Explorations, rencontre... Tu fais quoi ici ? ( maul)

Lorsqu’elle lui fit la remarque au sujet de l’Empire et de sa famille, il manqua de peu d’user de la Force pour lui faire ravaler ses paroles. Une profonde colère sourde bourdonna à ses oreilles, faisant bouillir son sang dans ses veines. Il serra fortement les poings, faisant crisser le cuir de ses gants. À défaut de se montrer violent, son regard fut suffisamment assassin.

- L’Empire a massacré ma famille. Ou plutôt, l’Empereur lui-même.

Savage, Mère Talzin, son propre peuple… Sidious l’avait utilisé puis jeté comme un vulgaire objet dont on se débarrasse après s’être amusé avec. Et lorsque son ancien apprenti était revenu pour le rejoindre, il avait tué son frère en riant avant de le faire prisonnier. Un épisode de sa vie qu’il n’était pas près d’oublier.

Maul respira lentement, profondément, et laissa les courants de la Force calmer sa colère tout en l’alimentant. Une chose qu’ils soient proches du puits, cela ne lui en était que plus facile.

- Mon peuple est originaire d’Iridonia, reprit-il avec bien plus de calme. Dathomir a seulement été une planète d’accueil, pour les miens.

Il remarqua ensuite son état. Ah… oui. Les voix et les puissants courants de la Force. Un léger sourire passa sur ses lèvres alors qu’il la voyait lutter contre ce qui cherchait à s’imposer dans son esprit.

- Ne lutte pas, murmura-t-il en la tutoyant tout comme elle l’avait tutoyé précédemment. Plus tu luttes, plus tu perdras l’esprit. Laisses-toi faire, détends-toi… accueilles-la.

Le point de vue concernant Darna se défendait. Il la savait amical en tant normal, même si elle avait ce petit côté xénophobe. Rien de bien folichon si l’on prenait en compte son ressentis envers l’Empire et tous ses sujets.

Le Zabrak attendit patiemment qu’elle se détende. Il vit la crispation quitter les traits de son visage, ses épaules se relâcher alors que la tension la quittait bien que les voix et murmures demeuraient toujours là. L’expérience devait sans doute être assez déroutante, il en convenait. Lui-même avait mis du temps à s’y faire quand il était revenu sur cette planète.

- Le Côté Obscur, répondit-il comme si c'était une évidence. Les voix sont une partie de sa matérialisation dans notre monde. Si tu prêtes l’oreille attentivement, tu pourras entendre plus clairement ce qu’elles disent. Mais je te le déconseille fortement, ajouta-t-il aussitôt pour la dissuader de le faire. Ton esprit ne le supporterait pas.

Il descendit les quelques marches menant à l’entrée de la grotte, là où les voix se faisaient le plus pressantes et où la lumière bleutée continuaient de miroiter.

- Ce qu’elles disent dépend de chaque individu. Pour certains, ce seront les murmures de proches disparus. Pour d’autres, la voix tentatrice promesse de savoir et de connaissance. Au final, personne ne le sait mais une chose est sûre : elles attirent et font succomber aux ténèbres.

Maul semblait presque amusé.

- Les Sœurs de la Nuit de ce village sont tellement habituées qu’elles ne les entendent plus depuis longtemps. Sauf lorsqu’elles sont face au puits.

- Sortir ? Nous ne sommes même pas encore entrés… mais soit. Partons.

Ce qui était vrai. La lumière bleutée n’était qu’un écho de ce qui se trouvait à l’intérieur et plus bas : une sorte de lac souterrain où se trouvaient des créatures encore plus anciennes que le monde. Mais puisque la jeune femme peinait à garder l’esprit alerte à cause des murmures, mieux valait ne pas insister davantage.

Maul remonta donc les quelques marches et reprit sa route en direction du village. Il ne lui en tenait pas  rigueur de ne pas avoir pu continuer, il trouvait déjà cela admirable d’être allé aussi loin vers le puits.

À mesure qu’ils s’éloignaient, les voix se firent moins présentes pour ne finalement laisser qu’une simple caresse dans leurs esprits. Le Zabrak ne prit pas la peine de faire dire à Darna qu’ils partaient : les femmes qui les suivaient du regard s’en chargeraient elles-mêmes, si ce n’était pas déjà fait. Lorsqu’ils sortirent du village pour retrouver le speeder, les voix avaient complètement disparus.

- Je suppose que cela assouvi une partie de ta curiosité, chercheuse ?

Quand bien même il savait où la mener ensuite, il se demanda un instant s’il n’avait pas placé la barre trop haute pour une première visite de la planète. Au moins était-ce une chose en moins à faire pour pallier à sa curiosité d’archéologue.

Le Zabrak l’observa un moment en silence. Il inclina légèrement la tête lorsqu’elle lui fit part de ses remerciements, mais n’ajouta rien de plus à ce sujet.

Après tout et comme elle l’avait souligné, c’était déjà une expérience qui sortait de l’ordinaire et à laquelle très peu de personne pouvait être confronté. Mieux valait que cela reste le cas pendant encore longtemps.

Maul allait enfourcher son speeder quand le com-link qu’il portait à son poignet et dissimulé par le cuir de ses gants émis un « bip » régulier, signifiant un appel. Il s’éloigna un instant pour prendre la communication. Une voix d’homme retentit doucement dans l’appareil.

- Mon seigneur, tout va bien ? Vous êtes absent depuis plus de trois heures. Y a-t-il du danger ? Doit-on envoyer une équipe de secours ?
- Non, n’en faites rien. Procédez comme d’ordinaire, je reviendrai en temps voulu.
- À vos ordres.

La communication cessa et le Zabrak revint vers la jeune archéologue.

- Si vous êtes remise de vos émotions, il y a encore un endroit à voir qui est rattaché aux Sœurs de la Nuit… mais différent. Il n’y aura pas de voix, cette fois.

- Tu peux me tutoyer.

Il n’allait pas se formaliser pour si peu et encore moins faire la fine bouche à ce sujet. D’autant que cela semblait un peu plus naturel, moins protocolaire. Après tout, ils n’étaient pas en mission comme cela avait été le cas sur Nar Shadaa.

- Et je te rappelle que c’est moi qui t’ai proposé de te servir de guide.

Sans compter que ça lui permettait de sortir un peu la tête de ses datapads et autres données informatiques qu’il épluchait depuis plusieurs jours déjà afin de rattraper ses trois années d’absence du syndicat. De quoi rendre fou ou donner d’atroces migraines, s’il n’avait pas eu les méditations du Côté Obscur pour s’alléger l’esprit.

Maul enfourcha sa monture de métal, tourna son visage vers la jeune femme.

- Mais si tu préfères que je te ramène à ton vaisseau pour quitter cette planète, il suffit de me le dire.

Il y avait ce fait qu’il n’avouerait jamais à haute voix : mine de rien, cela lui plaisait de faire visiter les lieux de son passé qui faisait pleinement parti de lui. Quand bien même il ne s’agissait que d’une partie.

Étrangement, il n’en avait pas douté. Quand bien même la première expérience avait été particulière.

- Dans ce cas, monte. Et accroches-toi à moi.

Il attendit qu’elle soit installée pour démarrer et foncer de nouveau à travers les plaines et la forêt, laissant le village des Sœurs de la Nuit s’éloigner d’eux petit à petit. La route qu’ils parcoururent fut bien longue que celle qu’ils firent précédemment, bien qu’ils restèrent en lisière de la montagne et de la forêt.

Un autre village ne tarda pas à se dessiner à l’horizon vers lequel Maul semblait les conduire. Mais, contrairement à celui du clan qu’ils avaient quitté, ils étaient d’apparence bien plus tribale et sauvage. Ils y furent en quelques minutes de plus à peine. Cette fois-ci, le Zabrak s’arrêta dans le village et mit pied à terre.

Si, au premier abord, il ne semblait y avoir personne, ce ne fut le cas que quelques brèves secondes. Un autre Zabrak aux tatouages jaunes et noirs s’approcha d’eux, bien vite suivis par d’autres dont les tatouages variant du rouge au jaune en passant par l’orange mais dont chaque motif était différent.

- Maul. Frère. Sois le bienvenu, ton ami et toi.

Maul serra l’avant-bras de celui qui s’était adressé en une étreinte réciproque pour le saluer. L’ambiance était totalement opposé au village des Sœurs de la Nuit qui semblaient plus renfermées ; les Zabrak étaient méfiants mais accueillant à la fois.

- Voici les Frères de la Nuit, expliqua le guide à la jeune femme qui l’accompagnait. Un clan auquel j’appartenais, et lié aux Sœurs de la Nuit. Il rassemble tous les hommes de la tribus, et beaucoup sont originaires d’Iridonia.

Le Zabrak qui les avait accueillis jeta un coup d’œil interrogateur à Maul en entendant les propos de la jeune femme. Ce dernier eut un mouvement négatif de la tête avant de clarifier sa pensée à haute voix :

- Non, ce n’est pas ma compagne et elle ne fait pas non plus partie des Sœurs de la Nuit. Vous pouvez donc parler librement devant elle.

Les autres membres du groupe semblèrent se détendre aussitôt, abandonnant leur méfiance première. On les invita à les suivre, les menant vers un énorme feu de camp au milieu de la place du village. Maul imita les siens, s’asseyant à même le sol, et invita Rosas à faire de même. L’un des Zabrak aux tatouages jaunes et noirs, un jeune, leur donna un plat de viande cuite avec un sourire.

- Nous n’avons pas l’habitude d’avoir des visiteurs en dehors des Sœurs quand elles doivent avoir des enfants. Que pouvons-nous faire pour vous ?

Maul prit un morceau de viande qu’il engloutit ensuite avant de répondre.

- Ce n’est pas à moi à qui il faut s’adresser, mais plutôt répondre à ses questions, ajouta-t-il en désignant la jeune femme qui l’accompagnait et envers laquelle les Zabrak semblaient éprouver un profond respect.

Près du feu où les Zabrak s’étaient installés en formant un cercle, l’ambiance était beaucoup plus conviviale et chaleureuse. Quand bien même les plus jeunes traitaient la nouvelle venue avec certains égards – comme ils auraient traité une Sœur de la Nuit – les plus âgés se contentaient d’une conversation polie tout en faisant passer des plats de viandes, parfois accompagnés de légumes mais très peu.

Ils écoutèrent les paroles de la jeune chercheuse avec intérêt, certains paraissant ravis que l’on s’intéresse à leur planète quand d’autres émettaient une certaine réserve.

- La Force est très puissante ici depuis que les Sorcières de Dathomir y ont évolué. La lumière et les ténèbres ne s’y affrontent pas : elles se tolèrent l’un et l’autre sans toutefois s’apprécier. Les sorcières Sith dont vous parlez sont à l’image des Sœurs de la Nuit : des utilisatrices du Côté Obscur.

Maul laissa l’homme qui semblait être le doyen du village s’adresser à Rosas, gardant simplement une oreille aux propos de l’individu quitte à y apporter des précisions au besoin.

- Peu de gens sont aptes à faire la différence entre les utilisateurs de la Force lumineuse et obscure, même parmi ceux qui la maîtrisent. Pourtant, il y en a plusieurs. Par exemple, la signature dans la Force que vous pouvez percevoir chez le jeune Maul ci-présent n’est pas la même que celle que vous percevez chez une sorcière.

Le guide Zabrak eut un léger sourire.

D’expérience, il savait que la « signature » des Sorcières Sith s’apparentait à ce qu’il avait ressenti dans le village : de la volupté, de l’envoûtement et de la tentation comme lorsqu’on retrouve une amante. Quant à la sienne… il n’en avait pas la moindre idée.

- Il en va de même pour les Jedis, précisa Maul. Certains sont des guerriers quand d’autres sont des guérisseurs : leur signature dans la Force est différente, c’est à ça qu’on les reconnaît.

Le doyen du village semblait absolument ravi des propos qu’il entendait sur la Force. Il allait pour dire quelque chose mais s’abstint devant le regard foudroyant de Maul, préférant donc éviter ce genre de propos défavorable que le Zabrak Sith avait deviné sans le moindre mal. À la place, il se racla la gorge avant de reprendre la parole.

- C’est un bien noble but que vous suivez là. Mais si je puis me permettre, mademoiselle… ce genre de recherche ne s’acquiert pas dans les ouvrages ou les holocrons. Elle vous donne un simple aperçu mais ce qui prime, avant tout, est-ce que vous vivez dans l’instant en voyageant : vos recherches se forgeront par vos diverses expériences.

Il reprit le plat de viandes qui venait de terminer son cercle autour du groupe et en piocha une bonne partie qu’il avala. Certains jeunes avaient commencé à jouer une musique tribale sur les tambours présents, alimentant d’un fond sonore la conversation actuelle.

Le vieux Zabrak observait avec intérêt leur invitée tandis que Maul avait le regard un instant perdu dans le vague, fixant les flammes du feu plus loin. Il revint rapidement à la réalité quand le vieil homme s’adressa directement à lui :

- Les Sœurs de la Nuit vous ont montré le puits ?
- Oui, répondit-il. C’est moi qui l’y ai mené. À l’entrée, sans y pénétrer.
- Je perçois le trouble que les voix ont créée…

Maul haussa ses épaules en un geste désinvolte, signifiant par là que n’importe qui d’extérieur au village en aurait été troublé ou serait devenu fou. Le doyen fit signe à l’un des jeunes qui apporta un pot en terre cuite où était un breuvage à la teinte semblable à de l’eau qu’il donna ensuite à Rosas.

- Buvez, chercheuse. Je ne maîtrise pas la Force comme Maul ou vous-même, nous ne sommes que de simples guerriers, mais j’en sais suffisamment. Cette décoction vous apportera chaleur et réconfort. Buvez.

Le jeune Zabrak qui lui avait tendu le breuvage le lui reprit doucement en s’inclinant légèrement pour la remercier avant de s’éloigner.

- L’esprit est une chose merveilleuse mais terrible, philosopha le doyen avec un sourire.

Maul, qui n’avait pas prononcé un mot depuis la brève discussion concernant le puits et paraissait plongé dans une sorte de méditation, échangea finalement un regard avec le vieux Zabrak. Ce dernier se releva sur ses jambes, bien vite imité par tous ceux présents autour d’eux sans toutefois que la musique ne cesse.

- J’ai été ravi de converser avec vous, reprit le doyen avant de serrer l’épaule du Sith en guise de salut.

Puis, se tournant vers la jeune femme, il ajouta :

- Puisse la Force vous mettre sur la voie qui vous sied comme il se doit et vous ouvrir les portes de la connaissance.

Plissant les yeux, Maul dévisagea un moment l’assistance. Son bras alla aussitôt enlacer les épaules de Rosas, l’attirant un instant vers lui avant de s’éloigner hors du village. Ce ne fut qu’une fois qu’ils furent en dehors des limites et hors de portée de voix qu’il la relâcha pour expliquer son geste sans cesser de marcher vers son speeder.

- Ces jeunes vous dévoraient des yeux.

De par l’attitude de la jeune femme qui semblait on ne peut plus clair, il comprit aisément que sa justification première ne lui convenait pas du tout. Il retint un soupir, leva brièvement ses yeux vers le ciel en murmurant quelques mots en zabraki puis reporta son attention sur son interlocutrice afin de lui répondre.

- Mets des Zabrak mâles entre eux pendant de longues années avec des femmes qui les visitent rarement : soit ils deviennent fous, soit ils se battent entre eux. Ils ont choisi la seconde solution. Vous, les humains, appelez ça les hormones, je crois.

Il passa une main sur son speeder afin d’enlever les feuillages cuivres qui y étaient tombées pendant leur petit séjour dans le village.

- Tu l’as bien vu : la première réaction du vieux était de demander si tu étais ma compagne. Chose à laquelle j’ai répondu par la négative. Dans la tête des jeunes, cela signifie qu’ils peuvent te conquérir… et plus si affinité.

Maul frotta ses mains l’une contre l’autre pour retirer les branchages qui s’étaient accrochés sur ses gants. Son regard jaune et brillant se plongea ensuite dans les yeux de son interlocutrice.

- Et j’ai tendance à ne pas apprécier qu’on empiète sur mon territoire, ajouta-t-il par pure taquinerie avec un sourire, une lueur irradiant ses prunelles si particulière.

- Oui, absolument.

Clair, net et précis.

Sa réponse avait été de but en blanc, sans tourner autour du pot et sans la moindre hésitation dans la voix. Disait-il la vérité ? C’était là tout le mystère, surtout que l’expression de son visage ou de son corps ne laissait rien paraître à ce sujet. Quand à son esprit, il était infranchissable pour un utilisateur de la Force non aguerri afin de savoir s’il mentait ou non.

- Je suis un Sith : bien sûr que je suis jaloux et possessif.

Chose dite, il reprit place sur son speeder. Son attention se reporta sur la jeune archéologue alors qu’il changeait complètement de sujet.

- Il y a encore une dernière chose que tu dois voir. Pas directement liée à la Force comme le village des Sœurs de la Nuit ou celui des Frères de la Nuit… mais directement lié à cette planète.

Il n’en dit pas plus, estimant qu’il s’agissait plus d’une surprise qu’autre chose. Une surprise assez dangereuse, d’ailleurs.

Le Zabrak eut un léger ricanement à sa remarque concernant son côté guère partageuse. Toutefois, il n’ajouta rien de plus. Il ralluma son speeder et ne tarda pas à filer au milieu de la forêt en s’éloignant du village.

À défaut de longer la montagne, il alla cette fois-ci délibérément en direction des marais. La mangrove se fit de plus en plus dense tandis qu’ils s’y enfonçaient, Maul prenant soin de réduire un peu sa vitesse pour ne pas percuter les branches basses et autres arbres dont les lianes pendaient vers le sol sombre. Il en fut ainsi durant un petit moment où il ne prononça pas le moindre mot. Puis, finalement, il s’arrêta près d’un immense arbre dont le tronc était creux et semblait avoir servi de refuge à une créature : des tapis de mousse s’y trouvaient entassé.

Le fils de Dathomir mit pied à terre, laissa la jeune femme faire de même. Cependant, il porta un doigt sur ses propres lèvres pour lui indiquer de ne pas faire le moindre bruit et l’entraîna avec lui au sein même des marécages. Seul les branchages et le bruit de l’eau résonnaient sous leurs pas, agrémenté par le bruit caractéristique de ce genre d’endroit : des cris de créatures sauvages et du bourdonnement des insectes.

Maul s’arrêta près d’une grosse racine et, faisant signe à Rosas de se rapprocher, il lui montra quelque chose à peine quelques mètres plus loin de leur position. Quelque chose de gros. Quelque chose d’énorme.

Un Rancor natif de la planète.