Au cœur du voyage

Ils venaient de passer quelques heures à s’entraîner, d’abord sur la partie physique, pure et simple, puis sur l’usage du sabre et enfin, sur la Force. Les voyages étaient bien pratiques, pour ça, ils pouvaient se permettre de passer pas mal de temps sans être interrompus par ils ne savaient quel problème ! Atton trouvait ça plus facile, désormais. Il avait bien compris les attentes de son jeune élève et intégré la manière dont il avait été formé, sur Zakel, pour adapter sa propre manière de faire. Histoire de ne pas perdre Kawa en cours de route et faire les choses bien. Avoir un élève à former, ça lui plaisait toujours autant, en tout cas. Une fois terminé, il alla prendre une douche rapide, puis revint dans le salon du vaisseau. Hellman y était installé, occupé à lire il ne savait quoi. Depuis qu’ils étaient partis pour la coalition, le bonhomme n’avait beaucoup causé.

"Tout va bien, la forme ?"

"Oui, je vous remercie. J’espère qu’il en est de même pour vous."

Il n’ajouta rien de plus, poursuivant sa lecture, sur le datapad. Mmh… Atton se retint de justesse de lever les yeux au ciel, puis se détourna, pour aller dans la cuisine. Les Echani… Tous des glaçons… Il avait bien hâte qu’ils s’en débarrassent, de celui-là ! Zou, à peine descendu à terre chez le Cygne Noir, demi-tour et direction le Temple ! Pour retrouver une autre Echani dedans, d’ailleurs, brrr… Quel monde cruel ! Enfin bon, au moins, celle-là sera occupée à se reposer dans un coin, ils pouvaient l‘éviter plus facilement. Sauf Meetra, tiens, qui allait essayer de lui parler ou de l’adoucir. Il ne comprenait pas comment elle pouvait garder la foi, essayer encore et encore. Il secoua la tête, en refaisant du café, avant de commencer à préparer le repas du soir.

Kawa arriva peu de temps après, dans la cuisine, lui aussi douché il y a peu. Ils avaient pas mal travaillé, aujourd’hui, une journée toute entière. De temps en temps, ils s’entraînaient aussi avec Meetra, ça dépendait des moments. Leur cher hôte, de son côté, « n’exprimait pas le désir de les rejoindre dans ces exercices », comme il le disait. Ils allaient être contents, tiens, chez le Cygne, de recevoir un type pareil. Il passa le gingembre sous l’eau avec soin, puis commença à éplucher et couper en petits morceaux. Il ne faisait jamais de la grande cuisine, en général, lorsque c’était à lui de s’y coller. Par contre, il y incorporait toujours deux ou trois légumes différents, au minimum. Ça nourrissait bien et lorsqu’on se trouvait coincé sur une planète ou une autre, mieux valait savoir les connaître un maximum et comment les manger.

"On fêtera tes seize ans, une fois de retour au Temple," sourit-il à son apprenti. "Comment avais-tu l’habitude de fêter ton anniversaire, sur ton monde ?"

Une fois recoiffé et habillé, il quitta la petite salle de douche, pour aller rejoindre son professeur, dans la cuisine. L’arrivée dans la Coalition devrait, normalement, avoir lieu le lendemain ou dans deux jours, il ne savait plus trop. Le temps de déposer leur hôte, échanger avec les responsables locaux sur les derniers événements et soucis éventuels, faire le plein du vaisseau, éventuellement des courses à ramener au Temple et ils repartiront vers Millim. En espérant que rien ne soit arrivé de grave, là-bas, entre-temps. Non pas qu’il soit pessimiste, mais comme les Jedi avaient une très fâcheuse tendance à attirer un paquet considérable d’ennuis dès qu’ils avaient le malheur de lever le petit doigt… Kawa était quasiment convaincu qu’ils retrouveront des gens malades ou blessés, en rentrant.

Il trouvait déjà que c’était un miracle qu’eux-mêmes aient pu quitter Naboo sans aucun ennui supplémentaire. Meetra et Atton avaient beau se défendre ou nier, là-dessus, eux aussi en attiraient beaucoup. Il s’approcha de son mentor pour voir ce qu’il faisait, puis l’aider à laver et éplucher les légumes. Au moins, avec lui, c’était une cuisine familière, même si ce n’étaient pas les mêmes légumes que sur Zakel. Certains faisaient des repas plus… Heu… Plus spécifiques. Obi-Wan cuisinaient même des sortes de gros insectes, grillés, qu’on « trouvait sur des planètes très chaudes ». Des gros scorpions, aussi, des trucs comme ça. Une planète qui avait dû subir elle aussi les frais de l’empoisonnement, d’ailleurs, pas certain qu’elle soit toujours aussi brûlante aujourd’hui. Pas une cuisine qui donnait très envie, pour sa part.

"On fêtera tes seize ans, une fois de retour au Temple. Comment avais-tu l’habitude de fêter ton anniversaire, sur ton monde ?"

"Mon oncle m’emmenait toujours au restaurant," répondit-il en lui tendant les légumes découpés, pour qu’il les mette à cuire. "Après, on allait se balader, discuter, prendre le temps, pour une fois. Le soir, on allait se baigner dans une source chaude. C’était très agréable."

C’était une des rares journées où il n’y avait pas d’entraînements, pas de leçons, pas de cours, ni de travail pour son oncle. Des moments simples mais qui laissaient de bons souvenirs. Ce sera la première année de sa vie où ce ne sera plus possible et cette idée le rendait triste. C’était pour ça qu’il n’avait pas très envie de le fêter, cette année. En plus, au Temple, entre ceux qui auront besoin de se reposer de retour de mission, ceux qui, au contraire, se préparaient à partir ou d’autres qui pourraient avoir besoin de calme pour s’entraîner, ça risquerait de déranger, plus qu’autre chose.

"Pourquoi vous voulez le fêtez, par contre ? Ce n’est plus vraiment la peine, aujourd’hui."

"Mon oncle m’emmenait toujours au restaurant. Après, on allait se balader, discuter, prendre le temps, pour une fois. Le soir, on allait se baigner dans une source chaude. C’était très agréable."

"Ah ça, j’imagine bien."

Il rassembla les morceaux de gingembre puis les mis à bouillir avec les autres. Juste une petite demie-heure, puis il les fera revenir dans une poêlé, avec un tout petit peu d’huile, puis des épices et quelques herbes. De la volaille pour accompagner, elle aussi cuite à la vapeur et ça sera parfait, à son goût, en tout cas, comme repas. Meetra n’avait jamais trop rien dit sur sa cuisine, maintenant qu’il y pensait, soit elle n’était pas difficile, soit ça lui plaisait assez. Atton détestait les repas lyophilisés et autres horreurs, tout le monde avait beau en manger, en voyage, il ne comprenait vraiment pas. C’était immonde ! Pourtant, c’était bien pendant ces longs trajets, qu’ils avaient le temps de cuisiner ! Il sursauta à moitié, à la question que lança Kawa ensuite. Mais bien évidemment, que ça en valait toujours la peine, quelle idée !

"La vraie question, c’est plutôt pourquoi on ne le ferait pas ? Il n’y aucune raison ! Même si on était en plein milieu d’une période très trouble et qu’on avait très peu de temps, ça serait au minimum une petite attention, un gâteau ou je ne sais quoi, le temps de faire mieux. Tu peux juste le fêter avec tes amis, en plus, ce n’est pas obligé de faire une immense smala au milieu du temple. Surtout quand il y a beaucoup de monde. Détends-toi, bonhomme, ce n’est pas parce que tu ne vis plus au même endroit que tu ne dois plus jamais t’amuser."

Il l’avait attrapé d’un bras par les épaules, tout en parlant, pour le serrer contre lui. Un petit câlin pour le réconforter, tout en surveillant sa cuisine, ça ne pouvait pas faire de mal. On le lui avait déjà reproché ça, d’ailleurs, peu de temps après la reconstruction de l’Ordre, qu’il faisait des câlins à ses élèves. Ça lui était toujours passé au-dessus de la tête car il ne voyait absolument pas le problème. Si eux avaient envie d’être froids avec leurs apprentis, c’était plutôt eux qui avaient un souci ! Atton ne voyait aucune raison valable d’être distant, ça n’apportait rien à ce qu’il devait transmettre, sinon laisser croire à ses élèves que leurs mentors étaient des droïdes sans émotions, avec un lien de subordination bien établi. Qu’il y ait du respect entre eux, ça, oui, c’était évident, mais il ne voulait pas que Kawa se mette à penser qu’il était inférieur ou il ne savait quoi.

"Le pire, c’est ceux qui ne savent même plus la date exacte de leur anniversaire," soupira-t-il en remuant les légumes, sans lâcher le petit. "Ils connaissent le mois, souvent et ça s’arrête là. Simplement car lorsqu’ils ont été emmenés au Temple, ça n’a pas été noté correctement. Il y en aussi qui finissent par l’oublier, tant ils se sont détachés de leurs vies passées. C’est d’une tristesse ! Même s’il ne faut pas trop s’attarder sur le passé, chérir les souvenirs qui en valent la peine, c’est important."

Il lui frotta les cheveux avec un grand sourire, avant de le relâcher tranquillement. Tout n’en valait pas l’effort, c’était sûr. Comme disaient beaucoup ceux ayant eu une vie très compliquée, « Le passé, c’est le passé, ça parasite le présent ». Pareil, il trouvait ça très triste.

"Une fois notre invité déposé, on fera un arrêt dans la rébellion. Je ne sais pas si Meetra voudra rentrer au Temple, plutôt, je ne lui ai pas demandé. Mais nous, ce sera l’arrêt là-bas, il est grand temps que tu commences à tester le vol, sur simulateur. Dès que tu auras les bases, je t’emmènerai t’entraîner en réel."

Je sortie de ma méditation avec l'esprit calme et clair, la légère douleur qui harcèle ma tête depuis mon expérience, dont tous les membres de l'Ordre sont au courant, relégué à l'arrière-plan, pour une fois et malheureusement de façon brève. cela faisait du bien, une telle méditation, se lier à la Force sans chercher à requérir son aide, juste pour se détendre. S'il n'y avait eu cette vision d'une certaine planète, je dirais que cela aurait été parfait. Enfin, dans cette vision, je n'ai ressenti nul mal ou menace, ce qui me change des premières visions que j'ai eu après ma petite expérience. Je me levais, alors que j'étais assise en tailleur sur le plancher de ma cabine, m'étirant un peu avant de rejoindre mes camarades de voyage, dans le grand salon du Kath Albinos.

"Le pire, c’est ceux qui ne savent même plus la date exacte de leur anniversaire," disait Atton, à Kawa visiblement, "Ils connaissent le mois, souvent et ça s’arrête là. Simplement car lorsqu’ils ont été emmenés au Temple, ça n’a pas été noté correctement. Il y en aussi qui finissent par l’oublier, tant ils se sont détachés de leurs vies passées. C’est d’une tristesse ! Même s’il ne faut pas trop s’attarder sur le passé, chérir les souvenirs qui en valent la peine, c’est important."

Il m'avait dit qu'il voulait célébrer la naissance du jeune homme et je n'y voyais aucun inconvénient. Certes, on ne faisait pas de fête pour cela à l'Enclave de Dantooine mais on avait toujours un mot pour celui dont c'était l'anniversaire, soit un présent simple si on le voulait. Par exemple, j'avais l'habitude d'offrir une couronne de fleurs à Atris. Il ne fallait rien de trop extravagant vu le mode de vie de certains jedi, et aussi parce qu'on n'avait pas d'argent de poche et donc de moyen pour acheter des livres, des bibelots ou autre chose. D'ailleurs, peut-être devrais-je y songer ? Cela lui ferait peut-être plaisir ?

"Une fois notre invité déposé, on fera un arrêt dans la rébellion. Je ne sais pas si Meetra voudra rentrer au Temple, plutôt, je ne lui ai pas demandé. Mais nous, ce sera l’arrêt là-bas, il est grand temps que tu commences à tester le vol, sur simulateur. Dès que tu auras les bases, je t’emmènerai t’entraîner en réel."

"Je risque de te demander de faire juste un léger détour mais à part ça, je souhaiterais vous accompagner au Temple. Qu'est ce qui te ferait plaisir, Kawa, pour ton anniversaire ? Un repas précis, un livre ou visiter un endroit ?"

Comme Atton était en train de cuisiner, je décidais de sortir les couverts pour dresser la table. Une bonne chose sur le Kath Albinos, c'était qu'on avait une table assez grande, ce qui était normal vu qu'il pouvait emmener pas mal de monde, ce qui nous laissait la possibilité d'utiliser un des dortoirs en salle d'entrainement.

Méditation )> 1

"La vraie question, c’est plutôt pourquoi on ne le ferait pas ? Il n’y aucune raison ! Même si on était en plein milieu d’une période très trouble et qu’on avait très peu de temps, ça serait au minimum une petite attention, un gâteau ou je ne sais quoi, le temps de faire mieux. Tu peux juste le fêter avec tes amis, en plus, ce n’est pas obligé de faire une immense smala au milieu du temple. Surtout quand il y a beaucoup de monde. Détends-toi, bonhomme, ce n’est pas parce que tu ne vis plus au même endroit que tu ne dois plus jamais t’amuser."

Mais il était très détendu, d’abord ! Il trébucha à moitié lorsque son professeur l’attrapa par l’épaule, pour le serrer contre lui, retombant contre lui avec une petite moue. Ce n’était pas qu’il n’était pas détendu, c’est juste qu’il ne voyait pas comment faire ça cette année, qui aurait envie de le fêter avec lui à part Atton, il se disait que si les autres n’en avaient jamais eu l’habitude, ça leur semblerait bizarre ! Encore pire s’ils avaient oublié la date du leur. Il se recoiffa vite fait, avec un léger soupir, trouvant ça bien triste, lui aussi. Puis hocha la tête lorsque son mentor ajouta qu’ils allaient s’arrêter chez les rebelles, avant de rentrer au Temple, pour débuter les leçons de vol sur simulateur, avant qu’ils ne puissent commencer en réel. D’accord… C’est vrai qu’ils en avaient déjà discuté, sans avoir encore rien lancé. Les leçons sur ses dons mentaux occupaient une bonne partie de ses séances d’entraînements et il n’avait que peu songé au reste. Apprendre à piloter l’intéressait, pourtant ! Ne serait-ce que pour la possibilité de se déplacer avec plus d’autonomie et parcourir la galaxie, ça lui sera indispensable s’il voulait aller retrouver son oncle, une fois prêt.

"Je risque de te demander de faire juste un léger détour mais à part ça, je souhaiterais vous accompagner au Temple. Qu'est ce qui te ferait plaisir, Kawa, pour ton anniversaire ? Un repas précis, un livre ou visiter un endroit ?"

Il retourna la tête, n’ayant pas entendu Meetra entrer dans le coin cuisine-salle à manger. Ils n’allaient pas au temple directement, elle avait dû mal entendre, mais faire un détour risquait très peu de déranger Atton, de toute façon. Pour sa question, heu… Il ne savait jamais quoi répondre à cette question, chaque année, c’est pourquoi il disait tous les ans qu’il ne voulait rien et que son oncle finissait par trouver quelque chose seul, à chaque fois. Soit un livre, oui, soit un objet utile qui pourrait manquer, un vêtement et ce genre de choses… En plus, tous les ans, il lui dessinait une petite carte représentant un endroit différent, que Kawa ajoutait dans un grand album. Ce dernier était resté là-bas, à prendre la poussière… Il aurait aimé l’avoir avec lui, pour les souvenirs auquel il était associé.

"Si quelqu’un sait dessiner, une carte postale représentant Zakel, pour l’accrocher au-dessus du lit, au Temple ?"

Pas sûr que ça soit réalisable mais on ne sait jamais. Il pouvait décrire avec précision l’endroit voulu, à la surface ou la ville souterraine. Il ne pouvait pas et ne voulait pas faire semblant que son monde natal ne lui manquait pas, après tout. Et il trouvait toujours autant bizarre que les autres n’exprimaient jamais ce type de manque, en tout cas, ouvertement… Il avait déjà vu leur jeune grand maître parler du sien avec une certaine nostalgie, sans plus. Sinon, il avait le sentiment que c’était le vide total. Pour ce qu’il avait pu voir par accident dans l’esprit de Meetra, par exemple, c’était associé à une insouciance et à de la sécurité, mais pas à un manque aigu.

"Comment vous arrivez à faire, pour que vos attaches ne vous manquent pas ?"

"Je risque de te demander de faire juste un léger détour mais à part ça, je souhaiterais vous accompagner au Temple. Qu'est ce qui te ferait plaisir, Kawa, pour ton anniversaire ? Un repas précis, un livre ou visiter un endroit ?"

Il fit un petit geste vers Meetra, les mains pleines de légumes, pour lui signifier bien compris, avant de les mettre à leur tour dans la marmite. Ce que répondit Kawa ne le surprit pas vraiment, il s’était attendu à quelque chose de ce type, d’après son caractère. Trouver quelqu’un qui sache faire ça, par contre, ça allait un poil plus complexe. Mais il pourra aussi demander, chez les Rebelles, comme ils allaient y passer un peu de temps, après avoir fait le détour demandé par Meetra. Pour les bases pures, il estimait que ça prendra une semaine ou deux, pas plus, car une fois intégré ça, on pouvait passer à l’entraînement sur un véritable vaisseau. Il se lava vite fait les mains, lançant que ça allait être prêt d’ici dix-quinze minutes, à présent. A voir si leur adorable hôte souhaitait manger avec eux, cette fois ou encore seul dans son coin. Il n’aurait jamais cru, avant de le croiser, qu’on pouvait faire plus anti-social que C’Baoth.

"Comment vous arrivez à faire, pour que vos attaches ne vous manquent pas ?"

"Il y a deux solutions très simples. Soit il ne faut pas s’en souvenir, c’est le cas de beaucoup de Jedi, soit il faut les avoir renié volontairement, c’est mon cas et celui de quelques autres. Pour ceux qui n’ont pas eu le choix, ça leur manque, forcément. Avec le temps, en construisant sa vie et en gagnant de l’expérience, chacun apprend à gérer le manque. Les souvenirs aident beaucoup, tu peux aussi conserver des petits rituels venus de ces origines, qui réconfortent."

Il vit à ce moment que Meetra avait déjà mis la table, ne restait plus qu’à patienter un peu avant de pouvoir manger. En attendant, il lista à son apprenti des petites astuces, pour ceux voulant et pouvant conserver un lien, avec des attaches perdues, temporairement ou à jamais. Ce qu’il avait demandé pour son anniversaire en faisait également partie ! En plus de ça, il pouvait retrouver et conserver des livres qu’il avait aimé, durant l’enfance, se remémorer et noter des chansons ou légendes entendues là-bas, cuisiner des recettes locales, faire vivre certaines traditions ou manières de vivre, fabriquer un objet d’art ou un bijou qu’on ne voyait que sur son monde et ainsi de suite. Il ne pouvait pas lui dire que ça ne lui manquera plus, à force d’entraînement. Par contre, ça pouvait très bien se gérer.

"Une fois tout ça en place, ça ira bien mieux," poursuivit-il tout en surveillant la nourriture de temps en temps. "Oublie les deux ou trois psychorigides qui peuvent râler sur ça, au Temple, tu n’es pas le seul à conserver tes attaches. Regarde Ezra, par exemple, il préfère largement sa planète natale au Temple et ça se comprend complètement. C’est même plus simple, quelque part, quand tu peux choisir seul de garder en mémoire ou de tout oublier. Il y a des dizaines de milliers de Jedi, à travers toute l’Histoire, qui n’ont pas eu le choix. Allez, à table, maintenant ! Tu es prête aussi, Meetra ?"

Il déposa le tout sur la table puis repassa la tête dans le coin où lisait Salazar, pour lui demander s’il voulait manger avec eux. A sa très grande surprise, l’Echani accepta, sans faire de commentaires ou hésiter. Les miracles existaient !! Ou alors, Meetra lui avait discrètement marabouté le cerveau en cachette, mmh, c’était une option à considérer !

"Si quelqu’un sait dessiner, une carte postale représentant Zakel, pour l’accrocher au-dessus du lit, au Temple ?"

Je secouais négativement la tête, n'ayant jamais tenté ce genre de chose-là auparavant, et ignorant donc si j'avais des compétences en la matière. Et je ne connaissais personne ayant ce genre de talent non plus. Peut-être que les rebelles, comme le dit Atton, avaient des contacts ou du personnel pouvant le faire ? Mais ils ne connaissaient pas Zakel. En fait, il n'y avait que nous trois qui y étions allés et donc pourrions tenté de le faire.

"On pourra aussi essayer. Je suis sur qu'Atton est capable de faire de vrais chef d'oeuvre, s'il s'y lance," dis-je, surtout pour taquiner ce dernier. "Et cela peut nous occuper sur le reste du voyage."

Cela pourrait aussi servir d'entraînement, aussi. Utiliser la Force pour se remémorer un lieu, un moment précis et le retranscrire sur le papier. Hmmm il faudrait peut-être y réfléchir, un peu. Je tâcherais de récupérer des crayons de couleur sur Mandalore et de faire un petit dessin pour Kawa. Cela lui fera un petit cadeau, même si je peux aussi chercher pour voir 'il n'y aurait pas quelques choses à trouver aussi, chez mes anciens ennemis.

"Comment vous arrivez à faire, pour que vos attaches ne vous manquent pas ?"

"Il y a deux solutions très simples. Soit il ne faut pas s’en souvenir, c’est le cas de beaucoup de Jedi, soit il faut les avoir renié volontairement, c’est mon cas et celui de quelques autres. Pour ceux qui n’ont pas eu le choix, ça leur manque, forcément. Avec le temps, en construisant sa vie et en gagnant de l’expérience, chacun apprend à gérer le manque. Les souvenirs aident beaucoup, tu peux aussi conserver des petits rituels venus de ces origines, qui réconfortent.

Une fois tout ça en place, ça ira bien mieux. Oublie les deux ou trois psychorigides qui peuvent râler sur ça, au Temple, tu n’es pas le seul à conserver tes attaches. Regarde Ezra, par exemple, il préfère largement sa planète natale au Temple et ça se comprend complètement. C’est même plus simple, quelque part, quand tu peux choisir seul de garder en mémoire ou de tout oublier. Il y a des dizaines de milliers de Jedi, à travers toute l’Histoire, qui n’ont pas eu le choix. Allez, à table, maintenant ! Tu es prête aussi, Meetra ?"

Salazar nous rejoignis à l'appel d'Atton, qui me regarda bizarrement, sur le coup. Je n'en comprenais pas rtop la raison, vu que j'étais simplement en train de m'asseoir à table.

"La majorité des jedi ne sait rien de ses parents, car nous intégrons l'Ordre très jeune. Pour nombres d'entre nous, notre famille, ce sont les jedi, pourrais-je dire. Mais Atton a raison : Luke ne veut pas remettre à jour cette règle absurde sur l'interdiction d'avoir des attachements." Je souris un peu, tendant mon assiette pour être servie. "Après tout, même sans tomber amoureux, on ne peut s'empêcher de créer des liens entre les individus, de se faire des amis, parfois très proches. Et je ne parle même pas du lien unissant maître et padawan. Et quand à ta question, mon garçon, il y a des gens qui me manquent, comme mon propre maître, Kavar. Mais on peut apprendre, avec le temps, à ne pas les oublier sans laisser leur souvenir vous obnubiler." Je terminais, avec un léger rire sarcastique. "J'ai appris cela à le dure, crois moi. J'ai eu le temps, neuf ans, après avoir été exilée par le conseil d'alors, et donc avoir perdu tous mes amis, tous mes proches,"

Je souris à Kawa, un peu tristement, mais pour tâcher de le rassurer, lui tapotant gentiment la main. Oui, j'avais dépassé ce moment, depuis le temps. Après tout, n'avais-je pas accouru avec ma naïveté habituelle quand on m'a dit que l'Ordre était menacé d'être annihilé par le Triumvirat ? N'avais-je pas
été chercher les maîtres jedi qui s'étaient cachés pour leur demander leur aide contre Nihilus ? Et une fois le Triumvirat vaincu, n'était pas revenu sur Coruscant, alors que mon exil n'était pas levé, pour apporter une -courte- aide à la reconstruction ? Et ne traitais-je pas Atris comme une amie, alors qu'elle faisait partie de ceux m'ayant chassé loin des miens ?

Oui, c'était de l'histoire ancienne. Même si ça faisait encore un peu mal au coeur.

"C'est normal d'éprouver des sentiments. Le code jedi -dans mon interprétation- ne dit pas qu'il ne faut pas en avoir mais qu'il faut savoir les accepter pour être en paix avec soi-même. Si nous ne ressentions rien, nous serions juste des droids de chair. N'oublie pas : si le code dit "il n'y a pas d'émotion, il y a la paix", il dit aussi "il n'y a pas de passion, il y a la sérénité." Et tu ne peux être serein, si tu refoules tes émotions ou si tu les nies."

C'est mon principal point de discorde avec Atris, si on oublie Malachor V et les guerres Mandaloriennes. Je ne comprenais pas cette absurdité de vouloir faire des jedi des gens sans émotion. Il y avait, bien sur, des jedi incapables de dépasser leurs sentiments, comme Ulic Quel-Droma, Anakin Skywalker, Kreia peut-être aussi, mais c'était une minorité comparée à tous ceux  qui avaient toujours su rester en paix.

Je bus un peu d'eau avant de commencer mon repas, croisant le regard de Salazar, qui semblait surpris par mon discours. Quoi ? Il croyait vraiment que tous les jedi sont des droids fait de chair et d'os ?

Essayer de faire quelque chose pour Kawa
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L’Echani leva la tête, voyant le Jedi passer la sienne par la porte du salon, pour lui demander s’il voulait bien manger avec eux. Eh bien… La fin du voyage approchait donc pourquoi pas, cette fois-ci. Il s’avança après avoir marqué la page de son livre, pour les rejoindre dans le coin cuisine et salle à manger. Assez étonné qu’on le lui propose, ce soir, car ils semblaient tous les trois plongés dans une discussion animée. Sur l’attachement, la famille, la possibilité de tomber amoureux… Il trouvait ces règles étranges et ne fut donc pas réellement surpris d’entendre que la nouvelle génération ne comptait pas les appliquer. Bah, de toute manière, il s’agissait là de leur problème. Il prit seulement la parole pour remercier pour le repas, avant de se réfugier de nouveau dans le silence. Ces Jedi avaient tout de même de beaucoup se torturer l’esprit pour des affaires aussi banales que l’étaient l’amour, la famille et les amis. Toutes les sociétés étaient fondées sur l’attachement entre les individus, les rapports de force comme affectifs, leur simple existence ne devrait pas causer de tels débats.

Il trouvait tout aussi curieux qu’ils se sentent obligés d’expliquer à leurs apprentis qu’il n’y avait rien de bizarre à éprouver des sentiments, encore moins qu’ils expliquent également qu’il fallait les accepter, comme si ce n’était pourtant pas assez naturel. A quel moment devait-on se forcer à détailler tout cela alors que c’était si évident ? De quelle manière tous ces gens avaient-ils donc été élevés, pour en arriver à un tel point ? Quelle sorte de torture psychologique leur avait-il été infligé, dès l’enfance, pour se poser, une fois adultes, tant de questions et d’hésitations face à des actes aussi naturels que l’attachement ? Si Salazar pouvait admettre aisément qu’on puisse se poser de multiples questions, lorsqu’on tombait amoureux et que débutait une relation de rapprochement avec la femme désirée, il ne pouvait comprendre ce besoin de débattre s’il était bien ou mal d’avoir des amis proches ou de la famille. Surtout de la famille. Perdre ses parents, sa fratrie, cela faisait partie des plus terribles douleurs qui soient et il ne pouvait saisir comment ces gens arrivaient à déclarer si facilement qu’ils avaient perdu les leurs en devenant Jedi et n’avaient jamais voulu les rechercher.

"Une personne refoulant à ce point ses sentiments et les attaches personnelles a été victime d’abus psychologiques très graves," soupira-t-il en regardant les deux adultes de la table, blasé. "Il est incroyable de vous entendre débattre sur le sujet comme s’il fallait sincèrement apprendre comment nouer des liens affectifs et les conserver de manière saine, alors que ce sont les actes les plus naturels qui soient. Tant mieux pour ceux de votre Ordre ayant évité un tel piège. Mais si d’autres n’arrivent pas, à l’âge adulte, à dépasser ce débat complètement absurde, on peut affirmer qu’ils ont subi une torture psychique impardonnable. Au lieu de dire à un enfant parfaitement normal, sur ce point, que les sentiments sont normaux, vous feriez mieux d’aller aider ceux ayant subi ces sévices et ne pouvant pas encore les dépasser."

S’en prendre à des jeunes pour cela était déjà grave, le faire contre des orphelins ou des petits plus fragiles que d’autres l’était d’autant plus. Il en était outré et d’autant plus soulagé d’avoir entendu que ce schéma de violences mentales ne sera pas reproduit.

Kawa se sentit soudainement mal à l’aise, pinçant un peu les lèvres en regardant son professeur. Il avait déjà vu dans son esprit le moment exact où il avait renié les siens, puis celui où il avait renié son ancienne vie, tout court. Ce n’était pas quelque chose qu’il aurait voulu lui rappeler et ça donnait d’autant plus d’importance à la question « ne serait-ce effectivement pas plus simple d’oublier »… Atton ne sembla pas triste, par contre, se mettant plutôt à lui dire tout ce qui pouvait aider à créer des souvenirs et les entretenir, dans la foulée, alors que Meetra s’occupait de mettre la table et lui de terminer la cuisine. Il lui sortit aussi l’exemple d’Ezra, clairement plus posé sur sa planète qu’au Temple. Ce n’était pas faux, ça… Ils se mirent à table ensuite, rejoints, pour une fois, par Salazar. Meetra confirma que la majorité ne savaient rien de leurs parents, que l’Ordre devenait leur famille. C’était quand même un peu triste, non ? Il trouvait évident que Luke n’ait pas envie de remettre ça en place… En plus, c’était trop tard, non ? Kanan avait déjà un fils de trois ans, Luke était en couple avec Mara, ça se voyait, alors… C’était un peu tard, pour freiner les attachements.

"Après tout, même sans tomber amoureux, on ne peut s'empêcher de créer des liens entre les individus, de se faire des amis, parfois très proches. Et je ne parle même pas du lien unissant maître et padawan. Et quand à ta question, mon garçon, il y a des gens qui me manquent, comme mon propre maître, Kavar. Mais on peut apprendre, avec le temps, à ne pas les oublier sans laisser leur souvenir vous obnubiler. J'ai appris cela à le dure, crois moi. J'ai eu le temps, neuf ans, après avoir été exilée par le conseil d'alors, et donc avoir perdu tous mes amis, tous mes proches."

Ils disaient souvent ça, qu’ils avaient « appris » à laisser derrière eux, et pourtant, ils avaient tous des pensées bien déprimantes et blessées, lorsqu’ils en parlaient… Kawa ouvrit la bouche pour le lui souligner puis s’arrêta, de justesse, lorsqu’elle lui tapota la main, avec un sourire bizarre. C’était comme Obi-Wan, en fait. Ils avaient beau dire et sourire, ce n’était quand pas un chantier très joyeux et serein, dans leurs têtes. En tout cas, à ses yeux, ça n’inspirait pas du tout la tranquillité d’esprit. Peut-être qu’eux, ils se sentaient bien comme ça quand même ! A force d’habitude ou d’auto-persuasion, ou encore un mélange des deux, dur à dire. Peut-être qu’elle se sentait vraiment en paix avec elle-même, comme elle l’affirmait, comme Atton l’affirmait aussi, que ce n’était que lui qui restait à la fois effaré et effrayé face à ce qu’il apercevait parfois. S’il devait comparer avec une autre personne qui avait traversé des horreurs, comme Kanan, par exemple, Kawa trouvait bien plus de sérénité mentale chez lui que chez Meetra, Atton, Obi-Wan… Mais il ne savait pas d’où venait vraiment la différence. Peut-être juste car eux trois avaient été plus souvent seuls, durant un temps. En bref, la paix intérieure affirmée par certains ne parvenait pas à franchement le convaincre.

"Une personne refoulant à ce point ses sentiments et les attaches personnelles a été victime d’abus psychologiques très graves. Il est incroyable de vous entendre débattre sur le sujet comme s’il fallait sincèrement apprendre comment nouer des liens affectifs et les conserver de manière saine, alors que ce sont les actes les plus naturels qui soient. Tant mieux pour ceux de votre Ordre ayant évité un tel piège. Mais si d’autres n’arrivent pas, à l’âge adulte, à dépasser ce débat complètement absurde, on peut affirmer qu’ils ont subi une torture psychique impardonnable. Au lieu de dire à un enfant parfaitement normal, sur ce point, que les sentiments sont normaux, vous feriez mieux d’aller aider ceux ayant subi ces sévices et ne pouvant pas encore les dépasser."

Ah, de la torture, carrément… Il baissa un peu le nez sur son assiette, en se demandant si, d’un point de vue extérieur, plein de gens pourraient penser comme ça ou si c’était juste ce professeur qui s’alarmait trop vite. Pour lui, la torture, chez Atton, c’était surtout ce qu’il avait vécu avant de devenir Jedi, on pouvait parler d’emprise mentale sans aucun problème ! Et pour sa femme, enfin, pour Meetra, c’était la guerre.

"Être mal à cause de ses propres choix et les conséquences qui vont avec, ça compte comme de la torture psychologique ?"

Ah oui, juste, Atton avait oublié de préciser que ça n’avait de toute façon plus cours dans ce temps, la question ne se posait même plus. Il remplit rapidement les assiettes, pendant que Meetra donnait son point de vue sur le sujet et la question de l’attachement, puis s’assit à son tour. S’il y a bien un truc qu’il adorait, dans cette époque, c’était bien de voir que la nouvelle génération n’avait même pas, initialement, que s’attacher pourrait être mal, ça leur était littéralement passé au-dessus de la tête ! Et là où c’était le plus drôle, c’est que ni Yoda, quand il était encore en vie, ni maître Kenobi ne leur avaient parlé. Remarque, à ce moment-là, il y avait encore si peu de survivants ou de jeunes à former, les failles débutaient à peine, l’Empire était à l’apogée de sa puissance… Ouais, facile de comprendre qu’ils s’étaient bien plus souciés de garder tout ce petit monde en vie que de leur enseigner des vieilles règles de leur temps.

D’ailleurs, quand Meetra cita le Code Jedi, Atton réalisa soudainement qu’ à part eux, Kreia, Atris ou d’autres « anciens », les autres n’en parlaient quasiment jamais. Ni dans leurs cours, ni dans les entraînements. Même maître Kenobi, ce qui le surprenait déjà bien plus que pour d’autres. Il avait déjà entendu Kanan le citer, pour ce qui concernait les émotions, mais c’est tout. Obi-Wan était pourtant de la « vieille école », il devrait le faire au minimum autant que Kanan et même bien plus ! Pas vrai ? Rah là là, des fois, ce gars était dur à cerner ! Il était un très bon maître, aucun doute là-dessus, et en même temps, il ne ressemblait pas du tout à ce qu’on attendait classiquement d’un maître Jedi. Il flottait sans cesse sur les limites, c’était bizarre ! Mais peut-être qu’il trouvait ça étrange simplement à cause du décalage trop important entre leur époque et la sienne. C’est à ce moment que Salazar rouvrit enfin la bouche. Ce qui fit soupirer Atton. Chez eux, l’amour était conditionnel, il ne trouvait pas ça mieux, pour des attaches familiales très saines ! L’attachement à ses amis et sa famille était censé être parfaitement inconditionnel !

"Être mal à cause de ses propres choix et les conséquences qui vont avec, ça compte comme de la torture psychologique ?"

Heu… Oui, non, peut-être ? C’était une question qu’on devait se poser ? Pourquoi son apprenti avait toujours des questions aussi bizarres ? Et puis, on avait le droit de culpabiliser, ça n’allait pas à chaque fois dans les extrêmes ! C’était aussi selon si on pouvait soigner les conséquences ou si on devait vivre avec. Ou, heu…

"Alors, déjà, l’éducation donnée dans l’Ordre n’avait pour but de torturer psychologiquement qui que ce soit. Mais ça arrive que certains, enfin, certaines, prennent les règles bien trop à cœur et s’en rendent malades. On vous l’enverra bien emballée dans du papier bulle si vous voulez en discutez avec elle, vous devriez bien vous entendre. Ensuite, non, ce n’est pas si fréquent de se torturer soi-même pour des choix passés, pour ça, il faut vraiment que ça ait dépassé un tel point de non-retour et que la personne n’ait eu en plus aucune occasion de se racheter ensuite. Tout dépend de ce qui a été fait, pourquoi, comment et ce qui s’est déroulé ensuite."

"Une personne refoulant à ce point ses sentiments et les attaches personnelles a été victime d’abus psychologiques très graves," soupira l'échani en nous regardant d'un air blasé. "Il est incroyable de vous entendre débattre sur le sujet comme s’il fallait sincèrement apprendre comment nouer des liens affectifs et les conserver de manière saine, alors que ce sont les actes les plus naturels qui soient. Tant mieux pour ceux de votre Ordre ayant évité un tel piège. Mais si d’autres n’arrivent pas, à l’âge adulte, à dépasser ce débat complètement absurde, on peut affirmer qu’ils ont subi une torture psychique impardonnable. Au lieu de dire à un enfant parfaitement normal, sur ce point, que les sentiments sont normaux, vous feriez mieux d’aller aider ceux ayant subi ces sévices et ne pouvant pas encore les dépasser."

Il parlait du père de Luke, là, non ? Ce serait bien qu'il puisse guérir, c'est vrai, mais il avait souffert si longtemps que cela demandera beaucoup de temps. Et pour un sujet si sensible, dont on ne savait pas tout, je préférais laisser Obi-Wan s'en occuper, car de nous tous il est celui qui connait le mieux Anakin Skywalker.

"Être mal à cause de ses propres choix et les conséquences qui vont avec, ça compte comme de la torture psychologique ?"

Je retins un éclat de rire en entendant Kawa faire une pique, involontairement, et combien elle peut pointer juste ce les points sensibles, pensais-je en jetant un regard taquin vers Atton. Lui et moi avions eu notre lot de souffrance psychologique, moi par mes actes sur Malachor V et que je surmontais à ma façon et lui à cause d'une de ses victimes, et dont il s'était confessé à moi. Je crois qu'il a su dépasser cela, maintenant.

"Alors, déjà, l’éducation donnée dans l’Ordre n’avait pour but de torturer psychologiquement qui que ce soit. Mais ça arrive que certains, enfin, certaines, prennent les règles bien trop à cœur et s’en rendent malades. On vous l’enverra bien emballée dans du papier bulle si vous voulez en discutez avec elle, vous devriez bien vous entendre. Ensuite, non, ce n’est pas si fréquent de se torturer soi-même pour des choix passés, pour ça, il faut vraiment que ça ait dépassé un tel point de non-retour et que la personne n’ait eu en plus aucune occasion de se racheter ensuite. Tout dépend de ce qui a été fait, pourquoi, comment et ce qui s’est déroulé ensuite."

"Il est normal de souffrir quand on commet un acte que l'on regrette, Kawa, surtout quand celui-ci a un impact très fort. Cela ne devient de la Torture psychologique que lorsqu'on est incapable de le dépasser et qu'on devient obnubiler par cela ou que l'on tente de nier son acte et de chercher un autre coupable. Mais la souffrance est nécessaire pour guérir. Tous les psychologues te le diront. Et te tourner vers les autres pour t'aider n'a rien de honteux."

Je mangeais légèrement, tout en continuant.

"J'ai eu mon lot. Tu le sais, j'ai commis un acte grave à Malachor V, Kawa. Mon supérieur et ami m'a laissé tomber derrière. Les jedi m'ont tourné le dos, m'exilant pour un autre motif. Je suis tombée moralement très bas, me retrouvant seule et abandonnée dans un moment si dur. Me reconstruire m'a pris des années mais ce qui m'a le plus aidé ce fut, ironiquement, des personnes que je ne connaissais pas. Ceux qui sont devenus mes amis, Atton, Brianna, Kreia, Bao-dur, Visas, Canderous, Mira, Micah, T3 et même HK, qui m'ont permis de me rappeler qui je suis. Ce sont aussi ceux qui ont voulu me tuer, en me rappelant que je peux faire acte de rédemption. Sauver des vies pour compenser tous ceux que j'ai tué. Me consacrer aux autres, c'est ma pénitence et c'est ce qui me donne la force, maintenant, d'avoir ma propre vie."

Je souris à Atton en disant cela, lui tapotant doucement la main de ma main droite, vu que ma gauche tenait ma fourchette. Son amour était l'une des choses qui m'avaient aidée à remonter la pente, même si j'avais du lui dire non à l'époque, à la fois car je n'étais pas totalement prête à dire l'autre mot mais aussi parce que j'avais trop à faire encore et que je ne voulais pas le mettre en danger. Et j'avais eu raison, car sinon il serait venu avec moi sur Dromund Kaas et y serait mort avec moi. Cela l'aurait empêché d'être devenu un bon maître jedi.

Bon, c'était pareil pour les autres, mis à part T3, HK et Canderous. Nous étions alors tous une bande d'éclopés moralement mais ont avait tous réussis à surmonter cela, même si Kreia fut la dernière à y parvenir et qu'il ait fallu qu'elle meurt pour ce faire.

"Certains voient dans l'amour, la gentillesse, l'altruisme, des faiblesses," terminais-je en retournant mon attention vers Kawa, "mais c'est de là que, moi, je tire ma force, cette force qui me permet de guérir."