It's not a sport, it's politic

En politique, tout était question de symboles. Autant qu’il était question d’intrigues, de manœuvres plus ou moins importantes et souvent de complots assumés. Dans ce manoir, chaque personne en était consciente, ou du moins, devait faire semblant de l’être, afin de ne pas être littéralement dévoré. Les lieux étaient on ne peut plus somptueux. Le manoir disposait de trois étages richement décorés, entouré par des jardins et promenades, agrémenté de fontaines. Les lieux avaient été investis pour cette grande réception, une soirée d’importance, placée sous une très haute surveillance impériale. Cette planète était à elle seule un symbole incontournable, pour la propagande impériale et ses services de renseignement. Au milieu du décor faramineux, de la musique, des danses, des petits-fours, des invités en tenue de soirée ou uniformes d’apparat, chaque geste et chaque mot étaient avidement analysés et surveillés. Les espions de l’Empire étaient partout, comme les agents de renseignements, du BSI comme du BRI, les invités en étaient eux aussi très conscients. Le moindre invité indésirable voulant tenter sa chance était autant attendu avec avidité par le BRI qu’il était surveillé par les invités eux-mêmes.

Cette réception somptueuse avait plusieurs objectifs. Resserrer les rangs, imposer une aura de confiance et de force, permettre aux politiciens de tous bords de faire progresser leurs petits affaires et faciliter les rencontres intéressantes, mêler les nouveaux venus Siths auprès des personnes ayant un rôle à jouer dans leur intégration impériale et enfin espérer que quelques indésirables s’invitent tous seuls dans la réception afin que le BRI puisse jouer avec eux. En ce début de soirée, Ellsara pensait avant tout à ses anciens collègues de l’agence sombre du gouvernement. Après une longue carrière carrière menée exclusivement dans les rangs du bureau de sécurité impériale, les avoir quitté pour devenir la directrice de la prison de Myrkr s’était révélé un changement assez brutal. Pourtant, rien n’était dû au hasard, ses états de service avaient parlé pour elle, la désignant comme la nouvelle responsable de cette structure. Durant toute sa carrière, elle avait dirigé des prisons ou des camps de travail, parfois plusieurs en même temps, y appliquant des méthodes que les rebelles qualifiaient volontiers de barbares. Les ignorants. Ellsara parlait plutôt de rééducation méthodique et appliquée.

Qu’allait-il ressortir de cette réception impériale, voilà ce qu’elle attendait de savoir. Peut-être certains Siths prendront-ils la peine de se déplacer, peut-être que non. Il n’existait évidemment aucune obligation… Tout dépendait, en réalité, de la sensibilité politique de chacun d’entre eux. Ceux et celles n’en ayant aucune ne prendront pas la peine de venir. Parmi ceux qui le feront, il restera encore à déterminer s’ils étaient capables ou non de se fondre dans ce grand bain et de jouer avec les multiples règles du jeu. Les perdants dans ce domaine perdraient instantanément une forte part de crédibilité, leur futurs alliés potentiels se détourneront plus aisément d’eux. Ceux pouvant se débrouiller remporter des points auront au contraire tout à gagner par la suite. Ce n’était pas un lieu pour la guerre, pour les brutes sans finesse ou encore pour les simples soldats, ne connaissant rien d’autre que leurs vaisseaux de guerre. Ils se trouvaient tous ici sur le terrain des mots, de la manipulation et de la séduction. La directrice de la prison pour sensitifs évoluait dans cette réception, un verre à la main, en observant tout un chacun. Curieuse de découvrir qui allait jouer le jeu et comment.

Une réception impériale d’importance, rassemblant de nombreuses personnalités de haut rang, au niveau politique, sur une telle planète. Une belle insulte lancée insidieusement à la face des rebelles, surtout par les temps qui courent. Le vaisseau diplomatique Alderaanien s’était posé délicatement auprès des autres, après avoir franchi les nombreuses barrières de sécurité. Le dispositif entourant la planète et patrouillant dans la région galactique était impressionnant. De là à croire que l’Empire espérait sincèrement une attaque de la part de l’Alliance, il n’y avait qu’un pas. Dans sa sa cabine, Leia mit les dernières touches à sa tenue. Une robe blanche on ne peut plus simple, lui dégageant les épaules, tombant jusqu’aux pieds, des talons peu élevés. Une coiffure assez sobre, un chignon surélevé, bien qu’elle doive y porter une fine couronne de cristal. Face au miroir, elle vérifia avec attention que rien ne clochait dans sa tenue, que ce soit au niveau de la robe, du maquillage discret ou encore de la coiffure. Chacun et chacune allaient juger son apparence, ce soir, il lui était primordial de tout mettre en œuvre afin que rien ne soit dérangeant.

La couronne brillait parfois avec légèreté, en rencontrant la lumière, lorsque Leia bougeait la tête. Jamais elle n’avait aimé porter ce genre de chose, depuis son intronisation, ce n’était réellement utile que lors des cérémonies officielles ou des réceptions de haut rang, comme ce soir. En-dehors, une plus grande sobriété était de mise, ne serait-ce que pour le côté pratique. Enfin, c’était ainsi. Elle n’attendit ensuite qu’un instant avant d’être rejointe par Takara, elle aussi apprêtée comme il se doit pour la réception. La jeune reine était assez concentrée, consciente des enjeux et se préparant à adopter les bons gestes, la bonne attitude, pour évoluer correctement dans ce milieu. C’était toujours un défi. De nombreux dignitaires et aristocrates de tous les mondes allaient se retrouver ce soir. Parmi eux, bon nombre ayant déjà une très solide expérience de telles réceptions et qui ne venaient pas pour s’amuser ou se détendre. Bien au contraire. Elle-même ne comptait pas simplement se distraire, à cette soirée, elle y venait pour affaires. Les plus grands dangers restant la manipulation possible contre elle ou Takara, les complots divers, les mensonges ou encore l’échec à mener à bien des négociations. Sans oublier, bien entendu, les soucis habituels de discrétion et d’évitement des divers espions. Que ce soit ceux de l’Empire ou d’autres.

Lors de la sortie du vaisseau, face au manoir, elle fit glisser la main de Takara contre son bras replié, afin de montrer de manière formelle le lien les unissant, puis entama la marche dans l’allée principale, bordée de lumières étincelantes, d’un pas confiant. Contrairement à bien d’autres réceptions auxquelles elle avait dû assister par le passé, celle-ci ne lui inspirait aucun dégoût, aucun ennui ou aucun stress. Bien au contraire, elle se sentait déjà parfaitement à l’aise, prête à faire face à tout ce qui se présentera. Le regard droit, laissant même un petit sourire se dessiner sur son visage face aux premiers saluts et premières réactions. Dès les extérieurs, plusieurs arrêts furent marqués, afin de saluer les visages familiers ou des personnes d’importance, prenant un verre dans le doux air du soir. Le gouverneur de Corellia, particulièrement, se montra assez bavard et agréable, en leur présentant ses salutations, non loin de l’entrée du manoir, brillant de tous ses feux. Il commença par donner ses félicitations au sujet du couronnement, sans faire mention de l’incident l’ayant secoué, puis déclara qu’il était ravi que la planète Alderaan se retrouve désormais entre de meilleures mains.

– Je vous remercie, sourit Leia, d’un ton neutre. J’espère, de même, que les derniers ennuis sur Corellia ont pu être évincés.

– La planète souffre d’une mentalité rebelle très ancrée. Nous avons néanmoins pu ramener du calme et y renforcer la sécurité. Tout est très surveillé, sans oublier qu’une partie non négligeable de la population n’est plus autant prête à donner sa confiance à des terroristes, depuis le fiasco et les vols de cette pseudo-confédération indépendante. Il est malheureux qu’un peuple doive en passer par là avant de recouvrer la raison.

Ils discutèrent encore quelques minutes avant qu’il ne prenne congé, en leur souhaitant une agréable soirée. A leur entrée dans le manoir, sous un flot de lumière et de musique, Leia commença par regarder longuement qui était présent, qui manquait encore à l’appel et quelques groupes de discussions s’étaient déjà formés. Un homme dénotait un peu, portant à sa veste un badge indiquant à quel journal il appartenait. En-dehors de ça, tout le monde était en tenue de soirée. Très bien, elle avait déjà remarqué plusieurs visages intéressants et deux personnes à qui elle souhaitait parler pour affaires. Toujours en se sentant remplie de cette confiance assez nouvelle pour elle. Et même d’une certaine force. Une confiance en elle-même presque… sortie de nulle part… Qui l’avait prise il y a quelques temps… Elle ne parvenait pas pour autant à réfléchir sur d’où cela lui venait. De fait, ça n’avait pas non plus une grande importance. Leia remarqua alors un autre visage, une femme qui avait aussi fait parler d’elle il y a quelques temps, dans les rangs des politiciens.

– Madame Carhowd, dit-elle d’un ton bas à l’attention de Takara. La nouvelle directrice du centre pénitencier de Myrkr. Sa réputation de femme froide et dure dépasse même celle d’Isard, c’est dire combien elle a pu marquer les esprits.

Takara ne saurait dire quand avait-elle décidé de se plier pleinement au jeu, c’était sans doute après les manifestations qui avaient secoué Alderaan, lorsqu’elle avait dû s’impliquer plus directement dans les affaires du Palais pour gagner un peu de temps, avant que Leia ne vienne s’exprimer pour calmer les ardeurs de la foule ; Lorsqu’elle avait compris qu’elle ne pourrait pas jouer le jeu de la discrétion indéfiniment, en sachant qu’un jour ou l’autre le masque tomberait, et qu’elle devrait rendre des comptes. Il était préférable de prendre les devants. Elle était une sith, et elle en était fière. Cela avait-il amené le chaos sur Alderaan ? Avait-elle fait mauvaise impression ? Non plus. Oui, évidemment, il y avait des brebis galeuses parmi leurs rangs, mais cela était-il si différent du reste ? Menteurs sont ceux affirmant le contraire. Tout n’était pas blanc ou noir : jedi, rebelles, impériaux, indépendants… aucun ne sauraient être épargnés. Les siths, il fallait l’admettre, avaient eu de très mauvais représentants par le passé et cela devait changer. C’était une nécessité pour pouvoir accomplir leurs objectifs. Malgré ses dires, Leia ne devait pas se contenter d’Alderaan. Elle avait beaucoup plus de potentiel, beaucoup plus de choses à accomplir…

Posant un instant son regard sur le reflet de son visage dans la glace, Takara profita de ce dernier instant de répit pour ajuster une dernière fois le chignon surélevé qui lui avait pris tant de temps à soigner, ses cheveux rebelles ayant tendance à vouloir s’en échapper. Elle avait même dû demander de l’aide pour l’arranger comme il faut. Elle avait beaucoup moins de difficulté à appliquer le maquillage discret sur son visage, en accentuant peut-être un peu plus sur ses lèvres, sans pour autant que la chose ne détone du reste. Elle avait fait attention à garder l’allure aldéranienne à laquelle Leia était si attachée, et que la rousse commençait à sérieusement apprécier. Il n’y avait pas beaucoup de fioritures, ni de lourdeur inutile. Tout était léger, comme la longue robe blanche que ses épaules soutenaient, et qui masquait les talons peu élevés qui chaussaient ses pieds. Là encore, l’idée était de rester dans le ton de ce que son amante avait prévu de porter, pour ne pas jurer, mais aussi pour ne pas entacher son apparence ou sa prestance. Cela l’arrangeait beaucoup d’ailleurs, elle qui préférait la praticité à toute chose. Un collier fin peu décore, néanmoins raffiné et un peu lâche, entourait son cou pour sublimer juste ce qu’il faut son apparence pour la soirée.

Leur relation secrète, également, ne le serait pas resté éternellement, et les ragots allaient déjà bon train dans les couloirs du Palais avant cela. Dans un tel environnement, ce n’était pas bien surprenant. La décision qu’ils avaient prise, de profiter de ce sommet pour dévoiler au grand jour leur attachement n’était pas totalement dû au hasard. Leia montrait ainsi la confiance qu’elle avait en elle, et Takara, le fait qu’elle restait droite aux côtés de sa reine.

Que leur destin était désormais intimement lié…

Ce n’est qu’une fois pleinement satisfaite qu’elle rejoignit Leia, sans pour autant véritablement la faire attendre. Elle était ravissante, comme en toute occasion, et la sith laissa son regard vagabonder un instant, pour se gorger de son assurance. Cela lui faisait oublier la légère anxiété qui l’avait gagné depuis quelques instants. Leia avait ce don, cette capacité à l’apprivoiser, et à calmer ses mauvaises émotions. Takara était convaincue, qu’ensemble, elles pourraient tout affronter, surtout depuis que son amante avait enfin prit sa formation plus au sérieux, et accepté pleinement son rôle. C’était aussi un des avantages de ne plus avoir à se cacher, certaines affaires pouvaient s’accélérer.

A la sortie du vaisseau, Takara eut une nouvelle pointe de stress, qui s’atténua bien vite en sentant le bras de Leia s’enrouler autour de sa main. La sith n’avait pas participé à beaucoup de rencontres de ce genre avant son arrivée dans cette époque, et si elle avait pu prendre quelques leçons de rattrapages grâce à Leia, la rousse n’en restait pas moins un petit peu anxieuse. Le fait de descendre ensemble, sous le feu des projecteurs, ne lui procura guère plus d’inquiétude. Aucune sensation de malaise. Elle se sentait au contraire parfaitement bien, ainsi arrimée à la souveraine d’Alderaan. Le regard droit, l’air neutre, Takara se contenta de suivre les pas de Leia en direction du manoir. Lorsque Leia s’arrêta, la rouquine l’imita, pour offrir un sourire à leur interlocuteur, et éventuellement un salut bien formel, avant de se taire pour écouter attentivement la conversation, tout en jetant un regard discret vers le reste des invités encore présents dehors, en reconnaissant certains pour les avoir déjà vu, que ce soit en chair et en os, ou bien par l’intermédiaire d’un holo, sans pour autant leur avoir déjà ouvertement adressé la parole.

Le gouverneur de Corellia, donc. Takara nota l’information dans son esprit, au milieu des autres, avant que Leia ne leur fasse poursuivre leur chemin. La rousse échangea un regard entendu avec elle, avant de se risquer à sourire légèrement pour les quelques journalistes accrédités coincés à l’entrée du manoir.

Nul doute que ces derniers se répandraient en un article à leur sujet...

L’ambiance change une fois à l’intérieure. Plus feutrée, et moins bruyante qu’à l’extérieur, où les bruits des vaisseaux pouvaient rapidement prendre le pas sur le reste. Takara prit une inspiration discrète, alors que Leia et elle venait doucement se placer sur un côté, avant, d’éventuellement, se diriger vers le centre. La rousse en profita pour faire un tour d’horizon, et reconnaitre ci et là certains visages, tout en passant sur bien d’autres, parfaitement inconnus, pour finalement poser ses prunelles sur la silhouette de la femme dont lui parlait Leia. Sa posture lui rappelait celle de certains autres invités. Martiale, un peu trop aux aguets, peut-être ? Nul doute, en tout cas, que les rumeurs à son sujet devaient être fondées, même si Takara doutait que l’on puisse être pire que la directrice Isard…

« Plus qu’Isard ? Ca ne donne pas envie de discuter avec elle… » répondit-elle sur le même ton.

La rousse balaya alors soudainement la salle du regard. Penser au BRI lui avait rappelé ce fouineur de Scourge. Non. Pas de peau rouge en vue…

« J’imagine que son affectation doit valoir le coup… » Elle marqua une courte pause, avant de répondre dans un murmure : « Il a quoi de spécial, ce pénitencier ? »

D’ordinaire, ce n’était pas l’affectation rêvée, ce genre d’endroits. Donc soit c’était un lieu très important pour l’Empire, soit c’était une bien sévère punition. Peut-être de la part d’Isard, jalouse ? Ce ne serait pas étonnant de la part des impériaux. Takara pivota finalement d’un quart, pour se tourner vers l’entrée, sans lâcher le bras de Leia, lorsqu’elle vit du coin de l’œil certains invités s’écarter, pour faire place à une autre souveraine. Celle-là, la sith la connaissait. Du fait de ses fonctions « officielles » au Palais, elle avait eu tout le loisir de parfaire un peu ses connaissances sur certaines grandes têtes de cette galaxie…

« On dirait que tu ne seras pas la seule souveraine aujourd’hui… » dit-elle pour Leia, avant de lui jeter un regard qui laissait dire qu’elle la suivrait où qu’elle aille, même si c’était pour aller parler à cette Carhowd…

Les organisateurs de cette réception avaient du goût. Les lumières offraient une ambiance à la fois douce et festive, à la hauteur de ce qu’on attendait pour une fête impériale, mais sans trop en faire, pour une fois. Un large orchestre, installé sur une scène jouait des airs classiques, de ceux que l’on retrouvait en ce moment dans les grands opéras de Coruscant. On retrouvait dans ce manoir pas mal du gratin impérial, des politiciens de tous bords, des Moffs, des chefs des secteurs, des rois et des reines… Un bien large public, somme toute, où le nombre de complots en cours équivalent sûrement à la population de Coruscant. Installé dans un coin, sur une des causeuses, le Grand Amiral Martio Batch était occupé à boire un verre en compagnie du lieutenant Azolf. Ce dernier l’avait convaincu de venir assister à cette réception, après avoir longuement et lourdement insisté durant plusieurs semaines. Martio avait fini par céder simplement pour que son aide et ami cesse de le harceler. Pourquoi serait-il venu ici de lui-même, au milieu de tous ces requins de la politique ? Il détestait cela, il exécrait cela !

"Vous devriez vous mêler quelque peu à la foule," murmura le lieutenant.

"Mmmph."

"Vous devez faire un effort. Souvenez-vous de comment on vous surnomme, déjà… Ce n’est pas très bon, pour un Grand Amiral."

"Mille excuses ! Moi qui ait toujours cru que le devoir d’un Grand amiral était avant tout de se concentrer sur le travail militaire."

"En ce moment, il est nécessaire de renforcer les rangs et montrer la solidarité des représentants impériaux entre eux. Plus que jamais, depuis les désert… Enfin, les récents événements."

Mmh… Martio hocha simplement la tête avant de se lever, verre en main. Son manque de considération pour la politique l’avait toujours tenu très éloigné de ce type de réception et surtout, tenu éloigné le plus loin possible de Coruscant et de ses intrigues. Sa vie entière se trouvait dans des bâtiments militaires, il estimait que la politique ne devrait, en aucun cas, être utile dans la vie d’un Grand Amiral ni dans la vie du moindre militaire, tout court. Cet aspect de l’Empire l’avait toujours profondément exaspéré et épuisé. Elle lui avait pourri la vie à de multiples reprises, même depuis qu’il était à ce poste. Pour ce soir, s’il portait son uniforme d’apparat, il n’avait fourni aucun effort supplémentaire pour se fondre dans cette masse grouillante et dangereuse. Son ami marchait avec lui d’une démarche plus légère. C’était au moins un soutien, Martio lui en était reconnaissant. De toute manière, si son aide n’était pas venu avec lui, il ne se serait pas rendu ici. C’était hors de question. Pour la simple et bonne raison que son lieutenant savait, bien mieux que lui, décrypter les réactions des politiciens.

Certaines têtes lui étaient familières, d’autres beaucoup moins. A vrai dire, le Grand Amiral ne se souciait pas vraiment de qui commandait, en-dehors des secteurs où il travaillait. A moins, bien sûr, d’avoir à s’y rendre. Auquel cas, il prenait un grand soin à se renseigner. Il connaissait bien mieux les hommes travaillant sous son commandement que tous ces dirigeants mis plus ou moins en avant dans les journaux. Son lieutenant se chargeait de lui donner les noms et rangs de ceux qu’ils croisaient, parfois avant qu’ils ne doivent aller les saluer. Martio était déjà très profondément ennuyé de ce tour de salle et ne le cachait qu’à peine. Il était un militaire, lui… Juste un militaire… Pourquoi était-il si important qu’un militaire vienne faire mumuse là-dedans… Azolf lui murmura de sourire, au moins un peu. Ou au minimum, de ne pas faire la tête. Très bien, très bien, afficher un sourire de façade et être hypocrite, c’était ça le message ? Il s’obligea à se détendre un peu. Puis un moment plus tard, arriva à la hauteur de celle que son lieutenant lui avait soufflé étant la reine de Naboo.

"Bonsoir, majesté," la salua-t-il poliment, avant de saluer celle qui l’accompagnait, avec la même rigueur.

Son uniforme le désignait clairement comme un Grand Amiral, cependant, peu de chance qu’elle puisse le reconnaître. Il n’était pas surnommé l’amiral invisible pour rien.

"Je suis le Grand Amiral Batch, ravi de vous rencontrer. Quelles sont les nouvelles de votre monde ? J’avais cru comprendre qu’il y avait eu des difficultés là-bas également à faire remonter le niveau de la population."

Nolsen reçut enfin le feu vert de son droïd caméra.

- Bonjour ou bonne après-midi ! Good morning or afternoon or maybe it is la nuit déjà chez vous mes cher holotéléspectateurs de toute la galaxie ! Every people on ze stars ! Ici votre journaliste préféré Nolsen Mystrong ! The MVP of the Holonet News Galaxy ! Et je suis à présent en direct pour une soirée exceptionnelle sur Chandrilla ! For a crazy night on candles ! Où de nombreux politiciens de toute les Bordures se réunissent ! C'est assez exceptionnel mes cher holotéléspectateurs ! It is a very important time to not go to sleep ! Restez bien accroché à vos slips ! Nous allons donc pénétrer au cœur de cette fête, the heart of the fiesta, où nous pourrons je l'espère interviewer de grandes célébrités ! Talking to some famous grumpy people ! Suivez moi ! Follow me to end of the world !

Il se retourna donc vers l'entrée du manoir, il montra comme il avait l'habitude son accréditation délivré par l'Empire et on le laissa entrer sans aucun problème, le garde lui dit en passant qu'il adorait le voir au journal holotélévisé, il était toujours suivi par son droîd caméra. La soirée s'annonçait déjà superbe, il s'arrêta un instant pour que l'on lui offre un verre de champagne, il but une gorgée en dévorant des yeux tous les invités. Enfin il reprit la parole face à son droîd caméra.

- Nous voici donc au milieu de la mélée mes chers holotéléspectateurs ! Malcom in the Midlle is a great show ! C'est ici que le showbusiness a lieu aux termes de nombreux échanges entre les divers dirigeants or between ze most iconic face de l'univers ! Et parmis eux oui je suis formel ! Seriouly ! Nous pouvons admirer la présence de sa majesté Autumn Veruna, la magnifique reine de Naboo, la planète natale de notre Empereur préféré ! Such a excentric majesty comme d'habitude ! Elle a été nommée au cours de cette année par le peuple comme le veut la tradition ! A traditionnal Baguette please ! Comme vous le savez surement, elle a succédé au trône suite au décès prématuré de la Reine Kylantha ! Maybe now ze last will be la bonne comme on le dit chez nous ! Par ailleurs il semblerait qu'elle soit en pleine conversation avec un de nos Grands Amiraux d'après les galons dont j'arrive à entre-apercevoir ! It's like rubik's cube without toute les couleurs ! En effet il s'agit du taciturne Martio Batch ! Malheureusement nous n'irons pas les déranger car comme vous le savez le Grand Amiral aime la tranquillité ! Cause of ze speaking quality will be meaningless je le crains !

Il but à nouveau une gorgée de champagne avant de changer de sujet.

- Bien passons maintenant à une autre personne emblématique de cette soirée ! Another Brick in Ze wall ! Vous n'aurez pas manqué notre nouvelle coqueluche comme on dit dans le jargon ! A new chicken dans la basse-court ! J'ai nommé bien entendu la tout juste nommée Directrice d'une toute nouvelle prison dans le système de Myrkr ! She gonna leave us a mark it is Ellsara Carhowd mes cher holotéléspectateurs ! La voici donc très fringante, il se dégage d'elle une prestance tout nouvelle depuis sa nomination ! Not a promotion on ze canapé nous vous l'assurons ! Elle mérite bien sa réputation, avec son travail jusqu'ici toujours aussi rigoureux, nous espérons bien qu'elle saura s'imposer un pilier du milieux carcéral ! A mass cancerous weapon contre les criminels de notre galaxie !

Nolsen fit un plus grand geste que prévu avec sa main tenant sa coupe de champagne et heurta par accident un des convives Némoïdiens. Lui versa par conséquent le contenu restant sur la tenue de soirée du non-humain.

- Oh mille excuses bon-sang ! My bad ! Je suis confus ! I am confucius ! Tenez prenez ce mouchoir et ça ira mieux !

Il regarda le Némoïdiens s'essuyer avec son mouchoir avant de le jeter par terre puis s'éloigner en proférant des interjections à son encontre.

- Eh bien mes cher holotéléspectateur désolé pour cette petite interruption ! This little smoke on the water ! Poursuivons donc notre tour d'horizon ! Oh mais qui vois-je ? Ne serait-ce pas la sublime Jeune Reine d'Alderaan ? Mais non je ne rêve pas ! We are not dreaming tout éveillé ! Il s'agit bien d'elle avec cette robe aussi blanche que le manteau neigeux d'un système planétaire polaire ! She's melting the snow and my heart c'est sa Majesté Leia Organa ! Elle a été couronnée cette année même sans presque aucun incident, si ce n'était comme vous le savez sans doute vous qui nous suivez un petit accroc ! A glitch in ze matrix ! En effet une jeune terroriste Jedi avait brièvement interrompu l'évènement en s'en prenant directement au publique ! The fool on ze Hill clairement ! Fort heureusement les services de sécurité de l'Empire et plus particulièrement un très grand Seigneur Sith tout rouge dont nous ignorons l'identité étaient intervenus rapidement pour neutraliser la forcenée ! Enfin bref maintenant nous allons approcher cette très chère Reine pour une interview exclusive ! Oh attendez un instant il semblerait mes cher holotéléspectateur qu'elle soit en très charmante compagnie, bras dessus, bras dessous ! Up down forever mes cher messieurs, vous arrivez trop tard, elle s'affiche aux côté du délicieuse rousse dont nous ignorons encore l'identité ! Aurait-elle donc mis le pied à l'étrier comme on dit dans les fermes de Tatooine ? Is she horse riding maintenant ? Nous allons la voir de ce pas ! Right now !

D'un pas vif et déterminé il se dirigea donc vers la Reine Organa suivit de près par son droïd caméra.

- Majesté ! Majesté Organa ! if you have one more time pour nous ! Nolsen Mystrong je suis journaliste au Holonet News Galaxy ! Nous souhaiterions si vous le voulez bien nous accorder quelques mots s'il vous plait ?

Et sans pratiquement attendre une réponse il embraya les questions d'une traite.

- Pouvez-vous nous dire Majesté, quels sont vos ambitions pour le futur d'Alderaan ? Que pensez-vous de la nomination de la Directrice Carhowd ? Avez-vous déjà rencontré la toute récente Reine de Naboo ? Enfin dites-nous qui est donc cette charmante personne à vos côté ? She has some serious revolver eyes ! Nos holotéléspectateur ont hâte de tout savoir Majesté !

En sortant de mon speeder, garé près du manoir où la réception avait lieu, j'observais d'un oeil expert les mesures de sécurité. Il y avait bien sur les soldats de l'Empire dans leur armure blanche à demi utile, debout près des entrées et fenêtres ou patrouillant dans le parc. Vu la configuration des lieux, j'imagine qu'un générateur de bouclier devait se trouver quelque part, près à être activé à la moindre menace aérienne ou spatiale. Pour le reste, cela me semblait un peu léger, vu la qualité des gens présents sur ce monde dont la dernière représentante au séant est maintenant la chef de l'Alliance Rebelle. Je n'avais beau ne rien remarquer d'anormal, je ne pouvais empêcher mon instinct de me titiller, et je savais pouvoir m'y fier.

Je fis signe à mon "chauffeur" de rester ici, alors que je jetais mon mégot dans la poubelle de la voiture, non parce que je me soucis de l'environnement mais pour faire bonne impression. Je soupirais par avance de devoir me passer de ce petit plaisir tout le temps que durera cette petite fête. Je passais les gardes en leur montrant mon invitation, sans dire un mot mais sans cesser de leur sourire. Cette invitation était vraie, provenant d'un haut responsable de l'empire, qui devait déjà être arrivé, et payé en sous-main par le Soleil Noir. Notre Prince avait voulu qu'on soit plusieurs à y assister, probablement pour espionner ou voir si l'on pouvait améliorer un peu les affaires. Non que cela ne marche pas pour moi, au contraire. J'allais bientôt me rendre dans l'Espace sauvage, où j'espérais bien mener quelques affaires fructueuses vu le désir d'indépendance local, ce qui nécessiterait des armes, beaucoup d'armes. Hors, je suis le fournisseur numéro un du marché noir sur ce domaine. J'avais aussi une autre piste à savoir les hauts dignitaires de l'empire, qui peuvent avoir envi d'améliorer leur sécurité, de façon officielle ou officieuse. Voir les deux. Mais bon, avant tou cela, je vais avoir une autre affaire à régler.

Je laissais mon pardessus à l'accueil ainsi que mon écharpe blanche, rangeant mes lunettes de soleil dans la poche avant de ma veste grise-verte. Je n'en avais pas besoin pour m'afficher ni de m'afficher d'ailleurs, en allant vers le buffet. J'identifiais rapidement plusieurs personnes, comme les reines de Naboo et d'Alderaan accompagnée d'une de ses dames de compagnies -celle qui avait été voir le capharnaüm lors du couronnement-, le chef d'une grosse boîte nemoidienne, le journaliste tout fou de Holonet News Galaxy, des moffs et grands amiraux, et d'autres personnes. Je vis aussi Xizor et sa "secrétaire" Guri, en train de parler au gouverneur de Chandrila, un homme un peu âgé qui reluquait un peu trop la demoiselle. Désolé, mon vieux, t'aura aucune chance de l'avoir dans ton lit... sauf si c'est ta dernière nuit.

Je m'arrêtais au buffet, prenant plusieurs petits fours et un verre de vin pétillant. Pour le moment, je n'allais vers personne, attendant un peu de voir si quelqu'un désire me parler, moi le directeur de la Soyoku Security. Après tout, seuls mes collègues et mon boss savent que je suis du Soleil Noir ici, à part ma seule cliente à m'avoir vu, la reine Organa-Skywalker. J'en profitais pour regarder qui était je pourrais aller voir, de mon côté, et de noter qui parle avec qui. C'est toujours instructif, ce genre de chose.


Jet de dé :
Est-ce que je remarque des signes qu'une partie de la sécurité est dissimulé. )> 11

Il y avait deux types de personnes, dans cette salle. Celles qui se sentaient forcées, ou avaient été forcées pour de bon, de venir pour diverses raisons impériales toutes on ne peut plus agaçantes, et celles trouvant leur plaisir dans ces trop nombreux jeux de pouvoirs et d’influence. Vader appartenait à la première catégorie, était-il réellement besoin de la préciser… ? Au moins n’avait-il pas eu le besoin d’enfiler un costume, son armure noire le débarrassait à jamais de cette insupportable corvée. Il était déjà bien aimable de daigner venir dans cette soirée sur Chandrila, mieux encore, d’y rester un peu, alors qu’il avait bien autre chose à faire. Servir l’Empereur, assassiner des dissidents, retourner le cerveau de rebelles pour leur cause ou exterminer les récalcitrants, former des jeunes prometteurs ou des pions, s’entraîner, méditer, pleurer sur la cruauté de la vie une fois seul, etc.

A vrai dire, une seule chose le retenait encore. Non pas le plaisir de voir tous ces politiciens de tous rangs et tous bords danser comme des dindes au milieu de la salle mais bel et bien la présence commune du seigneur Vitiate et de sa fille au même endroit. Vader ne tenait pas à ce que le premier approche la seconde… Même si cela était arrivé une fois et qu’il ne s’était rien déroulé de mal pour autant, il était inutile de trop tenter la Force. Le seigneur noir avait peut-être quelques lacunes pour tout ce qui touchait à la cellule familiale, pour autant, il ne comptait pas laisser ce Sith-là toucher à l’un de ses enfants. Surtout pas sa fille, plus fragile et plus influençable que son frère, qui avait déjà marché sur la voie du côté obscur. Elle pourrait bien trop facilement dégringoler en chute libre, aussi profondément que lui-même, si elle se laissait aussi influencer par Vitiate. Il ne voulait pas qu’elle vive ou ressente la même douleur quotidienne que lui.

Il faisait ainsi assez tâche dans le décor. Immobile, grand, de noir vêtu, la respiration lourde et sifflante, telle une statue de mauvais augure ne s’animant que lorsqu’on passait trop proche d’elle. Bien loin de toutes ces personnes en tenue de bal, occupées à discuter, rire, danser et boire. Silencieux, son casque empêchant de percevoir vers qui son regard brûlant était dirigé. Une allure générale peu engageante et n’incitant pas à l’approcher pour entamer la discussion. Vader avait, de toute façon, déjà oublié les raisons initiales mises en avant par l’Empereur, pour le pousser à se rendre à cette fête, dès qu’il avait remarqué la présence de l’antique sith. Dès lors, il n’avait plus été question de faire l’effort de saluer certains invités, encore moins de faire semblant de s’intéresser un peu à eux. Les qu’en dira-t-on lui passaient royalement au-dessus de la tête. Qui oserait venir lui faire une réflexion désobligeante en face, dans cette soirée ridicule ?

Pourtant, un vint le saluer. Un des Grands Amiraux, dont il avait déjà oublié le nom et dont la tête ne lui revenait pas, de toute façon. Vader se contenta de lui rendre son salut poliment mais sans un seul mot de plus. Le militaire eut au moins le mérite de comprendre en une fraction de seconde que ce n’était pas le bon moment car il poursuivit tranquillement son chemin, sans chercher à engager la conversation. Ce n’est qu’après son départ que le seigneur Sith se souvint de son nom, à celui-là. Un insignifiant, un incompétent notoire, aussi mauvais dans l’armée qu’il l’était dans les rangs politiques. Un autre des Grands Amiraux se trouvait là, il l’avait vu passer. Un des rares en qui Vader portait du respect car il ne se mêlait pas du tout de politique et se concentrait sur les affaires de l’armée uniquement. Un cas rare, parmi les Grands Amiraux. Et désormais unique, hélas. Vader dû produire un effort monumental pour ne pas lourdement soupirer puis poursuivit sa surveillance de l’individu le plus dangereux de la soirée.

Leia non plus n’avait pas très envie de discuter avec cette femme, d’autant plus qu’elle avait cette expression signifiant « Je compte bien mordre le premier osant s’approcher de près ». Il y avait de ces personnes qui n’étaient pas capables de sourire ou au minimum tenter d’avoir l’air aimables, c’était quasiment contre leur nature. Elle n’était d’ailleurs pas la seule dans la salle à adopter une attitude distante, voire dérangeante. La jeune reine avait ainsi remarqué son père, au loin, lui aussi isolé et l’attitude glaçante, à observer la salle. Que pouvait-il bien chercher ici… ? S’il attendait une hypothétique attaque rebelle, c’était assez inutile. Lesquels d’entre eux oseraient s’en prendre à pareille soirée et pour y gagner quel gain ? C’était une soirée politique, pas une cible militaire. Par ailleurs, attaquer ici risquerait aussi de blesser ou tuer des personnes officieusement affiliées à l’Alliance Rebelle. Leia était convaincue que certaines d’entre elles se trouvaient ici aujourd’hui. Une intuition qui se confirma lorsqu’elle remarqua un Moff d’un petit secteur de la Bordure, dont elle savait qu’il aidait l’Alliance à se fournir en matériel médical et médicaments.

Bien sûr, elle ne le dénoncera pas, c’était le genre de petite information pouvant valoir de l’or le moment venu, or, s’il se faisait arrêter et exécuté avant, ça n’avait aucun intérêt. Cette pensée traversant son esprit comme une fleur puis durant une seconde, elle s’étonna elle-même de se mettre à réfléchir ainsi. Un sentiment vite balayé, en sentant la légère pression supplémentaire exercée sur son bras par sa compagne en marchant, tout en sentant le parfum dont elle s’était parée lui monter aux narines.cela suffisait pour lui faire oublier le reste. Pour sa question, en revanche, le lieu était mal choisi pour développer, Leia se contenta donc de lui répondre qu’elles en parleront une fois seule à seule. Avant de lui adresser un beau sourire, tout en continuant leur avancée dans la salle. Ce fut sa compagne qui lui fit remarquer le mouvement à l’entrée de la salle, avec l’arrivée de la reine de Naboo et ce qui devait être une suivante. Bien du beau monde, ce soir. A vrai dire, Leia avait plutôt été concentrée, l’espace d’un instant, sur un autre visage familier, celui d’un criminel du Soleil Noir, venu sous elle ne savait quelle couverture officielle. Voilà qui sentait à plein nez la corruption.

– Majesté ! Majesté Organa ! if you have one more time pour nous ! Nolsen Mystrong je suis journaliste au Holonet News Galaxy ! Nous souhaiterions si vous le voulez bien nous accorder quelques mots s'il vous plaît ?

Pardon ? Stoppée net dans son élan, elle se retourna juste à temps pour se retrouver face à face avec le journaliste cinglé qu’elle avait déjà vu de multiples fois depuis son enfance, sur l’holonet impérial. Il lui fallut juste une seconde pour se reprendre, suite à sa surprise, puis lui adresser un sourire de circonstances. Jouer le jeu, avait-on dit avant d’arriver ici. Elle sentait aussi, sans pouvoir se l’expliquer, qu’il serait très déplaisant de simplement lui tourner le dos ou pire encore, le frapper sèchement pour l’envoyer valser. Faire face à des journalistes n’était pas un exercice qu’elle aimait, cela dit, encore moins des journalistes dont pareille réputation leur collait à la peau.

– Pouvez-vous nous dire Majesté, quelles sont vos ambitions pour le futur d'Alderaan ? Que pensez-vous de la nomination de la Directrice Carhowd ? Avez-vous déjà rencontré la toute récente Reine de Naboo ? Enfin dites-nous qui est donc cette charmante personne à vos côté ? She has some serious revolver eyes ! Nos holotéléspectateur ont hâte de tout savoir Majesté !

Leia lui adressa son plus beau sourire, face à la caméra, comme si elle était réellement ravie de pouvoir délivrer un message aux spectateurs et tout aussi ravie – et détendue – de se retrouver dans ce véritable nid de serpents venimeux. Au fond, elle l’était réellement, contrairement à toute attente. Comme si un poids, dont elle avait toujours mésestimé la lourdeur, s’était envolé de ses épaules, pour la laisser sincèrement apprécier ce type de rencontre et d’endroits. Elle se sentait à l’aise, dans son élément, bien plus qu’elle ne devrait normalement l’être.

– Tout d’abord, nous savons tous que la directrice Carhowd a toutes les compétences requises et la confiance nécessaire pour mener à bien ce nouveau projet. J’ai été ravie d’apprendre cette promotion. En ce qui concerne la nouvelle dirigeante de Naboo, je n’ai pas encore eu le bonheur de la rencontrer, je ne peux donc vous en dire plus. J’ai cependant plus de nouvelles pour notre planète. Malgré des débuts légèrement chaotiques, tout se déroule bien depuis lors. La population est protégée, nous avons également fait arrêter un nouveau terroriste Jedi venu frapper une manifestation parfaitement pacifique. J’en profite d’ailleurs pour remercier le soldat Cyrius, qui a su rassurer la foule civile.

Il ne faisait pas de mal de rappeler que lors de cette affaire, c’était bel et bien l’Empire qui avait su empêcher des fauteurs de trouble de blesser encore plus de civils innocents. D’autant plus dans une manifestation pacifique.

– La ligne directrice de notre planète ne changera guère, il n’y a aucune raison de bouleverser les choses lorsque tout fonctionne à la perfection. Alderaan n’a pas vocation à changer entièrement ses manières de vivre. Néanmoins, il y a eu du changement à sa tête. Dont le plus important est, à un niveau cette fois personnelle, ma compagne, mademoiselle Hilts.

Quelle charmante soirée, si représentative de cette délicieuse époque. Depuis quand laissait-on rentrer des journalistes s’amuser au milieu d’une réception et sauter sur tout un chacun ? Surtout ce type-là, il semblait très sérieusement dérangé. Le seigneur Sith était assez dubitatif en l’observant courir dans la salle, suivi par son droïde-caméra, appuyé contre la rambarde de la mezzanine. Etait-ce normal ? Les gens de cette époque appréciaient-ils ces petits nerveux et leurs hurlements hystériques ? D’autres gens suivaient-ils vraiment ça sur l’holonet impérial ? Pourquoi faire… ? Voilà le genre de moment où Vitiate regrettait si fort son propre temps, sur Zakel, où jamais pareille scène n’aurait pu se produire. Personne n’aurait été assez inconscient pour venir ainsi chouiner dans leurs jambes ou se montrer trop curieux, les habitants de la planète savaient se tenir. Si telles étaient les nouvelles mœurs, quelle affreuse décadence. Où étaient donc passés le faste et la splendeur du temps des Siths, de leur temps ?

Sa petite proie du moment se prêtait au jeu, en tout cas, répondant avec un large sourire. Il détacha le regard de cette scène improbable pour le laisser parcourir la salle. Une autre reine était présente, celle de Naboo s’il avait bien suivi, avec une coiffure on ne peut plus ridicule. Si là encore, il s’agissait de la tenue officielle de sa planète natale, cela lui donnait tout à coup une furieuse envie de faire de Naboo la nouvelle Ziost. La reine semblait bien jeune, vu d’ici, ce devait être la mode actuelle de nommer des si petits bouts de femmes comme nouvelles reines. Au moins étaient-elles facilement manipulables, bien que la plupart des hommes l’étaient encore plus. Elle avait été abordée par l’une des Grands Amiraux. Vitiate avait étudié chacun de ces types, celui-ci était l’un de ceux se faisant le moins remarquer, apparemment. Un homme appréciant peu la politique, affublé d’un surnom peu flatteur. Nul doute qu’il avait dû être forcé à venir ici ce soir. Il ne devrait causer de problèmes.

Un autre jouant les statues de cire était, bien entendu, le Seigneur Vader. Il ne cessait de le surveiller, depuis que Vitiate était arrivé, comme s’il craignait un malheur. Allons, allons, cher confrère, le seigneur Sith ne comptait pas aspirer la vie de cette petite planète alors que ses pions du moment s’y trouvaient. Ne restait-il donc que pour cela, le garder à l’œil ? Pauvre homme, il était l’un des rares, dans cette salle, à savoir qui Vitiate était et de quoi il était capable. Vraiment « navré » de causer quelques stress par sa seule présence. Le Sith se redressa lentement, très tranquillement, puis se décida, d’un pas léger, à aller à la rencontre de son confrère en noir. Ignorant avec superbe les regards parfois abasourdis, parfois inquiets, voyant ce rapprochement. Certains devaient s’attendre à ce que Vader tente de l’étrangler dès qu’il sera assez proche. Ignorant qu’il était lui aussi un Sith et qu’aucun d’eux deux ne déclenchera le moindre affrontement ici. Ils étaient des personnes civilisées, après tout.

« Seigneur Vader, » le salua-t-il en arrivant près de lui. « Ravi de vous voir en cette charmante soirée. »

Même si ce n’était évidemment pas du tout réciproque, cela n’empêchait guère d’être courtois. Vitiate mettait un point d’honneur à demeurer assez poli. Il prenait même le soin de proposer à certains ennemis de se soumettre à lui, plutôt que les achever directement, n’était-il pas si aimable ? Ce n’était guère de sa faute si, ensuite, la plupart des ennemis en questions préféraient la mort.

« Vous pouvez vous relaxer. Il ne se déroulera rien de mauvais durant cette petite soirée. Le futur ne s’annonce guère plus mauvais. Bien des personnes veillent à le préparer. »

Le murmure de Leia et son beau sourire de circonstance suffit à Takara, qui se contenta de faire les conclusions préliminaires elle-même. Si cette femme, avec la réputation qu’elle se trainait, se suffisait d’un pareil poste, c’est que ce dernier n’était pas une punition. Que Leia repousse le sujet dans la foulée, qu’il cachait quelque chose d’important que personne ne souhaitait voir se répandre en rumeur au sein d’un tel parterre de membres de la haute société impériale, qu’elle soit politique, « civile » ou militaire. Au fond, elle avait envie d’en savoir plus. Elle avait envie de défier cet air de bouledogue pour venir obtenir d’elle-même les réponses aux questions qui lui trottait en tête. Oui, cette idée persistait, mais la rousse n’y succomberait pas. Pas en cet instant, pas en cet endroit. Elle se contenta donc de rendre le sourire à sa compagne, avant de suivre son mouvement, et, le menton relevé, laissa replonger son regard sur l’assemblée. Ses prunelles rondes et vertes se dirigèrent droit sur une personne qu’elle ne s’attendait pas à voir en ces lieux, mais dont elle avait senti la présence avant même qu’elle ne franchisse les portes de la résidence.

Le seigneur Vader, tout vêtu de son armure noire, se tenait dans un coin de la grande salle et d’où il pouvait tout observer, et peut-être tout entendre. Elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’il pouvait bien faire là. Elle n’était bien évidemment pas la seule, il suffisait de voir les visages peu rassurés des invités qui se trouvaient dans son entourage immédiat, que ce malgré eux ou par volonté, peut-être, d’essayer d’approcher le bras armé de l’Empereur, ces derniers étant probablement dérangés pour choisir ce dignitaire plutôt qu’un autre. L’un d’entre eux, avec sa tenue d’un blanc immaculé et couverte de galons, surplombé par une paire de froufrou aussi dorés qu’immondes ne pouvait être qu’un de ces Grands Amiraux qui dirigeaient les affaires navales, entre toutes choses. Takara avait un peu discuté avec l’un d’entre eux, directeur de « l’Académie » de Coruscant, le Grand Amiral Declann. Comme quoi, le titre ne voulait parfois pas dire grand-chose… Takara se demandait qui pouvait bien intéresser Vader parmi tout ces gens. Sur quoi son regard se portait-il ? Sur elles, maintenant qu’elles étaient arrivées ? Et si c’était le cas, que pensait-il de se rapprochement, entre sa fille et une sith venue du passé ?  

Ce n’est que lorsqu’elle aperçue le crâne de blanc chevelu de Vitiate que Takara comprit bien vite vers qui était tournée toute l’attention du seigneur Vader. S’il n’y avait pas eu Leia, sans doute aurait-elle fait de même. Elle n’avait pas été la seule à porter son attention sur cet homme dont elle se méfiait toujours énormément, et ce même après son passage innocent sur Aldéraan. Comme tout les autres, elle était curieuse de savoir ce qu’il pouvait bien avoir à dire au bras droit de l’Empereur. Il n’oserait sans doute pas évoquer les sujets dont il s’était entretenu avec elles, pas au milieu de toute cette foule remplie de requins des services de renseignement de l’Empire… Ce serait mal venu...

Takara se surprit presque à se désintéresser de la personne qu’elle considérait toujours comme la plus dangereuse de la galaxie, pensant sans doute que pris en tenaille par les deux optiques du casque de Vader, il ne représentait plus le moindre danger. Elle qui ne baissait jamais sa garde lorsqu’elle avait un suspect dans le viseur se surprit presque à penser ainsi, et secoua doucement la tête pour se reconcentrer sur ce qui se passait dans son environnement proche. Vers qui Leia la trainait ; quelles personnes leur tournait autour ; ce qu’elle pouvait capter de leur discussion, lors de leurs brefs rapprochements.

Elle remarqua l’approche du spécimen qu’elle avait vu jusqu’alors aller-et-venir au loin sans vraiment lui prêter une attention particulière, chose qui changea très vite lorsqu’il se mit à fondre directement vers elle, après les avoir observés pendant un bref instant. Takara n’eut pas le temps de dire « ouf » qu’il était déjà là, et ses yeux s’arrondir d’étonnement lorsqu’il interpella sa compagne, sans autre force de procès. Le sang de la rousse ne fit qu’un tour, et pendant un instant, très bref certes, Takara eut cette envie immense de renvoyer cet insolent sur orbite sans plus de politesses. Comment l’Empire pouvait-il accepter que ce genre d’énergumène se balade dans ses rangs, tendant l’oreille pour se saisir de la moindre information, secrète ou non, dont il pourrait bien se saisir ? Que c’était dégoûtant… Personne, sur Kesh, n’aurait osé faire un millième de ce que ce type venait de faire…

Une chance pour lui qu’elle enregistra et traita bien vite le résumé de son pedigree, et que Leia fut prompt à réagir et à capter l’attention sur elle. Le temps pour la rousse de se paraître d’un sourire de circonstance, peut-être un peu contrit, et de refouler au fond d’elle les quelques pulsions qui avaient, pendant un temps, transformé son regard de surprise en deux blasters prêt à faire feu sur l’impertinent.

Sa campagne avait toujours été plus à l’aise avec ce genre de situations. Elle avait été bien plus, et mieux, formée et conditionnée qu’elle à se genre d’exercice. Pour sa part, elle était encore en rodage, comme le sublimait un peu trop sa petite performance lors des manifestations, déjà oubliée de tous, pour le meilleur comme pour le pire. Le fait même que ce type ne sache pas qui elle est, ou du moins ce qu’elle avait été jusque-là sur Aldéraan, était une petite surprise pour la sith qui pensait depuis un moment que ses actions, d’abord lors du couronnement, puis lors des manifestations, avaient braqué la lumière des projecteurs sur elle, même un tout petit peu, pour le meilleur, mais surtout pour le pire, avant, bien sûr, qu’elle finisse par se faire à l’idée que la chose finirait un jour ou non par se savoir ; qu’elle ne pouvait pas trainer dans l’ombre de Leia indéfiniment, chose qu’elle ne souhaite pas, ou désormais plus.

Plus que sa petite remarque soulignant les efforts consentis par l’Empire pour assurer la sécurité lors de ces manifestations, c’était toujours bien de souligner que les troubles avaient été instigués, preuves à la clé, par les Jedi et les rebelles, Takara pensa que Leia laisserait couler la dernière question sans y répondre franchement. Elle ne put supprimer la légère rougeur qui s’empara de ses joues lorsque sa compagne confirma la chose, ni s’empêcher son regard de glisser vers celui de Leia, tout en tentant de ne pas laisser la gêne s’installer sur ses lèvres, pour ne pas se départir de ce sourire de circonstance, forcé, qui risquait alors de se faire un peu trop remarquer. Voilà qu'elle se sentait mal à l'aise, l'extrémité de ses doigts fins tremblotants légèrement d'un agacement plus profond. Pourvu qu’il s’en aille rapidement, lui et ses questions idiotes ! Bien sur qu’elle était sa compagne, leur présence bras-dessus bras-dessous étant suffisant pour gommer les moindres doutes à ce sujet !

Et puis n’avait-il pas d’autres personnes à embêter ?

Il s’approchait réellement… Vader resta parfaitement immobile, répondant à peine au salut du Sith antique lorsqu’il parvint à sa hauteur. Il était bien trop courtois pour être honnête, de toute manière. Vader bénit une fois de plus son casque, empêchant qui qu que ce soit d’avoir accès à la moindre des émotions parcourant son visage dévasté en cet instant précis. Un mélange si vaste de sentiments, parfois contradictoires, qui n’aidaient pas spécialement à maintenir sa santé mentale. Du moins, ce qu’il pouvait en rester.

"Vous pouvez vous relaxer. Il ne se déroulera rien de mauvais durant cette petite soirée. Le futur ne s’annonce guère plus mauvais. Bien des personnes veillent à le préparer."

C’était effectivement un point qui le gênait, que « bien des personnes » préparent ledit avenir. Si auparavant, Vader s’interrogeait surtout sur les manœuvres des mondes séditions, des rebelles et tout ce qui s’ensuit, aujourd’hui, ces diverses catégories de personnes avaient toutes étaient relayées au second plan, pour le niveau de menace réelle qu’elles représentaient. Car tout le mal qu’elles pourraient accomplir ensemble ne pourra jamais parvenir au niveau de danger représenté par ce sith ancien, à lui seul. Ils avaient déjà eu la preuve, avec la pandémie, de ce qu’un seul Sith fou pouvait commettre, comme actes horribles et irréparables, touchant la galaxie toute entière. Plagueis avait travaillé des mois et des mois avant d’agir. Vitiate avait lui aussi disparu des écrans radars durant des mois pour revenir aujourd’hui. Aux yeux de Vader, ça ne pouvait que vouloir dire qu’il avait débuté ses sombres plans.

"Tout dépend de ce que vous qualifiez de mauvais. Tout le monde n’en a pas la même définition. Certains, par exemple, peuvent trouver le désastre de la pandémie très amusant."

Dont ce type, Vader en était plus que convaincu. Il ne pouvait juste pas s’émouvoir d’une pareille horreur, pas lui. Alors que d’autres Siths, malgré leurs passifs et leurs entraînements, ne pouvaient pas rester tout de même de marbre face à ce qui était arrivé. Peu, sans doute, mais tout de même. Palpatine avait lui aussi été agacé mais pas pour les raisons « normales ». ce qui l’avait énervé avait la perte de ressources, d’énergie et l’affaiblissement général de son armée. Il ne s’était pas soucié une seule seconde des désastres sanitaires pas plus qu’il ne se préoccupait vraiment des mondes souffrant encore des conséquences.

"Je ne doute pas," reprit-il un ton plus bas, "que vous fassiez parti des personnes préparant cet avenir. Vous conviendrez que ça soulève un très grand nombre de questions…"

Qu’il n’était évidemment pas le seul à se poser. C’était après sa rencontre rapide avec Kenobi que Vader avait réellement commencé à se soucier de ce seigneur Sith en particulier. Puisque peu d’autres Siths tournaient autour de Vitiate, et surtout, qu’aucun ne montrait une réelle volonté de le stopper… Pire encore, certains pourraient même travailler avec lui.

"Je me suis parfois demandé si vous ne faisiez pas partie intégrante des travaux de notre ami scientifique."

Bien sûr que la pandémie était amusante, voyons. Plagueis avait réalisé un travail de qualité et mieux encore, il avait fait preuve d’imagination ! Cela changeait agréablement des habituelles larges guerres galactiques et des gros vaisseaux se tirant dessus. Un peu de renouveau, que diable, leur ami Sith avait été bien urbain de proposer du contenu inédit. A une si large échelle, que l’on s’entende bien. Des épidémies et pandémies, il y en avait bien sûr déjà eu par le passé, certaines particulièrement désastreuses. Cependant, aucune n’avait été travaillée avec un tel soin et un tel amour. Quel dommage que si peu de personnes sachent apprécier un tel travail et tant d’efforts déployés, parmi les Siths. Vitiate savait que pas mal s’en offusquaient, ce qu’il trouvait si ridicule. Un serveur passa tout à coup à leur portée et Vitiate s’empara souplement d’un verre au passage, très détendu. Un verre qu’il ne proposa pas à son interlocuteur, boire tranquillement avec ce casque ne devait pas se révéler des plus évidents. Ah là là, quelle tristesse, tous ces utilisateurs du Côté Obscur incapables de garder une apparence correcte. Certains se sentaient même si affreux qu’ils portaient des masques même sans avoir de blessures à dissimuler.

« Je ne doute pas que vous fassiez parti des personnes préparant cet avenir. Vous conviendrez que ça soulève un très grand nombre de questions… »

En effet. Le Seigneur Sith se contenta de hocher la tête en réponse à cela, un petit sourire aux lèvres. Les gens avaient toujours cette fâcheuse habitude de s’interroger durant des heures et des heures à son sujet, même lorsqu’il n’avait – officiellement – rien réalisé de mal. Quelle méfiance ! Il ne pouvait comprendre ces gens.

« Je me suis parfois demandé si vous ne faisiez pas partie intégrante des travaux de notre ami scientifique. »

« Vous me flattez. Je ne dispose pas des connaissances nécessaires pour réaliser de tels travaux. Par ailleurs, ce n’est pas non plus un domaine m’intéressant en particulier. J’avoue y avoir été des plus curieux, néanmoins, cette manière de procéder n’est pas ma favorite. Tout le monde a sa petite spécialité, vous y compris, n’est-ce pas ? »

Il leva légèrement son verre, comme pour trinquer ou boire à sa santé, puis but une longue gorgée. Pas mauvais, l’alcool de ce temps. Mieux que ce qu’il avait pu dénicher ces derniers temps, au gré de ses voyages. Ceci étant, il n’était pas un fort connaisseur des spiritueux, ne buvant que durant certaines occasions bien spéciales, lorsqu’il en avait le temps. Cette soirée était l’une de ces occasions. Après tout, il n’y avait ici qu’un simple ramassis de politiciens qui n’avaient rien de dangereux, quelques soldats, des espions de l’Empire se baladant un peu partout en se croyant incognitos. Vader était le seul être, dans cette salle, contre qui il pourrait avoir un combat sérieux, néanmoins, ce n’était pas son souhait. Ce serait contre-productif. Le restant de cette salle n’était que pions négligeables, très peu avaient un réel intérêt à ses yeux. Oh, il arrivait bien sûr, de temps à autres, de tomber sur des petites perles. C’était assez rare mais cela arrivait.

« Je peux comprendre vos interrogations mais je n’ai pas les mêmes ambitions qu’autrefois. Chacun change, avec le temps. Mon seul rêve serait de voir émerger une galaxie plus soudée, sans certains conflits inutiles. Ayons foi en la jeune génération. Nos enfants sont notre avenir, après tout, nous devons leur faire confiance. Ne trouvez-vous pas ? »

Pas les connaissances nécessaires, cela restait à vérifier. De toute manière, il était certain qu’il pouvait produire autant de mal que Plagueis, dans sa propre « spécialité ». Vader roula légèrement des yeux, sous son masque, exaspéré. Par ces failles, évidemment, plus que par le bonhomme en lui-même. Sans elles, tous auraient bien moins d’ennuis à gérer ! Il pourrait même se contenter de simplement exécuter ses ennemis sensibles à la Force, comme avant, sans avoir besoin de se demander si la Force allait les recracher et dans quel état. Ils n’auraient pas besoin de s’inquiéter de ces siths anciens, venus traîner leurs sales pattes dans ce monde. Décidément, de bout en bout, la Force aura été un véritable poison dans son existence entière… Un boulet attaché à sa cheville dont il ne pouvait pas se débarrasser. Pourquoi ne s’était-il pas brisé le cou, durant cette fameuse course, il y a si longtemps… ?

"Je peux comprendre vos interrogations mais je n’ai pas les mêmes ambitions qu’autrefois. Chacun change, avec le temps. Mon seul rêve serait de voir émerger une galaxie plus soudée, sans certains conflits inutiles. Ayons foi en la jeune génération. Nos enfants sont notre avenir, après tout, nous devons leur faire confiance. Ne trouvez-vous pas ?"

Justement… Vader prendrait assez mal que quelqu’un touche aux siens… Même aujourd’hui… Surtout aujourd’hui… Peu importe ce qu’ils devenaient tous les deux… La fureur grimpait de nouveau, comme un volcan sur le point d’exploser. Il savait que cet homme avait déjà posé les pieds sur Alderaan et ne cessait de se demander s’il avait déjà agi contre sa fille. En apparence, elle semblait aller bien. Même très bien. Navigant dans cette salle au bras de sa compagne avec une parfaite assurance, répondant au journaliste sans lâcher son sourire de circonstances, aussi à l’aise ici qu’elle avait dû l’être dans l’Alliance Rebelle. Un très gros doute l’envahi tout à coup… Aurait-elle osé… Alors que cet homme… Tout de même pas… Ou peut-être que si ? Si le but final était de lutter contre Palpatine, elle en était parfaitement capable, il le savait très bien. Prête à tout, comme sa mère. Comme lui. Elle en était capable…

Il n’avait pas répondu à la question de Vitiate, se sentant tout à coup un peu embrouillé en imaginant à quel point cette situation pouvait aller très loin. Complètement dégénérer. Il aurait voulu aller demander directement à sa fille, là, tout de suite, si elle avait osé aller jusque là et se retint à la toute dernière seconde. Pas ici, pas devant tous, trop d’oreilles indiscrètes. Très perturbé tout à coup, il finit néanmoins – enfin – par répondre qu’il était en effet très important de compter sur la jeune génération et ses capacités à prendre les choses en mains. Vader dû cependant presque s’arracher les mots de la bouche, tant il avait du mal à accepter l’idée que sa fille ait pu en arriver là. Avait-elle donc hérité à ce point de sa capacité à prendre de mauvaises décisions… ? Lui s’en était remis à Palpatine et elle à Vitiate ? Si jamais on lui avait dit que ses gamins pourraient faire encore pire que lui, il n’y aurait pas cru ! Vers qui Luke allait se tourner, de son côté, si sa sœur avait vraiment osé en arriver là ?

"En quelle jeunesse avez-vous donc Foi ?"

Les journalistes, toujours si curieux. C’était amusant, au fond, et surtout, ça pouvait être utile. Sourire, donner une bonne image, être sympathique ne pouvaient être que des petits plus. A côté d’elle, la nervosité, la gêne et la colère de Takara se mêlaient et s’entremêlaient joyeusement, depuis le début de l’interview jusqu’à la fin. Lorsque le journaliste fut partie, Leia retint de justesse un petit rire et sourit à sa compagne pour la rassurer. Elles se trouvaient ici pour s’afficher, n’est-ce pas ? Quel était l’intérêt de cacher ce qui était ? Elles pouvaient maintenant reprendre leurs déambulations en toute quiétude. Au loin, elle vit que la reine de Naboo s’entretenait maintenant avec l’un des Grands Amiraux, dans un coin de la salle, assez tranquillement en apparence. Un autre duo, beaucoup plus remarqué et visiblement commenté par bien des personnes les détaillant en douce, n’était autre que Vader et Vitiate. Personne ou presque ne devait connaître ce dernier. Qu’il ait osé approcher le bras droit de l’empereur et discuter longuement avec lui soulevait un très grande nombre de questions. Une large partie des invités s’était déjà emparé de ce fait comme d’un nouveau ragot à rapporter et commenter avidement.

Elle aussi s’interrogeait sur le contenu de leur conversation. D’une part à cause de la dangerosité de l’ancien Sith, d’autre part car il en fallait beaucoup pour inciter Vader à tenir la moindre conversation durant plus de deux ou trois minutes, il n’était pas du genre bavard, bien loin de là. Voir ces deux-là ensemble ne pouvait pas signifier grand-chose de bon. Néanmoins, elle les délaissa pour le moment, détournant le regard. Déranger un tel duo ne serait pas une idée excellente, de plus, elle n’avait rien à leur dire, ni à l’un ni à l’autre. Elles rencontrèrent tout d’abord des politiciens de moindre rang, vivant pour la plupart sur Coruscant et que l’on retrouvait plus souvent dans ce type de réceptions que dans leurs bureaux à travailler. Elle vit même du coin de l’œil, tout en discutant avec l’un d’entre eux, la gouverneure Pryce. Étonnant qu’elle ait l’audace de venir ce soir après tous les problèmes rebelles qu’avait connu sa planète et qu’elle n’avait jamais été capable de régler. Pire, c’était de Lothal qu’était parti le message de l’ex-grand amiral. Leia, après la fin de leur discussion avec l’autre gouverneur, fit dévier leur chemin pour ne pas croiser celui de Pryce, qu’elle méprisait bien trop pour vouloir lui adresser la parole.

Elles arrivèrent quelques temps plus tard à la hauteur de madame Carhowd, que Leia salua tranquillement, comme les gouverneurs et autres politiciens. Palpatine lui avait très brièvement parlé d’elle et de ses nouvelles fonctions, néanmoins, ce n’était pas un fait grand public. Ça ne devait pas l’être. La directrice de prison donnait le sentiment d’avoir avalé à l’instant un citron entier, tant elle était raide et l’air pincé. Sa tenue laissait plus penser à un uniforme d’apparat qu’à une robe de soirée. Leia, qui avait pourtant une tenue fort simple, se sentait très bien habillée, tout à coup. Cette femme devait sans doute la mépriser également. Une ancienne rebelle… comme elle devait sans doute mépriser Takara, littéralement sortie de nulle part et ayant pourtant intégré les petits papiers de la cour royale d’Alderaan. Une fois les salutations et politesse d’usage passés, la jeune reine la félicita pour ce nouveau poste obtenu, sans laisser entendre qu’elle en savait un peu plus que d’autres sur le sujet. Personne, ici, ne parlera de toute façon ouvertement du rôle exact de cette prison.

– Je vous présente également ma compagne, mademoiselle Hilts.

Leia introduisait Takara ainsi à chaque nouvelle personne avec qui elle engageait une petite discussion, dans cette soirée, afin de faire bonne mesure. De temps à autre, elle surveillait également, d’un très rapide coup d’œil, où en étaient les deux Siths dangereux de la soirée, s’ils avaient bougé ou non.

– Que nous vaut le plaisir de votre présence en cette soirée?

Le Seigneur Vitiate n’avait jamais rencontré auparavant un Sith qui soit un tel volcan bouillant d’émotions contradictoires. Souvent éteint, distant et froid, détaché comme si rien ne pouvait plus l’atteindre, puis soudainement, au gré des événements, il explosait. Selon un style différent à chaque fois mais toujours dans un déchaînement d’émotions qu’il ne contrôlait visiblement pas du tout. Il était, finalement, comme la Force elle-même, un courant tranquille, secoué de tempêtes soudaines et imprévisibles… Ce cher confrère n’était vraiment pas très stable… Pouvait-il seulement le devenir un jour ? Bien plus que d’autres, il semblait soumis à la Force plutôt que prêt à la contrôler, il sursautait tout comme elle et en était même tout aussi malade. C’était très curieux. Fascinant à observer, également. La réponse se fit attendre, aussi hachée et perturbée que lui-même. Ah, Seigneur Vader, Seigneur Vader, votre esprit est d’un fouillis sans nom. Et dire que Vitiate avait osé, parfois, croire la petite nature perturbée. Elle était parfaitement saine d’esprit et très équilibrée, finalement, en comparaison d’un tel Sith, aussi torturé de corps qu’il l’était d’esprit. Inutile de se demander ensuite pourquoi ses deux rejetons se trouvaient dans cet état.

« En quelle jeunesse avez-vous donc Foi ? »

« Ceux partageant vos capacités, Seigneur Vader. Ainsi qu’une certaine manière de voir les choses, capables d’agir sur leur environnement et de se remuer pour cette galaxie. D’une manière ou d’une autre, tolérée ou non. Bien qu’ils puissent avoir parfois besoin d’aide ou être guidés, je sens qu’ils peuvent apporter beaucoup à cette galaxie. Après tout, n’est-ce pas là le rôle des anciennes générations ? Accompagner la nouvelle sur le chemin de la puissance puis la laisser tracer sa route par la suite. Je demeure convaincu que d’anciens Jedis suivent ce mode de pensée avec votre enfant disparu. Dommage que ça soit d’une manière visant à terme à vous nuire. Par bonheur, votre autre enfant a déjà été sauvée de cette influence, grâce à l’Empereur Palpatine. »

Certaines mauvaises langues pourraient dire « à cause » de l’Empereur Palpatine. Tout dépendait des points de vue. Ils ignoraient cependant que ce vieil empereur n’avait en réalité pas encore fait grand mal à l’ancienne petite rebelle, il l’avait bien vite confiée à la rouquine naïve et expédiée sur Alderaan, où elle devait servir de jolie décoration impériale. En rester là aurait été en gâcher si stupidement le potentiel. Vitiate regrettait simplement ne pas avoir encore le second gosse sous la main, il aurait pu, sinon, réaliser une autre situation plus intéressante. Hélas, il devait encore être patient. Il faut dire aussi qu’il n’avait pas encore eu le temps de sérieusement s’en occuper. Peut-être ses amis Jedis gardaient-ils un œil dessus ? Soit par crainte qu’il ne termine comme sa charmante sœur, soit parce qu’ils avaient compris tous seuls comme des grands qu’il ne valait pas mieux le laisser traîner n’importe où et avec n’importe qui. Vitiate sourit un peu, tout en buvant une nouvelle gorgée de sa coupe. Ce qu’il y avait de plaisant, avec ces petites bêtes perturbées, c’est qu’il suffisait de peu pour les attirer dans un piège. Cela lui donnait une idée, d’ailleurs…

« Il est dommage également que certains de ces jeunes aient bien du mal à savoir ce qui est bon pour eux. Heureusement que les parents et les personnes plus âgées peuvent les aider. C’est d’ailleurs leur premier devoir. »

Ce cher volcan sur pattes mécaniques devrait bien comprendre cela, après ce qu’il avait lui-même vécu. Vitiate avait pu obtenir ses informations.

« J’ai moi-même eu des enfants, savez-vous ? Deux ont fait leur petite crise, comme chaque gamin. Il est parfois difficile de se faire entendre. »

C’était une réunion très intéressante, où elle avait déjà pu entendre et observer pas mal de choses. Certaines présences singulières ne pouvaient qu’être remarquées, car elles étaient inquiétantes pour une partie des invités ou bien simplement surprenantes, par leur existence même, comme la présence de celui qu’on appelait l’amiral invisible. Il était le seul, de toute l’assemblée, que la directrice ne s’était pas attendue à voir, à vrai dire. Le désintérêt qu’il manifestait pour les manœuvres politiques le rendait, comment dire cela, un peu trop atypique pour le poste qu’il occupait. Un peu comme l’alien qui avait déserté, d’ailleurs. L’amiral invisible était d’ailleurs le seul à ne pas avoir opposé une dénonciation publique à la nomination de l’alien, certains allaient même jusqu’à se demander s’il rendu compte qu’il avait un nouveau confrère. Il discutait avec la jeune reine de Naboo, dans leur coin, sans même, comme beaucoup d’autres, prêter attention à ce qui se passait autour et qui pourrait écouter. Soit leur sujet de conversation était très innocent, soit ce type était encore plus ignorant en politique que n’importe qui d’autre dans la galaxie.

Une autre personne, cette fois indésirable, s’était également présentée, la gouverneure de Lothal. Ellsara ne comprenait pas comment elle pouvait avoir l’audace de se présenter en ces lieux, d’autant plus après les nombreux fiascos successifs s’étant déroulés sur le monde qu’elle était censée contrôler et protéger. Comment pouvait-on avoir si peu de dignité ? Cette question à elle seule mériterait une étude approfondie. Bien d’autres gouverneurs, ayant également détestablement échoués dans leurs tâches, avaient au minimum la bonne grâce de ne pas se montrer. La directrice préféra détourner le regard de ce déchet, pour se concentrer sur le restant des invités, un verre à la main, tout en déambulant tranquillement dans cette salle, attentive. Quelques instants plus tard, elle croisa le chemin de la reine d’Alderaan et sa petite amie, qu’elle salua d’un ton neutre. Quelques politesses d’usage, comme il était de circonstance. Très menues, ces deux-là, à croire qu’elles se nourrissaient pas assez. Petites également. Au moins, ni l’une ni l’autre n’avaient le genre de tenue ou de coiffure ridicules comme on en voyait sur Naboo.

"Je vous présente également ma compagne, mademoiselle Hilts."

"Ravie de vous rencontrer."

Elle connaissait déjà ce visage, depuis les petits troubles ayant secoué Alderaan, le jour du couronnement, sans oublier ensuite cette journée de manifestation. Ellsara s’interrogeait sur le nombre de traditions et de lois devant encore être changées, sur cette petite planète, depuis lors. Que la nouvelle reine soit en couple avec une femme n’était pas un problème en soi, en revanche, la question de l’héritier allait vite se poser. Elle-même avait été adoptée, comptait-elle inscrire officiellement dans les textes que ce mode pour obtenir un héritier pouvait être choisi d’emblée, plutôt qu’avoir un héritier naturel ?

"Que nous vaut le plaisir de votre présence en cette soirée ?"

"Il est important de montrer l’unité impériale, plus encore en ces temps troublés. Bien que certains visages soient difficilement tolérés."

Son regard glissa de nouveau, avec brièveté, sur le déchet de Lothal. Puis elle le reporta sur le jeune couple, particulièrement sur la menue rousse.

"Vous avez réactive lors des agitations orchestrées par les rebelles et Jedis lors des dernières manifestations, à ce qui a été dit. Vous devez maintenant être fichée sur les listes rebelles, sans nul doute. Attendez-vous à de futurs ennuis."

Takara ne considéra que très peu le journaliste dès qu’il eut cessé de s’intéresser à elle, laissant éventuellement Leia s’occuper de ces affaires-là, et se contenta de jeter un regard scrutateur autour d’elle, sans pour autant tourner de trop la tête. A la recherche de personnalités impériales qui seraient intéressantes à aborder pour le futur. La rousse arrêta son regard un instant sur cet amiral à l’air las, sans savoir encore s’il pourrait leur être utile d’une quelconque manière. Elle avait entendu dire que c’était un individu plutôt discret, qui s’intéressait que très peu à la politique, pour se concentrer sur les affaires militaires. C’était peut-être le genre à ne pas trop poser de question, du moment qu’on lui lâchait la bride pour faire son travail. Takara nota dans un coin de son esprit de se renseigner un peu plus sur sa personne, chose qui ne coûtait pas grand-chose. Tout comme elle comptait bien se renseigner un peu plus sur tous ces gens, en suivant la trajectoire que prendrait son amante. C’était ce qui avait été décidé au préalable, ensemble, et la jeune rousse ne désirait pas s’offrir quelques largesses avec ce protocole. Elle ne reporta son attention sur Leia qu’une fois l’emmerdeur repartit, cette fois en direction du duo formé justement par le Grand Amiral et la reine de Naboo. Ah ça, aucun risque de le voir s’attaquer à Vader ou Vitiate ! Si le second savait peut-être se retenir, nul doute que le premier lui donnerait ce qu’il mérite en lui écrasant la trachée d’un mouvement expéditif !

Elle offrit au sourire de sa compagne un air interrogateur et confus, encore incertaine de ce qui venait de se passer, ne sachant trop comment prendre l’intervention du journaliste. Leia semblait s’en amuser, ou plutôt s’amuser de sa réaction. C’est qu’elle avait dû sentir ses émotions se balloter pendant toute l’interview… Cette pensée lui arracha malgré tout un sourire, satisfaite de la voir toujours progresser un peu plus sur ce chemin qu’elle avait évoqué redouter, il y a maintenant des mois de cela, lors de leur toute première entrevue sur Coruscant. Oui, Leia avait fait beaucoup de progrès ces derniers temps, au point de finir par entrevoir d’un autre œil certaines de ses appréciations personnelles sur divers sujets.

Suivant cette dernière à travers la vaste salle, le bras toujours par-dessous celui de son amante, Takara continua de se prêter au jeu, certes pas nouveau pour elle, mais de moins en moins gênant avec le temps. Elle s’offrit le luxe d’un verre entre salutations de politiciens mineurs, se contentant de paraître plus pour ce qu’elle devait être que ce qu’elle était réellement. Ceux qui s’étaient tenus proche de l’actualité d’Alderaan devineraient ainsi plus aisément à qui ils avaient à faire, laissant les autres dans le défaut de leur ignorance. Le verre à la main, la jeune Sith ne cessa de se laisser mener, même lorsque Leia changea brusquement de route, alors que l’esprit jusqu’alors relativement calme de son amante s’agita brièvement. Du mépris. Peut-être même de la colère. Avec le temps, Takara avait l’impression de pouvoir deviner l’origine de la moindre saute d’humeur de sa compagne. Était-ce de même la concernant ? C’était une possibilité qui ne la dérangeait pas vraiment.

Au fur et à mesure de leur lente progression, où les deux femmes piétinaient plus sur leurs talons qu’autre chose, Takara commençait à se détendre, une forme d’aisance venant doucement réduire à néant les dernières poches d’anxiété qui résistaient encore. Elle fut néanmoins un peu surprise de voir Leia les diriger vers la directrice Carhwood. Etant donné la rapidité avec laquelle elle avait coupé court à ses interrogations, la sith ne s’attendait pas vraiment à ce que son amante vienne engager la conversation avec cette femme. Pas la moindre ride n’avait d’ailleurs bougé sur le visage de cette dernière en les voyant approcher, la directrice semblant se murer derrière une expression de façade fort peu accueillante depuis leur arrivée. Takara ne s’en offusqua pas, n’ayant eu que trop l’habitude d’arborer pareille attitude de là où elle venait. Tout comme de porter l’uniforme, d’ailleurs. Non, cette femme devait savoir que c’était là la meilleure manière pour elle de se faire respecter d’abord, mais surtout comprendre.

« Madame la Directrice. » lâcha-t-elle à son intention lorsque Leia la présenta, une fois de plus, non sans oublier les politesses et usage de circonstance. « Tout le plaisir est pour moi. »

S’attendant une fois encore à n’être qu’en périphérie de la conversation, Takara laissa Leia attaquer la première avec une platitude dont elle connaissait déjà la réponse. Elle fut donc un peu prise de court lorsque la directrice orienta rapidement son attention sur elle, se rendant compte alors à cet instant que la grande taille de la militaire jouait beaucoup dans son attitude intimidante.

Relevant la tête pour soutenir un instant son regard, avant de répondre d’un ton assez plat, sans hausser sa voix :

« C’était essentiel. Qui sait ce que ce terroriste Jedi aurait pu provoquer, ce jour-là. Hélas, il est bien dommage que la Force ait trouvé comique de nous l’enlever peu après son arrestation. Il semblait bien informé, qui sait ce qu’il aurait pu nous apprendre… » Elle eut un léger rictus en abordant la suite, accompagné d’un haussement d’épaule caractéristique. « Quant aux rebelles, leur volonté d’utiliser une foule d’innocents pour tenter de semer le chaos et la destruction ne fait que trahir leur lâcheté et l’hypocrisie de leur cause. Soyez assurée que je ne crains guère ces spécimens-là. »

Elle avait volontairement appuyé ses derniers mots, emplis de mépris et de condescendance, son regard s’étant perdu au même moment dans la foule, l’espace d’un instant. Peut-être faudrait-il mettre un peu plus l’accent sur ce qu’ils n’ont toujours pas réussi à accomplir, plutôt que de réagir à leurs exactions stupides. Montrer en quoi leur cause est toujours aussi inutile pour les peuples qu’ils disent défendre, et combien ces derniers au contraire subissaient les conséquences de leurs actions. Chercher à monter leur opinion contre leurs défendeurs, plutôt que de se contenter de les réprimer par le sang sans réfléchir. La terreur fonctionnait toujours un tant, mais seule, elle n'était jamais la seule solution...

Il y avait une satisfaction à savoir qu’elle n’était pas la seule à réprouver la simple présence de cette femme au sein de cette soirée. L’attention de Carhowd se détourna cependant bien vite de cette incapable pour plutôt se tourner vers Takara et la féliciter de son action lors des événements ayant troublés Alderaan. Tout en la mettant en garde contre les rebelles. Elle était la première à le faire au cours de cette soirée, alors même que bien des personnes ici savaient ce qui s’y était passé, une surprise pour Leia, qui ne s’attendait pas à ce que la première remarque sur le sujet provienne de cette femme. Une surprise agréable, néanmoins, elle se sentait ravie qu’on accorde de l’attention à Takara et plus important encore du mérite pour les actions réalisées. Même si cela pouvait en effet attirer l’attention de gens douteux, il s’agissait surtout d’un moyen de renforcer la place et l’influence de sa future consort, à la fois aux yeux de la population Alderanienne et aux yeux de la galaxie toute entière. Il fallait néanmoins être patiente, car du temps était nécessaire pour se faire à la fois place et réputation, deux ou trois actions n’y suffisaient pas.

– C’était essentiel. Qui sait ce que ce terroriste Jedi aurait pu provoquer, ce jour-là. Hélas, il est bien dommage que la Force ait trouvé comique de nous l’enlever peu après son arrestation. Il semblait bien informé, qui sait ce qu’il aurait pu nous apprendre… Quant aux rebelles, leur volonté d’utiliser une foule d’innocents pour tenter de semer le chaos et la destruction ne fait que trahir leur lâcheté et l’hypocrisie de leur cause. Soyez assurée que je ne crains guère ces spécimens-là.

Ils ignoraient si cet homme avait été, oui ou non, allié aux autres rebelles infiltrés dans le Palais. Mais peu importe. En tout cas, peu importe aujourd’hui, elle avait eu bien autre chose à songer depuis lors, bien autre chose à réfléchir. Entre ses fonctions en tant que reine et son entraînement au côté obscur avec sa compagne, toutes les journées étaient si bien remplies. Tant et si bien qu’il en devenait compliqué de réfléchir à autre chose, que ce soit son passé, le chemin emprunté ou les motivations naïves de son frère jumeau. Luke ne réalisait qu’il était le seul à ne pas être normal, dans leur famille… Sa propre compagne avait été une marionnette de Palpatine, elle le savait maintenant. Elle-même s’avançait sur le chemin des Siths, tout comme sa future femme. Vader l’avait fait depuis longtemps. Un des fils de Leia avait été également un Sith. Parmi ses descendants, d’autres encore avaient suivi cette voie. Même dans la descendance de Luke, le côté obscur brillait malgré tout. Il ferait mieux de ne pas s’obstiner et cesser de lutter contre la véritable nature de leur sang.

– Les habitants d’Alderaan ont bien saisit ces tentatives de manipulation, il n’y a aucune crainte à avoir de ce côté-là. Personne ne veut plus subir les dommages collatéraux ni être embarqués dans des luttes ne les concernant plus. Il doit rester une ou deux poches de résistance, qui vont bientôt être éliminées.

C’était bien naturel, la planète était peu à peu reprise sous contrôle. Les errances acceptées du temps de son père adoptif n’étaient plus tolérées sous son propre joug. Si elle avait pu penser plus souplement au tout début de son règne, les choses avaient changé aujourd’hui. Il n’était plus question de se laisser attendrir, elle avait bien compris maintenant que ça ne ferait que la desservir et surtout l’empêcher de progresser vers le côté obscur. Comme si une petite voix dont elle n’avait pas conscience lui soufflait, du fin fond de son esprit, laisse-toi faire… L’attrapant par la main pour l’emmener vers de nouveaux lieux, l’éloigner des dernières parcelles de lumière et renforcer son goût du pouvoir. Enfant, elle réprouvait assez l’idée de devenir un jour reine. Aujourd’hui, cela lui plaisait de plus en plus.

– La rébellion reste néanmoins plus active dans la Bordure Extérieure. Avez-vous entendu parler des troubles sur Mandalore ?

Personnage infect et dangereux. Incarnation même d’une des plus malsaines des manifestations du Côté Obscur, qu’il fourrait dans le même sac que Plagueis ou que certains autres Siths du passé. Plaie aux expressions polies trompeuses et dont la courtoisie apparente ne camouflait qu’un odieux serpent, des plus fourbes et vicieux, pouvant vous mordre tout en continuant à vous sourire sadiquement. Terroriste, danger, menace, avertissement, énigme, adversité, malheur, tout ce qu’il pouvait représenter ! Vader était sur le point de mettre un terme à cette conversation pour retourner vaquer à ses propres occupations, lorsque le journaliste de la salle fonça tout à coup vers eux deux comme une balle. Vitiate et lui-même tournèrent lentement la tête vers lui, avec une synchronisation parfaite. Bien qu’aucun des deux ne lâcha la moindre expression, Vitiate grâce à sa maîtrise et lui car son casque noir l’en empêchait, il aurait pourtant pu être évident, pour cet homme, qu’il ne devrait pas faire ça.

"Pardonnez mon irruption, Ô Grand Suprême Commandeur et noble Seigneur Vader, notre bien aimé à tous ! Je suis Nolsen Mystrong, le plus célèbre journaliste du Holonet Galaxy News, bien entendu accrédité par notre Empire Galactique ! Si vous le permettez Ô Suprême Commandeur, j'ai quelques questions pour vous et la personne avec qui vous semblez converser, en direct pour nos cher holotéléspectateurs ! Pour commencer, nous aimerions que vous nous présentiez ce noble et grand homme qui semble important, ici présent avec vous ! But Mostly my lord, nous voudrions connaître vos avis par rapport à la récente annonce de Sa Majesté Organa sur sa compagne, est-ce que vous approuvez son choix ? Enfin vis à vis des récents débordements avec les terroriste rebelles ou Jedi, pouvez-vous nous dire Ô seigneur Vader, si Sa majesté notre Empereur préféré Palpatine a décidé de ses prochaines actions, pour rassurer nos holotéléspectateur de ceux qui nous écoutent en ce moment même ?"

Est-ce que cela se faisait d’étrangler un civil en plein milieu d’un direct et d’une salle remplie à ras-bords de dignitaires de tous poils… Certes, cela risquait de jeter un froid mais aussi d’offrir généreusement une animation gratuite à tous ces braves gens… Hélas, il avait plutôt tendance, au service de Palpatine, de massacrer soit des militaires, soit des survivants de l’Ordre 66, soit des Rebelles. Il était plus délicat de justifier le massacre de civils de ce genre, malheureusement, d’autant plus si ce n’était que pour passer ses nerfs. Par la Force, il aurait tant aimé pouvoir placer la petite adoratrice des droïdes devant la caméra de ce type et la laisser déblatérer ses âneries en hurlant, tout en observant la réaction de tous ces insupportables invités. Quel dommage… Bon, en attendant, ce collant, il devait tout de même éviter de le massacrer ici. Qu’il veille néanmoins à ne pas dépasser une certaine limite, il pourrait, sinon, lui arriver un malheureux accident par la suite.

"L’Empire ne cesse jamais ses actions pour contrer celles des terroristes. Veillez à ne pas sous-estimer les actes des agents œuvrant tous les jours, sur le terrain, pour veiller à votre sécurité. Qui donc doit encore être « rassuré » vis à vis de cela."

La menace était à peine voilée et il se souvint d’extrême justesse qu’il ne devrait pas étrangler ce type ici même. Calmons-nous, détendons-nous, jouons le jeu, n’étranglons personne, restons courtois… Tiens, comme l’autre serpent, là, qui avait le don de terriblement l’agacer, bien plus que n’importe qui d’autre, avec son ton faussement poli. Comme s’il était vraiment fréquentable. Les questions indiscrètes sur Leia lui étaient, quant à elles, rentrées par une oreille et sorties par l’autre. Vader ne se préoccupait absolument pas de qui elle embrassait et pourquoi, à partir du moment où ça ne la rendait pas aussi fourbe que pouvaient l’être des Siths comme Vitiate. Parlant de lui, d’ailleurs… Qu’il prenne donc le relais, tiens, ça permettra à Vader de lui refiler le petit insecte et de pouvoir s’éclipser en paix.

"Voici, sinon, le seigneur Vitiate, que vous avez sûrement déjà aperçu aux débats de début de pandémie. Un consultant, venu de régions bien lointaines, très impliqué dans les activités galactiques. Il se fera sûrement un plaisir de répondre à toutes vos questions."

"C’était essentiel. Qui sait ce que ce terroriste Jedi aurait pu provoquer, ce jour-là. Hélas, il est bien dommage que la Force ait trouvé comique de nous l’enlever peu après son arrestation. Il semblait bien informé, qui sait ce qu’il aurait pu nous apprendre… Quant aux rebelles, leur volonté d’utiliser une foule d’innocents pour tenter de semer le chaos et la destruction ne fait que trahir leur lâcheté et l’hypocrisie de leur cause. Soyez assurée que je ne crains guère ces spécimens-là."

Ne pas les craindre était une chose, ne pas les sous-estimer en était une autre. Une erreur pourtant commune, dans les rangs de l’Empire et de la plupart de leurs alliés. Il était très aisé de mépriser tant une faction ennemie que vous en finissiez par ne plus en reconnaître les véritables forces. Il restait à déterminer à quelle catégorie cette femme appartenait et donc quelle sera, sur le long terme, sa véritable utilité, pour l’Empire. Pour l’heure, Ellsara n’émettait pas de jugement définitif. Elle écoutait, analysait, patientait. Le peuple de cette jeune reine avait au moins compris, pour une bonne partie, où était son intérêt, c’était déjà cela. Les attaquer comme ce Jedi avait fait était, de toute manière, une idée particulièrement stupide. S’agiter ainsi au milieu d’une foule résolument pacifique, par sa culture et son Histoire, avait brutalement desservi l’intérêt des Jedis. Qu’importe si ces derniers cautionnaient ou condamnaient ces actes.

"La rébellion reste néanmoins plus active dans la Bordure Extérieure. Avez-vous entendu parler des troubles sur Mandalore ?"

"Bien entendu, comme nous tous. Il faut cependant bien avouer que cette planète n’est guère une priorité, dans la Bordure. Bien d’autres mondes plus intéressants, financièrement, politiquement et diplomatiquement, attirent bien plus le regard impérial. Ils ont su en profiter mais ça ne durera qu’un temps. Ce qui s’est passé à néanmoins fourni des données intéressantes, pour les agents de l’Empire."

Ce qui était, somme toute, l’essentiel à retirer de toute cette affaire. La planète en elle-même n’avait que peu de valeurs, son peuple ne représentait plus une menace sérieuse depuis de très nombreux siècles et les rares membres connus, actifs parmi les rebelles, ne se trouvaient même plus sur leur propre planète. Ces éléments et bien d’autres incitaient l’Empire à ne porter un plus fort intérêt à cela à Mandalore. Ellsara but une gorgée de son verre avec un faible sourire, en songeant que les habitants de ce charmant secteur galactique devraient profiter de leur éveil tout neuf, tant qu’il pouvait durer. Mais il était bien vrai que la Bordure Extérieure était la zone la plus considérablement agitée et qu’elle exigeait bien des efforts, de la part de l’armée impériale. Le Grand Moff Tarkin y consacrait toute son énergie et n’en avait guère plus à rendre ailleurs. Les Bordures Médianes et Intérieures étaient calmes, sans grand intérêt. Les Mondes du Noyau avaient des soucis politiques, qui ne pouvaient être réglés qu’ici même. L’Espace Sauvage n’avait aucun intérêt non plus. Ses mondes ne faisaient qu’achever leur agonie pandémique dans l’indifférence générale.

"Votre monde, pour sa part, à la chance de se trouver dans le Noyau. En cas de futurs ennuis rebelles ou venant de ces Jedis, toute aide nécessaire pourra être fournie dans la plus grande des diligences."

Son regard fut tout à coup attiré par le petit reporter fou qui avait foncé vers le seigneur Vader et l’homme avec qui il discutait depuis toute à l’heure. Sa première pensée fut qu’il allait être étranglé sur place, mais il n’en fut rien. Visiblement, le bras droit de l’Empereur n’était pas de si mauvaise humeur. A moins qu’il ne se contienne simplement devant un tel public. Cette seconde hypothèse était déjà bien plus crédible. Ellsara retourna la tête vers les deux femmes, sans faire de commentaires sur cette petite scène en coin.

"Très bien, je vous souhaite de profiter agréablement de cette soirée."

Poursuivre longuement cette discussion ne l’intéressait pas, elle n’était pas du genre à apprécier les discussions soutenues. Ou du moins, pas dans de pareils endroits. De toute manière, ce jeune couple allait certainement partir danser ou elle ne savait quoi. Elle se contenta donc de les saluer poliment puis de prendre congé.

C’est qu’il fonça littéralement droit sur eux, le petit excité de caméra, fascinant ! Il était assez drôle de découvrir de telles réactions, surtout lorsque vous aviez été habitué à celle inverse. Peu de gens, sachant qui il était, avaient très envie de l’approcher ou simplement de lui parler. Il devait en être de même pour le seigneur Vader. Ne serait-ce qu’avec les regards et réactions autour d’eux, beaucoup s’attendaient certainement à ce que ce petit journaliste achève ici sa carrière, dans un dernier râle d’agonie. Lui-même pouvait ressentir l’envie bouillonnante de son cher confrère. Quelle remarquable retenue ! Il avait beau être un volcan actif, il savait paradoxalement faire preuve de bien plus de retenue que les petites natures que Vitiate avait connu de son temps. Cette époque était si intéressante. Quel dommage, cela dit, que trop peu encore, parmi les Siths, en voient si peu les possibilités. Tout le potentiel, pourtant si phénoménal ! Ainsi que, certes, les petits insectes comme celui-ci. Ce genre de bestiole nuisible s’éradiquait difficilement. Mais soit, c’était aussi une brève part du charme de ce temps. D’autant plus que les natifs étaient, décidément, bien plus patients.

Le Sy Bisti de ce petit journaliste piquait lourdement les oreilles, suffisamment pour que la plupart de ses mots en deviennent incompréhensibles. D’autant plus qu’il avait cette fâcheuse tendance à hurler plutôt que discuter normalement. Très curieux. Bien que ce genre d’insecte soit utile à la propagande, dans une certaine mesure tout du moins, les avoir ici était usant. Vitiate imaginait bien dans quel état devait se trouver cet esprit, le désordre… Beaucoup de personnes étaient comme lui, malheureusement. Leurs esprits étaient telles des chambres mal rangées, où souvenirs, émotions et idées traînaient sans ordre ou logique, sans la moindre coordination. Ces personnes en devenaient, au choix, lentes à la réflexion, facilement influençables et manipulables ou encore nerveuses de nature. Et bien d’autres issues encore. Y remettre un semblant d’ordre avant possession, complète ou partielle, se faisait en jetant au passage une part de personnalité. Afin d’éviter que le désordre ne revienne. Les personnes à l’esprit clair étaient on ne peut plus agréables à s’emparer.

« Voici, sinon, le seigneur Vitiate, que vous avez sûrement déjà aperçu aux débats de début de pandémie. Un consultant, venu de régions bien lointaines, très impliqué dans les activités galactiques. Il se fera sûrement un plaisir de répondre à toutes vos questions. »

Ah, les Furies, toujours aussi sensibles dans de telles situations et prêtes à tout pour disparaître à l’abri des ombres. Encore un point qui ne changeait guère. Elles étaient incapables de jouer et incapables de s’intégrer dans ces décors. Sa petite nature, tout comme Vader, n’était pas capable de se fondre dans le paysage avec facilité. Ce qui était très amusant, ces que les deux avaient un également un net désavantage physique à surpasser, pour cela.

« Bien entendu, que cela va être un plaisir, un tel travail d’information envers le grand public est un travail honorable, il serait abject de ne pas le reconnaître à sa juste valeur. »

Ton poli et courtois, attitude calme, il savait comment s’y prendre pour afficher une décontraction élevée. Y compris lorsqu’il se trouvait face à un ennemi déclaré ou à une personne ivre de rage, voulant le tuer une nouvelle fois. A ses yeux, une attitude sereine et très polie vaudra toujours bien mieux qu’une attitude méfiante ou agressive, tout simplement car demeurer maître de soi restait le meilleur de tout. De toute manière, il n’y avait aucune raison à insulter ses adversaires ou à se montrer désagréable envers eux. S’ils souhaitaient se battre, soit, mais pourquoi en faire une affaire personnelle ? Saluer votre ennemi avant de le tuer, s’il s’obstinait à vouloir vous affronter, était tout de même la moindre des politesses. Quoi de plus désagréable que des adversaires arrivant face à vous bave aux lèvres et sans prendre la peine de dire bonjour, on se le demande. Cette galaxie manquait tant de bonnes manières.

« Comme l’a dit le seigneur Vader, je viens effectivement de régions galactiques très lointaines, si lointaines que l’Empire ne les a jamais foulé. Connaître peu de choses de ses voisins ne peut guère plaire à de nombreux peuples, cela fait avorter des relation diplomatiques et commerciales. Je suis donc chargé de pallier à tout cela et de rencontrer des personnes importantes, afin d’instaurer des relations de confiance. J’ai été choisi comme médiateur et consultant car je sais m’y prendre pour convaincre aisément des personnes de suivre les bonnes idées. »

Il disait cela sans une once de mensonge, qui plus est. Après tout, qui de mieux placé que lui pour « convaincre » facilement ? Chacun avait sa petite manière très personnelle de s’y prendre.

« Les problèmes rebelles de cette galaxie n’effraient pas vos nombreux voisins, monsieur Mystrong. Bien au contraire, tous savent qu’ils vont bien vite être réglés et que les relations diplomatiques pourront ensuite s’étendre. Vous serez, bien entendu, cordialement invité à couvrir ces nouvelles relations et horizons. »

Denn Wessex, Grand Moff.

Depuis les hauteurs du premier étage, dont le balcon longeait les murs du salon central, la vue était parfaite. Plongeante, elle permettait de facilement reconnaître les invités qui passaient par le grand hall tout en gardant un œil sur le reste, agglutinés en petits groupes, et profitant sans doute de l’air léger joué par l’orchestre pour commenter les rumeurs et colporter des ragots. Elle permettait aussi d’apprécier de plus près les dorures et autres décorations artistiques qui offraient au plafond et aux murs leurs reliefs si particuliers et typiques du monde qui accueillait cette réception. C’était difficile à admettre pour lui, mais le Moff Seerdon avait vraisemblablement eu du nez en proposant cet endroit : c’était adapté, et bien plus seyant que tout ce qu’il aurait pu trouver sur Paarin Minor. Appuyé d’une main contre la riche rambarde du balcon, le Grand Moff Denn Wessex écoutait, assez distraitement il faut le dire, la conversion qu’entretenait la gouverneure civile de Kuat avec sa femme et ingénieure, Lira. Elle n’avait pas eu besoin, cette fois-ci, de le pousser à quitter son tout nouveau bureau pour lisser son image. Il n’avait d’ailleurs plus eu de calendrier aussi chargé en réunion publiques et politiques depuis des années.

« J’ai cru comprendre que vous souhaitiez changer la donne à ce sujet, Grand Moff. Est-ce vrai ? »

Bien qu’il n’écoutât qu’à moitié depuis que Lira avait engagé la conversation, la question ne le surprit pas vraiment.

« Il sera difficile de faire pire que mon prédécesseur, gouverneure. Vous comprendrez, bien sûr, que je ne puisse pas discuter des affaires militaires avec vous. Néanmoins, soyez assurée que la sécurité de Kuat est et restera l’une de mes priorités. » botta-t-il adroitement en touche, masquant par la même occasion son dépit devant le peu de conscience que pouvait avoir certains politiciens de leurs jours.

Le monde de la gouverneure étant l’un des mondes les mieux protégés de l’Empire. Son inquiétude était injustifiée mais néanmoins typique de ces privilégiés qui vivaient en dehors de la réalité. En évinçant Praji à la tête du secteur impérial prioritaire numéro quatre, il avait demandé un rapport détaillé de l’état des forces impériales, et un état des lieux de l’humeur des populations sous son autorité. Ce qu’il avait appris ne l’avait pas surpris. Kuat était de loin l’un des mondes les plus tranquilles avec Alderaan. Or la jeune Organa, en arrivant, n’avait pas grimpé les marches pour venir lui demander de renforcer la présence impériale sur son monde, elle. Et puis ce n’était pas comme s’il pourrait changer grand-chose en l’état : la pandémie avait dilué les effectifs, et ce n’était pas avec les méthodes de Tarkin dans la Bordure Extérieure que les choses changeront. Sa « doctrine » était un échec, et l’Etoile de la Mort un véritable gouffre tant humain que financier.

Oui, il avait vu la nouvelle souveraine d’Alderaan entrer un peu plus tôt, au bras d’une autre femme. Il irait sans doute la voir plus tard, pour se présenter, bien qu’il ne doutât pas qu’elle ait déjà fait ses devoirs le concernant. C’est ce qu’il aurait fait, lui, à sa place. Il devait aussi rencontrer les représentants des autres mondes clés de son nouveau terrain de jeu, pour organiser avec eux des réunions un peu moins formelles.

Denn jeta un nouveau coup d’œil en bas, à la recherche des personnalités dignes de son intérêt. Il eut un sourire presque mauvais en voyant le Grand Amiral Batch en personne tenter une approche auprès de la souveraine de Naboo. Enfin, du moins pensa-t-il qu’il s’agissait d’elle, à la vue de son accoutrement on ne peut plus… outrancier. Le militaire devait sans doute avoir l’impression de se noyer au milieu d’un pareil banc de requins. Il y avait aussi des individus qu'il avait aperçu de près ou de loin à d'autres réceptions et cérémonies, ainsi que quelques têtes qu'il ne connaissait pas.

Le Grand Moff se serait sans doute contenté d’observer ce spectacle s’il n’avait pas eu d’autres affaires à régler. Il s’approcha de sa femme, posant une main sur son épaule pour lui murmurer à l’oreille qu’il descendait dans le grand salon, et qu’elle pouvait compter sur son aide de camp pour l’aider dans ses affaires, si besoin. Il releva ensuite la tête vers la gouverneure.

« Si vous voulez bien m’excuser. Je suis certain que Lira se fera un plaisir de continuer cette entrevue avec vous. »

Puis il descendit les marches, profitant de l’instant pour tirer un peu sur le bas de sa veste, avant d’intercepter un serveur et son plateau de boissons. Il jeta un regard en biais vers Vader et son interlocuteur, aux prises avec ce journaliste de l’Holonet News Galaxy. Un geste courageux... Non, suicidaire, à son avis. Lui, n’approcherait ces deux-là sous aucun prétexte. Vader parce qu’il valait mieux le déranger quand on avait quelque chose d’important à dire. L’autre, parce qu’il n’y avait pas à grand-chose à faire avec, selon lui. Non, il avait vu le sénateur d’Humbarine dans un coin de la pièce, et c’est vers lui qu’il décida de se diriger en premier, le saluant respectueusement, avant d'aller droit au but. La plaie béante provoquée par la tragédie que ce monde avait vécu pendant la Guerre des Clones prendrait du temps à se résorber. Voir une planète aussi majestueuse que Coruscant réduite à l’état de ruine était terrifiant, quoi que puisse en dire des individus comme Tarkin. La reconstruction faisait partie des projets les plus ambitieux du poste qu’il venait de reprendre. Hélas, cette affaire avait pris du retard. D’abord à cause de la Pandémie, puis par la faute de ce rapace de Grand Moff, qui pillait tous les fonds de tiroirs pour ses campagnes dans la Bordure Extérieure…

La soirée est plutôt calme et tranquille. Les gens sont tous d'une grande politesse exquise et raffinée, comme il sied à une telle réception. Les petits fours sont délicieux et les breuvages tout aussi excellents. C'est une réception parfaite en somme. C'est d'un ennuie total. Franchement, la politique.. je comprend cela, c'est même indispensable si l'on veut devenir un vigo, mais comme je déteste cela. Finalement, au fond, je reste toujours ce gamin venu des bas-fond. Je n'aime pas ces faux-semblants, ces souris hypocrites. Je préfère la franchise rude mais je m'y suis fait.

Tout comme mon interlouteur, un non-humain ressemblant fortement à notre race, dont la sienne dérive peut-être?, je m'interrompis en voyant le journaliste aller vers Vader. Aura-t-on un peu d'animation ? Aaaah non. Dommage. Ce journaliste ne semble même pas se rendre compte des risques qu'il prend ! Peut-être n'a-t-il aucun instinct de survie ? Ou alors se fait-il cloner quand il meurt ? Allez savoir !

Mais je reste curieux de savoir qui est l'interlocuteur du bras droit de l'empereur, ce vieil homme à la posture digne. Pour rester autant en sa compagnie, il ne faut pas être n'importe qui. Je lancerais donc quelques informateurs sur lui, tient, et je suis sur que le Prince fera de même de son côté.

Profitant de la distraction, je quittais l'ambassadeur Furgan, un individu méprisable qui joue au grand soldat, sans en avoir eu la moindre expérience, juste parce qu'il représente le système de Carida. Tss, un jour, il devrait aller tâter de l'entraînement que ses subordonnés organisent pour les stormtroopers, tient.

A la place, je me dirigeais vers son altesse royale d'Alderaan et sa rouquine de compagne. Après tout, il est toujours bon de profiter de ce genre de moment pour saluer ses bons clients et comme la directrice de cette nouvelle prison s'éloignait, autant en profiter. Je m'inclinais devant ce duo, poliment, souriant en me relevant.

"Je suis ravi de vous revoir, votre majesté;" commençais-je à dire à la reine, saluant aussi sa dame de compagnie, mais l'est-elle encore ? "Mademoiselle." Sans la négliger, je reportais mon attention sur la souveraine du monde pacifique d'Alderaan. "Je doute que vous vous rappeliez de moi mais j'étais présent à votre couronnement. Je me nomme Sagara Soyoku, directeur de la Soyoku Security."

C'était une petite façon discrète de se présenter, et normale car une reine ne doit pas obligatoirement se souvenir du nom de tous les quidams. Enfin, je pense. Même si je n'en suis pas un, il vaut mieux qu'elle me nomme pas mon vrai nom plutôt que par "Dragon" ou "monsieur du Soleil Noir". Cela ferait un peu déplacé.