Discussion entre vieux ennemis [PV Nightswan]

Il aura ironiquement fallu attendre d’être coincé dans une cellule avant de se reposer vraiment, faute d’avoir le loisir d’agir ou mieux à faire. Les jours défilaient, et mis à part du corps, Nevil éprouvait un peu de mal à apaiser ses pensées. Il parlait un peu à Amélia, devant s’en tenir à des sujets banals car se sachant surveillés, discutant par exemple des styles de vie qu’on trouvait sur telle ou telle planète, de faits passés, des vaisseaux des uns et des autres, de quelques événements qui avaient secoué la galaxie, sans évoquer néanmoins le passé récente te douloureux. Personne ne devait avoir envie de se remémorer la pandémie, quand bien même elle faisait partie intégrante de l’Histoire de la galaxie toute entière, dorénavant. Même s’il ignorait toujours qui était le créateur de cette horreur, exactement, tout le monde tombait d’accord sur le fait que ça ne pouvait pas être une saloperie parfaitement naturelle.

Nevil somnolait de plus en plus lorsqu’il fut réveillé par le bruit de la porte de la cellule qui s’ouvrait, haussant un peu les sourcils en comprenant qu’un de leurs chers kidnappeurs lézard court sur pattes était venu le chercher. Ils avaient pensé à faire évacuer le chemin, n’est-ce pas ? Ce serait idiot qu’une personne qu’il ne fallait pas sache qu’ils étaient ici. Se levant, il se laissa faire sans essayer de combattre, n’étant pas encore en état physique de le faire. Et ces lézards avaient en sus de très bons réflexes, il avait déjà pu le remarquer. Ils avaient bien faits ça, ils ne croisèrent personne, sur le trajet, une fois de plus, à croire que ce vaisseau était mort ou à l’abandon. Les seuls êtres vivants étaient ces petites bestioles disséminées un peu partout, sur leurs branches et systèmes de survie, dont il ignorait à quoi elles pouvaient bien servir. Un détail qui n’avait que peu d’importance, cela dit, en tout cas pour le moment.

Il ne fut pas conduit dans une salle d’interrogatoire ou dans un simple bureau, mais dans un petit salon, engoncé dans le style noire et sobre que les impériaux affectionnaient tant, où une table était dressée, pour deux personnes. Thrawn était là, debout non loin. Nightswan réalisa à cet instant qu’il n’était même pas étonné, de voir ça, venant de sa part, plutôt moitié blasé, moitié amusé. Le soldat les laissa ensuite, ressortant, restant sans doute derrière la porte.

– Mon cher ennemi, je suis désolé de n'avoir pu vous recevoir plus tôt. J'étais, hélas, en mission et je ne suis rentré qu'hier. Pour m'excuser, accepteriez-vous de partager ce repas en ma compagnie ?

– Ce sera avec plaisir, bien que vous soyez déjà tout excusé.

Il y a certaines choses qui ne changent pas, on dirait. Mais pourquoi pas, après tout, ce ne sera plus bizarre que le reste, et Nevil s’était attendu à coup dans le genre. Thrawn était, cela dit, l’un des rares impériaux pour qui Nightswan avait du respect, il savait ne pas courir le risque de mourir empoisonné avec lui. Peiner un peu à se déplacer lui ramena une fois de plus dans la gorge l’amertume de ne pas avoir pris le temps de se soigner plus tôt.

– Votre assistant va mieux ? Il avait une sale mine, la dernière fois que je l’ai vu.

– Le voyage que nous avons fait lui a fait du bien. Désirez-vous que je lui dise que vous souhaitez lui parler ?

– Pas forcément, c’est déjà fait.

Une conversation somme toute assez courte et très instructive. Nevil n’avait pas eu à pousser trop loin pour découvrir ce qui l’intéressait alors principalement, d’autant plus qu’il n’était non plus du genre à harceler une personne malade à en crever. Cela remontait à des mois, maintenant… Quelle dommage que la « charmante » cible qu’il avait en tête n’ait pas subi la pandémie, alors même qu’elle était idéalement située à ce moment-là, il n’y avait vraiment aucune justice, en ce bas monde… L’état global de la Bordure Extérieure n’était pas encore terrible, dans tous les cas, il faudra bien plus que quelques mois pour effacer toutes les traces de la maladie puis reprendre un rythme normal d’activité. Ne serait-ce, tout bêtement, que parce que tous les secteurs d’activité étaient considérablement ralentis par le manque de main-d’œuvre. Il en faudra des naissances, et donc des années encore, pour combler tout ça.

– Mais je vous en prie, installez-vous. Je ferais le service, car mon officier d'ordonnance doit éviter de savoir que vous êtes ici. Il est plus intéressant qu'on vous croit disparu que prisonnier de l'Empire, ne trouvez-vous pas ?

Pas la peine de répondre. Nevil roula légèrement des yeux, voyant bien que son vieil ami n’avait pas changé, avec le temps. Ce qu’il trouvait incroyable, très sincèrement, il avait pourtant eu sous le nez des preuves plus qu’évidentes que l’Empire fort qu’il tenait à développer était de plus en plus instable et autodestructeur. Espérait-il encore le changer dans le bon sens ? Ce n’était plus de l’espoir, même, mais une Foi démesurée en un miracle qui n’arrivera jamais. Ou du moins, pas tant qu’il n’y aura pas eu quelques changements drastiques à la tête de l’Empire. Nevil ne croyait pas qu’un dirigeant plus sain pourra succéder à Palpatine, pas tant que son entourage n’aura pas été évincé, lui aussi. Pas tant qu’un nettoyage anti-corruption et anti-Sith n’aura pas été réalisé aux plus hauts niveaux de pouvoir.

Le problème était qu’il manquait plusieurs éléments encore, nuisant à l’efficacité dudit nettoyage… Pire encore, le problème Sith avait déjà pris une longueur d’avance non négligeable. Nightswan n’espérait pas lutter directement contre, en revanche, tous pouvaient ensemble, travailler à dresser le barrage. En incluant les impériaux les moins bouchés pour participer au ménage. Douce vision d’avenir pour le moment assombrie par de bien lourds nuages.

– Vous préférez quoi : aile, cuisse, blanc ?

– A votre guise.

Ces politesses pourraient paraître surréelles à une personne n’ayant jamais eu affaire aux habitudes étranges de l’amiral. Mais peu importe, si ça l’amusait, pourquoi pas ? Un instant, Nevil repensa au jeune Nuru et s’amusa à imaginer quelle tête il pourrait bien avoir une fois adulte, en prenant quelques points de comparaison avec l’amiral, soit le seul Chiss adulte qu’il avait eu l’occasion d’observer de près. Ça aussi, c’était une question qu’il aimerait élucider un jour, comment ce petit-là avait pu se retrouver chez les Jedis, sur Coruscant, aussi loin de chez lui sans que personne n’y trouve rien à redire. Il n’avait pas eu l’occasion de poser directement la question au gamin et doutait de pouvoir le faire un jour. Ce devait bizarre, pour lui, de parler à des membres de son peuple, alors qu’il avait été élevé par des humains et pris leur mentalité, par la force des choses.

De toute manière, Jedi ou pas, entraîné ou non, Nevil avait toujours trouvé extrêmement limite, voire barbare, de jeter au milieu de batailles des mômes qui n’avaient même pas dix-huit ou vingt ans. Il retint un léger soupir, les yeux fermés un micro-instant, en songeant ça. Qu’il soit dans une académie militaire ou il ne savait quoi, à cet âge, soit, mais seul sur le terrain… ? C’était normal ? Autre détail, d’ailleurs, le petit ne devait même pas porter son vrai nom, ça ressemblait plutôt à un patronyme que lui auraient donné les humains en ne comprenant pas son nom. Encore un moyen supplémentaire d’être privé de ses origines et identité. Rouvrant les yeux, il regarda un instant l’amiral faire le service puis le remercia, en prenant l’assiette.

– J’avais pourtant souvenir que tout avait déjà été dit, la dernière fois que nous nous sommes croisés. La situation ne s’est pas améliorée, depuis, elle a même empiré. J’ose croire que vous n’approuvez pas ce qu’a subi Manaan.

Thrawn servit une aile à son invité, ainsi qu'une généreuse dose de pommes de terre. Il lui servit aussi un peu de vin d'Alderaan avant de se servir aussi et de s'installer sur sa chaise. Il comprenait les propos de Nevil et s'amusa, intérieurement, de sa méprise.

– J’avais pourtant souvenir que tout avait déjà été dit, la dernière fois que nous nous sommes croisés. La situation ne s’est pas améliorée, depuis, elle a même empiré. J’ose croire que vous n’approuvez pas ce qu’a subi Manaan.

"Si j'ai tenu à vous reparler, ce n'est pas pour vous refaire ma proposition, même si elle tient toujours. Non, j'ai voulu discuter sur un sujet plus important, surtout pour vous." Il fit une petite pause, histoire de manger un petit peu et de le laisser cogiter. "L'Empereur Palpatine souhaite annexer l'Espace Sauvage et m'a confié cette tâche. Je souhaiterais éviter de le faire par les armes, car je serais alors incapable d'éviter des pertes civiles. Or je vois mal les rebelles et opposants me laisser tenter mon approche diplomatique sans réagir violemment. J'aurais voulu que vous les convainquiez de ne pas agir, de rester tranquille voir de venir à la table des négociations."

C'était demander beaucoup, c'est vrai. Toutefois, Nightswan était le seul capable d'y parvenir, de part sa réputation mais aussi ses capacités d'organisation. Cela dit, Thrawn se doutait qu'il n'allait pas accepter gentiment, cet humain était assez têtu, même s'il ne devait pas s'attendre à une telle demande.

"Je devine ce que vous allez dire mais réfléchissez-y. Désirez vous que la guerre atteigne cette partie de la galaxie, après avoir subit une telle calamité ?"

– Si j'ai tenu à vous reparler, ce n'est pas pour vous refaire ma proposition, même si elle tient toujours. Non, j'ai voulu discuter sur un sujet plus important, surtout pour vous.

Il avait dit aussi, la dernière fois, et la suite avait été encore moins joyeuse qu’escomptée initialement. Se retrouver dans quasiment la même situation, trois ans plus tard… Son estomac se tordit un peu, il imaginait le pire et sentait qu’il n’allait pas être déçu. Voilà déjà un petit moment que les vaisseaux impériaux s’amassaient dans l’Espace Sauvage, depuis la fin de la pandémie en fait, et il avait su que l’ancienne station médicale commune avait été récupérée par l’Empire. Pour en faire, quoi, allez savoir… Les lieux étaient marqués par l’horreur et la mort, on ne pouvait plus marcher dans ces couloirs sans le souvenir des corps sur les brancards, des salles de décontamination, des blouses blanches, des perfusions, des râles de souffrance. Nevil attendit la suite avec une certaine appréhension, toute humeur plus légère complètement envolée.

– L'Empereur Palpatine souhaite annexer l'Espace Sauvage et m'a confié cette tâche. Je souhaiterais éviter de le faire par les armes, car je serais alors incapable d'éviter des pertes civiles. Or je vois mal les rebelles et opposants me laisser tenter mon approche diplomatique sans réagir violemment. J'aurais voulu que vous les convainquiez de ne pas agir, de rester tranquille, voire de venir à la table des négociations.

Rien que ça ! Et tant qu’ils en étaient là, l’amiral ne voulait pas aussi qu’on demande aux divers groupes rebelles de l’Espace Sauvage d’oublier tout ce qu’ils avaient déjà subi pour éviter de se prendre d’autres coups sur la tête ? Tout le monde se réuni autour d’un petit café, on discute, on rigole un peu ensemble, et hop, tout va bien dans le meilleur des mondes. Vraiment ? Nevil leva légèrement les yeux au ciel, encore plus choqué par ça que par tout le reste, la main serrée si fort sur la fourchette que les jointures en devenait blanches. Pour la première fois, plus que le respect, le dégoût venait lui soulever le cœur. Que croyait-il, que les rebelles présents dans ces régions combattaient pour le plaisir ? Que les communautés le soutenant faisaient aussi cela pour s’amuser ? Eviter des pertes civiles, n’est-ce pas… Il avait effectivement déjà eu bien du mal.

– Je devine ce que vous allez dire mais réfléchissez-y. Désirez-vous que la guerre atteigne cette partie de la galaxie, après avoir subit une telle calamité ?

Comme si la guerre ne l’avait pas déjà atteinte, cette partie de la galaxie, il oubliait un peu trop facilement les diverses planètes où l’Empire avait déjà causé des calamités. Rien que sur Bandomeer, l’Empire avait réussi l’exploit de faire encore pire que la congrégation minière, ce n’était pas rien. Nevil pinça un peu du nez et des lèvres, laissant d’abord passer le choc. Cet homme avait décidément l’art de vous surprendre…

– C’est beau, l’espoir… A partir du moment où la demande de « diplomatie » viendra d’un impérial, il est impossible pour eux d’avoir confiance. Votre parole peut me suffire, personnellement, mais pas à eux. Et encore moins leur donner des preuves ou garanties. Ça, c’est une première chose. Ensuite, pourquoi vous aiderais-je à annexer l’Espace Sauvage ? Même en usant de diplomatie, vous n’avez aucun pouvoir politique ou militaire pouvant empêcher d’autres de venir commettre des massacres dans ces régions, s’ils jugent que ça ne va pas assez vite. Je ne pourrai pas participer à ce qui reviendra juste à pacifier le terrain en attendant l’arrivée de troupes en masse ou je ne sais quel nouveau sith.

C’était très simple. Avant d’entreprendre quoi que ce soit, il fallait un plan bien dessiné et certaines garanties. Ces dernières ne pouvaient certes pas toujours être acquises mais Nightswan avait l’habitude de ne pas s’engager s’il n’avait pas un minimum de garanties. Plus encore lorsque la cause était de cette importance et qu’il y avait déjà un trop grand nombre d’inconnus noircissant le tableau depuis plusieurs mois. Parfois, il se disait qu’il aurait mieux fait d’y rester, sur Batonn, ça aurait signé la fin des ennuis, mais bref. Il but un peu d’eau puis commença enfin à manger, pendant que l’amiral répondait tout d’abord qu’il se trompait sur quelques points. Et bien il l’écoutait, ils étaient là pour ça, n’est-ce pas ? Sur un vaisseau impérial déjà lancé en pleine course dans l’Espace Sauvage, et qui partira ensuite on ne sait où.

– Tout d'abord, vous ne comprenez pas la raison de cette annexion. Il s'agit, pour l'Empereur, d'aménager une zone tampon entre son empire et les menaces présentes dans les Régions Inconnues. J'estime qu'il envisage d'y stationner la septième flotte assez définitivement, et moi avec, une fois cela fait. Ce qui me donnera un rôle militaire assez important pour contrôler les actes de bons nombres de soldats.

Il « estimait » seulement ? Quelles preuves tangibles avait-il que c’était bel et bien la volonté de l’Empereur alors que ce dernier, jusqu’ici, n’avait jamais montré un réel besoin de préserver son territoire de ce qui arrivera des Régions Inconnues ? Et dans le cas où cela se passera effectivement de cette façon, restait à voir s’il aura effectivement un rôle assez ferme pour empêcher les dérapages, ce dont on ne pouvait que douter, étant donné l’influence grandissante des Siths dans l’Empire. Une des inconnues les plus agaçantes, dans la vaste toile qu’était la galaxie…

– De plus, vous vous trompez sur un autre point. Je pense convaincre l'empereur d'accepter une annexion dans laquelle ce serait les planètes locales qui choisiraient leur gouverneur, et non des émissaires envoyés du Noyau. Mieux, pourquoi pas un sénat à l'échelle locale ? C'est ce que je compte proposer à vos mondes. Est-ce qu'un conflit armé vous semble préférable à cette tentative de paix ? Préférerez-vous que l'Empereur décide d'envoyer l'Etoile Noire ici, voyant qu'aucun monde n'accepte d'intégrer l'empire autrement que par la force ? Moi, non, et c'est pour éviter cela que j'ai besoin de vous.

– Vous pensez, vous estimez, il envisagerait… J’aurai déjà plus apprécié cette idée si vous vous étiez d’abord assuré que l’Empereur vous laissera faire. On reviendra plus tard sur le fait que vous ne trouverez presque aucun monde voulant intégrer cet Empire, que ce soit de gré ou de force, tant que certains « détails » ne seront pas réglés. Je vous fais confiance pour avoir une réponse toute faite là-dessus.

Evidemment, dans l’absolu, personne ne pourrait être contre l’idée de créer une sorte d’espace à la fois sécurisée et plus démocratique que ce qui existait actuellement. Nevil n’avait rien contre les volontés de changements ni même contre les utopies, à la seule condition qu’il y ait de bonne raisons d’y croire. Or, pour le moment, il ne voyait pas beaucoup de raisons assez fortes pour prêter foi à ce projet. D’un côté, on avait le souhait d’éviter la guerre pour ce qui était pourtant, très simplement, une invasion militaire. Et de l’autre, de simples promesses et estimations pour éviter ladite guerre. Autrement dit, du vent, à l’heure actuelle. Même s’il faudra des mois encore pour mener les négociations avec les différentes communautés de l’Espace Sauvage, rien ne pouvait leur garantie que leur cher empereur ne s’agacera pas du délai d’ici là et n’enverra pas l’Etoile Noire.

– Ce que j’ai besoin de savoir, ce sont les garanties que vous êtes capable de fournir. Réellement. Ni vous ni personne ne pouvez éviter les imprévus, comme ça a été le cas avec la jeune garce qui a fait exploser le centre de Batonn, cependant, lorsqu’on s’engage dans ce genre de projet, il faut des preuves solides qu’on soit capable de le mener. Concrètement, comment savoir que Palpatine vous laissera agir selon votre bon vouloir ?

– D'abord parce que je suis le plus à même de connaître et de combattre les menaces présentes dans les Régions Inconnues, qui ne le sont pas autant pour moi. Ensuite car il préfère que je sois ici, plutôt que là où tout le monde peut voir jusqu'à quel poste un non-humain arriver. Enfin car il ne peut se fier totalement à tous les sith qui arrivent à travers les failles. Je suis donc un atout si l'un d'eux arrive à soulever des forces contre lui, que celles-ci soient impériales ou pas, car il sait que je n'en suivrais aucun.

A l’exception de l’Empereur actuel, bien entendu, n’est-ce pas ? Cygni retint un bref sourire, tout en l’écoutant et continuant aussi à manger. Si Palpatine en était effectivement rendu à ce stade, il avait changé plus vite qu’ils ne l’avaient cru, quand bien même il restait une sacré part de politique dans la décision d’envoyer son cher Grand Amiral ici, dans l’Espace Sauvage. Au-delà des troubles politiques, Nevil mesurait l’importance de chacun des dangers qu’ils avaient face à eux, la valeur et la dangerosité de chacun, excluant pour le moment tout ce qui plus lointain ou non-prêt à leur tomber dessus. Dans le fond, que ce soit une République ou un Empire, peu importe, il se fichait bien du régime politique en lui-même, en revanche, la façon dont ledit régime était mené le concernait. Pensif, il fit légèrement tourner le verre d’eau posé face à lui, observant les légers reflets, produits par la lumière de la pièce, s’y reflétant.

– Et pour le reste… Vous, mieux que beaucoup, vous me connaissez. Pensez-vous réellement que je suis incapable de mener à bien mes projets ?

– Ce que je peux penser ou non n’a pas d’importance.

Il laissa tranquille le verre, tapotant légèrement du bout des doigts contre le rebord, plongé dans ses pensées. Ce qui comptait vraiment, c’est ce que pensaient les populations, leurs chefs, les communautés, ce que pensaient les personnes habitant ces secteurs, somme toute. Aucune ne croira à la promesse de créer un vague gouvernement parallèle plus démocratique, on aura beau leur amener tous les arguments les plus rationnels possibles, les inviter à négocier ou il ne savait quoi, ça ne pouvait suffire à écarter des esprits plus de vingt ans de guerre, de méfiance et de peur. Et même au-delà de ça, admettons qu’ils le croient ou essayent de jouer le jeu, pour arriver à les réunir, il fallait connaître deux choses essentielles. Une certaine maîtrise de la diplomatie, tout d’abord, et ensuite le sens de la politique.

Pour sa part, il restait avant tout un soldat, la vie menée avait fait de lui un soldat, il pouvait guides des personnes au travers d’un champ de bataille, en revanche, les guider vers l’adoption de nouveaux modes de pensées, c’était une toute autre affaire. Il y avait un autre élément, cette fois-ci très personnel, qui le gênait. Ce refus presque viscéral d’avoir quoi que ce soit en relation avec un Empire aussi violent et destructeur que celui-là. La simple idée d’inciter les siens à se laisser envahir sans lever le petit doigt lui soulever le cœur. Et même s’il acceptait, au moins pour éviter le massacre à des mondes déjà fragilisés… Il releva un regard un peu fatigué, tout à coup, sur Thrawn, deux doigts appuyés contre la tempe.

– Supposons que j’accepte… Comment imaginez-vous mettre ça en place ?

– Une partie de la station médicale utilisée pendant la pandémie a déjà été modifiée dans ce but. Les discussions s'y dérouleront et l'endroit sera considéré comme un terrain neutre. Chacun aura droit, s'il le souhaite à un nombre restreint de gardes du corps et il n'y aura pas de soldats à l'intérieur. Bien sûr, je m'occuperais personnellement de la protection de cet endroit.

Décidément, cette fameuse station aura vu passer son lot d’événements, pas mal pour un endroit délaissé et complètement à l’abandon depuis de nombreuses années, perdu dans un secteur obscur de l’Espace Sauvage que personne n’aurait été capable de situer sur une carte s’il n’y avait pas un tel drame. L’ancienne station allait peut-être en rassurer quelques uns. Même si ce lieu puait la mort et la maladie, même si des centaines de personnes avaient dû y mourir et des centaines d’autres y agoniser durant des mois entiers, ça restait tout de même le seul endroit de la galaxie où toutes les factions étaient parvenues à coopérer, face à la pandémie. Un endroit à double-facette très bien choisi, donc. Cygni n’était pas superstitieux, par contre, il n’aimerait guère, pour sa part, revenir dans une station orbitale qui avait été au cœur d’une horreur pareille. Il ne croyait pas aux fantômes, par contre, qui ce genre d’endroit mettrait à l’aise ?

– Ce sera très simple, vous voyez. Chaque monde enverra son représentant, un ou deux gardes du corps et on discutera tranquillement. Puis, chacun pourra partir paisiblement. Tenez, si un monde vous désignait, vous seriez libre de partir sans avoir besoin de courir.

– Charmante attention, je suis touché.

Il avait quand même souri légèrement, très brièvement, après avoir un peu levé les yeux au ciel. Il ne se voyait pas mener des négociations pour un monde, y compris Bandomeer, car il n’était pas politicien, diplomate ou négociateur. Si des représentants acceptaient de venir, ça ne pourra être que des politiciens, une espèce qu’il avait assez en horreur, pour être parfaitement honnête, même s’il reconnaissait leur utilité.

– Bien sûr, j'admets aussi que, si vous acceptez, il me faudra vous libérer. Oh, cela me fait penser, j'ignorais que vous travailliez avec des jedi.

– Vous devriez pourtant déjà savoir qu’on ne peut pas se fier aux apparences.

La petite n’était pas une jedi, il était moins sûr de ça. Sensitif ne voulait pas dire formé, c’était plus vrai encore depuis l’arrivée de toutes ces failles étranges et de ce qui s’était ensuivi. Bon… Que faire, maintenant… La dernière fois qu’il s’était retrouvé dans ce genre de situations, ça s’était très mal terminé, mais les circonstances étaient alors très différentes et il savait que la partie était perdue pour son camp, quoi qu’il arrive. Ici et maintenant, il restait encore un faible espoir que ça passe moins mal, qu’il reste une chance pour les populations. Et par-dessus tout, ce qu’il voulait éviter, c’était l’envoi de l’Etoile noir et du fou furieux qui la dirigeait. S’il devait en arriver à collaborer avec son meilleur ennemi pour cela… Il le respectait, malgré l’uniforme, ce n’était pas un dingue comme Tarkin. S’il pariait sur lui… c’était du quitte ou double.

Sans vraiment le réaliser, il était en train de se mordre le coin de la lèvre jusqu’au sang, encore plongé dans ses réflexions. Ça reviendrait, ni plus ni moins, qu’à accepter de collaborer avec le type avec qui il avait joué au chat et à la souris durant des années, avant l’explosion finale.

– Amélia n’est pas la seule à pouvoir contribuer à ça. J’accepte, si vous êtes capable de vous fournir certaines garanties ou assurances à ceux qui travailleront avec moi, dans ces régions.


Dés : 1

Nightswan imaginait déjà la réaction que beaucoup d’hommes allaient avoir lorsqu’ils auront la réponse « Je vous en donne ma parole ». Certains allaient se contenter de lui rire au nez, d’autres d’être méprisants, et d’autres d’en arrêter la discussion ici, tout simplement. Ce ne sera pas la première fois qu’un officier impérial leur « donnera sa parole »… Avant que ça ne vire au massacre, comme d’habitude. Même s’il y avait, bien sûr, quelques officiers impériaux qui s’étaient révélés dignes de confiance, dans ces régions, et qui pouvaient aussi servir d’exemple. Voir servir de relais, pour certains ayant déserté… L’amiral Liafes, entre autres. Il avait déjà gagné le respect de beaucoup, dans ces régions, et sa désertion encore récente avait plutôt bien arrangé la sauce, aux yeux des troupes rebelles. En voilà un, pilier d’aide, et un bon.

– Si certains de ces amis sont recherchés par l'empire, ils peuvent avoir l'assurance qu'ils ne risquent rien s'ils croisent des soldats sur un monde de l'Espace Sauvage, vu que nous n'y avons aucune autorité.

Oh, les rebelles n’auront pas besoin de cette précision-là pour vite renforcer leurs bases, cachettes ou en changer, qu’il ne s’inquiète pas ce petit détail. Personne ne sera assez dupe pour penser qu’une trêve de longue durée était réalisable, ça n’avait déjà pas été le cas pendant la pandémie, où tout le monde avait poursuivi ses préparatifs, pourquoi le serait-ce ici ? Déménager une base ne prenait pas si longtemps que ça, et contrairement à l’Alliance Rebelle, ces groupes étaient plus petits, plus mobiles, et avaient déjà plusieurs endroits où trouver refuge, connaissant ces régions par cœur. Y compris sur des planètes où l’Empire n’avait jamais fichu les pieds de sa vie tant ils étaient éloignés de tout ou ne possédant pas des ressources pouvant l’intéresser. Il pourrait en citer cinq ou six dès à présent, en étant certain que les impériaux ne les connaissaient même pas.

– Je m'engage aussi à ce que vous, et votre assistante, soyez déposés sur le monde de votre choix, quel que soit votre position. L'Empire ignore tout de votre capture tout comme vos amis rebelles qui doivent juste avoir noté votre disparition, laquelle peut avoir de nombreuses raisons pour quelqu'un comme vous.

Il glissait sur une pente dangereuse, en jouant ça. Mais c’était son problème. Nevil se frotta un peu les yeux, doucement, sans rien répondre immédiatement. C’était le genre d’opération qui pouvait prendre des mois, avec ou sans complications. Et il y avait d’autres combats à mener, en parallèle, dont un lui tenant particulièrement à cœur.

– Soit, j’accepte de vous aider. Question pratique, maintenant, vous devez vous douter qu’il y aura des mondes où aucun de vos hommes ne pourra se poser sans se faire tirer dessus au vol. Si cela passe d’abord par moi, vos ambassadeurs doivent pouvoir me faire confiance. Je me doute que Vanto sera du lot, vous en avez au moins un ou deux autres, natifs du secteur ?

– Le lieutenant-colonel Vanto fera effectivement partie d'une de mes équipes de négociation. Afin de bien nous coordonner, je vous propose de nous mettre d'accord sur une fréquence de communication. Mes hommes et les vôtres, ainsi que ceux acceptant de travailler avec nous, pourront ainsi se contacter si besoin. Que ce soit pour demander de l'aide ou pour informer qu'il vaut mieux retarder la venue d'une délégation ou de partir plus tôt que prévu. Le sergent Ferguson qui accompagnera le lieutenant-colonel est aussi native de l'espace Sauvage. Hélas l'empire a peu de membres natifs de votre région dans ses rangs. Peut-être que cela changera à l'avenir.

Ce n’était pas si étonnant, quoi que deux était un nombre extrêmement restreint. Nevil termina son assiette plus par politesse que par envie, la gorge très serrée et acceptant encore mal ce qu’il s’apprêtait à faire. Mais il avait fait son choix, et une fois parole donnée, il ne la retirait pas. Certains mondes allaient bien réagir, d’autres prendre les armes avant qui que ce soit ait pu ouvrir la bouche pour annoncer les intentions, d’autres encore allaient rester passifs, en retrait, attendant de voir comment ça se passait chez leurs voisins avant de décider de la conduite à tenir. Il y avait malgré tout peu de chance que ce genre d’affaire atteigne les oreilles de Coruscant… On pourrait trouvait ça bizarre mais c’était ainsi, les remous politique ou diplomatiques de l’Espace Sauvage y restaient, même la Bordure Extérieure n’avait qu’une très vague idée de ce qui se déroulait dans les secteurs voisins.

Cela dit, il faudra du temps et beaucoup de diplomatie avant d’installer un semblant de discussions. Tout en continuant à mener en parallèles les actions engagées. Une trêve temporaire, soit, mais elle se limitera aux mondes visés par cette opération, pas le reste de la galaxie. Pas la Bordure Extérieure, entre autres, ni les impériaux pouvant y vivre et travailler. Leur cher Grand Moff Tarkin devait avoir depuis longtemps l‘habitude qu’on vienne piétiner ses plates-bandes, il ne s’en formalisera pas. Nevil baissa un peu les yeux le temps de chasser le mélange de colère et de lassitude qui le reprenait lorsqu’il songeait à Batonn. Il n’était même pas certain de la réaction qu’il adopterait, en se retrouvant face à Pryce. Certaines vies ne méritaient pas qu’on les respecte.

– Par curiosité, accepteriez-vous de m'en dire un peu plus sur votre assistante ? Je sais qu'elle n'est pas une jedi, c'est un officier militaire, une pilote de chasse, et pourtant il n'y a aucune trace d'elle dans nos archives.

– Rien ne vous interdit d’aller l’interroger en personne, c’est votre vaisseau, après tout.

Même si Amélia s’était d’un seul coup prise d’envie de lui raconter sa vie toute entière, depuis la naissance jusqu’à l’âge adulte, il n’en aurait pas parlé pour autant à quelqu’un d’autre, peu importe qui, car il estimait n’avoir pas à raconter la vie privée des autres, amis ou ennemis. Ce qu’il pouvait apprendre, il le gardait pour lui, sans s’amuser à le divulguer. Il releva les yeux pour lancer un regard un peu las à son hôte, trouvant toujours aussi incroyable qu’il parvienne à tout décortiquer à ce point, sans se tromper. C’était une qualité personnelle qu’il avait travaillé ou un point commun à tout son peuple ?

– Vous ne vous lassez jamais, sérieusement ? Vous ne vous êtes jamais dit que parfois, il vaudrait mieux abandonner ?

La question lui avait échappée, même si elle reflétait un point qui l’avait intrigué longtemps et qui continuait parfois de lui occuper l’esprit. Il devait avoir vu, depuis le temps, qu’il n’y avait pas grand-chose à sauver, dans cet Empire. Alors pourquoi s’acharner, encore et encore…

Le « Oui » bien ferme à cette autre question ne franchit jamais la barrière de ses lèvres mais brilla fort, durant un moment, dans son regard. Il dirait même mieux, non seulement on pouvait s’en lasser mais on pouvait aussi tâcher d’y mettre un terme, lorsque cette lassitude prenait le pas sur tout. Il fallait en être arrivé à un point assez extrême. Pour le reste, il n’avait pas tord, le renseignement restait la clé de voûte de n’importe quelle situation, tout le monde le savait, sauf ceux en étant encore à sous-estimer l’importance des recherches. Mais ce n’était pas ça que Cygni avait voulu dire et il n’avait pas non plus envie de se lancer dans le débat ou être plus explicite. Laissons tomber, somme toute.

– Pour parler d'autre chose, pourriez-vous me rendre un petit service ? J'aurais souhaité que vous demandiez aux jedi de faire un petit résumé de l'Histoire. Celle à laquelle nous avons accès a été un peu trop retouchée par les ordres de l'Empereur. Avoir leur point de vue, surtout historique, m'intéresse à titre personnel.

– Un résumé ne vous apportera pas grand-chose, leur Histoire est aussi celle de la galaxie… Le mieux serait plutôt de pouvoir parler à des personnes venues d’époques différentes, certaines devraient accepter de discuter si vous arrivez à les croiser et faire en sorte que ça se déroule bien.

Il pourrait le demander mais doutait que l’Ordre, ou ce qu’il en reste, accepte de faire un déroulé à l’usage d’un grand amiral de l’Empire, ce serait un peu trop leur demander, surtout dans un pareil contexte et peu importe ce qui commençait à se mettre en place dans l’Espace Sauvage. Sans oublier les jeunes, comme Bridger, qui refuseraient catégoriquement pareil acte, la simple idée le ferait bondir sur place. En revanche, si un semblant de coopération ou de paix s’instaurait dans les parages, pourquoi ne pas profiter d’un moment de trêve pour en parler avec certains Jedis ? Parmi les anciens, quelques uns devraient accepter de parler de leur époque, ça n’avait plus d’incidence aujourd’hui. Exactement comme pour l’Ordre de la Guerre des Clones. Ce qui comptait vraiment pour l’avenir, c’est bien ce que les natifs de ce temps allaient en faire pour la suite.

Maintenant, il fallait aussi que les Jedis en question se sentent assez à l’aise avec un amiral de l’Empire, Empire sous le contrôle d’un Sith, pour discuter très tranquillement d’Histoire avec. Et ça, c’était une toute autre affaire. Deux époques surtout semblaient représentés, ceux venus d’il y a trois, quatre mille ans, et ceux issus d’un passé proche, n’excédant pas cinquante ans. Là encore, impossible de comprendre pourquoi des sensitifs venus de ces deux tranches-là, étaient les plus représentés.

– Pour combattre discrètement les Siths, ce sont plus les natifs de cette époque, qu’il faudra convaincre en premier. Skywalker et Bridger, entre autres. Je doute que vous leur ayez laissé un bon souvenir, à l’un comme à l’autre.

S’il y avait bien une faction dont Nevil ne comptait pas se mêler des affaires, au-delà de ce qui était nécessaire pour la coopération, l’entraide et peut-être, le cas échéant, aider à trouver un nouveau refuge sûr, c’était bien les membres de l’Ordre Jedi. Il ne connaissait que très peu de choses à cette Force mystérieuse, moins encore en ce qui concernait les failles, et n’était pas non plus directement impliqué ou concerné. Chacun ses armes, après tout, et chacun sa voie. Par ailleurs, il était curieux de voir comment son ennemi préféré allait réussir à se débrouiller à discuter de tout ça avec l’un d’eux, sachant que le champ des possibilités était déjà restreint. La balle était dans son camp, maintenant, à lui de jouer. Cela dit, des possibilités et moyens, il en existait plusieurs aujourd’hui, il suffisait d’être patient et bien choisir le moment.

– Vous oubliez aussi le maître de Bridger : Kanan. Cela étant, je pense pouvoir m'assurer, si je le croise, de convaincre le jeune Bridger à aller vers ses confrères. Quant à Skywalker, hélas, le seigneur vador a annoncé sa mort.

Mort… Vraiment ? Cygni haussa les sourcils, laissant l’incrédulité envahir un instant ses traits à l’entente d’une pareille nouvelle. On parlait bien du même garçon, le jeune homme que l’Empire s’acharnait à retrouver en vie pour l’empêcher de commettre des dégâts et, si possible, en faire une nouvelle marionnette de remplacement pour son robot noir de père ? Tout cela en oubliant le fait que tuer un sensitif aujourd’hui, surtout de cet âge, était parfaitement stupide, l’Empire n’avait pas besoin d’attirer des maîtres plus vieux et expérimentés. Nevil ne releva pas, se contentant d’un bref et maigre sourire indiquant « Bien sûr, tout le monde y croit ». A quoi jouait le vieux schnock en faisant annoncer ça, il espérait que les Jedis croient qu’ils ne pouvaient même pas veiller sur la nouvelle génération ?

– Cela dit, je ne sais pas si les jedi apprécieront que je me mêle de leurs affaires. Après tout, pour eux, je fais partie de ceux qui servent les sith, non ?

– A voir… Ils doivent déjà savoir que vous n’êtes pas un adepte des massacres gratuits. Ou bien vous envoyez Vanto jouer les éclaireurs, il n’incite pas à se méfier de lui.

Même lorsque ce gamin essayait de paraître plus dangereux, rien à faire, ça ne passait pas, chez lui. Il gardait éternellement la tête du jeune homme dont on ne pouvait pas réellement se méfier ou donner envie de le repousser. Il devait être aussi un peu influencé, cela dit… Bien, avec tout ça, il avait de quoi cogiter, c’était certain. Entre ce qui se préparait dans l’Espace Sauvage et l’Ordre Jedi qui bougeait peu à peu… Un faible sourire lui vint, en y songeant, même s’il avait des moments de lassitude ou de fatigue, la vie qu’il menait le gardait plus vivant que jamais. La tension permanente, la joie des voyages, tout cela le maintenait vif.

– Avons-nous fini ou avez-vous encore un autre plan tordu en tête à présenter ? Vous pouvez y aller franchement, rendu à ce stade, plus rien ne m’étonne. Sinon, ce n’est pas que je m’ennuie avec vous, mais j’ai à faire. D’ailleurs, si vous recroisez Pryce un de ces jours, n’oubliez pas de lui transmettre mes amitiés.