu que par deux personnes. Je sais ce que la flotte de guerre, car déployer une telle force ne peut être que pour cela, de la Fédération du commerce venait faire car, quand j'ai quasiment anéanti leurs vaisseaux avec seulement six chasseurs et trois croiseurs l'un de leurs meneurs m'a demandé d'accomplir leur mission à leur place. Cet humain ne travaillait pas pour la fédération et, afin que je sois convaincu par la menace représentée par les jedi, me présenta à son véritable employeur, un dénommé Dark Sidious. »

Qu’un Sith de plus vienne se mêler à cette histoire n’augurait absolument rien de bon, même si ça ne devrait pas l’étonner une seule seconde. Combien pullulaient dans cette galaxie, à l’origine de combien de catastrophes étaient-ils, sur quoi exactement avaient-ils influencé et par quels moyens ? Le colonel appuya son coude contre le bord du fauteuil, la main appuyée contre sa tempe blanchie, le regard rivé vers le Grand Amiral. Il parlait là de l’époque avant qu’il ne rejoigne l’Empire, donc l’Ascendance, ou lui en tout cas, avait déjà eu au moins un contact, éloigné certes mais un contact tout de même, avec un seigneur Sith. Essayer de convaincre que les Jedis représentent une menace, n’est-ce pas… Il en riait jaune. Après tout ce qu’ils avaient vu, tout ce qui se produisait aujourd’hui encore, pouvait-on vraiment prendre les Jedis comme un danger sérieux envers cette galaxie ? Lequel d’entre eux, par exemple, aura l’envie soudaine de liquider des mondes tout entier ?

« – Ils désiraient tous les deux que je détruise l'expédition Vol vers l'Infini. Je ne leur ai rien promis mais j'ai utilisé ce vaisseau pour attirer une des menaces que comporte les Régions Inconnues dans un piège. Hélas, j'ai sous-estimé les capacités données par la Force et, pour me sauver, une attaque fut lancée vers le Vol vers l'Infini, tuant la presque totalité des personnes encore en vie à l'intérieur. »

C’était curieux, comme sentiment… Un peu comme si on remplissait votre cœur et vos poumons d’une eau si glaciale qu’elle vous en faisait trembler tout entier… Il y avait cinquante milles passagers, à bord de ce maudit vaisseau ! Et ça n’expliquait pas en quoi ce projet était jugé dangereux, il y avait, quoi, six ou sept Jedis, à l’intérieur ? Peut-être un peu plus, soit, mais qu’était-ce, en comparaison des centaines d’autres à travers toute la galaxie ?! Pourquoi eux d’abord ?

« – Le reste de l'histoire n'est guère en rapport avec le sujet. Hors, peut-être l'ignorez-vous, le sith appelé Dark Sidious n'est nul autre que l'empereur Palpatine. Au vu de ce que vous venez de m'informer et de ce que je sais, je ne peux que me demander quel est le rôle de notre empereur dans l'instauration du blocus de Naboo et dans la création de la première confédération. »

Après le froid intense, c’était maintenant une sensation de brûlure qui venait lui déchirer le cœur. Le colonel ne saurait pas vraiment dire s’il était prêt à rendre son déjeuner ou juste s’évanouir sur place, toujours est-il que son teint affichait désormais une pâleur qui n’avait rien à envier avec la faïence aussi blanche que la craie au sol. Il repensait à tout ce qu’il savait du blocus de Naboo, des problèmes soulevés par la Fédération du Commerce, et plus tard par le mouvement séparatiste, avant d’en arriver à la CSI, à toutes les négociations échouées, aux tentatives de paix avortées, aux batailles, à la guerre, enfin, à cette armée… Sidious… La situation s’éclairait d’un coup d’un jour nouveau, un simple nom se révélait être la petite pièce manquante pour comprendre enfin toute une histoire. Une fois passée un peu l’envie de vomir, il parvint enfin à s’éclaircir un peu l’esprit et réfléchir. Une affaire entièrement calculée de bout en bout, tout avait été prévu, tout avait été mis en œuvre… Autant de morts pour rien… Non, pas pour rien. Pour mettre à terre, à jamais, une République rongée depuis des années.

« – Voilà qui explique un bon nombre de choses. Cet homme a un talent certain dans la manipulation… Sénateur de Naboo, Chancelier, Empereur… Il avait repéré dès le début celui qui allait le plus l’aider contre ses ennemis de toujours. »

S’il lui fallait une raison supplémentaire de traiter avec leur jeune ami Jedi encore prisonnier à bord, en voilà une superbe de plus. La République ne pourra pas revenir, en tout cas pas dans son téta initial, personne ne souhaitait ça. En revanche, un régime plus démocratique, un Empire Démocratique, sans Sith à sa tête, c’était toujours faisable. Son objectif était là.

« – Pourquoi cet acharnement contre le Vol vers l’Infini ? Il n’y avait qu’une poignée de Jedis à bord et C’Baoth était puissant, mais pas non plus le plus puissant de tous. C’est bel et bien Palpatine qui a encouragé ce projet, à l’époque. S’il avait voulu se débarrasser de C’Baoth, il existait des moyens plus rapides et efficaces. Plus sûrs, aussi. Quant aux autres Jedis présents à bord, aucun n’était d’un caractère aussi fort. Jinzler non plus ne devait pas représenter une telle menace. »

A bien y penser, vomir ne le soulagerait même pas, pas alors qu’il atteignait un stade de dégoût si profond que celui-là. Ce délicieux moment où il semblait bien que votre estomac avait définitivement quitté votre corps pour laisser à sa place un vide brûlant, possédant la faculté d’aspirer dans ce trou noir généré tous les autres organes de votre corps, ainsi que le sang, pour vous rendre finalement aussi glacé que l’espace lui-même. Peut-être certains Siths étaient-ils moins fous, sans en connaître un ou deux exemples, il ne saurait le dire… Les seuls exemples édifiants qu’il avait vu en actions étaient loin d’être sains. Le « moins pire » restait Vador. Alors certes, il s’agissait d’un homme profondément perturbé qui avait fini par craquer complètement, qui avait massacré, assassiné, tué des membres de sa propre famille, d’un demi-robot très perturbé et instable, un assassin, tout simplement, mais ce genre-là, il en existait bien d’autres. Des meurtriers en puissance, ce n’était pas ça qui manquait. Et tout cela était un certain stade, dans la folie meurtrière, il y avait des paliers supplémentaires…

Il n’était pas sûr de vouloir comprendre la pensée si absurde des Siths, ou en tout cas, pour être plus correct, la volonté nihiliste de la plupart d’entre eux. En termes de paliers, Palpatine et Plagueis se situaient tous deux à des niveaux rarement atteints. Yularen se fichait bien de savoir d’où provenait la haine entre les deux autres, quelle était la source de ce combat plusieurs fois millénaires, quelle importance cela pouvait avoir aujourd’hui ? Ce qui comptait seulement, c’était les milliards de vies sacrifiées pour en arriver là. Depuis la Guerre des Clones jusqu’à la Pandémie Galactique. Il en était malade. Et regrettait comme jamais, dorénavant, le temps où les Jedis vivaient encore et pouvaient faire barrage à ça, quand bien même il avait déjà été trop tard lorsqu’ils avaient réalisé la menace. Cet Ordre avait failli, comme la République… Un nouvel ordre pouvait-il naître ? Avec des personnes de ce temps, qui comprenaient parfaitement les enjeux, qui étaient maîtres de leur propre époque… Le jeune homme de Lothal n’était visiblement pas du tout engagé dans cette voie. Mais l’autre enfant ? Qu’est-ce qui le retenait encore ? Après avoir su, pour sa sœur, il avait déjà dû comprendre qu’il ne pouvait pas détourner le regard.

« – Voyez-vous, les sith ne sont motivés dans leurs actes que par deux choses : leur ambition et leurs peurs. Et ils ont peur des jedi. Ce sont les seuls capables de les affronter, les seuls qu'ils estiment être leurs égaux. Peut-être y a-t-il d'autres raisons plus anciennes, d'ailleurs, mais n'ayant pas accès aux données correspondantes, je ne peux que faire des spéculations hasardeuses. Les jedi venus par les failles ont sûrement les réponses à cela mais, honnêtement, je doute qu'ils nous les donnent. »

Le colonel se contenta de hausser légèrement les sourcils, lèvres pincées. La réponses à cela ? Absolument aucune importance. Non seulement ça ne changera strictement rien à la situation actuelle mais ça ne les aidera pas plus à construire quoi que ce soit. Tout ce que lui importait était précisément ce à quoi il songeait depuis déjà un long moment, à savoir qu’ils étaient des adversaires crédibles face aux Siths. Le reste, il s’en moquait. D’où les deux ordres venaient, pourquoi ce rejet l’un de l’autre, leurs conflits passés, ça ne lui importait aucunement, seul l’avenir comptait. Et cet avenir se trouvait présentement entre les mains de la nouvelle génération, de celle née en même temps que l’Empire, celle qui n’avait rien connu des préceptes de leurs prédécesseurs et donc qui pouvait partir sur ses propres bases. Cette jeunesse hésitait encore à endosser le rôle ? Il suffisait de la piquer un peu…

« – Et d'ailleurs, nous avons une autre preuve sur ce qui les motive : la Pandémie. Quand les jedi n'hésitaient pas à mettre leurs vies en danger, il n'y a qu'une seule sith à avoir participé à la lutte contre ce virus. Tous les autres sont restés bien à l'abri, quand bien même ils auraient pu revenir par les failles, comme Kenobi l'a fait. D'ailleurs, vous vous en doutez sûrement mais c'est un sith fou qui a créé ce virus, dont le nom n'a nul besoin d'être cité, n'est-ce pas ? »

Il n’y avait nul besoin de l’évoquer, tout court. Oui, le colonel savait ce que ce type avait fait, des horreurs dont il était responsable, et ignorait quelle était la plus grande horreur, entre ce que Palpatine avait commis et ce que Plagueis avait fait, par le passé et avec cette pandémie. Ce qui restait maintenant à définir, c’était toutes les actions possibles, à leur niveau, pouvant freiner la progression de cet Ordre malsain. Les combattre directement était difficilement envisageable, ils étaient tous censés être du même camp, celui de l’Empire, sauf que les siths se foutaient autant des populations impériales que des rebelles. Pour le moment, encore aucun Sith n’avait essayé de lancer « stop, ça suffit les massacres inutiles ». Au mieux, ceux venus des failles s’en foutaient, au pire, ils prenaient goût.

« – On en revient toujours au même problème, pour contrebalancer, il faut que les Jedis puissent refonder un Ordre assez sérieux, même si bien plus moindre. Étant donné que ceux venus des failles peuvent disparaître n’importe quand sans prévenir, il nous reste, de sûrs, les jeunes qui sont nés après la Guerre des Clones et ceux à naître, dans ce temps. Et parmi les jeunes déjà entraînés qui pourraient pousser les leurs à une nouvelle union… On en a un qui refuse d’en entendre parler car trop rebelle et l’autre qui a d’abord des petits soucis familiaux à régler. »

Un léger ricanement lui échappa, pas moqueur, plutôt un mélange entre la lassitude et l’ironie. Les petits soucis familiaux en question étaient à eux seuls un moteur qui pourra pousser le gamin à agir, justement, parce qu’il n’aura pas le choix. Il arrivait un moment où la situation autour de vous était telle que vous n’aviez plus le loisir d’effectuer certains choix, comme celui d’ignorer la direction que prenait la quasi-totalité de votre famille. C’était avant tout une question de survie. Autre point très important, si leur jeune ami, encore évanoui là-haut dans sa cellule, n’agissait pas, c’était la Rébellion qu’il allait se mettre à dos, soit ses propres alliés.

« – Il y a néanmoins des moyens que ça s’arrange, en tout cas pour Skywalker. Dans le cas de Bridger, je suis moins… convaincu. Vous en connaissez d’autres, des jeunes de ce temps, ou d’un temps futur très proches, qui puissent agir contre les Siths ? »

« Je ne suis pas très bien placé pour en rencontrer. Toutefois, il est peut-être possible que je puisse... discuter avec Bridger. J'ai un moyen pour qu'on accepte de nous laisser quelques instants, en tête à tête. »

Le colonel était très amusé juste en imaginant, seulement, l’amiral Chiss dire à Bridger qu’il devrait mieux s’occuper ça de son appartenance à l’Ordre Jedi, le jeune homme en ferait une attaque. Mais encore fallait-il lui mettre la main dessus puis le forcer à écouter, ensuite. De un, ce genre de petite bête était difficilement saisissable, de deux, il refusera d’écouter gentiment, de trois, il avait été bien plus formé par l’idéologie rebelle que par celle des Jedis, c’était bien ça le problème quand votre mentir n’avait lui-même jamais achevé sa propre formation et apprenait aussi bien que vous, sur le tas. Convaincre ce petit-là sera difficile, tout comme convaincre Skywalker qu’il tenait vraiment à l’aider sur le sujet sera très dur. Enfin soit… S’il ne parvenait pas à lui faire comprendre immédiatement sa bonne foi, ce qui était plus que probable, au moins pourrait-il poser certaines bases avant de le faire jeter sur un monde quelconque de passage. Il n’y avait pas le choix, de toute manière, ces deux-là faisaient partie des trop rares dont on était sûr qu’ils ne disparaîtront pas dans une faille et des rares capables de refonder un nouvel ordre. L’idéalisme de la jeunesse n’était pas une ressource qu’on pouvait s’autoriser à gâcher.

« J'ignore, par contre, si je saurais le convaincre. Il est jeune encore et rempli de préjugés négatifs. De notre côté, il va nous falloir réfléchir à comment les aider sans affaiblir l'Empire. Peut-être pourriez-vous, par exemple, me conseiller de bons officiers qui seraient mal vu par d'autres supérieurs ? »

« C’est bien parce qu’ils sont jeunes qu’ils ne sont pas encore blasés ou perdus. En un sens, nous devrions remercier Tarkin, il est un si bon épouvantail qu’il a même réussi à piquer Luke et lui faire comprendre où est sa place. Quant aux officiers, c’est actuellement plus compliqué. Beaucoup étaient sur nos listes, lors de la Purge, maintenant morts ou rééduqués. Ceux qui se sont échappés, comme Fel, ont pour la plupart rejoint la Rébellion. L’amiral Liafes et le capitaine Fird ont même déserté avec une partie de leurs équipages respectifs. Sans oublier tous ceux que Plagueis avait fait fuir, avant que Tarkin n’arrête l’hémorragie en lui interdisant de reposer un seul orteil sur n’importe quel vaisseau, sans avoir son autorisation. »

L’Empereur avait sans doute cru, sincèrement, qu’envoyer ce dingue dans l’Espace Sauvage mener quelques expériences permettrait de laisser souffler l’armée et de l’occuper dans des régions assez isolées pour que le reste ne risque rien. Au début, ça avait marché… Et ça aurait pu beaucoup mieux marcher si une surveillance suffisante avait entouré le dingue. Yularen regrettait tellement que le Grand Moff n’ait pas succombé à son impulsion et logé une balle dans la tête du type que Plagueis était revenu posséder, car même si ça n’aurait pas suffi à les en débarrasser pour de bon, au moins cela leur aurait-il permis de gagner du temps. Hélas, il y avait tant de choses qu’ils pouvaient regretter ainsi. Il le vérifiera, pour les prochains montrant des signes de sédition, en tout cas. Après une purge, il était notaire que la Marine Impériale, tout comme l’armée, se tenaient très tranquilles, au moins un temps, pour ne rien risquer.

« Si j’en repère d’autres, je vous les signalerai. Quant aux Jedis… Je compte, de mon côté, parler au jeune Luke de tout cela, cela dit, il n’y croira jamais sur parole. Il nous faudrait au moins quelques contacts, au sein de l’Ordre, prêts à nous croire, voire faire un minimum confiance, pour mener une lutte commune et de front contre l’Empire. On ne fera que perdre du temps si chacune des parties se méfie de l’autre. »

Un long soupir, légèrement résigné, lui échappa, car on butait là sur un problème qu’ils ne pouvaient pas contourner. Etablir un lien de confiance réciproque avec un Jedi, quand on était soi-même dans le camp de ceux ayant voulu tous les exterminer…

« Le problème est qu’aucun impérial n’a, aujourd’hui, un ami dans l’ordre Jedi et encore moins un proche ou un membre de la famille, ça nous aurait beaucoup facilité la tâche pour établir un contact, même à distance. Je pensais à Kenobi, mais ce sera la même chose, la méfiance restera là. Dans ceux de cette époque ou proche, le choix est limité. Kenobi ne pourra que se méfier de l’Empire. Luke et Ezra aussi. Pour Nuru, on peut oublier, comme tous ceux qui ont été touchés à la fin de la Guerre des Clones. Jinzler, sinon ? Elle est née il y a un peu plus de cinquante ans et ne peut pas avoir d’a-prioris négatifs contre l’Empire tout entier. Ça serait plus facile d’établir un premier contact avec elle. Nous avons un petit dossier sur son cas, je vous le transmettrai. »

« – Ce ne sera pas nécessaire. N'oubliez pas que nos chemins se sont déjà croisés, colonel. De plus, j'aurais plus de facilité, je pense, avec la jeune Feesa. »

A lui de voir, tant qu’ils pouvaient établir au moins deux ou trois contacts, avant d’en arriver au reste de l’Ordre, car ce sera un chemin bien long et tortueux dans tous les cas. Gagner la confiance, ou au minimum un soupçon de confiance, sera l’étape la plus délicate de toutes. Yularen ressortit son petit datapad de sa poche pour vérifier une autre donnée qui lui trottait dans la tête depuis toute à l’heure, les yeux légèrement plissés. Ils en avaient brièvement parlé lors de leur réunion, mais… Non, ce sera bon. Ils jouaient là un jeu extrêmement dangereux, pour autant, le colonel ne craignait pas les conséquences possibles. Il avait déjà mené sa vie, n’avait aucun proche ou intime à qui on pourrait s’en prendre pour le faire plier, et il ne regrettait en rien les actes qu’il comptait commettre ou avait déjà commis. Être prêt à mourir pour ses convictions était un trait de caractère qu’il partageait avec les Rebelles, après tout. S’en était d’autant plus « facile » qu’il avait déjà traversé assez d’épreuves de ce style, au cours de son existence, pour ne plus craindre le moins du monde la souffrance ou la mort.

« – Si j'arrive à contacter Bridger, désirez-vous que je lui fasse passer un mot au commandant Kallus ? Ayant été votre élève, il pourrait vous aider à établir un lien avec Kenobi. »

« – Pour le moment, je souhaite éviter au maximum d’impliquer le moindre rebelle dans tout cela, du moins, pas avant d’avoir pris certaines dispositions. J’ai un autre moyen plus rapide, sous la main, de créer un contact ou lien avec maître Kenobi. »

Le respect était toujours présent, dans le ton de sa voix, et ce depuis toujours, même s’ils étaient tous deux passés dans des camps ennemis. Mais il appréciait réellement le maître Jedi, pour plusieurs raisons, c’était quelqu’un de bien. D’ici là, ils avaient tous les deux pas mal à faire… Le colonel n’avait pas besoin d’expliquer non plus à son interlocuteur pourquoi il ne souhaitait pas impliquer les Rebelles tant qu’il pouvait l’éviter. De un, aucune information ne devait remonter aux oreilles de leur chère princesse Organa, de deux, ce n’était pas la Rébellion qu’il comptait secrètement soutenir mais uniquement l’Ordre Jedi contre l’Ordre Sith, rien de plus, rien de moins. Il distinguait clairement un combat contre un régime politique particulier et le combat contre une horde de types malsains aux pouvoirs terrifiants voulant décimer cette galaxie. Il fit afficher, sur son datapad, une vue sur la cellule de son jeune prisonnier évanoui, par une des caméras de sécurité. Il ne bougeait toujours pas, pour l’instant, il faudra que le colonel demande à ce qu’on le fasse réveiller quelques heures avant d’aller lui parler, histoire d’être certain qu’il aura sa pleine attention.

« – En officiers pouvant servir, vous avez aussi le capitaine Pellaeon, il a combattu aux côtés des Jedis tout comme moi. Certains Jedis lui feront plus confiance à lui que vous, si cela peut aider comme relais. Il connaît aussi bien le général Dodonna, si jamais nous devions nous appuyer tout de même sur certains rebelles précis. Gilad a eu un peu plus de chance, Palpatine s’est contenté de le faire cantonner dans des missions éloignées, alors qu’il avait tenté de faire assassiner Dodonna dès la naissance de l’Empire. »

La seule différence, finalement, était qu’il avait été considéré que le capitaine Pellaeon était d’un caractère plus calme et apte à s’adapter, autrement dit de la boucler et suivre le mouvement, alors que le général Dodonna, de son côté, avait été vu comme un trop fervent adepte des valeurs de la république pour qu’on puisse croire qu’il saura s’intégrer sans rien dire. Et voilà comment une dictature gâchait stupidement de bons éléments. Il éteignit le petit appareil et se leva, l’esprit tourné vers la suite des opérations.

« – Bien, ce fut très instructif… Passez une bonne journée, amiral. Vous transmettrez mes salutations au jeune Bridger, si vous lui mettez la main dessus. Bon courage. »