Retrouvailles du soir

Jeu 26 Aoû 2021 - 14:27

Il était déjà tard lorsque Thrass arrive à leur appartement. La nuit venait de tomber, sur leurs montagnes, les derniers retardataires rentraient pu à peu chez eux. Fatigué et surtout pas mal sonné, il rentra doucement à son tour. Leur fille devait déjà dormir, à cette heure, il devait faire attention çà ne pas faire trop de bruit. Lorana dormait déjà aussi ? De la lumière filtrant dans le couloir, par la porte menant au salon, lui fit comprendre que non. Après s’être débarrassé de ses affaires, il alla la rejoindre et l’embrassa pour lui dire bonsoir. Elle n’aurait pas dû se forcer à l’attendre alors que la journée avait dû être fatigante, pour elle, enfin… Il ne fit pas de commentaires mais n’en pensait pas moins. C’était aujourd’hui que Formbi avait dû la conduire à l’endroit choisi pour sa future école, non ? Il y retournera lui-même plus tard, voir ça, même s’il ne devait pas y avoir grand-chose pour le moment.

– Comment cela s’est passé, avec Formbi ?

Entre parler de ce qu’avait dit le médecin cinglé ou parler du projet fou de Formbi, le choix était vite fait. Thrass commençait même à se dire que, finalement, le projet de Formbi n’avait absolument rien de débile, irresponsable, dangereux ou suicidaire. Bien au contraire, depuis ce matin, il le trouvait d’une très grande utilité publique et d’une urgence devenue vitale. Il suffisait de présenter les bons arguments. Installé dans le canapé à son tour, il se fit détailler ce qui passé, soit la visite et à quoi ressemblait les lieux, avec quelques indications sur le futur déroulé des opérations. Très bien… Il l’écouta sans l’interrompre, l’esprit un peu ailleurs. Ce projet-là aurait dû être monté il y a des années et des années, finalement… Pour lutter contre ces idées idiotes et dangereuses, pour faire évoluer les mentalités. Pour éviter que des personnes en souffrent. Pourquoi Thrass avait-il mis autant de temps à réaliser que c’était si important… ? Ou mieux, à réaliser que le problème global était plus profond que prévu ?

Bientôt, il se mit plus à observer et détailler les traits du visage de sa femme qu’à vraiment écouter ce qu’elle lui racontait. L’esprit dérivant un peu, au milieu de pensées plus ou moins joyeuses. Ce n’est qu’après un long moment de silence, quand elle termina de tout raconter, qu’il réalisa le calme venant de s’installer. Oh, et puis, ce n’était peut-être pas plus mal. Il incita sa femme à venir plus près, dans ses bras, pour la serrer contre lui dans le canapé. La tête appuyée contre le dossier, les yeux fermés, il laissa le silence se poursuivre, assez tranquillement. Oublier ce qui s’était passé aujourd’hui… Enfin, il faudra peut-être qu’il en parle aussi à l’Aristocra de leur Clan, pour demander s’il était possible qu’il fasse comme Formbi et fasse interdire ce genre de traitements. Quitte à devoir lui expliquer quels effets ça pouvait produire, sans parler de sa famille. Il finit quand même par rouvrir les yeux pour observer de nouveau sa femme.

– Finalement, ce que fait Chaf’orm’bintrano est très bien, c’est un beau projet. A long terme, si ça peut faire évoluer les mentalités au sujet de la Force, ce sera le plus bel héritage qu’il puisse laisser.

Ne serait-ce que pour leurs enfants, qu’ils grandissent sans avoir peur de la Force et sans vouloir la « soigner ». Cette idée… ça le dégoûtait encore. Il faudra quand même qu’il jette au feu, plus tard, les contacts de cette bande de débiles. Ou plutôt qu’il les file à Thsans afin qu’il sache qui faire interner, au juste.

– Tu ne te sens pas trop fatiguée, tout va bien ?

_________________

Jeu 26 Aoû 2021 - 20:37

La petite dormait toujours, son petit poing refermé contre sa bouche et l’autre refermé sur le doudou qu’elle avait reçu en cadeau de naissance par Obi-Wan. Sa mère resta un long moment accoudée au berceau, à la regarder dormir, attendrie par le spectacle. Elle était si mignonne. C’est dans ces moments-là que Lorana songeait qu’elle n’aurait rien contre à lui donner un petit frère ou une petite sœur d’ici quelques temps. Maintenant qu’ils étaient en sécurité, dans l’Ascendance, que sa fille ne risquait pas de se réveiller un beau matin avec un Sith au pied de son berceau, prêt à lui faire du mal… Agrandir leur famille n’était plus une perspective angoissante. Au bout d’un moment, elle finit quand même par se lever et quitter la chambre, laisser son enfant dormir tranquille et rejoindre le salon. Installée en tailleur dedans, pieds nus, elle reprit le livre entamé plus tôt. Thrass ne devrait plus tarder, lui non plus. Elle voudrait savoir s’il avait pu obtenir des réponses, quant à elle, elle devait lui raconter comme s’était passé la visite de la future école. Enfin, peut-être pas en détails, ils verront demain s’il arrivait plus tard que prévu.

Thrass arriva environ une heure après et vint l’embrasser. Lorana sourcilla un peu, d’abord en voyant sa tête puis en sentant son trouble. Elle ne l’avait encore jamais vu dans un état pareil… Même ses yeux étaient bizarres, légèrement gonflés, plus fatigués. Qu’avait bien ou lui dire le docteur ? Elle s’apprêtait à lui poser la question lorsqu’il l’interrogea sur sa journée et ce que lui avait expliqué Formbi. Mmh… Conciliante, pour le moment en tout cas, elle se lança dans la description des événements et de ce qui lui avait été expliqué. Tout en le surveillant. Assez tôt, elle réalisa qu’il ne l’écoutait plus, de toute façon, il se contentait de rester là à la regarder, visiblement l’esprit ailleurs. Elle termina quand même puis se tut. Les secondes et les minutes défilèrent. Il se passa presque cinq bonnes minutes avant qu’il ne réalise qu’elle avait arrêté de parler. Bon, que s’était-il passé maintenant, il comptait le lui dire ? Du genre, avant le milieu de la nuit, avant deux ou trois heures ? Dire qu’il l’accusait d’être têtue, dans ce genre de situations, alors qu’il était bien pareil.

Au lieu de dire ce qu’il le tracassait, il préféra la faire venir d’abord contre lui pour la câliner, en continuant de parler de Formbi et son projet. Bon… Lorana retint un très gros soupir de justesse, les yeux fermés et la tête posée contre son épaule. Il avait pleuré, c’est ça… ? Son regard était… Peut-être qu’elle se trompait, mais tout de même. Mais c’est lorsqu’il lui demanda, à elle, si elle n’était pas trop fatiguée et si allait bien qu’elle leva les yeux au ciel, avant de se redresser. Elle lui posa ensuite les deux mains sur les épaules, penchée contre, soupir aux lèvres. Bah voyons, c’était lui qui rentrait à la maison avec une tête pareille mais c’était à elle qu’il demandait si tout allait bien ?

« Vois-tu, en cherchant à tout prix à éviter de parler de ce qui te travailles et à détourner la conversation, je vais finir par ne pas aller du bien. Je vais beaucoup stresser et angoisser… Je vais peut-être même appeler ton frère au beau milieu de la nuit à cause de ça, histoire de ne pas m’inquiéter toute seule pour toi. »

Ce qui était un peu une menace en l’air. Au fond, elle n’oserait pas le faire. Mais ça ne l’empêchait pas de l’énoncer. Au moins pour qu’il comprenne très vite qu’elle ne comptait pas juste ignorer qu’il se sentait mal alors qu’elle l’avait clairement ressenti.

« Je t’en ai parlé aussitôt, lorsque j’ai eu ma vision, même si je n’avais pas envie de le faire par peur de te blesser. Tu comptes, de ton côté, garder pour toi tes soucis ? »

_________________

Lun 30 Aoû 2021 - 17:21

– Vois-tu, en cherchant à tout prix à éviter de parler de ce qui te travailles et à détourner la conversation, je vais finir par ne pas aller du bien. Je vais beaucoup stresser et angoisser… Je vais peut-être même appeler ton frère au beau milieu de la nuit à cause de ça, histoire de ne pas m’inquiéter toute seule pour toi.

– Lora…

Il n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit d’autre, elle en rajouta une couche, cette fois avec un peu de chantage affectif au passage. Elle ne pouvait pas appeler Nirauan directement, par contre, elle serait bien capable de lui envoyer quand même un message… Un instant, il resta silencieux, très hésitant. Pas envie d’en parler, peur de se remettre à pleurer, envie de tout oublier, peur, encore plus, de découvrir autre chose de plus sombre encore un de ces jours. Il devenait paranoïaque. Au bout d’un moment, il lui d’abord simplement qu’il avait bien pu rencontrer leur ancien médecin de famille et qu’il avait pu lui parler un moment. Puis il finit par lâcher du bout des lèvres que la « maladie » qu’avait eu leur père était tout simplement la Force. Qu’il avait été « soigné » pour ça, provoquant tous ses troubles par la suite, de plus en plus gravement. C’est à ce moment que son calme se fendilla et qu’il dû lutter encore pour essayer de retenir ses larmes. Sans un très grand succès, une fois de plus.

Après un court moment passé à reprendre son souffle, il finit par reprendre au début et lui raconter ce qu’il avait entendu dans ce bureau. La maladie qui n’en était pas une, le traitement donné. Le refus de leur père de leur donner ce poison à eux aussi, la colère évidente du médecin vis à vis de ça et les accusations de maltraitance allant avec. Les accusations, même, de torture, dans le cas de Lorana. Il avait de nouveau très mal au coeur simplement en racontant ça, surtout lorsqu’il pensait que la mort de leurs parents avait été considérée comme une bonne chose par la communauté médicale. Ou au moins une partie de cette communauté. Se dire aussi que la seule solution trouvée, pour ceux ne voulant pas être sensibles à la Force, c’était d’en faire de véritables légumes… Il se blottit comme il le put contre sa femme, dans le canapé, à la recherche d’un peu de réconfort. Ce qu’il avait entendu n’expliquait, cependant, toujours pas pourquoi leur mère avait piloté dans ces tunnels et pourquoi leur mère avait laissé faire alors qu’elle connaissait son état. Au point de s’endormir si tranquillement.

– Je ne veux pas en parler à Thrawn, dit-il enfin, dans un soupir. Il est encore trop jeun… Enfin, non, plus maintenant, mais, je veux dire… Je ne veux pas lui mettre ça en plus dans la tête, il a déjà assez à faire. On n’y peut rien, de toute façon.

Le temps qu’il revoit son frère, il se sera sans doute déjà écoulé assez de temps pour qu’il puisse penser à tout cela, sans se rendre malade, si jamais on lui posait la question. Il soupira encore, les yeux fermés et la tête posée contre sa femme. Il restait encore des questions sans réponse… Bon… Il ne savait pas quoi faire, là, il se sentait juste très fatigué.

– Je ne comprends toujours pas comment notre mère a pu le laisser piloter et s’endormir. Comment les effets secondaires n’étaient même pas considérés comme graves ou handicapants alors qu’il était dans un tel état. Pourquoi il continuait malgré tout à prendre ce foutu traitement alors qu’il était conscient que ça le détruisait… Qu’il ait tout fait pour nous en écarter est bien une preuve de plus ! Je ne sais pas, je… C’est hallucinant.

----
Sang-froid : 13

_________________

Sam 4 Sep 2021 - 9:23

Il allait bien se décider à lui parler, n’est-ce pas ? S’il ne le faisait pas, elle devra utiliser d’un peu plus de chantage affectif, voire de le faire culpabiliser, pour qu’il se décide enfin. Dire que c’était lui qui lui répétait sans cesse que garder ce qui vous rendait malheureux pour soi pouvait rendre malade ! Elle attendit, quelques minutes s’écoulèrent, puis il ouvrit la bouche et commença à lui parler. Elle s’attendait au pire et ne fut pas déçue. Enfin, elle savait depuis un moment, maintenant, que la Force était considérée comme une maladie par beaucoup de Chiss, mais de là à avoir créé ce genre de « traitements »… Elle fouilla d’abord dans sa poche pour trouver un paquet de mouchoirs, puis se ravisa, en se disant que pleurer pouvait aussi lui faire du bien te décompresser un peu. Il finit d’ailleurs par respirer un bon coup et tout reprendre depuis le début, plutôt. Là encore, elle resta parfaitement silencieuse et l’écouta simplement. De plus en plus ulcérée et profondément dégoûtée. Ce médecin avait sciemment détruit la santé et la vie de leur père juste pour… ça ?

Sa colère bondit un peu plus contre cet homme lorsque Thrass lui raconta la suite. Leur père avait eu la meilleure idée qui soi en refusant de donner ces poisons à ses propres enfants ! Par contre, pourquoi avait-il continué à les ingérer lui-même ? Avant qu’elle ne puisse poser la question, il lui raconta comment le médecin la pensait souffrir de troubles psychologiques, après avoir été torturée. Qu’elle devrait se soigner d’urgence elle aussi. Bah voyons… Elle oublia très vite ce passage de l’histoire, trop occupée à gérer le dégoût immense qui l’avait prise. Après le peu qu’elle avait observé, dans sa vision, elle comprenait bien ce qu’avait dû ressentir Thrass en voyant son père dans cet état,n jour après jour, le voir décliner sans pouvoir rien y faire. Avoir appris qu’il avait souffert pour rien, qu’il avait perdu la vie pour rien, ça ne pouvait que l’écœurer et le rendre malade. A genoux face à lui, dans le canapé, elle le serra contre son coeur et lui fit reposer sa tête contre, juste au-dessus de la poitrine, comme elle le faisait avec leur fille pour la rendormir, après un cauchemar.

« Je ne veux pas en parler à Thrawn. Il est encore trop jeun… Enfin, non, plus maintenant, mais, je veux dire… Je ne veux pas lui mettre ça en plus dans la tête, il a déjà assez à faire. On n’y peut rien, de toute façon. »

Mmh… Lorana estimait qu’il avait parfaitement le droit de savoir, lui aussi, comment et pourquoi ses parents étaient décédés. De toute façon, connaissant un peu son beau-frère, elle était sûre qu’il arrivera bien à se rendre compte seul que Thrass ne se sentait pas bien, la prochaine fois qu’ils se verront. Il faudra juste qu’ils se retrouvent un peu seuls, tous les deux, ce sera bien mieux pour discuter. Pensant à cela, elle écarta en même l’idée de lui faire changer d’avis sur le sujet, convaincue que Thrawn allait bien se débrouiller de toute façon. Elle pencha la tête pour embrasser son mari dans les cheveux, sans cesser de le serrer contre elle.

« Je ne comprends toujours pas comment notre mère a pu le laisser piloter et s’endormir. Comment les effets secondaires n’étaient même pas considérés comme graves ou handicapants alors qu’il était dans un tel état. Pourquoi il continuait malgré tout à prendre ce foutu traitement alors qu’il était conscient que ça le détruisait… Qu’il ait tout fait pour nous en écarter est bien une preuve de plus ! Je ne sais pas, je… C’est hallucinant. »

Oui… Elle n’avait pas toutes les réponses, elle non plus… Enfin, elle s’imaginait certaines réponses mais n’avait aucune preuve. Peut-être que leur père avait été, d’une manière ou d’une autre, contraint de poursuivre le traitement, pour ne pas attirer l’attention, ne pas avoir d’ennui, mettre sa famille à l’abri ? Ou pour d’autres raisons encore. Il était aussi possible qu’il ait cru à l’efficacité de ce médicament mais que, constatant les effets secondaires, n’ait pas voulu pour autant faire subir ça à ses fils.

« Nous ne pouvons pas être certains que ce que j’ai pu voir, concernant votre mère, est vrai. Les visions sont à prendre avec des pincettes. Même si, oui, il avait pu piloter… »

Ça, c’était un fait, c’était la cause de l’accident et bien établi, Thrass le lui avait déjà certifié. Leur père était bel et bien aux commandes de cette navette et en avait perdu le contrôle, avec leur mère comme unique passagère à ce moment-là. La seule chose qu’ils ignoraient, c’est si leur mère s’était bien endormie et pourquoi elle avait laissé son mari aux commandes. Lorana commençait à croire qu’il était possible que… Enfin… cette hypothèse était plus cruelle encore que le reste et sans avoir aucune preuve, elle ne se sentait pas de l’évoquer.

« Sais-tu où se rendaient vos parents à ce moment-là ? Peut-être que quelqu’un, dans leur entourage, se souvient mieux des circonstances de leur départ, ce qui est vraiment arrivé. Tu m’avais dit que ton petit frère et toi étiez déjà partis en cours. Mais il doit peut-être rester quelqu’un qui se souvient de ce jour-là ? Leur navette a bien dû partir d’un petit spatioport. »

_________________

Mer 8 Sep 2021 - 9:33

Il pleurait comme un bébé en s’accrochant à elle, sans plus se retenir cette fois. Même si c’était complètement stupide et que ça l’épuisait encore plus. Peu importe. Il devrait essayer, pourtant, il n’était plus un enfant, alors pleurer comme ça pour un problème datant d’il y a cinquante ans… C’était idiot. Il arrivait juste à ne pas faire de bruit, pour ne pas réveiller leur fille, et surtout ne pas laisser entendre quoi que ce soit aux voisins. Il ne manquerait plus que ça, tiens…

– Sais-tu où se rendaient vos parents à ce moment-là ? Peut-être que quelqu’un, dans leur entourage, se souvient mieux des circonstances de leur départ, ce qui est vraiment arrivé. Tu m’avais dit que ton petit frère et toi étiez déjà partis en cours. Mais il doit peut-être rester quelqu’un qui se souvient de ce jour-là ? Leur navette a bien dû partir d’un petit spatioport.

– Peut-être… Il doit sans doute y avoir quelqu’un qui se souvient, oui. Je chercherai.

Il se redressa enfin et essuya comme il put ses larmes avec sa manche. Puis se décida à leur faire du chocolat chaud, pour elle et lui. En partie car il avait besoin de boire quelque chose de chaud, tout à coup, sucré si possible, en partie car ça lui permettait de bouger un peu. On se calme… Vraiment, du calme, tout allait bien. Même s’il ne savait pas trop ce qui allait ressortir de tout ça, il devait au moins essayer de connaître toute la vérité. Répondre à toutes les questions qu’il se posait. Une bonne fois pour toute, qu’il sache à quoi s’en tenir, histoire de faire aussi son deuil. Dans la cuisine, le temps que le lait chauffe, il en profita pour se passer un peu d’eau sur le visage. Tout ce dont il était sûr, pour le moment, c’est qu’il lui faudra un moment avant de réussir à digérer correctement cette histoire, y repenser sans que ça ne fasse mal. Si ça arrivait un jour. Il soupira en prenant le lait chaud et le versa dans les grandes tasses, sur le chocolat.

En mettant le tout sur un petit plateau, il se dit tout à coup que cette mort pourrait ne pas être un simple accident… Son cœur rata brusquement un battement et il s’insulta lui-même, mentalement, pour avoir pensé un truc pareil. C’était complètement impossible, il ferait mieux de ne pas commencer à imaginer de telles horreurs, ce n’était vraiment pas le moment de perdre la raison. Surtout que ça n’avait aucun sens, leurs parents n’avaient aucun ennemi. Ils avaient toujours vécu une vie très simple, avec une petite production agricole, ils cultivaient du thé et un tout petit peu d’épices. Revendant ensuite leur production à des artisans locaux, principalement sur Csilla, bien plus rarement à des commerçants d’autres planètes. Ce trajet vers la capitale, ils l’avaient mené des centaines de fois… Et c’était toujours leur mère qui prenait les commandes de la navette.

– Ces fous chercheront sans doute à te contacter directement pour te « soigner », dit-il en revenant dans le salon avec les tasses. Ou même notre fille, lorsqu’ils sauront pour sa naissance. Ils sont tellement persuadés de bien agir et ils ignorent tant les effets secondaires… C’est complètement écœurant.

Il lui tendit sa tasse et se rassit avec la sienne dans le canapé. Ne plus pleurer, on a dit, se calmer.

– Il paraît en plus que leur association a intenté un procès contre Formbi. J’imagine déjà leurs têtes lorsqu’ils découvriront son projet d’école.

_________________

Ven 17 Sep 2021 - 10:30

« Peut-être… Il doit sans doute y avoir quelqu’un qui se souvient, oui. Je chercherai. »

Elle l’aidera si elle le pouvait… En attendant, il se leva et alla dans la cuisine pour préparer des chocolats chauds. Durant ce temps, Lorana feuilleta rapidement les soi-disant documents de soin et de traitements médicaux que lui avait donné le docteur à la retraite. C’était… A la fois aberrant et presque compréhensible qu’ils puissent penser de cette façon. Dans le sens où une personne ne comprenait pas du tout la Force pouvait très facilement être convaincue qu’il s’agissait d’une simple affection du sang. Donc exigeant un traitement en conséquence. Pour des personnes n’ayant jamais eu accès à plus d’informations, depuis longtemps, l’amalgame était très aisé. Mais ça n’excusait en rien pour autant ce qu’avait subi son beau-père et tous ceux souffrant encore de ça aujourd’hui… Ces gens s’étaient simplement moqués du déclin physique de leur patient, durant toutes ces années. Elle releva la tête lorsque Thrass revint, en lui disant que ces types chercheront à la soigner, elle aussi. Ou leur fille. Qu’ils essayent, tiens, seulement… Ils allaient se faire recevoir. Elle prit sa tasse en le remerciant, les brochures sur les genoux.

« Il paraît en plus que leur association a intenté un procès contre Formbi. J’imagine déjà leurs têtes lorsqu’ils découvriront son projet d’école. »

« Peu de chance qu’ils l’obligent à changer d’avis sur le sujet, pas après le passage de Feesa. C’est avant tout pour elle qu’il pense à cette école. Et sans doute pour son futur neveu aussi. Il n’a pas l’air de penser que son propre enfant puisse être sensible à la Force, pour le peu qu’il en avait parlé. »

En bougeant, elle renversa une petite goutte de chocolat et se servit d’une des brochures comme d’une éponge. Eh bien voilà, elle savait qu’elle pouvait trouver au moins une utilité à ces trucs. En se redressant, elle tira un peu le bout de sa manche avec les doigts et s’en servit pour essuyer les traces de larmes sur les joues de Thrass, doucement. Quoi que ça ne servira peut-être pas à grand-chose pour le moment… Elle lui dit d’en parler aussi à leur Chef de Clan, de cette histoire, lorsqu’il se sentiras prêt à le faire. D’une part car il pouvait peut-être aider dans ses recherches, d’autre part car il pouvait freiner lui aussi la propagation de ces faux traitements. Même s’ils ne pourront pas empêcher les gens vraiment convaincus d’avoir une grave infection de ne pas les utiliser, malheureusement. Elle n’insista pas trop sur ce dernier point pour ne pas déprimer complètement son mari. Encore moins lui évoquer dès maintenant les autres théories auxquelles elle pensait… Mais avec qui serait-il possible d’en parler calmement, quelqu’un connaissant bien la situation de l’Ascendance, sans se heurter à un refus total et sans rendre malade son interlocuteur ?

Tout en buvant son chocolat, elle parla avec Thrass pour lister calmement toutes les manières possibles de récupérer ces informations ou de retrouver les personnes pouvant en avoir. En espérant que faire ça allait l’aider à se calmer et ne pas se laisser subjuguer par l’émotion. Il était sensible, quand même… Enfin, par rapports aux critères Chiss, que l’on s’entende bien. C’est ce qu’elle trouvait le plus touchant chez lui. Dans le même temps, elle se demandait toujours à qui faire part de ce qu’elle pensait vraiment… Comme Thrass n’était pas prêt à l’entendre. Ce devait forcément être quelqu’un de l’Ascendance ou en connaissant très bien la culture, de posé, capable d’écouter, de ne pas s’énerver et surtout, plus important encore, avec qui elle se sentirait assez à l’aise pour discuter plus de quelques minutes. Ça réduisait pas mal le champ des possibles… Elle pensa d’abord à Ewime puis se dit que ce n’était pas une très bonne idée. Elle devait être assez fatiguée, à ce stade de la grossesse, elle avait bien autre chose à penser.

« Tu es vraiment sûr que tu ne veux pas en parler à ton frère, d’ailleurs ? Il est grand, maintenant. »

_________________

Jeu 30 Sep 2021 - 8:30

– Peu de chance qu’ils l’obligent à changer d’avis sur le sujet, pas après le passage de Feesa. C’est avant tout pour elle qu’il pense à cette école. Et sans doute pour son futur neveu aussi. Il n’a pas l’air de penser que son propre enfant puisse être sensible à la Force, pour le peu qu’il en avait parlé.

Ce serait la douce ironie du sort… Même s’il valait mieux, en effet, que ça arrive après le passage de Feesa, quand on y pensait bien. Il n’eut pas la force, même, d’hocher la tête. Ferma juste les yeux lorsqu’elle lui essuya les joues avec un bout de sa manche. Il en parlera également à Thsans, oui, bien sûr. Dès que possible. Enfin, lorsqu’il se sera reposé un peu d’abord, d’accord ? Pour le moment, l’idée même de ressortir et de tenir une conversation posée avec quelqu’un d’autre qu’un membre de sa famille lui pesait sur le moral et les nerfs. Ils discutèrent ensuite des différents moyens qu’ils avaient, pour récupérer ces informations. Moyennement concentré, Thrass proposait pour le moment très peu d’idées. La question pour son frère lui arracha quand même un demi-sourire. Oui, si grand maintenant qu’il était même plus vieux que lui. Par contre, lui avouer tout ça…

– Je ne serai pas capable de trouver les bons mots pour lui en parler sans le blesser. Pas maintenant. Surtout sans avoir aucune preuve tangible. Et puis… J’ai aussi peur qu’il m’en veuille, de n’avoir rien vu à ce moment, rien compris… Donc n’avoir rien fait ni rien dit.

D’autant plus qu’il était déjà assez âgé, à ce moment-là, pour se rendre compte des choses et réagir. Ne serait-ce qu’en allant prévenir un médecin plus compétent, en parlant à ses parents, à leur Chef de Famille, à… Il ne savait pas trop, chercher une véritable aide avant qu’il ne soit trop tard, somme toute. Il retint un soupir puis but deux longues gorgées, pour terminer la tasse, sans cesser de ressasser tout ça. D’ici un peu de temps, lorsqu’il aura bien avalé l’affaire, ce sera déjà mieux. Et puis, trouver d’autres informations ne devrait, normalement, pas être si difficile. Les accidents mortels de ce type n’étaient plus si nombreux et marquaient les esprits. Enfin bref. Il ajouta simplement qu’il y réfléchira plus tard, de toute façon. Pour le moment, sa seule unique et envie était de se fourrer dans le creux du lit et dormir, rien de plus. Dès qu’ils terminèrent tous les deux, il alla dans la cuisine laver le tout puis alla ensuite se préparer pour enfin dormir…

_________________