Un soir tranquille

« Hum, c'est plus compliqué que chez nous. Les humains ne sont pas un seul peuple mais, au contraire, se sont divisés en de nombreuses cultures, parfois très différentes les unes des autres. »

C’était ça qui était étrange… En fait, toutes les races avaient grosso modo un seul mode de vie ou un monde de prédilection. Sauf les Humains, qui s‘étaient disséminés un peu partout. A un tel point que plus personne aujourd’hui ne serait capable de dire d’où ils venaient. Pourtant, ils devaient bien avoir plusieurs points communs, n’est-ce pas ? Si ce n’était pas dans la façon de vivre, ça pouvait être dans la mentalité, les étapes importantes de la vie, ou plus simplement les critères purement physiques et biologiques. Ewime ne savait pas encore vraiment quoi en penser, même si elle en avait appris plus ces derniers mois, ce n’était pas encore assez pour tout appréhender. A son sens, en tout cas, mais c’est parce qu’elle aimait tout comprendre, dans les moindres détails, la curiosité l’avait déjà poussé à s’intéresser à beaucoup de choses, même lorsque cela était bien loin des préoccupations habituelles de son peuple.

« Toutefois... peut-être devrais-je trouver quelqu'un qui se charge de recenser ce genre de moment et de veiller à ce qu'ils soient organisés correctement. Que diriez-vous de ce poste, Ewime ? Maîtresse de cérémonie de Nirauan, ce pourrait être votre rôle ici. »

« Ça me plairait beaucoup, oui. Ce sont toujours de belles occasions pour inciter chacun à se lier aux autres, en-dehors du travail. »

C’était de ça, dont elle rêvait surtout, sortir de cet isolationnisme et de certaines traditions, pas toutes bien entendu mais certaines très ciblées, dont elle estimait qu’elles freinaient un peu les leurs et les renfermaient bien trop sur eux-mêmes. Elle avait déjà quelques idées, sur le sujet, mais dans tous les cas, ça devra attendre un peu. Après la mission vers l’épave du vaisseau, le Conseil devait se réunir à propos des sensitifs et d’autres sujets, et Ewime tenait à rentrer sur Csilla à cette occasion, savoir ce qui allait en être pour sa fille. Si elle pourra la revoir ou non comme le souhaitait, par la suite, somme toute. C’était un peu étrange, cette enfant était comme tombée du ciel, elle s’était pourtant vite attachée à elle, mais elle n’avait pas le sentiment que Feesa, elle, était très… Enfin, elle donnait l’impression de rester tout de même en retrait, comme si elle avait peur de sa propre famille. Un comportement que Ewime ne comprenait pas, autant l’avouer platement, elle ignorait ce qui pouvait bien freiner ou effrayer sa propre fille. Et se demandait si ça n’avait pas un rapport avec sa décision de s’éloigner de l’Ascendance.

Elle découvrira peut-être la vérité un jour. Peut-être. En attendant, elle termina plutôt son assiette puis se leva pour aller remplir la carafe d’eau et voir aussi ce qu’elle pouvait servir en dessert. Elle ne cuisinait pas très souvent, n’aimant pas préparer de grands plats quand elle était toute seule, se contentant de ce qui était le plus rapide. Avec du monde à manger, cela la « motivait », en quelque sorte, à faire plus d’efforts.

« De quoi avez-vous envie, pour le dessert ? Je peux préparer quelque chose. »

« C'est inutile, j'ai déjà beaucoup abusé de votre temps. »

Pas tant que cela, et pour une fois qu’elle pouvait recevoir une autre personne que son frère, ça lui faisait beaucoup plaisir. Formbi avait surtout tendance à faire fuir les invités potentiels, quoi qu’elle n’était même pas sûre, après réflexion, qu’il le réalise. Au moins, elle était sûre qu’il ne réussira pas à faire fuir Thrawn, surtout ici. Elle commença à débarrasser la table, avec son aide, même s’il n’était pas obligé de le faire comme il était invité. Ce n’était, de toute manière, pas bien long, ils n’avaient été que deux. Mais tout de même… Enfin, elle ne saurait pas vraiment décrire ça, c’était une sensation agréable, tout simplement, de ne pas être seul, d’avoir quelqu’un près de soi avec qui discuter tranquillement, au moins le temps d’une soirée, sans qu’on ait besoin de se poser de questions. Dommage que ce genre d’instants ne soient pas plus réguliers. Elle rêvait de passer au moins une soirée au calme avec tous ceux qu’elle aimait autour d’elle, avec toute sa famille ou proches, sans se préoccuper de rien.

« J’ai passé une soirée très agréable, j’espère que ce sera de nouveau le cas un jour, ici. Je sais que vous avez pas mal de travail, mais bon… Un prochain jour. »

Il était rare qu’elle dise cela à une autre personne, plus renfermée sur le propos qu’elle en avait l’air, mais c’était sincère. Si un soir, il voulait revenir pour déjeuner ou juste discuter, la porte lui restait ouverte. D’ici là, il restait à s’intégrer ici, travailler, se mêler aux autres personnes présentes et aux humains, en résumé, enfin vivre plus librement qu’elle ne l’avait fait jusqu’ici, en devant respecter règles et conventions sociales. S’approchant d’un pas, elle leva la main et repoussa du visage de son invité une mèche noire venue retomber sur son front, pour la remettre sur le côté, petite habitude prise avec son frère avant qu’il ne sorte, pour ne pas avoir l’air plus « négligé ». Mais comme ça, c’était bien. Elle lui dédia un plus large sourire ensuite, trouvant que c’était mieux comme ça.

« Je faisais ça quand vous étiez malade, avoua-t-il, ça donnait un air plus… enfin, plus serein. Merci pour cette soirée. »