Explorations, rencontre... Tu fais quoi ici ? ( maul)

S’il profita un moment du silence seulement troublé par le rythme de la tempête dehors, ce ne fut pas le cas bien longtemps. Il perdit son amusement au même titre qu’il soupira à la question. Toutefois, il consentit à lui remettre même si cela coulait de source pour lui :

- Ils n’en feront rien. Je ne fais certes plus parti d’un clan en particulier hormis le mien, mais c’est aussi grâce à moi qu’ils peuvent survivre. Même si le doyen serait considéré comme le chef du village, je m’apparenterais à un Alpha.

Maul baissa ses yeux vers elle.

- Les autres peuvent parler dans mon dos, mais ils ne le feront jamais devant moi ouvertement et ils finiront par oublier cela. Ainsi vont les choses sur Dathomir.

Il la fixa un instant, comme s’il cherchait à savoir quel était le fond de sa pensée.

- Ça te rassure ?

Visiblement, la réponse qu’il lui avait donnée ne lui plaisait pas. Il n’avait pas besoin de la sonder avec la Force, il le percevait de par son attitude et le timbre de sa voix. Il inclina légèrement sa tête sur le côté, un sourire mi-amusé mi-sérieux ombrant brièvement les traits de son visage.

- Les mots ont un pouvoir, jeune fille. Et chacun d’entre eux a son importance : si tu n’utilises pas les bons mots pour poser ta question, tu n’obtiendras pas la bonne réponse.

Oh bien sûr, il aurait pu avoir recours à la Force pour explorer ses pensées et savoir ce qu’elle désirait connaître réellement. Mais – aussi étrange que cela puisse paraître – il ne le fit pas.

Il n’était pas dans un contexte de rivalité ou d’ennemis contre ennemis. Pas plus qu’il ne cherchait à soutirer des informations. D’autant que, d’une certaine façon, il commençait à éprouver un certain respect pour elle : de par la mission qu’ils avaient accomplis ensemble et ses talents professionnels, mais aussi par son travail en tant que chercheuse de la Force.

Maul sortit brusquement de ses pensées quand il sentit sa main se poser sur sa joue. Il ne broncha pas par le contact physique, surtout que ce n’était pas la première fois qu’on le touchait, et ne put s’empêcher d’envoyer une légère taquinerie à la question.

- Parce que j’irradie le Côté Obscur en une douce chaleur réconfortante ?

Sans trop la bouger parce qu’elle semblait bien installée, il se pencha légèrement vers la table pour récupérer sa boisson chaude afin de continuer à la boire.

Tout en buvant, il l’écoutait attentivement. Une compagnie réconfortante ? Voilà qui était intéressant à savoir. La remarque concernant son humour étrange et ses taquineries l’amusa quelque peu, elle n’était pas la première à lui en faire part. Quant à sa culture, vaste sujet.

- Dans le métier que je fais, mieux vaut avoir de la culture pour ne pas faire défaut. Cela permet d’ouvrir beaucoup de portes et de se tenir au courant de ce qui se passe dans la galaxie.

Si l’on omettait ses trois années d’absence qu’il tentait de rattraper tant bien que mal, évidemment.

- Pour toi qui est chercheuse de la Force et archéologue, tu dois le comprendre mieux que personne. D’ailleurs, je me demandais…

Il reposa sa boisson pour ne pas être gêné.

- Les archéologues font souvent des fouilles, déterrent des artefacts… À ce qui m'a été donné de voir, ce n’est pas ton cas.

C'était moins une remarque qu'une question.

Il eut un léger rire.

- Je ne parlais pas uniquement de ce « métier » en particulier, laissa-t-il échapper sur un ton malicieux.

Être Sith était une chose. Diriger une organisation criminelle dans l’ombre qui commençait à bien se faire connaître parmi les grands de ce nom… en était une autre.

Le Zabrak la suivit docilement vers ladite chambre mais resta juste à l’entrée, se refusant de pénétrer dans un lieu qu’il estimait intime et qui n’était pas à lui. L’odeur de la jeune femme flottait dans toute la pièce, il la percevait sans mal. Ses yeux se posèrent sur les différents artefacts qui se trouvaient là. Livres anciens, armes diverses, pierres rares… et holocron. Son regard vrilla un instant sur l’objet en question avant qu’il ne ferme ses yeux pour les détourner ensuite.

- Tu fais bien, certains artefacts trouvés dans des sépulcres et des tombes ont causé la perte des voleurs. Les morts ne pardonnent que très peu aux vivants.

Restant dans l’encadrement, Maul eut un sourire amusé.

- Et lorsque tu n’auras plus de place pour entasser tes trésors, que feras-tu ?

Le Zabrak haussa légèrement un sourcil sans se départir de son sourire devant la réaction absolument très mature de la jeune femme. Il reprit cependant son sérieux lorsqu’elle s’approcha, un ouvrage très ancien dans les mains. L’odeur du velin mêlée à la poussière et à « l’âge » donnait une impression agréable.

- Je ne sais pas lire l’ancien Sith, s’excusa-t-il.

Sa formation avait été, avant tout, celle d’un guerrier. D’une arme vivante. Sidious avait merveilleusement bien veillé à cela. L’ancien apprenti de l’Empereur ne se cultivait que depuis très récemment. Depuis qu’il volait de ses propres ailes, pour être plus exact. Aussi sa connaissance des artefacts et de la langue Sith en elle-même était que très sommaire.

S’il en avait la possibilité, peut-être se plongerait-il dans ce genre de recherche à l’instar de Darth Bane qui avait rassemblé toute la culture et le savoir des Sith au gré de ses voyages après avoir annihilé l’ordre de son époque pour fonder la règle des deux.

Mais pour le moment, ce n’était pas du tout dans ses urgences et encore moins dans ses priorités. Il avait une organisation criminelle à faire tourner.

- Un seigneur Sith y était parvenu… Darth Nihilus. Sa connaissance de la langue Sith et son pouvoir étaient tellement grands qu’il parlait lui-même cette langue de manière courante.

C’était là bien la seule connaissance à ce sujet qu’il pouvait posséder. Le seigneur noir en question avait vécu des millénaires plus tôt, à la même époque que le célèbre Revan. Le reste avait été vite étouffé par les Jedis qui avaient été à deux doigts de l’annihilation par le Triumvirat de l’époque.

Sa réflexion concernant les Sith et les Jedis était quelque peu amusante.

- Le Seigneur Bane a tenu à ce que les connaissances qu’il jugeait… hérétiques ne soient pas conservées. L’Ordre Sith avait fini par se perdre dans son propre désir de détruire les Jedi et de gouverner la galaxie. Ce qui a causé leur perte. Masi je ne t’apprends rien à ce sujet, je présume.

De ce qu’elle lui avait dit, elle avait déjà eu un maître Sith. Quand bien même ce dernier ne lui avait pas totalement livré tous ses secrets, il devait sans doute tout de même lui en avoir donné un bref aperçu historique. N’est-ce pas ?

Ses yeux se posèrent vers le temps à l’extérieur. La tempête avait cessé mais l’orage demeurait toujours accompagné par sa pluie. Il percevait encore les grondements aux alentours ainsi que la zébrure des éclairs.

- C’est un ordre du capitaine de ce vaisseau ? demanda-t-il amusé.

Maul fit une sorte de salut militaire lorsqu’elle lui « confirma » qu’il s’agissait bien d’un ordre. Toutefois, il n’eut même pas le temps de laisser retomber son bras que la jeune femme s’était précipité contre lui suite à un nouvel élan de l’orage à l’extérieur. Sa surprise passée, il referma lentement ses bras autour de son corps frêle.

- Les Siths comme les Jedis ne commandent malheureusement pas au temps qu’il fait, dit-il sur un ton badin pour tenter de la détendre un peu.

Il n’y avait que sur Coruscant où la météo était réglé au millimètre près tant la planète était devenue artificielle et épuisée. Qu’il fasse beau pour les plus riches vivants sous les nuages, qu’il pleuve pour les parias des monde souterrains… tout était une question de décision selon le bon pouvoir de qui commandait.

- C’est pour cela que tu n’as pas choisi de décoller quand tu es revenu dans ton vaisseau ? Parce que cela te rappelle l’accident qui a tué tes parents et t’a coûté une partie de tes souvenirs ?

Le Zabrak avait baissé les yeux vers la femme tout en parlant, effleurant un instant quelques mèches de sa chevelure rosée.

Évidemment, si l’on comparait le temps à la pandémie qui s’était abattue sur la galaxie… ce n’était pas du tout le même niveau. Quoique le résultat puisse être assez similaire, tout dépendait du temps en question : soleil brûlant ou ouragan en passant par le tsunami et d’autres charmantes réjouissances.

Le Zabrak ne comprenait que trop bien ces blessures invisibles à l’œil nu. Son propre corps en était le parfait exemple : moitié cyborg, moitié humanoïde… il avait cicatrisé physiquement car tel était la force de la nature, mais les blessures de son âme étaient on ne peut plus profonde. Si certaines parvenaient à cicatriser – comme sa haine des Jedis – d’autres ne faisaient que s’ouvrir dès qu’un souvenir lui parvenait sous le coup du hasard.

Ses yeux jaunes se plongèrent un moment dans ceux de son interlocutrice. Il ne disait mot, restait simplement immobile.

Puis, lentement, il se pencha vers elle, laissa son souffle caresser son visage…

… pour retirer une feuille presque de la même teinte qui s’était perdue dans les mèches de ses cheveux.

- Tu avais ça, sûrement lorsque la tempête s’est levé et que je conduisais.

Maul lâcha la feuille qui s’était égarée, la laissant retomber jusqu’au sol du vaisseau. Son attention se reporta sur Rosas dont la main avait de nouveau rejoint sa joue, comme lorsqu’ils étaient sur le divan. Il ne prononça pas le moindre mot pendant un moment. Puis, il lança doucement :

- Tu sais que je ne vais pas rester indéfiniment ici, non ?

Il avait un peu de mal à comprendre qu’une étreinte comme la sienne puisse être… rassurante. Lui qui semait la peur et la mort là où il se rendait comme si être un seigneur sith s’apparentait à être une incarnation d’un cavalier de l’apocalypse ou de la mort elle-même, avait un peu de mal à saisir ce concept. Non pas que la présence de la jeune femme n’était pas agréable. Mais la réciprocité le surprenait.

Le Zabrak détacha ses yeux des siens pour regarder la pièce qu’était la chambre de la maîtresse des lieux. Tant d’objets racontant une histoire, tant de choses rassemblées en une seule et même pièce… de quoi lui offrir une présence rassurante, non ? À en juger par sa réaction, ça ne semblait pas être le cas.

Il préféra s’en éloigner.

Sans dire un mot, Maul entraîna la jeune femme avec lui pour retourner dans la pièce principale. Il prit place, cette fois, sur le fauteuil qu’elle avait occupé plus tôt et l’invita muettement à l’y rejoindre. Une fois qu’elle fut bien installée, il referma ses bras sur elle.

- La prochaine fois que tu entendras de l’orage, tu n’auras qu’à te souvenir de cette étreinte si elle te semble si rassurante. Cela t’aidera peut-être à aller mieux.

S’il nota l’expression douloureuse qu’il perçut dans la voix de Rosas, il eut la décence de ne pas en faire mention. D’autant que cela… lui plaisait.

Lui qui était prompt à jouer les tentateurs et à écarter les âmes égarées vers le Côté Obscur devait bien avouer que même si elle était sur le fil, il savait qu’il pouvait la faire pencher vers les ténèbres. D’une certaine manière. Et puis, comme ça, cela lui faisait un souvenir auquel se raccrocher. Surtout qu’il n’utilisait pas la Force sur elle comme il l’avait fait avec le Rancor pour l’apaiser.

- Si tu t’endors, ce ne serait pas la première fois que je devrai te porter pour aller te coucher.

Le ton de sa voix était clairement amusé, en souvenir de ce qui s’était passé sur Nar Shadaa où – là encore – leur discussion avait été longue et instructive. Quand bien même la situation avait été radicalement différente : entre le professionnel et le privé, il y avait un fossé.

À croire que la Force s’amusait à les placer sur la route de l’un et l’autre pour qu’ils débattent de tout et de rien.

- Donc ne te gêne pas pour moi.

- Je ne suis pas un rustre contrairement aux apparences, répliqua-t-il sur un ton mi-amusé mi-sérieux concernant le fait que c’était lui qui l’avait mise au lit. J’ai un code d’honneur, n’en déplaise.

Même si, bien évidemment, ce « code d’honneur » était tout particulier et propre à lui-même. Ce n’était pas pour rien qu’il avait été apte à diriger les Mandaloriens après avoir provoqué et défait Vizla en duel, quand bien même il n’en était pas un.

Le Zabrak leva la tête lorsqu’elle se redressa pour le regarder dans les yeux. Maintenant qu’elle était assise sur le métal froid de ce qui constituait le bas de son corps, elle faisait une tête de plus que lui… chose à laquelle il n’était guère habitué, ayant coutume d’observer les gens de haut ou au même niveau que lui.

Sa remarque lui fit légèrement froncer sourcils.

- Je n’ai pas de réponse à cette question. Je ne crois pas en avoir un jour, d’ailleurs.

Comment disaient certains Jedis déjà ? Ah oui : « Les voies de la Force sont impénétrables ».

- Cela dit… je me faisais la même réflexion, confessa-t-il.

Maul hésita un instant à dire le fond de sa pensée. Outre le fait qu’on ne pouvait savoir ce que la Force allait choisir de faire – hormis si l’on était medium comme cela pouvait être le cas pour certains – elle l’avait aussi ramené d’entre les morts. Était-ce lié ? Peut-être… il n’en savait rien. Et il en vint à se demander si la jeune femme était issue d’une autre époque comme ce seigneur Sith qu’il avait rencontré lors de ses premiers jours de renaissance.

Il sortit de ses réflexions par la question concernant – justement – ses pensées. À croire que cela s’était lu sur son visage que quelque chose lui tournait en tête. Pas au point de le tarauder mais… pas loin non plus, tout de même.

- Rien d’inquiétant, fut la première réponse qu’il lui offrit.

Et puis, ils n’avaient pas passé de marché l’obligeant à lui répondre cette fois, non ? Par conséquent, il était libre de garder ses propres pensés pour lui. Quand bien même ces dernières concernant de manière indirecte la galaxie et ses habitants. Il baissa légèrement la tête, son regard un instant perdu dans le vague.

- Je me demandais si, toi aussi, la Force t’avait ramené ici. À cette époque, je veux dire.

Certes, c’était une question assez générale mais tout aussi indiscrète. Aussi ne s’attendait-il pas à ce qu’elle lui réponde.

Vingt ans déjà… le temps passait atrocement vite.

Ainsi donc, elle avait fait partie de ces enfants ayant survécu de justesse à la mort. Le fait qu’elle n’ait pas basculé du Côté Obscur était assez surprenant, mais il se souvint ensuite de ce qu’elle lui avait dit concernant les Jedis et son intégration dans le Temple. D’une certaine manière, lui aussi avait connu la Purge… de la cellule de sa prison.

- Une époque bien sombre.

La suite l’avait été tout autant sur bien des aspects pour beaucoup de manipulateurs de la Force. Obligés de rejoindre l’Empire et de se soumettre en devenant Inquisiteur, ou survivre en devenant un paria avec sa tête mis à prix. Il savait que certains s’étaient reconvertis et avaient abandonnés leur foi en la Force. Douce ironie pour ceux qui prônaient la paix partout où ils passaient.

- Comment as-tu survécu ? Si tu étais enfant à cette époque, tu étais sans doute sur Coruscant et dans le Temple… et les bas-fonds de la cité-planète ne sont pas connus pour être très accueillants.