Préparatifs de fuite

Prendre contact avec qui que ce soit, en utilisant les systèmes en place dans ces secteurs, était une galère sans nom. Le nuit était tombée depuis des heures, Eli s’était pourtant attelé tôt à la tâche, et il avait dû patienter très longtemps avant que la communication ne puisse se nouer et que la personne en charge de la petite communauté veuille bien aller prévenir du contact et amène ses parents au centre improvisé. Les survivants de Lysatra s’étaient réunis en une petite communauté agricole sur la planète Holly, où ils tâchaient de se reconstruire comme ils le pouvaient. Le jeune homme attendait avec une certaine anxiété, tournant et retournant ses arguments, sans avoir aucune idée de la façon dont ses parents allaient réagir. Ils avaient déjà beaucoup subi, alors leur demander ça en plus… Il n’avait pourtant pas le choix, s’il ne les protégeait pas, l’Empire leur tombera dessus. C’était sa seule faute, donc à lui de faire en sorte qu’ils soient le plus en sécurité possible.

Son père finit par arriver, son ton indiquait autant de fatigue que d’inquiétude, et il demanda directement s’il y avait un problème. Non, non… Eli chuchota que tout allait très bien, renfoncé dans son siège et gardant le regard tourné vers la porte, guettant les moindres bruits extérieurs. Même s’il n’y avait absolument aucun risque que le moindre impérial débarque dans les quinze minutes sur ce monde pour venir l’arrêter, on ne savait jamais… Quant à Tayla, elle devait dormir, à cette heure, dans la navette. Il commença par dire à son père qu’il se trouvait dans l’Espace Sauvage, pour une mission diplomatique, en ce moment, histoire de l’apaiser. D’un ton toujours bas, très nerveux, cependant. Il avait peur et ça devait se ressentir, même s’il s’obligeait à l’atténuer pour ne pas alarmer son père.

Il allait sans doute l’inquiéter, de toute façon, en abordant ce sujet-là. Eli ne savait pas comment aborder le sujet pour que ce soit moins brutal et se contenta donc d’être très franc. De lui exploser la situation, lui avouer qu’il compter déserter, et qu’il devait les mettre, lui et maman, du même coup. Il commençait à lui exposer où ils pourraient se cacher, tous les deux, lorsque son père le coupa tout net. En hurlant. Eli voulut couvrir le micro par réflexe, puis s’arrêta, le cœur battant à vive allure, en écoutant son père. Il ne cherchait pas à tout prix à se jeter dans les pires ennuis, ça n’avait rien à voir ! Il ne… C’était juste… Plusieurs fois, il essaya de l’interrompre, pour se justifier, mais cela fit s’emporter son père de plus belle. Il était furieux, angoissé, et finit par s’écrier qu’il ne pouvait pas faire ça, que ce n’était que la mort qui les attendait, si lui et eux disparaissaient ainsi.

– Papa, écoute, je…

– C’est toi qui va m’écouter. Tu ne peux pas juste disparaître comme ça, du jour au lendemain, et nous non plus ! L’Espace Sauvage est dévasté, tu sors de plusieurs mois de coma, tout le monde est sur les dents, ce n’est pas le moment pour ça ! Tu ne ferais que ruiner ta vie pour de bon.

Eli était maintenant blanc comme neige, essayant encore, plus faiblement, de le convaincre, avant que son père ne finisse par couper la communication, en lui lançant de revenir auprès de sa collègue et d’oublier complètement cette histoire. Resté dans le silence, le jeune homme resta longtemps sans bouger, massant un par le poignet où il avait retiré sa balise d’appel. Il devait pourtant les convaincre et… Bon… Peut-être que ce serait mieux si… S’il se rendait sur place. Mais quand ? Ils étaient encore sur Naos, il ne pouvait pas partir immédiatement, même si ce ne serait que pour un jour ou deux, il devait aussi trouver un bon vaisseau. Il se leva puis quitta le centre des appels, ou plutôt ce qui en faisait office, la tête remplie des hurlements de son père. Pourquoi rien ne pouvait se passer simplement… ?

A son retour, tout était très calme, autour de la navette. Il s’y glissa sans bruit, pour ne pas réveiller Tayla, puis vit juste à temps un éclat avant de s’aplatir au sol et ainsi éviter un brusque jet de tir paralysant. Tayla… ? Il resta un instant bouche bée, en voyant que c’était bien elle qui avait tiré, levant très vite les mains en lui lançant que c’était juste lui. Du calme !

– Ce n’est que moi ! Du calme, tout va très bien !


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1 - Contacter mes parents, sans encombre, pour leur exposer la situation : 9
2 - Si réussite du premier, leur réaction, s'ils acceptent facilement d'écouter : 20
3 – Esquive du jet paralysant : Réussite
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"Je reviens plus tard."

Plusieurs heures étaient déjà passées et la jeune femme hésitait entre deux réactions. La première, se gifler elle-même pour avoir été stupide ce point, pour l’avoir laissé partir, et la seconde, contacter immédiatement le destroyer les suivant pour qu’ils envoient une équipe complète de recherche. Elle savait qu’il voulait déserter, pourtant, il le lui avait dit, mais elle n’avait pas imaginé qu’il déciderait de partir de cette façon, ce pur imbécile ! Comme ça, sans rien préparer, sans rien prendre avec lui ! Ou n’avait-elle rien vu… ? Ils étaient peut-être dans un bon secteur, mais ici, alors qu’ils avaient déjà pris du retard et qu’ils avaient déjà eu à essuyer plusieurs attaques, plus ou moins importantes, et que le secteur était très surveillé… Ce n’était pas le bon moment ni le bon endroit !

A bout de nerfs, Tayla ressortit une fois de plus de la navette, cherchant dans les alentours, encore une bonne heure, avant de nouveau rentrer. Très bien… Que devait-elle faire ? Il avait laissé sa balise de sécurité sur le tableau de bord, n’avait pris aucune affaire avec lui, pas même son arme. Ce qu’elle trouvait d’autant plus stupide ! Et s’il était arrivé quelque chose ?! Tournant en rond, elle finit par s’arrêter, s’asseoir au poste de commandement, le cœur battant à très vive allure. Son travail était de le protéger, mais voilà qu’elle devait surtout le protéger contre lui-même… S’il désertait dès maintenant, comme ça, sans prendre en serait-ce qu’une arme, dans un secteur où il ne trouvera jamais de secours à temps en cas de besoin, c’était de la folie pure et dure ! Elle voulait bien accepter qu’il n’en puisse plus, mais pas de cette façon. Il n’était pas dans son état normal !

Contacter le destroyer… Elle craignait que l’un d’entre eux, là-haut, n’en appelle aussitôt au BSI. Donc… Bon… Elle rentra d’autres codes, se décidant à tenter d’entrer en communication directement avec le commandant du Chimaera. Elle n’avait pas confiance en qui que ce soit d’autres, sur une affaire aussi sensible. Alors même qu’elle lançait la procédure, un bruit, très léger, l’alerta et elle se releva d’un bond, se retournant, arme en mains. Sa cible s’écrasa au sol juste à temps, et à la très grande surprise du sergent, elle s’aperçut qu’il s’agissait de son collègue. Il revenait en douce, comme ça, maintenant ? Pourquoi ? Filer ? Et la laisser en plan derrière en espérant qu’elle en s’inquiète pas, alors qu’il choisissait le pire moment possible ?! Et le pire endroit possible ?!

"Ce n’est que moi ! Du calme, tout va très bien !"

"Assis-toi. Tout de suite."

Elle le tenait toujours en joue, lui faisant signe de prendre place dans le siège du copilote. Et interdiction de remuer le petit orteil pour le moment ! Au même instant, la communication se noua enfin, l’officier en charge demandant ce qui se passait. Tayla lui demanda le capitaine Pellaeon, mais se fit répondre qu’il n’opérait pas sur ce vaisseau, c’était le capitaine Faro qui était à bord. Mauvaise nouvelle… Tayla n’avait jamais eu affaire à elle, mais si elle coupait la conversation maintenant, ce serait un peu trop louche. Tout en gardant Eli à l’œil, elle attendit que le commandant arrive, lèvres pincées. Elle lui murmura qu’il ne devait pas agir ainsi, qu’il se mettait en grave danger et qu’elle lui avait pourtant dit de ne pas agir stupidement ou sur un coup de tête. Il pouvait tout aussi bien attendre la fin de cette mission et demander à être muté au loin ! Mais pas se mettre à dos encore plus les vautours de l’Empire.

"Commandant Faro," résonna tout à coup la voix, légèrement grésillante. "Que se passe-t-il de si urgent, sergent, et pourquoi n’avez-vous pas pris contact avec le destroyer chargé de vous suivre ?"

Tayla tourna un instant la tête vers le petit hologramme qui s’était affiché, sans bouger de posture. Elle aurait voulu que ce soit Pellaeon, plutôt qu’une personne en qui elle n’avait jamais eu affaire… Mais soit… Inutile de faire traîner les choses.

"Le lieutenant-colonel Vanto n’est pas dans son état normal, cela peut nuire à notre mission, et je devais en parler au capitaine Pellaeon. Il y a-t-il un moyen de le joindre, commandant ?"


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https://coeur-et-force.forumactif.com/t309p350-les-lancers-de-des#17701 Réussite, contacter le Chimaera

Tayla … ? Le jeune homme ne réagit pas immédiatement à l’injonction, puis sentant qu’elle était prête à tirer de nouveau, préféra s’exécuter pour le moment. Une fois assis dans le siège copilote, son attention fut attirée par le poste de commande, et surtout l’hologramme de l’officier qui s’afficha. Eli le reconnut immédiatement, c’était le lieutenant en charge de toutes les communications, sur la passerelle du Chimaera. Elle voulait contacter Pellaeon… Mais pourquoi, bon sang ?! Il y avait eu un problème ? C’était Eli, le problème…? Il n’avait pourtant encore rien fait ! Qu’avait-elle cru, qu’il n’allait jamais revenir ? Elle avait cru qu’il avait déserté comme ça, tout simplement ? Mais enfin ! Scié, sur le coup, il ne répondit même pas, lorsqu’elle lui marmonna qu’elle lui avait déjà dit de ne pas agir sur un coup de tête ou stupidement. Il n’avait encore rien fait ! Et surtout, il ne voulait pas l’impliquer bêtement.

– Commandant Faro. Que se passe-t-il de si urgent, sergent, et pourquoi n’avez-vous pas pris contact avec le destroyer chargé de vous suivre ?

– Le lieutenant-colonel Vanto n’est pas dans son état normal, cela peut nuire à notre mission, et je devais en parler au capitaine Pellaeon. Il y a-t-il un moyen de le joindre, commandant ?

Il était parfaitement normal, enfin ! Eli se releva d’un bon, saluant à peine le commandant Faro avant de la prier d’attendre, une toute petite minute. Baissant la voix,il s’écarta un peu du micro, murmurant à Tayla que c’était ridicule et qu’il n’avait du tout cherché à faire ce qu’elle pensait. Enfin… Pas comme elle le pensait, en tout cas ! Il ne serait pas parti comme ça, sans rien prendre avec lui, sans avoir mis ses parents à l’abri, sans avoir tout fait pour être sûr qu’on ne puisse pas le suivre ! Appeler directement le Chimaera pour ça… Même s’il était vraiment parti, ça ne valait pas la peine d’alerter du monde, ça se saura bien assez vite.

– Je n’étais du tout parti pour ce que tu crois, soupira-t-il, à plus haute voix. J’étais juste… J’avais un détail à régler.

Ce qui n’avait pas du tout fonctionné, mais… Il s’interrompit quand le commandant Faro demanda, d’un ton cette fois plus sec, ce qui se passait exactement. Eli avait très envie de simplement couper la conversation, mais s’il cédait à cette impulsion, il serait sûr d’en avoir, des ennuis. Il essaya donc d’adresser un faible sourire à la militaire, répondant qu’il y avait un simple malentendu. Pourvu qu’elle n’ait pas déjà voulu contacter Pellaeon, par contre !

– Tout va très bien, et même si, parfois,il peut y a voir des petits accrocs, je ne veux impliquer personne là-dedans. On peut oublier tout ça, merci. Ce n’est pas la peine de déranger le capitaine.

Il n’allait tout de même pas oser affirmer le contraire, n’est-ce pas ? Tayla lui renvoya un regard un peu pincé, quand il se releva brusquement, lançant au commandant Faro de patienter une minute. Et bien ? Baissant son arme, la jeune femme remit le cran de sécurité, puis la rangea, alors qu’il lui murmurait très vite que tout ça était ridicule et qu’il n’avait pas cherché à faire ce qu’elle pensait. Ah, vraiment… ? Dans ce cas, où était-il passé, durant toutes ces heures ?! Sans prendre avec lui la balise qu’il était censé garder en permanence au poignet, au cas où ils étaient attaqués ?! Il se mettait en danger sans même assurer ses arrières et il espérait qu’elle ne dise rien ? Mais il rêvait debout ! C’était un des pires moments qui soit ! C’était quoi son excuse, sinon ? Il avait été prendre l’air et il s’était perdu ? Jamais il ne réussira à lui faire avaler un truc pareil.

"Je n’étais du tout parti pour ce que tu crois. J’étais juste… J’avais un détail à régler."

Même le commandant Faro, qui avait entendu ça, haussa les sourcils avec une expression mêlant stupeur et incrédulité, ça se voyait très bien, et ce malgré la mauvaise qualité de l’hologramme. Le commandant qui demanda ensuite, sur un ton cette fois plus ferme, ce qui se passait, au juste. Tayla croisa les bras, sourcils froncés à son tour, bien décidée à ne pas lâcher cette affaire tant qu’elle en sera pas sûre et certaine qu’Eli comptait bien arrêter de se fourrer la tête la première dans les ennuis. Il avait beau dire que c’était un « simple malentendu », elle n’y croyait pas et Faro non plus, au vu de son expression.

"Tout va très bien, et même si, parfois,il peut y a voir des petits accrocs, je ne veux impliquer personne là-dedans. On peut oublier tout ça, merci. Ce n’est pas la peine de déranger le capitaine."

"Non, on ne peut pas oublier tout ça ! Tu as disparu pendant des heures, sans rien qui puisse permettre de te retrouver vite en cas de besoin ! Ça, plus la petite affaire sur Adumar, tu peux tâcher de comprendre que je m’inquiète ?! Je comprends très bien que ça touchait un sujet sensible, et que l’autre imbécile de Chiss n’était pas fin non plus, mais ce n’est pas une raison ! Et tu…"

Elle s’interrompit tout net lorsqu’une petite toux rauque résonna, se retournant d’un bloc, et rougissant jusqu’à la racine des cheveux en voyant que le capitaine Pellaeon s’était finalement joint à la conversation. Les mains dans le dos, bien droit, il demanda d’un ton pincé qui était « l’imbécile de Chiss en question ». Tayla répondit aussitôt que ce n’était pas l’amiral, qu’elle insultait. En se retenant d’ajouter un « quand même ! », car il aurait dû trouver ça évident. Le commandant Faro, pour sa part, avait baissé assez vite la tête, comme pour retenir un éclat de rire, puis s’était effacée, les laissant avec le capitaine. Tayla profita de ce court instant de répit pour reprendre son souffle et ses esprits.

"Je crains simplement que le lieutenant-colonel ne mette sa vie en danger par manque de prudence, capitaine."

Capitaine Gilad Pellaeon

Si on exceptait les nouveaux venus, arrivés dans la septième Flotte depuis moins de quatre moi,s suite à la pandémie, tous les équipages des destroyers avaient l’habitude de ce type d’exercice, c’était bien pour cela que les choses s’étaient bien déroulées, dans l’ensemble. Bien entendu, tout n’était pas parfait, il y avait eu des ratés et des accrocs, mais le capitaine demeurait satisfait du travail accompli. Le capitaine se trouvait dans la salle de méditation-holographique du grand amiral, pour lui présenter les résultats des exercices et les analyser, depuis déjà une bonne heure. Le Chimaera avait quitté l’espace voici deux heures, pour un problème technique sans conséquences mais qui devait être réparé avant qu’ils ne fassent un nouveau bond. Simple mesure de prudence, par ailleurs, ils n’avaient pas d’impératifs sur les créneaux d’arrivées et de départs.

Le capitaine restait, quoi qu’il arrive, un homme prudent et il ne voulait pas faire prendre le moindre risque, en hyperespace, pour ce genre de bêtises. Ça ne les empêchait pas de travailler, c’était le principal. Son datapad en main, le regard rivé vers les projections, il commentait une des simulations de combat qu’il avait eu à superviser personnellement, où certains pilotes s’étaient permis quelques petites libertés pour faire face à l’imprévu, ce qui restait toujours appréciable, aux yeux de Gilad. Il les avait déjà félicité pour cela, d’ailleurs, conscient que cette attitude pouvait leur sauver la vie, dans des situations dangereuses. La fragilité des chasseurs TIE imposait aux pilotes de faire preuve de plus d’inventivité et parfois, de prise de risques. Son exposé fut néanmoins interrompu par un signal, sur le canal de communication prioritaire.

"Excusez-moi, grand amiral," dit-il en s’écartant de la projection pour aller au poste de communication. "Commandant Faro, je vous écoute. Que se passe-t-il ?"

"Capitaine, le sergent Ferguson vient de nous contacter pour nous signaler un problème, avec le lieutenant-colonel Vanto. Ils sont… Hum… Je vous les transfère."

La seconde suivante, les deux hologrammes s’affichèrent, visiblement agités, l’un face à l’autre, dans une posture qui n’avait plus grand-chose de formelle ni de très professionnelle, Gilad eut plutôt l’étrange sentiment de voir deux amis lancés dans un débat un peu vif. D’autant plus que ni l’un ni l’autre ne portait correctement son uniforme. Le lieutenant-colonel lançait d’un ton vif – ce qui ne lui ressemblait pas du tout, au passage – que tout allait très bien, qu’il ne fallait déranger personne et qu’on pouvait oublier tout ça. C’est à dire ? Gilad fronça légèrement les sourcils, croisant brièvement le regard du commandant Faro, qui semblait elle aussi assez perdue.

"Non, on ne peut pas oublier tout ça ! Tu as disparu pendant des heures, sans rien qui puisse permettre de te retrouver vite en cas de besoin ! Ça, plus la petite affaire sur Adumar, tu peux tâcher de comprendre que je m’inquiète ?! Je comprends très bien que ça touchait un sujet sensible, et que l’autre imbécile de Chiss n’était pas fin non plus, mais ce n’est pas une raison ! Et tu…"

Pardon ? Gilad toussa pour signaler sa présence, et aussi pour interrompre le duo, puis demanda d’un ton calme, quoi que plus froid, de quel « imbécile de Chiss » elle parlait. Si elle se mettait ainsi à insulter un de ses supérieurs hiérarchiques… Mais elle affirma aussitôt que non, ce n’était pas de l’amiral dont elle parlait. Hum… Elle ne répondait pas à sa question, mais au moins, elle ne se permettait pas d’insulter vertement un de ses chefs. Bref, revenons-en à leur affaire. Pellaeon remercia le commandant Faro, avant qu’elle ne se retire de la conversation, puis reporta le regard sur les deux jeunes gens. Entendre le sergent Ferguson hausser la voix était tout aussi étonnant qu’entendre le lieutenant-colonel Vanto s’énerver. Quant à ce qu’elle avait lancé… Ils n’avaient pourtant reçu aucun rapport concernant une quelconque affaire sur Adumar.

"Je crains simplement que le lieutenant-colonel ne mette sa vie en danger par manque de prudence, capitaine."

Gilad eut d’un coup très envie de répondre que ce serait loin d’être la première fois, surtout depuis qu’il travaillait avec Thrawn, et ne se retint que parce que l’amiral était dans la même pièce que lui. Bref, reprenons les choses calmement…

"Qu’avez-vous fait, plus précisément, lieutenant-colonel, pour avoir disparu durant des heures ? Et qu’est-il arrivé sur Adumar ? Votre rapport ne mentionnait pourtant rien de particulier, si ma mémoire est bonne."

– Non, on ne peut pas oublier tout ça ! Tu as disparu pendant des heures, sans rien qui puisse permettre de te retrouver vite en cas de besoin ! Ça, plus la petite affaire sur Adumar, tu peux tâcher de comprendre que je m’inquiète ?! Je comprends très bien que ça touchait un sujet sensible, et que l’autre imbécile de Chiss n’était pas fin non plus, mais ce n’est pas une raison ! Et tu…

Eli sursauta légèrement lorsqu’ils furent d’un coup coupés par le capitaine Pellaeon, qui venait de se joindre à la conversation. C’était pas vrai… Il était bien revenu, en plus, donc pourquoi tout de suite monter dans les tons ? Tayla avait raison, sur plusieurs points, mais ça n’empêchait pas pour autant qu’il n’avait pas le droit de l’impliquer dans ses propres problèmes. Disparaître au beau milieu de sa mission, pour de bon cette fois-ci, serait dangereux pour elle aussi, c’est bien pour ça qu’il comptait en attendre la fin. Mais qu’il devait aussi, entre-temps, mettre ses parents à l’abri et trouver, pour lui-même, un endroit sûr où disparaître. Il ne voulait pas rejoindre les Rebelles, leur idéologie n’était pas la sienne, et même si c’était le cas, comment se faire accepter après plus de dix ans passés dans les rangs de l’Empire ? Difficile de s’intégrer.

En attendant, que pouvait-il répondre au capitaine… ? Il lança un regard de biais à Tayla, tandis qu’elle parlait, puis à l’hologramme près d’eux, pensif. Il ne pouvait pas lui avouer platement qu’il comptait préparer sa désertion ! Même à Thrawn… Quoi que, lui savait déjà qu’Eli n’en pouvait plus de cette armée et qu’il voulait tout plaquer, le jeune homme ne lui avait juste pas dit quand. Et n’était pas certain de devoir le faire… Se rendre chez son supérieur hiérarchique pour lui balancer très calmement qu’il comptait disparaître dès le lendemain et que ce serait gentil de ne pas le faire rechercher, ce serait un peu gros. Thrawn serait capable de répondre quelque chose d’encore plus gros, d’ailleurs…

– Je crains simplement que le lieutenant-colonel ne mette sa vie en danger par manque de prudence, capitaine.

– Qu’avez-vous fait, plus précisément, lieutenant-colonel, pour avoir disparu durant des heures ? Et qu’est-il arrivé sur Adumar ? Votre rapport ne mentionnait pourtant rien de particulier, si ma mémoire est bonne.

Eli n’avait toujours aucune excuse valable pour cette disparition-là… Il ne répondit pas immédiatement, laissant passer un instant en silence en cherchant ce qu’il pouvait dire, de crédible, mais ne trouvait rien de valable. Il pouvait, sinon, dire une partie de la vérité, en cachant les véritables motifs de son appel.

– J’ai passé un appel à ma famille, pour savoir si tout allait bien, et ça a pris plus de temps que prévu. Quant à Adumar, il ne s’est rien produit de particulier. Nous avons juste croisé un membre du peuple Chiss, il est reparti de son côté assez vite.

Fierté personnelle, il avait réussi à conserver un ton parfaitement lisse et neutre, sans rien dévoiler de sa colère ou de la nervosité. La « petite affaire » d’Adumar, comme disait Tayla, n’était finalement pas grand-chose et Eli n’avait pas envie d’en faire étalage, surtout sans savoir si Pellaeon tenait, de son côté, à ce que tous les sensitifs comme ce type soient signalé. Il n’avait pas non plus envie de signaler qu’il l’avait frappé. Ça compterait comme élément à charge, si le capitaine trouvait lui aussi qu’il avait un comportement bizarre.

– Il n’y a pas besoin de s’inquiéter pour quoi que ce soit. Je sais ce que je fais.

"Qu’avez-vous fait, plus précisément, lieutenant-colonel, pour avoir disparu durant des heures ? Et qu’est-il arrivé sur Adumar ? Votre rapport ne mentionnait pourtant rien de particulier, si ma mémoire est bonne."

Ils auraient dû le signaler, même si elle comprenait qu’il n‘était pas très bon d’aider, directement ou pas, les Siths à arrêter leurs ennemis, et ce pour éviter de nouvelles catastrophes comme la pandémie. Signaler, simplement ça ! Non ? Portant le regard sur Eli, elle attendit, mais il laissa d’abord un petit silence s’installer, comme s’il ne savait vraiment pas quoi répondre. Une réaction qui ne fit que raviver sa crainte qu’il disparaisse du jour au lendemain et ait, presque aussitôt, le BSI sur le dos. Qu’il ait de bonnes raisons ou pas, déserter de cette façon, c’était gâcher sa vie, alors qu’il pourrait demander à être muté très loin, dans un trou perdu, où il ne sera plus jamais confronté ni aux Siths ni à tous ces problèmes ! Être loin, sans pour autant être fiché comme déserteur, continuer sa vie sans avoir besoin de se cacher ou fuir.

"J’ai passé un appel à ma famille, pour savoir si tout allait bien, et ça a pris plus de temps que prévu. Quant à Adumar, il ne s’est rien produit de particulier. Nous avons juste croisé un membre du peuple Chiss, il est reparti de son côté assez vite."

Un appel à la famille en pleine nuit, seul et en douce… Il voulait les mettre à l’abri ? Mais comment et où ? En plus, si jamais un espion se rendait compte de ça, il sera aussitôt soupçonné puis arrêté, si jamais il n’était pas encore lui-même parti au loin. Elle lança un regard plus nerveux au capitaine, en travers. Elle espérait qu’il puisse faire comprendre à Eli de ne rien faire d’idiot, quitte à l’écarter un temps des affaires courantes de l’Empire pour qu’il puisse se poser et comprendre qu’il ne pouvait pas déserter, pas sans mettre quand même sa famille en danger, ainsi que lui-même.

"Il n’y a pas besoin de s’inquiéter pour quoi que ce soit. Je sais ce que je fais."

"Seul ?"

Elle avait lâché ça sans vraiment le vouloir, d’un ton plus bas. Qu’il parte maintenant ou attende la fin de leur mission, dans les deux cas, il était fiché s’il faisait tout seul. Des espions de l’Empire, il y en avait partout ! Et elle savait qu’il ne rejoindra pas les rebelles, en désertant, il sera complètement isolé, complètement seul, à la fois contre l’Empire et contre toutes les menaces qui pourront se présenter. Même contre les Siths, si jamais un nouveau taré venait se mêler à l’affaire. Tayla prit une brève inspiration et se retourna vers l’hologramme du capitaine, les mains dans le dos.

"Je pense que mon collègue n’est plus entièrement concentré sur le travail impérial et que cela peut attirer des problèmes plus graves. Il y a un besoin d’aide sur ce sujet."

Le doute, qui s’était installé dans l’esprit du capitaine, se muait désormais en une certitude, à savoir qu’il était bel et bien possible que le jeune lieutenant-colonel songe à déserter. Peut-être même avant la fin de cette mission. Ce n’était pas une si grosse surprise que cela, après tout, étant donné ce qu’il avait traversé et ce qui était arrivé à sa planète natale, le capitaine comprenait qu’il ne puisse plus porter l’uniforme impérial de la même façon. Cependant, il ne pouvait pas non plus rester ainsi sans réagir, sans rien faire ou dire. Le jeune homme ne devait tout même pas être tout à fait prêt à déserter. Selon ce que le capitaine comprenait, il était occupé à tout préparer, mais pas encore au point de vraiment passer à l’acte. Pas encore… Il devait sans doute manquer un endroit où mettre sa famille à l’abri.

Le capitaine trouvait profondément agaçant et révoltant de voir ainsi des bons officiers perdre toute confiance en l’Empire et leur travail, perdre confiance en les institutions, par la faute de quelques tarés et de leurs actions immondes. La seule différence, cette fois-ci, est qu’ils avaient peut-être une chance d’arrêter le processus avant que le jeune officier ne déserte pour de bon, de le ramener à la raison. Cependant, le faire mettre aux arrêts dès maintenant, en attendant de l’avoir sous la main, serait gênant, pour leur mission en cours. S’ils se trouvaient toujours sur Naos III, c’est qu’ils n’avaient pas encore pu rencontrer et parler aux représentants locaux. Il réfléchit un moment, tapotant doucement la console de communications du bout des doigts, pensivement.

"Je pense que mon collègue n’est plus entièrement concentré sur le travail impérial et que cela peut attirer des problèmes plus graves. Il y a un besoin d’aide sur ce sujet."

"Ce qui est compréhensible, sergent."

S’écartant un instant de la console, il alla alors faire part de ses interrogations à l’amiral et voir ce que lui pensait de cette affaire. Une fois l’échange pris, il revint vers les deux officiers et leur ordonna de tout d’abord achever leur mission sur Naos III, puis, ensuite, de rejoindre la base, où ils devront attendre le retour du Chimaera. Il indiqua aussi au sergent qu’elle sera responsable de son collègue, une fois sur place, en attendant. Dans le même temps, il adressa un autre message écrit, avec un encodage différent, au destroyer en orbite de la planète, afin qu’il surveille plus attentivement les allées et venues. Juste au cas où…

– Seul ?

– Oui.

Elle ne voulait quand même pas qu’il l’entraîne là-dedans, non ? Il était capable de se dérouiller seul et il ne voulait pas qu’elle ait des ennuis par sa seule faute. Il ne savait plus comment la convaincre que tout allait très bien et qu’il pouvait gérer ça seul, et ne pas oublier non plus la mission qui leur avait été confiée. Il grimaça lorsqu’elle lança au capitaine qu’il n’était plus « concentré sur le travail impérial », secouant un peu la tête en retenant un long soupir. Mais le vrai coup de massue fut lorsque le capitaine Pellaeon, après s’être écarté une minute ou deux, revint pour annoncer qu’ils devront retourner à la base, une fois terminé sur cette planète, et y rester jusqu’au retour du Chimaera. Mais… Il voulut protester puis se ravisa à la dernière minute, pour ne pas empirer encore la situation.

Il se força plutôt à lâcher un « Très bien, capitaine », du ton le moins froid possible, avant de le saluer. Lorsque la communication fut coupée, Eli marmonna un juron sonore, avant de se laisser retomber assis dans le siège copilote. Il n’en voulait même pas à Tayla, parce qu’il savait qu’elle cherchait juste à le protéger, mais il était furieux tout de même. Parce que ça ruinait ses chances de se rendre discrètement chez ses parents pour les convaincre de partir se mettre à l’abri. Il n’y avait décidément rien qui allait, cette nuit. Entre le refus net de son père et l’engueulade qu’il s’était pris, et maintenant ça ! En plus, si le Chimaera mettait des semaines avant de revenir à la base, il n’en perdra que d’autant plus de temps à alerter puis déplacer sa famille. Génial. Tout à fait génial.

– Je n’avais pas l’intention de disparaître dès ce soir, Tayla. Je voulais parler à ma famille pour lui dire que je devais les mettre à l’abri, mais… Mon père… Enfin, il a mal réagi. Il pense comme toi, que je vais gâcher complètement ma vie. Comme si ça n’allait pas être le cas, en restant dans cette armée.

Commencer à peine à préparer son départ, et le soir-même, se retrouver assigné à une base dans les Régions Inconnues en attendant l’arrivée du capitaine pour se faire engueuler, et plus si affinités, c’était… Brillant. Un résultat formidable ! Ou comment se faire démolir tous ses plans juste après une pauvre communication de dix minutes.

– Je ne t’en ai pas parlé car je ne veux pas que tu ais des ennuis à cause de moi, rien de plus. Je n’ai pas à t’impliquer dans mes propres problèmes.

Le capitaine s’écarta un instant du poste de communication, tandis que le sergent restait debout, bien droit, les mains dans le dos, en évitant de croiser le regard d’Eli pour le moment. Lorsqu’il revint, il leur dit tout d’abord de terminer leur mission sur cette planète, puis de rentrer à la base et y rester jusqu’au retour du Chimaera. Qu’elle sera responsable sur place de son collègue en attendant. Très bien. Elle avait cru qu’elle continuerait, seule ou avec une autre équipe, cette mission en attendant, mais soit. Une fois la communication coupée, elle relâcha enfin une part de pression, alors qu’Eli se laissait tomber dans le siège copilote avec un air furieux. Tayla n’était pas du tout désolée, si elle pouvait l’empêcher de se mettre en danger ou de foncer tout droit dans un piège, c’était tout ce qui comptait. Au moins, sur Nirauan, il ne pourra absolument rien faire de stupide.

"Je n’avais pas l’intention de disparaître dès ce soir, Tayla. Je voulais parler à ma famille pour lui dire que je devais les mettre à l’abri, mais… Mon père… Enfin, il a mal réagi. Il pense comme toi, que je vais gâcher complètement ma vie. Comme si ça n’allait pas être le cas, en restant dans cette armée."

Oui, ça pouvait ne pas l’être, s’il pouvait être au moins en partie écarté des affaires plus… à risque, disons. Elle soupira à son tour, s’asseyant sur le bord de la console de communication, qu’elle éteignit complètement, laissant un petit silence s’imposer dans la navette. Seuls les systèmes de sécurité étaient actifs, maintenant, ainsi que les fonctions essentielles, comme la lumière, l’eau, l’oxygène… Les senseurs étaient calmes, rien ne s’agitait dehors, pas même un petit animal.

"Je ne t’en ai pas parlé car je ne veux pas que tu ais des ennuis à cause de moi, rien de plus. Je n’ai pas à t’impliquer dans mes propres problèmes."

"Je me moque d’être impliquée. Écoute… Étant donné ton passif, et dans quoi tu as déjà été impliqué, justement, je ne serais pas du tout étonnée que ta famille soit déjà sous surveillance. C’est souvent le cas par principe de précaution, l’Empire surveille de très près ses officiers, je suis certaine que tu es sur leurs listes depuis longtemps. Si tu contactes ou va voir tes parents pour leur dire de partir se mettre à l’abri, tu imagines les conséquences, autant pour eux que pour toi ?"

Actuellement, personne, mis à part le capitaine Pellaeon, ne pouvait rien lui reprocher. Il faisait son travail, sa famille vivait sur Holly avec les autres survivants de Lysatra, et n’en avaient plus bougé depuis, tout allait bien, si on pouvait dire ça. En tout cas, tout allait au mieux possible. Mais s’il commençait à montrer un comportement trop suspect, la surveillance allait se renforcer, et là, ce sera sans doute le BSI qui allait lui tomber dessus ! Le BSI qui n’était pas connu pour ses méthodes délicates et respectueuses…

"Il existe d’autres moyens. Tu peux tâcher d’être affecté sur une base perdu au fin fond de la galaxie, par exemple. Tu seras toujours dans l’armée, oui, mais loin de tout et personne ne pourra rien te reprocher."

Ou s’il voulait vraiment disparaître, il ne pourra pas s’occuper seul de faire partir et cacher sa famille… Avec un nouveau soupir, elle le laissa réfléchir à tout ça, glissant à terre puis allant s’occuper d’autres affaires. Impossible de dormir, maintenant, l’esprit trop agité pour ça.