Son esprit était comme un vaisseau planant dans le vide intersidéral sans aucune force. Si drôle et si étrange à la fois ! Plagueis n’était plus trop sûr de savoir où il était ni ce qu’il était, exactement, il se contentait de flotter dans une zone grise. Et mieux encore, il n’était pas tout seul, dans ce grand vide, empli de la lumière de milliards d’étoiles. Il y avait un autre type, avec lui, un gars que Plagueis se souvenait vaguement… Son visage, en tout cas, il le connaissait. Le Muun vint flotter au-dessus de lui, en le regardant avec beaucoup d’attention. Sous lui, flottant lui aussi dans l’espace sans avoir l’air de savoir où aller, l’humain le regardait lui aussi. Ils avaient l’air, tous les deux, d’aimants… se repoussant et s’attirant l’un à l’autre à la fois. Mais lui-même était empli de la Force du côté obscur, alors que cette même force – il le sentait très bien – était en train de quitter l’humain, pour laisser place au côté lumineux. Comme c’était étrange !

Jamais le Muun n’avait pu assister à un tel phénomène, il trouvait ça on ne peut plus fascinant. Bientôt, la mémoire lui revint peu à peu et il se souvint de cet humain. Micavic Nesswin, un instructeur de l’académie sith de Korriban, dont il avait pris possession du corps et de l’esprit. C’était dans ce corps qu’il avait repris ses recherches, dans ce corps qu’il avait si longuement œuvré puis, enfin, créé sa plus grande œuvre. Lancé la pandémie galactique. Comme il était drôle de naviguer avec lui dans cet immense espace, à la fois dissociés mais toujours attachés l’un à l’autre. Le Muun tendit alors la main et l’Humain la sienne, avec un air presque absent. Ils se tinrent ainsi sans plus de réactions, poussés par des forces inconnues dans ce grand vide. Le côté lumineux avait pris la place chez cet homme. L’obscurité continuait de consumer l’esprit du Muun, mais cette fois, sans autant de folie. Il se sentait si calme…

C’est mon corps, murmura faiblement Micavic sans lui lâcher la main, serrant même encore plus fort.

Tu as servi dans l’un des projets les plus grandioses de l’Histoire galactique. Plutôt que rester coincé comme minable instructeur dans une académie remplie de faiblards et dirigé par un insignifiant. Alors maintenant… Maintenant… Pourquoi cette lumière que je ressens en toi ?

Tu ne te rends pas compte de la pression que j’ai pu subir durant tout ce temps. Trop… Trop d’horreurs, c’était beaucoup trop… Je ne peux plus.

Et pourtant, nous en sommes là. Tu ne peux pas te détacher de moi.

Ils redevinrent silencieux, main dans la main, force sombre et claire flottant sans se lâcher. Une scène et un échange dont personne ne pouvait avoir la moindre conscience, se déroulant bien loin de la portée des simples mortels. Au fin fond d’un esprit clos à tous, au sein d’un corps en apparence profondément endormi. Sous l’effet d’un nouveau traitement expérimental. D’extérieur, les gardes ne pouvaient voir qu’un corps humain, reposé, les yeux clos, perfusé et serein d’apparence. Sanglé à un lit, dans une pièce ressemblant à la salle d’examen d’un petit hôpital. Entouré de gardes armés, très alertes, loin de la cellule habituelle. Ni Plagueis ni Micavic ne pouvaient le réaliser.

Pars… Laisse-toi partir, une bonne fois pour toute, je t’en prie. Que la Force ait pitié.

Je ne peux pas, tu le sais. A moins que tu ne viennes avec moi. Penses-tu que ce soit la meilleure solution ? Ton visage est associé à la pandémie. Aux yeux de tous, tu en es le créateur. Tu n’auras plus nulle part où aller, si tu reviens un jour à toi, avec ou sans moi. Tu ne pourras pas survivre longtemps sans moi et mes connaissances. Et qui te fera confiance un jour ? Je suis le seul sur qui tu peux compter.

Jamais je n’aiderai à un autre massacre si important, jamais tu m’entends ?

Allons, relancer une nouvelle maladie n’aurait pas grand intérêt, il faut explorer autre chose.

C’était curieux, le Muun ne ressentait plus cette pression habituelle contre son propre esprit. Il était… bien… Comme auparavant, comme lorsqu’il agissait encore dans l’ombre pour saboter les fondements de la République et entraîner le jeune Sidious. Serrant plus encore la main de son compagnon d’esprit dans ce vide tranquille, il le rapprocha plus de lui, d’un geste sec, puis lui parla. Calmement. Si calmement. Comme il l’avait fait par le passé lorsqu’il avait entraîné son jeune apprenti sur cette voie. La seule différence était qu’il ne tenta pas de ramener Nesswin vers le côté obscur, non, non… Il lui parla, simplement, pour lui exposer certains faits…

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17 et lumière